« Elle ne me plaît pas du tout, cette halte avec l’homme qui nous a rejoints… » bougonne Pierre qui se trouve avec Jésus dans un verger touffu.
Ce doit être déjà l’après-midi du sabbat, car le soleil est encore haut sur l’horizon alors que c’était le crépuscule à leur arrivée au village.
« Après les prières, nous partirons. C’est le sabbat. Nous ne pouvions pas voyager, et le repos ici nous a fait du bien. Nous ne nous arrêterons plus jusqu’au prochain sabbat.
– Mais tu t’es si peu reposé ! Tous ces malades !…
– Ce sont autant de personnes qui maintenant louent le Seigneur. Pour vous épargner tant de route, je serais volontiers resté ici deux jours, pour donner à ceux qui ont été guéris le temps d’apporter la nouvelle au-delà des frontières. Mais vous n’avez pas voulu.
– Non ! Non ! Je voudrais être déjà loin. Et… n’aie pas trop confiance, Maître. Tu parle, tu parles… Mais sais-tu que, dans certaines bouches, chacune de tes paroles se change en poison pour toi ? Pourquoi nous l’ont-ils envoyé ?
– Tu le sais.
– Oui. Mais pourquoi est-il resté ?
– Ce n’est pas le premier qui reste après m’avoir approché. »
Pierre hoche la tête. Il n’est pas convaincu. Il grommelle :
« C’est un espion ! Un espion !
– Ne juge pas, Simon. Tu pourrais te repentir un jour de ton jugement actuel…
– Je ne juge pas. J’ai peur pour toi. Et cela, c’est de l’amour. Le Très-Haut ne peut me punir de t’aimer.
– Je ne dis pas que tu te repentirais de cela, mais d’avoir pensé du mal de ton frère.
– Lui, il est le frère de ceux qui te haïssent. Ce n’est donc pas le mien.
Ce raisonnement est humainement juste,