Nous voici devant la synagogue. J’entre et tu me rejoindras avec tes amis. »
Jean s’en va et Jésus entre dans une pièce carrée où se trouvent les accessoires habituels de lampes disposées en triangle et des pupitres avec des rouleaux de parchemin. Il y a déjà une foule qui attend et prie. Jésus prie lui aussi. Derrière lui, la foule chuchote et fait des commentaires ; il s’incline pour saluer le chef de la synagogue et puis se fait donner un rouleau, au hasard.
Jésus commence la lecture. Il dit :
« L’Esprit me fait lire ce qui suit pour vous. Au chapitre sept du livre de Jérémie, on lit : “ Ainsi parle Yahvé Sabaoth, le Dieu d’Israël : ‘ Améliorez vos voies et vos œuvres, et je vous ferai demeurer en ce lieu. Ne vous fiez pas aux paroles mensongères : C’est le sanctuaire de Yahvé, le sanctuaire de Yahvé, le sanctuaire de Yahvé ! Mais si vous améliorez réellement vos voies et vos œuvres, si vous avez un vrai souci du droit, chacun envers son prochain, si vous n’opprimez pas l’étranger, l’orphelin et la veuve, si vous ne répandez pas le sang innocent en ce lieu et si vous n’allez pas, pour votre malheur, à la suite d’autres dieux, alors je vous ferai demeurer en ce lieu, dans le pays que j’ai donné à vos pères depuis toujours et pour toujours ’. ”
Ecoutez, israélites ! Voici que je viens vous rendre claires les paroles de lumière que votre âme aveuglée ne sait plus voir ni comprendre. Ecoutez. Beaucoup de larmes se répandent sur la terre du Peuple de Dieu ; les anciens qui gardent le souvenir de leurs antiques gloires pleurent ; les adultes, courbés sous le joug, pleurent ; les enfants sans espoir d’une future gloire pleurent. Mais la gloire de la terre n’est rien en comparaison d’une gloire qu’aucun oppresseur, sinon Mammon et la mauvaise volonté, ne peut arracher.
Pourquoi pleurez-vous ? Le Très-Haut, qui fut toujours bon pour son peuple, a-t-il détourné aujourd’hui son regard et refuse-t-il à ses enfants de voir son visage ? N’est-il donc plus le Dieu qui a ouvert la mer pour y faire passer Israël, qui l’a conduit à travers les sables du désert et l’a nourri, qui l’a défendu contre ses ennemis ; n’est-ce pas lui qui, pour l’empêcher de perdre le chemin du ciel, donna à leurs âmes la Loi, comme il donnait à leurs corps la colonne de nuée ? N’est-il plus le Dieu qui a adouci les eaux amères et fait tomber la manne alors qu’ils étaient épuisés ? N’est-il pas le Dieu qui a voulu vous établir sur cette terre et faire alliance avec vous comme un Père avec ses enfants ? Alors pourquoi l’étranger vous a-t-il frappés ?
Beaucoup, parmi vous murmurent : “ Et pourtant nous avons ici le Temple ! ” Il ne suffit pas d’avoir le Temple et d’aller y prier Dieu. Le premier temple se trouve dans le cœur de tout homme et c’est là que se fait la prière sainte. Mais elle ne peut être sainte si le cœur ne s’amende pas, et avec lui les mœurs, les affections, les principes de justice à l’égard des pauvres, des serviteurs, des parents, et à l’égard de Dieu.
Regardez maintenant. Je vois des riches au cœur dur qui font de riches offrandes au Temple, mais ne savent pas dire au pauvre : “ Frère, voici un pain et un denier, accepte-les. De cœur à cœur. Que mon aide ne t’humilie pas et que je ne tire pas orgueil du don que je t’en fais. ” Je vois des gens qui prient et qui se plaignent à Dieu de ce qu’il ne les écoute pas promptement, mais qui, ensuite, ont le cœur dur comme la pierre pour répondre : “ Non ” au malheureux, parfois du même sang qu’eux, qui leur dit : “ Ecoute-moi ! ” Je vous vois pleurer parce que le dominateur vide votre bourse. Mais vous-mêmes saignez ceux que vous haïssez et n’avez pas horreur de faire des vœux sanguinaires contre leur vie.
Hommes d’Israël ! Le temps de la Rédemption est arrivé, mais préparez-en les voies en vous, par la bonne volonté. Soyez honnêtes, bons, aimez-vous les uns les autres. Riches, soyez sans mépris ; marchands, ne fraudez pas ; pauvres, n’enviez pas. Vous avez tous le même sang et le même Dieu. Vous êtes tous appelés à une même destinée. Ne vous fermez pas par vos péchés le Ciel que le Messie vous ouvrira. Vous avez erré jusqu’ici ? C’est fini, désormais. Que toute erreur disparaisse.
Simple, bonne, facile est la Loi qui se ramène aux dix commandements primitifs, mais imprégnés d’une lumière d’amour. Venez. Je vous les montrerai tels qu’ils sont : amour, amour, amour. Amour de Dieu pour vous, de vous pour Dieu. Amour pour le prochain. Toujours amour parce que Dieu est Amour et que les enfants du Père sont ceux qui savent vivre l’amour. Je suis ici pour tous, et pour donner à tous la lumière de Dieu. Voici la Parole du Père, qui se fait nourriture en vous. Venez, goûtez, renouvelez le sang de votre âme grâce à cette nourriture. Que tout poison disparaisse, que tout désir charnel meure. Une gloire nouvelle vous est apportée : la gloire éternelle, et à elle viendront ceux qui feront dans leur cœur une véritable étude de la Loi de Dieu. Commencez par l’amour. Il n’y a rien de plus grand. Mais quand vous saurez aimer, vous saurez déjà tout, Dieu vous aimera et l’amour de Dieu signifie le secours de Dieu contre toute tentation.
Que la bénédiction de Dieu repose sur ceux qui se tournent vers lui avec un cœur plein de bonne volonté. »
Jésus se tait. Les gens murmurent. L’assemblée se sépare après le chant psalmodié de plusieurs hymnes.