Los Escritos de Maria Valtorta

458. Guérison spirituelle à Guerguesa, leçon

458. Una curación espiritual en Guerguesa

458.1

Ils arrivent au bord du lac, dans les environs immédiats de Guerguesa, quand le coucher rougissant du soleil fait place à un crépuscule violacé et paisible. La rive est bondée de personnes qui préparent les barques pour la pêche nocturne ou qui se baignent avec plaisir dans les eaux du lac, un peu agité par le vent qui le parcourt.

On a vite vu et reconnu Jésus, de sorte que, avant même qu’il puisse entrer dans la ville, on sait qu’il est arrivé, ce qui suscite l’affluence habituelle des gens qui accourent pour l’entendre.

Un homme se fraie un passage au milieu de la foule pour lui dire qu’on était venu le matin, de Capharnaüm, le chercher et lui demander de s’y rendre au plus tôt.

« Cette nuit même. Je ne reste pas ici et, puisque nos barques ne s’y trouvent pas, je vous demande de nous prêter les vôtres.

– Comme tu veux, Seigneur. Mais tu nous parleras avant de partir ?

– Oui, et pour vous saluer aussi. Je vais bientôt quitter la Galilée… »

458.2

Une femme en pleurs l’appelle du milieu de la foule, en suppliant qu’on la laisse passer et s’approcher du Maître.

« C’est Arria, une païenne qui est devenue juive par amour. Tu as guéri une fois son mari[1], mais…

– Je m’en souviens. Laissez-la passer ! »

La femme s’avance et se jette aux pieds de Jésus en pleurant.

« Qu’as-tu, femme ?

– Rabbi ! Rabbi ! Aie pitié de moi ! Siméon… »

Un homme de Guerguesa l’aide à parler :

« Maître, il emploie mal la santé que tu lui as donnée. Son cœur est devenu dur, avide, et il ne semble même plus être israélite. Vraiment, sa femme est bien meilleure que lui, bien qu’elle soit née en terre païenne. Et sa dureté et son avidité lui attirent des rixes et des haines. Au cours d’une bagarre, il a été gravement blessé à la tête, et le médecin dit qu’il va probablement devenir aveugle.

– Et que puis-je faire en pareil cas ?

– Toi… guéris-le… Elle, tu le vois, est au désespoir… Elle a plusieurs enfants, et encore petits. La cécité de son époux ferait la misère de la maison… Il est vrai que c’est de l’argent mal gagné… Mais sa mort serait un malheur, car un mari est toujours un mari, et un père est toujours un père, même s’il faut s’attendre, au lieu d’amour et de pain, à des trahisons et des coups…

– Je l’ai guéri une fois et je lui ai dit : “ Ne pèche plus. ” Il a péché davantage encore. N’avait-il pas promis de ne plus le faire ? N’avait-il pas fait vœu de ne plus être usurier et voleur si je le guérissais, de rendre ce qu’il avait mal acquis à qui il le pouvait et, en cas d’impossibilité, de l’employer pour les pauvres ?

– Maître, c’est vrai, j’étais présent. Mais… l’homme manque de fermeté dans ses résolutions.

– Tu as raison. Et ce n’est pas Siméon seulement. Nombreux sont ceux qui, comme le dit[2] Salomon, ont deux poids et deux mesures, ainsi qu’une balance fausse, non seulement au sens matériel, mais aussi en ce qui concerne leurs jugements et leurs actions, ainsi que leur comportement envers Dieu. C’est encore Salomon qui dit : “ C’est une ruine pour l’homme de repousser ce qui est saint, et après avoir fait un vœu, de se rétracter. ” Ceux qui agissent de la sorte sont trop nombreux…

458.3

Femme, ne pleure pas, mais écoute et sois juste puisque tu as choisi une religion de justice. Que choisirais-tu, si je te proposais deux possibilités : soit guérir ton époux et le laisser vivre pour qu’il continuera à se moquer de Dieu et à accumuler les péchés sur son âme, soit le convertir, lui pardonner et le laisser mourir ? Choisis, et j’accomplirai ton souhait. »

La malheureuse passe par un bien dur combat. L’amour naturel, le besoin d’un homme qui gagne sa vie — bien ou mal — pour ses enfants, la pousserait à demander la “ vie ”. Son amour surnaturel envers son époux la pousse à demander “ pardon et mort ”. Les gens se taisent, attentifs, émus, attendant sa décision.

Finalement la pauvre femme se jette de nouveau sur le sol, s’accrochant au vêtement de Jésus comme pour y puiser de la force et elle gémit :

« La vie éternelle… Mais aide-moi, Seigneur… »

On dirait qu’elle meurt, tant elle baisse son visage contre terre.

« Tu as pris le meilleur parti, sois-en bénie. Peu en Israël t’égaleraient en crainte de Dieu et en justice. Lève-toi. Allons le trouver.

– Mais, Seigneur, vas-tu vraiment le faire mourir ? Et comment vais-je me débrouiller ? »

Le côté humain ressort du feu de l’esprit comme le phénix de la mythologie ; elle souffre et s’effare humainement…

« Ne crains rien, femme. Toi, moi, nous tous, nous confions tout au Père des Cieux et lui agira avec son amour. Es-tu capable de croire cela ?

– Oui, mon Seigneur…

– Alors, allons-y en récitant la prière de toutes les demandes et de tous les réconforts. »

Et tout en marchant, entouré et suivi d’une foule nombreuse, il dit lentement le Notre Père. Le groupe des apôtres l’imite et, en un chœur bien harmonisé, les phrases de la prière s’élèvent au-dessus du bruit de la foule qui, prise par le désir d’entendre prier le Maître, se tait peu à peu, de sorte que l’on entend parfaitement les dernières demandes dans un silence solennel.

« Le pain quotidien, le Père te le donnera. Je te le garantis en son nom » dit Jésus à la femme.

Puis il poursuit, en s’adressant non pas à elle seule, mais à tous :

« Et vos fautes vous seront pardonnées si vous pardonnez à ceux qui vous ont offensés et qui vous ont fait du tort. Ils ont besoin de votre pardon pour obtenir celui de Dieu. Et tous ont besoin de la protection de Dieu pour ne pas tomber dans le péché comme Siméon. Souvenez-vous-en. »

458.4

Les voilà arrivés à la maison. Jésus y entre avec la femme, Pierre, Barthélemy et Simon le Zélote.

L’homme, étendu sur une couche, le visage couvert de bandes et de linges mouillés, s’agite et délire. Mais la voix ou la volonté de Jésus le ramène à lui, et il s’écrie :

« Pardon ! Pardon ! Je ne retomberai plus dans le péché. Ton pardon comme la dernière fois ! Mais guérir aussi, comme la dernière fois. Arria ! Arria ! Je te le jure, je serai bon. Je renonce à toute violence et fraude, je… »

L’homme est prêt à tout promettre par crainte de la mort…

« Pourquoi veux-tu cela ? » demande Jésus. « Pour expier ou parce que tu redoutes le jugement de Dieu ?

– Cela, cela ! Mourir maintenant, non ! L’enfer !… J’ai volé. J’ai volé l’argent du pauvre ! J’ai menti. J’ai frappé le prochain et fait souffrir les miens. Oh !…

– La peur n’est pas bonne. C’est le repentir qu’il faut, un repentir sincère et ferme.

– La mort ou la cécité ! Ah ! quel châtiment ! Ne plus voir ! Les ténèbres ! Les ténèbres! Non !…

– Si les ténèbres des yeux sont terribles, celles du cœur ne sont-elles pas plus horribles pour toi ? Et ne crains-tu pas celles de l’enfer, éternelles, atroces ? La privation continuelle de Dieu ? Les remords continuels ? La douleur de t’être tué toi-même, pour toujours, spirituellement ? N’aimes-tu pas ta femme ? N’aimes-tu pas tes enfants ? Et ton père, ta mère, tes frères, ne les aimes-tu pas ? Eh bien, tu ne penses pas que tu ne les auras plus avec toi, si tu meurs damné ?

– Non ! Non ! Pardon ! Pardon ! Expier, ici, oui, ici… Même la cécité, Seigneur… Mais l’enfer, non… Que Dieu ne me maudisse pas ! Seigneur ! Seigneur ! Toi qui chasses les démons et pardonnes les fautes, ne lève pas la main pour me guérir, mais pour me pardonner et me délivrer du démon qui me tient… Pose la main sur mon cœur, sur ma tête… Délivre-moi, Seigneur…

– Je ne puis faire deux miracles. Réfléchis. Si je te délivre du démon, je te laisserai la maladie…

– Peu importe ! Sois le Sauveur.

– Qu’il en soit comme tu veux. Sache profiter de cette grâce, c’est la dernière que je te fais. Adieu.

– Tu ne m’as pas touché ! Ta main ! Ta main ! »

Jésus le satisfait et met sa main sur la tête et sur la poitrine de l’homme, qui à cause de son pansement, aveuglé par ses bandages et sa blessure, tâtonne convulsivement pour saisir la main de Jésus et, après l’avoir trouvée, pleure sur elle, sans lui permettre de s’éloigner jusqu’à ce que, comme un enfant fatigué, il s’assoupisse, tenant encore la main de Jésus qu’il presse contre sa joue fiévreuse.

Jésus dégage sa main avec précaution et sort sans bruit de la pièce, suivi de la femme et des trois apôtres.

« Que Dieu te récompense, Seigneur. Prie pour ta servante.

– Continue à grandir dans la justice, femme, et Dieu sera toujours avec toi. »

Il lève la main pour bénir la maison et la femme, puis sort sur la route.

458.5

Le ton monte dans la foule à cause de mille questions des curieux, mais Jésus fait signe de se taire et de le suivre. Il retourne vers la rive. La nuit descend lentement. Jésus monte dans une barque qui se balance près de la berge et c’est de là qu’il parle.

« Non. Il n’est pas mort et il n’est pas guéri selon la chair. Son esprit a réfléchi sur ses fautes, il a changé sa manière de voir, et il a été pardonné parce qu’il a demandé l’expiation pour obtenir le pardon. Vous tous, aidez-le à poursuivre son chemin vers Dieu.

Pensez que nous avons tous une responsabilité envers l’âme de notre prochain. Malheur à celui qui scandalise ! Mais malheur aussi à celui qui, par son attitude intransigeante, angoisse une personne qui vient tout juste de naître au bien en la repoussant avec inflexibilité du chemin sur lequel elle s’est engagée. Tous peuvent un peu servir de maître, et de bon maître pour leur prochain, et l’être d’autant plus que celui-ci est faible et ignore la sagesse du bien.

Je vous exhorte à faire preuve de patience, de douceur et d’indulgence envers Siméon. Ne lui montrez pas de haine, de rancœur, de mépris ou d’ironie. Ne rappelez pas le passé, ni en vous, ni à lui. L’homme qui se relève après un pardon, un repentir, après un bon propos sincère, a une volonté, mais il a aussi le poids, l’héritage des passions, des habitudes du passé. Il faut savoir l’aider à s’en libérer, et avec beaucoup de discrétion, sans faire allusion au passé. Ce serait de l’imprudence envers la charité et envers la personne.

Rappeler sa faute au coupable repenti, c’est l’humilier. Sa conscience ranimée suffit à cela. Rappeler à la créature son passé, c’est provoquer le réveil des passions et parfois le retour aux passions dominées, un consentement. Dans le meilleur des cas, c’est attiser des tentations.

Ne tentez donc pas votre prochain, soyez prudents et charitables. Si Dieu vous a épargné certains péchés, louez-le ; mais n’affichez pas votre justice pour mortifier celui qui n’a pas été juste. Sachez comprendre le regard implorant de l’homme repenti qui voudrait que vous oubliiez et qui, conscient que ce n’est pas le cas, vous supplie au moins de ne pas l’humilier par le rappel de son passé.

Ne dites pas : “ Il a été lépreux dans l’âme ” pour justifier vos abandons. L’ancien lépreux est réadmis au sein du peuple, après les purifications qui suivent sa guérison. Qu’il en soit de même pour celui qui est guéri du péché. N’imitez pas ceux qui se croient parfaits, mais ne le sont pas, car ils ne font pas preuve de charité envers leurs frères. Mieux, soutenez de votre amour vos frères revenus à la grâce pour qu’un bon entourage empêche de nouvelles chutes.

N’essayez pas d’être plus justes que Dieu, qui ne repousse pas le pécheur repenti, mais lui pardonne et le réadmet en sa compagnie. Et même si ce pécheur vous a causé un tort irréparable, n’en tirez pas vengeance maintenant qu’il n’est plus un puissant que l’on craint ; mais pardonnez et faites preuve de beaucoup de pitié, parce qu’il a été pauvre du trésor que tout homme peut obtenir si seulement il le veut : la bonté. Aimez-le, car, par la douleur qu’il vous a causée, il vous a donné un moyen de mériter une récompense plus grande au Ciel. Unissez à son moyen le vôtre : le pardon, et votre récompense deviendra encore plus grande dans le Ciel.

Et ne méprisez personne, même s’il est d’une autre race. Vous voyez que, lorsque Dieu attire une âme, y compris celle d’un païen, il le transforme de telle manière qu’il surpasse en justice beaucoup de gens du peuple élu.

Je m’en vais. Rappelez-vous maintenant et toujours ces paroles, ainsi que tout ce que je vous ai dit précédemment. »

458.6

Pierre, qui était prêt, pousse la rame contre la rive et la barque s’en détache et commence à s’éloigner, avec les deux autres à la suite.

Le lac, un peu agité, imprime du roulis aux embarcations, mais personne ne s’en effraie, car le trajet est court. Les fanaux rouges mettent sur les eaux sombres des taches de rubis et teignent de sang l’écume blanche.

« Maître, cet homme va-t-il guérir ou non ? Je n’ai rien compris » demande Pierre, après un moment, sans lâcher la barre.

Jésus ne répond pas. Pierre fait un signe à Jean qui est assis au fond de la barque aux pieds du Maître, la tête appuyée sur les genoux de Jésus. Et Jean répète la question à voix basse.

« Il ne guérira pas.

– Pourquoi, Seigneur ? Je croyais, d’après ce que j’avais entendu, qu’il devrait guérir pour expier.

– Non, Jean. Il pécherait de nouveau, car c’est une âme faible. »

Jean repose sa tête sur les genoux de Jésus en disant :

« Mais toi, tu pouvais le rendre fort… »

Il semble faire un doux reproche.

Jésus sourit en passant les doigts dans la chevelure de son Jean, puis, élevant la voix de façon que tous l’entendent, il donne la dernière instruction du jour :

« En vérité, je vous dis que, pour accorder une grâce, il faut savoir tenir compte de son opportunité. La vie, la prospérité, un enfant, ne sont pas toujours un don ; même une guérison n’en est pas forcément un. Tout cela devient et reste don, quand celui qui le reçoit sait en faire un bon usage et pour des fins surnaturelles de sanctification. Mais lorsque la santé, la prospérité, des affections, une mission, aboutissent à la ruine de l’âme, mieux vaudrait ne les avoir jamais reçues. Et parfois Dieu fait le plus grand don qu’il puisse faire en n’accordant pas ce que les hommes voudraient ou penseraient juste d’avoir comme quelque chose de bon. Le père de famille ou le médecin sage savent ce qu’il convient de donner aux enfants ou aux malades pour que leur état n’empire pas ou pour qu’ils restent en bonne santé. Pareillement, Dieu sait ce qu’il faut donner pour le bien d’une âme.

– Alors cet homme va mourir ? Malheureuse maison !

– Serait-elle donc plus heureuse si un réprouvé l’habitait ? Et lui, serait-il plus heureux si, en vivant, il continuait à pécher ? En vérité, je vous dis que la mort est un don quand elle sert à éviter de nouveaux péchés et qu’elle prend l’homme pendant qu’il est réconcilié avec son Seigneur. »

458.7

La quille grince déjà sur les hauts-fonds de Capharnaüm. Pierre dit :

« Il était temps. Cette nuit, la bourrasque. Le lac bout, le ciel est sans étoiles, noir comme de la poix. Vous entendez, derrière les montagnes ? Vous voyez cette clarté ? Tonnerre et éclairs, bientôt de l’eau. Vite ! Mettez en lieu sûr les barques qui ne nous appartiennent pas ! Les femmes et l’enfant, partez avant qu’il ne pleuve. »

Puis il crie à d’autres pêcheurs qui retirent leurs filets et leurs paniers :

« Ohé ! Donnez-nous un coup de main ! »

A force de bras, on remonte la barque bien haut sur la plage, pendant que les premières vagues viennent gifler leurs membres à demi-nus et pousser les cailloux de la rive.

Puis ils se dirigent au pas de course vers la maison, tandis que les premières grosses gouttes soulèvent la poussière de la terre brûlée, en dégageant de fortes odeurs. Les éclairs zèbrent déjà le ciel au-dessus du lac, tandis que le tonnerre emplit de son fracas la coupe que forment les collines des rives.

458.1

Llegan a los bordes del lago, en los aledaños de Geurguesa, cuando el ocaso rojo se transforma en crepúsculo violáceo y sereno. La ribera está llena de gente que prepara las barcas para la pesca nocturna o que se baña con gusto en las aguas del lago, un poco picado por el viento que lo surca.

Pronto es visto Jesús, y reconocido; de forma que antes de que pueda entrar en la ciudad la ciudad sabe que ha venido, y se produce la consabida afluencia de gente que acude a escucharle.

Entre la gente se abre paso un hombre, diciendo que por la mañana habían venido a buscarle a Jesús de Cafarnaúm, y que vaya lo antes que pueda.

«Esta misma noche. No me quedo en Guerguesa. Como nuestras barcas no están aquí, os pido que me prestéis las vuestras».

«Como quieras, Señor. Pero ¿nos vas a hablar antes de partir?».

«Sí, incluso para despedirme de vosotros. Pronto dejaré Galilea…».

458.2

Una mujer, llorando, le llama de entre la multitud, mientras suplica que la dejen pasar para ir donde el Maestro.

«Es Arria, la gentil que se ha hecho hebrea por amor. Una vez curaste a su marido[1]. Pero…».

«Me acuerdo. ¡Dejadla pasar!».

La mujer se acerca. Se arroja a los pies de Jesús. Llora.

«¿Qué te pasa, mujer?».

«¡Rabí! ¡Rabí! ¡Piedad de mí! Simeón…».

Uno de Guerguesa la ayuda a hablar: «Maestro, usa mal la salud que le diste. Se ha hecho duro de corazón, rapiñador; y ya ni siquiera parece israelita. La verdad es que la mujer es mucho mejor que él, a pesar de haber nacido en tierras paganas. Y su dureza y rapacidad le acarrean peleas y odios. Y por una pelea ahora está muy malherido en la cabeza, y el médico dice que casi es seguro que se quede ciego».

«¿Y Yo qué puedo en ese caso?».

«Tú… curas… Ella, ya lo ves, se desespera… Tiene muchos hijos, y pequeños todavía. La ceguera de su marido significaría miseria para la casa… Es verdad que es dinero mal ganado… Pero la muerte sería una desventura, porque un marido es siempre un marido, y un padre es siempre un padre, aunque en vez de amor y pan dé traiciones y palos…».

«Le curé una vez y le dije: “No peques más”. Él ha pecado más. ¿No había prometido, acaso, que no iba a pecar más? ¿No había hecho voto de no volver a ser usurero y ladrón, si Yo le curaba; es más, de devolver a quien pudiera lo mal adquirido, y de usar lo mal adquirido —para el caso de no poder devolverlo— en favor de los pobres?».

«Maestro, es verdad. Yo estaba presente. Pero… el hombre no es firme en sus propósitos».

«Es como dices. Y no sólo Simeón. Muchos son los que, como dice Salomón[2], tienen dos pesos y balanza falsa, y no sólo en el sentido material, sino también cuando juzgan y actúan y en su comportamiento para con Dios. Y es también Salomón el que dice: “Desastroso para el hombre el fervor ligero por lo santo y, tras hacer un voto, volverse atrás”. Y, sin embargo, son demasiados los que esto hacen…

458.3

Mujer, no llores. Pero escucha y sé justa, pues que has elegido religión de justicia. ¿Qué elegirías, si te propusiera dos cosas, éstas: curar a tu marido y dejarle vivir para que siga burlándose de Dios y acumulando pecados sobre su alma, o convertirle, perdonarle y luego dejarle morir? Elige. Haré lo que elijas».

La pobre mujer se encuentra en una lucha muy acerba. El amor natural, la necesidad de un hombre que bien o mal gane para los hijos la moverían a pedir “vida”; su amor sobrenatural hacia su marido la mueve a pedir “perdón y muerte”. La gente calla, atenta, conmovida, en espera de la decisión.

Al fin, la pobre mujer, arrojándose de nuevo al suelo, abrazándose a la túnica de Jesús como buscando fuerzas, gime: «La vida eterna… Pero ayúdame, Señor…» y tanto languidece, rostro en tierra, que parece que muere.

«Has elegido la parte mejor. Bendita seas. Pocos en Israel te igualarían en temor de Dios y justicia. Levántate. Vamos donde él».

«¿Pero realmente le vas a hacer morir, Señor? ¿Y yo qué voy a hacer?». La criatura humana renace del fuego del espíritu como el fénix mitológico; y sufre y zozobra humanamente…

«No temas, mujer. Yo, tú, todos confiamos al Padre de los Cielos todas las cosas, y Él obrará con su amor. ¿Eres capaz de creer esto?».

«Sí, mi Señor…».

«Entonces vamos, diciendo la oración de todas las peticiones y de todos los consuelos».

Y, mientras anda, circundado de un enjambre de personas y seguido de un séquito de gente, dice lentamente el Pater. El grupo apostólico hace lo mismo, y, con un coro bien ordenado, las frases de la oración se elevan por encima del murmullo de la muchedumbre, la cual sintiendo el deseo de oír orar al Maestro, poco a poco va guardando silencio, de forma que las últimas peticiones se oyen maravillosamente en medio de un silencio solemne.

«El Padre te dará el pan cotidiano. Lo aseguro en su Nombre» dice Jesús a la mujer, y añade, dirigiéndose no a ella sola sino a todos: «Y os serán perdonadas las culpas si perdonáis al que os haya ofendido o perjudicado. Esa persona necesita vuestro perdón para obtener el de Dios. Y todos tienen necesidad de la protección de Dios para no caer en pecado como Simeón. Recordad esto».

458.4

Ya han llegado a la casa, y Jesús entra en ella con la mujer, con Pedro, Bartolomé y el Zelote.

El hombre, echado en la yacija, en la cara bendas y paños mojados, gesticula desasosegado y delira. Pero la voz, o la voluntad, de Jesús le hacen volver en sí y grita: «¡Perdón! ¡Perdón! No volveré a caer en el pecado. ¡Tu perdón como la otra vez! Pero también la salud, como la otra vez. ¡Arria! ¡Arria! Te juro que seré bueno. No volveré a ser ni violento ni ladrón, no…» el hombre está dispuesto a todas las promesas por miedo a morir…

«¿Por qué quieres todo esto?» pregunta Jesús. «¿Por expiar o porque temes el juicio de Dios?».

«¡Eso, eso! ¡Morir ahora, no! ¡El infierno!… ¡He robado, he robado el dinero del pobre! He usado la mentira. He sido violento con mi prójimo y he hecho sufrir a los familiares. ¡Oh!…».

«No miedo; se requiere arrepentimiento, verdadero, firme».

«¡La muerte o la ceguera! ¡Qué castigo! ¡No volver a ver! ¡Tinieblas! ¡Tinieblas! ¡No!…».

«Si es adversa la tiniebla en los ojos, ¿no te es horrenda la del corazón? ¿Y no temes la del infierno, eterna, horrenda?, ¿la privación continua de Dios?, ¿los remordimientos continuos?, ¿la congoja de haberte matado a ti mismo, para siempre, en tu espíritu? ¿No amas a ésta? ¿Y no quieres a tus hijos? ¿Y no quieres a tu padre, a tu madre, a tus hermanos? ¿Y no piensas que no los vas a tener nunca más contigo si mueres condenado?».

«¡No! ¡No! ¡Perdón! ¡Perdón! Expiar, aquí, sí, aquí… Incluso la ceguera, Señor… Pero el infierno no… ¡Que no me maldiga Dios! ¡Señor! ¡Señor! Tú arrojas los demonios y perdonas las culpas. No alces tu mano para curarme, pero sí para perdonarme y liberarme del demonio que me tiene sujeto… Ponme una mano en el corazón, en la cabeza… Libérame, Señor…».

«No puedo hacer dos milagros. Reflexiona. Si te libero del demonio te dejaré la enfermedad…».

«¡No importa! Sé Salvador».

«Sea como tú quieres. Te digo que sepas aprovechar mi milagro, que es el último que te hago. Adiós».

«¡No me has tocado! ¡Tu mano! ¡Tu mano!».

Jesús le complace y pone la mano sobre la cabeza y sobre el pecho del hombre, el cual, estando vendado, cegado por las vendas y la herida, palpa convulsivamente para agarrar la mano de Jesús, y una vez que la encuentra, llora sobre ella, y no quiere separarse de ella; hasta que, como un niño cansado, se adormece, teniendo todavía la mano de Jesús apretada contra su carrillo febril.

Jesús saca cautelosamente la mano y sale de la habitación sin hacer ruido, seguido por la mujer y los tres apóstoles.

«Que Dios te lo pague, Señor. Ora por tu sierva».

«Sigue creciendo en la justicia, mujer, y Dios estará siempre contigo». Alza la mano para bendecir la casa y a la mujer, y sale a la calle.

458.5

El murmullo aumenta por mil preguntas curiosas. Pero Jesús hace señal de que se callen y le sigan. Vuelve a la orilla del lago. La noche se cierra lentamente. Jesús sube a una barca, que se mece junto a la orilla, y habla desde ahí.

«No. No está muerto y no está curado, en cuanto a la carne. Su espíritu ha reflexionado sobre sus culpas, ha dado recta dirección a su pensamiento; ha sido perdonado porque ha pedido expiación para obtener perdón. Vosotros, todos, apoyadle en su camino hacia Dios.

Pensad que todos tenemos una responsabilidad hacia el alma de nuestro prójimo. ¡Ay de aquel que escandalice! Pero ¡ay también de aquel que, con su trato intransigente, amedrente a uno que acabe de nacer al Bien, de modo que le rechace con su intransigencia del camino en que se ha puesto! Todos pueden ser un poco maestros, maestros buenos de su prójimo, y pueden serlo más en la medida en que éste es más débil e ignorante de la sabiduría del Bien.

Os exhorto a ser pacientes, dulces, longánimes con Simeón. No mostréis odio, rencor, desprecio, ironía. No hagáis memoria del pasado, ni en vosotros ni a él. El hombre que se alza después de un perdón, después de un arrepentimiento, después de un propósito sincero, tiene la voluntad, pero también el peso, el legado de sus pasiones y hábitos del pasado. Hay que saber ayudarle a liberarse de ello. Y con mucha discreción. Sin hacer alusiones al pasado. Las alusiones son imprudentes contra la caridad y contra la criatura humana. Recordar al culpable arrepentido la culpa es abatirle. Basta su despertada conciencia para ello. Recordar a la criatura humana su pasado es promover el despertar de las pasiones, y algunas veces el volver a pasiones superadas, y consentimientos. En el mejor de los casos, siempre es provocar tentaciones.

No tentéis a vuestro prójimo. Sed prudentes y caritativos. ¿Que Dios os ha ahorrado ciertos pecados? Alabadle. Pero no hagáis ostentación de vuestra justicia para humillar a quien no es justo. Sabed comprender la mirada implorante de quien está arrepentido y que querría que vosotros olvidarais, y que —puesto que sabe que no olvidáis— al menos os suplica que no le humilléis recordando el pasado. No digáis: “Fue leproso de espíritu” para justificar vuestros abandonos. El leproso por enfermedad, después de las purificaciones, obtenida la curación, es admitido de nuevo en el pueblo. Que suceda lo mismo para quien esté curado del pecado. No seáis como aquellos que se creen los perfectos, y no lo son, porque no tienen caridad para con los hermanos. Al contrario, circundad de vuestro amor a los hermanos renacidos a la gracia, para que la buena compañía impida nuevas caídas.

No queráis ser más que Dios, que no rechaza al pecador que se arrepiente, y le perdona y admite de nuevo junto a Él. Y aunque ese pecador os haya hecho un mal irreparable, no os venguéis ahora que ya no es un arrogante temido; antes bien, perdonad y tened una gran piedad, porque él fue pobre respecto a ese tesoro que todo hombre puede tener con sólo quererlo: la bondad. Amadle, porque, con el dolor que os ha causado, os ha dado un medio de merecer un premio más grande en el Cielo. Y no despreciéis a nadie, ni siquiera si es de otra raza. Veis que cuando Dios atrae hacia sí a un espíritu, aunque sea de un pagano, lo transforma de tal modo que supera en justicia a muchos del pueblo elegido.

Me marcho. Recordad ahora y siempre éstas y mis otras palabras».

458.6

Pedro, que estaba preparado, hinca el remo, y la barca se separa de la orilla, empezando así la navegación, seguida por otras dos. El lago, un poco agitado, imprime oscilación a las barcas, pero ninguno se asusta por ello, porque el trayecto es breve. Los faroles rojos ponen manchas de rubí en las obscuras aguas, o tiñen de color sangre las espumas blancas.

Pregunta Pedro, sin dejar el timón, después de un rato: «Maestro, ¿pero aquel hombre se va a curar o no? No he comprendido nada».

Jesús no contesta. Pedro hace una seña a Juan, que está sentado en el fondo de la barca a los pies del Maestro, con la cabeza relajada encima de las rodillas de Jesús. Y Juan repite en voz baja la pregunta.

«No se va a curar».

«¿Por qué, Señor? Yo creía, por lo que he oído, que tuviera que curarse para expiar».

«No, Juan. Pecaría nuevamente, porque es un espíritu débil».

Juan vuelve a apoyar la cabeza en las rodillas y dice: «Pero Tú le podías hacer fuerte…» y parece manifestar un dulce reproche.

Jesús sonríe, mientras introduce los dedos entre los cabellos de su Juan, y, alzando la voz de forma que todos oigan, da la última lección del día: «En verdad os digo que en la concesión de gracia hay que saber también tener en cuenta su oportunidad. No siempre la vida es un don, no siempre la prosperidad es un don, no siempre un hijo es un don, no siempre —sí, también esto— no siempre una elección es un don. Vienen a ser dones y permanecen como tales cuando el que los recibe sabe hacer un buen uso de ellos, y para fines sobrenaturales de santificación. Pero cuando de la salud, prosperidad, afectos, misión, se hace la ruina del propio espíritu, mejor sería no tenerlos nunca. Y a veces Dios ofrece el mayor don que podría dar no dando lo que los hombres querrían o lo que considerarían justo tener como cosa buena. El padre de familia o el médico sabio saben qué es lo que hay que dar a los hijos o a los enfermos para no ponerlos más enfermos o para evitar que enfermen. Lo mismo Dios, sabe lo que conviene dar para el bien de un espíritu».

«¿Entonces aquel hombre morirá? ¡Qué casa más infeliz!».

«¿Sería, acaso, más feliz viviendo en ella un réprobo? ¿Y él sería más feliz si, viviendo, siguiera pecando? En verdad os digo que la muerte es un don cuando sirve para impedir nuevos pecados y coge al hombre mientras está reconciliado con su Señor».

458.7

La quilla roza ya en el fondo del lago, en Cafarnaúm.

«A tiempo. Esta noche, borrasca. El lago hierve, el cielo sin estrellas, negro como la pez. ¿Oís detrás de los montes? ¿Veis esas luces? Truenos y relámpagos. Dentro de poco, agua. ¡Rápido! ¡Poner en salvo las barcas no nuestras! Abajo las mujeres y el niño, antes de que llueva. ¡Echad una mano!» grita Pedro a otros pescadores, que retiran redes y cestas.

A fuerza de brazos empujan la barca bien arriba, a la playa, mientras ya las primeras olas fuertes vienen a azotar los miembros semidesnudos y los guijarros de la orilla. Y luego… alejarse rápidamente, a casa, mientras las primeras gotazas alzan el polvo de la tierra ardiente haciendo emanar fuerte olor. Y los relámpagos ya están encima del lago, mientras los truenos llenan de fragor la copa formada por las colinas de las orillas.


Notes

  1. Tu as guéri une fois son mari. Il pourrait s’agir du miracle dont Jésus parle en 159.1.
  2. dit, en Pr 11, 1 ; 20, 10.23.25.

Notas

  1. Una vez curaste a su marido. Podría tratarse del milagro a que alude Jesús en 159.1.
  2. como dice Salomón, en Proverbios 11, 1; 20, 10 y 23 y 25.