« Dirige la barque vers Bethsaïde » ordonne Jésus, qui se trouve avec Jean dans une petite embarcation, une vraie coquille de noix, au milieu du lac qui s’éclaircit lentement en même temps que la lumière du jour.
Jean obéit sans mot dire. Une bonne brise tend la petite voile et fait glisser prestement la barque, qui penche même d’un côté, tant est vive son allure. La côte orientale fuit rapidement et la courbe du côté nord du lac devient de plus en plus proche.
« Aborde avant le village. Je veux aller chez Porphyrée sans être vu par d’autres. Quant à toi, rejoins-moi ensuite à l’endroit habituel, et attends-moi dans la barque.
– Oui, Maître. Et si quelqu’un me voit ?
– Retiens-les tous sans dire où je suis. J’aurai vite fait. »
Jean repère sur la plage un endroit favorable pour l’abordage ; il le trouve dans un semblant, un vrai semblant de torrent sableux dans lequel on a enlevé du sable pour quelque besoin. Cela forme un petit golfe de quelques mètres, mais dans lequel une barque peut accoster à la rive, qui est à environ cinquante centimètres au-dessus de l’eau. C’est là qu’il se dirige. La barque frôle légèrement la grève mais réussit à accoster. Jean la tient arrêtée contre le bord en s’agrippant à une racine qui sort du sable.
Jésus saute sur la rive. Jean y appuie la rame et pousse pour permettre à la barque de repartir. Il y parvient. Il lève son visage éclairé par son bon sourire et dit :
« Adieu, Maître.
– Adieu, Jean. »
Jésus s’éloigne au milieu des arbres tandis que Jean louvoie avec sa petite barque.