208.1
« Il est à peu près sûr que nous les trouverons si nous revenons un moment sur la route d’Hébron. Je vous en prie, partez deux par deux à leur recherche sur les sentiers de la montagne. D’ici aux piscines de Salomon, puis de là à Bet-çur. Nous vous suivrons. C’est ici sa zone de pâturage » dit le Seigneur aux douze.
Je me rends compte alors qu’il parle des bergers.
Les apôtres s’apprêtent à partir, chacun avec son compagnon préféré. Seul le couple presque inséparable de Jean et André ne se forme pas car ils se dirigent tous deux vers Judas en disant : « Je viens avec toi », et Judas répond :
« Oui, viens, André. Cela vaut mieux ainsi, Jean. Toi et moi nous serions deux qui connaissons déjà les bergers. Il vaut donc mieux que tu accompagnes quelqu’un d’autre.
– Moi, alors, mon garçon » dit Pierre en quittant Jacques, fils de Zébédée.
Sans protester, ce dernier part avec Thomas, tandis que Simon le Zélote s’en va avec Jude, Jacques, fils d’Alphée, avec Matthieu et les deux inséparables Philippe et Barthélemy ensemble. L’enfant reste avec Jésus et les deux Marie.
Fraîche et belle, la route passe à travers les montagnes couvertes de verdure, qu’il s’agisse de forêts ou de prés. On rencontre des troupeaux qui, à la lumière blonde de l’aurore, se dirigent vers les pâturages.
A chaque tintement de clarine, Jésus cesse de parler, regarde, puis il demande aux bergers si Elie, le berger bethléemite, se trouve dans les parages. Je saisis que désormais Elie est surnommé “ le bethléemite ”. Même si d’autres bergers sont originaires de Bethléem, ce surnom lui appartient de droit ; mais il peut aussi traduire le mépris. Mais personne n’est au courant. Ils répondent en arrêtant leur troupeau et en cessant de jouer de leurs flûtes rustiques.
Les jeunes possèdent presque tous l’une de ces flûtes primitives en roseau, devant lesquelles Marziam s’extasie, jusqu’à ce qu’un bon vieux berger lui donne celle de son petit-fils en disant :
« Il s’en fabriquera une autre. »
Et Marziam s’en va, tout heureux, avec son instrument en bandoulière car, pour le moment, il ne sait pas s’en servir.