Jésus entre à Hippos par une claire matinée. Il doit avoir passé la nuit dans la maison de campagne d’un habitant de la ville venu pour l’entendre, pour entrer dans la ville aux premières heures d’un bruyant jour de marché. De nombreux citadins d’Hippos se trouvent autour de lui et beaucoup d’autres, avertis de l’arrivée du Rabbi, accourent à sa rencontre. Mais il n’y a pas qu’eux. Les habitants de la bourgade sur le lac sont présents eux aussi. Il manque seulement quelques femmes qui, à cause de leur état physique ou parce qu’elles ont des enfants trop petits, n’ont pu trop s’éloigner de leurs maisons.
La ville, légèrement au-dessus du niveau du lac, s’étend sur les premières ondulations du haut plateau qui se trouve au-delà du lac et qui s’élève vers l’orient pour rejoindre au sud-est les monts de l’Auranitide, et au nord-est le groupe montagneux où trône le grand Hermon. Avec ses riches maisons de commerce et ses propriétés, elle a bel aspect. Et elle est importante comme nœud routier et centre de nombreuses régions d’au-delà du lac, comme l’indiquent les bornes routières qui portent les noms de Gamla, Gadara, Pella, Arbel, Bosra, Guerguesa, et d’autres encore.
Elle est très peuplée et très fréquentée par des étrangers venus des villages voisins pour acheter, vendre, ou faire des affaires. Je vois dans la foule de nombreux Romains, civils ou militaires. Je ne sais pas si c’est particulier à cette ville ou à la région, mais les gens ne me paraissent pas si hostiles et butés envers les Romains. Il se peut que les affaires aient créé des liens, sinon d’amitié, du moins de relations, plus que dans les régions de l’autre rive.