Los Escritos de Maria Valtorta

519. Inexplicable absence de Judas et étape

519. Inexplicable ausencia de Judas Iscariote

519.1

Arrivé aux premières maisons de Béthanie, Jésus congédie les disciples Lévi, Joseph, Matthias et Jean, trouvés je ne sais où et auxquels il confie le nouveau venu, Sidonia, dit Bartolmaï. Et les disciples bergers s’éloignent avec lui et sept autres hommes qui les accompagnaient. Jésus les regarde partir, puis il se tourne vers ses apôtres :

« Maintenant, attendons ici Judas…

– Ah ! Tu t’es aperçu qu’il était parti ? » demandent les autres avec étonnement. “ Nous croyions que tu ne l’avais pas remarqué. Il y avait beaucoup de monde, et tu n’as pas cessé de parler, avec le jeune homme d’abord, puis avec les bergers… ”

– J’ai vu dès le premier instant qu’il s’était éloigné. Rien ne m’échappe. C’est même pour cette raison que je suis entré dans des maisons amies demander qu’on envoie Judas à Béthanie s’il me cherchait…

– Dieu veuille que non » marmonne Jude entre ses dents.

Jésus le regarde, mais il montre qu’il ne va pas relever la phrase ; et il poursuit en s’adressant à tous, car il les voit tous du même avis — les visages sont parfois plus expressifs que les paroles — :

« En attendant son retour, ce repos sera le bienvenu et va nous faire du bien. Ensuite, nous prendrons la direction de Tecua. Le temps est froid, mais il tourne au beau. J’évangéliserai cette ville, puis nous remonterons en passant par Jéricho et nous irons sur l’autre rive. Les bergers m’ont prévenu que beaucoup de malades me cherchent et je leur ai fait dire de ne pas affronter le voyage, mais de m’attendre chez eux.

– Allons-y, soupire Pierre.

– Tu n’es pas content d’aller chez Lazare ? demande Thomas.

– Si.

– Tu as une telle manière de le dire…

– Ce n’est pas à cause de Lazare que je parle ainsi, mais de Judas…

– Tu es un pécheur, Pierre, lui dit Jésus en guise d’avertissement.

– Oui, j’en suis un. Mais… lui, Judas, qui s’en va, qui est impertinent, qui est un vrai tourment, il ne l’est pas ? » décoche vivement Pierre.

Manifestement, il est fâché et n’en peut plus.

« Si. Mais s’il l’est, toi tu ne dois pas l’être. Aucun de nous ne doit l’être.

519.2

Rappelez-vous que Dieu nous demandera compte — je dis bien : nous demandera, car c’est à moi d’abord encore plus qu’à vous que Dieu a confié cet homme — de ce que nous aurons fait pour le racheter.

– Et tu espères y parvenir, mon Frère ? Je ne puis le croire. Toi, cela je le crois, tu connais le passé, le présent et l’avenir. Et par conséquent, tu ne peux te tromper sur le compte de cet homme. Et… Mais il vaut mieux que je ne dise pas le reste.

– C’est effectivement une grande vertu de savoir se taire. Sache cependant que la prévision, plus ou moins exacte, de l’avenir d’un cœur, ne décharge personne de persévérer jusqu’à la fin pour l’arracher à la ruine. Ne tombe pas, toi non plus, dans le fatalisme des pharisiens qui soutiennent que ce qui est fixé par le destin doit s’accomplir, et que rien ne peut empêcher cet accomplissement. C’est par cette raison qu’ils justifient aussi leurs fautes et qu’ils justifieront jusqu’au dernier acte de leur haine contre moi. Bien souvent, Dieu attend le sacrifice d’un cœur, qui surmonte ses nausées et ses indignations, ses antipathies, même justifiées, pour arracher une âme au marécage où il s’enfonce. Oui, je vous le dis : bien souvent Dieu, le Tout-Puissant, le Tout, attend qu’une créature, un rien, fasse ou ne fasse pas un sacrifice, une prière, pour signer ou ne pas signer la condamnation d’une âme. Il n’est jamais trop tard pour essayer et espérer de sauver une âme. Je vous en donnerai des preuves. Même au seuil de la mort, quand aussi bien le pécheur que le juste, qui pour lui se tourmente, sont près de quitter la terre pour arriver au premier jugement de Dieu, on peut toujours sauver ou être sauvé. Entre la coupe et les lèvres, dit le proverbe, il y a toujours place pour la mort. Moi, je dis au contraire : entre la fin de l’agonie et la mort, il est toujours temps d’obtenir le pardon, pour soi-même ou ceux pour qui nous le demandons. »

Personne ne souffle mot.

519.3

Arrivé à la lourde grille, Jésus hèle un serviteur pour se faire ouvrir. Une fois entré, il demande des nouvelles de Lazare.

« Oh ! Seigneur ! Tu vois ? Je viens d’aller cueillir des feuilles de laurier et de camphre ainsi que des baies de cyprès et d’autres feuilles et fruits odorants pour les faire bouillir avec du vin et des résines et en faire des bains pour le maître. Sa chair tombe en lambeaux et on ne peut résister à la puanteur. Tu es venu, mais je ne sais si on te laissera passer… »

Pour empêcher l’air lui-même d’entendre, le serviteur baisse la voix jusqu’à ce que ce ne soit qu’un murmure :

« Désormais, on ne peut plus cacher qu’il a des plaies ; les maîtresses repoussent tout le monde… par crainte… tu sais… Lazare est aimé vraiment par peu de gens… Et beaucoup, pour plusieurs raisons, se réjouiraient de… Oh ! ne me fais pas penser à ce qui est la peur de toute la maison.

– Elles font bien. Mais ne craignez rien. Un tel malheur n’arrivera pas.

– Mais… Pourra-t-il guérir ? Un miracle de toi…

– Il ne guérira pas, mais cela servira à glorifier le Seigneur. »

Le serviteur est déçu… Jésus guérit tout le monde, et ici il ne fait rien !… Mais il n’a qu’un soupir pour manifester sa pensée. Il dit ensuite :

« Je vais t’annoncer aux maîtresses. »

Jésus se voit entouré par les apôtres, qui s’intéressent à l’état de santé de Lazare et sont consternés quand Jésus les informe.

519.4

Mais déjà arrivent les deux sœurs. Leur florissante et différente beauté semble embrumée par la douleur et la fatigue des veilles prolongées. Pâles, abattues, émaciées, les yeux — auparavant très vifs de l’une et de l’autre — fatigués, sans bagues ni bracelets, portant des habits foncés, couleur de cendre, elles ressemblent plutôt à des servantes qu’à des maîtresses. Elles s’agenouillent à une certaine distance de Jésus, pour lui offrir seulement leurs larmes, des larmes résignées, muettes, qui coulent comme d’une source intérieure et ne peuvent s’arrêter.

Jésus s’approche. Marthe tend les mains en murmurant :

« Eloigne-toi, Seigneur. En vérité, nous craignons de pécher désormais contre la loi sur la lèpre[1]. Mais, nous ne pouvons pas, ô Dieu, nous ne pouvons pas provoquer un semblable décret contre notre Lazare ! Néanmoins ne t’approche pas, car nous sommes impures, puisque nous ne cessons de toucher ses plaies. Nous seules, car nous avons écarté toute autre personne. On vient tout nous déposer sur le seuil et nous prenons, nous lavons, nous brûlons, dans la pièce contiguë à celle de Lazare. Vois-tu nos mains ? Elles sont brûlées par la chaux vive que nous employons pour les vases qu’il faut rendre aux serviteurs. Nous pensons être ainsi moins coupables. »

Elle fond en larmes.

Marie de Magdala, qui se taisait, gémit à son tour :

« Nous devrions appeler le prêtre. Mais… c’est moi la plus coupable, car je m’y oppose et je soutiens que ce n’est pas le terrible mal maudit en Israël. Non et non ! Mais ils nous détestent tellement, et ils sont si nombreux, qu’ils le taxeraient de lépreux. Simon, ton apôtre, fut déclaré lépreux pour beaucoup moins que cela !

– Tu n’es pas prêtre ni médecin, Marie, dit Marthe en sanglotant.

– Non. Mais tu sais ce que j’ai fait pour être certaine de ce que j’avance.

519.5

Seigneur, je suis allée parcourir toute la vallée de Hinnom, tout Siloan, tous les tombeaux près d’En-Rogel. J’étais habillée comme une servante, voilée, dès le début de l’aurore, chargée de vivres et d’eaux médicinales, de bandes, et de vêtements. Et j’ai donné tant et plus. Je disais que c’était un vœu pour celui que j’aimais, et c’était vrai. Je demandais seulement de pouvoir regarder les plaies des lépreux. Ils doivent m’avoir crue folle… Qui donc veut voir de telles horreurs ? ! Mais moi, après avoir déposé mes offrandes à la limite des talus, je demandais à voir. Eux se tenaient au-dessus, moi plus bas ; ils étaient étonnés, moi dégoûtée. Tous, nous pleurions. J’ai regardé, regardé, regardé ! J’ai observé les corps couverts de squames, de croûtes, de plaies, les visages rongés, les cheveux blanchis et plus durs que des seimes, les yeux suintant de la pourriture, les joues laissant voir les dents, des crânes sur des corps vivants, les mains réduites à des griffes monstrueuses, des pieds comme des branches noueuses… puanteur, horreur, pourriture… Oh ! si j’ai péché en adorant la chair, si j’ai joui avec mes yeux, avec l’odorat, l’ouïe, le toucher, de ce qui était beau, parfumé, harmonieux, doux et lisse, oh ! je t’assure que mes sens sont désormais purifiés par la mortification de ces connaissances ! Mes yeux ont oublié la beauté séduisante de l’homme en contemplant ces monstres, mes oreilles ont expié la jouissance passée des voix viriles avec ces voix âpres, qui ne sont plus humaines, ma chair a frissonné, et mon odorat s’est révolté… Tout reste du culte en moi-même a disparu, car j’ai vu ce que l’on devient après la mort… Mais j’en suis revenue avec cette certitude : Lazare n’est pas lépreux. Sa voix n’est pas altérée, ses cheveux et toute sa pilosité sont intacts, et les plaies sont différentes. Il ne l’est pas, non ! Marthe me peine parce qu’elle ne me croit pas, parce qu’elle ne réconforte pas Lazare en le dissuadant de se croire impur. Tu vois ? Il ne veut pas te voir, maintenant qu’il sait que tu es ici, pour ne pas te contaminer. Les sottes peurs de ma sœur le privent même de ton réconfort !… »

Sa nature véhémente la porte à la colère. Mais, voyant que sa sœur, désolée, éclate en sanglots, sa colère tombe d’un coup et elle étreint Marthe en l’embrassant :

« Oh ! Marthe ! Pardon ! Pardon ! C’est la douleur qui me rend injuste ! C’est l’amour que j’ai pour toi et Lazare qui voudrait vous convaincre ! Ma pauvre sœur ! Pauvres femmes que nous sommes !

– Allons ! Ne pleurez pas ainsi. Vous avez besoin de paix et de compassion mutuelle pour vous et pour lui. Lazare, du reste, n’est pas lépreux, c’est moi qui vous le déclare.

– Oh ! viens le voir, Seigneur. Qui mieux que toi peut juger s’il est lépreux ? supplie Marthe.

– Ne t’ai-je pas déjà affirmé qu’il ne l’est pas ?

– Si, mais comment peux-tu le dire, si tu ne le vois pas ?

– Ah ! Marthe ! Marthe ! Dieu te pardonne parce que tu souffres et que tu es comme en délire ! J’ai pitié de toi et je vais voir Lazare, je découvrirai ses plaies et…

– Et tu vas le guérir ! s’écrie Marthe en se relevant.

– Je t’ai déjà dit d’autres fois que je ne puis le faire… Mais je vous donnerai la paix de vous savoir en règle avec la loi sur les lépreux.

519.6

Allons-y… »

Et il se dirige le premier vers la maison en faisant signe à ses apôtres de ne pas le suivre.

Marie court en avant, ouvre une porte, traverse en courant un couloir, en ouvre une autre qui donne sur une petite cour intérieure, y fait quelques pas et entre dans une pièce à demi-obscure encombrée de bassins, de petits vases, d’amphores, de bandes… Une odeur mélangée d’arômes et de décomposition prend le nez. Il y a une porte en face de la première, et Marie l’ouvre en criant d’une voix qui veut être lumineuse de joie :

« Voici le Maître. Il vient te dire que j’ai raison, mon frère. Allons, souris, car il entre, celui qui est notre amour et notre paix ! »

Et elle se penche sur son frère, le redresse sur ses oreillers, l’embrasse, sans souci de l’odeur qui, malgré tous les palliatifs, se dégage du corps couvert de plaies. Elle est encore courbée pour l’arranger que déjà la douce salutation de Jésus résonne dans la pièce ; aussitôt celle-ci, envahie par une pâle lumière, semble devenir lumineuse du seul fait de la divine présence.

« Maître, tu n’as pas peur… ? Je suis…

– Malade ! Rien de plus. Lazare, si les règles ont été données, de façon si large et avec une telle sévérité, c’est par une mesure compréhensible de prudence. Il vaut mieux exagérer en fait de prudence que l’inverse, dans certains cas de maladies contagieuses. Mais tu n’es pas contagieux, mon pauvre ami, tu n’es pas impur, de sorte que je ne pense pas manquer à la prudence envers mes frères si je t’embrasse ainsi. »

Et il lui donne un baiser en prenant le corps émacié dans ses bras.

« Tu es vraiment la Paix, toi ! Mais tu n’as pas encore tout vu. Voilà Marie qui découvre l’horreur. Je suis déjà un mort, Seigneur. Je ne sais pas comment mes sœurs peuvent tenir… »

Je ne saurais pas moi non plus y résister, tant sont effrayantes et répugnantes les plaies qui se sont formées le long des varices des jambes. Tandis que les mains splendides de Marie travaillent avec légèreté sur elles, elle répond de sa merveilleuse voix:

« Tes maux sont des roses pour tes sœurs, des roses épineuses seulement parce que tu souffres. Voici, Maître. Tu vois ? Cela ne ressemble pas à la lèpre !

– C’est vrai. C’est un grand mal qui te consume, mais il n’y a pas de danger. Crois ton Maître ! Recouvre-le, Marie, j’ai vu.

– Et… tu ne le touches donc pas ? soupire Marthe, dont l’espérance est tenace.

– Il ne faut pas. Non pas par dégoût, mais pour ne pas irriter les plaies. »

Marthe se penche, sans insister davantage, sur un bassin qui contient du vin ou du vinaigre aromatisé, et elle y plonge des linges qu’elle passe à sa sœur. Des larmes muettes tombent dans le liquide rougeâtre…

Marie enveloppe les pauvres jambes et étend de nouveau les couvertures sur les pieds de son frère, déjà inertes et jaunâtres comme ceux d’un mort.

519.7

– Tu es seul ?

– Non, avec tous, excepté Judas, qui est resté à Jérusalem et qui viendra plus tard… D’ailleurs, si je suis déjà parti, vous l’enverrez à Bethabara. J’y serai, qu’il m’y attende.

– Tu t’en vas bientôt….

– Je reviendrai vite. D’ici peu, c’est la Dédicace. Je serai chez toi à cette époque.

– Je ne pourrai t’honorer pour les Encénies…

– Je serai à Bethléem, ce jour-là. J’ai besoin de revoir mon berceau…

– Tu es triste… Je le sais… Ah ! ne rien pouvoir !

– Je ne suis pas triste. Je suis le Rédempteur… Mais tu es fatigué. Ne lutte pas contre le sommeil, mon ami.

– C’était pour te faire honneur…

– Dors, dors. Nous nous reverrons ensuite… »

Et Jésus se retire sans bruit.

« Tu as vu, Maître ? demande Marthe, une fois qu’ils sont sortis, dans la cour.

– J’ai vu, mes pauvres disciples… Je pleure avec vous… Mais en vérité, je vous confie que mon cœur a beaucoup plus de plaies que votre frère. Mon cœur est rongé par la douleur… »

Et il les regarde avec une si vive tristesse que les deux femmes oublient leur propre souffrance pour la sienne et, comme elles ne peuvent l’embrasser puisqu’elles sont des femmes, elle se bornent à baiser ses mains et son vêtement, et à vouloir le servir comme des sœurs dévouées.

Et en effet, elles le servent dans une petite salle en l’entourant d’affection.

Les fortes voix des apôtres se font entendre au-delà de la cour… Toutes, sauf la voix du mauvais disciple. Jésus écoute, et soupire… accablé, en attendant patiemment le fugitif.

519.1

Jesús despide a los discípulos Leví, José, Matías y Juan —no sé dónde los ha encontrado— y les confía el neodiscípulo Sidonio, llamado Bartolmái. Esto sucede en las primeras casas de Betania. Y los discípulos pastores se van con el nuevo llegado y con otros siete hombres que tenían con ellos. Jesús los mira mientras se marchan. Luego se vuelve, a mirar a sus apóstoles, y dice: «Ahora vamos a esperar aquí a Judas de Simón…».

«¡Ah! ¿Te has dado cuenta de que se ha marchado?» dicen asombrados los otros. «Creíamos que no te hubieras percatado. La gente era mucha, y has estado hablando todo el tiempo, primero con el joven y después con los pastores…».

«Desde el primer momento, he visto que se había alejado. Nada me pasa inadvertido. Por este motivo he entrado en las casas amigas diciendo que manden a Judas a Betania, si preguntara por mí…».

«Dios quiera que no» refunfuña, entre dientes, el otro Judas.

Jesús le mira, pero hace ademán de no haber notado la frase, y continúa, hablando a todos porque los ve a todos del parecer de Judas Tadeo (las caras, a veces, hablan mejor que las palabras): «Será bueno este descanso en espera de su regreso. Aliviará a todos. Luego iremos hacia Tecua. El tiempo está frío pero la tendencia es a cielo sereno. Evangelizaré esa ciudad. Luego subiremos de nuevo pasando por Jericó, e iremos a la otra orilla. Me han dicho los pastores que muchos enfermos me buscan y les he enviado el mensaje de que no emprendan el viaje, sino que me esperen en estos lugares».

«Pues vamos, sí» suspira Pedro.

«¿No estás contento de ir donde Lázaro?» pregunta Tomás.

«Estoy contento».

«¡Lo dices de una manera!…».

«No lo digo por Lázaro. Lo digo por Judas…».

«Eres pecador, Pedro» advierte Jesús.

«Lo sé. Pero… él, Judas de Keriot, que se marcha, que es impertinente, que es un tormento, ¿no lo es?» salta Pedro, que ya no aguanta más.

«Lo es. Pero si él lo es, tú no debes serlo. Ninguno de nosotros debe serlo.

519.2

Recordad que Dios nos pedirá cuentas —digo: nos pedirà porque a mí antes que a vosotros Dios Padre me ha confiado ese hombre— de lo que hayamos hecho para redimirle».

«¿Y esperas lograrlo, hermano? No puedo creerlo. Tú, esto sí que lo creo, Tú conoces el pasado, el presente y el futuro. Y, por tanto, no puedes engañarte respecto a ese hombre. Y… bueno, es mejor que no diga lo demás».

«Efectivamente, saber callar es una gran virtud. Pero debes saber que el prever más o menos exactamente el futuro de un corazón no dispensa a nadie de perseverar hasta el final para apartarlo de la ruina. No caigas tú también en el fatalismo de los fariseos, que sostienen que lo que está destinado debe cumplirse y nada impide el cumplimiento de lo que está destinado; razón con la cual avalan también sus culpas y avalarán el último acto de su odio hacia mí. Muchas veces Dios está esperando el sacrificio de un corazón —que supera sus náuseas y sentimientos de desdén, sus antipatías, incluso justificadas— para arrancar a un espíritu del pantano en que se está hundiendo. Sí, Yo os lo digo. Muchas veces Dios (el Omnipotente, el Todo) espera a que una criatura (una nada), haga o no haga un sacrificio, una oración, para signar o no signar la condena de un espíritu. Nunca es tarde, nunca es demasiado tarde para intentar y esperar salvar un alma. Y os daré pruebas de ello. Incluso a las puertas de la muerte, cuando tanto el pecador como el justo que por él se aflige, están próximos a dejar la Tierra para ir al primer juicio de Dios, siempre es posible salvar y ser salvados. Entre la copa y los labios, dice el proverbio, siempre hay lugar para la muerte. Y Yo digo: entre la extrema agonía y la muerte hay siempre tiempo para obtener un perdón, para uno mismo o para aquellos que queremos que sean perdonados».

Ni una palabra de réplica de ninguno.

519.3

Jesús, que ya ha llegado a la pesada cancilla, da una voz a un doméstico para que le abran. Entra. Pregunta por Lázaro.

«¡Oh, Señor! ¿Ves? Vuelvo de recoger hojas de laurel y alcanfor y bayas de ciprés, y otras hojas y frutos olorosos, para hervirlo con vino y resinas y con ello hacerle baños a mi señor. Su carne se cae a pedazos y no se soporta el hedor. Has venido, pero no sé si te dejarán pasar…». Por miedo a que el aire oiga, el doméstico apaga su voz en un susurro: «Ahora, que ya no se puede ocultar que tiene las llagas, las dueñas rechazan a todos… por miedo. Ya sabes… a Lázaro le quieren realmente pocos… Y muchos, por muchos motivos gozarían si… ¡Oh, no quiero pensar en lo que es el miedo de toda la casa!».

«Hacen bien ellas. Pero no temáis. No sucederá esta desventu­ra».

«Pero… curarse, ¿podrá? Un milagro tuyo…».

«No se curará. Pero servirá para glorificar al Señor».

El doméstico se siente defraudado… ¡Jesús, que cura a todos y que aquí no hace nada!… De todas formas, se limita a emitir un suspiro como única manifestación de lo que piensa. Luego dice: «Voy donde las dueñas de la casa a anunciarte».

Jesús se ve rodeado por los apóstoles, que están interesados en las condiciones de Lázaro, y que se quedan consternados cuando Jesús habla de ellas.

519.4

Pero ya vienen las dos hermanas. Su florida y distinta belleza parece empañada por el dolor y la fatiga de las velas prolongadas. Pálidas, alicaídas, demacradas, cansados los ojos que en otro tiempo —en ambas— eran radiantes; sin anillos ni pulseras, vestidas con dos vestidos ceniza obscuro, parecen más siervas que señoras. A cierta distancia de Jesús, se arrodillan, ofreciéndole sólo llanto. Un llanto resignado, mudo, que desciende como de una fuente interna, y que no puede pararse.

Jesús se acerca. Marta alarga los brazos susurrando: «Apártate, Señor. En verdad, tememos ser ya pecadoras contra la ley sobre la lepra[1]. ¡Pero no podemos, oh Dios, no podemos provocar un decreto de esa clase contra nuestro Lázaro! Pero tú no te acerques, porque, no tocando sino llagas, estamos contaminadas. Sólo nosotras. Porque hemos apartado a todos los demás, y todo nos lo dejan en la puerta y nosotras tomamos las cosas, y lavamos, y quemamos, en la habitación contigua a la de nuestro hermano. ¿Ves nuestras manos? Están corroídas de la cal viva que usamos para los vasos que tenemos que devolver a los criados. Pensamos con ello que somos menos cul­pa­bles», y llora.

María de Magdala, que hasta este momento ha guardado silencio, gime a su vez: «Tendríamos que llamar al sacerdote. Pero… Yo, yo soy la más culpable porque me opongo a esto y digo que no es la terrible enfermedad maldita en Israel. ¡No es, no es! Pero nos odian tanto, y tantos, que dirían que lo es. ¡Por mucho menos, Simón, tu apóstol, fue declarado leproso!».

«No eres sacerdote ni médico, María» dice, entre accesos de llanto, Marta.

«No lo soy. Pero tú sabes lo que he hecho para estar segura de lo que digo.

519.5

Señor, he ido y he recorrido todo el valle de Hinnón, todo Siloán, todos los sepulcros cercaos a En Rogel. Vestida de sierva, velada, con la luz de las auroras, cargada de víveres y aguas con substancias medicinales, vendas y vestidos. Y daba, daba. Decía que era un voto por mi amado. Era verdad. Pedía sólo poder ver las llagas de los leprosos. Deben haber pensado que estaba loca… ¡¿Alguien, acaso, quiere ver esos horrores?! Pero yo, puestos mis presentes en los bordes de las rocas, pedía ver. Y ellos arriba, yo más abajo; ellos asombrados, yo con repugnancia; llorando ellos, llorando yo… ¡he mirado, mirado, mirado! He visto cuerpos cubiertos de escamas, de costras, de llagas; caras corroídas, cabellos blancos y más duros que cerdas, ojos que eran huras de podredumbre, carrillos que dejaban ver los dientes, calaveras en cuerpos vivos, manos reducidas a garras de monstruos, pies como ramas nudosas, hedores, horrores, podredumbre. ¡Oh, si pequé adorando la carne, si gocé con los ojos, con el olfato, con el oído, con el tacto, de lo hermoso, de lo perfumado, de lo armonioso, de lo suave y liso, oh, te aseguro que los sentidos se han purificado ya con la mortificación de esto que he conocido! Los ojos, contemplando aquellos monstruos, han olvidado la belleza seductora del hombre; los oídos, con esas voces ásperas, que ya no son humanas, han expiado el pasado gozo de voces viriles; y se ha estremecido mi carne, y se ha rebelado mi olfato… y todo resto de culto a mí misma ha muerto, porque he visto lo que somos después de la muerte… Pero he traído conmigo esta certeza: que Lázaro no está leproso. Su voz no está lesionada, sus cabellos y todo el vello están intacto, y las llagas son distintas. ¡No es! ¡No es! Y Marta me aflige porque no cree, porque no conforta a Lázaro en el sentido de no creerse contaminado. ¿Ves? Ahora, que sabe que estás aquí, no quiere verte para no contaminarte. ¡Los miedos tontos de mi hermana le privan incluso de tu consuelo!…».

La naturaleza vehemente la lleva a la cólera. Pero, viendo que su hermana rompe a llorar desoladamente, su vehemencia cesa en seguida y abraza a Marta y la besa, y le dice: «¡Marta, perdón! ¡Perdón! ¡El dolor me hace injusta! ¡Es el amor con que os amo a ti y a Lázaro el que querría convenceros! ¡Pobre hermana mía! ¡Pobres mujeres, eso es lo que somos!».

«¡Venga, ánimo! ¡No lloréis así! Necesitáis paz y compasión recíproca, por vosotras y por él. Y Lázaro no está leproso, os lo digo Yo».

«¡Oh, ven a verle, Señor! ¿Quién mejor que tú puede juzgar si está leproso?» suplica Marta.

«¿No te he dicho que no lo está?».

«Sí. ¿Pero cómo puedes decirlo, si no le ves?».

«¡Marta! ¡Marta! Dios te perdona porque sufres y eres como uno que delira. Tengo compasión de ti y voy a ver a Lázaro; le destaparé las llagas y…».

«¡¡¡Y las curarás!!!» grita Marta poniéndose de pie.

«Ya te he dicho otras veces que no puedo hacerlo… Pero os daré la paz de saber que estáis en regla con la ley sobre los leprosos.

519.6

Vamos…».

Y abre la marcha hacia la casa, haciendo señas a los apóstoles de no seguirle.

María se adelanta corriendo, abre una puerta, corre por un pasillo y de éste abre otra puerta, que da a un pequeño patio interior, anda pocos pasos y entra en una habitación estorbada por barreños, vasijas, ánforas, vendas… Un olor que es mezcla de aromas y de descomposición penetra en las narices. Hay una puerta frente a la de antes, y María la abre y, con una voz que quiere ser radiante de alegría, grita: «Aquí está el Maestro. Viene a decirte que tengo razón, hermano mío. ¡Ánimo, sonríe, que está entrando el amor nuestro y nuestra paz!», y se agacha hacia su hermano, le incorpora en las almohadas, le besa, sin hacer caso del olor que a pesar de todos los paliativos emana de su cuerpo llagado; y está todavía agachada para colocarle cuando ya el dulce saludo de Jesús suena en la habitación, que, envuelta en una luz mortecina, parece iluminarse por la presencia divina.

«Maestro ¿no tienes miedo?… Estoy…».

«¡Enfermo! Nada más que eso. Lázaro, las normas han sido dadas, muy amplias y severas, por un comprensible sentido de prudencia. Mejor exagerar en prudencia que en imprudencia, en ciertos casos como los de enfermedades contagiosas. Pero tú no eres contagioso, pobre amigo mío, no estás contaminado. Tanto, que no creo faltar a la prudencia respecto a los hermanos si te abrazo y te beso así» y, tomando el cuerpo consumido, besa a Lázaro.

«¡Tú eres realmente la Paz! Pero todavía no has visto. María está destapando el horror. Soy ya un muerto, Señor. No sé cómo mis hermanas pueden resistir…».

Yo tampoco sabría cómo, pues verdaderamente son espantosas y repugnantes las llagas que han salido a lo largo de las varices de las piernas. Las espléndidas manos de María trabajan suaves en ellas, mientras con su voz maravillosa responde: «Tus males son rosas para tus hermanas. Rosas espinosas porque tú sufres, sólo por ello. ¿Ves, Maestro? ¡La lepra no es así!».

«No es así. Es una enfermedad muy mala la que te consume, pero no es causa de peligro. ¡Cree en tu Maestro! Tapa, María. Ya he visto».

«¿Y… no vas a tocar?» dice Marta suspirando, tenaz en la esperanza.

«No hace falta. No por repulsa, sino para no hurgar en las llagas».

Marta se agacha, sin insistir más, hacia una palangana donde hay vino o vinagre aromatizado, y sumerge unos paños, que luego pasa a su hermana. Lágrimas mudas caen en el líquido rojizo…

María venda las míseras piernas y extiende de nuevo las mantas sobre los pies, ya inertes y amarillentos como los de un muerto.

519.7

«¿Estás solo?».

«No. Con todos, menos con Judas de Keriot, que se ha quedado en Jerusalén, y vendrá… Es más, si ya estoy lejos, le mandáis a Betabara. Allí estaré. Y que me espere allí».

«Te vas a marchar pronto…».

«Y volveré pronto. Dentro de poco es la Dedicación. En esos días estaré contigo».

«No podré honrarte para las Encenias…».

«Estaré en Belén para ese día. Necesito volver a ver mi cuna…».

«Estás triste… Lo sé… ¡Y no poder hacer nada!…».

«No estoy triste. Soy el Redentor… Pero, tú estás cansado. No luches contra el sueño, amigo mío».

«Era por tributarte honor…».

«Duerme, duerme. Luego nos veremos…», y Jesús se retira sin hacer ruido.

«¿Has visto, Maestro?» pregunta Marta afuera, en el patio.

«Sí, ya he visto. Mis pobres discípulas… Yo lloro con vosotras… Pero, en verdad, os digo en confianza que mi corazón está mucho más llagado que vuestro hermano. Está comido por el dolor mi corazón…» y las mira con una tristeza tan viva, que las dos olvidan su dolor por el de Él, y, no pudiendo abrazarle por ser mujeres, se limitan a besarle las manos y la túnica y a querer servirle como hermanas afectuosas.

Y le sirven en una salita y le envuelven en amor.

Las voces fuertes de los apóstoles se oyen más allá del patio… Todas, menos la voz del discípulo malo. Jesús escucha y suspira… Suspira esperando pacientemente al fugitivo.


Notes

  1. la loi sur la lèpre se trouve en Lv 13-14. L’Œuvre en fait souvent mention (dès la rencontre de Simon le Zélote, en 54.2). Elle en cite à plusieurs reprises les principes (comme dans la parabole de 245.5). Considérée comme une des maladies les plus terribles pour l’homme, la lèpre pouvait être vue jusque dans les vêtements (Lv 13, 47-59) et sur les murs des maisons (Lv 14, 33-53). Jésus en fait le sujet d’une parabole et d’un avertissement en 369.2.5.

Notas

  1. la ley sobre la lepra, a la que se hace referencia en varias ocasiones a lo largo de la Obra, está en Levítico 13; 14.