Los Escritos de Maria Valtorta

496. Halte dans la petite maison de Salomon

496. Un alto en la casita de Salomón.

496.1

Pour éviter d’être vus, ils entrent dans le village où se trouve la petite maison de Salomon en remontant la berge du fleuve. Précaution inutile, à mon avis, parce que le soir précoce de novembre ou de fin d’octobre tombe, et les habitants sont déjà rentrés chez eux. Le chemin est vide, absolument vide, et s’il n’y avait quelques bêlements, on aurait cru l’endroit désert.

Ils secouent le portillon. Il est fermé, bien fermé sur le petit jardin que, malgré la pénombre, on voit en bon ordre.

« Appelez ! Il est dans la cuisine. Un filet de lumière passe à travers les volets » dit Jésus.

Thomas, de sa voix puissante, se charge de héler le vieillard, qui ouvre aussitôt la porte en regardant du côté de la route. Il y voit mal, à cause du peu de jour à l’extérieur, et parce qu’il sort de la cuisine où le feu éclaire et où une lampe est allumée.

Mais quand Jésus lance : “ C’est nous ”, le vieil homme reconnaît immédiatement sa voix et s’écrie : “ Le Maître ! ” Aussitôt, il descend les quelques marches et court ouvrir.

« Mon Seigneur ! Entre, entre dans ta maison et que soit béni le jour qui s’achève par ta venue ! » dit-il en s’affairant autour de la fermeture du portail.

Et il explique :

« Je suis seul et je ferme soigneusement… Les voleurs sont capables de tout. Il y en a qui font des dégâts ici ou là, en descendant des monts de Galaad dans la vallée. Ce n’est pas que je craigne pour ma vie, mais j’avais fait des préparatifs pour toi et… Voilà, Maître, viens. La soirée est humide et tes cheveux sont trempés de rosée[1]

– Et tu es plus empressé que l’épouse du Cantique, père. Cela ne t’ennuie pas de te déranger pour accueillir le Pèlerin, dit Jésus en souriant.

– Me déranger ? Comme le temps était long ! Je t’ai attendu jour après jour. J’avais semé vos graines et je voyais les légumes pousser. Je me disais : “ S’il venait, cela lui plairait sûrement. ” Mais ils sont arrivés à maturité et tu n’es pas venu… Et je voyais les fruits qui se coloraient sur les arbres et j’en mangeais à regret, puisque tu n’en profitais pas. Cette brebis m’a donné un agneau, tout blanc. Je l’ai gardé longtemps pour le manger avec toi. J’espérais te voir avant la fête des Tentes. D’ailleurs… un agneau entier pour moi, c’était trop ! Je l’ai échangé contre une petite brebis, et ils ont été bons au point de refuser la différence. Mais des fruits et des fromages, j’en ai gardé le plus possible pour toi, ainsi que du poisson séché et des légumes. Il me reste encore quelques melons. Et un peu de vin… moi, je n’en bois pas, mais je l’ai préparé pour toi, pour l’hiver. »

496.2

Tout en parlant, il essuie la table, y pose la vaisselle, attise le feu, ajoute de l’eau dans le chaudron et il s’affaire, visiblement heureux. Il ne ressemble plus au pauvre vieux d’il y a quelques mois.

Il sort, revient avec du lait, s’excuse :

« Il y en a peu, car il n’y a qu’une brebis qui donne du lait. Il y en aura bientôt deux. Mais pour toi, cela suffit. »

Il est à la fois dévoué et paternel. Il a pris les manteaux humides, les sandales boueuses et les a portés ailleurs. Il est revenu avec des pommes, des grenades, du raisin et quelques figues à moitié sèches, et il explique :

« Je les ai séchées ainsi pour te les faire goûter. Je pensais… je pensais que mon petit Ananias les aimait tant, préparées de cette façon !… »

A ces mots, sa voix, auparavant paisible, baisse tristement, et il achève :

« Et… et je pensais qu’elles te feraient plaisir et, en les préparant… j’avais l’impression que c’était encore pour mon petit-fils. »

Il secoue la tête et s’efforce de sourire, mais des larmes brillent dans ses yeux.

Jésus, qui s’était assis à table, se lève et passe un bras au cou du vieil homme en l’attirant à lui :

« Je les aime beaucoup. Cela me rappelle mon enfance… et mon père. Mais il ne fallait pas te priver de tant de bonnes choses pour moi ! Elles t’auraient fait du bien. Tu dois être en bonne santé et fort pour m’accueillir toujours de cette façon. C’est si doux de trouver une telle maison, avec un père qui nous attend. N’est-ce pas, mes amis ?

– Bien sûr ! C’est même tellement beau, qu’on paresse sans aider Ananias » s’exclame Pierre, qui se lève en disant : « Eh bien, allons préparer nos lits pendant que Jésus parle avec notre ami.

– Oh ! c’est inutile, ils sont toujours prêts et tout est propre… Seulement… il n’y en a pas assez. Vous êtes plus de douze. Mais j’irai dormir sur le foin et…

– Ah non, père ! C’est moi qui vais y aller ! s’écrie Jean.

– Non, moi, déclarent André et les autres.

– Non, ce n’est pas nécessaire. Moi je dors ici, sur cette table. Elle n’est certainement pas plus dure que le fond de ma barque, et Marziam… dit Pierre.

– Il dort avec moi… interrompt Jésus.

– Ou avec moi, si tu veux… comme le faisait le petit Ananias » murmure le vieillard.

Ses yeux se font implorants.

« Oui, Maître. Toi, tu m’as encore. Lui… Je vais avec lui » déclare Marziam.

Comprenant son geste, Jésus lui fait une caresse.

496.3

« Ils sont venus te chercher à plusieurs reprises, après la Pentecôte. Puis ils ont cessé de venir, dit ensuite le vieil homme.

– Qui le recherchait ?

– Des pharisiens, tiens ! Et d’autres comme eux. Ils voulaient t’interroger. Mais moi, j’ai répliqué : “ Allez à son village. Il n’est pas ici, et je ne sais pas quand il viendra… ” C’était vrai, et ils se sont lassés. Ils cherchaient aussi quelqu’un d’autre, un certain Jean, qu’ils disaient être avec toi et qu’ils pensaient peut-être caché ici. J’ai répondu : “ Mais c’est son apôtre, il est avec lui. ” Ils ont repris : “ Serait-il borgne, son apôtre, et vieux, malade, mourant ? ” J’ai compris que ce n’était pas toi, et j’ai répondu : “ Je ne connais que l’apôtre Jean, un bon jeune homme, presque un enfant. Il est sain de cœur et en bonne forme physique. ” Ils m’ont menacé. Mais que pouvais-je dire d’autre ? C’est la vérité…

– Oui, c’est la vérité. Et sois toujours franc ; même si tu devais me porter tort, ne mens jamais, père.

– Seigneur, mes cheveux ont blanchi en désirant toujours obéir au Seigneur. Et parmi les obéissances, il y a aussi celle de ne pas dire de choses fausses. Mais… pourquoi te cherchent-ils ainsi, Seigneur ? Moi, j’étais aveugle. Je ne me rendais donc pas à Jérusalem. J’y suis retourné maintenant… Rien que pour le rite, car je voulais être ici à t’attendre… J’ai senti haine et amour autour de toi… Et j’ai jugé qu’il y a plus de haine que d’amour chez les chefs du peuple. J’étais au Temple, ce matin où ils voulaient t’offenser… et je m’en suis enfui, désolé, pour t’attendre et pleurer ici. Pourquoi l’homme est-il si méchant ?

– Parce qu’il a tué son âme. Et avec son âme, la capacité de sentir le remords d’être injuste.

– C’est vrai !… Et ils te cherchent pour te faire du mal ?

– Oui.

– Oui ? Israël veut donc nuire à son Roi ? Quelle horreur ! Israël se condamne aux châtiments annoncés par les prophètes !… Ah ! je suis content, maintenant, que mon fils soit mort… et je voudrais mourir moi aussi pour ne pas voir le péché d’Israël… »

496.4

Un grand silence s’établit. On n’entend que le crépitement du bois dans le feu.

« Mais parlons d’autre chose ! On ne parle que de mort, de haine, de trahison ! Assez ! Assez ! Je ne peux en entendre plus ! » vocifère Judas.

Il est bouleversé, nerveux, il a les yeux torves, et il gesticule dans la cuisine, remuant les jambes, les bras, tout son corps.

« Judas a raison, approuvent certains.

– Mais ne pas vouloir entendre ne sert à rien. Ce qu’il faut, c’est ne pas consentir, dit Jésus avec son geste résigné d’ouvrir les mains, les paumes tournées vers le haut, au-dessus de la table rustique.

– Que veux-tu dire ? Consentir ? Qui consent à cela ? »

Judas agite les mains, presque sur le visage de Jésus, en se penchant, comme s’il se jetait sur la table pour atteindre le Maître.

« Qui ? Tous ceux qui rêvent déjà de me voir périr dans mon sang. Sang ! Sang de ton Messie ! Sang sur toi, terre, qui ne veux pas de ton Seigneur ! Sang plus resplendissant que ces flammes ! Sang, feu dans la glace et les ténèbres d’un monde criminel ! Ils espèrent tuer la Lumière en lui enlevant son sang. Mais la lumière, c’est l’âme ; le sang est encore de la matière. La matière alourdit l’esprit. Le sang sur une plaque de mica affaiblit la lumière, n’est-ce pas ?

Ce bois n’éclairait pas jusqu’au moment où il est devenu flamme, et ses résines, en s’embrasant, se sont changées en splendeur, formant maintenant une lueur incandescente. En vérité, en vérité je vous dis que de la même façon, quand tout sera accompli et que le sang et la chair auront été consumés par le sacrifice, alors, comme ce feu qui a maintenant tout changé en lumière, mon esprit flamboiera plus que jamais sur le monde et je serai plus que jamais lumière. Une lumière telle, qu’elle éblouira pour toujours ceux qui la haïssent et ont voulu la tuer. Une lumière telle, qu’elle fera fondre les portes d’or des Cieux, fermées à l’humanité depuis tant de siècles, et le Ciel s’ouvrira aux justes. Une lumière telle, qu’elle percera les pierres qui forment la voûte de l’Abîme et l’horrible feu de l’enfer deviendra d’une atrocité extrême sous l’éclat de mes rayons. Et malheur, malheur, malheur à ceux qui auront dressé des embûches à la lumière ! Sang et lumière ! Ils seront tous deux devant eux, jusqu’à les rendre fous et désespérés : des démons ! »

Jésus, qui s’était levé en disant “ en vérité ” et avait fait peur, tant il était imposant, ainsi auréolé par les flammes du foyer, dans la basse cuisine aux murs sombres, s’assied et se tait.

496.5

Tous se regardent les uns les autres. Tous, sauf Judas que la vue du bois qui flambe semble hypnotiser, épouvanter… Sa terreur lui donne un masque atroce, d’une pâleur verdâtre et livide, sur lequel le feu de bois lance des reflets rougeâtres. Il me rappelle son visage effrayant du vendredi saint. Puis il se tourne brusquement et crie :

« Mais tais-toi donc ! Tais-toi ! Pourquoi nous tourmentes-tu ? »

Et il sort en claquant la porte…

« C’est sa manière de faire, c’est vrai, mais il t’aime beaucoup… et il souffre d’entendre certains mots » dit Thomas, qui conclut : « Ils nous font bien mal à nous aussi ! Mais nous, nous sommes moins… étranges, oui, disons : étranges… »

Tous restent silencieux. Jésus lui-même se tait…

« Les légumes sont cuits, le lait est chaud… » signale Ananias, intimidé, en parlant tout bas, comme s’il n’osait dire cette banalité après une telle algarade…

« Appelez Judas et dînons » ordonne Jésus.

Jean sort pour appeler son compagnon. Ils rentrent… Judas a le visage tourmenté, sans le moindre signe d’apaisement… Il s’assied cependant à table et se lève avec les autres quand Jésus offre et bénit, mais il le regarde par en dessous quand Jésus fait les parts en gardant pour lui la dernière.

Tout le monde voudrait dissiper la tristesse qui règne dans la pièce. Personne n’y parvient jusqu’à ce que Jésus lui-même s’adresse au vieillard pour lui demander si le hameau et les alentours ont accueilli la parole du Seigneur.

« Oui, oui, Maître. Et vraiment bien, mieux que sur l’autre rive, à mon avis. Tu sais… le souvenir de Jean-Baptiste est très vif ici, et ses disciples, qui sont maintenant les tiens, le gardent éveillé et te mettent en lumière au moyen de ses paroles. Et puis… ici… en Pérée et en Décapole, il y a peu de pharisiens, par conséquent… »

496.1

Para no ser vistos por la gente, entran en el pueblecillo donde está la casita de Salomón subiendo por el ribazo del río. Precaución que me parece inútil, porque cae el precoz atardecer de noviembre o de finales de octubre y la gente está ya en las casas. La calle se ve vacía, completamente vacía, y, si no fuera por algún balido, se diría que es un lugar desierto.

Mueven la cancela. Está cerrada: bien cerrada a la entrada del huertecillo, que en la penumbra vese todo ordenado.

«¡Llamad! Está en la cocina. Un hilo de luz se filtra por los cuarterones» dice Jesús.

Tomás, con su voz potente, se encarga de llamar al anciano, el cual abre en seguida la puerta y mira hacia la calle. Se muestra incierto a causa de la poca luz externa, él que viene de la cocina, donde resplandece el fuego y hay una lámpara encendida. Pero cuando Jesús dice: «Somos nosotros», el anciano reconoce inmediatamente la voz y grita: «¡El Maestro!». Luego baja el tosco escalón y se apresura a abrir.

«¡Mi Señor! Entra, entra en tu casa. ¡Bendito sea este día que concluye con tu venida!» dice mientras se afana en abrir los cierres de la cancilla, y explica: «Estoy solo y cierro muy bien… Los bandidos son capaces de todo. Hay algunos que hacen daño, ora aquí ora allá, bajando de los montes de Galaad. No es que tema por mi vida, pero tenía cosas preparadas para ti y… Mira, Maestro, ven. Este anochecer es húmedo. Tienes el pelo mojado por el relente…».

«Y tú eres más solícito que la esposa del Cántico, padre. No te pesa incomodarte para acoger al Peregrino» dice Jesús sonriendo.

«¿Incomodarme? ¡Qué largo era este tiempo! Un día y otro, y otro y otro. Había sembrado vuestras semillas y veía crecer bien las verduras. Decía: “Si viniera, esto seguro que le gustaría”. Pero han madurado y no has venido… Y veía que tomaban color las frutas en los árboles, y las comía con dolor porque Tú no las comías. Aquella oveja me ha dado un cordero, todo blanco. Lo reservé, por tanto, para comerlo contigo. Esperaba verte antes de los Tabernáculos. Luego… un cordero todo para mí… ¡Demasiado! Le cambié por una ovejita, y fueron buenos conmigo no queriendo ninguna diferencia. Pero de frutas y quesos he reservado lo más que he podido para ti, y pescado seco y legumbres, y todavía tengo algún melón; y un poco de vino… Yo no bebo vino, pero lo he preparado para ti, para el invierno».

496.2

Habla mientras limpia la mesa, pone encima la loza, atiza el fuego, aumenta el agua del caldero. Trajina contento. Ya no parece el mismo pobre viejo de pocos meses antes.

Sale, vuelve con leche, pide disculpas: «Es poca, porque una es la oveja que da leche. Pero dentro de poco serán dos. De todas formas, para ti es suficiente».

Se muestra paternal, devoto y paternal al mismo tiempo. Ha tomado los mantos húmedos, las sandalias embarradas, y los ha llevado a otro lugar. Ha vuelto con unas manzanas y unas granadas y uvas y todavía algunos higos medio pasos, y explica: «Los he secado así, al menos para que los probaras. Pensaba… pensaba que a mi Ananías le gustaban mucho preparados así…». La voz, antes serena, se baja, adquiriendo un tono triste, mientras dice estas palabras, y termina: «y… y pensaba que te gustarían, y, preparándolos, me parecía prepararlos todavía para el hijo de mi hijo». Menea la cabeza, se esfuerza en sonreír con un brillo de llanto en los ojos.

Jesús, que se había sentado a la mesa, se levanta y le pasa un brazo por los hombros y estrecha contra sí al viejecito: «Me gustan mucho. Es una cosa que me recuerda mi infancia… Y a mi padre. Pero no debías privarte de tantas cosas por mí. A los ancianos les vienen bien. Tienes que estar sano y fuerte, para acogerme así siempre. ¡Es tan dulce encontrar una casa así, con un padre que nos espera! ¿No es verdad, vosotros, amigos míos?».

«¡Cierto, es verdad! Tan bonito, que uno se empereza sin ayudar a Ananías» dice Pedro, y se levanta diciendo: «Venga, vamos a preparar nuestras camas mientras Jesús habla con el hombre».

«¡No hace falta! Siempre están preparadas. Y todo está limpio allí… La única cosa es que… No son suficientes. Sois más de doce. Pero duermo en el heno y…».

«Eso no, padre. Voy yo al heno, entonces» dice Juan.

«No, yo» dicen Andrés y otros.

«No es necesario. Yo me amodorro aquí, encima de esta mesa. Seguro que no es más dura que el fondo de mi barca, y Margziam…» dice Pedro.

«Duerme conmigo» le interrumpe Jesús.

«O conmigo, si quieres… como hacía el pequeño Ananías» dice el anciano, y sus ojos suplican.

«Sí, Maestro. Tú me tienes todavía. Él… Voy con él» dice Margziam.

Jesús le acaricia, comprendiendo su gesto.

496.3

«Han venido varias veces a buscarte después de Pentecostés. Más no han vuelto a venir» dice luego el viejecillo.

«¿Quién le buscaba?».

«¡Pues fariseos! Y otros como ellos. Querían hacerte preguntas. Pero yo les he dicho: “Id a su ciudad. No está aquí, ni sé cuándo vendrá…”. Era verdad. Y se cansaron de venir. Y buscaban a otro, a un cierto Juan, que decían que estaba contigo y que pensaban que quizás se escondía aquí. Yo dije: “Pero si es su apóstol. Está con Él”. Dijeron: “¿Acaso es tuerto su apóstol? ¿Es viejo?, ¿está enfermo?, ¿moribundo?”. Comprendí que no eras tú y respondí: “Conozco sólo al apóstol Juan, un joven más bueno que un niño y sano de corazón y de carne”. Me amenazaron. Pero ¿qué podía decir sino eso? Ésta es la verdad…».

«Sí. Esto es verdad. Sé siempre veraz; aunque tuvieras que perjudicarme, no mientas nunca, padre».

«Señor, mi pelo ha encanecido tratando siempre de obedecer al Señor. Y entre las obediencias está también la de no decir cosas falsas. Pero… ¿por qué te buscan así, Señor? Yo estaba ciego. Por tanto, no iba a Jerusalén. Ahora he vuelto… Por el puro rito. Porque quería estar aquí esperándote… Y he percibido odio y amor respecto a ti… Y he juzgado que hay más odio que amor entre los jefes del pueblo. Estaba en el Templo aquella mañana que te querían agredir… y huí desolado a esperarte y llorar aquí. ¿Por qué el hombre es tan malo?».

«Porque ha matado su espíritu, y con el espíritu su capacidad de sentir el remordimiento de ser injusto».

«¡Es verdad!… ¿Y te buscan para hacerte algún daño?».

«Sí».

«¿¡Sí!? ¿Israel quiere dañar a su Rey? ¡Qué horror! ¡Israel se condena a los castigos proféticos!… ¡Oh, me siento contento, ahora, de que mi hijo haya muerto… y quisiera morir también yo para no ver el pecado de Israel…».

496.4

Se produce un gran silencio. Sólo tiene voz la leña en el hogar.

«¡Hablemos de otra cosa! ¡Siempre voces de muerte, de odio, de traición! ¡Basta! ¡Basta! ¡No tolero oírlas!» dice Judas Iscariote, profundamente alterado, torvo, agitado y agitándose por la cocina con las piernas, con los brazos, con todo su ser.

«Judas tiene razón» dicen muchos.

«Pero, no querer oír no es útil. Lo útil es no consentir» dice Jesús con su gesto de resignación de abrir las manos, con las palmas hacia arriba, sobre la tosca mesa.

«¿Qué quieres decir? ¡Consentir! ¿Quién consiente con esto?». Judas le agita las manos casi delante de la cara, estando curvado, casi echado a lo largo de la mesa para acercarse al Maestro.

«¿Que quién? Todos los que ya sueñan verme perecer en mi sangre. ¡Sangre! ¡Sangre de tu Mesías! ¡Sangre sobre ti, Tierra que no quieres a tu Señor! ¡Sangre más resplandeciente que esas llamas! ¡Sangre, fuego en el hielo y en las tinieblas de un mundo de delito! Esperan matar la Luz quitándole la sangre. Pero Luz es el espíritu; la sangre es todavía materia. La materia grava al espíritu. La sangre arrojada a una lámina de mica debilita la luz, ¿no es, acaso, verdad? Pues bien, en verdad, en verdad os digo que, de la misma forma que aquella leña no ha lucido hasta que no se ha hecho llama y hasta que sus resinas, encendiéndose, no se han transformado en esplendor —de forma que ahora es un resplandor incandescente—, cuando todo esté cumplido y la sangre y la carne hayan sido consumidos por el sacrificio, entonces, como aquel fuego, que ahora ha transformado todo en luz, el espíritu mío más que nunca resplandecerá sobre el mundo, y seré Luz más que nunca. Una Luz de tal naturaleza, que cegará para siempre a los que odian la Luz, a sus asesinos. Una Luz de tal naturaleza, que se fundirán las áureas puertas de los Cielos, cerradas para la Humanidad desde hace tantos siglos, y el Cielo se abrirá para los justos. Una Luz de tal naturaleza, que perforará las rocas que son bóveda del Abismo, y el atroz fuego del Infierno se hará atrocísimo bajo los resplandores de mis rayos. Y ¡ay, ay, ay de aquellos que hayan atentado contra la Luz! ¡Sangre y Luz! Estas dos cosas estarán ante ellos hasta convertirlos en locos y desesperados. ¡Demonios!».

Jesús —que se había puesto en pie cuando decía «en verdad» y que había infundido miedo, de tan majestuoso como estaba, en esta baja cocina, de paredes obscuras, aureolado por las llamas del hogar— ahora se sienta y calla.

496.5

Se miran todos unos a otros. Todos, menos Judas, que parece hipnotizado mirando la leña que arde… Hipnotizado y espantado. Un espanto que le pone una máscara atroz de una palidez lívido-verdastra en que el fuego de la leña traza dedadas rojizas. Me recuerda su espantosa cara del Viernes Santo. Luego se vuelve repentinamente y grita: «¡Calla! ¡Calla! ¡¿Por qué nos atormentas?!» y sale, dando un violento portazo…

«A su manera. Es verdad. Pero te quiere mucho… y sufre al oír ciertas palabras» dice Tomás. Y termina: «¡Nos hacen tanto daño a nosotros también…! Pero nosotros somos menos… extraños, digamos: extraños…».

Ningún otro habla. El mismo Jesús calla…

«Las verduras están cocidas, la leche está caliente…» dice en tono bajo el viejecito, que se ha quedado atemorizado y casi no se atreve a decir ni estas comunes palabras, después de un incidente como el que se ha producido…

«Llamad a Judas. Vamos a cenar» ordena Jesús.

Juan sale a llamar a su compañero. Entran… Judas tiene un rostro atormentado. Pero el suyo es un tormento sin paz… De todas formas, se sienta a la mesa y se alza junto con los otros cuando Jesús ofrece y bendice, y mira a Jesús de reojo, cuando hace las partes y reserva para sí la última.

Todos quisieran romper la tristeza que reina en el lugar. Ninguno lo logra, hasta que el mismo Jesús habla al viejecito preguntándole si el pueblecillo y los lugares cercanos han acogido la palabra del Señor.

«Sí, sí, Maestro. Y muy muy bien. Yo diría que aquí mejor que en la otra orilla. Ya sabes… está muy viva aquí la memoria de Juan el Bautista; y sus discípulos, que ahora son tuyos, la mantienen viva, y sobre la base de sus palabras te explican a ti. Además… aquí… pocos fariseos hay en Perea y en la Decápolis, así que…».


Notes

  1. trempés de rosée, comme les cheveux de l’époux en Ct 5, 2.