The Writings of Maria Valtorta

519. Inexplicable absence de Judas et étape

519. The mysterious absence of Judas

519.1

Arrivé aux premières maisons de Béthanie, Jésus congédie les disciples Lévi, Joseph, Matthias et Jean, trouvés je ne sais où et auxquels il confie le nouveau venu, Sidonia, dit Bartolmaï. Et les disciples bergers s’éloignent avec lui et sept autres hommes qui les accompagnaient. Jésus les regarde partir, puis il se tourne vers ses apôtres :

« Maintenant, attendons ici Judas…

– Ah ! Tu t’es aperçu qu’il était parti ? » demandent les autres avec étonnement. “ Nous croyions que tu ne l’avais pas remarqué. Il y avait beaucoup de monde, et tu n’as pas cessé de parler, avec le jeune homme d’abord, puis avec les bergers… ”

– J’ai vu dès le premier instant qu’il s’était éloigné. Rien ne m’échappe. C’est même pour cette raison que je suis entré dans des maisons amies demander qu’on envoie Judas à Béthanie s’il me cherchait…

– Dieu veuille que non » marmonne Jude entre ses dents.

Jésus le regarde, mais il montre qu’il ne va pas relever la phrase ; et il poursuit en s’adressant à tous, car il les voit tous du même avis — les visages sont parfois plus expressifs que les paroles — :

« En attendant son retour, ce repos sera le bienvenu et va nous faire du bien. Ensuite, nous prendrons la direction de Tecua. Le temps est froid, mais il tourne au beau. J’évangéliserai cette ville, puis nous remonterons en passant par Jéricho et nous irons sur l’autre rive. Les bergers m’ont prévenu que beaucoup de malades me cherchent et je leur ai fait dire de ne pas affronter le voyage, mais de m’attendre chez eux.

– Allons-y, soupire Pierre.

– Tu n’es pas content d’aller chez Lazare ? demande Thomas.

– Si.

– Tu as une telle manière de le dire…

– Ce n’est pas à cause de Lazare que je parle ainsi, mais de Judas…

– Tu es un pécheur, Pierre, lui dit Jésus en guise d’avertissement.

– Oui, j’en suis un. Mais… lui, Judas, qui s’en va, qui est impertinent, qui est un vrai tourment, il ne l’est pas ? » décoche vivement Pierre.

Manifestement, il est fâché et n’en peut plus.

« Si. Mais s’il l’est, toi tu ne dois pas l’être. Aucun de nous ne doit l’être.

519.2

Rappelez-vous que Dieu nous demandera compte — je dis bien : nous demandera, car c’est à moi d’abord encore plus qu’à vous que Dieu a confié cet homme — de ce que nous aurons fait pour le racheter.

– Et tu espères y parvenir, mon Frère ? Je ne puis le croire. Toi, cela je le crois, tu connais le passé, le présent et l’avenir. Et par conséquent, tu ne peux te tromper sur le compte de cet homme. Et… Mais il vaut mieux que je ne dise pas le reste.

– C’est effectivement une grande vertu de savoir se taire. Sache cependant que la prévision, plus ou moins exacte, de l’avenir d’un cœur, ne décharge personne de persévérer jusqu’à la fin pour l’arracher à la ruine. Ne tombe pas, toi non plus, dans le fatalisme des pharisiens qui soutiennent que ce qui est fixé par le destin doit s’accomplir, et que rien ne peut empêcher cet accomplissement. C’est par cette raison qu’ils justifient aussi leurs fautes et qu’ils justifieront jusqu’au dernier acte de leur haine contre moi. Bien souvent, Dieu attend le sacrifice d’un cœur, qui surmonte ses nausées et ses indignations, ses antipathies, même justifiées, pour arracher une âme au marécage où il s’enfonce. Oui, je vous le dis : bien souvent Dieu, le Tout-Puissant, le Tout, attend qu’une créature, un rien, fasse ou ne fasse pas un sacrifice, une prière, pour signer ou ne pas signer la condamnation d’une âme. Il n’est jamais trop tard pour essayer et espérer de sauver une âme. Je vous en donnerai des preuves. Même au seuil de la mort, quand aussi bien le pécheur que le juste, qui pour lui se tourmente, sont près de quitter la terre pour arriver au premier jugement de Dieu, on peut toujours sauver ou être sauvé. Entre la coupe et les lèvres, dit le proverbe, il y a toujours place pour la mort. Moi, je dis au contraire : entre la fin de l’agonie et la mort, il est toujours temps d’obtenir le pardon, pour soi-même ou ceux pour qui nous le demandons. »

Personne ne souffle mot.

519.3

Arrivé à la lourde grille, Jésus hèle un serviteur pour se faire ouvrir. Une fois entré, il demande des nouvelles de Lazare.

« Oh ! Seigneur ! Tu vois ? Je viens d’aller cueillir des feuilles de laurier et de camphre ainsi que des baies de cyprès et d’autres feuilles et fruits odorants pour les faire bouillir avec du vin et des résines et en faire des bains pour le maître. Sa chair tombe en lambeaux et on ne peut résister à la puanteur. Tu es venu, mais je ne sais si on te laissera passer… »

Pour empêcher l’air lui-même d’entendre, le serviteur baisse la voix jusqu’à ce que ce ne soit qu’un murmure :

« Désormais, on ne peut plus cacher qu’il a des plaies ; les maîtresses repoussent tout le monde… par crainte… tu sais… Lazare est aimé vraiment par peu de gens… Et beaucoup, pour plusieurs raisons, se réjouiraient de… Oh ! ne me fais pas penser à ce qui est la peur de toute la maison.

– Elles font bien. Mais ne craignez rien. Un tel malheur n’arrivera pas.

– Mais… Pourra-t-il guérir ? Un miracle de toi…

– Il ne guérira pas, mais cela servira à glorifier le Seigneur. »

Le serviteur est déçu… Jésus guérit tout le monde, et ici il ne fait rien !… Mais il n’a qu’un soupir pour manifester sa pensée. Il dit ensuite :

« Je vais t’annoncer aux maîtresses. »

Jésus se voit entouré par les apôtres, qui s’intéressent à l’état de santé de Lazare et sont consternés quand Jésus les informe.

519.4

Mais déjà arrivent les deux sœurs. Leur florissante et différente beauté semble embrumée par la douleur et la fatigue des veilles prolongées. Pâles, abattues, émaciées, les yeux — auparavant très vifs de l’une et de l’autre — fatigués, sans bagues ni bracelets, portant des habits foncés, couleur de cendre, elles ressemblent plutôt à des servantes qu’à des maîtresses. Elles s’agenouillent à une certaine distance de Jésus, pour lui offrir seulement leurs larmes, des larmes résignées, muettes, qui coulent comme d’une source intérieure et ne peuvent s’arrêter.

Jésus s’approche. Marthe tend les mains en murmurant :

« Eloigne-toi, Seigneur. En vérité, nous craignons de pécher désormais contre la loi sur la lèpre[1]. Mais, nous ne pouvons pas, ô Dieu, nous ne pouvons pas provoquer un semblable décret contre notre Lazare ! Néanmoins ne t’approche pas, car nous sommes impures, puisque nous ne cessons de toucher ses plaies. Nous seules, car nous avons écarté toute autre personne. On vient tout nous déposer sur le seuil et nous prenons, nous lavons, nous brûlons, dans la pièce contiguë à celle de Lazare. Vois-tu nos mains ? Elles sont brûlées par la chaux vive que nous employons pour les vases qu’il faut rendre aux serviteurs. Nous pensons être ainsi moins coupables. »

Elle fond en larmes.

Marie de Magdala, qui se taisait, gémit à son tour :

« Nous devrions appeler le prêtre. Mais… c’est moi la plus coupable, car je m’y oppose et je soutiens que ce n’est pas le terrible mal maudit en Israël. Non et non ! Mais ils nous détestent tellement, et ils sont si nombreux, qu’ils le taxeraient de lépreux. Simon, ton apôtre, fut déclaré lépreux pour beaucoup moins que cela !

– Tu n’es pas prêtre ni médecin, Marie, dit Marthe en sanglotant.

– Non. Mais tu sais ce que j’ai fait pour être certaine de ce que j’avance.

519.5

Seigneur, je suis allée parcourir toute la vallée de Hinnom, tout Siloan, tous les tombeaux près d’En-Rogel. J’étais habillée comme une servante, voilée, dès le début de l’aurore, chargée de vivres et d’eaux médicinales, de bandes, et de vêtements. Et j’ai donné tant et plus. Je disais que c’était un vœu pour celui que j’aimais, et c’était vrai. Je demandais seulement de pouvoir regarder les plaies des lépreux. Ils doivent m’avoir crue folle… Qui donc veut voir de telles horreurs ? ! Mais moi, après avoir déposé mes offrandes à la limite des talus, je demandais à voir. Eux se tenaient au-dessus, moi plus bas ; ils étaient étonnés, moi dégoûtée. Tous, nous pleurions. J’ai regardé, regardé, regardé ! J’ai observé les corps couverts de squames, de croûtes, de plaies, les visages rongés, les cheveux blanchis et plus durs que des seimes, les yeux suintant de la pourriture, les joues laissant voir les dents, des crânes sur des corps vivants, les mains réduites à des griffes monstrueuses, des pieds comme des branches noueuses… puanteur, horreur, pourriture… Oh ! si j’ai péché en adorant la chair, si j’ai joui avec mes yeux, avec l’odorat, l’ouïe, le toucher, de ce qui était beau, parfumé, harmonieux, doux et lisse, oh ! je t’assure que mes sens sont désormais purifiés par la mortification de ces connaissances ! Mes yeux ont oublié la beauté séduisante de l’homme en contemplant ces monstres, mes oreilles ont expié la jouissance passée des voix viriles avec ces voix âpres, qui ne sont plus humaines, ma chair a frissonné, et mon odorat s’est révolté… Tout reste du culte en moi-même a disparu, car j’ai vu ce que l’on devient après la mort… Mais j’en suis revenue avec cette certitude : Lazare n’est pas lépreux. Sa voix n’est pas altérée, ses cheveux et toute sa pilosité sont intacts, et les plaies sont différentes. Il ne l’est pas, non ! Marthe me peine parce qu’elle ne me croit pas, parce qu’elle ne réconforte pas Lazare en le dissuadant de se croire impur. Tu vois ? Il ne veut pas te voir, maintenant qu’il sait que tu es ici, pour ne pas te contaminer. Les sottes peurs de ma sœur le privent même de ton réconfort !… »

Sa nature véhémente la porte à la colère. Mais, voyant que sa sœur, désolée, éclate en sanglots, sa colère tombe d’un coup et elle étreint Marthe en l’embrassant :

« Oh ! Marthe ! Pardon ! Pardon ! C’est la douleur qui me rend injuste ! C’est l’amour que j’ai pour toi et Lazare qui voudrait vous convaincre ! Ma pauvre sœur ! Pauvres femmes que nous sommes !

– Allons ! Ne pleurez pas ainsi. Vous avez besoin de paix et de compassion mutuelle pour vous et pour lui. Lazare, du reste, n’est pas lépreux, c’est moi qui vous le déclare.

– Oh ! viens le voir, Seigneur. Qui mieux que toi peut juger s’il est lépreux ? supplie Marthe.

– Ne t’ai-je pas déjà affirmé qu’il ne l’est pas ?

– Si, mais comment peux-tu le dire, si tu ne le vois pas ?

– Ah ! Marthe ! Marthe ! Dieu te pardonne parce que tu souffres et que tu es comme en délire ! J’ai pitié de toi et je vais voir Lazare, je découvrirai ses plaies et…

– Et tu vas le guérir ! s’écrie Marthe en se relevant.

– Je t’ai déjà dit d’autres fois que je ne puis le faire… Mais je vous donnerai la paix de vous savoir en règle avec la loi sur les lépreux.

519.6

Allons-y… »

Et il se dirige le premier vers la maison en faisant signe à ses apôtres de ne pas le suivre.

Marie court en avant, ouvre une porte, traverse en courant un couloir, en ouvre une autre qui donne sur une petite cour intérieure, y fait quelques pas et entre dans une pièce à demi-obscure encombrée de bassins, de petits vases, d’amphores, de bandes… Une odeur mélangée d’arômes et de décomposition prend le nez. Il y a une porte en face de la première, et Marie l’ouvre en criant d’une voix qui veut être lumineuse de joie :

« Voici le Maître. Il vient te dire que j’ai raison, mon frère. Allons, souris, car il entre, celui qui est notre amour et notre paix ! »

Et elle se penche sur son frère, le redresse sur ses oreillers, l’embrasse, sans souci de l’odeur qui, malgré tous les palliatifs, se dégage du corps couvert de plaies. Elle est encore courbée pour l’arranger que déjà la douce salutation de Jésus résonne dans la pièce ; aussitôt celle-ci, envahie par une pâle lumière, semble devenir lumineuse du seul fait de la divine présence.

« Maître, tu n’as pas peur… ? Je suis…

– Malade ! Rien de plus. Lazare, si les règles ont été données, de façon si large et avec une telle sévérité, c’est par une mesure compréhensible de prudence. Il vaut mieux exagérer en fait de prudence que l’inverse, dans certains cas de maladies contagieuses. Mais tu n’es pas contagieux, mon pauvre ami, tu n’es pas impur, de sorte que je ne pense pas manquer à la prudence envers mes frères si je t’embrasse ainsi. »

Et il lui donne un baiser en prenant le corps émacié dans ses bras.

« Tu es vraiment la Paix, toi ! Mais tu n’as pas encore tout vu. Voilà Marie qui découvre l’horreur. Je suis déjà un mort, Seigneur. Je ne sais pas comment mes sœurs peuvent tenir… »

Je ne saurais pas moi non plus y résister, tant sont effrayantes et répugnantes les plaies qui se sont formées le long des varices des jambes. Tandis que les mains splendides de Marie travaillent avec légèreté sur elles, elle répond de sa merveilleuse voix:

« Tes maux sont des roses pour tes sœurs, des roses épineuses seulement parce que tu souffres. Voici, Maître. Tu vois ? Cela ne ressemble pas à la lèpre !

– C’est vrai. C’est un grand mal qui te consume, mais il n’y a pas de danger. Crois ton Maître ! Recouvre-le, Marie, j’ai vu.

– Et… tu ne le touches donc pas ? soupire Marthe, dont l’espérance est tenace.

– Il ne faut pas. Non pas par dégoût, mais pour ne pas irriter les plaies. »

Marthe se penche, sans insister davantage, sur un bassin qui contient du vin ou du vinaigre aromatisé, et elle y plonge des linges qu’elle passe à sa sœur. Des larmes muettes tombent dans le liquide rougeâtre…

Marie enveloppe les pauvres jambes et étend de nouveau les couvertures sur les pieds de son frère, déjà inertes et jaunâtres comme ceux d’un mort.

519.7

– Tu es seul ?

– Non, avec tous, excepté Judas, qui est resté à Jérusalem et qui viendra plus tard… D’ailleurs, si je suis déjà parti, vous l’enverrez à Bethabara. J’y serai, qu’il m’y attende.

– Tu t’en vas bientôt….

– Je reviendrai vite. D’ici peu, c’est la Dédicace. Je serai chez toi à cette époque.

– Je ne pourrai t’honorer pour les Encénies…

– Je serai à Bethléem, ce jour-là. J’ai besoin de revoir mon berceau…

– Tu es triste… Je le sais… Ah ! ne rien pouvoir !

– Je ne suis pas triste. Je suis le Rédempteur… Mais tu es fatigué. Ne lutte pas contre le sommeil, mon ami.

– C’était pour te faire honneur…

– Dors, dors. Nous nous reverrons ensuite… »

Et Jésus se retire sans bruit.

« Tu as vu, Maître ? demande Marthe, une fois qu’ils sont sortis, dans la cour.

– J’ai vu, mes pauvres disciples… Je pleure avec vous… Mais en vérité, je vous confie que mon cœur a beaucoup plus de plaies que votre frère. Mon cœur est rongé par la douleur… »

Et il les regarde avec une si vive tristesse que les deux femmes oublient leur propre souffrance pour la sienne et, comme elles ne peuvent l’embrasser puisqu’elles sont des femmes, elle se bornent à baiser ses mains et son vêtement, et à vouloir le servir comme des sœurs dévouées.

Et en effet, elles le servent dans une petite salle en l’entourant d’affection.

Les fortes voix des apôtres se font entendre au-delà de la cour… Toutes, sauf la voix du mauvais disciple. Jésus écoute, et soupire… accablé, en attendant patiemment le fugitif.

519.1

Jesus dismisses the disciples Levi, Joseph, Matthias and John, whom He met I do not know where and to whom He entrusts the new disciple Sidonia named Bartholmai. This happens at the first houses in Bethany. And the shepherd disciples go away with the newcomer and with seven other men who were with them. Jesus looks at them go away, He then turns around to look at His apostles and He says: «And now let us wait here for Judas of Simon…»

«Ah! You noticed that he has gone?» say the others who are sur­prised. «We thought that You were not aware of it. There was such a large crowd. And You were speaking all the time, first with the young man and then with the shepherds…»

«I noticed that he had gone from the very first moment. Nothing escapes My notice. That is why I went to some friendly houses, tell­ing them to send Judas to Bethany, if he should look for Me…»

«God forbid!» grumbles the other Judas between his teeth.

Jesus looks at him, but pretends that He has not heard, and He goes on, speaking to everybody, as He sees that they are all of the same opinion as Thaddeus (faces, at times, speak better than words): «This will be a good rest while waiting for his return. It will be of comfort to everybody. Then we will go towards Tekoah. The weather is cold but it is clearing up. I will evangelize that town, then we will come back up passing through Jericho and we will go to the other bank. The shepherds told Me that many sick people are looking for Me and I sent word that they need not set out on the journey, and that they should wait for Me there.»

«Well, let us go» says Peter with a sigh.

«Are you not glad to go to Lazarus’ house?» Thomas asks him.

«I am glad.»

«You don’t seem to be, the way you say it.»

«It is not because of Lazarus. It’s because of Judas…»

«You are a sinner, Peter» says Jesus admonishing him.

«I am. But… he, Judas of Kerioth, is he not a sinner since he goes away, is insolent and a torture?» bursts out Peter angrily, as he cannot stand the situation any longer.

«He is. But if he is, you must not be. None of us must be.

519.2

Remember that God will ask us, – I say: will ask us, because God the Father entrusted that man to Me before entrusting him to you – to account for what we did to redeem him.»

«And do You hope to succeed, Brother? I cannot believe it. You, I believe this, You know the past, the present and the future. So You cannot be mistaken about that man. And… But it is better if I don’t tell You the rest.»

«It is in fact a great virtue to be able to be silent. But you had bet­ter know that to foresee more or less exactly the future of a heart does not exempt anyone from persevering until the end to save a heart from being ruined. Do not fall into the fatalism of Pharisees who maintain that what is destined must take place and nothing can prevent what is destined from being accomplished, and with such reasoning they justify their sins and will justify their final act of hatred against Me. Many a time God awaits the sacrifice of a heart, that overcomes its nausea and indignation, its antipathy, even if justified, to rescue a spirit from the quagmire into which it is sinking. Yes, I tell you. Many times God, the Almighty, the Everything, waits for a creature, a mere nothing, to make or not to make a sacrifice, to say a prayer, in order to condemn or not condemn a spirit. It is never late, never too late, to try and hope to save a soul. And I will give you proof of that. Even on the threshold of death, when both the sinner and the just man who is anxious about him, are about to leave the Earth to appear at the first judgement of God, one can always save or be saved. Between the cup and the lips, says the proverb, there is always room for death. I instead say: between the extremity of agony and death there is always time to obtain forgiveness, for oneself or for those whom we want to be forgiven.»

Not one word is uttered by anybody.

519.3

Jesus, who by now has arrived at the heavy gate, calls a servant to have it opened. And He goes in and asks after Lazarus.

«Oh! Lord! See? I have just come back from gathering bay-leaves and the leaves of the camphor tree, and cypress-berries and other leaves and scented fruit to boil them with wine and resins, and prepare baths for our master with them. His flesh is coming off in bits and it is impossible to withstand the stench. You have come, but I do not know whether they will let You pass…» Lest the very air should hear, he lowers his voice to a whisper saying: «Now that it is no longer possible to conceal the sores, the mistresses do not receive anybody lest… You know… Lazarus is not really loved by many peopleBut many, and for many reasons, would be glad if… Oh! don’t let me think of this as it is the terror of the whole household.»

«And they are right. But do not be afraid. That misfortune will not take place.»

«But… will he be able to recover? A miracle of Yours…»

«He will not recover. But that will serve to glorify the Lord.»

The servant is disappointed… Jesus cures everybody but does nothing here!… But only a sigh expresses his thought. He then says: «I am going to the mistresses to announce You.»

Jesus is surrounded by the apostles who are interested in Lazarus’ conditions and are filled with dismay when Jesus in­forms them.

519.4

But the two sisters are about to arrive. Their flourishing, although different, beauty seems dulled with grief and with the fatigue of protracted watching at Lazarus’ bedside. Pale, humble, emaciated, their eyes, once so bright, tired, without rings or bracelets, wearing two dark grey dresses, they look more like maidservants than mistresses. They kneel down at a distance from Jesus, offering Him nothing but tears. Resigned, silent tears flow­ing from an internal source and enable to stop.

Jesus approaches them. Martha stretches out her hands whisper­ing: «Move away, Lord. We are really afraid by now that we have infringed the law on leprosy[1]. But we cannot, O God, we cannot have such an ordinance against our Lazarus! But please do not come near us, as we are unclean as we touch nothing but sores. We alone. Because we have kept everybody else away, and everything is placed on the threshold for us, and we take it and wash and burn things in the room next to our brother’s. See our hands? They are corroded by the caustic lime which we use for the vases we have to hand back to the servants. We think that by doing so we are less guilty» and she weeps.

Mary of Magdala, who has been silent so far, moans in her turn: «We should call the priest. But… I, I am the more guilty one because I oppose that and I say that it is not the dreadful cursed disease in Israel. It is not, it is not! But so many hate us and so much, that they would say it is. Your apostle Simon was declared a leper for much less!»

«You are neither priest nor doctor, Mary» says Martha sobbing.

«I am not. But you know what I have done to be certain of what I am saying.

519.5

Lord, I went and covered the whole valley of Hinnom, all Siloam, all the sepulchres near En Rogel. I went dressed as a maidservant, veiled, in the first light of dawn, loaded with foodstuffs, medicated waters, bandages and clothes. And I gave, I gave everything. I said that it was a vow I had made for him whom I loved. And it was true. I only asked to see the sores of the lepers. They must have thought that I was mad… Whoever wishes to see those horrors?! But after laying my offering at the edges of the crags, I asked to see. And they were above me, I was farther down; they were amazed, I was disgusted; they wept, and I wept; and I looked and looked! I looked at bodies covered with scales, with crusts, with sores, I looked at corroded faces, at white hair stiffer than bristles, at eyes exuding pus, at cheeks through which I could see teeth, at skulls on living bodies, at hands which had become claws of monsters, at feet resembling knobby branches… stench, horror, rottenness. Oh! if I sinned worshipping flesh, if I took delight in my senses of sight, smell, hearing, touch, in what was beautiful, scented, harmonious, soft and smooth, oh! I can assure you that my senses have been purified in the mortification of such sights! My eyes forgot the enticing handsomeness of man on con­templating those monsters, my ears expiated the past enjoyment of manly voices on hearing those harsh ones, no longer sounding like human voices, my body shuddered, my smell revolted… and all remainders of the cult of myself died, because I saw what we shall be after death… But I brought back with me this certitude: that Lazarus is not a leper. His voice is not injured, his hair and the hairy parts of his body are intact, and his sores are different. No, he is not a leper! And Martha distresses me because she will not believe, because she does not comfort Lazarus by dissuading him from believing that he is unclean. See? He does not want to see You now that he knows that You are here, lest he should infect You: The foolish fears of my sister are depriving him also of Your comfort!…»

Her passionate nature makes her angry. But when she sees that her sister bursts into tears weeping desolately, her impetuosity abates at once and she embraces and kisses Martha, saying: «Oh! Martha! Forgive me! Grief is making me unfair! It’s my love for you and Lazarus that wants to convince you! My poor sister! What poor women we are!»

«Now, now do not weep so! You are in need of peace and mutual compassion, for your own sake and for his. Lazarus, in any case is not leprous, I tell you.»

«Oh! come to him, Lord. Who can judge better than You whether he is leprous?» says Martha imploringly. «Have I not already told you that he is not?»

«Yes. But how can You say so if You do not see him?»

«Oh! Martha! Martha! God forgives you because you are in pain and you are like one whose mind is raving! I feel sorry for you and I will go to Lazarus and uncover his sores and…»

«and You will cure them!!!» shouts Martha standing up.

«I have already told that I cannot do it… But I will put your minds at rest, as you will know that you have not infringed the law concerning lepers.

519.6

Let us go…»

And He is the first to see out towards the house beckoning to His apostles not to follow Him.

Mary runs ahead, she opens a door, runs along a corridor, opens another door which leads into a small internal yard, and after a few steps she enters a semidark room encumbered with basins, small vases, amphorae, bandages… A mixed odour of spices and putrefaction is perceived. There is a door opposite the first one and Mary opens it shouting in a voice that endeavours to be bright and joyful: «Here is the Master. He has come to tell you that I am right, my dear brother. Cheer up and smile because our love and peace is coming in!» and she bends over her brother, lifts him on the pillows kisses him heedless of the smell that in spite of palliatives exhales from the ulcerated body, and she is still bent tidying him, when Jesus’ kind greeting resounds in the room, which, enveloped in a faint light, seems to brighten up because of the divine presence.

«Master, You are not afraid… I am…»

«You are ill! Nothing else. Lazarus, the rules have been laid down, so comprehensive and severe, out of an understandable sense of prudence. It is better to be exceedingly prudent than im­prudent in certain cases, such as catching diseases. But you are not infectious, My poor dear friend, you are not unclean. And in fact I do not think that I lack prudence towards My brothers if I embrace you and kiss you thus» and He kisses him taking his emaciated body in His arms.

«You really are Peace! But You have not yet seen me. Mary will now uncover the horror. I am already a dead body, Lord. I do not know how my sisters can stand…»

I would not know either, so frightening and disgusting are the sores near the varicose veins of his legs. Mary’s beautiful hands massage them lightly while in her wonderful voice she replies: «Your ills are roses for your sisters. Only because you suffer they are thorny roses. Here it is, Master. See? Leprosy is not like that!»

«No, it is not. It is a bad disease and it consumes you, but it is not dangerous. Believe your Master! You may cover him, Mary. I have seen.»

«Are You really not going to touch him?» asks Martha with a sigh, persevering in hope.

«It is not necessary. Not because of disgust, but to avoid ir­ritating the sores.»

Martha, without insisting any more, bends over a basin containing spicy wine or vinegar and dips some linens into it and then hands them to her sister. Silent tears drop into the reddish liquid…

Mary bandages the poor legs and lays the blankets once again on Lazarus’ feet, which are as motionless and yellowish as those of a dead man.

519.7

«Are You alone?»

«No. They are all with Me, except Judas of Kerioth who stayed in Jerusalem, and will come… Nay, if I have already left, send him to Bethabara. I shall be there. And tell him to wait for Me there.»

«You are going away soon…»

«And I shall be back soon. It will soon be the Feast of the Dedica­tion. I shall be with you those days.»

«I shall not be able to honour You at the Feast of the Lights…»

«I shall be in Bethlehem on that day. I must see My cradle once again…»

«You are sad… I know… Oh! and I can do nothing!»

«I am not sad. I am the Redeemer… But you are tired. Do not strive to keep awake, My dear friend.»

«It was to honour You…»

«Sleep. We shall meet later…» and Jesus withdraws silently.

«Have You seen, Master?» asks Martha, outside, in the yard. «Yes, I have. My poor disciples… I weep with you… But I truly confide to you that My heart is much more ulcerated than your brother. Grief gnaws at My heart…» and He looks at them with such deep sadness that they forget their sorrow because of His, and as their being women prevents them from embracing Him, they confine themselves to kissing His hands and tunic and to serving Him as loving sisters. And they serve Him in a little room, and overwhelm Him with their love.

The loud voices of the apostles can be heard from beyond the yard… All of them, except the voice of the bad disciple. And Jesus listens and sighs… He sighs awaiting the fugitive patiently.


Notes

  1. la loi sur la lèpre se trouve en Lv 13-14. L’Œuvre en fait souvent mention (dès la rencontre de Simon le Zélote, en 54.2). Elle en cite à plusieurs reprises les principes (comme dans la parabole de 245.5). Considérée comme une des maladies les plus terribles pour l’homme, la lèpre pouvait être vue jusque dans les vêtements (Lv 13, 47-59) et sur les murs des maisons (Lv 14, 33-53). Jésus en fait le sujet d’une parabole et d’un avertissement en 369.2.5.

Notes

  1. law on leprosy, which is in: Leviticus 13-14.