Los Escritos de Maria Valtorta

78. A Kérioth.

78. En Keriot. Muerte del anciano Saúl.­

78.1

J’ai l’impression que la partie la plus escarpée, c’est-à-dire le nœud le plus étroit des montagnes de Judée, se trouve entre Hébron et Yutta. Mais je pourrais aussi me tromper, il peut s’agir d’une vallée qui s’ouvre plus largement sur des horizons assez vastes d’où se détachent des monts isolés et non plus une chaîne. Peut-être est-ce une cuvette entre deux chaînes, je ne sais. C’est la première fois que je la vois et je n’y comprends pas grand-chose. Dans des champs assez étroits mais bien tenus, des cultures diverses de céréales : orge, seigle surtout, et aussi de beaux vi­gnobles sur les terres les plus ensoleillées. Puis, en montant, des bois de pins et de sapins et d’autres essences forestières. Une route… discrète permet d’entrer dans un petit village.

« C’est le faubourg de Kérioth. Je te prie de venir à ma maison de campagne. Ma mère t’y attend. Puis nous entrerons dans Kérioth » dit Judas qui ne se tient plus tant il est agité.

Je n’ai pas dit que, maintenant, Jésus est seul avec Judas, Simon et Jean. Les bergers ne sont plus là. Peut-être sont-ils restés dans les pâturages d’Hébron ou retournés à Bethléem.

« Comme tu veux, Judas. Mais nous pouvions aussi nous arrêter ici pour faire connaissance avec ta mère.

– Oh non ! C’est une maison paysanne. Ma mère y vient au temps des récoltes. Mais ensuite elle réside à Kérioth. Et ne veux-tu pas que ma ville te voie ? Ne veux-tu pas lui porter ta lumière ?

– Bien sûr que je le veux, Judas, mais tu sais déjà que je ne regarde pas à l’humilité de l’endroit qui m’accueille.

– Mais aujourd’hui, tu es mon hôte… et Judas sait recevoir. »

Ils font encore quelques mètres au milieu de maisonnettes éparses dans la campagne, et femmes et hommes s’avancent, appelés par les enfants. C’est manifestement de la curiosité provoquée. Judas doit avoir battu le rappel.

« Voici ma pauvre maison. Excuse sa pauvreté. »

Mais la maison n’est pas une masure. C’est un cube de plain-pied, mais vaste et bien entretenu au milieu d’un verger touffu et prospère. Une ruelle privée, très propre, mène de la route à la maison.

« Me permets-tu de passer devant, Maître ?

– Vas-y. »

Judas s’en va.

« Maître, Judas a fait les choses en grand, dit Simon. Je m’en étais douté. Mais maintenant j’en suis sûr. Tu dis, Maître, et tu as bien raison : esprit, esprit… Mais lui… lui ne l’entend pas ainsi. Il ne te comprendra jamais… ou bien tard » rectifie-t-il pour ne pas peiner Jésus.

Jésus soupire et se tait.

78.2

Judas sort avec une femme sur la cinquantaine environ. Elle est assez grande, mais pas autant que son fils à qui elle a donné ses yeux noirs et ses cheveux frisés. Mais ses yeux sont doux, plutôt tristes, alors que ceux de Judas sont impérieux et fourbes.

« Je te salue, Roi d’Israël, dit-elle en se courbant comme une vraie sujette. Permets à ta servante de te recevoir.

– Paix à toi, femme. Et que Dieu soit avec toi et avec ton fils.

– Oh ! Oui, avec mon fils ! »

C’est plus un soupir qu’une ré­ponse.

« Lève-toi, mère. J’ai une Mère, moi aussi, et je ne puis permettre que tu me baises les pieds. Au nom de ma Mère, je te donne un baiser, femme. C’est ta sœur… en amour et dans la destinée douloureuse des mères de ceux qui sont marqués.

– Que veux-tu dire, Messie ? » demande Judas, un peu inquiet.

Mais Jésus ne répond pas. Il est en train d’embrasser la femme qu’il a relevée et à laquelle il donne un baiser sur les joues. Puis, la tenant par la main, il se dirige vers la maison.

Ils entrent dans une pièce fraîche à laquelle de légers rideaux à rayures donnent de l’ombre. Tout est prêt : des boissons fraîches et aussi des fruits. Mais la mère de Judas appelle d’abord une servante, qui apporte de l’eau et des essuie-mains. La maîtresse voudrait déchausser Jésus et laver ses pieds poussiéreux. Mais Jésus s’y oppose :

« Non, mère. Une mère est une créature trop sainte, surtout quand elle est honnête et bonne comme toi, pour que je te permette de prendre une attitude d’esclave. »

La mère de Judas regarde son fils… d’un étrange regard, puis elle s’é­loigne.

Jésus s’est rafraîchi. Quand il va remettre ses sandales, la femme revient avec une paire de sandales neuves.

« Voici, notre Messie. Je crois avoir bien fait… comme Judas voulait… Il m’a dit : “ Un peu plus longues que les miennes et de même largeur. ”

– Mais, pourquoi, Judas ?

– Tu ne veux pas me permettre de t’offrir un cadeau ? N’es-tu pas mon Roi et mon Dieu ?

– Oui, Judas, mais tu ne devais pas donner tant de dérangement à ta mère. Tu sais comme je suis…

– Je le sais. Tu es saint. Mais tu dois te présenter comme un roi saint. C’est ce qui s’impose. Dans le monde où les neuf dixièmes sont des sots, il faut une présentation qui en impose. Je le sais. »

Jésus a chaussé ses sandales neuves de cuir rouge aux courroies percées avec une empeigne qui monte jusqu’à la cheville. Elles sont beaucoup plus belles que ses simples sandales d’artisan et semblables aux sandales de Judas qui sont des escarpins d’où sortent seulement les bouts de pied.

« Le vêtement aussi, mon Roi. Je l’avais préparé pour mon Judas… Mais il te le donne. C’est du lin, frais et neuf. Permets qu’une mère t’habille… comme s’il s’agissait de son propre fils. »

Jésus se retourne pour regarder Judas… mais ne réplique pas. Il délace la gaine de son vêtement au cou et fait retomber l’ample tunique de ses épaules en restant avec la tunicelle de dessous. La femme lui passe le beau vêtement neuf. Elle lui présente une ceinture qui est un galon tout brodé d’où part un cordon qui finit en gros pompons. Jésus, c’est certain, se sentira bien dans ces vêtements frais et nets. Mais il ne paraît pas en être très heureux. Pendant ce temps, les autres se sont nettoyés.

« Viens, Maître. Ce sont des fruits de mon modeste verger, et cela c’est de l’hydromel que ma mère fabrique. Toi, Simon, peut-être préfèreras-tu ce vin blanc. Prends. C’est de ma vigne. Et toi, Jean ? Comme le Maître ? »

Judas exulte en versant à boire dans de belles coupes d’argent, pour montrer qu’il a les moyens.

Sa mère parle peu. Elle regarde… regarde… regarde son Judas… et plus encore elle regarde Jésus… Jésus, avant de manger, lui présente le plus beau fruit (ce sont de gros abricots, me semble-t-il, des fruits jaune-rouge, mais ce ne sont pas des pommes) et quand il lui dit : “ Toujours la mère en premier ”, ses yeux s’embuent de larmes.

« Maman, le reste est fait ? demande Judas.

– Oui, mon fils, je crois avoir tout bien fait, mais j’ai toujours vécu ici et je ne connais pas… je ne connais pas les habitudes des rois.

– Quelles habitudes, femme ? Quels rois ? Mais qu’as-tu fait, Judas ?

– Mais n’es-tu pas le roi promis à Israël ? Il est temps que le monde te salue comme tel et cela devait avoir lieu pour la première fois ici, dans ma ville, dans ma maison. Je te vénère sous ce titre. Par amour pour moi et par respect pour ton nom de Messie, de Christ, de Roi que les prophètes t’ont donné par ordre de Yahvé, ne me démens pas.

78.3

– Femme, mes amis, je vous en prie. J’ai besoin de parler avec Judas. Je dois lui donner des ordres précis. »

La femme et les disciples se retirent.

« Judas, qu’as-tu fais ? M’as-tu si peu compris jusqu’à présent ? Pourquoi m’abaisser au point de ne faire de moi qu’un puissant de la terre et même un ambitieux qui recherche cette puissance ? Tu ne comprends pas que c’est rabaisser ma mission et même lui faire obstacle ? Oui, un obstacle, c’est indéniable. Israël est soumis à Rome. Tu sais ce qui s’est passé quand un homme qui a fait figure de chef populaire et laissé soupçonner d’organiser une guerre de libération voulut s’élever contre Rome. Tu as entendu – ces jours-ci précisément – comment on s’est acharné sur un Bébé parce qu’on voyait en lui un futur roi, selon le monde. Et toi ! Et toi !

Oh ! Judas, qu’attends-tu d’une souveraineté matérielle pour moi ? Qu’espères-tu ? Je t’ai donné le temps de réfléchir et de décider. Je t’ai parlé bien clairement, dès la première fois. Je t’ai même repoussé, parce que je savais… parce que je sais, oui, parce que je sais, je lis, je vois ce qu’il y a en toi. Pourquoi vouloir me suivre si tu ne veux pas être tel que je le veux ? Va-t’en, Judas ! Ne te nuis pas et ne me nuis pas… Va. Cela vaut mieux pour toi. Tu n’es pas un ouvrier fait pour ce travail… C’est trop au-dessus de toi. En toi règnent l’orgueil, la cupidité, avec ses trois branches, et encore l’esprit de domination… Ta mère elle-même doit te craindre… sans oublier ta propension au mensonge… Non. Tel ne doit pas être mon disciple. Judas, je ne te hais pas. Je ne te maudis pas. Je te dis seulement – et c’est avec la douleur de ne pouvoir changer quelqu’un que j’aime –, je te dis seulement : va ton chemin, fais-toi une situation dans le monde puisque c’est cela que tu veux, mais ne reste pas avec moi.

Mon chemin !… Ma royauté ! Ah ! Quelles angoisses ils comprennent ! Sais-tu où je serai roi ? Quand on proclamera ma royauté ! Ce sera quand je serai élevé sur un bois infâme, quand j’aurai pour pourpre mon propre sang, pour couronne des é­pines entrelacées, pour enseigne un écriteau infâme, pour trom­pettes, cymbales, orgues et cithares saluant celui qu’on a proclamé roi, les blasphèmes de tout un peuple, de mon peuple. Et sais-tu par l’œuvre de qui tout cela se produira ? Par un homme qui ne m’aura pas compris. Qui n’aura rien compris. Un cœur de bronze vide, où l’orgueil, la sensualité et l’avarice auront distillé leurs poisons d’où sera né un entrelacement de serpents qui seront pour moi une chaîne et… et pour lui une malédiction. Les autres ne connaissent pas aussi clairement ma destinée. Alors, je t’en prie : n’en parle pas. Que cela reste entre toi et moi. Du reste… c’est un reproche… et tu te tairas pour ne pas dire : “ J’ai été blâmé… ” As-tu compris, Judas ? »

78.4

Judas est rouge au point d’en être violet. Il est debout devant Jésus. Il est confus, tête basse… Puis il se jette à genoux et pleure, la tête sur les genoux de Jésus.

« Je t’aime, Maître, ne me repousse pas. Oui, je suis un orgueilleux, je suis un sot, mais ne me renvoie pas. Non, Maître, ce sera la dernière fois que je chute. Tu as raison, je n’ai pas réfléchi. Mais même dans cette erreur il y a de l’amour. Je voulais te faire honneur… et que les autres le fassent pareillement… parce que je t’aime. Tu l’as dit, il y a trois jours : “ Quand vous vous méprenez sans malice, par ignorance, ce n’est pas une erreur, mais un jugement imparfait, un jugement d’enfant, et moi je suis ici pour vous faire devenir adultes. ” Voici, Maître, je me tiens ici contre tes genoux… Tu m’as dit que tu serais pour moi un père… contre tes genoux, comme si tu étais mon père, et je te demande pardon. Je te demande de faire de moi un “ adulte ”, et un adulte saint… Ne me renvoie pas, Jésus, Jésus, Jésus… Non ! Tout n’est pas mauvais en moi. Tu vois : pour toi, j’ai tout quitté et je suis venu. Tu es pour moi supérieur aux honneurs et aux avantages que j’obtenais en servant les autres. Toi, oui, tu es l’amour du pauvre, du malheureux Judas qui voudrait ne te donner que de la joie et te cause au contraire de la douleur…

– Cela suffit, Judas. Une fois de plus, je te pardonne… »

Jésus paraît fatigué…

« Je te pardonne, dans l’espoir… dans l’espoir qu’à l’avenir tu me comprendras.

– Oui, Maître, oui. Et maintenant pourtant, maintenant ne m’écrase pas sous le poids d’un démenti qui ferait de moi un objet de dérision. Tout Kérioth sait que je venais avec le Descendant de David, le Roi d’Israël, et il s’est préparé à te recevoir dans cette ville qui est la mienne… J’avais cru bien faire… de te faire voir comme on le doit pour inspirer la crainte et l’obéissance et de le faire voir à Jean, à Simon, et par eux aux autres qui t’aiment, mais te traitent d’égal à égal… Même ma mère serait humiliée d’être la mère d’un fils menteur et insensé. A cause d’elle, mon Seigneur… et je te jure que je…

– Ne me fais pas de serment à moi, mais jure-toi à toi-même, si tu le peux, de ne plus pécher en ce sens. A cause de ta mère et des habitants, je ne ferai pas l’affront de partir sans m’arrêter. Relève-toi.

– Que vas-tu dire aux autres ?

– La vérité…

– Oh ! Non !

– La vérité : que je t’ai donné des ordres pour aujourd’hui. Il y a toujours manière de dire la vérité sans offenser la charité. Allons. Appelle ta mère et les autres. »

Jésus est plutôt sévère. Il ne se remet à sourire que lorsque Judas revient avec sa mère et les disciples. La femme scrute le visage de Jésus, mais elle y lit de la bienveillance. Elle se rassure. J’ai l’impression que c’est une âme en peine.

« Voulons-nous aller à Kérioth ? Je suis reposé et je te remercie, mère, de toutes tes bontés. Que le Ciel te récompense et, pour la charité dont tu as fait preuve pour moi, qu’il accorde repos et joie au conjoint que tu pleures. »

La femme cherche à lui baiser la main, mais Jésus lui pose la main sur la tête, en la caressant, et ne la laisse pas faire.

« Le char est prêt, Maître. Viens. »

Dehors, en effet, voilà qu’arrive un char tiré par des bœufs. C’est un beau char, pratique, sur lequel on a disposé, pour servir de sièges, des coussins ; une toile rouge a été étendue au-dessus.

« Monte, Maître.

– La mère, d’abord. »

La femme monte, puis Jésus et les autres.

« Ici, Maître. » (Judas ne l’appelle plus roi).

Jésus s’assied devant avec Judas près de lui. A l’arrière, la femme et les disciples. Le conducteur pique les bœufs et les stimule en marchant à côté.

78.5

Le trajet est court. Quatre cents mètres, guère plus, et on aperçoit les premières maisons de Kérioth, qui me paraît être une petite bourgade bien ordinaire. Dans la rue ensoleillée, un petit garçon regarde, puis part comme une flèche. Quand le char parvient aux premières maisons, les notables et le peuple sont là pour l’accueillir, avec des tentures et des rameaux, et encore des rameaux et des tentures tout au long des rues, d’une maison à l’autre. Cris de joie et courbettes profondes, jusqu’à terre. Jésus – désormais il ne peut se dérober – salue et bénit du haut de son trône branlant.

Le char continue, puis tourne au-delà d’une place dans une autre rue. Il s’arrête devant une maison dont le portail est grand ouvert avec, sur le seuil, deux ou trois femmes. On s’arrête. On descend.

« Ma maison est à toi, Maître.

– Paix à elle, Judas, paix et sainteté. »

Ils entrent. Après le vestibule, il y a une salle spacieuse avec des divans bas et des meubles ornés de marqueteries. Avec Jésus et les autres, entrent les notables du pays. Courbettes, curiosité, ambiance de fête solennelle.

Un vieillard imposant prononce un discours :

« Ta présence est un grand événement pour le village de Kérioth, Seigneur. Un grand événement ! Quel jour heureux ! C’est un événement de t’avoir dans ses murs, et aussi de constater qu’un de ses fils est pour toi un ami et un collaborateur. Béni soit-il pour t’avoir connu avant tout autre ! Béni sois-tu cent fois pour t’être manifesté : toi, l’Attendu des générations et des générations. Parle, Seigneur et Roi. Nos cœurs attendent ta parole comme une terre, desséchée par un été brûlant, attend les premières douces pluies de septembre.

– Merci, qui que tu sois. Merci. Et merci à ces habitants qui ont tourné leur cœur vers le Verbe du Père, vers le Père dont je suis le Verbe, pour que vous sachiez que ce n’est pas au Fils de l’homme – qui vous parle –, mais au Très-Haut qu’il faut rendre grâces et honneurs pour ce temps de paix où il a rétabli sa paternité brisée avec les fils des hommes. Louange au Seigneur véritable, au Dieu d’Abraham qui a montré sa pitié et son amour à son peuple et lui a accordé le Rédempteur promis. Gloire et louange, non pas à Jésus, qui est le serviteur de l’éternelle Volonté, mais à cette Volonté d’amour.

– Tu parles en saint… Je suis le chef de la synagogue. Ce n’est pas le sabbat, mais viens dans ma maison pour expliquer la Loi, toi sur qui repose l’onction de la Sagesse, mieux que l’huile qui consacre les rois.

– Je vais venir.

– Mon Seigneur est peut-être fatigué…

– Non, Judas, jamais fatigué de parler de Dieu et jamais désireux de décevoir les cœurs.

– Viens, alors, insiste le chef de la synagogue. Tout Kérioth est là, dehors à t’attendre.

– Allons. »

Ils sortent. Jésus entre Judas et le chef. Puis, autour, les no­tables et la foule, la foule, la foule. Jésus passe et bénit.

78.6

La synagogue donne sur la place. Ils entrent. Jésus se dirige vers l’endroit d’où l’on enseigne. Il commence à parler, tout blanc dans son superbe vêtement, le visage inspiré, les bras étendus en son geste habituel.

« Peuple de Kérioth : le Verbe de Dieu parle. Ecoutez. Celui qui vous parle n’est que la Parole de Dieu. Sa souveraineté vient du Père et retournera au Père lorsqu’il aura évangélisé Israël. Que les cœurs et les esprits s’ouvrent à la vérité pour ne pas stagner dans l’erreur où naît la confusion.

Isaïe a dit[1] : “ Tout vol fait à main armée et tout manteau roulé dans le sang seront mis à brûler, dévorés par le feu. Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné. Il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom : Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-éternel, Prince-de-paix. ” Voilà mon nom. Laissons aux Césars et aux tétrarques leurs proies. Pour moi, je ferai un vol, mais pas un vol qui mérite d’être puni par le feu. Au contraire, j’arracherai au feu de Satan quantité de proies pour les amener au Royaume de paix dont je suis le Prince et au siècle futur : l’éternité dont je suis le Père.

David, de la souche de qui je viens – comme il avait été prédit par ceux qui ont joui de la vision, à cause de leur sainteté agréée par Dieu pour porter sa parole –, David dit encore[2] : “ Dieu a choisi un seul… mon fils… mais l’œuvre est grande, car ce palais n’est pas destiné à un homme, mais à Yahvé Dieu. ” Il en est bien ainsi : Dieu, le Roi des rois, a choisi un seul, son Fils, pour construire dans les cœurs sa maison. Et il a déjà préparé les matériaux. Que d’or de charité ! Que de cuivre, d’argent, de fer, de bois rares et de pierres précieuses ! Tout cela est en réserve dans son Verbe et il emploie ces matériaux pour édifier en vous la demeure de Dieu. Mais si l’homme n’aide pas le Seigneur, c’est inutilement que le Seigneur voudra construire sa maison. A l’or, on répond par l’or, à l’argent par l’argent, au cuivre par le cuivre, au fer par le fer. Cela veut dire qu’il faut rendre amour pour amour, continence pour servir la Pureté, constance pour être fidèle, force pour tenir bon. Et puis porter aujourd’hui la pierre, demain le bois ; aujourd’hui le sacrifice, demain le travail ; et édifier, édifier toujours le temple de Dieu en vous.

Le Maître, le Messie, le Roi de l’Israël éternel, du peuple éternel de Dieu vous appelle. Mais il veut que vous soyez purs pour cette œuvre. A bas l’orgueil, à Dieu les louanges. A bas les pensées humaines : c’est à Dieu qu’appartient le Royaume. Avec humilité dites avec moi : “ Tout t’appartient, Père. A toi tout ce qui est bon. Apprends-nous à te connaître et à te servir en vérité. ” Dites : “ Qui suis-je ? ” Et reconnaissez que vous ne serez quelque chose que lorsque vous serez des demeures purifiées où Dieu pourra descendre et se reposer.

Tous pèlerins et étrangers sur cette terre, sachez vous unir et marcher vers le Royaume promis. Le chemin, ce sont les commandements, accomplis non par crainte du châtiment, mais par amour pour toi, Père saint. L’arche, c’est un cœur parfait où se trouve la manne nourrissante de la sagesse et où fleurit le rameau d’une volonté pure. Et, pour que la maison soit éclairée, venez à la lumière du monde. C’est moi qui vous l’apporte. Je vous apporte la lumière. Rien d’autre. Je ne possède pas de richesses et je ne promets pas d’honneurs terrestres, mais je possède toutes les richesses surnaturelles de mon Père, et à ceux qui suivront Dieu avec amour et charité, je promets l’honneur éternel du Ciel.

Que la paix soit avec vous. »

78.7

Un peu inquiets, les gens, qui ont écouté avec attention, murmurent. Jésus parle avec le chef de la synagogue. D’autres personnes, peut-être les notables, viennent se joindre au groupe.

« Maître… mais n’es-tu pas le Roi d’Israël ? On nous avait dit…

– Je le suis.

– Mais, tu as dit…

– Que je ne possède ni ne promets les richesses du monde. Je ne puis dire que la vérité. Il en est ainsi. Je connais vos pensées. Mais l’erreur vient d’une faute d’interprétation et du très grand respect que vous avez à l’égard du Très-Haut. On vous a dit : “ Le Messie vient ”, et vous avez pensé, comme beaucoup en Israël, que Messie et roi, c’était la même chose. Elevez plus haut votre esprit. Observez ce beau ciel d’été. Vous avez l’impression qu’il finit là, que sa limite se trouve là où l’air ressemble à une voûte de saphir ? Non, plus loin il y a d’autres couches plus pures, des azurs plus nets, jusqu’à l’azur inimaginable du paradis où le Messie conduira les justes, morts dans le Seigneur. Il y a la même différence entre la royauté messianique qu’imagine l’homme et la royauté réelle, qui est toute divine…

– Mais pourrons-nous, nous pauvres hommes, lever les yeux jusqu’à ces hauteurs ?

– Il suffit de le vouloir, et si vous le voulez, je vous aiderai.

– Comment devons-nous t’appeler, si tu n’es pas roi ?

– Maître, Jésus, comme vous voulez. Je suis le Maître et je suis Jésus, le Sauveur. »

78.8

Un vieillard dit :

« Ecoute, Seigneur. Il y a longtemps, très longtemps, au temps de l’édit, arriva jusqu’ici la nouvelle qu’était né le Sauveur à Bethléem… et moi, j’y suis allé avec d’autres… J’ai vu un petit bébé tout comme les autres. Mais je l’ai adoré avec foi. Puis j’ai appris qu’il y en avait un autre, un saint du nom de Jean. Quel est le vrai Messie ?

– Celui que tu as adoré. L’autre est son précurseur. C’est un grand saint aux yeux du Très-Haut, mais pas le Messie.

– Alors c’était toi ?

– C’était moi. Et qu’as-tu vu autour du nouveau-né que j’étais alors ?

– Pauvreté et propreté, honnêteté et pureté… Un artisan aimable et sérieux qui s’appelait Joseph, de la race de David, une jeune mère blonde et aimable qui s’appelait Marie. Auprès de sa grâce, les plus belles roses d’Engaddi pâlissent et les lis des parterres royaux paraissent ternes. Et un bébé aux grands yeux bleus, aux cheveux d’or pâle… Je n’ai rien vu d’autre… mais j’entends encore la voix de la Mère qui me dit : “ Au nom de mon Enfant, je te le dis : que le Seigneur soit avec toi, jusqu’à son éternelle rencontre et que sa grâce vienne au-devant de toi sur ton chemin. ” J’ai quatre-vingt-quatre ans… je suis au bout de ma route. Je n’espérais plus rencontrer la grâce de Dieu. Mais je t’ai trouvé… et maintenant je ne désire plus voir une lumière autre que la tienne… Oui, je te vois sous ce vêtement de pitié qu’est la chair que tu as prise. Je te vois ! Ecoutez la voix de celui qui en mourant voit la lumière de Dieu ! »

Les gens s’attroupent autour du vieillard inspiré qui est dans le groupe de Jésus, et qui, sans plus s’appuyer sur sa canne, lève ses bras tremblants et sa tête toute blanche, avec une longue barbe qui se partage en deux, une vraie tête de patriarche ou de prophète.

« Je le vois, lui : l’Elu, le Suprême, le Parfait, descendu chez nous par la force de son amour, remonter à la droite du Père, devenir un avec lui. Mais voilà ! Ce n’est pas une voix et une essence immatérielle comme Moïse vit le Très-Haut, et comme la Genèse dit que le premier couple l’a connu lorsqu’il leur parlait dans la brise du soir. C’est avec une chair réelle que je le vois monter vers l’Eternel. Chair étincelante ! Chair glorieuse ! O Eclat de la chair divine ! O Beauté de l’Homme-Dieu ! C’est le Roi ! Oui. C’est le Roi. Non pas d’Israël, mais du monde. Devant lui s’in­clinent toutes les royautés de la terre et tous les sceptres, toutes les couronnes disparaissent devant l’éclat de son sceptre et de ses joyaux. Il porte sur son front une couronne. Il tient dans sa main un sceptre. Sur la poitrine, il porte le rational, perles et rubis y éclatent avec une splendeur jamais vue. Des flammes en sortent comme d’une fournaise sublime. Il a aux poignets deux rubis et une boucle de rubis à ses pieds saints. Lumière, lumière des rubis ! Regardez, ô peuples, le Roi éternel ! Je te vois ! Je te vois ! Je monte avec toi… Ah ! Seigneur ! Notre Rédempteur !… La lumière augmente aux yeux de mon âme… Le Roi est orné de son sang ! Sa couronne, ce sont des épines ensanglantées, son sceptre une croix… Voici l’Homme ! Le voilà ! C’est toi !… Seigneur, par ton immolation aie pitié de ton serviteur. Jésus, je remets mon âme à ta miséricorde. »

Le vieillard, tout droit jusqu’alors, redevenu jeune dans le feu de sa prophétie, s’affaisse tout à coup et il tomberait si Jésus ne le retenait pas aussitôt contre sa poitrine.

« Saul !

– Saul meurt !

– Au secours !

– Venez vite !

– Paix autour du juste qui meurt » dit Jésus, qui s’est lentement agenouillé pour pouvoir soutenir plus aisément le vieillard, qui devient toujours plus lourd.

On fait silence. Puis Jésus l’allonge complètement sur le sol.

Il se redresse.

« Paix à son âme. Il est mort en voyant la lumière. Dans l’attente qui sera brève, il verra déjà le visage de Dieu et sera heureux. Il n’y a pas de mort, c’est-à-dire de séparation d’avec la vie, pour ceux qui mourront dans le Seigneur. »

78.9

Après quelque temps, les gens s’éloignent en commentant la scène. Restent les notables, Jésus, les siens et le chef de la synagogue.

« Il a prophétisé, Seigneur ?

– Ses yeux ont vu la Vérité. Partons. »

Ils sortent.

« Maître, Saul est mort investi par l’Esprit de Dieu. Nous qui l’avons touché, sommes-nous purs ou impurs ?

– Impurs.

– Et toi ?

– Moi comme les autres. Je ne change pas la Loi. La Loi, c’est la loi et un israélite l’observe. Nous sommes impurs[3]. Entre le troisième jour et le septième, nous nous purifierons. Jusque là, nous sommes impurs. Judas, je ne reviens pas chez ta mère. Je ne veux pas apporter l’impureté à sa maison. Fais-la prévenir par qui tu pourras. Paix à cette ville. Partons. »

Je ne vois plus rien.

78.1

Tengo la impresión de que la parte más escabrosa, o sea, el nudo más angosto de las montañas de Judea, se encuentra entre Hebrón y Yuttá; pero podría equivocarme y ser éste un valle más amplio y abierto que se despliega ante vastos horizontes en los que emergen montes aislados que ya no forman una cadena. Quizás es una cuenca entre dos cadenas, no lo sé. Es la primera vez que la veo y no es que me centre mucho. Diversas cultivaciones de cereales distribuidas en terrenos no vastos, pero sí bien cuidados: cebada, centeno sobre todo, y también bonitos viñedos en las partes más soleadas. Más arriba, lindos bosques de pinos y abetos, y otras plantas selvosas. Un camino... discreto introduce en un pequeño poblado.

«Éste es el arrabal de Keriot. Te ruego que vengas a mi casa de campo. Mi madre te espera allí. Después iremos a Keriot» dice Judas, tan agitado, que, en realidad, está fuera de sí.

No he dicho que ahora están solos Jesús, Judas, Simón y Juan. Faltan los pastores; quizás se hayan quedado en los pastos de Hebrón o hayan vuelto hacia Belén.

«Como quieras, Judas; pero también podíamos habernos quedado aquí para conocer a tu madre».

«¡Oh, no! Es una casuca. Mi madre viene en tiempo de cosecha, pero después vuelve a Keriot. ¿No quieres que mi ciudad te vea? ¿No quieres traer aquí tu luz?».

«Si que quiero, Judas, pero ya sabes que no me detengo a considerar la humildad del lugar que me hospeda».

«Pero hoy eres mi invitado... y Judas sabe ser hospitalario».

Andan todavía unos metros entre casas pequeñas esparcidas por el campo. Mujeres y hombres, avisados por los niños, se asoman. Está muy claro que se ha despertado la curiosidad. Debe ser que Judas ha lanzado un grito de reclamo.

«He aquí mi pobre casa. Perdona su pobreza».

La casa no es ninguna chabola: es un cubo de un solo piso pero amplio y bien cuidado, dentro de un terreno tupido y floreciente de árboles frutales. Un camino propio, muy limpio, va desde la calzada a la casa.

«¿Me permites que me adelante, Maestro?».

«Ve, si quieres».

Judas se adelanta.

«Maestro, Judas ha hecho las cosas a lo grande» dice Simón. «Antes lo sospechaba, ahora estoy seguro de ello. Tu dices, Maestro, y con razón: espíritu, espíritu...; pero él... él no piensa así. No te entenderá nunca... o muy tarde» — corrige para no apenar a Jesús —.

Jesús suspira y calla.

78.2

Judas sale con una mujer de unos cincuenta años. Es más bien alta, aunque no como el hijo, que ha recibido de ella sus ojos negros y su pelo rizado. Pero los ojos de ella son mansos, más bien tristes, mientras que los de Judas son imperiosos y astutos.

«Te saludo, Rey de Israel» dice postrándose con un verdadero saludo de súbdita. «Concede a tu sierva hospedarte».

«Paz a ti, mujer. Que Dios os acompañe a ti y a tu hijo».

«¡Oh, sí! ¡A mi hijo!». Es más un suspiro que una respuesta.

«Levántate, madre. Yo también tengo una Madre y no puedo permitir que me beses los pies. En nombre de mi Madre te beso, mujer. Es tu hermana... en el amor y en el destino doloroso de madre de los signados».

«¿Qué quieres decir, Mesías?» pregunta Judas un poco inquieto.

Pero Jesús no responde; está abrazando a la mujer, a la cual ha levantado benignamente. Ahora la besa en las mejillas. Luego, cogiéndola de la mano, va hacia la casa.

Entran en una habitación fresca mantenida en sombra por leves cortinas de rayas. Ya han preparado bebidas frías y fruta fresca. Pero antes la madre de Judas llama a una sierva y ésta trae agua y una toalla; ella, por su parte, quisiera descalzar a Jesús y lavarle los pies polvorientos, pero Jesús se opone. «No, madre. La madre es una criatura demasiado santa, especialmente cuando es honesta y buena como tú eres, para permitir que se ponga en actitud de esclava». La madre mira a Judas... una mirada extraña. Luego se va.

Jesús ya se ha refrescado. Cuando está para volverse a poner las sandalias, la mujer regresa con un par nuevo. «Mira, Mesías nuestro, creo que lo he hecho bien... como quería Judas... Me dijo: “Un poco más largas que las mías e igual de anchas”».

«Pero, ¿por qué, Judas?».

«¿No quieres darme la posibilidad de ofrecerte algún don? ¿No eres mi Rey y Dios?».

«Sí, Judas. Pero no debías crear tantas molestias a tu madre. Tú sabes cómo soy...».

«Lo sé. Eres santo. Pero tienes que aparecer como Rey santo. Así es como uno se impone. En el mundo, que, de diez, nueve partes es de estúpidos, hay que imponerse con la presencia; yo entiendo de eso».

Jesús se ha atado las sandalias nuevas, de correas perforadas, de piel roja como la cabezada que llega hasta el tobillo; mucho más bonitas que sus sandalias simples de obrero, y semejantes a las sandalias de Judas, que son casi mocasines que dejan ver sólo pequeñas partes del pie.

«También el vestido, Rey mío. Lo tenía preparado para mi Judas... pero él te lo da; es lino, fresco y nuevo. Permite que una madre te vista... como si fueses su hijo».

Jesús vuelve a mirar a Judas... pero no se opone. Se desata la abertura del vestido en la parte del cuello y deja caer la amplia túnica desde los hombros, quedándose con la túnica interior. La mujer le mete la hermosa vestidura nueva y le ofrece un cinturón (un galón profusamente bordado) del que cuelga un cordón terminado en borlas muy tupidas. Jesús se sentirá bien, sin duda, con esas vestiduras frescas y sin polvo; sin embargo, no parece muy contento. Entretanto, los otros se han lavado.

«Ven, Maestro. Son de los árboles de mi pobre huerto. Y ésta es el agua de miel que mi madre prepara. Tú, Simón, quizás prefieres este vino blanco. Toma. Es de mi viña. ¿Y tú, Juan? ¿Como el Maes­tro?». Se le ve a Judas alborozado al poder servir en los hermosos cálices de plata, al mostrar que es una persona que puede.

Su madre habla poco. Mira... mira... mira a su Judas... pero mira todavía más a Jesús... Y cuando Jesús, antes de comer Él, le ofrece la mejor pieza de fruta — creo que son albaricoques muy grandes, son frutos amarillo-rojos y no son manzanas — y le dice «la madre siempre antes», a ella se le aljofara el ojo de llanto.

«Mamá. ¿Lo demás está hecho?» pregunta Judas.

«Sí, hijo mío. Creo haber hecho todo bien, pero he pasado mi vida siempre aquí y no sé... no sé las costumbres de los reyes».

«¿Qué costumbres, mujer? ¿Qué reyes? Pero, ¿qué has hecho, Judas?».

«¿Pero no eres Tú el prometido Rey de Israel? Es hora de que el mundo te salude como tal, y ello debe suceder por primera vez aquí, en mi ciudad, en mi casa. Yo te venero como tal. Por amor hacia mí y por respeto a tu nombre de Mesías, de Cristo, de Rey, que los Profetas, por orden de Yeové[1], te han dado, no me desmientas».

78.3

«Mujer, amigos. Por favor. Necesito hablar con Judas, tengo quedarle órdenes precisas».

La madre y los discípulos se retiran.

«Judas, ¿qué has hecho? ¿Tan poco me has entendido hasta aquí? ¿Por qué disminuirme hasta el punto de hacer de mí sólo un poderoso de la tierra, o, peor aún, uno que brega por ser poderoso? ¿No entiendes que es una injuria a mi misión, exactamente un obstáculo? Sí, no digas que no; obstáculo. Israel está sujeto a Roma. Tú sabes qué ha sucedido cuando ha querido alzarse contra Roma alguien en actitud de caudillo del pueblo levantando sospechas de que estaba creando una guerra de reconquista. Has oído, justamente en estos días, cómo se ensañaron con un Párvulo porque se le supuso rey según el mundo. ¡Y tú..., y tú!... ¡Oh! ¡Judas! ¿Pero qué esperas de una soberanía mía de carne?, ¿qué esperas? Te he dado tiempo de pensar y decidir. Te he hablado bien claro ya desde la primera vez. Incluso te rechacé, porque sabía... porque sé, sí, porque sé, leo, veo lo que hay en ti. ¿Por qué deseas seguirme, si no quieres ser como Yo quiero? Vete, Judas. No te perjudiques a ti ni me perjudiques a mí... Vete. Es mejor para ti. No eres obrero apto para esta obra... Está demasiado por encima de ti. En ti hay soberbia, hay codicia de las tres especies, arrollas a quien te encuentras por delante... Incluso tu madre te debe temer... Hay tendencia a la mentira... No. Así no debe ser mi seguidor. Judas, Yo no te odio, Yo no te maldigo, sólo te digo — y con el dolor de quien ve que no puede cambiar al que ama — te digo sólo: Ve por tu camino, hazte paso en el mundo, puesto que es esto lo que quieres, pero no estés conmigo. ¡Mi vía!... ¡Mi palacio! ¡Oh, qué pequeñez contienen! ¿Sabes dónde seré Rey?, ¿cuándo seré proclamado Rey? Cuando me levanten en un madero infame y por púrpura tenga mi Sangre, por corona una guirnalda de espinas, por enseña un cartel burlón, por trompas y címbalos y órganos y cítaras saludando al Rey proclamado las blasfemias de todo un pueblo, de mi pueblo. ¿Y sabes por obra de quién todo esto? De uno que no me habrá entendido, que no habrá entendido nada. Corazón de bronce hueco, en el que la soberbia, la sensualidad y la avaricia, para entonces, ya habrán destilado sus humores, y éstos habrán engendrado una maraña de serpientes que servirán como cadena para mí y... y maldición para él. Los demás no conocen tan claramente mi suerte. Te ruego que no la manifiestes. Esto quede entre tú y Yo. Y esto que te he dicho es una amonestación... ¡Y guarda silencio y no digas: “Fui amonestado...”! ¿Entendido, Judas?».

78.4

Judas está violáceo de tan colorado como se ha puesto. Está en pie, frente a Jesús. Está confundido, con la cabeza baja... Se hinca de rodillas llorando con la cabeza entre las rodillas de Jesús. «Te amo, Maestro. No me rechaces. Sí, soy un soberbio, soy un estúpido, pero no me apartes de ti. No, Maestro; será la última vez que cometo una falta así. Tienes razón. No he reflexionado, pero incluso en este error hay amor. Quería prodigarte honores y mover a los demás a hacer lo mismo, porque te amo. Tú lo dijiste hace tres días: “Cuando os equivocáis sin malicia, por ignorancia, no es un yerro, sino un juicio imperfecto, propio de niños, y Yo estoy aquí para haceros adultos”. Mira, Maestro, estoy entre tus rodillas... me dijiste que serías un padre para mí... entre tus rodillas como entre las de mi padre; y te pido perdón, te pido que hagas de mí un “adulto”, un adulto santo... No me apartes de ti, Jesús, Jesús, Jesús... No todo es malvado en mí. ¿Lo ves?, por ti he dejado todo y he venido. Tú eres más que los honores y las victorias que obtenía sirviendo a otros. Tú, sí, Tú eres el amor del pobre, infeliz Judas que quisiera proporcionarte sólo alegría y que, por el contrario, te causa dolor...».

«Basta, Judas. Una vez más, te perdono...». — Jesús parece fatigado —. «Te perdono esperando... esperando que en el futuro me comprendas».

«Sí, Maestro. Sí. Pero ahora no me postres bajo el peso de un mentís que haría de mí objeto de burla. Toda Keriot sabe que yo venía con el Descendiente de David, el Rey de Israel... y mi ciudad se ha preparado para recibirte... Creía que actuaba correctamente... creía que así te mostraba cómo hay que hacer para ser temidos y obedecidos... y también a Juan y a Simón, y a través de ellos a los otros que te aman pero que te tratan como a un igual... Incluso se burlarían de mi madre, por tener un hijo mentiroso y loco. ¡Por ella, Señor mío!... ¡Y te juro que yo...!».

«No me jures a mí. Júrate a ti mismo, si puedes, no pecar más en este sentido. En atención a tu madre y a los ciudadanos no haré esta afrenta de irme. Estaré aquí. Levántate».

«¿Qué les vas a decir a los otros?».

«La verdad...».

«¡No, no!».

«La verdad: que te he dado órdenes para hoy. Siempre hay una forma de decir, con caridad, la verdad. Vamos. Llama a tu madre y a los otros».

Se le ve a Jesús más bien severo. Y no vuelve a sonreír sino cuando regresa Judas con su madre y los discípulos. La mujer escruta a Jesús, le ve benigno y se tranquiliza. Esta mujer a mí me parece un alma en pena.

«¿Qué?, ¿vamos a Keriot? Me siento descansado. Te agradezco, madre, toda tu bondad. Que el Cielo te pague y te dé, por tu caridad hacia mí, reposo, y alegría al consorte que lloras».

La mujer trata de besarle la mano, pero Jesús se la pone sobre la cabeza, acariciándola, y no lo permite.

«El carro está preparado, Maestro. Ven».

Afuera, efectivamente, está llegando un carro tirado por bueyes, un hermoso y cómodo carro, dentro del cual se han colocado cojines para que sirvan como asientos; encima, un toldo de paño rojo.

«Sube, Maestro».

«Tu madre antes».

La mujer sube, luego Jesús y los demás.

«Aquí, Maestro» (Judas ya no le llama rey).

Jesús se sienta en la parte de adelante; a su lado, Judas; detrás la mujer y los discípulos. El conductor aguijonea a los bueyes; los va instigando caminando a su lado.

78.5

El trayecto es breve, poco más de unos cuatrocientos metros, luego se ven las primeras casas de Keriot, que me parece una discreta ciudadita. Un niño pequeño mira en la calle llena de sol y sale disparado. Cuando el carro llega a las primeras casas, personalidades y gente del pueblo están esperando para recibirle con bandas de tela y ramos, y ramos y bandas, por las calles y de casa a casa. Gritos de júbilo, profundas reverencias... Jesús — ya no puede evitarlo —, desde lo alto de su trono tambaleante, saluda y bendice.

El carro prosigue y luego gira, después de una plaza, por una calle, y llega a la altura de una casa cuyo portón está ya abierto de par en par; en él hay dos o tres mujeres. Se detiene el carro y bajan.

«Mi casa es tuya, Maestro».

«Paz a ella, Judas. Paz y santidad».

Entran. Pasado el vestíbulo hay una amplia sala con divanes bajos y muebles con incrustaciones. Con Jesús y los demás, entran las personalidades del lugar. Reverencias, curiosidad, júbilo pomposo...

Un anciano de aspecto grave pronuncia un discurso: «¡Gran fortuna para la tierra de Keriot al tenerte, oh Señor! ¡Gran fortuna! ¡Feliz día! ¡Fortuna por tenerte y fortuna por ver que un hijo suyo es amigo tuyo y te ayuda! ¡Dichoso él, que te ha conocido antes que ningún otro! Y Tú, bendito seas diez veces diez por haberte manifestado, Tú, el Esperado por generaciones y generaciones. Habla, Señor y Rey. Nuestros corazones esperan tu palabra como la tierra sedienta de verano abrasador espera la primera dulce agua de septiembre».

«Gracias, quienquiera que seas, gracias, y gracias a los hombres de esta ciudad que han inclinado sus corazones ante el Verbo del Padre, ante el Padre cuyo Verbo soy Yo. Porque, sabed que no es al Hijo del hombre, que os está hablando, sino al Señor altísimo, a quien hay que rendir gracias y honor por este tiempo de paz con que Él vuelve a soldar la paternidad quebrada con los hijos del hombre. Alabemos al Señor verdadero, al Dios de Abraham, que ha tenido piedad de su pueblo, le ha amado y le otorga al Redentor prometido. No a Jesús, siervo de la eterna Voluntad, sino a esta Voluntad de amor, gloria y honor».

«Hablas como un santo... Yo soy el jefe de la sinagoga. No es sábado. Ven de todas formas a mi casa a explicar la Ley, Tú que portas más que óleo real la unción de la Sabiduría».

«Iré».

«Mi Señor quizás está cansado...».

«No, Judas. Nunca cansado de hablar de Dios, nunca con ganas de desilusionar a los corazones».

«Ven, entonces — insiste el jefe de la sinagoga —; toda Keriot está afuera esperándote».

«Vamos».

Salen. Jesús entre Judas y el jefe de la sinagoga; en torno a ellos, personalidades y... gente, gente, gente. Jesús pasa bendiciendo.

78.6

La sinagoga está en la plaza. Entran. Jesús se dirige hacia el puesto reservado a quien enseña. Empieza a hablar, todo cándido con su espléndida vestidura, el rostro inspirado, los brazos extendidos según su gesto habitual.

«Pueblo de Keriot, el Verbo de Dios habla. Escuchad. Quien os habla no es sino Palabra de Dios. Su soberanía viene del Padre y al Padre volverá después de evangelizar a Israel. Ábranse los corazones y las mentes a la verdad, para que el error no quede estancado, para que no nazca la confusión.

Isaías dice: “Toda depredación tumultuosa y las vestiduras bañadas de sangre serán consumidas por el fuego. He aquí que nos ha nacido un Párvulo, he aquí que se nos concede un Hijo. Lleva sobre sus hombros el principado. Éste es su nombre: el Admirable, el Consejero, Dios, el Fuerte, el Padre del siglo futuro, el Príncipe de la paz”. Éste es mi Nombre. Dejemos a los Césares y a los Tetrarcas su botín. Yo depredaré, pero no será una depredación que merezca castigo de fuego. No sólo esto sino que le arrebataré al fuego de Satanás gran número de presas para llevarlas al Reino de paz del que soy Príncipe, y al siglo futuro: el eterno tiempo del cual soy Padre.

“Dios” — dice también David, de cuya estirpe provengo, como habían predicho quienes vieron porque eran santos, gratos a Dios, elegidos por Dios para hablar — “ha escogido a uno sólo... a mi hijo... pero la obra es grandiosa, porque se trata no de preparar la casa de un hombre, sino la de Dios”. Así es. Dios, el Rey de los reyes, ha elegido a uno sólo, a su Hijo, para construir, en los corazones, su casa. Y ha preparado ya el material. ¡Oh, cuánto oro de caridad, y cobre, y plata y hierro, y maderas raras y piedras preciosas! Todas están acumuladas en su Verbo y Él las usa para construir en vosotros la morada de Dios. Pero si el hombre no ayuda al Señor, inútilmente el Señor querrá construir su casa. Al oro se responde con el oro, a la plata con la plata, al cobre con el cobre, al hierro con el hierro. O sea, por el amor debe darse amor, continencia para servir a la Pureza, constancia para ser fieles, fuerza para no desistir. Y luego, llevar hoy la piedra, mañana la madera: hoy el sacrificio, mañana la obra, y construir, construir siempre el templo de Dios en vosotros.

El Maestro, el Mesías, el Rey del Israel eterno, del pueblo eterno de Dios, os llama. Pero quiere que estéis limpios para la obra. Caigan las soberbias: a Dios gloria. Caigan los humanos pensamientos: de Dios es el Reino. Humildes, decid conmigo: “Tuyas son todas las cosas, Padre, tuyo todo cuanto es bueno; enséñanos a conocerte y a servirte, en verdad”. Decid: “¿Quién soy yo?”, y reconoced que seréis algo sólo cuando seáis moradas purificadas a las que Dios pueda descender, en las que pueda descansar.

Todos peregrinos y extranjeros en esta tierra, sabed reuniros e ir hacia el Reino prometido. El camino son los mandamientos puestos en práctica no por temor a un castigo, sino por amor a ti, Padre santo; el arca, un corazón perfecto en el cual está el nutritivo maná de la sabiduría y florece la vara de la pura voluntad. Y, para que la casa sea luminosa, venid a la Luz del mundo. Yo os la traigo. Os traigo la Luz. Nada más que esto. No poseo riquezas ni prometo honores de esta Tierra, pero sí poseo todas las riquezas sobrenaturales de mi Padre, y a aquellos que sigan a Dios en amor y caridad les prometo el honor eterno del Cielo.

La paz sea con vosotros».

78.7

La gente, que ha estado escuchando atenta, bisbisea un poco inquieta. Jesús habla con el jefe de la sinagoga. Se unen al grupo también otras personas — quizás son las personalidades —.

«Maestro... ¿pero entonces no eres el Rey de Israel? Nos habían dicho...».

«Lo soy».

«Pero Tú has dicho...».

«Que no poseo ni prometo riquezas del mundo. No puedo decir más que la verdad. Así es. Conozco vuestro pensamiento, y el error viene de un desacierto en la interpretación unido a un muy grande respeto vuestro hacia el Altísimo. Se os dijo: “Viene el Mesías”, y vosotros habéis pensado, como muchos en Israel, que Mesías y rey fueran lo mismo. Elevad más alto el espíritu. Observad este hermoso cielo de verano. ¿Pensáis que termina allí su límite, allí donde el aire parece una bóveda de zafiro? No. Más allá están los estratos más puros, los azules más netos, hasta llegar a aquél, inimaginable, del Paraíso, adonde el Mesías guiará a los justos muertos en el Señor. La misma diferencia hay entre la regalidad mesiánica como la cree el hombre y la real, toda divina».

«Pero, ¿podremos nosotros, pobres hombres, elevar el espíritu adonde Tú dices?».

«Basta que lo queráis, y, si lo queréis, Yo os ayudaré».

«¿Cómo te tenemos que llamar, si no eres rey?».

«Maestro, Jesús; como queráis. Maestro soy y soy Jesús, el Salvador».

78.8

Un viejo dice: «Escucha, Señor. Hace tiempo, hace mucho tiempo, cuando el edicto, tuvimos noticia de que había nacido en Belén el Salvador... y yo fui allí con otros... Vi a un pequeño Niño, en todo igual a los demás, pero le adoré, por fe. Luego supe que hay uno, santo, de nombre Juan. ¿Cuál es el Mesías verdadero?».

«Aquel a quien tú adoraste. El otro es su Precursor. Gran santo a los ojos del Altísimo, pero no Mesías».

«¿Eras Tú?».

«Era Yo. Y ¿qué viste en torno a mí recién nacido?».

«Pobreza y limpieza, honestidad y pureza... un artesano amable y serio de nombre José; artesano, pero de la estirpe de David; una joven Madre rubia y amable de nombre María, ante cuya gracia empalidecen las rosas más hermosas de Engadí y parecen deformes las azucenas de los jardines reales; y un Niño de grandes ojos azul cielo, de cabellos de hilos de oro pálido... No vi nada más... Y oigo todavía la voz de la Madre que me decía: “Por mi Criatura te digo: el Señor esté contigo hasta el eterno encuentro y su Gracia te salga al paso en tu camino”. Tengo ochenta y cuatro años... el camino está terminándose. Ya no esperaba encontrar la Gracia de Dios, y, sin embargo, te he encontrado... y ahora ya no deseo ver más luz que la tuya... Sí. Te veo cual eres bajo esta vestidura de piedad que es la carne que has tomado. ¡Te veo! ¡Oíd la voz de aquel que al morir ve la Luz de Dios!».

La gente se arremolina en torno al anciano inspirado que está en el grupo de Jesús y que, no teniéndose ya en pie apoyado sobre su bastoncito, levanta los brazos trémulos, la cabeza toda canosa, con su barba larga y bipartida, una verdadera cabeza de patriarca o profeta.

«Yo veo a Éste, el Elegido, el Supremo, el Perfecto, que ha venido aquí abajo por fuerza de Amor, subir a la derecha del Padre, tornar a ser Uno con Él. Pero, ¡ved!, no Voz y Esencia incorpórea como Moisés vio al Altísimo y como el Génesis dice le conocieran los Primeros y con Él hablasen en el viento de la tarde. Como verdadera Carne le veo subir al Eterno, ¡Carne refulgente!, ¡Carne gloriosa!; ¡oh, pompa de Carne divina!, ¡oh, Belleza del Hombre Dios! ¡Es el Rey! Sí. Es el Rey. No de Israel; del mundo. Y ante Él se inclinan todas las realezas de la tierra, y todo cetro y toda corona se anulan en el fulgor de su cetro y de sus joyas. Una guirnalda, una guirnalda tiene en su frente. Un cetro, un cetro tiene en su mano. En el pecho, un racional: en él hay perlas y rubíes de un esplendor jamás visto. De él salen llamas como de un horno sublime. En las muñecas, dos rubíes, y lleva una fíbula de rubíes en sus pies santos. ¡De los rubíes, luz, luz...! ¡Mirad, oh pueblos, al Rey Eterno! ¡Te veo! ¡Te veo! Subo contigo... ¡Ah! ¡Señor!, ¡Redentor nuestro!... La luz crece en mi ojo del alma... ¡El Rey está ornado con su Sangre! La guirnalda es una corona de sangrantes espinos, el cetro es una cruz... ¡Aquí está el Hombre! ¡Aquí está! ¡Eres Tú!... Señor, por tu inmolación ten piedad de tu siervo. Jesús, a tu piedad entrego mi espíritu».

El anciano, hasta este momento derecho, rejuvenecido en el fuego de su profecía, se derrumba al improviso, y caería al suelo si Jesús, atento, no le hubiera sujetado contra su pecho.

«¡Saúl!».

«¡Se está muriendo Saúl!».

«¡Venid a ayudar!».

«¡Corred!».

«Paz en torno al justo que muere» dice Jesús, que lentamente se ha ido arrodillando para poder sujetar mejor al anciano, que pesa cada vez más.

Silencio.

Jesús le depone extendido en el suelo y se levanta. «Paz a su espíritu. Ha muerto viendo la Luz. En la espera — y será breve — verá ya el rostro de Dios y se sentirá feliz. No hay muerte, o sea, separación de la vida, para quienes murieron en el Señor».

78.9

La gente, un rato después, se aleja haciendo comentarios. Se quedan las personalidades, Jesús, los suyos y el jefe de la sinagoga.

«¿Ha profetizado, Señor?».

«Sus ojos han visto la Verdad. Vamos».

Salen.

«Maestro, Saúl ha muerto investido del Espíritu de Dios. Nosotros, que le hemos tocado, estamos limpios o hemos quedado impuros?».

«Impuros».

«¿Y Tú?».

«Yo como los demás. No mudo la Ley. La Ley es ley y el israelita la observa. Impuros hemos quedado. Entre el tercer día y el séptimo nos purificaremos. Hasta entonces, estamos impuros. Judas, Yo no vuelvo adonde tu madre. No llevo impureza a tu casa. Que uno que pueda la avise. Paz a esta ciudad. Vamos».

No veo nada más.


Notes

  1. Isaïe a dit, en : Is 9, 4-5.
  2. David dit encore, en : 1 Ch 29, 1.
  3. Nous sommes impurs pour avoir touché un mort, comme cela est énoncé en Nb 19, 11-22, qui définit les règles de purification. Toujours à propos des contacts avec un mort, on trouvera des cas particuliers en Lv 21, 1-4 ; 22, 4-7 ; Nb 6, 6-12 ; 9, 6-12 ; 31, 19-20 ; Ez 44, 25-27 et Ag 2, 13. Cette note vaut pour toutes les fois où se présentera un cas semblable “ d’impureté légale ”.

Notas

  1. En una nota MV explica: Los galileos, de acento más dulce, decían: Yeohveh, con una y muy dulce. Los judíos: Yahveh, duro y cortado.­