Sichem est resplendissante, toute parée. Elle est bondée de Samaritains qui se rendent à leur temple, et de pèlerins de toutes les régions en route vers le Temple de Jérusalem. Le soleil l’inonde tout entière. Elle s’étend sur les pentes orientales du mont Garizim, qui la domine à l’ouest, aussi vert qu’elle est blanche. A son nord-est, le mont Ebal, d’aspect encore plus sauvage, semble l’abriter des vents du nord. L’endroit est fertile, enrichi par les eaux qui descendent des montagnes. Elles se partagent entre deux petites rivières riantes, alimentées par une multitude de ruisseaux, qui descendent vers le Jourdain. La magnificence de la fertilité déborde hors des murs des jardins et des haies des cultures maraîchères. Chaque maison est ornée de guirlandes de verdure, de fleurs, de branches où gonflent de petits fruits. La configuration du terrain rend les alentours bien visibles et, de quelque côté que l’on se tourne, on ne voit que le vert des oliviers, des vignobles, des vergers et la couleur blonde des champs qui abandonnent chaque jour davantage le ton glauque du blé en herbe pour prendre une délicate couleur jaune paille, d’épis mûrs, que le soleil et le vent, en les enveloppant et les courbant, rendent presque de la couleur de l’or blanc.
Vraiment, les grains “ blondissent ”, comme dit Jésus ; ils sont maintenant vraiment blonds, après avoir été “ blanchissants ” à leur naissance, puis d’un vert de joyau précieux pendant qu’ils grandissaient et épiaient. Maintenant, le soleil les prépare à la mort après les avoir façonnés à la vie. Et on ne sait pas s’il faut le bénir davantage en ce moment où il les conduit au sacrifice, ou quand il réchauffait paternellement les sillons pour faire germer la semence et peignait la pâleur de la tige, qui venait de percer, d’un beau vert plein de vigueur et de promesses.