Je vois Jésus sur une grand-route inondée de soleil. Il n’y a pas un brin d’ombre, pas un brin de verdure. Tout n’est que poussière sur la chaussée et sur la campagne en friche qui la borde.
Cela n’a rien à voir avec les douces collines de Galilée, ou les monts plus boisés de Judée, si riches en eaux et en pâtures. Ici, le sol n’est pas naturellement désertique, mais l’homme l’a rendu tel en le laissant inculte. C’est une plaine, et je ne vois aucune hauteur, même au loin. Ne connaissant pas du tout la Palestine, je ne puis dire de quelle région il s’agit. Mais il est sûr que je ne l’ai jamais vue dans les précédentes visions. Des pierres sont entassées sur un côté de la route, peut-être en attente de sa réfection, car elle est dans un très piteux état. Pour l’instant, elle est couverte d’une couche épaisse de poussière. Quand il pleut, ce doit être un torrent de boue. Je ne vois aucune maison, ni à proximité, ni au loin.
Jésus, comme toujours, marche à quelques mètres en avant des apôtres, qui le suivent en groupe, en nage et fatigués. Pour s’abriter du soleil, ils ont relevé leurs manteaux sur la tête et ils ressemblent à quelque confrérie vêtue d’habits multicolores. Jésus, au contraire, a la tête nue. Le soleil ne semble pas le gêner. Il porte une tunique de lin blanc avec des manches qui lui arrivent au coude. Elle est large et floue, elle n’a même pas le cordon qui fait d’ordinaire office de ceinture. C’est vraiment un habit fait pour ce lieu torride. Même le manteau bleu doit être en lin, car il est très fin et retombe avec légèreté autour du corps, qu’il enveloppe beaucoup moins que d’habitude. Il couvre les épaules, mais laisse les bras libres. Je ne sais pas comment Jésus l’a fixé pour le faire tenir ainsi.