Los Escritos de Maria Valtorta

71. Judas Iscariote présenté à Jean et à Simon le Zélote.

71. Judas Iscariote presentado

71.1

Je vois Jésus et Judas Iscariote aller et venir près de l’une des portes de l’enceinte du Temple.

« Es-tu certain qu’il viendra ? demande Judas.

– J’en suis certain. Il est parti à l’aube de Béthanie, et à Gethsémani il aura rencontré mon premier disciple… »

Un silence, puis Jésus s’arrête et dévisage Judas. Il s’est mis en face de lui. Il l’étudie. Puis il lui met une main sur l’épaule et lui demande :

« Judas, pourquoi ne me dis-tu pas ce que tu penses ?

– Ce que je pense ? Je ne pense à rien de particulier, en ce moment, Maître. Des questions, je t’en pose même trop. Tu ne peux sûrement pas te plaindre de mon mutisme.

– Tu me poses beaucoup de questions et me donnes beaucoup de renseignements sur la ville et ses habitants. Mais tu ne m’ouvres pas ton âme. Quelle importance veux-tu qu’aient pour moi les informations sur la fortune et la composition de telle ou telle famille ? Je ne suis pas un désœuvré venu ici pour passer le temps. Tu sais pourquoi je suis venu et tu peux bien comprendre que j’ai d’abord à cœur d’être le Maître de mes disciples. C’est pour cela que j’attends de leur part sincérité et confiance.

71.2

Ton père t’aimait-il, Judas ?

– Il m’aimait beaucoup. J’étais son orgueil. Quand je revenais de l’école, et aussi, plus tard, quand je revenais de Jérusalem à Kérioth, il voulait que je lui raconte tout. Il s’intéressait à tout ce que je faisais ; si c’étaient de bonnes choses, il se réjouissait, et si c’était moins bon, il me consolait. Mais parfois, on le sait bien, tout le monde se trompe : alors si je m’étais trompé et avais encouru un blâme, il me faisait voir le bien-fondé du reproche qu’on m’avait adressé ou tout le tort de ma façon d’agir. Mais il le faisait si doucement… on aurait dit un grand frère. Il terminait toujours par ces mots : “ Je te dis cela parce que je veux que mon Judas soit un juste. Je veux être béni à travers mon fils… ” Mon père… »

Jésus, qui n’a cessé de regarder avec attention son disciple sincèrement ému au souvenir de son père, dit :

« Voilà, Judas, sois bien assuré de ce que je vais te dire. Si ton père t’a élevé ainsi, il devait être juste. Rien ne le rendra aussi heureux que le fait que tu sois pour moi un disciple fidèle. L’âme de ton père exultera, là où il attend la lumière, en te voyant mon disciple. Mais, pour l’être, tu dois te dire : “ J’ai retrouvé le père que j’avais perdu, celui qui me semblait être un frère aîné. Je l’ai retrouvé en mon Jésus ; comme à mon père bien-aimé que je pleure encore, je lui confierai tout, pour qu’il me guide, me bénisse ou me fasse de doux reproches. ” Veuille l’Eternel et toi, surtout toi, veuillez faire en sorte que Jésus ait seulement à te dire : “ Tu es bon, je te bénis. ”

– Oh oui ! Jésus, oui. Si tu m’aimes à ce point, je saurai devenir bon, comme tu le veux et comme le voulait mon père. Et ma mère n’aura plus cette épine au cœur. Elle répétait toujours : “ Tu n’as plus de guide, mon enfant, et tu en as encore tellement besoin ! ” Quand elle saura que c’est toi que j’ai pour guide !

– Je t’aimerai comme aucun autre homme ne le pourrait, je t’aimerai beaucoup, je t’aime beaucoup. Ne me déçois pas.

– Non, Maître, non. J’étais plein de contrastes : envies, jalousies, folie des grandeurs, amour du plaisir, tout en moi se heurtait aux bonnes inspirations. Il y a même peu de temps, tu vois ? Tu m’as causé une peine. Plutôt, ce n’est pas toi qui l’as causée, mais ma mauvaise nature… Je croyais être ton premier disciple… Or tu m’as dit que tu en avais déjà un autre.

– Tu l’as vu toi-même. Tu ne te souviens pas que pour Pâques j’étais au Temple avec plusieurs Galiléens ?

– Je croyais que c’étaient des amis… Je croyais avoir été le premier choisi pour un tel destin et, par conséquent, le préféré.

– Je ne fais pas de différences dans mon cœur entre les derniers et les premiers. Si le premier venait à manquer alors que le dernier était saint, alors aux yeux de Dieu il faudrait que se fasse la distinction. Mais moi, je les aimerais pareillement : le saint, d’un amour bienheureux, le pécheur d’un amour souffrant.

71.3

Mais voici Jean qui arrive avec Simon. Jean, mon premier. Simon, celui dont je te parlais il y a deux jours. Simon et Jean, tu les as déjà vus. L’un était malade…

– Ah ! Le lépreux ! Je me souviens ; il est déjà ton disciple !

– Dès le lendemain.

– Et moi, pourquoi ai-je dû tant attendre ?

– Judas ? !

– C’est vrai, pardon. »

Jean a aperçu le Maître et le montre à Simon. Ils hâtent le pas. Le salut de Jean, c’est un baiser qu’il échange avec le Maître. Simon, en revanche, se jette aux pieds de Jésus et les embrasse en s’écriant :

« Gloire à mon Sauveur ! Bénis ton serviteur afin que ses actions soient saintes aux yeux de Dieu et moi, je le bénis pour t’avoir donné à moi ! »

Jésus lui pose la main sur la tête :

« Oui, je te bénis, pour te remercier de ton travail. Relève-toi, Simon. Voici Jean, voici Simon : celui-là est mon dernier disciple. Lui aussi veut suivre la Vérité, c’est donc un frère pour vous tous. »

Ils se saluent mutuellement, les deux Judéens en s’étudiant l’un l’autre, et Jean avec expansion.

« Tu es fatigué, Simon ? demande Jésus.

– Non, Maître. Avec la santé il m’est venu une vigueur que je ne me connaissais pas encore.

– Et je sais que tu l’emploies magnifiquement. J’ai parlé à beaucoup de gens et tous m’ont dit de toi que tu les as déjà instruits sur le Messie. »

Tout content, Simon sourit.

« Hier encore, j’ai parlé de toi à un honnête israélite. J’espère qu’un jour tu le connaîtras. Je voudrais que ce soit moi qui te conduise à lui.

– Ce n’est pas impossible. »

Judas intervient :

« Maître, tu m’as promis de venir avec moi en Judée.

– Et j’y viendrai. Simon continuera à instruire les gens sur ma venue. Le temps est court, mes amis, et le peuple est si nombreux…

71.4

Maintenant, je pars avec Simon. Ce soir, vous viendrez tous deux à ma rencontre sur la route du mont des Oliviers et nous distribuerons de l’argent aux pauvres. Allez. »

Jésus, resté seul avec Simon, lui demande :

« Cette personne de Béthanie est un véritable israélite ?

– Un véritable israélite. Il y a en lui toutes les idées à la mode, mais aussi une vraie attente du Messie. Et quand je lui ai dit : “ Il est parmi nous ”, il m’a répondu aussitôt : “ Quel bonheur de vivre à cette époque ! ”

– Nous irons un jour chez lui porter la bénédiction à sa demeure. Tu as vu le nouveau disciple ?

– Je l’ai vu. Il est jeune et paraît intelligent.

– Oui, il l’est. Toi qui es judéen, tu seras plus indulgent que les autres pour ses idées.

– Est-ce un désir ou un ordre ?

– C’est un doux commandement. Toi, qui as souffert, tu peux montrer plus d’indulgence. La souffrance est maîtresse en tant de choses !

– Si tu me l’ordonnes, je serai pour lui tout indulgence.

– Oui, c’est ça. Peut-être, mon Pierre – et pas lui seul – sera-t-il un peu scandalisé de voir avec quel soin je m’occupe de ce disciple. Mais un jour, ils comprendront… Plus quelqu’un est mal formé et plus il a besoin de soins. Les autres… les autres se forment aussi par eux-mêmes, par le seul contact. Je ne veux pas tout faire moi-même. Je demande la volonté de l’homme et l’aide des autres pour former un homme. Je vous invite à m’aider… et vous suis reconnaissant de votre aide.

– Maître, penses-tu qu’il pourrait te causer des déceptions ?

– Non, mais il est jeune, et il a grandi à Jérusalem…

– Ah, auprès de toi il se corrigera de tous les vices de cette ville… J’en suis certain. Moi qui suis déjà vieux et me suis desséché dans la rancœur, j’ai été tout renouvelé, du moment où je t’ai vu… »

Jésus murmure :

« Qu’il en soit ainsi ! »

Puis, plus haut :

« Viens avec moi au Temple, j’évangéliserai le peuple. »

La vision prend fin.

71.1

Veo a Jesús con Judas Iscariote, pasear yendo y viniendo junto a una de las puertas del recinto del Templo.

«¿Estás seguro de que vendrá?» pregunta Judas.

«Estoy seguro. Partía al alba, de Betania, y se encontraría en Get-Sammi con mi primer discípulo...».

Una pausa. Jesús se para y mira fijamente a Judas — se le ha puesto de frente; le estudia —, luego le pone una mano encima del hombro y le pregunta: «¿Por qué, Judas, no me expresas tu pensamiento?».

«¿Qué pensamiento? No tengo un pensamiento especial en este momento, Maestro. Te hago incluso demasiadas preguntas. La verdad es que no puedes quejarte de mutismo por mi parte».

«Me haces muchas preguntas y me das muchas informaciones detalladas sobre la ciudad y sus habitantes, pero no me abres tu ánimo. ¿Qué importancia pueden tener para mí las noticias sobre el censo y la estructura de ésta o aquella familia? No soy una persona que no tenga nada que hacer y que haya venido aquí en plan de pasar el rato. Tú sabes para qué he venido. Y, como puedes comprender, ante todo me apremia ser el Maestro de mis discípulos. Por eso quiero por parte de ellos sinceridad y confianza.

71.2

¿Te quería tu padre, Judas?».

«Me quería mucho. Yo era su orgullo. Cuando volvía de la escuela, e incluso después, cuando volvía a Keriot desde Jerusalén, quería que le dijese todo. Mostraba interés por todo lo que yo hacía. Si eran cosas buenas, se alegraba. Si eran menos buenas, me confortaba. Si había cometido algún error — alguna vez, ya se sabe, todos erramos — y, por ello, había recibido una reprensión, él me mostraba toda la justicia de la amonestación recibida, o todo el error de mi acción. ¡Pero, lo hacía con tanta dulzura...! Parecía un hermano mayor. Terminaba siempre así: “Esto te lo digo porque quiero que mi Judas sea una persona justa. Quiero que me bendigan a través de mi hijo...”. Mi padre...».

Jesús, que ha estado en todo momento mirando fija y atentamente al discípulo, sinceramente conmovido ante la evocación del padre, dice: «Mira, Judas, estáte seguro de cuanto te digo. Ninguna obra le hará tan feliz a tu padre como el que me seas fiel discípulo. El espíritu de tu padre exultará, allí, donde espera la luz — porque si te educó así debió ser justo —, si ve que eres discípulo mío. Pero, para serlo, tú debes decirte: “He vuelto a encontrar a mi padre perdido, al padre que parecía un hermano mayor; le he encontrado de nuevo en mi Jesús, y a Él, como al padre amado que todavía lloro, le diré todo, para recibir guía, bendición o dulce amonestación”. ¡Quiera el Eterno y quieras tú, sobre todo tú, que Jesús no tenga otra cosa que decirte sino: “Eres bueno. Te bendigo”!».

«¡Oh, sí, Jesús, sí! Si me amas mucho, sabré llegar a ser bueno, como Tú quieres y como quería mi padre. Y mi madre así ya no tendrá esa espina en el corazón. Ella decía siempre: “Te has quedado sin guía, hijo, y todavía tenías mucha necesidad de ella”. ¡Cuando sepa que te tengo a ti...!».

«Yo te amaré como ningún otro ser humano podría hacerlo. Te amaré mucho. Te amo mucho. No me defraudes».

«No, Maestro, no. Estaba lleno de conflictos interiores. Envidias, celos, ambiciones de ser el primero, carnalidad; todo luchaba en mí contra las voces buenas. Incluso, hace poco, ¿ves?, Tú me has proporcionado un sufrimiento. Bueno, Tú no, me lo ha proporcionado mi malvada naturaleza... Yo creía que era tu primer discípulo... y me has dicho que tienes ya otro».

«Lo viste tú mismo. ¿No te acuerdas de que en el Templo, durante la Pascua, estaba con muchos galileos?».

«Creía que eran amigos... Creía que yo era el primer discípulo elegido y, por tanto, el predilecto».

«No hay distinciones en mi corazón entre los últimos y los primeros. Si el primero cometiera faltas y el último fuese santo, entonces sí se crearía ante los ojos de Dios la distinción. Pero Yo, Yo amaré lo mismo: con un amor beato al santo, con un amor doloroso al pecador.

71.3

Mira, allí viene Juan con Simón: Juan es el primero; Simón es aquel de quien te hablé hace dos días. Tú ya los has visto a Simón y a Juan. Uno estaba enfermo...».

«¡Ah, el leproso! Ya me acuerdo. ¿Ya es discípulo tuyo?».

«Desde el día siguiente».

«Y yo ¿por qué tanta espera?».

«¡¿Judas?!».

«Es verdad. Perdón».

Juan ha visto al Maestro y se lo indica a Simón. Aceleran el paso. El saludo de Juan es un cambio de besos con el Maestro. Simón, por el contrario, se postra ante Jesús y besa sus pies exclamando: «¡Gloria a mi Salvador! ¡Bendice a tu siervo para que sus acciones sean santas a los ojos de Dios, y yo le dé gloria bendiciéndole por haberme otorgado a ti!».

Jesús le pone la mano sobre la cabeza: «Sí, te bendigo para darte las gracias por tu trabajo. Álzate, Simón. Mira, Juan; mira, Simón: éste es el último discípulo, también él quiere seguir la Verdad; es hermano, por tanto, para todos vosotros».

Se saludan mutuamente. Los dos judíos con recíproca indagación, Juan expansivamente.

«¿Estás cansado, Simón?» pregunta Jesús.

«No, Maestro. Junto con la salud me ha venido un vigor que aún no conocía».

«Y sé que lo empleas bien. He hablado con muchos y todos me han referido de ti que los habías instruido sobre el Mesías».

Simón sonríe contento. «Ayer por la tarde también hablé de ti con un honesto israelita. Espero que un día le conozcas. Quisiera llevarte a él».

«Esto no es imposible».

Judas interviene: «Maestro, me has prometido que vendrías conmigo a Judea».

«E iré. Simón continuará instruyendo a las personas acerca de mi venida. El tiempo es breve, amigos, y la gente es mucha.

71.4

Yo ahora me voy con Simón. Por la tarde vosotros dos vendréis a mi encuentro por el camino del Monte de los Olivos. Distribuiremos dinero a los pobres. Ahora marchaos».

Jesús, solo con Simón, le pregunta: «Esa persona de Betania ¿es un verdadero israelita?».

«Un verdadero israelita. Participa de todas las ideas imperantes, pero tiene también verdadera ansia del Mesías. Cuando le dije: “Él está entre nosotros”, respondió en seguida: “¡Dichoso yo que vivo en esta hora!”».

«Iremos a verle un día, a llevar bendición a su casa. ¿Has visto al nuevo discípulo?».

«Le he visto. Es joven y parece inteligente».

«Sí. Lo es. Tú, que eres judío, compadécele por sus ideas, más que a los otros».

«¿Es un deseo o una orden?».

«Es una dulce orden. Tú, que has sufrido, puedes tener más indulgencia. El dolor es maestro de muchas cosas».

«Si Tú me lo ordenas, seré con él todo indulgencia».

«Sí. Así. Quizás mi Pedro — y no sólo él — se escandalizará un poco al ver cómo cuido a este discípulo y me preocupo de él. Pero un día comprenderán... Cuanto peor formado está uno, más necesidad tiene de cuidados. Los otros... ¡oh!, los otros se forman incluso por sí mismos, por el solo contacto. Yo no quiero hacer todo solo. Pido la voluntad del hombre y la ayuda de los demás para formar a un hombre. Os llamo a ayudarme... y os agradezco la ayuda».

«Maestro, ¿estás suponiendo que te va a defraudar?».

«No. Pero es joven, y ha crecido en Jerusalén».

«¡Oh! A tu lado se corregirá de todos los vicios de esta ciudad... Estoy seguro de ello. Yo, viejo y seco por el rencor, he quedado completamente renovado desde que te vi...».

Jesús susurra: «¡Que así sea!». Luego dice fuerte: «Ven conmigo al Templo. Voy a evangelizar al pueblo».

Y la visión tiene fin.