Voici venu le soir du vrai sabbat, et la vie reprend après le repos sabbatique. Ici, dans la petite maison de Nazareth, on fait les préparatifs du départ : provisions que l’on range, vêtements que l’on empile dans les sacs, fermés ensuite solidement avec des cordes, examen des sandales pour vérifier si les courroies et les boucles sont en bon état, les ânes sont abreuvés et rassasiés près de la haie du jardin… puis viennent les salutations, accompagnées de quelques larmes au milieu des sourires et des bénédictions, et les promesses de se retrouver bientôt… Et, inattendu, un cadeau de Thomas à Marie : une boucle, nous dirions une broche, pour tenir le vêtement fermé au cou. Elle est formée de trois brins de muguets fins, aériens, admirables, enserrés dans deux feuilles de métal qui imitent à la perfection la nature et révèlent une main de maître.
« Tu ne la porteras pas, Marie, je le sais, mais accepte-la quand même. Le désir m’est venu de la faire un jour où mon Seigneur m’a parlé de toi[1] en te comparant au lys des vallées… Moi, je n’ai rien fait pour ta maison… mais j’ai créé cela pour toi, pour traduire par un symbole la louange de ton Fils que tu mérites plus que toute autre femme. Si je n’ai pas pu donner à l’argent la grâce de la plante vivante et le parfum de la fleur, mon amour sincère, respectueux, pour toi l’embellissent comme une caresse et le parfument de mon dévouement, pour toi, la Mère de mon Seigneur.
– Oh ! Thomas ! C’est vrai : je ne porte pas de bijoux qui me semblent être une inutilité, mais celui-ci n’en est pas une. C’est l’amour de mon Jésus et de son apôtre, et il m’est cher. Je le regarderai chaque jour et je penserai au bon Thomas qui aime son Maître au point de retenir non seulement son enseignement, mais même ses plus simples paroles sur les choses les plus humbles et les personnes les plus insignifiantes. Merci, Thomas, pas tant pour la valeur, que pour ton amour, merci ! »
Tous admirent la perfection du travail,