Los Escritos de Maria Valtorta

555. Enseignement nocturne à Simon-Pierre sur l’examen

555. Lección nocturna a Simón Pedro sobre el perdón de los pecados y sobre el dolor de los santos y de los inocentes.

555.1

Jésus est seul dans une petite pièce. Assis sur sa couche, il réfléchit ou il prie. Un lumignon à huile sur une étagère éclaire la pièce de sa petite flamme jaunâtre palpitante. Il doit faire nuit, car on n’entend pas un bruit dans la maison ni sur le chemin. Seul le torrent, à l’extérieur, paraît gronder plus fort dans le silence de la nuit.

Jésus lève la tête pour regarder la porte. Il écoute, se lève, va ouvrir, et voit Pierre dehors.

« Toi ici ? Viens. Que veux-tu, Simon ? Tu es encore debout, toi qui as tant de route à faire ? »

Il le prend par la main, l’attire à l’intérieur, referme la porte sans bruit, puis il le fait asseoir près de lui, sur le bord du lit.

« Je voulais te dire, Maître… oui, je voulais te dire que tu as vu aujourd’hui encore ce que je vaux. Je ne suis pas capable d’autre chose que d’amuser des enfants, de consoler une vieille femme, de rétablir la paix entre deux bergers en désaccord à cause d’une agnelle qui a perdu son lait. Je suis un pauvre homme, si bête que je ne comprends même pas ce que tu m’expliques. Mais c’est une autre chose. Maintenant, je voulais te demander de me garder ici, justement pour cette raison. Moi, je ne tiens pas à partir quand tu n’es pas avec nous. Et je ne sais pas m’y prendre… Accepte, Seigneur ! »

Pierre parle avec chaleur, mais en tenant les yeux fixés sur les carreaux grossiers et ébréchés du pavage.

« Regarde-moi, Simon » ordonne Jésus. Et comme Pierre obéit, Jésus le regarde intensément avant de lui demander : « Et c’est tout ? C’est pour cette seule raison que tu veilles ? C’est tout ce qui explique pourquoi tu demandes à rester ici ? Sois sincère, Simon. Ce n’est pas murmurer que de confier à ton Maître toute ta pensée. Il faut savoir distinguer entre parole oiseuse et parole utile. Une parole oiseuse — et c’est généralement dans l’oisiveté que fleurit le péché —, c’est par exemple rapporter les manquements d’autrui à quelqu’un qui n’y peut rien. Il s’agit tout simplement d’un manque de charité, même si ce qui est révélé est vrai. De même, c’est un manque de charité de faire des reproches plus ou moins acerbes sans y joindre un conseil. Et je parle des reproches justifiés. Les autres sont injustes, et sont des péchés contre le prochain. Mais quand on voit son prochain mal agir et qu’on en souffre, parce qu’en péchant il offense Dieu et fait du tort à son âme, quand on se rend compte que par soi-même on n’est pas capable d’estimer la portée du péché d’autrui, et qu’on ne se sent pas assez sage pour dire une parole qui puisse convertir, et qu’alors on s’adresse à un juste, à un sage, pour lui partager son souci, alors on ne commet pas de péché : en effet, le but de ces confidences est de mettre fin à un scandale et de sauver une âme. C’est comme si une personne avait un parent souffrant d’une maladie répugnante : elle cherchera certainement à la tenir cachée au peuple, mais en secret, elle ira dire au médecin : “ D’après moi, mon parent a telle ou telle maladie, mais je ne suis capable ni de le conseiller ni de le soigner. Viens toi-même, ou dis-moi ce que je dois faire. ” Cette personne manque-t-elle donc d’amour envers son parent ? Non, au contraire ! Elle en manquerait si elle feignait de ne pas s’apercevoir de la maladie et la laissait se développer jusqu’à la mort, par un sentiment mal compris de prudence et d’amour.

555.2

Un jour — mais pas dans des années —, tes compagnons et toi devrez écouter les confidences des cœurs, non pas comme vous le faites maintenant en tant qu’hommes, mais comme prêtres, c’est-à-dire médecins, maîtres et pasteurs des âmes, de la même manière que je suis moi-même Médecin, Maître et Pasteur. Vous devrez écouter, décider et conseiller. Votre jugement aura la même valeur que si Dieu en personne l’avait prononcé… »

Pierre se détache de Jésus, qui le tenait serré contre lui, et il dit en se levant :

« Ce n’est pas possible, Seigneur. Ne nous impose jamais cela. Comment veux-tu que nous jugions comme Dieu, si nous ne savons même pas juger comme hommes ?

– Vous saurez vous y prendre à ce moment-là, car l’Esprit de Dieu planera sur vous et vous pénétrera de ses lumières. Vous saurez juger en considérant les sept conditions des faits que l’on viendra vous soumettre pour obtenir un conseil ou le pardon. Ecoute bien, et essaie de t’en souvenir. A cette époque, l’Esprit de Dieu te rappellera mes paroles. Mais toi, cherche de ton côté à te rappeler avec ton intelligence, puisque Dieu te l’a donnée pour que tu la mettes en œuvre sans paresse ni présomption spirituelle qui portent à attendre et à exiger tout de Dieu. Quand tu seras maître, médecin et pasteur à ma place et dans mon rôle, et quand un fidèle viendra pleurer à tes pieds les troubles dûs à ses actes ou à ceux d’autrui, tu devras toujours garder à l’esprit l’ensemble de ces sept questions.

Qui : qui a péché ?

Quoi : quelle est la matière du péché ?

Où : en quel lieu ?

Comment : en quelles circonstances ?

Avec quoi ou avec qui : l’instrument ou la personne qui a été la matière du péché ?

Pourquoi : quelles sont les impulsions qui ont rendu la situation favorable au péché ?

Quand : dans quelles conditions ou avec quelles réactions, et si c’est accidentellement ou par suite d’habitudes malsaines ?

En effet, tu vois, Simon, la même faute peut avoir des nuances et des degrés infinis en fonction des circonstances qui l’ont permise et des individus qui l’ont accomplie. Par exemple… Considérons deux péchés parmi les plus répandus, celui de la concupiscence charnelle et celui de la concupiscence des richesses.

Une personne a commis un péché de luxure, ou croit l’avoir commis. Car parfois l’homme confond le péché et la tentation, ou bien il porte le même jugement sur des excitations créées artificiellement par un désir malsain, et les pensées qui s’élèvent par la réaction d’une souffrance maladive, ou aussi parce que parfois la chair et le sang ont des appels imprévus qui résonnent dans l’âme avant qu’elle ait le temps de se mettre en garde pour les étouffer. Il vient te dire : “ J’ai péché par luxure. ” Un prêtre imparfait répondrait : “ Anathème sur toi. ” Mais toi, mon Pierre, tu ne dois pas tenir ce langage. Car tu es le Pierre de Jésus, tu es le successeur de la Miséricorde. Alors, avant de condamner, tu dois examiner et toucher doucement et prudemment le cœur qui pleure devant toi pour connaître tous les aspects de la faute réelle ou supposée, ou du scrupule.

J’ai dit : doucement et prudemment. Rappelle-toi toujours que tu n’es pas seulement maître et pasteur, tu es aussi médecin. Le médecin n’envenime pas les plaies. Prompt à couper si la gangrène s’est installée, il sait pourtant découvrir et soigner d’une main légère s’il y a seulement une blessure avec déchirure de parties vivantes qu’il faut rassembler, et non arracher. Rappelle-toi toujours que tu n’es pas seulement médecin et pasteur, tu es aussi maître. Un maître adapte sa manière de s’exprimer à l’âge de ses disciples. Il serait scandaleux, le pédagogue qui révélerait à de jeunes enfants les lois animales que les innocents ignorent en leur donnant ainsi des connaissances et des malices prématurées. Quand on s’occupe des âmes, c’est avec prudence qu’on doit les interroger. Il faut se respecter et respecter les autres.

Cela te sera facile si, en toute âme, tu vois un fils. Un père est naturellement le maître, le médecin et le guide de ses enfants. Aussi, quelle que soit la personne qui se trouve devant toi, troublée par une faute ou par la crainte d’avoir péché, aime-la d’un amour de père, et tu sauras juger sans blesser et sans scandaliser.

555.3

Tu me suis ?

– Oui, Maître, je comprends très bien. Je devrai être prudent et patient, convaincre qu’il faut découvrir les blessures, mais les discerner par moi-même, sans attirer l’attention d’autrui sur elles, et c’est seulement quand je verrai qu’il y a réellement blessure que je pourrai dire : “ Tu vois ? Tu t’es fait du mal pour telle ou telle raison. ” Mais si je vois que la personne redoute seulement de s’être blessée, parce qu’elle s’est fait des idées, alors… écarter les nuages sans donner, par un zèle inutile, des lumières qui pourraient éclairer de vraies sources de fautes. Est-ce que j’ai raison ?

– Tout à fait. Donc, si quelqu’un vient t’avouer : “ J’ai commis un péché de luxure ”, examine qui tu as en face de toi. Certes, le péché peut se produire à tout âge. Mais on le rencontre plus facilement chez un adulte que chez un enfant, et différentes seront les questions à poser et les réponses à donner selon qu’il s’agit de l’un ou de l’autre. Après cette première enquête, vient la deuxième sur la matière du péché, puis la troisième sur le lieu, la quatrième sur les circonstances, la cinquième sur les complices éventuels, la sixième sur la raison qui l’a provoqué, et la septième sur le moment et le nombre de fois.

Alors que pour un adulte, et un adulte vivant dans le monde, à chaque question tu verras correspondre une circonstance qui prouve la réalité de la faute, tu te rendras généralement compte que, dans le cas d’enfants en âge ou en esprit, il te faudra répondre à de nombreuses questions : “ Il n’y a ici que de la fumée, mais pas de faute réelle. ” Parfois même, tu discerneras, au lieu de fange, un lys qui tremble d’avoir été éclaboussé par la boue et qui confond la goutte de rosée descendue dans son calice avec cette souillure. Ce sont des âmes si désireuses du Ciel, qu’elles craignent que soit une tache une simple ombre de nuage qui les place un instant dans l’obscurité en s’interposant entre elles et le soleil, puis passe sans laisser de traces sur leur candide corolle. Ces âmes sont tellement innocentes et désireuses de le rester, que Satan les effraie par des imaginations ou en excitant l’aiguillon de la chair ou la chair elle-même, en profitant de réelles maladies de la chair. Ces âmes doivent être consolées et soutenues, car ce ne sont pas des pécheresses mais des martyres. Ne l’oublie jamais.

Et souviens-toi toujours de juger même ceux qui pèchent par avidité pour les richesses ou autres biens d’autrui de la même manière. Mais il faut du discernement : c’est une faute maudite d’être avide et sans pitié en volant le pauvre, et contre la justice en faisant tort aux citoyens, aux serviteurs ou aux peuples ; mais moins grave, beaucoup moins grave est la faute de celui à qui on a refusé du pain et qui en dérobe au prochain pour passer sa faim et celle de ses enfants. Rappelle-toi, aussi bien pour le luxurieux que pour le voleur, qu’il faut de la mesure quand on juge le nombre des fautes, les circonstances et leur gravité, et encore de la mesure pour juger du degré de connaissance du pécheur pour le péché commis, au moment où il le commettait. En effet, celui qui agit en pleine connaissance de cause pèche davantage que celui qui le fait par ignorance, et celui qui agit en y consentant librement pèche davantage que celui qui est poussé au péché. En vérité, je te dis que certains actes auront beau avoir l’apparence du péché, ils seront un martyre et obtiendront la récompense promise.

Et rappelle-toi surtout, dans tous les cas, avant de condamner, que toi aussi tu as été un homme et que ton Maître, que personne n’a jamais pu trouver en état de péché, n’a jamais condamné personne qui s’est repenti d’avoir péché.

Pardonne soixante-dix-sept fois sept fois, et même soi­xante-dix-sept fois soixante-dix-sept fois, les péchés de tes frères et de tes enfants. Car fermer les portes du salut à un malade, uniquement parce qu’il est retombé dans sa maladie, c’est vouloir le faire mourir.

555.4

As-tu compris ?

– Oui, tout à fait…

– Alors, dis-moi le fond de ta pensée.

– Eh oui ! Je te le dis parce que je vois que tu connais vraiment tout, et je comprends que ce n’est pas ronchonner que de te prier d’envoyer Judas à ma place, car il souffre de ne pas y aller. Je te le rapporte, non pour l’accuser d’être envieux et me scandaliser à son propos, mais pour lui donner la paix et… te donner la paix, car cela doit être bien pénible pour toi d’avoir toujours à tes côtés ce vent d’orage…

– Judas s’est encore plaint ?

– Oui… Il a déclaré que chaque mot de toi le blesse. Même ce que tu as dit pour les enfants. Il assure que c’est en pensant à lui que tu as affirmé qu’Eve s’est approchée de l’arbre parce qu’elle était attirée par ce qui y scintillait comme une couronne de roi. Moi, vraiment, je n’avais trouvé aucun rapport. Mais je suis ignorant. Barthélemy et Simon le Zélote, au contraire, ont estimé que Judas a été “ piqué au vif ”, car il est ensorcelé par tout ce qui brille et séduit la vanité. Et ils pourraient bien avoir raison, car ils sont sages. Sois bon avec tes pauvres apôtres, Maître ! Fais plaisir à Judas, et à moi avec lui. De toutes façons, tu le vois, je sais seulement amuser les enfants… et être un enfant dans tes bras. »

Il se serre contre son Jésus, qu’il aime vraiment de toutes ses forces.

« Non. Je ne puis te faire ce plaisir. N’insiste pas. C’est toi qui pars en mission, justement parce que tu es tel que tu es. Judas, justement parce qu’il est tel qu’il est, reste ici. Mon frère aussi m’en avait parlé, et malgré mon amour pour lui, je lui ai répondu “ non ”. Même si ma Mère m’en priait, je ne céderais pas. Ce n’est pas une punition, mais un remède. Et Judas doit le prendre. Si cela ne sert pas à son âme, cela servira à la mienne, car je ne pourrai pas me reprocher d’avoir omis quelque chose pour le sanctifier. »

Jésus a parlé sur un ton sévère, impérieux. Pierre laisse retom­ber les bras et baisse la tête en soupirant.

« Ne sois pas peiné, Simon. Nous aurons l’éternité pour être unis et nous aimer.

555.5

Mais tu avais autre chose à me dire…

– Il est tard, Maître. Tu dois dormir.

– Toi, plus que moi, Simon. Tu dois prendre la route à l’aube.

– Oh ! pour ma part… Etre ici avec toi me repose davantage que si j’étais au lit.

– Parle donc. Tu sais que, moi, je dors peu…

– Voilà ! Je suis une tête dure, je le sais et je le reconnais sans honte. Et si c’était pour moi, il m’importerait peu d’avoir beaucoup de connaissances, car je pense que la plus grande sagesse, c’est de t’aimer, te suivre et te servir de tout son cœur. Mais tu m’envoies ici et là ; les gens m’interrogent, et il faut bien que je leur réponde. Je pense que, ce que je te demande à toi, d’autres peuvent me le demander, car les hommes ont les mêmes pensées. Tu disais[1] hier que les innocents et les saints souffriront toujours, et même que ce seront eux qui souffriront pour tous. J’ai du mal à comprendre cela, d’autant plus que, d’après toi, eux-mêmes le désireront. Alors je pense que, puisque c’est difficile pour moi, ce peut l’être pour les autres. S’ils me questionnent, que dois-je répondre ? Dans ce premier voyage, une mère m’a dit : “ Il n’était pas juste que ma petite fille meure dans de telles souffrances, car elle était bonne et innocente. ” Ne sachant que répondre, je lui ai cité les paroles[2] de Job : “ Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. Que soit béni le nom du Seigneur. ” Mais je n’étais pas convaincu moi-même, et je ne l’ai pas convaincue. Je voudrais une autre fois savoir que dire…

– C’est juste.

555.6

Ecoute. Cela paraît être une injustice, or c’est une grande justice que les meilleurs souffrent pour tous. Mais, dis-moi un peu, Simon, qu’est-ce que la terre, toute la terre ?

– La terre ? Un espace grand, très grand, fait de poussière et d’eau, de roches, de plantes, d’animaux et de créatures humaines.

– Et puis ?

– Et puis c’est tout… à moins que tu ne veuilles que je dise qu’elle est pour l’homme un lieu de châtiment et d’exil.

– La terre est un autel, Simon, un autel immense. Elle devait être un autel de louange perpétuelle à son Créateur. Mais la terre est remplie de péchés. Elle doit donc être un autel de perpétuelle expiation, de sacrifice, sur lequel brûlent les hosties. La terre devrait, comme les autres mondes répandus dans la Création, chanter des psaumes à Dieu qui l’a faite. Regarde ! »

Jésus pousse les volets de bois et, par la fenêtre grand ouverte, entrent la fraîcheur de la nuit, la musique du torrent, les rayons de la lune, et on voit le ciel criblé d’étoiles.

« Regarde ces astres ! Ils chantent les louanges de Dieu, leur voix est lumière et mouvement dans les espaces infinis du firmament. Cela fait des millénaires que cette mélodie s’élève des champs bleus du ciel jusqu’au Ciel de Dieu. Nous pouvons considérer les astres et les planètes, les étoiles et les comètes comme des créatures sidérales qui, telles des prêtres, des lévites, des vierges et des fidèles sidéraux, doivent chanter dans un temple sans limites les louanges du Créateur. Ecoute, Simon : tu entends le bruissement de la brise dans les feuillages, et le clapotis de la rivière dans la nuit. La terre aussi chante, comme le ciel, avec les vents, l’eau, le pépiement des oiseaux et le bruit des animaux. Mais si la lumineuse louange des astres qui le peuplent suffit au firmament, ce n’est pas assez du chant des vents, des eaux et des bêtes, pour le Temple qu’est la terre. Car, à côté des vents, des eaux et des animaux qui chantent inconsciemment les louanges de Dieu, la terre est habitée par l’homme. Or l’homme est la créature parfaite, au-dessus de tout ce qui est vivant, dans le temps et dans le monde ; il est fait de matière comme les animaux, les minéraux et les plantes, et d’esprit comme les anges du Ciel ; comme ces derniers, il est destiné, s’il reste fidèle dans l’épreuve, à connaître et à posséder Dieu, par la grâce d’abord, au Paradis ensuite. L’homme, cette synthèse qui embrasse tous les états[3], a une mission que les autres créatures n’ont pas et qui devrait être pour lui, non pas un devoir seulement, mais une joie : aimer Dieu. Rendre intelligemment et volontairement un culte d’amour à Dieu, en retour de l’amour qu’il a montré à l’homme en lui donnant la vie, puis le Ciel après la vie. Rendre un culte intelligent.

Réfléchis, Simon : quel profit Dieu retire-t-il de la création ? Aucun. La création n’accroît pas Dieu, elle ne le sanctifie pas, elle ne l’enrichit pas. Il est infini, et il l’aurait été même si la création n’avait pas existé. Mais Dieu-Amour voulait être aimé, et il a créé dans ce but. C’est seulement de l’amour que Dieu peut recevoir de la création, et cet amour, qui est intelligent et libre uniquement chez les anges et les hommes, fait la gloire de Dieu, la joie des anges, la religion pour les hommes. Si, un jour, il ne s’élevait plus louanges et supplications d’amour de ce grand autel qu’est la terre, celle-ci cesserait d’exister. Car, une fois l’amour éteint, la réparation le serait également, et la colère de Dieu anéantirait l’enfer que serait devenue la terre. Elle doit donc aimer pour exister. En outre, elle doit être le Temple qui aime et prie avec l’intelligence des hommes. Mais dans le Temple, dans tout temple, quelles victimes offre-t-on ? Les victimes pures, sans tache ni tare. Elles seules sont agréables au Seigneur, avec les prémices, puisqu’il faut donner ce qu’il y a de mieux au père de la famille et à Dieu, le Père de la famille humaine, les prémices de toutes choses et ce qui est excellent.

555.7

Mais j’ai dit que la terre a un double devoir de sacrifice : celui de la louange et celui de l’expiation. En effet, l’humanité qui l’habite a péché en ses premiers parents et continue de le faire, ajoutant au péché de manque d’amour pour Dieu les mille autres fautes que constituent ses attachements aux tentations du monde, de la chair et de Satan. Coupable, coupable humanité qui, bien qu’elle ait la ressemblance avec Dieu, et en propre l’intelligence ainsi que des secours divins, ne cesse d’être pécheresse, et toujours plus. Les astres obéissent, les plantes obéissent, les éléments obéissent, les animaux obéissent et, comme ils le peuvent, louent le Seigneur. Les hommes n’obéissent pas et ne louent pas suffisamment le Seigneur. Il en découle la nécessité d’âmes hosties qui aiment et expient pour tous. Ce sont les enfants qui, innocents et ignorants, paient l’amer châtiment de la douleur pour ceux qui ne savent que pécher ; ce sont les saints qui se sacrifient volontairement pour tous.

D’ici peu — un an ou un siècle, c’est toujours “ peu ” par rapport à l’éternité —, on ne célébrera plus d’autres holocaustes sur l’autel du grand Temple de la terre que celui des victimes humaines, consumées avec le sacrifice perpétuel : ce seront des hosties unies à l’Hostie parfaite. Ne sois pas bouleversé, Simon. Je ne dis pas que j’établirai un culte semblable à celui de Moloch, de Baal et d’Astarté. Ce sont les hommes eux-mêmes qui nous immoleront. Tu comprends ? Ils nous immoleront. Et nous irons joyeusement à la mort, afin d’expier et d’aimer pour tous. Puis viendront les temps où les hommes n’immoleront plus les hommes. Mais il y aura toujours des victimes pures que l’amour — l’amour de Dieu et l’amour pour Dieu — consumera avec la grande Victime dans le Sacrifice perpétuel. En vérité, elles seront les hosties du temps et du Temple à venir. Ce qui plaît à Dieu, ce ne sont pas les agneaux et les boucs, les veaux et les colombes, mais le sacrifice du cœur. David en a eu l’intuition[4]. Et dans le temps nouveau, temps de l’esprit et de l’amour, seul ce sacrifice sera agréable.

Considère, Simon, que si un Dieu a dû s’incarner pour apaiser la Justice divine pour le grand Péché, pour les nombreux péchés des hommes, dans le temps de la vérité seuls les sacrifices des esprits des hommes pourront apaiser le Seigneur. Tu penses : “ Mais pourquoi le Très-Haut a-t-il donné l’ordre[5] d’immoler les petits des animaux et les fruits des plantes ? ” Je te réponds : parce que, avant ma venue, l’homme était un holocauste souillé, et parce qu’on ne connaissait pas l’Amour. Désormais, il sera connu. Com­me j’aurai rendu à l’homme la grâce par laquelle il peut connaître l’Amour, il sortira de sa léthargie, il se souviendra, comprendra, vivra, et prendra la place des boucs et des agneaux, devenant hostie d’amour et d’expiation, pour imiter son Maître et Rédempteur. La souffrance, jusqu’à présent châtiment, se changera en amour parfait, et bienheureux seront ceux qui l’embrasseront pour cette raison.

– Mais les enfants…

– Tu veux dire ceux qui ne savent pas encore s’offrir… Sais-tu quand Dieu parle en eux ? Le langage de Dieu est d’ordre spirituel. L’âme le comprend, or elle n’a pas d’âge. Pour ce qui est de la capacité à comprendre Dieu, je vais même jusqu’à affirmer que l’âme d’un enfant, étant sans malice, est plus adulte que celle d’un vieillard pécheur. Je t’affirme, Simon, que tu vivras assez pour voir de nombreux petits enseigner aux adultes, et aussi à toi-même, la sagesse de l’amour héroïque. Mais en ces petits qui décèdent de mort naturelle, c’est Dieu qui opère directement, pour les raisons d’un amour si élevé que je ne puis te l’expliquer, car elles découlent des sagesses écrites dans les livres de la Vie et qui ne seront lues qu’au Ciel par les bienheureux. Lues, ai-je dit, mais en vérité, il suffira de regarder Dieu pour connaître non seulement Dieu, mais aussi son infinie sagesse…

555.8

Nous avons fait venir le coucher de la lune, Simon… L’aube sera bientôt là, et tu n’as pas dormi…

– Peu importe, Maître. Pour quelques heures de sommeil que j’ai perdues, j’ai acquis beaucoup de sagesse, et je suis resté avec toi. Mais, si tu le permets, je m’en vais maintenant, non pour dormir, mais pour méditer sur tes paroles. »

Il est déjà près du seuil, sur le point de sortir, quand il s’arrête, l’air pensif :

« Encore une précision, Maître : est-il juste que, à une personne qui souffre, je dise que la douleur n’est pas un châtiment mais une… grâce, quelque chose comme… comme notre vocation, belle même si elle est difficile, belle même si elle peut paraître rebutante et triste à l’ignorant ?

– Tu peux dire cela, Simon. C’est la vérité. La douleur n’est pas un châtiment quand on sait l’accueillir et en user avec justice. La souffrance est comme un sacerdoce, Simon, un sacerdoce ouvert à tous, un sacerdoce qui donne un grand pouvoir sur le cœur de Dieu, ainsi qu’un grand mérite. Né avec le péché, il peut apaiser la Justice. En effet, Dieu sait faire servir au bien même ce que la Haine a créé pour faire souffrir. Moi, je n’ai pas voulu d’autre moyen pour effacer la Faute, car il n’y a pas de moyen plus grand que celui-là. »

555.1

15 de enero de 1947.

Jesús está solo en una pequeña habitación. Sentado en el lecho, piensa u ora. Palpita la llamita amarillenta de una lamparita de aceite colocada encima de un estante. Debe ser de noche porque no hay ningún ruido ni en la casa ni en la calle. Lo único es el torrente, cuyo susurro parece más fuerte afuera, en medio del silencio de la noche.

Jesús levanta la cabeza y mira a la puerta. Escucha. Se levanta y va a abrir. Ve a Pedro al otro lado de la puerta. «¿Tú? Ven. ¿Qué quieres, Simón? ¿Todavía levantado, con tanto camino como debes recorrer?». Le ha cogido de la mano y le ha introducido en la habitación, cerrando luego la puerta sin hacer ruido. Le indica que se siente a su lado en la orilla del lecho.

«Quería decirte, Maestro... Sí, quería decirte que... ya has visto también hoy para lo que valgo: soy capaz sólo de hacerse divertir a unos pobres niños, de consolar a una viejecita, de pacificar a dos pastores que discuten por una cordera que ha resultado tener el pecho ciego. Soy un pobre hombre. Tan pobre, que no comprendo siquiera lo que me explicas. Pero, éste es otro asunto. Lo que quería decirte ahora era que, precisamente por esto, me dejaras aquí. No me entusiasma el ir por ahí predicando, cuando Tú no estás con nosotros; y además no sé hacerlo... Concédeme esto, Señor». Pedro habla con calor, pero teniendo los ojos fijos sobre las toscas baldosas descantilladas del suelo.

«Mírame, Simón» ordena Jesús. Y, dado que Pedro obedece, Jesús le mira fija y agudamente y pregunta: «¿Y esto es todo? ¿Todo el motivo de estar en vela? ¿Todo el motivo de pedir que te deje aquí? Sé sincero, Simón. No es murmurar el decir a tu Maestro la otra parte de tu pensamiento. Hay que saber distinguir entre palabra ociosa y palabra útil. Es ociosa —y generalmente en el ocio florece el pecado— cuando se habla de los defectos ajenos con quien nada puede sobre ellos. En ese caso, es simplemente falta de caridad, aunque las cosas dichas fueran verdaderas; como es falta de caridad hacer reproches más o menos acerbos sin unir al reproche el consejo. Y me refiero a reproches justos; los otros, son injustos y son pecado contra el prójimo. Pero cuando uno ve que su prójimo peca, y sufre por ello porque, pecando, ese prójimo suyo ofende a Dios y perjudica su alma; y siente que por sí solo no es capaz de medir la entidad del pecado ajeno, y no se siente lo suficientemente sabio como para decir palabras de conversión, y entonces se dirige a un justo, a un sabio, y le confía su preocupación, entonces no comete pecado, porque sus confidencias están dirigidas a poner fin a un escándalo y a salvar un alma. Es como uno que tuviera un pariente con una enfermedad de carácter vergonzoso. Está claro que tratará de que no lo sepa la gente, pero, en secreto, irá a decir al médico: “Mi pariente, según yo, tiene esto y esto, pero no sé ni aconsejarle ni curarle. Ven tú o dime qué tengo que hacer”. ¿Falta éste, acaso, contra el amor respecto a su pariente? No. Sí que faltaría si, por un mal entendido sentimiento de prudencia y amor, fingiera no darse cuenta de la enfermedad y dejara que ésta progresara y llevara a la muerte.

555.2

Un día —y no pasarán años— tú, y contigo tus compañeros, deberéis escuchar las confidencias de los corazones. No en la forma en que ahora las escucháis, como hombres; las escucharéis como sacerdotes, o sea, médicos, maestros y pastores de las almas, como Yo soy Médico, Maestro y Pastor. Deberéis escuchar y decidir y aconsejar. Vuestro juicio tendrá un valor como si Dios mismo lo hubiera pronunciado...».

Pedro se suelta de Jesús, que le tenía ceñido a su lado, y, levantándose, dice: «Eso no es posible, Señor. No nos impongas nunca eso. ¿Cómo quieres que juzguemos como Dios, si no sabemos ni siquiera juzgar como hombres?».

«Entonces sabréis, porque el Espíritu de Dios estará sobre vosotros y infundirá sus luces. Sabréis juzgar, considerando las siete condiciones de los hechos que os serán planteados para recibir consejo o perdón. Escucha bien y trata de recordar. En su día, el Espíritu de Dios te recordará mis palabras. Pero tú, de todas formas, trata de recordar con tu inteligencia, porque Dios te la ha dado para que la uses sin holgazanería ni presunción espirituales, que conducen o a esperar todo de Dios o a pretender todo de Él. Cuando seas Maestro, Médico y Pastor en mi lugar y haciendo mis veces, y cuando un fiel venga a llorar sus inquietudes a tus pies, sus desazones debidas a acciones propias o ajenas, tú deberás tener siempre presente este grupo de siete preguntas.

Quién: ¿Quién ha pecado? Qué: ¿Cuál es la materia del pecado? Dónde: ¿En qué lugar? Cómo: ¿En qué circunstancias? Con qué o con quién: El instrumento o la persona que ha sido materia para el pecado. Por qué: ¿Cuáles han sido los incentivos que han creado el ambiente favorable para el pecado? Cuándo: ¿En qué condiciones y reacciones, y si esporádicamente o por malsana costumbre?

Porque, mira, Simón, el mismo pecado puede tener infinitos matices y grados, según todas las circuntancias que lo han creado y las personas que lo han llevado a cabo. Por ejemplo... tomemos en consideración los dos pecados más extendidos: el de la concupiscencia carnal y el de la concupiscencia de las riquezas.

Una persona ha cometido pecado de lujuria, o cree haberlo cometido; porque a veces el hombre confunde el pecado con la tentación, o considera iguales el estímulo creado activamente, debido a una malsana tendencia, y los pensamientos que surgen como reflejo del sufrimiento de una enfermedad, o también porque la carne y la sangre, a veces, forman imprevistas voces que resuenan en la mente antes de que ésta tenga tiempo de ponerse en guardia para sofocarlas. Viene a ti y te dice: “He cometido pecado de lujuria”. Un sacerdote imperfecto diría: “Recaiga sobre ti la maldición”. Pero tú, mi Pedro, no debes decir eso. Porque tú eres Pedro de Jesús, eres el sucesor de la Misericordia. Entonces, antes de condenar, debes considerar y tocar dulce y prudentemente ese corazón que llora ante ti, para conocer todos los lados del pecado, o del supuesto pecado, del escrúpulo.

He dicho: dulce y prudentemente. Recordar que, además de maestro y pastor, eres médico. El médico no exacerba las heridas. Pronto para cortar si hay gangrena, sabe, de todas formas, descubrir y medicar con mano suave, si hay sólo laceraciones de partes vivas que deban ser unidas y no arrancadas. Y recordar que, además de médico y pastor, eres maestro. Un maestro adapta sus palabras según la edad de sus discípulos. Sería un escándalo un pedagogo que a niñitos revelara leyes animales que ellos, inocentes, ignoraban, produciendo así conocimientos y malicias precoces. Igualmente en el trato de las almas hay que tener prudencia en las preguntas. Respetarse y respetar. Te será fácil, si en toda alma ves un hijo. Un padre es por naturaleza maestro, médico y guía de sus hijos. Por tanto, quienquiera que fuere la persona que tengas delante, desasosegada por el pecado, o por el temor del pecado, ámala con paterno amor, y sabrás juzgar sin herir ni escandalizar.

555.3

¿Me estás comprendiendo?».

«Sí, Maestro. Comprendo muy bien. Deberé ser cauto y paciente, convencer a destapar las heridas, pero mirar yo por mí, sin atraer miradas ajenas a esas heridas; y, sólo cuando viera que realmente hay herida, decir: “¿Ves? Aquí te has hecho daño por este motivo o por aquel otro”. Pero, si veo que la persona sólo tiene miedo de estar herida por haber visto fantasmas, entonces... soplar sobre esa calígine y alejarla, sin proyectar luces, por un celo inútil, que pudieran hacer ver reales raíces de pecado. ¿Digo bien?».

«Muy bien. Así pues, si uno te dice: “He cometido pecado de lujuria”, tú considera a quién tienes delante. Verdad es que el pecado puede surgir a todas las edades. Pero será más fácil verlo en un adulto que no en un niño, y, por tanto, distintas serán las preguntas que habrá que hacer y las respuestas que habrá que dar si se trata de un hombre o de un niño. Consecuentemente viene, del primer sondeo, el segundo, acerca de la materia del pecado, y luego el tercero, sobre el lugar, el cuarto, sobre las circunstancias, el quinto, sobre el cómplice, el sexto, sobre el porqué, y el séptimo, sobre el tiempo y número del pecado.

Verás que, generalmente, mientras que para un adulto, que además viva en el mundo, a cada pregunta tuya te aparecerá una correspondiente circunstancia de verdadera culpa, para criaturas niñas de edad o de espíritu, a muchas preguntas deberás responderte: “Aquí hay calina, no substancia de culpa”. Es más, algunas veces verás, en vez de fango, que lo que hay es una azucena que teme haber sido salpicada de barro, y que confunde la gota de rocío que ha bajado a su cáliz con la salpicadura del lodo. Almas tan deseosas de Cielo, que temen como mancha incluso la sombra de una nube que las adumbra un instante interponiéndose entre ellas y el Sol, pero que luego pasa sin dejar huella de sí en la cándida corola. Almas tan inocentes y deseosas de seguir siéndolo, que Satanás las asusta con tentaciones mentales o azuzando los incentivos de la carne o la carne misma, aprovechándose de verdaderas enfermedades de la carne. A estas almas hay que consolarlas y sujetarlas, porque no son, ciertamente, almas pecadoras, sino almas mártires. Recuerda esto siempre.

Y recuerda siempre juzgar también con el mismo método a quien cometió pecado de avidez de riquezas o bienes ajenos. Porque, si es culpa maldita la avidez sin necesidad ni piedad, robando al pobre y vejando contra la justicia a ciudadanos y criados o a los pueblos, menos grave, mucho menos grave, es la culpa de quien, habiéndole sido negado un pan por parte de su prójimo, lo roba para matar su hambre y la de sus hijos. Recuerda que si, tanto para el lujurioso como para el ladrón son elementos de valoración, en el acto de juzgar, el número, las circunstancias y la gravedad de la culpa, también lo es el conocimiento que había, por parte del pecador, del pecado que ha cometido y en el momento en que lo cometía. Porque, si uno obra con pleno conocimiento, peca más que quien obra por ignorancia. Y quien obra con libre consentimiento de la voluntad peca más que quien es forzado al pecado. En verdad te digo que a veces habrá hechos que tendrán apariencia de pecado y que serán martirio, y recibirán el premio que se da a un martirio padecido.

Y recuerda, sobre todo, que, en todos los casos, antes de condenar, deberás acordarte de que tú también fuiste hombre y de que tu Maestro, a quien ninguno pudo hallar en pecado, nunca condenó a nadie que se hubiera arrepentido de haber pecado. Perdona setenta veces siete, e incluso setenta veces setenta, los pecados de tus hermanos y de tus hijos. Porque cerrar las puertas de la Salud a un enfermo, sólo porque haya recaído en la enfermedad, es querer su muerte.

555.4

¿Has comprendido?».

«He comprendido. Esto verdaderamente lo he comprendido...».

«Pues entonces dime ahora todo lo que pensabas».

«¡Claro que te lo digo, porque veo que sabes realmente todas las cosas y comprendo que no es murmurar el pedirte que envíes a Judas en vez de a mí, porque él sufre por no ir. Te digo esto, no para decir que es envidioso y escandalizarme de él, sino buscando su tranquilidad y... la tuya. Porque debe ser muy fatigoso para ti tener siempre ese viento de tempestad al lado...».

«¿Se ha quejado otra vez Judas?».

«¡Así es! Ha dicho que todas tus palabras son una herida para él. Incluso lo que has dicho para los niños. Dice que verdaderamente ha sido por él por quien has dicho que Eva fue al árbol porque le gustaba esa cosa que relucía como una corona de rey. Yo la verdad es que no había encontrado en absoluto en ello ningún parangón. Pero soy un ignorante. Bartolmái y el Zelote, sin embargo, han dicho que Judas verdaderamente ha sido “tocado en lo vivo más vivo”, porque a Judas le cautiva todo lo que brilla y encandila la vanagloria. Y tendrán razón porque son sabios. ¡Sé bueno con tus pobres apóstoles, Maestro! Contenta a Judas y, al mismo tiempo, a mí. Total... ya lo ves... sólo sé hacer divertir a los niños... y ser niño entre tus brazos», y abraza a su Jesús, al que ama verdaderamente con todas sus fuerzas.

«No. No te puedo contentar. No insistas. Tú, precisamente por ser como eres, vas a la misión. Él, precisamente porque es como es, se queda aquí. También mi hermano me ha hablado de esto, y, aun queriéndole tanto, le he respondido “no”. Ni aunque me lo rogara mi Madre cedería. No es un castigo, es una medicina. Y Judas debe tomarla. Si no es un beneficio para su espíritu, lo será para el mío, porque no podré echarme en cara el haber omitido cosa alguna para santificarle».

Jesús dice esto con aspecto severo e imperioso. Pedro, suspirando, deja caer los brazos y baja la cabeza.

«No te aflijas por esto, Simón. Tendremos toda una eternidad para estar juntos y querernos.

555.5

Pero... tenías otras cosas que decirme...».

«Es tarde, Maestro. Debes dormir».

«Tú más que Yo, Simón, que al despuntar el alba tienes que ponerte en camino».

«¡Si es por mí! Estar aquí contigo es más descanso que estar en la cama».

«Habla, entonces. Tú sabes que Yo duermo poco...».

«Mira. Yo soy cerrado de mollera, lo sé y no me avergüenzo de decirlo. Y, si fuera por mí, no me preocuparía mucho de saber, porque creo que la sabiduría mayor está en amarte, seguirte y servirte con todo el corazón. Pero Tú me mandas acá y allá. La gente me pregunta y tengo que responder. Pienso que lo que te pregunto a ti otros pueden preguntármelo a mí, porque los hombres tienen los mismos pensamientos. Tú decías ayer que siempre los inocentes y santos sufrirán; es más, que son los que sufren por todos. Esto es duro para mi inteligencia, aunque digas que ellos mismos lo desearán. Y creo que, de la misma forma que es duro para mí, lo puede ser para otros. Si me preguntan, ¿qué tengo que responder? En este primer recorrido, una madre me dijo: “No era justo que mi niña muriera con tanto dolor, porque era buena e inocente”. Y yo, no sabiendo qué decir, le dije las palabras de Job: “El Señor dio, el Señor quitó. Bendito sea el Nombre del Señor”. Pero no me quedé convencido ni siquiera yo, ni la convencí a ella. Quisiera saber qué decir otra vez...».

«Esto es justo.

555.6

Escucha. Parece una injusticia que los mejores sufran por todos, y, sin embargo, es justicia grande. Vamos a ver, Simón, dime: ¿qué es la Tierra, toda la Tierra?».

«¿La Tierra? Un espacio grande, grandísimo, hecha de tierra y agua y rocas, con plantas, animales y criaturas humanas».

«¿Y algo más?».

«Nada más... a menos que quieras que diga que es el lugar de castigo y exilio del hombre».

«La Tierra es un altar, Simón, un enorme altar. Hubiera debido ser altar de alabanza perpetua a su Creador. Pero la Tierra está llena de pecado. Por eso, debe ser altar de perpetua expiación, de sacrificio, sobre el cual se consumen las víctimas. La Tierra debería —como los otros mundos esparcidos en la Creación— cantar salmos a Dios que la creó. ¡Mira!».

Jesús abre las hojas de madera de la ventana, y, por ésta, abierta de par en par, entra el fresco de la noche, el susurro del torrente, el rayo de luna, y se ve el cielo tachonado de estrellas.

«¡Mira esos astros! Cantan con su voz, hecha de luz y movimiento, en los espacios infinitos del firmamento, las alabanzas de Dios. Lleva milenios existiendo este canto suyo que sube, desde los azules campos del cielo, al Cielo de Dios. Podemos pensar en astros, planetas, estrellas, cometas, cuales criaturas siderales que, como siderales sacerdotes, levitas, vírgenes y fieles, deben cantar en un templo inmenso las alabanzas del Creador. Escucha, Simón. Oye el frufrú de las brisas entre las frondas y el susurro de las aguas en la noche. También la Tierra canta, como el cielo, con sus vientos y aguas, con la voz de los pájaros y animales. Pero, si para el firmamento basta la luminosa alabanza de los astros que lo pueblan, para el templo que es la Tierra no basta el canto de los vientos, aguas y animales, porque en ella no sólo hay vientos, aguas y animales, que cantan sin conciencia de ello las alabanzas de Dios, sino que en ella está también el hombre, la criatura que supera en perfección a todo lo que vive en el tiempo y en el mundo, dotada de materia como los animales, minerales y plantas, y de espíritu como los ángeles del Cielo, y, como éstos, destinada, si es fiel en la prueba, a conocer y poseer a Dios, con la gracia primero, con el Paraíso después. El hombre, síntesis que abraza todos los estados, tiene una misión que las otras criaturas no tienen, y que para él debería ser, además de deber, júbilo: amar a Dios; dar, inteligente y voluntariamente, culto de amor a Dios; corresponder al amor con que Dios, dándole la vida y el Cielo después de la vida, le ha amado; dar culto inteligente.

Piensa, Simón. ¿Qué bien obtiene Dios de la Creación? ¿Qué beneficio? Ninguno. La Creación no aumenta a Dios, no le santifica, no le enriquece. Dios es infinito. Infinito hubiera sido aunque no hubiera existido la Creación. Pero Dios-Amor quería tener amor, y creó para tener amor. Sólo amor puede obtener de la Creación Dios; y este amor, que es inteligente y libre únicamente en los ángeles y hombres, es la gloria de Dios, la alegría de los ángeles, la religión para los hombres. El día en que el gran altar que es la Tierra silenciara las alabanzas y súplicas de amor, la Tierra dejaría de existir, porque, apagado el amor, quedaría apagada la expiación, y la ira de Dios anularía ese infierno terrestre en que se habría convertido la Tierra. La Tierra, pues, para existir debe amar. Y también esto: la Tierra debe ser el Templo que ama y ora con la inteligencia de los hombres. Pero, en el Templo, en todo templo, ¿qué víctimas se ofrecen? Las puras, las víctimas sin mancha ni tara. Sólo éstas son gratas al Señor. Ellas y las primicias. Porque al padre de familia han de dársele las cosas mejores, y a Dios, Padre de la humana Familia, ha de dársele la primicia de todas las cosas, y las cosas selectas.

555.7

Pero he dicho que la Tierra tiene un doble deber de sacrificio: el de alabanza y el de expiación. Porque la Humanidad que la puebla pecó en los primeros hombres y peca continuamente, añadiendo al pecado de falta de amor a Dios esos otros mil pecados de adherirse a las voces del mundo, de la carne y de Satanás. Culpable, culpable Humanidad que, teniendo la semejanza con Dios, teniendo inteligencia propia y ayudas divinas, es pecadora siempre, y cada vez más. Los astros obedecen, las plantas obedecen, los elementos obedecen, los animales obedecen y, de la forma en que saben hacerlo, alaban al Señor. Los hombres no obedecen ni alaban suficientemente al Señor. He ahí, pues, la necesidad de almas holocausto, que amen y expíen por todos: son los niños que pagan, inocentes y sin percatarse, el amargo castigo del dolor por aquellos que lo único que saben hacer es pecar; son los santos que, solícitos, se sacrifican por todos.

Dentro de poco —un año o un siglo es siempre “poco” respecto a la eternidad— ya no se celebrarán otros holocaustos en el altar del gran Templo de la Tierra, sino los de las víctimas-hombre, consumadas con el perpetuo sacrificio: hostias con la Hostia perfecta. No te estremezcas, Simón. No estoy diciendo, ciertamente, que Yo vaya a introducir un culto semejante al de Moloch, Baal y Astarté. Los propios hombres nos inmolarán. ¿Entiendes? Nos inmolarán. Y nosotros iremos alegres a la muerte para expiar y amar por todos. Y luego vendrán los tiempos en que los hombres ya no inmolarán a los hombres. Pero siempre habrá víctimas puras, que el amor consuma junto con la gran Víctima en el Sacrificio perpetuo. Digo el amor de Dios y el amor por Dios. En verdad, ellas serán las hostias del tiempo y Templo futuros. Lo grato a Dios es el sacrificio del corazón, y no los corderos y cabritos, terneros y palomas. David lo intuyó. Y en el tiempo nuevo, tiempo del espíritu y del amor, sólo este sacrificio será grato.

Considera, Simón, que si un Dios ha debido encarnarse para aplacar la Justicia divina por el gran Pecado, por los muchos pecados de los hombres, en el tiempo de la verdad sólo los sacrificios de los espíritus de los hombres pueden aplacar al Señor. Tú piensas: “¿Pero por qué, entonces, Él, el Altísimo, dio orden de que le fueran inmolados las crías de los animales y los frutos de las plantas?”. Te respondo: porque antes de mi venida el hombre era un holocausto manchado y porque no se conocía el Amor. Ahora será conocido. Y el hombre, que conocerá el amor, porque Yo restituiré la Gracia por la cual el hombre conoce el Amor, saldrá del letargo, recordará, comprenderá, vivirá, se pondrá él en vez de los cabritillos y corderos, hostia de amor y expiación, imitando al Cordero de Dios, su Maestro y Redentor. El dolor, hasta ahora castigo, se transformará en amor perfecto. Y dichosos aquellos que lo abracen por amor perfecto».

«Pero los niños...».

«Quieres decir aquellos que todavía no saben ofrecerse... ¿Y tú sabes cuándo habla Dios en ellos? El lenguaje de Dios es lenguaje espiritual. El alma lo entiende y el alma no tiene edad. Es más, te digo que el alma niña, por no tener malicia, es, en cuanto a capacidad de entender a Dios, más adulta que la de un pecador anciano. Te digo, Simón, que vivirás hasta llegar a ver a muchos niños enseñar a los adultos, e incluso a ti mismo, la sabiduría del amor heroico. Pero en esos pequeños que mueren por razones naturales está Dios obrando directamente, por razones de un tan alto amor que no puedo explicarte, pues que se encuadran en la sabiduría que está escrita en los libros de la Vida, que sólo en el Cielo serán leídos por los bienaventurados. Leídos, he dicho; pero, en verdad, bastará con mirar a Dios para conocer no sólo a Dios, sino también su infinita sabiduría...

555.8

Ya hemos hecho venir el ocaso de la Luna, Simón... Pronto despuntará el alba, y tú no has dormido...».

«No importa, Maestro. He perdido unas pocas horas de sueño y he ganado mucha sabiduría. Y he estado contigo. Pero, si me lo permites, me marcho. No a dormir, sino a meditar tus palabras». Ya está en la puerta y está para salir, cuando se para pensativo y dice: «Una cosa más, Maestro. ¿Es correcto que diga a alguien que sufre que el dolor no es un castigo sino una... gracia; algo como... como nuestra llamada, hermosa aunque fatigosa, hermosa aunque a quien ignora puede parecerle una cosa fea y triste?».

«Puedes decirlo, Simón. Es la verdad. El dolor no es un castigo, cuando se sabe acoger y usar con justicia. El dolor es como un sacerdocio, Simón. Un sacerdocio abierto a todos. Un sacerdocio que confiere un gran poder sobre el corazón de Dios; y un gran mérito. Nacido con el pecado, sabe aplacar la Justicia. Porque Dios sabe usar para el Bien incluso aquello que el Odio ha creado para causar dolor. Yo no he deseado otro medio para anular la Culpa, porque no hay un medio mayor que éste».


Notes

  1. Tu disais : ce thème a déjà été abordé en 436.4, 553.6, 554.3. La souffrance dans le dernier discours de Jésus, en 638.14/15.
  2. paroles qui se trouvent en Jb 1, 21.
  3. tous les états est corrigé par Maria Valtorta en toutes les natures. Elle note en effet sur une copie dactylographiée : “ La nature minérale est présente en l’homme — puisque sa matière se compose de substances minérale —, ainsi que la nature animale et l’état spirituel. ”
  4. David en a eu l’intuition, en Ps 51, 18-19.
  5. donné l’ordre, comme en Ex 22, 28-29 ; 34, 19.