Los Escritos de Maria Valtorta

418. Guérison du disciple Joseph, blessé à la tête

418. Curación del discípulo José, herido

418.1

Jésus arrive en pleine nuit au village de Salomon. De par sa position, la lune me fait penser qu’il est environ deux heures du matin. C’est une belle lune qui commence seulement à décroître, et qui rayonne dans le ciel serein en répandant la paix sur la terre : la paix et des rosées abondantes, ces fortes rosées des pays chauds, bienfaisantes pour les plantes après la brûlure du soleil pendant la journée.

Comme le lit du Jourdain est plus étroit en été, les pèlerins doivent avoir suivi la grève, qui est sèche le long des rives. Et ils remontent des roseaux jusqu’au bois qui le borde et le soutient par ce filet que forment les racines des arbres qui poussent dans la terre près de l’eau.

« Arrêtons-nous ici en attendant le matin, propose Jésus.

418.2

– Maître… je suis tout endolori…, dit Matthieu.

– Et moi, je crains d’avoir la fièvre. Le fleuve n’est pas sain en été… Tu le sais, renchérit Philippe.

– Mais ç’aurait été pire si, du fleuve, nous étions remontés sur les monts de Judée. Cela aussi, on le sait, dit Simon le Zélote qui a pitié de Jésus, à qui tous racontent leurs petites misères et font entendre leurs lamentations, mais dont personne ne comprend l’état d’âme.

– Laisse faire, Simon, ils ont raison. Mais, d’ici peu, nous allons nous reposer… Je vous en prie, encore un peu de chemin… Et un peu d’attente ici. Voyez comme la lune se dirige vers l’occident. Pourquoi réveiller ce vieillard et peut-être Joseph encore malade,[1] quand d’ici peu il va faire jour ?…

– C’est qu’ici, tout est trempé de rosée. On ne sait pas où se mettre… bougonne judas.

– Tu as peur d’abîmer tes vêtements ? » dit Thomas, toujours joyeux. « Allons, après ces marches de galériens dans la poussière et la rosée, il n’y a plus lieu de se pavaner ! Et du reste… Tel que te voici, tu plairais davantage à l’aimable Elchias. Tes grecques, celles de la frange et celles des manches se sont déchirées sur les arbustes épineux du désert de Judée, et la transpiration a endommagé celle du col… tu es maintenant un juif parfait…

– Une parfaite saleté, et ça me dégoûte, réplique Judas, en avec hargne.

– Qu’il te suffise d’avoir le cœur pur, Judas » dit paisiblement Jésus. « C’est lui qui a de la valeur…

– Valeur ! Valeur ! Nous sommes exténués de fatigue, de faim… Nous perdons notre santé, or elle seule a de la valeur, rétorque impoliment Judas.

– Moi, je ne te retiens pas de force… C’est toi qui veux rester.

– Désormais… Il me convient de le faire. Je suis…

– Mais dis donc ce qui te brûle les lèvres : “ Tu es compromis aux yeux du Sanhédrin. ” Mais tu peux toujours réparer… et retrouver sa confiance…

– Je ne veux pas réparer… car je t’aime et je veux rester avec toi.

– Vraiment, tu dis cela d’une manière qui semble exprimer la haine plus que l’amour, marmonne Jude.

– Eh bien… chacun a sa façon d’exprimer son amour.

– Eh oui ! Il y en a qui aiment leurs femmes mais qui les rouent de coups… Ce genre d’amour ne me plairait pas » dit Jacques, fils de Zébédée, en essayant de couper court à l’incident par une plaisanterie.

Mais personne ne rit. Cependant, grâce à Dieu, personne ne réplique.

Jésus conseille :

« Allons nous asseoir sur le seuil de la maison. La gouttière est large et abrite de la rosée, et il y a ce muret qui sert de base à la maisonnette… »

Ils obéissent sans rien dire et, une fois la maison atteinte, ils s’asseyent en rang d’oignons le long du mur. Mais la simple observation de Thomas : “ J’ai faim. Ces marches nocturnes creusent ” ranime la discussion.

« Quelles marches ! C’est que depuis des jours on vit de rien ! lui répond toujours Judas.

– Vraiment, chez Nikê et chez Zachée, on a mangé — et bien mangé —, et Nikê nous a tant donné que nous avons dû en distribuer aux pauvres pour que cela ne s’abîme pas. Le pain ne nous a jamais manqué. Ce caravanier lui aussi nous a donné du pain et de quoi l’accompagner… » rappelle André.

Judas, qui ne peut le démentir, se tait.

418.3

Un coq, au loin, salue la première lueur du jour.

« Bien ! l’aube est proche ! », dit Pierre en s’étirant, car il s’était presque endormi.

Ils attendent en silence l’arrivée du jour.

Un bêlement dans un enclos… Puis une sonnaille au loin sur la grand-route, à l’opposé… Tout près, un roucoucou des colombes d’Ananias. Une voix rauque d’homme dans les roseaux… C’est un pêcheur qui revient avec ses prises de la nuit et maugrée du peu de résultat. Il voit Jésus et s’arrête, hésite, et dit enfin :

« Si je te les donne, me promets-tu de l’abondance à l’avenir ?

– Par désir de profit ou par besoin ?

– Par besoin. J’ai sept enfants, ma femme et la mère de ma femme.

– Tu as raison. Sois généreux, et je te promets que tu ne manqueras pas du nécessaire.

– Alors, prends. Il y a aussi, à l’intérieur de cette maison, un blessé qui ne se remet pas, malgré les soins…

– Que Dieu te récompense et te donne la paix », dit Jésus.

L’homme salue et s’éloigne, laissant ses poissons enfilés par la bouche dans une branche de saule.

418.4

Le silence retombe, à peine rompu par le bruissement des roseaux, ou quelque cri d’oiseau… Puis un grincement proche. La grille rudimentaire qu’Ananias a construite tourne en grinçant, et le petit vieux apparaît sur la route en scrutant le ciel. La brebis le suit en bêlant…

« Paix à toi, Ananias !

– Maître ! Mais… depuis quand es-tu ici ? Pourquoi ne pas appeler et te faire ouvrir ?

– Depuis peu. Je ne voulais déranger personne… Comment va Joseph ?

– Tu sais cela ?… Il va mal. Du pus coule d’une oreille et il souffre beaucoup de la tête. Je crois qu’il va mourir. Ou plutôt : je le croyais. Maintenant tu es ici, et je suis sûr qu’il va guérir. Je sortais chercher de l’herbe pour des emplâtres…

– Les compagnons de Joseph sont-ils ici ?

– Il y en a deux. Les autres sont partis en avant. Ici, il y a Salomon et Elie.

– Les pharisiens vous ont ennuyés ?

– Tout de suite après ton départ, mais pas ensuite. Ils voulaient savoir où tu étais allé. J’ai dit : “ Chez ma bru, à Massada. ” J’ai mal fait ?

– Non, tu as bien fait.

– Et… Tu y es vraiment allé ? »

Le vieil homme est tout anxieux.

« Oui. Elle va bien.

– Mais… elle ne t’a pas écouté ?…

– Non. Il faut beaucoup prier pour elle.

– Et pour les enfants aussi… Qu’elle les élève pour le Seigneur… » dit le vieillard.

Deux grosses larmes coulent pour exprimer ce qu’il tait. Il murmure enfin :

« Tu les as vus ?

– Je peux dire que j’en ai bien vu un… Les autres, je les ai entrevus. Ils vont tous bien.

– J’offre à Dieu mon renoncement et mon pardon… Pourtant… il est si amer de dire : “ Je ne les verrai plus ”…

– Tu verras bientôt ton fils et, avec lui, tu seras en paix au Ciel.

– Merci, Seigneur.

418.5

Entre…

– Oui. Rendons-nous immédiatement auprès du blessé. Où se trouve-t-il ?

– Sur le meilleur lit. »

Ils entrent dans le jardin, qui est très bien tenu, et traversent la cuisine pour aller dans la petite chambre. Jésus se penche sur le malade qui dort en gémissant. Il s’incline profondément… et souffle sur l’oreille enveloppée de charpie déjà pleine de pus. Il se relève, puis se retire sans bruit.

« Tu ne le réveilles pas ? demande à voix basse le vieillard.

– Non. Laisse-le dormir. Il ne souffre plus, il va se reposer. Allons voir les autres. »

Jésus s’approche sans bruit de la porte et passe dans la grande pièce où se trouvent les deux lits achetés l’autre fois. Les deux disciples, épuisés, dorment encore.

« Ils veillent jusqu’au matin ; moi du matin au soir. Ils sont donc fatigués. Ils sont si bons ! »

Les deux hommes doivent dormir les oreilles ouvertes, car ils se réveillent aussitôt :

« Maître ! Notre Maître ! Tu arrives à temps ! Joseph est…

– Guéri. J’ai déjà agi. Il dort et ne le sait pas, mais il n’a plus rien. Il n’aura qu’à nettoyer la pourriture, et il sera en aussi bonne santé qu’avant.

– Oh ! Alors purifie-nous, nous aussi, car nous avons péché.

– En quoi ?

– Pour assister Joseph, nous ne sommes pas allés au Temple…

– La charité fait un temple en tout lieu. Et c’est dans le Temple de la charité que Dieu se trouve. Si nous nous aimions tous, la terre ne serait qu’un temple. Restez en paix. Un jour viendra où Pentecôte voudra dire : “ Amour ”, manifestation de l’amour. Vous avez fait, en la devançant, la Pentecôte de l’avenir, puisque vous avez aimé votre frère. »

De l’autre pièce, la voix de Joseph retentit :

« Ananias ! Elie ! Salomon ! Me voilà guéri ! »

L’homme apparaît, uniquement vêtu de sa tunique courte, amaigri, encore pâle, mais ne souffrant plus. Il voit Jésus et dit :

« Ah ! c’est toi, mon Maître ! »

Et il court lui baiser les pieds.

« Que Dieu t’accorde la paix, Joseph, et pardonne-moi si tu as souffert à cause de moi.

– Je me fais gloire d’avoir versé du sang pour toi, comme mon père autrefois. Je te bénis de m’en avoir rendu digne ! »

A ces mots, le visage sans grâce de Joseph brille de joie et acquiert une noblesse, une beauté, qui lui vient d’une lumière intérieure.

418.6

Jésus lui fait une caresse et dit à Salomon :

« Ta maison sert à faire beaucoup de bien.

– C’est parce qu’elle t’appartient, désormais. Elle ne servait auparavant qu’au lourd sommeil du passeur. Mais je suis content qu’elle vous ait été utile, à toi et à ce juste. Nous allons maintenant avoir quelques bonnes journées, ici, avec toi.

– Non, mon ami. Vous partirez sur-le-champ. Il ne nous est plus permis de nous reposer. Le temps qui vient sera vraiment un temps d’épreuve et seules les fortes volontés resteront fidèles. Nous allons maintenant rompre le pain ensemble, puis vous vous mettrez aussitôt en chemin, et vous longerez le fleuve en me précédant d’une demi-journée.

– Bien, Maître. Joseph aussi ?

– Oui, à moins qu’il ne craigne une nouvelle blessure…

– Oh ! Maître ! Plaise à Dieu que j’aie à te précéder dans la mort en donnant mon sang pour toi ! »

Ils sortent dans le jardin, dont le premier soleil fait briller la rosée. Ananias fait les honneurs de la maison en cueillant les premières figues sur les branches les mieux exposées, et il s’excuse de ne pouvoir offrir un pigeonneau parce que les deux nichées ont servi pour le malade. Mais il y a les poissons, et ils se mettent vite à préparer le repas.

Jésus se promène entre Elie et Joseph, qui racontent leur aventure et la force de Salomon qui a porté le blessé sur ses épaules pendant de longs kilomètres parcourus de nuit, par petites étapes…

« Mais toi, Joseph, tu pardonnes à celui qui t’a frappé , n’est-ce pas ?

– Je n’ai jamais éprouvé de rancœur à l’égard de ces malheureux. J’ai offert le pardon et la souffrance pour leur rédemption.

– C’est exactement ce qu’il faut faire, mon bon disciple ! Et Ogla ?

– Ogla est parti avec Timon. Je ne sais s’il continuera à le suivre ou s’il s’arrêtera à l’Hermon. Il disait toujours qu’il voulait aller au Liban.

– Bien ! Que Dieu le guide pour le mieux. »

418.7

Maintenant, dans les feuillages, les oiseaux gazouillent en chœur. Les bêlements, les voix d’enfants, de femmes, le braiment des ânes, le grincement des poulies au-dessus des puits annoncent que le village est réveillé.

C’est dans le jardin lui-même que l’on rompt le pain et que l’on distribue les poissons. Aussitôt le repas terminé, les trois disciples, bénis par Jésus, quittent la maison et parcourent rapidement le chemin qui mène au fleuve pour se plonger dans la fraîcheur et l’ombre des roseaux… On ne les voit plus…

« Et maintenant, reposons-nous jusqu’au soir, et puis suivons-les nous aussi » ordonne Jésus.

Il y a là un tas de filets confectionnés par Ananias : il montre ainsi qu’il ne reste pas oisif et qu’il gagne son pain quotidien. C’est en partie sur eux, en partie sur des lits, que les apôtres s’étendent pour chercher un sommeil réparateur.

Ananias, pendant ce temps, ramasse les vêtements trempés de sueur, sort sans bruit, ferme la porte et la grille, et descend au fleuve afin de les nettoyer pour qu’ils soient propres et secs pour le soir…

418.8

Jésus dit :

« Vous placerez ici la vision : “ Jésus dans un hameau de la Décapole ” du 2-10-44, puis cette autre : “ Le possédé de la Décapole ” du 29-9-1944. »

418.1

Jesús llega al pueblo de Salomón ya muy de noche. La Luna, por la posición en que se encuentra, hace pensar que son más o menos las dos antemeridianas. Una bonita Luna, apenas un poco menguada, que desde el medio del cielo sereno resplandece expandiendo paz sobre la tierra. Paz y abundante rocío, los fuertes rocíos de los países calientes, benéficos para las plantas después de la quemazón diurna del sol.

Los peregrinos deben haber seguido el guijarral del río, que hacia las orillas está seco, porque el caudal es más restringido por el estiaje. Y suben de los cañizares al bosque que limita las márgenes, y las sostiene con la red de las raíces hundidas en la tierra cercana al agua.

«Vamos a detenernos aquí, en espera de que llegue el día» dice Jesús.

418.2

«Maestro… yo soy todo un dolor…» dice Mateo.

«Y yo temo que me haya venido la fiebre. No es sano este río en verano… Ya lo sabes» añade Felipe.

«De todas forma, hubiera sido peor si del río hubiéramos subido a los montes judíos. También se sabe esto» dice el Zelote, que siente piedad de Jesús, al cual todos manifiestan sus pequeños miedos y quejas y del cual ninguno comprende el estado de ánimo.

«Deja, deja, Simón. Tienen razón. Pero dentro de poco descansaremos… Os ruego un poco de camino todavía… Y un poco de espera aquí. Ya veis cómo la Luna cambia su curso hacia occidente. ¿Por qué despertar a ese anciano y a José, que quizás está enfermo todavía[1], cuando dentro de poco será de día?…».

«Es que aquí está todo empapado de aguazo. No se sabe dónde estar…» refunfuña Judas Iscariote.

«¿Tienes miedo de estropearte la túnica? ¡Venga, hombre, que después de estas marchas de penados entre polvo y rocío, huelga ya presumir de túnica! Y además… así le gustaría más al afable Elquías. Tus grecas… ¡ja! ¡ja!, las de los bajos y de las mangas se han quedado, a jirones, en los arbustos espinosos del desierto de Judá, y el sudor te ha destruido la del cuello… Ahora eres un perfecto judío…» dice, siempre alegre, Tomás.

«Un perfecto sucio, y me da asco» replica airado Judas.

«Te sea suficiente tener el corazón limpio, Judas» dice serenamente Jesús. «Es lo que tiene valor…».

«¡Valor! ¡Valor! Estamos extenuados de cansancio, de hambre… Perdemos la salud, que es lo único que tiene valor» dice con malos modales Judas.

«No te retengo a la fuerza… Tú eres el que quiere estar».

«¡A estas alturas?… Me conviene hacerlo. Estoy…».

«¡Di la palabra que te quema, hombre!: “Estás comprometido ante los ojos del Sanedrín”. Pero siempre puedes remediar… y volver a conseguir su confianza…».

«No quiero remediar… porque te amo y quiero estar contigo».

«Verdaderamente lo dices de una forma que más que amor parece odio…» masculla entre dientes Judas de Alfeo.

«Bien, pues… cada uno tiene su manera de expresar el amor».

«Sí, claro. También hay quien ama a su mujer pero la mata a palos… No me gustaría este tipo de amor» dice Santiago de Zebedeo, tratando de cortar el incidente con una broma.

Pero ninguno se ríe. De todas formas, gracias a Dios, ninguno replica.

Jesús aconseja: «Vamos a sentarnos a la puerta de la casa. El alero es ancho y protege del aguazo, y está ese resalto que hace de base a la casa…».

Obedecen sin decir nada. Llegados a la casa, se sientan en fila en su base.

Pero la simple observación de Tomás: «Tengo hambre. Estas caminatas nocturnas dan hambre» enciende de nuevo la cuestión.

«¡Caminatas! ¡Lo que pasa es que desde hace días se vive con nada!» sigue siendo Judas Iscariote el que responde.

«La verdad es que en casa de Nique y de Zaqueo hemos comido, y bien; y Nique nos dio tanto, que hemos tenido que dar a los pobres, porque se habría estropeado. El pan no nos ha faltado nunca. Nos dio también pan y compango aquel caravanero…» observa Andrés.

Judas, que no puede negarlo, calla.

418.3

Un gallo lejano saluda el primer indicio de albor.

«¡Oh! ¡Bien! ¡Dentro de poco el alba!» dice Pedro desperezándose, porque se había dormido casi.

Esperan en silencio a que se aproxime el día.

Un balido en un aprisco… Luego un cascabillo lejano que viene del camino principal, a las espaldas de ellos… Un cercano cru-cru de las palomas de Ananías. Una ronca voz de hombre entre los cañizares… Es un pescador que vuelve con la pesca nocturna y que profiere imprecaciones porque es poca. Ve a Jesús y se para. Vacila. Dice: «¿Si te doy la pesca, me prometes abundancia en el futuro?».

«¿Por ganancia o por necesidad?».

«Por necesidad. Tengo siete hijos, mi mujer y la madre de mi mujer».

«Tienes razón. Sé una persona benéfica y te prometo que no te faltará lo necesario».

«Ten, entonces. Está también allá dentro ese herido que no se recupera a pesar de los cuidados…».

«Que Dios te remunere y te dé paz» dice Jesús.

El hombre saluda y se marcha, dejando sus peces ensartados por la boca en una ramita de sauce.

418.4

Se abate de nuevo el silencio, quebrado apenas por el frufrú de las cañas, por algún silbo de pájaro… Luego un chirrido cercano… La rústica verja que Ananías ha construido gira chirriando, y el anciano se asoma al camino escrutando el cielo. Le sigue la oveja balando…

«¡La paz a ti, Ananías!».

«¡Maestro!» Pero… ¿desde cuándo estás ahí? ¡¿Por qué no has llamado para que se te abriera?!».

«Desde hace poco. No quería molestar a nadie… ¿Cómo está José?».

«¿Lo sabes?… Está mal. Le sale materia de una oreja y sufre mucho de la cabeza. Creo que morirá. Quiero decir que creía. Ahora estás Tú y creo que se curará. Salía para buscar hierbas para unas cataplasmas…».

«¿Están aquí los compañeros de José?».

«Dos. Los otros se han adelantado ya. Aquí están Salomón y Elías».

«¿Os han molestado los fariseos?».

«Poco después de tu partida. Luego ya no. Querían saber a dónde habías ido. Dije: “A casa de mi nuera, a Másada”. ¿Hice mal?».

«Hiciste bien».

«¿Y… has estado?» el anciano está ansioso y expectante.

«Sí. Está bien».

«Pero… ¿No te escuchó?».

«No. Hace falta orar mucho por ella».

«Y por sus hijos pequeños… Que los eduque para el Señor…» dice el anciano, y dos lagrimones caen para decir lo que él calla. Termina: «¿Los viste?».

«A uno puedo decir que le vi… A los otros sólo de refilón. Están todos bien».

«Ofrezco a Dios renuncia y perdón… De todas formas… es muy amargo decir: “No volveré a verlos”…».

«Pronto verás a tu hijo, y con él estarás en el Cielo en paz».

«Gracias, Señor.

418.5

Entra…».

«Sí. Vamos enseguida donde el herido. ¿Dónde está?».

«En la mejor cama».

Entran en el huerto, que está bien ordenado, y del huerto a la cocina y de la cocina a la pequeña habitación. Jesús se agacha hacia el enfermo, que duerme gimiendo. Se agacha, se agacha… y espira hacia la oreja, envuelta en hilas ya llenas de pus. Se endereza de nuevo. Retrocede sin hacer ruido.

«¿No le despiertas?» pregunta el anciano en voz baja.

«No. Déjale dormir. Ya no tiene dolor. Se repondrá. Vamos donde los demás».

Jesús entorna la puerta sin hacer ruido y pasa a la habitación grande, donde están los lechos comprados la otra vez. Los dos discípulos, cansados, duermen todavía.

«Velan hasta el alba. Yo del alba hasta la caída de la tarde. Así que están cansados. Son muy buenos».

Los dos deben dormir con los oídos abiertos, porque se despiertan inmediatamente: «¡Maestro! ¡Nuestro Maestro! ¡A tiempo has llegado! José está…».

«Curado. Ya lo he hecho. Duerme sin saberlo. Pero ya no tiene nada. Sólo tendrá que limpiarse la podredumbre y estará sano como antes».

«¡Oh! ¡Entonces límpianos también a nosotros, porque hemos pecado».

«¿En qué?».

«Por asistir a José no hemos estado en el Templo…».

«La caridad hace un templo en todo lugar. Y en el Templo de la caridad está Dios. Si todos nos amáramos, la Tierra sería toda un Templo. Estad en paz. Día llegará en que Pentecostés quiera decir “Amor”. Manifestación del amor. Vosotros habéis celebrado, precediendo a los meses, el Pentecostés futuro, porque habéis amado a vuestro hermano».

Desde la otra habitación, la voz de José llama: «¡Ananías! ¡Elías! ¡Salomón! ¡Que estoy curado!»; y el hombre aparece, vestido sólo con la túnica corta, enflaquecido, todavía pálido, pero sin sufrimiento. Ve a Jesús y dice: «¡Ah! ¡Has sido Tú, Maestro mío!» y corre a besarle los pies.

«Que Dios te dé paz, José; y perdóname si has sufrido por mí».

«Me glorío de haber derramado sangre por ti, como la derramó mi padre. Te bendigo por haberme hecho digno de esto». El rostro rústico de José resplandece con la alegría de estas palabras y adquiere nobleza, una belleza que viene de una luz interior.

418.6

Jesús le hace una caricia y dice a Salomón: «Tu casa sirve para hacer mucho bien».

«¡Porque es tuya, ahora! Antes servía sólo para el sueño pesado del barquero. Pero me alegro de que te haya servido y haya servido a este justo. Ahora tendremos algunos días buenos aquí contigo».

«No, amigo. Vosotros partiréis en seguida. Ya no se nos concede descanso. Este tiempo será verdaderamente de prueba, y sólo las voluntades fuertes permanecerán fieles. Ahora vamos a compartir el pan, luego partiréis, en seguida, siguiendo el curso del río, precediéndome en media jornada».

«Sí, Maestro. ¿También José?».

«También. A menos que tema una nueva herida…».

«¡Maestro! ¡Quisiera Dios que te precediera en la muerte dando mi sangre por ti!».

Salen al huerto rociado, brillante bajo el sol primero. Y Ananías hace los honores recogiendo los higos tempranos de las ramas más propicias para la maduración, y pide disculpas por no poder ofrecer un pichoncito, debido a que las dos nidadas han sido usadas para el enfermo. Pero están los peces; y, con gran rapidez, se ponen a preparar la comida.

Jesús pasea entre Elías y José, los cuales cuentan la aventura pasada y la fuerza de Salomón, que llevó a hombros al herido durante kilómetros y kilómetros, recorridos de noche en pequeñas etapas…

«Pero tú, José, perdonas, ¿no? A quien te hirió».

«Nunca he sentido rencor hacia esos desdichados. He ofrecido el perdón y el sufrimiento por su redención».

«¡Es como hay que hacer, discípulo bueno! ¿Y Ogla?».

«Ogla fue con Timoneo. No sé si continuará siguiéndole o si se detendrá en el Hermón. Hablaba siempre de que quería ir al Lí­ba­no».

«Ya. Que Dios le guíe para lo mejor».

418.7

Ahora un intenso trinar de pájaros hace coro en las frondas; y balidos, voces de niños, de mujeres, rebuznos, garruchas chirriantes en los pozos denotan que el pueblo está despierto.

En el mismo huerto se parten los panes y se distribuyen los peces. Se consume la comida y, sin dilación, los tres discípulos, bendecidos por Jesús, dejan la casa. Recorren raudos el camino que va hasta el río y se introducen en los cañaverales frescos y umbrosos… Ya no se los ve…

«Ahora vamos a descansar hasta la caída de la tarde. Luego los seguiremos» ordena Jesús.

Y, quién en las yacijas, quién encima de un montón de redes, trenzadas por Ananías — el cual explica que así no está ocioso y gana su pan de cada día —, se echan, buscando un buen sueño reparador.

Ananías, entretanto, recoge las túnicas sudadas, sale sin hacer ruido, cierra la puerta y la verja y baja al río a lavar aquéllas, para que estén frescas y secas para el atardecer…

418.8

Dice Jesús:

«Aquí pondréis la visión: “Jesús en un pueblecito de la Decápolis” del 2-10-44, y luego la otra: “El endemoniado de la Decápolis” del 29-9-1944».


Notes

  1. Joseph encore malade est l’ancien berger, désormais disciple, qui a été frappé et blessé comme on l’a vu en 404.5.

Notas

  1. José… enfermo todavía, es el discípulo ex pastor, maltratado y herido como se narra en 404.5.