Los Escritos de Maria Valtorta

61. La parabole du cheval aimé du roi et les bienfaits de Jésus pour les pauvres.

61. Jesús agracia a los pobres después de exponer

61.1

Jésus est monté sur un tas de paniers et de filins à l’entrée du jardin de la maison de la belle-mère de Pierre. Les gens s’entassent dans le jardin et il y en a sur la grève du lac, les uns assis sur le rivage, les autres sur les barques tirées au sec. Il me semble qu’il parle depuis déjà quelque temps car le discours est commencé. J’entends :

« … Sûrement, vous avez souvent pensé cela au fond de votre cœur. Mais il n’en est pas ainsi. Le Seigneur n’a pas manqué de bonté à l’égard de son peuple, bien que celui-ci lui ait manqué de fidélité, des milliers de fois.

Ecoutez cette parabole : elle vous aidera à comprendre.

Un roi avait dans ses écuries des quantités de chevaux magnifiques. Mais il en aimait un d’un amour tout spécial. Il l’avait désiré, avant même de le posséder ; puis, l’ayant acquis, il l’avait mis dans un endroit délicieux, et il allait le voir, poser sur lui son regard et son cœur, contemplant en lui son préféré, rêvant de faire de lui la merveille de son royaume. Et quand le cheval, révolté contre ses ordres, avait désobéi et s’était enfui chez un autre maître, malgré sa douleur et sa justice, le roi avait promis au révolté le pardon après le châtiment. Fidèle à sa promesse, il veillait de loin sur son préféré, lui envoyant des cadeaux et des gardiens qui rappelleraient son souvenir à son cœur.

Mais le cheval, bien que souffrant de son exil hors du royaume, n’avait pas la constance du roi pour aimer et vouloir un pardon total. Il était tantôt bon, tantôt mauvais, mais le bien ne l’emportait pas sur le mal. C’était plutôt le contraire. Et pourtant le roi patientait et, par des reproches et des caresses, il cherchait à faire de son cheval le plus cher ami docile. Plus le temps passait, plus l’animal devenait rétif. Il appelait son roi, pleurait sous le fouet des autres maîtres, mais ne voulait pas appartenir vraiment au roi. Il n’en avait pas la volonté. Epuisé, accablé, gémissant, il ne disait pas : “ C’est ma faute si je suis ainsi ”, mais il s’en prenait à son roi.

Après avoir tout essayé, le roi tenta un dernier essai. “ Jusqu’à présent, dit-il, j’ai envoyé des messagers et des amis. Je vais lui envoyer mon propre fils. Il a le même cœur que moi et il parlera avec mon propre amour et il donnera des caresses et des cadeaux semblables à ceux que j’avais donnés, et même plus doux encore, car mon fils, c’est moi-même, mais sublimé par l’amour. ” Et il envoya son fils. Voilà la parabole.

61.2

Maintenant, c’est à vous de parler. Vous semble-t-il que ce roi aimait son animal préféré ? »

Les gens s’écriaient unanimement :

« Il l’aimait infiniment.

– L’animal pouvait-il se plaindre de son roi pour tout le mal qu’il avait souffert après l’avoir abandonné ?

– Non, il ne le pouvait pas, répond la foule.

– Répondez encore à cette question : ce cheval, comment vous semble-t-il qu’il a accueilli le fils de son roi qui venait le racheter, le guérir et le ramener dans un lieu de délices ?

– Avec joie, c’est naturel, avec reconnaissance et affection.

– Mais si le fils du roi avait dit au cheval : “ Je suis venu dans ce but et pour te procurer ces avantages, mais tu dois désormais être obéissant, plein de bonne volonté, fidèle envers moi ”, que pensez-vous que le cheval aurait dit ?

– Oh ! Inutile de le demander ! Il aurait dit, maintenant qu’il savait ce qu’il en coûtait d’être banni du royaume, qu’il voulait correspondre à ce que le fils du roi lui demandait.

– Alors selon vous, quel était le devoir de ce cheval ?

– D’être encore meilleur qu’on ne le lui avait demandé, plus affectueux, plus docile pour se faire pardonner ses fautes passées et par reconnaissance pour le bien qu’on lui avait fait.

– Et s’il n’avait pas agi ainsi ?

– Il serait digne de mort, parce qu’il serait pire qu’une bête sauvage.

– Mes amis, vous avez bien jugé. Agissez donc, vous aussi, comme vous voudriez que ce cheval l’ait fait. Vous, les hommes, vous êtes les créatures de prédilection du Roi des Cieux, Dieu, mon Père et le vôtre ; vous à qui, après les prophètes, Dieu a envoyé son propre Fils, comportez-vous – je vous en conjure pour votre bien et parce que je vous aime comme seul un Dieu peut aimer, ce Dieu qui est en moi pour accomplir le prodige de la Rédemption – comportez-vous au moins comme vous jugez que cet animal doit le faire. Malheur à celui qui, étant homme, s’abaisse à un degré inférieur à celui de l’animal ! Mais s’il pouvait encore y avoir une excuse pour ceux qui jusqu’à présent ont péché, maintenant il n’y en a plus. Auparavant, oui, car trop de temps était passé, le monde avait accumulé trop de poussière sur la Loi, depuis qu’elle avait été donnée. Je suis venu pour présenter de nouveau la parole de Dieu. Le Fils de l’homme est parmi les hommes pour les ramener à Dieu. Suivez-moi. Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. »

61.3

Murmures habituels de la foule.

Jésus ordonne aux disciples :

« Faites avancer les pauvres. Je dispose pour eux de la grosse offrande d’une personne qui se recommande à eux pour obtenir le pardon de Dieu. »

Trois vieillards déguenillés, deux aveugles et un bossu se présentent, suivis d’une veuve avec sept enfants émaciés.

Jésus les regarde attentivement, l’un après l’autre, sourit à la veuve et surtout aux orphelins. Il donne même à Jean cet ordre :

« Ceux-ci, mets-les là, dans le jardin. Je veux leur parler. »

Mais il devient sévère, l’œil flamboyant, quand un petit vieux se présente à lui. Toutefois, il ne dit rien pour le moment.

Il appelle Pierre et se fait remettre la bourse reçue peu de temps auparavant et une autre remplie de menue monnaie, oboles recueillies auprès de braves gens. Il renverse le tout sur un petit banc près du puits, compte et fait six parts. Une très grosse somme toute en pièces d’argent et cinq tas plus petits avec beaucoup de pièces de bronze et seulement quelques grosses pièces. Il appelle ensuite les pauvres malades et leur demande :

« Vous n’avez rien à me dire ? »

Les aveugles se taisent ; le bossu dit :

« Que celui d’auprès de qui tu viens te protège ! »

Rien de plus.

Jésus lui remet l’obole dans la main valide.

L’homme dit :

« Que Dieu t’en récompense mais, plus que cela, je voudrais que tu me guérisses.

– Tu ne l’as pas demandé.

– Je suis un pauvre ver de terre que les grands piétinent ; je n’osais espérer que tu aurais pitié d’un mendiant.

– Je suis la Pitié qui se penche sur toute misère qui m’appelle. Je ne la refuse à personne. Je ne demande que l’amour et la foi pour répondre : je t’écoute.

– Ah ! Mon Seigneur ! Je crois et je t’aime ! Alors sauve-moi ! Guéris ton serviteur ! »

Jésus pose la main sur son dos courbé, la fait courir comme pour le caresser et dit :

« Je veux que tu sois guéri. »

L’homme se redresse, agile et normal, avec des bénédictions sans fin.

61.4

Jésus donne l’obole aux aveugles et attend un instant pour les congédier… puis il les laisse partir. Il appelle les vieillards. Au premier il fait l’aumône et l’aide à mettre la monnaie dans sa ceinture.

Il s’intéresse avec pitié aux ennuis du second qui lui parle de la maladie d’une fille.

« Je n’ai qu’elle ! Et maintenant elle va mourir, que vais-je devenir ? Ah ! Si tu venais ! Elle, elle ne marche plus, elle ne tient pas debout. Elle le voudrait bien, mais ne peut pas. Maître, Seigneur Jésus, aie pitié de nous !

– Où habites-tu, père ?

– A Chorazeïn. Demande Isaac, fils de Jonas, surnommé l’A­dulte. Tu vas vraiment venir ? N’oublieras-tu pas mon malheur ? Et tu vas me guérir ma fille ?

– Peux-tu croire que je puisse la guérir ?

– Oh oui, je le crois ! C’est pour cela que je t’en parle.

– Rentre à la maison, père. Ta fille sera sur le pas de ta porte pour te saluer.

– Mais elle est au lit, et ne peut se lever depuis trois… Ah ! Je comprends. Oh ! Merci, bon Maître ! Sois béni, toi et celui qui t’a envoyé ! Louange à Dieu et à son Messie ! »

Le vieil homme s’é­loigne en pleurant, et marche le plus vite possible. Mais au moment de sortir du jardin, il dit :

« Maître, tu viendras quand même dans ma pauvre maison ? Isaac t’attend pour te baiser les pieds, te les laver de ses larmes et t’offrir le pain de l’amour. Viens, Jésus. Je parlerai de toi à mes concitoyens.

– Je viendrai. Va en paix et sois heureux. »

61.5

Le troisième petit vieux s’avance ensuite. Il paraît le plus déguenillé de tous. Mais Jésus n’a plus que le gros tas d’argent. Il appelle d’une vois forte :

« Femme, viens avec tes enfants. »

La femme, jeune et émaciée se présente, la tête baissée. On dirait une pauvre mère poule au milieu de ses pauvres poussins.

« Depuis quand es-tu veuve, femme ?

– Cela fait trois ans à la lune de Tisri.

– Quel âge as-tu ?

– Vingt-sept ans.

– Ce sont tous tes enfants ?

– Oui, Maître, et… et je n’ai plus rien. J’ai tout dépensé… comment puis-je travailler si personne ne veut de moi avec tous ces gamins ?

– Dieu n’abandonne pas même le ver qu’il a créé. Il ne t’abandonnera pas, femme. Où habites-tu ?

– Sur le lac, à trois stades de Bethsaïde. C’est lui qui m’a dit de venir… Mon mari est mort sur le lac ; il était pêcheur… »

“ Lui ”, c’est André qui rougit et voudrait bien disparaître.

« Tu as bien fait, André, de dire à cette femme de venir me trouver. »

André se rassure et murmure :

« L’homme était mon ami, il était bon. Il a péri sur le lac pendant une tempête, et a même perdu sa barque.

– Tiens, femme. Ceci t’aidera un bon moment et puis un autre soleil se lèvera sur ton jour. Sois bonne, élève tes enfants dans l’observance de la Loi et l’aide de Dieu ne te fera pas défaut. Je te bénis, toi et les petits. »

Il les caresse l’un après l’autre avec une grande pitié.

La femme s’en va, serrant le trésor sur son cœur.

61.6

« Et à moi ? » demande le dernier petit vieux qui reste.

Jésus le regarde et se tait.

– Rien pour moi ? Tu n’es pas juste ! A elle, tu as donné six fois plus qu’aux autres et, à moi, rien ! Mais voilà… c’était une femme ! »

Jésus le regarde et se tait.

« Vous tous, regardez si c’est juste ! Je viens de loin parce que l’on m’a dit qu’ici on donne de l’argent, et puis voilà, je vois qu’il y en a à qui on donne trop et, à moi, rien… Un pauvre vieux malade ! Et il veut que l’on croie en lui !…

– Vieil homme, tu n’as pas honte de mentir ainsi ? La mort approche pour toi, et tu mens, tu cherches à voler ceux qui ont faim. Pourquoi veux-tu voler à des frères l’obole que j’ai prise pour la distribuer aux petits, avec justice ?

– Mais moi…

– Tais-toi ! Mon silence et ma façon d’agir auraient dû te faire comprendre que je savais à qui j’avais à faire et tu aurais dû rester silencieux comme moi. Pourquoi veux-tu que je te couvre de honte ?

– Je suis pauvre.

– Mais non, tu es un avare et un voleur. Tu vis pour l’argent et pour l’usure.

– Je n’ai jamais pratiqué l’usure. Dieu m’en est témoin.

– N’est-ce pas de l’usure – et même des plus cruelles – que de voler ceux qui sont réellement dans le besoin ? Va. Repens-toi pour que Dieu te pardonne.

– Je te jure…

– Tais-toi ! Je te l’ordonne ! Il est dit : “ Il ne faut pas faire de faux serments. ” Si je ne respectais pas tes cheveux blancs, je te fouillerais et je trouverais sur toi ta bourse remplie d’or, ton vrai cœur. Va-t’en ! »

Voyant son secret découvert, le vieillard part tout honteux sans insister, au ton de voix de Jésus. La foule le menace, le raille et le traite de voleur.

« Taisez-vous ! S’il est, lui, sorti du droit chemin, ne l’imitez pas. Il manque de sincérité : c’est un malhonnête. Vous, en l’insultant, vous manquez à la charité. Il ne faut pas insulter son frère qui a péché. Chacun a son péché ; personne n’est parfait, excepté Dieu. J’ai dû lui faire honte parce qu’il n’est jamais permis d’être voleur. Jamais et surtout pas envers les pauvres. Mais seul le Père sait combien j’ai souffert de le faire. Vous aussi devez éprouver de la souffrance de voir un israélite manquer à la Loi en cherchant à faire tort aux pauvres et à la veuve. Ne soyez pas cupides. Que votre trésor soit votre âme et non pas l’argent. Ne faites pas de faux serments. Que votre langage soit pur et honnête comme vos actes. La vie n’est pas éternelle, et l’heure de la mort ap­proche. Vivez de telle façon qu’à l’heure de la mort votre âme puisse être en paix, dans la paix de celui qui a vécu en juste. Rentrez chez vous…

61.7

– Pitié, Seigneur, mon fils que voilà est muet à cause d’un démon qui le tourmente.

– Et mon frère, ici, est semblable à une bête répugnante. Il se roule dans la boue et mange les excréments. C’est un esprit malin qui le pousse à ces gestes immondes, en dépit de sa volonté. »

Jésus va vers le groupe qui l’implore. Il lève les bras et commande :

« Sortez de ces personnes. Rendez à Dieu ses créatures. »

Au milieu de cris et de clameurs, les deux malheureux sont guéris. Les femmes qui les conduisaient se prosternent en bénissant.

« Rentrez chez vous et soyez reconnaissants à Dieu. Que la paix soit avec vous tous. Allez. »

La foule s’en va en commentant les faits. Les quatre disciples se serrent auprès du Maître.

« Mes amis, en vérité je vous dis que tous les péchés se trouvent en Israël et que les démons y ont établi leur demeure. Il n’y a pas que les possessions qui rendent les lèvres muettes et qui poussent à vivre comme une bête en mangeant les ordures. Mais les plus réelles et les plus nombreuses sont celles qui ferment les cœurs à l’honnêteté et à l’amour et en font une sentine de vices immondes, ô mon Père ! »

Jésus, accablé, s’assied.

« Tu es fatigué, Maître ?

– Pas fatigué, mon Jean, mais désolé par l’état des cœurs et le peu de volonté à se corriger. Je suis venu… mais l’homme… l’homme… ô mon Père !…

– Maître, moi je t’aime. Nous tous, nous t’aimons…

– Je le sais, mais vous êtes si peu nombreux… et mon désir de sauver est si grand ! »

Jésus a pris Jean dans ses bras et met sa tête contre la sienne. Il est triste. Autour de lui, Pierre, André et Jacques le regardent avec amour et tristesse.

La vision s’arrête là.

61.1

Jesús se ha subido a un montón de cestos y corderías a la entrada del huerto de la casa de la suegra de Pedro. El huerto está abarrotado de gente, y además hay más gente en la orilla guijarrosa del lago, parte sentada en el suelo, parte en las barcas sacadas a tierra. Da la impresión de que esté hablando ya desde hace algo de tiempo, porque el discurso está empezado. Yo oigo:

«... Seguro que muchas veces en vuestro corazón habréis pensado así, pero no es así. El Señor no se ha mostrado falto de benignidad para con su pueblo, a pesar de que éste le haya sido infiel miles y miles de veces.

Escuchad esta parábola. Os ayudará a entender.

Un rey tenía muchos y muy espléndidos caballos en sus caballerizas, pero a uno de ellos le estimaba especialmente. Le había soñado aún antes de tenerle. Una vez conseguido, le había puesto en un lugar de delicias, adonde iba con el ojo y con el corazón, mimando a ese predilecto suyo, soñando con hacer de él la maravilla de su reino. Y cuando el caballo, rebelándose a las órdenes, había desobedecido y había huido yendo a otro dueño, aun con dolor y rigor, el rey había prometido al rebelde perdón después del castigo. Y, fiel a esto, incluso desde lejos cuidaba de su predilecto con solicitud, mandándole dones y guardianes que le mantuvieran su recuerdo en el corazón.

Pero el caballo, aunque sufriera por su destierro, no era constante, como lo era el rey, en amar y en desear el perdón completo: a veces era bueno, a veces malo, y lo bueno no superaba a lo malo; es más, sucedía lo contrario. No obstante, el rey tenía paciencia y con reprensiones y caricias trataba de hacer de su más estimado caballo un dócil amigo. Cuanto más pasaba el tiempo, más reacio se volvía el animal. Deseaba vivamente a su rey, lloraba por el látigo de los otros dueños, pero no quería ser verdaderamente de su rey. No tenía la voluntad de serlo. Derrengado, angustiado, gimiendo, no decía: “Lo que soy es por culpa mía”, sino que le echaba la culpa a su rey.

Éste, después de haber intentado todo, recurrió a su última prueba. “Hasta ahora — dijo — he mandado mensajeros y amigos. Ahora mandaré a mi propio hijo. Él tiene mi mismo corazón y hablará con mi mismo amor y tendrá para con él caricias y dones como los míos, es más, aún más dulces, porque mi hijo es yo mismo pero sublimado por el amor”. Y mandó al hijo.

Ésta es la parábola.

61.2

Ahora decid: ¿os parece que ese rey quería a su animal preferido?».

La gente dice a una voz: «Infinitamente le quería».

«¿Podía el animal quejarse de su rey por todo el mal que había sufrido por haberle dejado?».

«No, no podía» responde la multitud.

«Responded también a esto: ese caballo cómo os parece que habrá acogido al hijo de su rey, que venía para rescatarle, curarle y llevarle de nuevo al lugar de delicias?».

«Con alegría, es natural, con gratitud y afecto».

«Y si el hijo del rey le ha referido al caballo: “Yo he venido para esto y esto, pero tú ahora debes ser bueno, obediente, lleno de buena voluntad, fiel a mí”, ¿qué decís que habrá respondido el caballo?».

«¡Eso ni se pregunta! Habrá contestado — ahora que sabía lo que le costaba estar segregado del reino — que quería ser como decía el hijo del rey».

«Entonces, según vosotros, ¿cuál era el deber de ese caballo?».

«Ser aun más bueno de lo que se le pedía, más afectuoso, más dócil, para que le fuera perdonado el mal pasado, por gratitud por el bien recibido».

«¿Y si no hubiera actuado así?».

«Merecería la muerte, porque sería peor que una fiera salvaje».

«Amigos, habéis juzgado bien. Comportaos vosotros como querríais que hubiera actuado ese caballo. Vosotros, hombres, criaturas predilectas del Rey de los Cielos, Dios, Padre mío y vuestro; vosotros, a quienes, después de los Profetas, Dios envía a su propio Hijo, sed, ¡oh! sed — os lo pido por lo que más queráis, por vuestro bien, y porque os amo como sólo un Dios puede amar, ese Dios que está en mí para obrar el milagro de la Redención —, sed al menos como juzgáis que debe ser ese animal. ¡Ay de quien se rebaja a sí mismo, hombre, a un grado inferior al animal! Si podía haber disculpa todavía para aquellos que hasta el momento presente pecaban — porque demasiado tiempo y demasiado polvo del mundo han transcurrido desde que la Ley fue dada, y sobre ésta el polvo se ha posado —, ahora ya no. Yo he venido para traeros de nuevo la palabra de Dios. El Hijo del hombre está entre los hombres para llevarlos de nuevo a Dios. Seguidme. Yo soy el Camino, la Verdad, la Vida».

61.3

El murmullo de costumbre entre la multitud...

Jesús les ordena a los discípulos: «Haced que los pobres pasen hacia adelante. Tengo para ellos una rica ofrenda de una persona que se encomienda a ellos para obtener perdón de Dios».

Pasan adelante tres viejecitos andrajosos, dos ciegos y un tullido, y luego una viuda con siete niños macilentos.

Jesús los mira fijamente uno por uno, sonríe a la viuda y especialmente a los huerfanitos, es más, le ordena a Juan: «Que a éstos se les ponga allí, en el huerto, quiero hablar con ellos», mas toma aspecto severo, con fuego en los ojos, cuando se presenta a Él un hombre entrado en años; pero no dice nada, por el momento.

Llama a Pedro y le pide la bolsa recibida poco antes y otra llena de monedas más pequeñas (varios donativos recogidos entre las buenas personas). Vuelca todo sobre el banco que hay cerca del pozo. Cuenta y divide. Hace seis partes: una muy grande, toda de monedas de plata; cinco más pequeñas, con mucho bronce y sólo alguna moneda grande. Llama luego a los pobrecitos enfermos y pregunta: «¿No tenéis nada que decirme?».

Los ciegos callan, el tullido dice: «Que Aquel del que Tú vienes te proteja». Nada más.

Jesús le pone en la mano sana el óbolo.

El hombre dice: «Dios te lo pague, pero yo de ti, más que esto, quisiera la curación».

«No la has pedido».

«Soy pobre, un gusano que los grandes pisotean, no podía imaginarme que tuvieras piedad de un mendigo».

«Yo soy la Piedad che se inclina hacia toda miseria que la llama. No rechazo a nadie. No pido más que amor y fe para decir: “te escucho”».

«¡Oh!, ¡Señor mío! ¡Yo creo y te amo! ¡Sálvame entonces! ¡Cura a tu siervo!».

Jesús pone su mano sobre la encorvada espalda, la desliza como haciendo una caricia y dice: «Quiero que quedes curado».

El hombre se endereza, ágil e íntegro, pronunciando infinitas bendiciones.

61.4

Jesús da el óbolo a los ciegos y espera un instante antes de permitirles que se marchen... después les deja que se vayan.

Llama a los viejos. Al primero le da una limosna, le anima y le ayuda a ponerse las monedas en el cinturón.

Se interesa, piadoso, de las desventuras del segundo, que le habla de la enfermedad de una hija: «¡Ella es lo único que tengo! Y ahora se me muere. ¿Qué será de mí? ¡Oh!, ¡si Tú vinieras! Ella no puede, no se tiene en pie. Querría... pero no puede. ¡Maestro, Señor, Jesús, piedad de nosotros!».

«¿Dónde estás, padre?».

«En Corazín. Pregunta por Isaac de Jonás, llamado “el Adulto”. ¿Verdaderamente vendrás? ¿No te olvidarás de mi desventura? ¿Y me curarás a mi hija?».

«¿Puedes creer que la puedo curar?».

«¡Oh, claro que lo creo!... Por eso te hablo de ella».

«Vete a casa, padre. Tu hija estará en la puerta para recibirte».

«Pero si está en cama y no puede levantarse desde hace tres... ¡Ah, comprendido! ¡Gracias, Rabbuní! ¡Benditos seáis Tú y quien te ha enviado! ¡Gloria a Dios y a su Mesías!». El anciano se va llorando, renqueando, lo más rápido que puede; pero, ya casi fuera del huerto dice: «Maestro, ¿vendrás, de todas formas, a mi pobre casa? Isaac te espera para besarte los pies, lavártelos con el llanto y ofrecerte el pan del amor. Ven, Jesús. Les hablaré de ti a los habitantes de mi ciudad».

«Iré. Vete en paz y sé feliz».

61.5

Se acerca el tercer anciano, que parece el más andrajoso. A Jesús sólo le queda el montón grande de monedas. Grita: «Mujer, ven con tus pequeños».

La mujer, joven, macilenta, se acerca bajando la cabeza. Parece una gallina triste entre su triste pollada.

«¿Desde cuándo eres viuda, mujer?».

«En la luna de Tisrí se cumplirán tres años».

«¿Cuántos años tienes?».

«Veintisiete».

«¿Son todos tus hijos?».

«Sí, Maestro, y... ya no tengo nada. Todo acabado... ¿Cómo puedo trabajar si ninguno me acepta, con todas estas criaturas?».

«Dios no abandona ni siquiera al gusano que ha creado. No te abandonará, mujer. ¿Dónde estás?».

«En el lago. A tres estadios fuera de Betsaida. Él me dijo que viniera... Mi marido murió en el lago; era pescador...». (“Él” es Andrés, que se pone colorado y desearía desaparecer de la vista).

«Has hecho bien, Andrés, en decir a esta mujer que viniera a mí».

Andrés se siente más seguro y susurra: «El hombre era mi amigo, era bueno; murió en la tempestad, perdiendo también la barca».

«Ten, mujer. Esto te ayudará durante mucho tiempo, y luego saldrá otro sol sobre tu día. Sé buena, educa en la Ley a tus hijos y no te faltará la ayuda de Dios. Te bendigo a ti y a tus pequeños» y los acaricia uno a uno con gran piedad.

La mujer se marcha con su tesoro apretado contra el corazón.

61.6

«¿Y a mí?». pregunta el último anciano.

Jesús le mira y calla.

«¿Nada para mí? ¡No eres justo! A ella le has dado seis veces más que a los demás, y a mí nada. ¡Ya... era mujer!».

Jesús le mira y calla.

«¡Mirad todos si hay justicia! Vengo desde lejos, porque me han dicho que aquí se da dinero, y después, eso, veo que hay quien tiene demasiado y a mí nada. ¡Un pobre viejo que está enfermo! ¡Y quiere que crean en Él!...».

«Anciano, ¿no te avergüenzas de mentir de ese modo? La muerte te pisa los talones y mientes y tratas de robar a quien tiene hambre. ¿Por qué quieres robar a los hermanos el óbolo que Yo he recibido para distribuirlo con justicia?».

«Pero si yo...».

«¡Calla! Habrías debido comprender por mi silencio y por mi acción que te había conocido, y seguir mi ejemplo de silencio. ¿Por qué quieres que te ponga en evidencia?».

«Yo soy pobre».

«No. Eres un avaro y un ladrón. Vives para el dinero y para la usura».

«Jamás he prestado con usura. Dios me es testigo».

«¿Y no es usura de lo más cruel el robar a quien verdaderamente está necesitado? Vete. Arrepiéntete. Para que Dios te perdone».

«Te juro...».

«¡Calla! ¡Te lo ordeno! Está escrito: “No jures lo falso”. Si no alimentara un respeto hacia tu canicie, te registraría y en el pecho encontraría la bolsa llena de oro: tu verdadero corazón. ¡Vete de aquí!».

Pero ya el viejo, desenmascarado, viéndose descubierto en su secreto, se marcha sin necesidad de la voz de trueno de Jesús.

La multitud le amenaza y vitupera, le insulta como ladrón.

«¡Callad! Si él ha actuado mal, no queráis también vosotros comportaros mal. Él comete una falta contra la sinceridad: es un deshonesto. Vosotros, insultándole, faltáis a la caridad. Al hermano que comete una falta no se le insulta. Cada uno tiene su pecado. Nadie es perfecto excepto Dios. He tenido que avergonzarle porque nunca es lícito ser un ladrón y, sobre todo, si es con los pobres. Pero sólo el Padre sabe lo que he sufrido por tener que hacerlo. También vosotros debéis sentir dolor por ello, viendo que uno de Israel falta a la Ley, tratando de defraudar al pobre y a la viuda. No seáis codiciosos. Sea el alma vuestro tesoro, no el dinero. No seáis perjuros. Sea vuestro lenguaje puro y honesto, como también vuestras acciones. La vida no es eterna, la hora de la muerte llega. Vivid de modo que en la hora de la muerte la paz pueda estar en vuestro espíritu, la paz de quien ha vivido como justo. Id a vuestras casas...».

61.7

«¡Ten piedad, Señor! Este hijo mío es mudo por un demonio que le maltrata».

«Y este hermano mío es como un animal inmundo, se revuelca en el fango y come excrementos. Un espíritu maligno le mueve a hacer estas cosas, contra su voluntad hace cosas inmundas».

Jesús se dirige hacia estas personas que le están suplicando, alza los brazos y ordena: «Salid de éstos. Dejad a Dios sus criaturas».

Entre chillidos y una gran confusión quedan curados los dos infelices. Las mujeres con las que iban se postran bendiciendo.

«Id a vuestras casas y tened sentimientos de gratitud hacia Dios. Paz a todos. Idos, pues».

La muchedumbre se marcha comentando los hechos. Los cuatro discípulos se arriman al Maestro.

«Amigos, en verdad os digo que en Israel se dan todos los pecados y los demonios han hecho morada en él. Y no son sólo las posesiones diabólicas las que hacen que enmudezcan los labios, ni son sólo ellas las que impulsan a vivir como brutos, comiendo asquerosidades; las más verdaderas y numerosas son las que hacen a los corazones mudos respecto a la honestidad y al amor y hacen de ellos una sentina de vicios inmundos. ¡Oh, Padre mío!». Jesús, abatido, se sienta.

«¿Estás cansado, Maestro?».

«No cansado, Juan mío, sino desolado por el estado de los corazones y por la poca voluntad de enmendarse. Yo he venido... pero el hombre... el hombre... ¡Oh, Padre mío!...».

«Maestro, yo te amo, todos nosotros te amamos...».

«Lo sé. ¡Pero sois tan pocos... y mi deseo de salvar es tan gran­de!».

Jesús le ha abrazado a Juan y tiene la cabeza sobre la del discípulo. Está triste. Pedro, Andrés, Santiago, en torno a Él, le miran con amor y tristeza.

Y la visión cesa así.