Gli Scritti di Maria Valtorta

555. Enseignement nocturne à Simon-Pierre sur l’examen

555. Lezione notturna a Simon Pietro sull’esame

555.1

Jésus est seul dans une petite pièce. Assis sur sa couche, il réfléchit ou il prie. Un lumignon à huile sur une étagère éclaire la pièce de sa petite flamme jaunâtre palpitante. Il doit faire nuit, car on n’entend pas un bruit dans la maison ni sur le chemin. Seul le torrent, à l’extérieur, paraît gronder plus fort dans le silence de la nuit.

Jésus lève la tête pour regarder la porte. Il écoute, se lève, va ouvrir, et voit Pierre dehors.

« Toi ici ? Viens. Que veux-tu, Simon ? Tu es encore debout, toi qui as tant de route à faire ? »

Il le prend par la main, l’attire à l’intérieur, referme la porte sans bruit, puis il le fait asseoir près de lui, sur le bord du lit.

« Je voulais te dire, Maître… oui, je voulais te dire que tu as vu aujourd’hui encore ce que je vaux. Je ne suis pas capable d’autre chose que d’amuser des enfants, de consoler une vieille femme, de rétablir la paix entre deux bergers en désaccord à cause d’une agnelle qui a perdu son lait. Je suis un pauvre homme, si bête que je ne comprends même pas ce que tu m’expliques. Mais c’est une autre chose. Maintenant, je voulais te demander de me garder ici, justement pour cette raison. Moi, je ne tiens pas à partir quand tu n’es pas avec nous. Et je ne sais pas m’y prendre… Accepte, Seigneur ! »

Pierre parle avec chaleur, mais en tenant les yeux fixés sur les carreaux grossiers et ébréchés du pavage.

« Regarde-moi, Simon » ordonne Jésus. Et comme Pierre obéit, Jésus le regarde intensément avant de lui demander : « Et c’est tout ? C’est pour cette seule raison que tu veilles ? C’est tout ce qui explique pourquoi tu demandes à rester ici ? Sois sincère, Simon. Ce n’est pas murmurer que de confier à ton Maître toute ta pensée. Il faut savoir distinguer entre parole oiseuse et parole utile. Une parole oiseuse — et c’est généralement dans l’oisiveté que fleurit le péché —, c’est par exemple rapporter les manquements d’autrui à quelqu’un qui n’y peut rien. Il s’agit tout simplement d’un manque de charité, même si ce qui est révélé est vrai. De même, c’est un manque de charité de faire des reproches plus ou moins acerbes sans y joindre un conseil. Et je parle des reproches justifiés. Les autres sont injustes, et sont des péchés contre le prochain. Mais quand on voit son prochain mal agir et qu’on en souffre, parce qu’en péchant il offense Dieu et fait du tort à son âme, quand on se rend compte que par soi-même on n’est pas capable d’estimer la portée du péché d’autrui, et qu’on ne se sent pas assez sage pour dire une parole qui puisse convertir, et qu’alors on s’adresse à un juste, à un sage, pour lui partager son souci, alors on ne commet pas de péché : en effet, le but de ces confidences est de mettre fin à un scandale et de sauver une âme. C’est comme si une personne avait un parent souffrant d’une maladie répugnante : elle cherchera certainement à la tenir cachée au peuple, mais en secret, elle ira dire au médecin : “ D’après moi, mon parent a telle ou telle maladie, mais je ne suis capable ni de le conseiller ni de le soigner. Viens toi-même, ou dis-moi ce que je dois faire. ” Cette personne manque-t-elle donc d’amour envers son parent ? Non, au contraire ! Elle en manquerait si elle feignait de ne pas s’apercevoir de la maladie et la laissait se développer jusqu’à la mort, par un sentiment mal compris de prudence et d’amour.

555.2

Un jour — mais pas dans des années —, tes compagnons et toi devrez écouter les confidences des cœurs, non pas comme vous le faites maintenant en tant qu’hommes, mais comme prêtres, c’est-à-dire médecins, maîtres et pasteurs des âmes, de la même manière que je suis moi-même Médecin, Maître et Pasteur. Vous devrez écouter, décider et conseiller. Votre jugement aura la même valeur que si Dieu en personne l’avait prononcé… »

Pierre se détache de Jésus, qui le tenait serré contre lui, et il dit en se levant :

« Ce n’est pas possible, Seigneur. Ne nous impose jamais cela. Comment veux-tu que nous jugions comme Dieu, si nous ne savons même pas juger comme hommes ?

– Vous saurez vous y prendre à ce moment-là, car l’Esprit de Dieu planera sur vous et vous pénétrera de ses lumières. Vous saurez juger en considérant les sept conditions des faits que l’on viendra vous soumettre pour obtenir un conseil ou le pardon. Ecoute bien, et essaie de t’en souvenir. A cette époque, l’Esprit de Dieu te rappellera mes paroles. Mais toi, cherche de ton côté à te rappeler avec ton intelligence, puisque Dieu te l’a donnée pour que tu la mettes en œuvre sans paresse ni présomption spirituelle qui portent à attendre et à exiger tout de Dieu. Quand tu seras maître, médecin et pasteur à ma place et dans mon rôle, et quand un fidèle viendra pleurer à tes pieds les troubles dûs à ses actes ou à ceux d’autrui, tu devras toujours garder à l’esprit l’ensemble de ces sept questions.

Qui : qui a péché ?

Quoi : quelle est la matière du péché ?

Où : en quel lieu ?

Comment : en quelles circonstances ?

Avec quoi ou avec qui : l’instrument ou la personne qui a été la matière du péché ?

Pourquoi : quelles sont les impulsions qui ont rendu la situation favorable au péché ?

Quand : dans quelles conditions ou avec quelles réactions, et si c’est accidentellement ou par suite d’habitudes malsaines ?

En effet, tu vois, Simon, la même faute peut avoir des nuances et des degrés infinis en fonction des circonstances qui l’ont permise et des individus qui l’ont accomplie. Par exemple… Considérons deux péchés parmi les plus répandus, celui de la concupiscence charnelle et celui de la concupiscence des richesses.

Une personne a commis un péché de luxure, ou croit l’avoir commis. Car parfois l’homme confond le péché et la tentation, ou bien il porte le même jugement sur des excitations créées artificiellement par un désir malsain, et les pensées qui s’élèvent par la réaction d’une souffrance maladive, ou aussi parce que parfois la chair et le sang ont des appels imprévus qui résonnent dans l’âme avant qu’elle ait le temps de se mettre en garde pour les étouffer. Il vient te dire : “ J’ai péché par luxure. ” Un prêtre imparfait répondrait : “ Anathème sur toi. ” Mais toi, mon Pierre, tu ne dois pas tenir ce langage. Car tu es le Pierre de Jésus, tu es le successeur de la Miséricorde. Alors, avant de condamner, tu dois examiner et toucher doucement et prudemment le cœur qui pleure devant toi pour connaître tous les aspects de la faute réelle ou supposée, ou du scrupule.

J’ai dit : doucement et prudemment. Rappelle-toi toujours que tu n’es pas seulement maître et pasteur, tu es aussi médecin. Le médecin n’envenime pas les plaies. Prompt à couper si la gangrène s’est installée, il sait pourtant découvrir et soigner d’une main légère s’il y a seulement une blessure avec déchirure de parties vivantes qu’il faut rassembler, et non arracher. Rappelle-toi toujours que tu n’es pas seulement médecin et pasteur, tu es aussi maître. Un maître adapte sa manière de s’exprimer à l’âge de ses disciples. Il serait scandaleux, le pédagogue qui révélerait à de jeunes enfants les lois animales que les innocents ignorent en leur donnant ainsi des connaissances et des malices prématurées. Quand on s’occupe des âmes, c’est avec prudence qu’on doit les interroger. Il faut se respecter et respecter les autres.

Cela te sera facile si, en toute âme, tu vois un fils. Un père est naturellement le maître, le médecin et le guide de ses enfants. Aussi, quelle que soit la personne qui se trouve devant toi, troublée par une faute ou par la crainte d’avoir péché, aime-la d’un amour de père, et tu sauras juger sans blesser et sans scandaliser.

555.3

Tu me suis ?

– Oui, Maître, je comprends très bien. Je devrai être prudent et patient, convaincre qu’il faut découvrir les blessures, mais les discerner par moi-même, sans attirer l’attention d’autrui sur elles, et c’est seulement quand je verrai qu’il y a réellement blessure que je pourrai dire : “ Tu vois ? Tu t’es fait du mal pour telle ou telle raison. ” Mais si je vois que la personne redoute seulement de s’être blessée, parce qu’elle s’est fait des idées, alors… écarter les nuages sans donner, par un zèle inutile, des lumières qui pourraient éclairer de vraies sources de fautes. Est-ce que j’ai raison ?

– Tout à fait. Donc, si quelqu’un vient t’avouer : “ J’ai commis un péché de luxure ”, examine qui tu as en face de toi. Certes, le péché peut se produire à tout âge. Mais on le rencontre plus facilement chez un adulte que chez un enfant, et différentes seront les questions à poser et les réponses à donner selon qu’il s’agit de l’un ou de l’autre. Après cette première enquête, vient la deuxième sur la matière du péché, puis la troisième sur le lieu, la quatrième sur les circonstances, la cinquième sur les complices éventuels, la sixième sur la raison qui l’a provoqué, et la septième sur le moment et le nombre de fois.

Alors que pour un adulte, et un adulte vivant dans le monde, à chaque question tu verras correspondre une circonstance qui prouve la réalité de la faute, tu te rendras généralement compte que, dans le cas d’enfants en âge ou en esprit, il te faudra répondre à de nombreuses questions : “ Il n’y a ici que de la fumée, mais pas de faute réelle. ” Parfois même, tu discerneras, au lieu de fange, un lys qui tremble d’avoir été éclaboussé par la boue et qui confond la goutte de rosée descendue dans son calice avec cette souillure. Ce sont des âmes si désireuses du Ciel, qu’elles craignent que soit une tache une simple ombre de nuage qui les place un instant dans l’obscurité en s’interposant entre elles et le soleil, puis passe sans laisser de traces sur leur candide corolle. Ces âmes sont tellement innocentes et désireuses de le rester, que Satan les effraie par des imaginations ou en excitant l’aiguillon de la chair ou la chair elle-même, en profitant de réelles maladies de la chair. Ces âmes doivent être consolées et soutenues, car ce ne sont pas des pécheresses mais des martyres. Ne l’oublie jamais.

Et souviens-toi toujours de juger même ceux qui pèchent par avidité pour les richesses ou autres biens d’autrui de la même manière. Mais il faut du discernement : c’est une faute maudite d’être avide et sans pitié en volant le pauvre, et contre la justice en faisant tort aux citoyens, aux serviteurs ou aux peuples ; mais moins grave, beaucoup moins grave est la faute de celui à qui on a refusé du pain et qui en dérobe au prochain pour passer sa faim et celle de ses enfants. Rappelle-toi, aussi bien pour le luxurieux que pour le voleur, qu’il faut de la mesure quand on juge le nombre des fautes, les circonstances et leur gravité, et encore de la mesure pour juger du degré de connaissance du pécheur pour le péché commis, au moment où il le commettait. En effet, celui qui agit en pleine connaissance de cause pèche davantage que celui qui le fait par ignorance, et celui qui agit en y consentant librement pèche davantage que celui qui est poussé au péché. En vérité, je te dis que certains actes auront beau avoir l’apparence du péché, ils seront un martyre et obtiendront la récompense promise.

Et rappelle-toi surtout, dans tous les cas, avant de condamner, que toi aussi tu as été un homme et que ton Maître, que personne n’a jamais pu trouver en état de péché, n’a jamais condamné personne qui s’est repenti d’avoir péché.

Pardonne soixante-dix-sept fois sept fois, et même soi­xante-dix-sept fois soixante-dix-sept fois, les péchés de tes frères et de tes enfants. Car fermer les portes du salut à un malade, uniquement parce qu’il est retombé dans sa maladie, c’est vouloir le faire mourir.

555.4

As-tu compris ?

– Oui, tout à fait…

– Alors, dis-moi le fond de ta pensée.

– Eh oui ! Je te le dis parce que je vois que tu connais vraiment tout, et je comprends que ce n’est pas ronchonner que de te prier d’envoyer Judas à ma place, car il souffre de ne pas y aller. Je te le rapporte, non pour l’accuser d’être envieux et me scandaliser à son propos, mais pour lui donner la paix et… te donner la paix, car cela doit être bien pénible pour toi d’avoir toujours à tes côtés ce vent d’orage…

– Judas s’est encore plaint ?

– Oui… Il a déclaré que chaque mot de toi le blesse. Même ce que tu as dit pour les enfants. Il assure que c’est en pensant à lui que tu as affirmé qu’Eve s’est approchée de l’arbre parce qu’elle était attirée par ce qui y scintillait comme une couronne de roi. Moi, vraiment, je n’avais trouvé aucun rapport. Mais je suis ignorant. Barthélemy et Simon le Zélote, au contraire, ont estimé que Judas a été “ piqué au vif ”, car il est ensorcelé par tout ce qui brille et séduit la vanité. Et ils pourraient bien avoir raison, car ils sont sages. Sois bon avec tes pauvres apôtres, Maître ! Fais plaisir à Judas, et à moi avec lui. De toutes façons, tu le vois, je sais seulement amuser les enfants… et être un enfant dans tes bras. »

Il se serre contre son Jésus, qu’il aime vraiment de toutes ses forces.

« Non. Je ne puis te faire ce plaisir. N’insiste pas. C’est toi qui pars en mission, justement parce que tu es tel que tu es. Judas, justement parce qu’il est tel qu’il est, reste ici. Mon frère aussi m’en avait parlé, et malgré mon amour pour lui, je lui ai répondu “ non ”. Même si ma Mère m’en priait, je ne céderais pas. Ce n’est pas une punition, mais un remède. Et Judas doit le prendre. Si cela ne sert pas à son âme, cela servira à la mienne, car je ne pourrai pas me reprocher d’avoir omis quelque chose pour le sanctifier. »

Jésus a parlé sur un ton sévère, impérieux. Pierre laisse retom­ber les bras et baisse la tête en soupirant.

« Ne sois pas peiné, Simon. Nous aurons l’éternité pour être unis et nous aimer.

555.5

Mais tu avais autre chose à me dire…

– Il est tard, Maître. Tu dois dormir.

– Toi, plus que moi, Simon. Tu dois prendre la route à l’aube.

– Oh ! pour ma part… Etre ici avec toi me repose davantage que si j’étais au lit.

– Parle donc. Tu sais que, moi, je dors peu…

– Voilà ! Je suis une tête dure, je le sais et je le reconnais sans honte. Et si c’était pour moi, il m’importerait peu d’avoir beaucoup de connaissances, car je pense que la plus grande sagesse, c’est de t’aimer, te suivre et te servir de tout son cœur. Mais tu m’envoies ici et là ; les gens m’interrogent, et il faut bien que je leur réponde. Je pense que, ce que je te demande à toi, d’autres peuvent me le demander, car les hommes ont les mêmes pensées. Tu disais[1] hier que les innocents et les saints souffriront toujours, et même que ce seront eux qui souffriront pour tous. J’ai du mal à comprendre cela, d’autant plus que, d’après toi, eux-mêmes le désireront. Alors je pense que, puisque c’est difficile pour moi, ce peut l’être pour les autres. S’ils me questionnent, que dois-je répondre ? Dans ce premier voyage, une mère m’a dit : “ Il n’était pas juste que ma petite fille meure dans de telles souffrances, car elle était bonne et innocente. ” Ne sachant que répondre, je lui ai cité les paroles[2] de Job : “ Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. Que soit béni le nom du Seigneur. ” Mais je n’étais pas convaincu moi-même, et je ne l’ai pas convaincue. Je voudrais une autre fois savoir que dire…

– C’est juste.

555.6

Ecoute. Cela paraît être une injustice, or c’est une grande justice que les meilleurs souffrent pour tous. Mais, dis-moi un peu, Simon, qu’est-ce que la terre, toute la terre ?

– La terre ? Un espace grand, très grand, fait de poussière et d’eau, de roches, de plantes, d’animaux et de créatures humaines.

– Et puis ?

– Et puis c’est tout… à moins que tu ne veuilles que je dise qu’elle est pour l’homme un lieu de châtiment et d’exil.

– La terre est un autel, Simon, un autel immense. Elle devait être un autel de louange perpétuelle à son Créateur. Mais la terre est remplie de péchés. Elle doit donc être un autel de perpétuelle expiation, de sacrifice, sur lequel brûlent les hosties. La terre devrait, comme les autres mondes répandus dans la Création, chanter des psaumes à Dieu qui l’a faite. Regarde ! »

Jésus pousse les volets de bois et, par la fenêtre grand ouverte, entrent la fraîcheur de la nuit, la musique du torrent, les rayons de la lune, et on voit le ciel criblé d’étoiles.

« Regarde ces astres ! Ils chantent les louanges de Dieu, leur voix est lumière et mouvement dans les espaces infinis du firmament. Cela fait des millénaires que cette mélodie s’élève des champs bleus du ciel jusqu’au Ciel de Dieu. Nous pouvons considérer les astres et les planètes, les étoiles et les comètes comme des créatures sidérales qui, telles des prêtres, des lévites, des vierges et des fidèles sidéraux, doivent chanter dans un temple sans limites les louanges du Créateur. Ecoute, Simon : tu entends le bruissement de la brise dans les feuillages, et le clapotis de la rivière dans la nuit. La terre aussi chante, comme le ciel, avec les vents, l’eau, le pépiement des oiseaux et le bruit des animaux. Mais si la lumineuse louange des astres qui le peuplent suffit au firmament, ce n’est pas assez du chant des vents, des eaux et des bêtes, pour le Temple qu’est la terre. Car, à côté des vents, des eaux et des animaux qui chantent inconsciemment les louanges de Dieu, la terre est habitée par l’homme. Or l’homme est la créature parfaite, au-dessus de tout ce qui est vivant, dans le temps et dans le monde ; il est fait de matière comme les animaux, les minéraux et les plantes, et d’esprit comme les anges du Ciel ; comme ces derniers, il est destiné, s’il reste fidèle dans l’épreuve, à connaître et à posséder Dieu, par la grâce d’abord, au Paradis ensuite. L’homme, cette synthèse qui embrasse tous les états[3], a une mission que les autres créatures n’ont pas et qui devrait être pour lui, non pas un devoir seulement, mais une joie : aimer Dieu. Rendre intelligemment et volontairement un culte d’amour à Dieu, en retour de l’amour qu’il a montré à l’homme en lui donnant la vie, puis le Ciel après la vie. Rendre un culte intelligent.

Réfléchis, Simon : quel profit Dieu retire-t-il de la création ? Aucun. La création n’accroît pas Dieu, elle ne le sanctifie pas, elle ne l’enrichit pas. Il est infini, et il l’aurait été même si la création n’avait pas existé. Mais Dieu-Amour voulait être aimé, et il a créé dans ce but. C’est seulement de l’amour que Dieu peut recevoir de la création, et cet amour, qui est intelligent et libre uniquement chez les anges et les hommes, fait la gloire de Dieu, la joie des anges, la religion pour les hommes. Si, un jour, il ne s’élevait plus louanges et supplications d’amour de ce grand autel qu’est la terre, celle-ci cesserait d’exister. Car, une fois l’amour éteint, la réparation le serait également, et la colère de Dieu anéantirait l’enfer que serait devenue la terre. Elle doit donc aimer pour exister. En outre, elle doit être le Temple qui aime et prie avec l’intelligence des hommes. Mais dans le Temple, dans tout temple, quelles victimes offre-t-on ? Les victimes pures, sans tache ni tare. Elles seules sont agréables au Seigneur, avec les prémices, puisqu’il faut donner ce qu’il y a de mieux au père de la famille et à Dieu, le Père de la famille humaine, les prémices de toutes choses et ce qui est excellent.

555.7

Mais j’ai dit que la terre a un double devoir de sacrifice : celui de la louange et celui de l’expiation. En effet, l’humanité qui l’habite a péché en ses premiers parents et continue de le faire, ajoutant au péché de manque d’amour pour Dieu les mille autres fautes que constituent ses attachements aux tentations du monde, de la chair et de Satan. Coupable, coupable humanité qui, bien qu’elle ait la ressemblance avec Dieu, et en propre l’intelligence ainsi que des secours divins, ne cesse d’être pécheresse, et toujours plus. Les astres obéissent, les plantes obéissent, les éléments obéissent, les animaux obéissent et, comme ils le peuvent, louent le Seigneur. Les hommes n’obéissent pas et ne louent pas suffisamment le Seigneur. Il en découle la nécessité d’âmes hosties qui aiment et expient pour tous. Ce sont les enfants qui, innocents et ignorants, paient l’amer châtiment de la douleur pour ceux qui ne savent que pécher ; ce sont les saints qui se sacrifient volontairement pour tous.

D’ici peu — un an ou un siècle, c’est toujours “ peu ” par rapport à l’éternité —, on ne célébrera plus d’autres holocaustes sur l’autel du grand Temple de la terre que celui des victimes humaines, consumées avec le sacrifice perpétuel : ce seront des hosties unies à l’Hostie parfaite. Ne sois pas bouleversé, Simon. Je ne dis pas que j’établirai un culte semblable à celui de Moloch, de Baal et d’Astarté. Ce sont les hommes eux-mêmes qui nous immoleront. Tu comprends ? Ils nous immoleront. Et nous irons joyeusement à la mort, afin d’expier et d’aimer pour tous. Puis viendront les temps où les hommes n’immoleront plus les hommes. Mais il y aura toujours des victimes pures que l’amour — l’amour de Dieu et l’amour pour Dieu — consumera avec la grande Victime dans le Sacrifice perpétuel. En vérité, elles seront les hosties du temps et du Temple à venir. Ce qui plaît à Dieu, ce ne sont pas les agneaux et les boucs, les veaux et les colombes, mais le sacrifice du cœur. David en a eu l’intuition[4]. Et dans le temps nouveau, temps de l’esprit et de l’amour, seul ce sacrifice sera agréable.

Considère, Simon, que si un Dieu a dû s’incarner pour apaiser la Justice divine pour le grand Péché, pour les nombreux péchés des hommes, dans le temps de la vérité seuls les sacrifices des esprits des hommes pourront apaiser le Seigneur. Tu penses : “ Mais pourquoi le Très-Haut a-t-il donné l’ordre[5] d’immoler les petits des animaux et les fruits des plantes ? ” Je te réponds : parce que, avant ma venue, l’homme était un holocauste souillé, et parce qu’on ne connaissait pas l’Amour. Désormais, il sera connu. Com­me j’aurai rendu à l’homme la grâce par laquelle il peut connaître l’Amour, il sortira de sa léthargie, il se souviendra, comprendra, vivra, et prendra la place des boucs et des agneaux, devenant hostie d’amour et d’expiation, pour imiter son Maître et Rédempteur. La souffrance, jusqu’à présent châtiment, se changera en amour parfait, et bienheureux seront ceux qui l’embrasseront pour cette raison.

– Mais les enfants…

– Tu veux dire ceux qui ne savent pas encore s’offrir… Sais-tu quand Dieu parle en eux ? Le langage de Dieu est d’ordre spirituel. L’âme le comprend, or elle n’a pas d’âge. Pour ce qui est de la capacité à comprendre Dieu, je vais même jusqu’à affirmer que l’âme d’un enfant, étant sans malice, est plus adulte que celle d’un vieillard pécheur. Je t’affirme, Simon, que tu vivras assez pour voir de nombreux petits enseigner aux adultes, et aussi à toi-même, la sagesse de l’amour héroïque. Mais en ces petits qui décèdent de mort naturelle, c’est Dieu qui opère directement, pour les raisons d’un amour si élevé que je ne puis te l’expliquer, car elles découlent des sagesses écrites dans les livres de la Vie et qui ne seront lues qu’au Ciel par les bienheureux. Lues, ai-je dit, mais en vérité, il suffira de regarder Dieu pour connaître non seulement Dieu, mais aussi son infinie sagesse…

555.8

Nous avons fait venir le coucher de la lune, Simon… L’aube sera bientôt là, et tu n’as pas dormi…

– Peu importe, Maître. Pour quelques heures de sommeil que j’ai perdues, j’ai acquis beaucoup de sagesse, et je suis resté avec toi. Mais, si tu le permets, je m’en vais maintenant, non pour dormir, mais pour méditer sur tes paroles. »

Il est déjà près du seuil, sur le point de sortir, quand il s’arrête, l’air pensif :

« Encore une précision, Maître : est-il juste que, à une personne qui souffre, je dise que la douleur n’est pas un châtiment mais une… grâce, quelque chose comme… comme notre vocation, belle même si elle est difficile, belle même si elle peut paraître rebutante et triste à l’ignorant ?

– Tu peux dire cela, Simon. C’est la vérité. La douleur n’est pas un châtiment quand on sait l’accueillir et en user avec justice. La souffrance est comme un sacerdoce, Simon, un sacerdoce ouvert à tous, un sacerdoce qui donne un grand pouvoir sur le cœur de Dieu, ainsi qu’un grand mérite. Né avec le péché, il peut apaiser la Justice. En effet, Dieu sait faire servir au bien même ce que la Haine a créé pour faire souffrir. Moi, je n’ai pas voulu d’autre moyen pour effacer la Faute, car il n’y a pas de moyen plus grand que celui-là. »

555.1

Gesù è solo in una piccola stanza. Seduto sul lettuccio, pensa o prega. Un lumicino ad olio su una scansia palpita con la sua fiammolina giallastra. Deve essere notte, perché non c’è rumore alcuno per la casa e nella via. Solo il torrente pare frusciare più forte, fuor della casa, nel silenzio della notte.

Gesù alza il capo guardando l’uscio. Ascolta. Si alza e va ad aprire. Vede Pietro fuor dell’uscio. «Tu? Vieni. Che vuoi, Simone? Ancora alzato, tu che devi fare tanto cammino?». Lo ha preso per mano e tirato dentro, rinchiudendo l’uscio senza far rumore. Se lo fa sedere accanto sulla sponda del letto.

«Volevo dirti, Maestro... Sì, volevo dirti che, lo hai visto anche oggi ciò che valgo. Sono capace soltanto di fare divertire dei poveri bambini, consolare una vecchierella, mettere pace fra due pastori che questionano per un’agnella risultata di petto cieco. Sono un povero uomo. Tanto povero che non capisco neppure ciò che Tu mi spieghi. Ma questa è un’altra cosa. Ora io volevo dirti che, proprio per questo, Tu mi tenessi qui. Io non ci tengo ad andare in giro quando Tu non sei con noi. E non sono capace di fare... Accontentami, Signore». Pietro parla con calore, ma tenendo gli occhi puntati sui rozzi mattoni sbocconcellati del pavimento.

«Guardami, Simone», comanda Gesù. E poiché Pietro ubbidisce, Gesù lo fissa acutamente chiedendo: «E questo è tutto? Tutta la ragione del tuo vegliare? Tutta la ragione del tuo pregare di tenerti qui? Sii sincero, Simone. Non è mormorare dire al tuo Maestro l’altra parte del tuo pensiero. Bisogna saper distinguere fra parola oziosa e parola utile. È oziosa, e generalmente nell’ozio fiorisce il peccato, quando si parla delle manchevolezze altrui con chi non può nulla su esse. Allora è semplicemente mancanza di carità, anche se le cose dette sono vere. Come è mancanza di carità rimproverare più o meno acerbamente senza unire al rimprovero il consiglio. E parlo di rimproveri giusti. Gli altri sono ingiusti e sono peccato contro il prossimo. Ma quando uno vede un suo prossimo che pecca, e ne soffre perché peccando colui offende Dio e danneggia la sua anima, e da solo sente che non è capace di misurare l’entità dell’altrui peccato, né si sente sapiente a dire parole di conversione e allora si rivolge ad un giusto, ad un sapiente, e confida il suo affanno, allora non fa peccato, perché le sue confidenze sono volte a por fine ad uno scandalo e a salvare un’anima. È come uno che avesse un parente malato di una malattia che è vergognosa. È certo che egli cercherà di tenerla nascosta al popolo, ma in segreto andrà a dire al medico: “Il mio parente secondo me ha questo e questo, né io so consigliarlo e curarlo. Vieni tu o dimmi ciò che devo fare”. Manca forse costui di amore al parente? No. Anzi! Mancherebbe se fingesse di non accorgersi della malattia e la lasciasse progredire, portando alla morte, per un malinteso sentimento di prudenza e di amore.

555.2

Un giorno, e non passeranno anni, tu, e con te i tuoi compagni, dovrete ascoltare le confidenze dei cuori. Non così come le ascoltate ora, da uomini, ma come sacerdoti, ossia medici, maestri e pastori delle anime, così come Io sono Medico, Maestro e Pastore. Dovrete ascoltare e decidere e consigliare. Il vostro giudizio avrà valore come se Dio stesso lo avesse pronunciato...».

Pietro si svincola da Gesù, che lo teneva stretto al suo fianco, e dice alzandosi: «Ciò non è possibile, Signore. Non ce lo imporre mai. Come vuoi che si giudichi come Dio, se non sappiamo neppure giudicare come uomini?».

«Allora saprete, perché lo Spirito di Dio si librerà su voi e vi penetrerà delle sue luci. Saprete giudicare, considerando le sette condizioni dei fatti che vi verranno proposti per avere consiglio o perdono. Ascolta bene e cerca di ricordare. A suo tempo lo Spirito di Dio ti ricorderà le mie parole. Ma tu cerca ugualmente di ricordare con la tua intelligenza, perché Dio te l’ha data perché tu la adoperi senza infingardie e presunzioni spirituali, che portano ad attendere e pretendere tutto da Dio. Quando tu sarai maestro, medico e pastore al posto mio e in mia vece, e quando un fedele verrà a piangere ai tuoi piedi i suoi turbamenti per azioni proprie o azioni altrui, tu devi sempre aver presente questo settenario di interrogativi.

Chi: chi ha peccato? Cosa: quale è la materia del peccato? Dove: in che luogo? Come: in che circostanze? Con che o con chi: lo strumento o la creatura che fu materia al peccato. Perché: quali gli stimoli che hanno creato l’ambiente favorevole al peccato? Quando: in che condizioni e reazioni, e se accidentalmente o per abitudine malsana.

Perché vedi, Simone, la stessa colpa può avere infinite sfumature e gradi, a seconda di tutte le circostanze che l’hanno creata e degli individui che l’hanno compiuta. Ad esempio... Prendiamo in considerazione due peccati che sono i più diffusi: quello della concupiscenza carnale o della concupiscenza delle ricchezze.

Una creatura ha peccato di lussuria, o crede aver peccato di lussuria. Perché talora l’uomo confonde il peccato con la tentazione, oppure giudica uguali lo stimolo creato artificiosamente per un malsano appetito, e uguali quei pensieri che sorgono per riflesso ad una sofferenza di malattia, o anche perché la carne e il sangue delle volte hanno delle improvvise voci che risuonano nella mente prima che essa abbia tempo di mettersi in guardia per soffocarle. Viene da te e ti dice: “Io ho peccato di lussuria”. Un sacerdote imperfetto direbbe: “Anatema su te”. Ma tu, il mio Pietro, non devi dire così. Perché tu sei Pietro di Gesù, sei il successore della Misericordia. E allora, prima di condannare, devi considerare e toccare dolcemente e prudentemente il cuore che ti piange davanti per sapere tutti i lati della colpa o della supposta colpa, dello scrupolo.

Ho detto dolcemente e prudentemente. Ricordare che, oltre che maestro e pastore, sei medico. Il medico non invelenisce le piaghe. Pronto a recidere se c’è della cancrena, sa però anche scoprire e medicare con mano leggera se vi è soltanto ferita con lacerazione di parti vive che vanno riunite, non strappate via. E ricordare che, oltre che medico e pastore, sei maestro. Un maestro regola le sue parole a seconda dell’età dei suoi discepoli. Sarebbe uno scandalo quel pedagogo che a fanciullini svelasse leggi animali che gli innocenti ignoravano, dando così cognizioni e malizie precoci. Anche nel trattare le anime bisogna avere prudenza nell’interrogare. Rispettarsi e rispettare. Ti sarà facile se in ogni anima tu vedrai un tuo figlio. Il padre è naturalmente maestro, medico e guida dei suoi figli. Perciò, quale che sia la creatura che ti è davanti turbata da colpa, o da timore di colpa, tu amala con paterno amore, e saprai giudicare senza ferire e senza scandalizzare.

555.3

Mi segui?».

«Sì, Maestro. Capisco molto bene. Dovrò essere cauto e paziente, persuadere a scoprire le ferite, ma guardarvi da me, senza attirare l’occhio altrui su esse, e soltanto quando vedessi che c’è proprio ferita allora dire: “Vedi? Qui ti sei fatto del male per questo e questo”. Ma, se vedo che la creatura ha soltanto paura di esser ferita per aver visto fantasmi, allora... soffiare via le nebbie senza dare delle luci, per zelo inutile, atte a illuminare vere fonti di colpa. Dico bene?».

«Molto bene. Dunque. Se uno ti dice: “Ho peccato di lussuria”, tu considera chi hai di fronte. Vero è che il peccato può sorgere a tutte le età. Ma sarà più facile riscontrarlo in un adulto che non in un fanciullo, e diverse saranno perciò le interrogazioni e le risposte da fare e da dare ad un uomo o ad un fanciullo. Viene di conseguenza, dalla prima indagine, la seconda sulla materia del peccato, e poi la terza sul luogo del peccato, e la quarta sulle circostanze del peccato, e la quinta su chi fu complice al peccato, e la sesta sul perché del peccato, e la settima sul tempo e sul numero del peccato.

Vedrai che, generalmente, mentre per un adulto, e adulto vivente nel mondo, ad ogni domanda ti apparirà corrispondente una circostanza di vera colpa, per creature fanciulle di età o di spirito, a molte domande dovrai risponderti: “Qui c’è un fumo, non sostanza di colpa”. Anzi, vedrai talora in luogo di fango esservi un giglio che trema di essere stato schizzato di fango, e confonde la goccia di rugiada scesa sul suo calice con lo spruzzo della mota. Anime tanto desiderose di Cielo che temono come macchia anche l’ombra di una nube, che le oscura per un momento frapponendosi fra loro e il sole, ma poi passa, e non vi è traccia di essa sulla candida corolla. Anime tanto innocenti e vogliose di restarlo, che Satana spaventa con tentazioni mentali o aizzando i fomiti della carne o la carne stessa, col­l’approfittarsi di vere malattie della carne. Queste anime vanno consolate e sorrette, perché sono non già peccatrici, ma martiri. Ricordalo sempre.

E ricorda sempre di giudicare anche chi peccò di avidità alle ricchezze o cose altrui con lo stesso metodo. Perché, se è colpa maledetta essere avidi senza bisogno e senza pietà, rubando al povero e contro giustizia vessando i cittadini, i servi, o i popoli, meno grave, molto meno grave è la colpa di chi, avendo avuto negato un pane dal suo prossimo, lo ruba per sfamare se stesso e le sue creature. Ricorda che, se tanto per il lussurioso come il ladro è di misura, nel giudicare, il numero, le circostanze e la gravità della colpa, è anche di misura nel giudicare la conoscenza, da parte del peccatore, del peccato che ha commesso e nel momento che lo commetteva. Perché, se uno fa con piena conoscenza, pecca più di chi fa per ignoranza. E chi fa con libero consenso della volontà pecca più di chi è forzato al peccato. In verità ti dico che talora vi saranno fatti dall’apparenza di peccato e che saranno martirio, e avranno il premio dato per un patito martirio.

E ricorda soprattutto che in tutti i casi, prima di condannare, dovrai ricordarti che tu pure fosti uomo e che il Maestro tuo, che nessuno poté trovare in peccato, mai, non condannò mai alcuno che si fosse pentito di aver peccato. Perdona settanta volte sette, e anche settanta volte settanta, i peccati dei tuoi fratelli e dei figli tuoi. Perché chiudere le porte della Salute ad un malato, solo perché ricaduto nella malattia, è volerlo fare morire.

555.4

Hai compreso?».

«Ho compreso. Questo l’ho proprio compreso...».

«E allora dimmi ora tutto il tuo pensiero».

«Eh! sì! Te lo dico perché vedo che proprio Tu sai tutte le cose, e capisco che non è mormorare dirti di mandare via Giuda, al mio posto, perché egli soffre di non andare. Io te lo dico non per dire che egli è invidioso e farmi scandalo di lui, ma per dargli pace e... darti pace. Perché deve essere ben faticoso per Te avere sempre quel vento di temporale vicino...».

«Giuda si è ancora lamentato?».

«Eh! sì! Ha detto che ogni tua parola è una ferita per lui. Anche quello che hai detto per i fanciulli. Dice che in verità fu per lui che Tu hai detto che Eva andò all’albero perché le piaceva quella cosa lucente come un serto di re. Io veramente non ci avevo trovato proprio un paragone. Ma io sono ignorante. Bartolmai e lo Zelote invece hanno detto che Giuda è stato proprio “toccato nel vivo più vivo”, perché egli è stregato da tutto ciò che luccica e seduce la vanagloria. E avranno ragione, perché essi sono sapienti. Sii buono con i tuoi poveri apostoli, Maestro! Fa’ contento Giuda, e me con lui. Tanto! Lo vedi? So fare solo divertire i fanciulli... ed essere fanciullo fra le tue braccia», e si stringe al suo Gesù, che ama veramente con tutte le sue forze.

«No. Non ti posso accontentare. Non insistere. Tu, proprio perché sei come sei, vai alla missione. Egli, proprio perché è come è, resta qui. Anche mio fratello me ne aveva parlato, e per quanto lo ami tanto ho risposto anche a lui “no”. Neppure se me ne pregasse mia Madre cederei. Non è un castigo, ma una medicina. E Giuda la deve prendere. Se non gioverà al suo spirito gioverà al mio, perché non potrò rimproverarmi di avere omesso cosa alcuna per santificarlo».

Gesù è severo e imperioso nel dire questo. Pietro lascia ricadere le braccia e abbassa il capo sospirando.

«Non te ne affliggere, Simone. Noi avremo un’eternità per stare uniti e amarci.

555.5

Ma tu avevi altre cose da dirmi...».

«È tardi, Maestro. Tu devi dormire».

«Tu più di Me, Simone, che all’alba devi metterti in cammino».

«Oh! per me! Stare qui con Te è più riposo che stare sul letto».

«Parla, dunque. Tu lo sai che poco Io dormo...».

«Ecco! Io sono uno zuccone, lo so e lo dico senza vergogna. E se fosse per me non mi importerebbe molto di sapere, perché penso che la sapienza più grande sia amarti e seguirti e servirti con tutto il cuore. Ma Tu mi mandi qua e là. E la gente mi interroga e io devo rispondere. Penso che quello che io chiedo a Te, altri possono chiederlo a me. Perché gli uomini hanno gli stessi pensieri. Tu dicevi[1] ieri che sempre gli innocenti e i santi soffriranno, anzi saranno quelli che soffrono per tutti. Questo è duro per il mio intelletto, anche che Tu dica che essi stessi lo desidereranno. E penso che, come è duro per me, possa esserlo per altri. Se me ne chiedono, che cosa devo rispondere? In questo primo viaggio una madre mi disse: “Non era giusto che la mia bambina morisse con tanto dolore, perché era buona e innocente”. E io, non sapendo che dire, le ho detto le parole[2] di Giobbe: “Il Signore ha dato. Il Signore ha tolto. Sia benedetto il Nome del Signore”. Ma non sono rimasto persuaso neppure io. E non ho persuaso lei. Vorrei un’altra volta sapere che dire...».

«È giusto.

555.6

Ascolta. Pare un’ingiustizia, ed è una grande giustizia, che i migliori soffrano per tutti. Ma dimmi un poco, Simone. Cosa è la Terra? Tutta la Terra».

«La Terra? Uno spazio grande, grandissimo, fatto di polvere e acque, di rocce, con piante, animali e creature umane».

«E poi?».

«E poi basta... A meno che Tu non voglia che io dica che è il luogo di castigo dell’uomo e di esilio».

«La Terra è un altare, Simone. Un enorme altare. Doveva essere altare di lode perpetua al suo Creatore. Ma la Terra è piena di peccato. Perciò deve essere altare di perpetua espiazione, di sacrificio, su cui ardono le ostie. La Terra dovrebbe, come gli altri mondi sparsi nel Creato, cantare i salmi a Dio che l’ha fatta. Guarda!».

Gesù apre le imposte di legno, e dalla finestra spalancata entra il fresco della notte, il rumore del torrente, il raggio di luna, e si vede il cielo trapunto di stelle.

«Guarda quegli astri! Essi cantano con la voce loro, che è di luce e di moto negli spazi infiniti del firmamento, le lodi di Dio. Da millenni dura il loro canto, che sale dagli azzurri campi del cielo al Cielo di Dio. Possiamo pensare astri e pianeti, stelle e comete come creature siderali che, come siderali sacerdoti, leviti, vergini e fedeli, devono cantare in un tempio sconfinato le laudi del Creatore. Ascolta, Simone. Senti il fruscio delle brezze fra le fronde e il rumore delle acque nella notte. Anche la Terra canta, come il cielo, coi venti, con le acque, con la voce degli uccelli e degli animali. Ma, se per il firmamento basta la luminosa lode degli astri che lo popolano, non basta il canto dei venti, acque e animali per il tempio che è la Terra. Perché in essa non sono solo venti, acque e animali, cantanti incoscientemente le lodi di Dio, ma in essa è anche l’uomo: la creatura perfetta sopra tutto ciò che è vivente nel tempo e nel mondo, dotata di materia come gli animali, i minerali e le piante, e di spirito come gli angeli del Cielo, e come essi destinata, se fedele nella prova, a conoscere e possedere Dio, con la grazia prima, col Paradiso poi. L’uomo, sintesi che abbraccia tutti gli stati[3], ha una missione che gli altri creati non hanno e che per lui dovrebbe essere, oltre che dovere, una gioia: amare Dio. Dare intelligentemente e volontariamente culto d’amore a Dio. Ripagare Dio dell’amore che Egli ha dato all’uomo dandogli la vita e dandogli il Cielo oltre la vita. Dare culto intelligente.

Considera, Simone. Che bene ritrae Dio dalla Creazione? Che utile? Alcuno. La Creazione non aumenta Dio, non lo santifica, non lo arricchisce. Egli è infinito. Tale sarebbe stato anche se la Creazione non fosse stata. Ma Dio-Amore voleva avere dell’amore. Ed ha creato per avere amore. Unicamente amore può trarre dal Creato Iddio, e questo amore, che è intelligente e libero unicamente negli angeli e negli uomini, è la gloria di Dio, la gioia degli angeli, la religione per gli uomini. Quel giorno che il grande altare della Terra tacesse di lodi e di suppliche d’amore, la Terra cesserebbe di essere. Perché, spento l’amore, sarebbe spenta la riparazione, e l’ira di Dio annullerebbe l’inferno terrestre che sarebbe divenuta la Terra. La Terra, dunque, per esistere deve amare. E ancora: la Terra deve essere il Tempio che ama e prega con l’intelligenza degli uomini. Ma nel Tempio, in ogni tempio, quali vittime si offrono? Le vittime pure, senza macchia né tara. Solo queste sono gradite al Signore. Esse e le primizie. Perché al padre della famiglia vanno date le cose migliori, e a Dio Padre dell’umana Famiglia va data la primizia di ogni cosa, e le cose elette.

555.7

Ma ho detto che la Terra ha un duplice dovere di sacrificio: quello di lode e quello di espiazione. Perché l’Umanità che la copre ha peccato nei primi uomini e pecca continuamente, aggiungendo al peccato di disamore a Dio quegli altri mille delle sue aderenze alle voci del mondo, della carne e di Satana. Colpevole, colpevole Umanità che, avendo somiglianza con Dio, avendo intelligenza propria e aiuti divini, è peccatrice sempre, e sempre più. Gli astri ubbidiscono, le piante ubbidiscono, gli elementi ubbidiscono, gli animali ubbidiscono e, così come sanno, lodano il Signore. Gli uomini non ubbidiscono e non lodano a sufficienza il Signore. Ecco allora la necessità di anime ostie che amino ed espiino per tutti. Sono i fanciulli che pagano, innocenti e ignari, l’amaro castigo del dolore per coloro che non sanno che peccare. Sono i santi che, volonterosi, si sacrificano per tutti.

Fra poco — un anno o un secolo è sempre “poco” rispetto all’eternità — non si celebreranno più altri olocausti sull’altare del gran Tempio della Terra fuor[4] di questi delle vittime-uomo, consumate con il perpetuo sacrificio: ostie con l’Ostia perfetta. Non ti scuotere, Simone. Non dico già che Io metterò un culto simile a quello di Moloc e di Baal e di Astarte. Gli uomini stessi ci immoleranno. Intendi? Ci immoleranno. E noi andremo lieti alla morte per espiare e amare per tutti. E poi verranno i tempi in cui gli uomini non immoleranno più gli uomini. Ma sempre vi saranno le vittime pure, che l’amore consuma insieme alla gran Vittima nel Sacrificio perpetuo. Dico l’amore di Dio e l’amore per Dio. Invero esse saranno le ostie del tempo e del Tempio futuro. Non agnelli e capri, vitelli e colombi, ma il sacrificio del cuore è ciò che Dio gradisce. Davide lo ha intuito[5]. E nel tempo nuovo, tempo dello spirito e dell’amore, solo questo sacrificio sarà gradito.

Considera, Simone, che se un Dio ha dovuto incarnarsi per placare la Giustizia divina per il gran Peccato, per i molti peccati degli uomini, nel tempo della verità solo i sacrifici degli spiriti degli uomini possono placare il Signore. Tu pensi: “Ma perché allora Egli, l’Altissimo, dette ordine[6] di immolargli i figli degli animali e i frutti delle piante”? Io te lo dico: perché, prima della mia venuta, l’uomo era un olocausto macchiato, e perché non era conosciuto l’Amore. Ora conosciuto sarà. E l’uomo, che conoscerà l’Amore, perché Io renderò la Grazia per la quale l’uomo conosce l’Amore, escirà dal letargo, ricorderà, comprenderà, vivrà, si sostituirà ai capri e agli agnelli, ostia di amore e di espiazione, ad imitazione dell’Agnello di Dio, suo Maestro e Redentore. Il dolore, sin qui castigo, si muterà in amore perfetto, e beati quelli che lo abbracceranno per amore perfetto».

«Ma i bambini...».

«Vuoi dire coloro che ancor non sanno offrirsi... E sai tu quando Dio parli in essi? Il linguaggio di Dio è linguaggio spirituale. L’anima lo intende e l’anima non ha età. Anzi ti dico che l’anima fanciulla, perché senza malizia, è, per capacità di intendere Dio, più adulta di quella di un vegliardo peccatore. Io ti dico, Simone, che tu vivrai tanto da vedere molti pargoli insegnare agli adulti, e anche a te stesso, la sapienza dell’amore eroico. Ma in quei piccoli che muoiono per ragioni naturali è Dio che opera direttamente, per ragioni di un così alto amore che non posso spiegarti, rientrando esse nelle sapienze che sono scritte nei libri della Vita e che solo nel Cielo saranno letti dai beati. Letti, ho detto. Ma, in verità, basterà guardare Iddio per conoscere non solo Dio, ma anche la sua infinita sapienza…

555.8

Abbiamo fatto venire il tramonto della luna, Simone... Presto è l’alba e tu non hai dormito...».

«Non importa, Maestro. Ho perduto poche ore di sonno e acquistato tanta sapienza. E sono stato con Te. Ma se Tu lo permetti, ora vado. Non a dormire. Ma a ripensare alle tue parole». È già sulla porta e sta per uscire quando si ferma pensieroso e poi dice: «Ancora una cosa, Maestro. È giusto che io dica, a qualcuno che soffre, che il dolore non è un castigo ma è una… grazia, una cosa come... come la nostra chiamata, bella anche se faticosa, bella anche se, a chi non sa, può parere brutta e triste cosa?».

«Lo puoi dire, Simone. È la verità. Il dolore non è un castigo, quando lo si sa accogliere e usare con giustizia. Il dolore è come un sacerdozio, Simone. Un sacerdozio aperto a tutti. Un sacerdozio che dà un gran potere sul cuore di Dio. E un grande merito. Nato col peccato, sa placare la Giustizia. Perché Dio sa usare al Bene anche quanto l’Odio ha creato per dare del dolore. Io non ho voluto altro mezzo per annullare la Colpa. Perché non vi è mezzo più grande di questo».


Notes

  1. Tu disais : ce thème a déjà été abordé en 436.4, 553.6, 554.3. La souffrance dans le dernier discours de Jésus, en 638.14/15.
  2. paroles qui se trouvent en Jb 1, 21.
  3. tous les états est corrigé par Maria Valtorta en toutes les natures. Elle note en effet sur une copie dactylographiée : “ La nature minérale est présente en l’homme — puisque sa matière se compose de substances minérale —, ainsi que la nature animale et l’état spirituel. ”
  4. David en a eu l’intuition, en Ps 51, 18-19.
  5. donné l’ordre, comme en Ex 22, 28-29 ; 34, 19.

Note

  1. dicevi, su un tema già accennato in 436.4, 553.6, 554.3. Il dolore nell’ultimo discorso di Gesù, in 638.14/15.
  2. parole, che sono in: Giobbe 1, 21.
  3. tutti gli stati è corretto da MV in tutte le nature su una copia dattiloscritta, sulla quale anche MV annota: Nell’uomo è presente la natura minerale, perché di sostanze minerali è composta la sua materia, e animale, e lo stato spirituale.
  4. fuor è aggiunto da MV su una copia dattiloscritta, sulla quale anche MV corregge l’espressione ostie con l’Ostia perfetta con l’espressione ostie consumate insieme all’Ostia perfetta.
  5. lo ha intuito, in: Salmo 51, 18-19.
  6. dette ordine, come in: Esodo 22, 28-29; 34, 19.