Jésus marche avec ses disciples sur une route, le long d’un torrent. Le long… c’est une façon de parler : le torrent est en contrebas ; en haut, le long de la côte, il y a une route en lacets, comme on en trouve souvent dans les régions montagneuses.
Jean, chargé comme un portefaix d’un gros sac bien rempli, est rouge pivoine. Judas, quant à lui, porte celui de Jésus en plus du sien. Simon a seulement le sien et les manteaux. Jésus a repris ses sandales et son vêtement. La mère de Judas a donc dû le faire laver parce qu’il n’a pas de faux plis.
« Que de fruits ! Quels beaux vignobles sur ces collines ! Dit Jean auquel la chaleur et la fatigue ne font pas perdre sa bonne humeur. Maître, est-ce le cours d’eau sur les rives duquel nos pères cueillirent[1] les grappes miraculeuses ?
– Non, c’est l’autre, plus au sud. Mais toute la région était un endroit béni aux fruits excellents.
– Maintenant, elle ne l’est plus autant, bien qu’elle soit encore belle.
– Trop de guerres ont dévasté son sol. C’est ici que s’est fait Israël… mais pour cela, il a dû le féconder de son sang et de celui des ennemis.
– Où trouvons-nous les bergers ?
– A cinq milles d’Hébron, sur les rives du fleuve dont tu parlais.
– De l’autre côté de cette colline, alors.
– Plus loin.
– Il fait très chaud. L’été… Où allons-nous ensuite, Maître ?
– Dans un endroit encore plus chaud, mais je vous prie de venir. Nous voyagerons de nuit. Les étoiles sont si claires qu’il n’y a guère d’obscurité. Je veux vous montrer un endroit…
– Une ville ?
– Non… un endroit… qui vous fera comprendre le Maître… peut-être mieux que ses paroles.