Los Escritos de Maria Valtorta

478. En route vers la fête des Tentes, Jésus

478. Coloquio de Jesús con José y Simón de Alfeo,

478.1

Le soleil se lève à peine sur la nature rendue humide par une averse, tombée depuis peu certainement : la poussière de la route en est encore mouillée, sans pourtant avoir fait de la boue. Voilà pourquoi je dis qu’il a plu depuis peu et que cela n’a été qu’une averse : une première pluie d’automne, l’annonce des pluies de novembre qui changeront les routes de Palestine en un ruban visqueux de boue. Mais celle-ci, légère, favorable aux voyageurs, n’a fait qu’humecter la poussière — l’autre fléau de la Palestine réservé aux mois d’été, comme la boue l’est à ceux d’hiver — et laver l’atmosphère, les feuilles et les herbes qui, bien propres, brillent toutes au premier rayon du soleil. Une brise douce et pure traverse les oliviers qui couvrent les collines de Nazareth. On dirait que des anges en grand nombre volent au milieu des arbres paisibles, tant le bruissement du feuillage rappelle celui des grandes ailes qui s’agitent. L’argent lumineux des oliviers brille. Ils penchent tous du même côté, comme si à l’arrière du vol angélique il restait un sillage de lumière paradisiaque.

La ville est déjà dépassée de quelques stades quand Jésus, qui a pris des raccourcis à travers les collines, arrive sur la grand-route qui, de Nazareth, mène à la plaine d’Esdrelon, la route des caravanes que, de minute en minute, le passage des pèlerins anime. Il parcourt quelques autres stades. A un endroit, elle bifurque près d’une pierre milliaire, qui porte sur deux côtés l’inscription : “ Jafia Simonia - Bethléem Carmel ” à l’ouest, et : “ Xalot - Naïm Scytopolis - Engannim ” à l’est. Là, Jésus voit, arrêtés au bord de la route, ses cousins Joseph et Simon en compagnie de Jean, fils de Zébédée. Ils s’empressent de le saluer.

« Paix à vous ! Vous êtes déjà arrivés ? Je pensais m’arrêter ici pour vous attendre et être le premier… et je vous trouve là ! »

Manifestement heureux de les revoir, il les embrasse.

« Tu ne pouvais pas être le premier. Par peur que tu ne passes avant que nous arrivions, nous sommes partis à la lumière des étoiles — d’ailleurs aussitôt cachées par des nuages.

– Je vous avais dit que vous alliez me voir. Alors, toi, Jean, tu n’as pas dormi !

– Peu, Maître, mais toujours plus que toi, certainement. Mais ça ne fait rien. »

Et le visage serein de Jean sourit, vrai miroir de son heureux caractère, toujours content de tout.

478.2

« Eh bien, mon frère, tu voulais me parler ? dit Jésus à Joseph.

– Oui… Viens un peu dans ce vignoble. Nous y serons plus tranquilles. »

Et Joseph, fils d’Alphée, pénètre le premier entre deux rangs d’une vigne déjà vendangée. Au milieu des feuilles qui blondissent et vont bientôt tomber, seuls quelques grappillons restent encore accrochés aux sarments, réservés à la faim du pauvre et du pèlerin, selon les prescriptions mosaïques.

Jésus le suit avec Simon. Jean reste sur la route, mais Jésus l’appelle :

« Tu peux venir, Jean. Tu es mon témoin.

– Mais… dit l’apôtre, interdit, en regardant les deux fils d’Alphée.

– Oui, oui, viens aussi. Et même, nous voulons que tu entendes nos paroles » dit Joseph.

Alors Jean descend à son tour dans le vignoble où, tous ensemble, ils s’enfoncent en suivant les courbes des rangées, au point que l’on ne peut plus les voir de la route.

478.3

« Jésus, je me suis réjoui de voir que tu m’aimes, dit Joseph.

– Pouvais-tu donc en douter ? Ne t’ai-je pas toujours aimé ?

– Moi aussi, je t’ai toujours aimé. Mais… malgré notre amour, depuis quelque temps, nous ne nous comprenions plus. Moi… je ne pouvais approuver ce que tu faisais, car cela me paraissait entraîner ta ruine, celle de ta Mère et la nôtre. Tu sais… Nous tous, vieux Galiléens, nous nous rappelons comment fut frappé Judas le Galiléen et comment furent dispersés ses parents et ses disciples, dont on confisqua tous les biens. Ceux qu’on ne massacra pas, furent envoyés aux galères et virent leurs biens saisis. Moi, je ne voulais pas de cela pour nous. C’est que… Oui, je pensais qu’il ne devait pas être vrai que, justement chez nous qui, certes, sommes de la descendance de David, oui, mais ainsi… Nous ne manquons pas de pain, pour cela non, et que le Très-Haut en soit loué. Mais où se trouve la grandeur royale que toutes les prophéties attribuent à celui qui sera le Messie ? Quant à toi, es-tu la verge[1] qui frappe pour dominer ? Tu n’as pas été la lumière à ta naissance. Tu n’es même pas né dans ta maison ! Oh ! je les connais bien, les prophéties ! Nous sommes du bois sec désormais, mais rien n’annonçait que le Seigneur allait le revêtir de feuillage. Et toi, qu’es-tu, sinon un juste ?

C’étaient les idées à cause desquelles je te combattais en gémissant sur notre ruine. Et pendant que je gémissais ainsi, des tentateurs sont venus enflammer encore plus mes idées de grandeur, de royauté… Jésus, ton frère a été un imbécile. Je les ai crus, et je t’ai déplu. C’est dur de l’avouer, mais je dois le reconnaître. Et toi, pense qu’Israël tout entier était en moi, aussi bête que moi, sûr comme moi que l’apparence du Messie n’est pas celle que tu nous donnes… Il est difficile de dire : “ Je me suis trompé ! Nous nous sommes trompés et nous nous trompons ! Depuis des siècles. ” Mais ta Mère m’a expliqué les paroles des prophètes.

Ah oui ! Jacques a raison, et Jude également. Quand on entend ces paroles de la bouche de Marie, comme eux l’ont pu dans leur enfance, on comprend que tu es le Messie. Voilà, mes cheveux blanchissent, car je ne suis plus un enfant ; je ne l’étais déjà plus quand ta Mère est revenue du Temple en tant qu’épouse de Joseph. Je me souviens de ces jours-là, et de la réprobation[2] stupéfaite de mon père quand il vit que son frère n’organisait pas les noces au plus vite. Son étonnement était aussi celui de Nazareth, tout comme les médisances. Car il n’est pas d’usage de laisser passer tant de mois avant les noces, en se mettant dans les conditions de pécher et de… Jésus, j’estime Marie, et j’honore la mémoire de mon parent. Mais le monde… Pour le monde, cela n’a pas été un bon moment… Toi… Ah ! maintenant, je sais. Ta Mère m’a expliqué les prophéties. Voilà pourquoi Dieu a voulu que les noces soient retardées : pour que ta naissance coïncide avec le grand Edit et que tu naisses à Bethléem de Juda[3]. Et… Marie m’a tout expliqué, tout, oui, et il y a eu une sorte de lumière pour que je comprenne ce qu’elle a tu par humilité. Et j’affirme : tu es le Messie. C’est ce que j’ai dit et ce que je dirai. Mais le dire, ce n’était pas encore changer de façon de voir… car mon esprit pense que le Messie est Roi. Les prophéties parlent… et il est difficile de pouvoir comprendre dans le Messie un caractère autre que celui de Roi…

478.4

Tu me suis ? Tu es fatigué ?

– Non, j’écoute.

– Eh bien… Ceux qui cherchaient à séduire mon cœur sont revenus et ils voulaient que je te contraigne… Et parce que j’ai refusé, le voile est tombé et ils sont apparus pour ce qu’ils sont : de faux amis, de vrais ennemis… Alors d’autres sont venus, pleurant comme des pécheurs, et je les ai entendus. Ils ont répété tes paroles dans la maison de Kouza… Maintenant, je sais que tu régneras sur les âmes, c’est-à-dire que tu seras celui en qui toute la sagesse d’Israël se concentre pour donner des lois nouvelles et universelles. En toi habitent la sagesse des patriarches et celle des juges, celle des prophètes et celle de nos aïeux David et Salomon, en toi réside la sagesse qui a guidé les rois, Néhémie et Esdras, et celle qui a conduit les Maccabées : toute la sagesse d’un peuple, de notre peuple, du Peuple de Dieu. Je comprends que tu donneras au monde, tout entier soumis à ton pouvoir, tes lois très sages. Et ce sera vraiment un peuple de saints.

478.5

Mais, mon Frère, tu ne peux faire cela tout seul. Pour bien moins que cela, Moïse s’est choisi des aides. Or il ne s’agissait alors que d’un seul peuple ! Toi… c’est le monde entier à tes pieds !… Ah ! Mais pour faire cela, tu dois te manifester… Pourquoi as-tu ce sourire sur les lèvres, tout en restant les yeux fermés ?

– Parce que j’écoute et que je me demande : “ Mon frère oublie-t-il qu’il m’a réprimandé parce que je me faisais connaître, sous prétexte que j’allais porter tort à toute la famille ? ” Voilà pourquoi je souris. Et je pense aussi que, depuis deux ans et six mois, je ne cesse de me faire manifester.

– C’est vrai. Mais… Qui te connaît ? Des pauvres, des paysans, des pêcheurs, des pécheurs et des femmes ! Les doigts de la main suffisent pour compter, parmi ceux qui te connaissent, ceux qui ne sont pas des nullités sans valeur. J’affirme que tu dois te faire connaître des grands d’Israël, des prêtres, des princes des prêtres, des Anciens, des scribes, des grands rabbis d’Israël, de tous ceux qui, en dépit de leur petit nombre, valent une multitude. Ce sont eux qui doivent te rencontrer ! Ceux qui ne t’aiment pas portent contre toi des accusations dont je comprends maintenant la fausseté, mais l’une d’elle est vraie, juste : que tu les négliges. Pourquoi ne te présentes-tu pas pour ce que tu es ? Et pourquoi ne les conquiers-tu pas par ta sagesse ? Monte au Temple et siège dans le Portique de Salomon — tu es descendant de David et prophète, cette place te revient de droit, elle ne revient à personne autant qu’à toi —, et parle.

– J’ai parlé. C’est pour cela qu’ils m’ont haï.

– Insiste, et parle en roi. Ne te rappelles-tu pas la puissance, la majesté des actes de Salomon ? Si (ce “ si ” est extraordinaire !) tu es vraiment celui qu’ont annoncé les prophètes, comme le montrent les prophéties lues avec les yeux de l’esprit, tu es plus grand qu’un homme. Lui, Salomon, n’était qu’un homme. Alors, montre-toi pour ce que tu es, et ils t’adoreront.

– M’adoreront-ils, les juifs, les princes, les chefs des familles et des tribus d’Israël ? Pas tous, mais quelques-uns qui ne m’adorent pas, le feront en esprit et en vérité. Mais pas maintenant. Je dois, auparavant, ceindre la couronne, prendre le sceptre et revêtir la pourpre.

– Ah ! Alors, tu es roi, tu vas l’être bientôt ! Tu le dis toi-même ! C’est bien ce que je pensais ! C’est ce que beaucoup pensent !

– En vérité, tu ignores comment je régnerai. Seul le Très-Haut et moi, ainsi que quelques âmes auxquelles l’Esprit du Seigneur s’est plu à le révéler, maintenant et dans les temps passés, nous savons comment régnera le Roi d’Israël, l’Oint de Dieu.

478.6

– Néanmoins, écoute-moi aussi, mon Frère » reprend Simon. « Joseph a raison. Comment veux-tu qu’ils t’aiment ou qu’ils te craignent si tu évites toujours de leur en imposer ? Tu ne veux pas appeler Israël aux armes ? Tu ne veux pas lancer son ancien cri de guerre et de victoire ? Alors, au moins, deviens roi grâce aux acclamations et aux hosannas du peuple ; sache les arracher par ta puissance de Rabbi et de Prophète : ce ne serait pas la première fois que se produisent ainsi les appels au trône en Israël. Sois roi !

– Je le suis déjà, depuis toujours.

– Oui, rétorque Simon, c’est ce qu’un chef du Temple nous a dit. Tu es né roi des juifs. Mais tu n’aimes pas la Judée. Tu es un roi déserteur, puisque tu ne vas pas à elle. Tu n’es pas un roi saint si tu n’aimes pas le Temple où la volonté d’un peuple te consacrera. Sans la volonté d’un peuple — puisque tu ne veux pas t’imposer à lui par la violence —, tu ne peux régner.

– Tu veux dire : sans la volonté de Dieu, Simon. Qu’est-ce que la volonté du peuple ? Qu’est le peuple ? Par qui est-il peuple ? Qui le soutient ? C’est Dieu. Ne l’oublie pas, Simon. Et moi, je serai ce que Dieu veut. C’est par sa volonté que je serai ce que je dois être, et rien ne pourra l’empêcher. Moi, je n’aurai pas à lancer le cri de rassemblement. Israël sera tout entier présent à ma proclamation. Moi, je n’aurai pas besoin de monter au Temple pour être acclamé. J’y serai porté. Un peuple tout entier m’y portera pour que je monte sur mon trône. Vous m’accusez de ne pas aimer la Judée… C’est au cœur de cette Judée, à Jérusalem, que je deviendrai le “ Roi des Juifs ”. Saül n’a pas été proclamé roi à Jérusalem, pas plus que David ou Salomon. Mais moi, je serai consacré Roi à Jérusalem. Mais je n’irai pas maintenant publiquement au Temple, et je n’y siégerai pas, car ce n’est pas mon heure. »

478.7

Joseph reprend la parole.

« Tu laisses passer ton heure. C’est moi qui te le dis. Le peuple est las des oppresseurs étrangers et de nos chefs. Je t’assure que l’heure est venue. Toute la Palestine, à l’exception de la Judée — et encore pas toute —, te suit en qualité de Rabbi et plus encore. Tu es comme un étendard levé sur une hauteur, et tous ont les yeux tournés vers toi. Tu es comme un aigle, et tous suivent ton vol. Tu es comme un vengeur, et tous attendent que tu décoches la flèche. Va, quitte la Galilée, la Décapole, la Pérée, les autres régions, et va au cœur d’Israël, dans la citadelle où tout le mal est renfermé et d’où doit venir tout le bien, et conquiers-la. Là aussi, tu as des disciples, mais ils sont tièdes, parce qu’ils te connaissent mal. Ils sont également peu nombreux, parce que tu n’y séjournes pas, et incertains parce que tu n’y as pas accompli les miracles que tu as faits ailleurs. Va en Judée pour qu’eux aussi reconnaissent à tes œuvres qui tu es. Tu reproches aux Judéens de ne pas t’aimer. Mais comment serait-ce possible, si tu leur restes caché ? Personne, qui cherche à être acclamé en public et le désire, n’accomplit ses œuvres en cachette, mais il les fait de façon que le public les voie. Si donc tu peux faire des prodiges sur les cœurs, sur les corps et sur les éléments, rends-toi là-bas, et fais-toi connaître au monde.

– Je vous l’ai dit : ce n’est pas mon heure. Mon temps n’est pas encore venu. Il vous semble toujours que c’est le bon moment, mais ce n’est pas le cas. Je dois prendre le temps qui est le mien : pas avant, pas après. Avant, ce serait inutile. Je me ferais effacer du monde et des cœurs avant d’avoir achevé mon œuvre ; le travail déjà fait ne serait pas fécond, parce qu’il ne serait pas terminé ni aidé par Dieu, qui veut que je l’accomplisse sans négliger une seule parole ou une seule action. Je dois obéir à mon Père, et je ne ferai jamais ce que vous espérez, car cela nuirait au dessein de mon Père.

Je vous comprends et vous excuse. Je n’éprouve aucune rancœur contre vous. Je ne ressens pas de lassitude ou d’ennui devant votre aveuglement… Vous ne savez pas. Mais moi, je sais. Vous ne savez pas, vous ne voyez que la surface du visage du monde. Moi, j’en vois la profondeur. Le monde vous fait encore bonne figure. Il ne vous hait pas : non qu’il vous aime, mais parce que vous ne méritez pas sa haine. Vous êtes trop peu de chose. Mais il me déteste, moi, parce que je suis un danger pour lui : un danger pour la fausseté, pour la cupidité, pour la violence qu’est le monde.

478.8

Je suis la Lumière, et la lumière illumine. Le monde n’aime pas la lumière, car elle met en plein jour les actions du monde. Le monde ne m’aime pas — il ne peut pas m’aimer —, car il sait que je suis venu pour le vaincre dans le cœur des hommes et dans le roi des Ténèbres qui le domine et le dévoie. Le monde ne veut pas se convaincre que je suis son Médecin et son Remède et, comme un fou, il voudrait m’abattre pour n’être pas guéri. Le monde encore ne veut pas se persuader que je suis le Maître, parce que ma Parole est contraire à ce qu’il dit. Il cherche donc à étouffer la Voix qui parle au monde afin de le conduire à Dieu, en lui montrant la vraie nature de ses actes, qui sont mauvais.

Entre le monde et moi, il y a un abîme, et ce n’est pas par ma faute. Je suis venu donner au monde la lumière, le chemin, la vérité, la vie. Mais le monde ne veut pas m’accueillir, et pour lui ma lumière devient ténèbres, parce qu’elle sera la cause de la condamnation de ceux qui n’ont pas voulu de moi. Dans le Christ se trouve toute la lumière pour les hommes qui veulent l’accueillir, mais en lui se trouvent aussi toutes les ténèbres pour ceux qui me haïssent et me repoussent. C’est pour cela qu’au commencement de mes jours mortels, j’ai été prophétiquement indiqué comme “ un signe de contradiction ” : selon la manière dont je serai accueilli, ce sera le salut ou la condamnation, la vie ou la mort, la lumière ou les ténèbres. Mais ceux qui m’accueillent, en vérité, en vérité je vous dis qu’ils deviendront des fils de la Lumière, c’est-à-dire de Dieu, car ils sont nés à Dieu pour avoir accueilli Dieu.

478.9

Par conséquent, si je suis venu pour faire des hommes des fils de Dieu, comment puis-je faire de moi un roi comme, par amour ou par haine, par simplicité ou par malice, vous êtes nombreux en Israël à le vouloir ? Vous ne comprenez pas que je me détruirais moi-même : le vrai moi-même, c’est-à-dire le Messie, non pas Jésus, le fils de Marie et Joseph de Nazareth. Je détruirais le Roi des rois, le Rédempteur, celui qui est né d’une Vierge, appelé[4] Emmanuel, appelé l’Admirable, le Conseiller, le Fort, le Père du siècle futur, le Prince de la paix, Dieu, Celui dont l’empire et la paix n’auront pas de limites, en s’asseyant sur le trône de David à cause de la descendance humaine, mais en ayant pour escabeau de ses pieds le monde et tous ses ennemis, et le Père à ses côtés, comme il est dit[5] au livre des Psaumes, par droit surnaturel d’origine divine ?

Vous ne comprenez pas que Dieu ne peut être Homme, autrement que par perfection de bonté, pour sauver l’homme, mais ne peut pas, ne doit pas s’abaisser à de pauvres vanités humaines ? Vous ne comprenez pas que, si j’acceptais la couronne, la royauté comme vous la comprenez, j’avouerais que je suis un faux Christ, je mentirais à Dieu, je me renierais moi-même, et je renierais le Père. Je serais pire que Lucifer, car je priverais Dieu de la joie de vous avoir, je serais pire que Caïn pour vous, car je vous condamnerais à un perpétuel exil loin de Dieu dans les limbes, sans espérance de paradis ?

Tout cela, vous ne le comprenez pas ? Ne comprenez-vous pas le piège où les hommes veulent me faire tomber ? Le piège de Satan pour frapper l’Eternel dans son Bien-Aimé et dans ses créatures : les hommes ? Ne comprenez-vous pas que c’est le signe que je suis plus qu’un homme, que je suis l’Homme-Dieu ? Le fait que je n’aspire qu’à des biens spirituels pour vous donner le Royaume spirituel de Dieu ?… Vous ne comprenez pas que le signe que je…

– Les paroles de Gamaliel ! s’écrie Simon.

– … que je ne suis pas un roi, mais le Roi, c’est cette haine de tout l’enfer et du monde entier envers moi ? Il me faut enseigner, souffrir, vous sauver. C’est cela que je dois faire. Et cela, Satan ne le veut pas et les satans non plus.

478.10

L’un de vous a dit : “ Les paroles de Gamaliel. ” Voici : il n’est pas mon disciple, et il ne le sera jamais tant que je serai de ce monde ; mais c’est un juste. Eh bien : parmi ceux qui me proposent et qui vous proposent le pauvre royaume humain, y aurait-il par hasard Gamaliel ?

– Oh non ! » s’exclame Simon. « Etienne a dit que le rabbi, ayant appris ce qui s’est passé chez Kouza, s’est écrié : “ Mon esprit tressaille en se demandant si Jésus peut être vraiment ce qu’il dit. Mais toute question serait morte avant de se former dans mon esprit, et pour toujours, s’il avait consenti à cela. L’Enfant que j’ai entendu, a dit que l’esclavage, comme la royauté, ne seront pas matériels, comme nous le pensons en comprenant mal les prophètes, mais spirituels, grâce au Christ, Rédempteur de la faute et fondateur du Royaume de Dieu dans les âmes. Je me souviens de ces mots, et c’est sur eux que je juge le Rabbi. Si, en le jugeant, je le trouvais au-dessous de cette hauteur, je le repousserais comme un pécheur et un menteur. Et j’ai tremblé de voir se dissoudre dans le néant l’espérance que cet Enfant m’a donnée. ”

– Oui, mais en attendant, il ne l’appelle pas Messie, rétorque Joseph.

– Il dit attendre un signe, répond Simon.

– Alors donne-le-lui ! Et qu’il soit fort !

– Je lui donnerai ce que je lui ai promis, mais pas maintenant.

478.11

Allez donc à cette fête. Moi, je n’y vais pas publiquement, comme rabbi, comme prophète, pour m’imposer, car mon temps n’est pas encore venu.

– Tu viendras au moins en Judée ? Tu donneras aux Judéens des preuves qui les convainquent ? Pour qu’ils ne puissent pas dire…

– Oui. Mais crois-tu qu’elles serviront à me procurer la paix ? Mon frère, plus j’agirai et plus je serai détesté. Mais je vais te satisfaire. Je leur donnerai les preuves les plus grandes qui puissent exister… et je leur dirai des paroles capables de changer des loups en agneaux, des pierres dures en cire molle. Mais cela ne servira à rien… »

Jésus est triste.

« T’ai-je fait souffrir ? Je disais cela pour ton bien.

– Non, tu ne me peines pas… Mais je voudrais que tu me comprennes, que toi, mon frère, tu me voies pour ce que je suis… Je voudrais partir avec la joie de te savoir mon ami : l’ami comprend, et il veille sur les intérêts de l’autre…

– Et moi, je te dis que je le ferai. Je sais qu’ils te haïssent. Désormais, je le sais. C’est pour cela que je suis venu. Mais tu le sais : je veillerai sur toi. Je suis l’aîné, je réfuterai les calomnies et je penserai à ta Mère, promet Joseph.

– Merci, Joseph. Mon fardeau est grand, et tu l’allèges. Les flots d’une mer de souffrance s’avancent pour me submerger et avec eux la haine… Mais si j’ai votre amour, ce n’est rien. C’est que le Fils de l’homme a un cœur… et ce cœur a besoin d’amour…

– Et je t’en donne, moi. Oui. Sous l’œil de Dieu qui me voit, je te dis que je t’en donne. Va en paix, Jésus, à ta mission. Je t’aiderai. Nous nous aimions bien. Et ensuite… Mais aujourd’hui, redevenons ce que nous étions autrefois l’un pour l’autre. Toi : le Saint ; moi : l’homme, mais unis pour la gloire de Dieu. Adieu, mon Frère.

– Adieu, Joseph. »

Ils s’embrassent, puis c’est le tour de Simon, qui demande :

« Bénis-nous, pour que nos cœurs s’ouvrent à toute la lumière. »

Jésus les bénit et, avant de les quitter, il ajoute :

« Je vous confie ma Mère…

– Va en paix. Elle aura en nous deux fils. »

Ils se séparent.

478.12

Jésus revient sur la route et, avec Jean à côté de lui, il se met à marcher vite, très vite. Après un bon moment, Jean rompt le silence pour demander :

« Joseph est-il convaincu ou non, désormais ?

– Pas encore.

– Dans ce cas qui es-tu pour lui ? Messie ? Homme ? Roi ? Dieu ? Je n’ai pas bien compris. Il me semble qu’il…

– Joseph est comme dans un de ces rêves du matin où l’esprit se rend déjà à la réalité en se dégageant d’un lourd sommeil qui lui donnait des rêves irréels, parfois des cauchemars. Les fantômes de la nuit s’éloignent, mais l’esprit flotte encore dans le rêve, si doux qu’on ne voudrait pas le voir finir… Pour lui, c’est cela. Il approche du réveil, mais pour l’instant il caresse encore son rêve. Il le retient pour ainsi dire car, pour lui, il est beau… Mais il faut savoir prendre ce que l’homme peut donner, et louer le Très-Haut pour la transformation survenue jusqu’à présent. Bienheureux les enfants ! Il leur est si facile de croire ! »

Et Jésus passe un bras autour de la taille de Jean, qui sait être enfant et croire, pour lui faire sentir son amour.

478.1

Apenas despunta el Sol sobre la naturaleza rociada de breve y reciente lluvia. Sin duda es así, porque el polvo del camino está todavía mojado pero no se ha transformado en barro; por eso digo que ha llovido poco antes y que la lluvia ha sido breve. Una primera agua de otoño, un anuncio de las lluvias de noviembre, que transformarán los caminos palestinos en legamosas cintas de lodo. Pero ésta, ligera, propicia para los viandantes, sólo ha mojado el polvo —el otro flagelo de Palestina, reservado a los meses estivales, como el lodo a los invernales— y ha lavado el ambiente, las hojas y las hierbas, que brillan todas, tersas, con el primer rayo del Sol. Un vientecillo suave, puro, corre por los olivares que cubren los collados nazarenos, y el frufrú de las frondas tiene tanto rumor de grandes plumas agitadas al compás del vuelo, que parece que corriera por entre los árboles quietos un vuelo de ángeles; y brillan con su plata sembrada de brillantes, plegándose todas a un lado, como si al angélico vuelo le siguiera una estela de paradisíaca luz.

Ya la ciudad ha quedado unos cuantos estadios atrás, cuando Jesús, que ha caminado por atajos entre las colinas, entra en el camino de primer orden que de Nazaret va hacia la llanura de Esdrelón, el camino de caravanas que de minuto en minuto se va animando de peregrinos. Recorre otros pocos estadios por este camino, cuando —llegado a una bifurcación, donde el camino se divide en dos junto a un mojón que en sus dos lados opuestos tiene escrito: “Jafia Simonia - Belén Carmelo” al Oeste, y “Xalot - Naím Scitópolis - Engannim” al Este—, ve a sus primos José y Simón, parados en el borde del camino, los cuales, junto con Juan de Zebedeo, le saludan inmediatamente.

«¡Paz a vosotros! ¿Ya estáis aquí? Pensaba que sería el primero y que debería pararme aquí a esperaros… y ya os encuentro», y los besa, visiblemente contento de verlos.

«No podías llegar antes. Por temor a que pasaras antes de que llegásemos nosotros, nos hemos puesto en camino a la luz de las estrellas, en seguida veladas por las nubes».

«Os había dicho que me veríais. Entonces tú, Juan, no has dormido».

«Poco, Maestro. Pero, en todo caso, más que Tú, sin duda» y el sereno rostro de Juan sonríe, verdadero espejo de su bondadoso carácter siempre contento de todo.

478.2

«Entonces, hermano mío, ¿querías hablar conmigo?» dice Jesús a José.

«Sí… Ven, vamos un poco dentro de esa viña. Estaremos más tranquilos» y José es el primero que se mete entre dos hileras de vides ya despojadas de su fruto. Sólo algún que otro pequeño racimo, para el hambre del pobre y del peregrino, según las prescripciones mosaicas, queda en los sarmientos, entre las hojas que, próximas a caer, ya amarillecen.

Jesús le sigue con Simón. Juan se queda en el camino. Pero Jesús le llama diciendo: «Puedes venir, Juan. Tú eres mi testigo».

«Pero…» dice el apóstol, mirando vacilante a los dos hijos de Alfeo.

«No, no. Ven, sí. Es más, queremos que oigas nuestras palabras» dice José, y entonces Juan baja también a la viña, donde todos se adentran tanto, siguiendo la curva de las hileras, que ya no se los ve desde el camino.

478.3

«Jesús, me siento alegre de ver que me quieres» dice José.

«¿Y podías dudarlo? ¿No te he querido siempre?».

«Yo también te he querido siempre. Pero… en nuestro amor, desde hace un tiempo ya no nos comprendíamos. Yo… no podía aprobar lo que hacías, porque me parecía tu destrucción, la de tu Madre y la nuestra. Ya sabes… Todos los galileos de una cierta edad recordamos cómo fue castigado Judas el galileo y cómo fueron desbaratados sus parientes y seguidores, y confiscados sus bienes. A los que no mataron los mandaron a las galeras y les confiscaron los bienes. No quería esto para nosotros. Porque… Sí, no daba crédito a que precisamente de nosotros, que somos de la estirpe de David, sí, pero tan… Bueno, no nos falta el pan, y alabado sea el Altísimo por ello. Pero, ¿dónde está la grandeza regia que todas las profecías atribuyen al que será el Mesías? ¿Eres Tú la verga que golpea para dominar? No fuiste luz al nacer. ¡Ni siquiera naciste en tu casa!… ¡Yo conozco bien las profecías! Nosotros ya somos rama seca. Y nada hacía entender que el Señor la hubiera revestido de follaje. ¿Y Tú qué eres sino un justo? Por estos pensamientos te hacía frente, gimiendo por nuestra destrucción. Y en medio de esta compunción mía vinieron los tentadores, para avivar aún más el fuego de mis ideas de grandeza, de realeza… Jesús, tu hermano fue un necio. Creí en ellos y te causé pesar. Es duro confesarlo, pero lo debo decir. Y piensa que todo Israel estaba en mí: necio como yo; como yo, seguro de que la forma del Mesías no era la que Tú nos ofreces… Es duro decir: “Me he equivocado. Nos hemos equivocado y seguimos equivocándonos. Desde hace siglos”. Pero tu Madre me ha explicado las palabras de los profetas. ¡Oh, sí! Tiene razón Santiago. Y tiene razón Judas. De labios de María —como ellos oyeron, de niños, esas palabras—, se ve que eres el Mesías. En fin, ya no soy un niño, y mis cabellos encanecen; ni lo era cuando María volvió del Templo esposa de José. Y recuerdo esos días. Y la desaprobación de mi padre, una desaprobación cargada de asombro, cuando vio que su hermano no cumplía las nupcias en breve plazo. Asombro suyo, asombro de Nazaret. Y también murmuración. Porque no es usual dejar pasar tantos meses antes de las nupcias, poniéndose en condiciones de pecar y de… Jesús, yo siento estima por María y honro la memoria de mi pariente. Pero el mundo… Para el mundo no fue un buen momento… Tú… ¡Oh, ahora sé! Tu Madre me ha explicado las profecías. Y Dios quiso que se retrasaran las nupcias para que tu nacimiento coincidiera con el gran Edicto y nacieras en Belén de Judá. Y… todo, sí, María me lo ha explicado todo, y ha sido como una luz para comprender lo que Ella por humildad ha callado. Y digo: eres el Mesías. Esto he dicho y esto diré. Pero decirlo no significa todavía cambiar de mente… porque mi mente piensa en el Mesías como rey. Las profecías hablan… y es difícil poder comprender otro carácter en el Mesías sino el de rey…

478.4

¿Sigues mi razonamiento? ¿Estás cansado?».

«No, te escucho».

«Bueno, pues, los que seducían mi corazón volvieron y querían que te coaccionara… Y, al no querer hacerlo, cayó de su rostro el velo y aparecieron como en realidad son: los falsos amigos, los verdaderos enemigos… Y vinieron otros, plañendo como pecadores. Escuché lo que me dijeron. Relataron tus palabras en casa de Cusa… Ahora sé que Tú reinarás sobre los espíritus, o sea, serás Aquel en quien toda la sabiduría de Israel se centrará para dar leyes nuevas y universales. En ti está la sabiduría de los patriarcas y la de los jueces, y la de los profetas, y la de nuestros antepasados David y Salomón; en ti la sabiduría que guió a los reyes, a Nehemías y a Esdras; en ti, la que sostuvo a los Macabeos. Toda la sabiduría de un pueblo, de nuestro pueblo, del Pueblo de Dios. Comprendo que darás al mundo, enteramente sujeto a tu poder, tus sapientísimas leyes. Y verdaderamente pueblo de santos será tu pueblo.

478.5

Pero, hermano mío, no puedes hacer esto solo. Moisés, para mucho menos, eligió ayudantes. ¡Y era sólo un pueblo! ¡Tú… todo el mundo! ¡Todo a tus pies!… ¡Ah, pero para hacer esto debes darte a conocer!… ¿Por qué sonríes con los labios teniendo cerrados los ojos?».

«Porque escucho y me pregunto: “¿Olvida mi hermano que, diciendo que iba a perjudicar a toda la familia, me dirigió un reproche por el hecho de darme a conocer?”. Por esto sonrío. Y también pienso que desde hace dos años y seis meses no hago más que darme a conocer».

«Es verdad. Pero… ¿Quién te conoce? Una serie de pobres, de campesinos, de pescadores, de pecadores, ¡y de mujeres! Bastan los dedos de la mano para contar, entre los que te conocen, a los de valor. Lo que yo digo es que debes darte a conocer a los grandes de Israel. A los sacerdotes, a los ancianos, a los escribas, a los grandes rabíes de Israel, a todos aquellos que aun siendo pocos valen por una multitud. ¡Ésos son los que te tienen que conocer! Ellos, los que no te aman, tienen entre sus acusaciones —las cuales, ahora lo comprendo, son falsas— una verdadera, justa: la de que los marginas. ¿Por qué no vas como lo que eres y los conquistas con tu sabiduría? Sube al Templo y asienta los reales en el Pórtico de Salomón —eres de la estirpe de David, y profeta; ese lugar te pertenece, a ninguno como a ti le pertenece, por derecho— y habla».

«He hablado y por ello me han odiado».

«Insiste. Habla como rey. ¿No recuerdas la potencia, la majestad de los actos de Salomón? Si (¡espléndido este “si”!) eres el anunciado por los profetas, como ilustran las profecías vistas con los ojos del espíritu, Tú eres más que Hombre. Él, Salomón, era sólo hombre. Muéstrate, pues, como lo que eres, y te adorarán».

«¿Me adorarán los judíos, los príncipes, y los jefes de las familias y tribus de Israel? No todos, pero alguno que no me adora me adorará en espíritu y verdad. Mas no será ahora. Antes debo ceñir la corona y tomar el cetro y vestir de púrpura».

«¡Ah, entonces eres rey, lo serás pronto! ¡Lo estás diciendo! ¡Es como pensaba yo! ¡Es como muchos piensan!».

«En verdad, no sabes cómo reinaré. Sólo Yo y el Altísimo, y pocas almas a las que el Espíritu del Señor ha querido revelárselo, ahora y en los tiempos pasados, sabemos cómo reinará el Rey de Israel, el Ungido de Dios».

478.6

«Escúchame también a mí, hermano. José tiene razón. ¿Cómo quieres que te amen o que te teman, si siempre evitas maravillarlos? ¿No quieres llamar a Israel a las armas? ¿No quieres lanzar el viejo grito de guerra y de victoria? Bien. Pero, al menos —y no es la primera vez que se producen así las aclamaciones para el trono de Israel—, al menos por aclamación popular, al menos por haber sabido arrancar esta aclamación con tu poder de Rabí y Profeta, hazte rey» dice Simón de Alfeo.

«Ya lo soy. Desde siempre».

«Sí. Nos lo ha dicho un jefe del Templo. Has nacido rey de los judíos. Pero Tú no amas a Judea. Eres un rey desertor, porque no vas a ella. Eres un rey no santo, si no amas el Templo donde la voluntad de un pueblo te ungirá rey. Sin la voluntad de un pueblo, si no quieres imponerte a él con violencia, no puedes reinar» replica Simón.

«Sin la voluntad de Dios, quieres decir, Simón. ¿Qué es la voluntad del pueblo? ¿Qué es el pueblo? ¿Por quién es pueblo? ¿Quién lo mantiene como tal? Dios. No olvides esto, Simón. Y Yo seré lo que Dios quiere que sea. Por su voluntad seré lo que debo ser. Y nada podrá impedir que lo sea. No habré de lanzar Yo el grito de convocatoria, todo Israel estará presente en mi proclamación; no habré de subir Yo al Templo para ser aclamado, me llevarán. Un pueblo entero me llevará al Templo, para que suba a mi trono. Me acusáis de que no amo a Judea… En su corazón, en Jerusalén, seré proclamado “Rey de los Judíos”. Saúl no fue proclamado rey en Jerusalén, y David tampoco, y tampoco Salomón. Pero Yo seré ungido Rey en Jerusalén. Pero ahora no iré públicamente al Templo, ni sentaré en él los reales porque no es mi hora».

478.7

José toma de nuevo la palabra. «Te digo que estás dejando pasar tu hora. El pueblo está cansado de los opresores extranjeros y de nuestros jefes. Te digo que ésta es la hora. Toda Palestina, menos Judea, y no toda, te sigue como Rabí y más. Eres como un estandarte alzado sobre una cima. Todos te miran. Eres como un águila y todos siguen tu vuelo. Eres como un vengador y todos esperan que lances la flecha. Ve. Deja Galilea, la Decápolis, Perea, las otras regiones, y ve al corazón de Israel, a la ciudadela en que todo el mal está contenido y de donde todo el bien debe venir, y conquístala. Allí también tienes discípulos, aunque tibios, porque te conocen poco; pocos, porque no te quedas allí; vacilantes, porque no has hecho allí las obras que has hecho en otros lugares. Ve a Judea, para que también aquéllos vean, a través de tus obras, lo que eres. Reprochas a los judíos el que no te aman. Pero, ¿cómo puedes pretender que te amen, si te mantienes oculto a ellos? Nadie, si busca y desea ser aclamado en público, hace a hurtadillas sus obras; no, las hace de forma que el público las vea. Si Tú, pues, puedes hacer prodigios en los corazones, en los cuerpos y en las cosas, ve allá y date a conocer al mundo».

«Os lo he dicho: no es mi hora. No ha llegado aún mi tiempo. A vosotros os parece siempre el momento adecuado, pero no es así. Yo debo asir mi momento. Ni antes ni después. Antes sería inútil. Provocaría mi desaparición del mundo y de los corazones antes de haber cumplido mi obra. Y el trabajo ya hecho no daría fruto, porque ni sería cabal ni gozaría de la ayuda de Dios, que quiere que Yo le cumpla sin dejar pasar una palabra o acción. Yo debo obedecer al Padre mío. Y nunca haré lo que esperáis, porque ello perjudicaría al plan del Padre mío.

Yo os comprendo y os disculpo. No os guardo resentimiento. No siento siquiera cansancio, tedio por vuestra ceguera… No sabéis. Pero Yo sí que sé. Vosotros no sabéis. Vosotros veis lo externo de la cara del mundo, Yo veo lo profundo. El mundo os muestra una cara todavía buena. No os odia, no porque os ame, sino porque no os habéis ganado su odio. Sois demasiado poco. Pero a mí me odia, porque soy un peligro para el mundo. Un peligro para la falsedad, la avaricia, la violencia que hay en el mundo.

478.8

Yo soy la Luz, y la luz ilumina. El mundo no ama la luz, porque la luz pone al descubierto las acciones del mundo. El mundo no me ama, no me puede amar, porque sabe que he venido a vencerle en el corazón de los hombres y en el rey tenebroso que le domina y desvía. El mundo no se quiere convencer de que Yo soy su Médico y su Medicina, y, como un demente, querría derribarme para no ser curado. El mundo todavía no quiere convencerse de que soy el Maestro, porque lo que Yo digo es contrario a lo que él dice. Y entonces trata de ahogar la Voz que habla al mundo para adoctrinarle en orden a Dios, para mostrarle la verdadera naturaleza de sus malas acciones.

Entre Yo y el mundo hay un abismo. Y no por mi culpa. He venido para dar al mundo la Luz, el Camino, la Verdad, la Vida. Pero el mundo no me quiere acoger, y mi luz para él se hace tinieblas, porque será la causa de la condena de aquellos que no me recibieron. En el Cristo está toda la Luz para aquellos de entre los hombres que quieren recibirle; mas en el Cristo también están todas las tinieblas para aquellos que me odian y me rechazan. Por ello, al principio de mis días mortales, fui proféticamente señalado como “signo de contradicción”. Porque según sea acogido habrá salvación o condena, muerte o vida, luz o tinieblas. Pero, en verdad en verdad os digo que los que me acogen vendrán a ser hijos de la Luz, o sea, de Dios, nacidos a Dios por haber acogido a Dios.

478.9

Por ello, si he venido para hacer de los hombres hijos de Dios, ¿cómo puedo hacer de mí un rey, como, por amor o por odio, por ingenuidad o malicia, muchos en Israel queréis hacer? ¿No comprendéis que me destruiría a mí mismo, a mi verdadero Yo mismo, o sea al Mesías, no al Jesús de María y José de Nazaret? ¿No comprendéis que destruiría al Rey de los reyes, al Redentor, al Nacido de una Virgen y llamado Emmanuel, llamado el Admirable, el Consejero, el Fuerte, el Padre del siglo futuro, el Príncipe de la Paz, Dios, Aquel cuyo imperio y paz no tendrán confines, sentado en el trono de David por la descendencia humana, pero teniendo al mundo como escabel de sus pies, como escabel de sus pies a todos sus enemigos y al Padre a su lado, como está escrito en el libro de los Salmos[1], por derecho sobrehumano de origen divino? ¿No comprendéis que Dios no puede ser Hombre sino por perfección de bondad, para salvar al hombre, pero que no puede, no debe, rebajarse a sí mismo a pobres cosas humanas? ¿No comprendéis que si aceptara la corona, este reino como vosotros lo concebís, confesaría que soy un falso Cristo, mentiría a Dios, renegaría de mí mismo y del Padre y sería peor que Lucifer, porque privaría a Dios de la alegría de teneros, sería peor que Caín para vosotros, porque os condenaría a un perpetuo exilio de Dios en un Limbo sin esperanza de Paraíso?

¿Todo esto no comprendéis? ¿No comprendéis la trampa de los hombres para hacerme caer? ¿No comprendéis la trampa de Satanás para agredir al Eterno en su Amado y en sus criaturas: los hombres? ¿No comprendéis que este signo, esta aspiración mía sólo a cosas espirituales para daros el Reino espiritual de Dios, es el signo de que Yo soy más que hombre, que soy el Hombre-Dios? ¿No comprendéis que la señal de que…».

«¡Las palabras de Gamaliel!» exclama Simón.

«…de que no soy un rey, sino el Rey, es este odio de todo el infierno y de todo el mundo hacia mí? Debo enseñar, sufrir, salvaros. Esto es lo que debo hacer. Y Satanás no quiere esto, ni tampoco los diablos.

478.10

Uno de vosotros ha dicho: “Las palabras de Gamaliel”. Eso… él no es discípulo mío, ni lo será nunca mientras Yo esté en este mundo. Pero él es un justo. Bien, ¿y, acaso, entre los que me tientan y os tientan al pobre reino humano está Gamaliel?».

«¡No! Esteban ha dicho que el rabí, cuando supo lo que sucedió en casa de Cusa, exclamó: “Mi espíritu vibra preguntándose si será verdaderamente lo que dice. Pero cualquier pregunta quedaría muerta antes de formarse en la mente, y para siempre, si Él hubiera consentido a esto. El Niño al que escuché dijo que tanto la esclavitud como la realeza no serán como, comprendiendo mal a los profetas, las creíamos, o sea, materiales, sino del espíritu, por obra del Cristo, Redentor de la culpa y fundador del Reino de Dios en los espíritus. Recuerdo estas palabras. Y por ellas le mido al Rabí. Si, midiéndole, Él fuera inferior a esa altura, le rechazaría como a pecador y embustero. Y he temido ver esfumarse la esperanza que aquel Niño puso”» dice Simón.

«Sí, pero… él no le llama Mesías» rebate José.

«Espera un signo, dice» responde Simón.

«¡Pues entonces dáselo! Y potente».

«Le daré lo que le prometí. Pero no ahora.

478.11

Vosotros id a esta fiesta. Yo no voy públicamente, como rabí, como profeta, para imponerme, porque todavía no ha llegado mi tiempo».

«¿Pero, al menos, irás a Judea? ¿Vas a darles a los judíos pruebas que los convenzan? Para que no puedan decir…».

«Sí. ¿Pero tú crees que contribuirán a mi paz? Hermano, cuanto más haga, más me odiarán. Pero te daré esta satisfacción. Les daré pruebas como no podrá haberlas mayores… y les diré palabras capaces de transformar en corderos los lobos, las piedras en blanda cera. Pero no servirán…». Jesús está triste.

«¿Te he afligido? Hablaba por tu bien».

«No me afliges tú… Pero quisiera que me comprendieras. Hermano mío, quisiera que me vieras como lo que soy… Quisiera irme con la alegría de saber que eres amigo mío. El amigo comprende y tutela los intereses del amigo…».

«Y yo te digo que lo haré. Sé que te odian. Ahora ya lo sé. Por este motivo he venido. Pero Tú sabes que velaré por ti. Soy el mayor. Repeleré las calumnias. Y me preocuparé de tu Madre» promete José.

«Gracias, José. Grande es mi peso. Tú lo aligeras. El dolor, un mar, avanza con sus olas para sumergirme, y con él el odio… Pero, si tengo vuestro amor, nada es. Porque el Hijo del hombre tiene un corazón… y este corazón tiene necesidad de amor…».

«Yo te doy amor. Sí. Por el ojo de Dios que me ve, te digo que te lo doy. Ve en paz, Jesús, a tu trabajo. Yo te ayudaré. Nos queríamos. Luego… Pero ahora volvemos a lo que éramos en el pasado. Uno para el otro. Tú: el Santo, yo: el hombre; pero unidos para la gloria de Dios. Adiós, hermano».

«Adiós, José».

Se besan. Luego es el turno de Simón, que solicita: «Bendícenos para que se abran nuestros corazones a toda la luz».

Jesús los bendice y, antes de dejarlos, dice: «Os confío mi Madre…».

«Ve en paz. Tendrá dos hijos en nosotros».

Se dejan.

478.12

Jesús vuelve al camino, y se pone a andar muy raudo con Juan al lado.

Pasado bastante rato, Juan rompe el silencio para preguntar: «¿Pero José de Alfeo está o no está convencido ya?».

«Todavía no».

«¿Y entonces qué eres para él? ¿Mesías? ¿Hombre? ¿Rey? ¿Dios? No he comprendido bien. Me parece que él…».

«José está como en uno de esos sueños de la mañana en que la mente ya se acerca a la realidad aligerándose del sueño pesado, que producía irreales sueños, a veces pesadillas. Los fantasmas de la noche retroceden, pero todavía la mente fluctúa en un sueño que, por ser hermoso, no se querría que tuviera fin… Lo mismo él. Se acerca al despertar. Pero, por ahora, sigue acariciando el sueño; casi lo detiene, porque para él es hermoso… Mas hay que saber tomar lo que el hombre puede dar. Y alabar al Altísimo por la transformación que se ha producido hasta ahora. ¡Bienaventurados los niños! ¡Es tan fácil para ellos creer!», y Jesús pasa un brazo por la cintura de Juan —que sabe ser niño y creer— para hacerle sentir su amor.


Notes

  1. la verge, comme en Mi 7, 14.
  2. réprobation, comme on l’a vu en 14.6.
  3. que tu naisses à Bethléem de Juda, selon la prophétie de Mi 5, 1.
  4. appelé, comme en Is 7, 14 ; 9, 5-6.
  5. il est dit, en Ps 110, 1.

Notas

  1. está escrito en el libro de los Salmos, o sea, en Salmo 110, 1 (aunque, según la vulgata, es 109, 1), come anota MV en una copia mecanografiada donde también pone, para las precedentes definiciones del Mesías, la reseña Isaías 7, 14; 9, 5-6 (según la vulgata: 9, 6-7).