Maintenant, deux heures environ après la description précédente, je vois la maison de Nazareth. Je reconnais la pièce de l’adieu[1] qui donne sur le petit jardin où tous les arbres sont couverts de feuilles.
Jésus est avec Marie, assis l’un près de l’autre sur le banc de pierre qui est contre la maison. On dirait que le souper a déjà eu lieu. Les autres – s’il y a encore quelqu’un, car je ne vois personne – se sont déjà retirés. La Mère et le Fils font réciproquement leurs délices d’une douce conversation.
La voix intérieure me dit que c’est l’une des premières fois que Jésus revient à Nazareth, après le baptême, le jeûne au désert et surtout la constitution du collège apostolique.
Il raconte à la Mère ses premières journées d’évangélisation, les premières conquêtes des cœurs.
Marie est suspendue aux lèvres de son Jésus. Elle est plus pâle, plus maigre, comme si elle avait souffert ces derniers temps. Sous ses yeux se sont creusés deux cernes, comme chez ceux qui ont beaucoup pleuré et réfléchi. Mais en ce moment, elle est heureuse et sourit. Elle sourit en caressant la main de son Jésus. Elle est heureuse de l’avoir là, de rester cœur à cœur avec lui, dans le silence de la nuit qui tombe.
Ce doit être l’été, car déjà le figuier a ses premiers fruits mûrs qui pendent jusqu’aux approches de la maison. Jésus en cueille quelques-uns en se mettant sur la pointe des pieds et il donne les plus beaux à sa Mère. Il les épluche avec soin et les offre, en retournant la peau qui forme une couronne, comme s’il s’agissait de boutons blancs rayés de rouge dans une corolle de pétales blancs à l’intérieur, violacés à l’extérieur. Il les présente sur la paume de la main et sourit en voyant sa Mère les goûter.