Jésus est sur le point d’arriver en barque à Capharnaüm. Le soleil va se coucher et le lac n’est qu’un scintillement jaune-rouge.
Tandis que les deux barques manœuvrent pour accoster, Jean dit :
« Je me dépêche d’aller chercher de l’eau à la fontaine pour que tu puisses te désaltérer.
– L’eau est bonne, ici, s’exclame André.
– Oui, elle est bonne. Et votre amour me la fait paraître encore meilleure.
– Moi, je vais porter le poisson à la maison. Les femmes les prépareront pour le repas. Tu nous parleras ensuite, à elles et à nous ?
– Oui, Pierre.
– C’est le plus beau, maintenant, de revenir chez soi. Auparavant, nous avions l’air de nomades. Mais maintenant, avec les femmes, il y a plus d’ordre, plus d’amour. Et puis, voir ta Mère me fait oublier toute fatigue. Je ne sais… »
Jésus sourit et se tait.
La barque s’échoue sur la grève. Jean et André, en sous-vêtements courts, sautent dans l’eau et tirent la barque sur la rive avec l’aide des garçons puis disposent la planche qui sert de pont. Jésus est le premier à descendre ; il attend la seconde barque que soit amarrée pour s’unir à tous ses disciples. Puis, à pas lents, ils s’avancent vers la fontaine. C’est une fontaine naturelle, une source qui jaillit un peu en dehors du village et dont l’eau retombe dans un bassin en pierre, fraîche, abondante, argentée. Cette eau vous invite à la boire tant elle est limpide. Jean, qui a couru en avant avec l’amphore, est déjà de retour et tend le broc ruisselant à Jésus, qui boit à longues gorgées.
« Comme tu avais soif, mon Maître ! Et moi, comme un sot, je ne m’étais pas procuré de l’eau !
– cela ne fait rien, Jean. Maintenant tout est passé » répond Jésus avec une caresse.