Continuons l’examen entre nous. Maintenant que tu m’as reconnu, sais-tu si l’on parle de moi dans le Livre ?
– Oh oui, Seigneur ! Depuis le commencement jusqu’à maintenant. Tout parle de toi. Tu es le Sauveur promis. Maintenant, je comprends pourquoi tu ouvriras les portes des limbes. Ah ! Seigneur ! Seigneur ! Et tu m’aimes tant ?
– Oui, Yabeç.
– Non, plus Yabeç : donne-moi un nom qui veuille dire que tu m’as aimé, que tu m’as sauvé…
– Ce nom, je le choisirai avec ma Mère. D’accord ?
– Mais qu’il veuille dire exactement cela. Et je le prendrai le jour où je deviendrai fils de la Loi.
– Tu le prendras à partir de ce jour. »
Ils ont dépassé Béthel et font halte dans un vallon frais et bien pourvu en eau pour prendre leur repas.
Yabeç est encore à moitié étourdi par cette révélation et il mange en silence ; c’est avec vénération qu’il reçoit chaque bouchée que lui présente Jésus. Mais, peu à peu, il s’enhardit et, après un beau moment de jeu avec Jean pendant que les autres se reposent sur l’herbe verte, il revient vers Jésus avec Jean tout souriant, et ils font un petit cercle à trois.
« Tu ne m’as toujours pas dit qui parle de moi dans le Livre !
– Les prophètes, Seigneur. Et encore avant, le Livre en parle après qu’Adam a été chassé, puis à Jacob, à Abraham et à Moïse… Ah !… Mon père me disait qu’il était allé chez Jean – pas lui, l’autre Jean, celui du Jourdain – et que lui, le grand prophète, t’appelait l’Agneau… Voilà, maintenant je comprends l’agneau de Moïse… La Pâque, c’est toi ! »
Jean le taquine :
« Mais quel est le prophète qui a prophétisé mieux que lui ?
– Isaïe et Daniel, mais… Daniel me plaît davantage, maintenant que je t’aime comme mon père. Est-ce que je peux dire ça ? Dire que je t’aime comme j’ai aimé mon père ? Oui ? Eh bien, maintenant je préfère Daniel.
– Pourquoi ? Celui qui a beaucoup parlé du Christ, c’est Isaïe.
– Oui, mais il parle des souffrances du Christ. Au contraire, Daniel parle du bel ange et de ta venue. C’est vrai… lui aussi dit que le Christ sera immolé. Mais je pense que l’Agneau sera immolé d’un seul coup. Pas comme le disent Isaïe et David. Je pleurais toujours quand je les entendais lire et Maman ne m’en parlait plus. »
Il est presque en larmes maintenant, pendant qu’il caresse la main de Jésus.
« N’y pense pas pour l’instant. Ecoute : tu connais les commandements ?
– Oui, Seigneur, je crois les savoir. Dans la forêt, je me les répétais pour ne pas les oublier et pour entendre la parole de Maman et de mon père. Mais maintenant, je ne pleure plus (réellement il y a une grande lueur dans ses yeux) parce que, maintenant, je t’ai, toi. »
Jean sourit et embrasse son Jésus en disant :
« Ce sont mes propres mots ! Tous ceux qui ont un cœur d’enfant tiennent le même langage.
– Oui, parce que leurs paroles proviennent d’une unique sagesse.