Gli Scritti di Maria Valtorta

256. Auprès des vignerons, guérison d’un vieillard aveugle et parabole de l’espérance.

256. Presso dei vignaioli, guarigione di un vecchio cieco e parabola sulla speranza.

256.1

Quelques vignerons qui passent par le verger, chargés de paniers d’un raisin blond comme s’il était fait avec de l’ambre, ont aperçu les apôtres et viennent les interroger.

« Vous êtes des voyageurs ou des étrangers ?

– Nous sommes galiléens et nous allons vers le mont Carmel » répond au nom de tous Jacques, fils de Zébédée, qui, avec ses compagnons pêcheurs, se dégourdit les jambes pour essayer de vaincre un reste de somnolence.

Judas et Matthieu sont en train de se réveiller sur l’herbe sur laquelle ils s’étaient allongés, mais les plus âgés, épuisés, dorment encore. Jésus discute avec Jean d’En-Dor et Hermastée, pendant que Marie et Marie, femme de Cléophas, se tiennent près d’eux, mais silencieuses.

Les vignerons demandent :

« Et vous venez de loin ?

– De Césarée comme dernière étape. Mais avant, nous sommes allés à Sycaminon et plus loin encore. Nous venons de Caphar­naüm.

– Ah ! Quelle longue route à cette saison ! Mais pourquoi est-ce que vous n’êtes pas venus dans notre maison ? Elle est là-bas, vous la voyez ? Nous vous aurions donné de l’eau fraîche pour reposer vos membres et de la nourriture, campagnarde mais bonne. Venez maintenant.

– Nous allons partir. Que Dieu vous en récompense tout de même.

– Le mont Carmel ne va pas s’enfuir sur un char de feu comme son prophète, dit un paysan sur un ton à demi sérieux.

– Il ne vient plus de chars du ciel pour emporter les prophètes. Il n’y a plus de prophètes en Israël. On dit que Jean est déjà mort, ajoute l’autre paysan.

– Mort ? Et depuis quand ?

– C’est ce que nous ont dit des gens venus d’au-delà du Jourdain. Vous le vénériez ?

– Nous étions ses disciples.

– Pourquoi l’avez-vous quitté ?

– Pour suivre l’Agneau de Dieu, le Messie qu’il a annoncé. Il y a encore lui en Israël, hommes. Et il faudrait bien plus qu’un char de feu pour le transporter dignement au ciel !

256.2

Vous ne croyez pas au Messie ?

– Si nous y croyons ! Nous avons décidé qu’une fois la récolte finie nous irons à sa recherche. On dit qu’il est plein de zèle pour obéir à la Loi et qu’il va au Temple aux solennités prescrites. Nous irons bientôt à la fête des Tentes et nous serons au Temple tous les jours pour le voir. Et si nous ne le trouvons pas, nous irons à sa recherche jusqu’à ce que nous l’ayons trouvé. Vous qui le connaissez, répondez-nous : c’est vrai qu’il est presque toujours à Capharnaüm ? C’est vrai qu’il est grand, jeune, pâle, blond et qu’il a une voix différente de celle de tous les hommes, qu’elle touche les cœurs et que les animaux et les plantes l’entendent ?

– Tous les cœurs, sauf ceux des pharisiens, Gamla. Eux, ils sont devenus plus durs.

– Ce ne sont même pas des animaux. Ce sont des démons, y compris celui dont je porte le nom. Mais dites-nous : c’est vrai qu’il est comme ça, et qu’il est si bon qu’il parle avec tout le monde, qu’il console tout le monde, qu’il guérit les maladies et convertit les pécheurs ?

– Vous le croyez ?

– Oui, mais nous voudrions l’apprendre de vous qui le suivez. Ah ! Si vous nous conduisiez à lui !

– Mais ne devez-vous pas vous occuper des vignes ?

– Nous devons aussi nous occuper de notre âme, et elle vaut plus que les vignes. Est-ce qu’il se trouve à Capharnaüm ? En forçant la marche, nous pourrions faire l’aller et retour en dix jours…

256.3

– celui que vous cherchez est ici. Il s’est reposé dans votre verger et il parle en ce moment avec cet homme âgé et ce jeune homme. Il a auprès de lui sa Mère et la sœur de sa Mère.

– Lui !… Oh ! Qu’est-ce qu’on fait ? »

La stupeur les fige. Ils sont tout yeux pour le regarder. Toute leur vitalité se concentre dans leurs pupilles.

« Eh bien ! Vous désiriez tant le voir et maintenant vous ne bougez plus ? Vous êtes devenus des statues de sel ? plaisante Pierre.

– Non… c’est que… Mais le Messie est tellement simple ?

– Mais que vouliez-vous qu’il soit ? Assis sur un trône magnifique et couvert du manteau royal ? Le preniez-vous pour un nouvel Assuérus[1] ?

– Non. Mais… il est si simple, alors qu’il est tellement saint !

– Il est simple parce qu’il est saint, homme. Bien, faisons comme ceci… Maître ! Excuse-moi, viens ici faire un miracle. Il y a ici des hommes qui te cherchent et te voir les a pétrifiés. Viens leur rendre le mouvement et la parole. »

Jésus, qui s’est retourné en s’entendant appeler, se lève en souriant et s’avance vers les vignerons, qui le regardent d’un air tellement stupéfait qu’ils en paraissent apeurés.

« Paix à vous. Vous vouliez me voir ? Me voici. »

Et il fait son geste habituel d’ouvrir les bras en les tendant un peu, comme pour s’offrir. Les vignerons tombent à genoux et restent muets.

« N’ayez pas peur. Dites-moi ce que vous voulez. »

Sans parler, ils tendent les paniers remplis de raisin.

Jésus admire les fruits magnifiques et, en disant : « Merci », allonge la main pour prendre une grappe, puis il commence à en manger les grains.

« O Dieu très-haut ! Il mange comme nous ! » dit en soupirant celui qu’on appelle Gamla.

Impossible de garder son sérieux devant cette sortie. Jésus lui-même a un sourire plus accentué, et comme s’il s’excusait, il dit :

« Je suis le Fils de l’homme ! »

256.4

Mais son geste a vaincu leur torpeur extatique, et Gamla dit :

« est-ce que tu n’entrerais pas chez nous, au moins jusqu’au soir ? Nous sommes nombreux, car nous sommes sept frères plus nos femmes et nos enfants, et encore nos vieux parents qui at­tendent paisiblement la mort.

– Allons-y. Vous, appelez vos compagnons et rejoignez-nous. Mère, viens avec Marie. »

Et Jésus se met en route derrière les paysans, qui se sont relevés et marchent un peu de biais pour le voir marcher. Le sentier est étroit entre les troncs d’arbres reliés les uns aux autres par les vignes.

Ils ont vite fait d’arriver à la maison, ou plutôt aux maisons car elles forment un petit carré avec au milieu une large cour commune où se trouve un puits. On y accède par un couloir profond qui fait office de vestibule et que l’on ferme certainement la nuit par un lourd portail.

« Que la paix soit sur cette maison et sur ceux qui y habitent » dit Jésus en entrant et en levant la main pour bénir. Il l’abaisse ensuite pour caresser un amour de bébé à moitié nu qui fixe sur lui un regard extasié. Il est très gracieux dans sa chemisette sans manches, qui retombe de ses épaules potelées, debout sur ses pieds nus, avec un doigt dans la bouche et une croûte de pain trempée dans l’huile dans l’autre menotte.

« C’est David, le bébé de mon jeune frère » explique Gamla pendant qu’un autre vigneron entre dans la maison la plus proche pour prévenir.

Il en ressort aussitôt pour entrer dans une autre et il fait ainsi pour toutes, de sorte que des visages de tout âge se présentent, puis se retirent pour revenir après une toilette sommaire.

256.5

Assis à l’ombre d’un auvent qui fait saillie et qu’abrite un figuier gigantesque, se trouve un vieillard avec un bâton dans les mains. Il ne lève même pas la tête, comme si rien ne l’intéressait.

« C’est notre père » explique Gamla. « Un des vieillards de la maison, car même la femme de Jacob a amené ici son père resté seul. Et puis il y a la vieille mère de Lia, la plus jeune épouse. Notre père est aveugle. Il s’est formé un voile sur ses pupilles. Il y a tant de soleil dans les champs ! Tant de chaleur sur la terre ! Pauvre père ! Il est très triste, mais il est très bon. En ce moment, il attend ses petits-enfants parce qu’ils sont son unique joie. »

Jésus se dirige vers le vieillard.

« Que Dieu te bénisse, père.

– Qui que tu sois, que Dieu te rende ta bénédiction, répond le vieillard en levant la tête en direction de la voix.

– Ton sort est pénible, n’est-ce pas ? demande doucement Jésus tout en faisant signe de ne pas dire qui est celui qui parle.

– Il vient de Dieu, après beaucoup de bienfaits qu’il m’a accordés durant ma longue vie. Comme j’ai reçu les bienfaits de Dieu, je dois accepter aussi le malheur de ma vue. Il n’est pas éternel, enfin. Il finira sur le sein d’Abraham.

– Tu as raison. Ce serait pire si ton âme était aveugle.

– J’ai cherché à lui garder toujours la vue.

– Comment as-tu fait ?

– Tu es jeune, toi qui parles, ta voix me le montre. Tu ne seras pas comme ces jeunes d’aujourd’hui, qui sont tous aveugles parce qu’ils sont sans religion, hein ? C’est vraiment un grand malheur de ne pas croire et de ne pas faire ce que Dieu nous a dit. C’est un vieillard qui te le dit, mon garçon ! Si tu abandonnes la Loi, tu deviendras aveugle sur cette terre et dans l’autre vie. Jamais plus tu ne verras Dieu. Car un jour viendra certainement où le Messie rédempteur nous ouvrira les portes de Dieu. Je suis trop âgé pour voir ce jour sur la terre, mais je le verrai du sein d’Abraham. Aussi, je ne me plains de rien, car j’espère payer par cette obscurité mes in­gratitudes envers Dieu et le mériter pour la vie éternelle. Mais toi, tu es jeune. Sois fidèle, mon fils, pour que tu puisses voir le Messie. Car le temps est proche, Jean-Baptiste l’a dit. Tu le verras. Mais si ton âme est aveugle, tu seras comme ceux dont parle Isaïe[2] : tu auras des yeux et tu ne verras pas.

– Tu voudrais le voir, père ? demande Jésus en posant une main sur la tête blanche.

– Je voudrais le voir, oui. Je préfère pourtant m’en aller sans le voir, au lieu de le voir, moi, et que mes enfants ne le recon­naissent pas. Moi, j’ai encore l’ancienne foi et elle me suffit. Eux… Ah ! Le monde d’aujourd’hui !

– Père, vois donc le Messie, et que ta nuit soit couronnée de joie. »

Jésus fait glisser sa main des cheveux blancs du vieillard sur son front et jusqu’au menton barbu comme pour le caresser, et en même temps il se penche pour se mettre au niveau de son visage marqué par l’âge.

« Oh ! Très-haut Seigneur ! Mais je vois ! Je vois… Qui es-tu ? Ton visage m’est inconnu et pourtant familier, comme si je t’avais déjà vu… Mais… Ah, sot que je suis ! Toi qui m’as rendu la vue, tu es le Messie béni ! Oh ! Oh ! »

Le patriarche pleure sur les mains de Jésus qu’il a saisies, et qu’il couvre de baisers et de larmes. Toute la parentèle est en émoi.

Jésus dégage une main et caresse encore le vieillard en disant :

« Oui, c’est moi. Viens, pour qu’en plus de mon visage, tu con­naisses ma parole. »

Il se dirige vers un escalier qui mène à une terrasse, ombragée par une tonnelle épaisse qui la recouvre tout entière. Et tout le monde le suit.

256.6

« J’avais promis de parler de l’espérance à mes disciples et d’expliquer une parabole. La parabole, la voilà : ce vieux juif. C’est le Père des Cieux qui m’en donne le sujet pour vous enseigner à vous tous la grande vertu qui, comme les bras d’un joug, soutient la foi et la charité.

Joug plein de douceur. Gibet de l’humanité comme le bras transversal de la croix, trône du salut comme appui du serpent salutaire élevé dans le désert. Gibet de l’humanité. Pont de l’âme, pour qu’elle libère son vol dans la lumière. Elle se situe entre l’indispensable foi et la très parfaite charité, parce que sans l’espérance il ne peut y avoir de foi et, sans l’espérance, la charité meurt.

La foi présuppose une espérance pleine de certitude. Comment croire que nous pouvons arriver à Dieu si nous n’espérons pas en sa bonté ? Comment trouver un appui dans la vie si on n’espère pas en une éternité ? Comment pouvoir persévérer dans la justice si on n’est pas animé par l’espérance que chacune de nos bonnes actions est vue par Dieu et qu’il nous en donnera la récompense ? De la même manière, comment faire vivre la charité si nous n’avons pas l’espérance ? L’espérance précède la charité et la prépare. Car un homme a besoin d’espérer pour pouvoir aimer. Les désespérés n’aiment plus. Voilà l’échelle faite de barreaux et de montants : la foi ce sont les barreaux, l’espérance les montants ; en haut se trouve la charité vers laquelle on monte grâce aux deux autres. L’homme espère pour croire, il croit pour aimer.

256.7

Cet homme a su espérer. A sa naissance, c’était un bébé d’Israël comme tous les autres. Il a grandi avec les mêmes enseignements que les autres. Il est devenu fils de la Loi comme tous les autres. Il est devenu homme, époux, père, vieillard, en espérant toujours dans les promesses faites aux patriarches et répétées par les prophètes. Dans sa vieillesse, l’ombre est descendue sur ses pupilles, mais pas dans son cœur. L’espérance est toujours restée allumée en lui : l’espérance de voir Dieu, de voir Dieu dans l’autre vie. Et, dans l’espérance de cette vue éternelle, une espérance plus intime et plus chère : “ voir le Messie ”. Et il m’a dit, sans savoir qui était le jeune homme qui lui parlait : “ Si tu abandonnes la Loi, tu seras aveugle sur la terre et au Ciel. Tu ne verras pas Dieu et tu ne reconnaîtras pas le Messie. ” Il a parlé en sage.

Aujourd’hui, trop de monde est aveugle en Israël. Les gens n’ont plus d’espérance parce que la révolte contre la Loi l’a tuée en eux : c’est toujours une révolte, même si elle se cache sous des ornements sacrés, si elle n’est pas acceptation intégrale de la parole de Dieu. Je dis bien de Dieu : je ne parle pas des superstructures qui y ont été mises par l’homme et qui, parce qu’elles sont trop nombreuses et toutes humaines, se voient négligées par ceux-là même qui les ont établies, et suivies par les autres machinalement, par force, avec lassitude, stérilement. Ils n’ont plus d’espérance, mais se moquent des vérités éternelles. Ils n’ont donc plus de foi ni de charité. Le joug de Dieu donné à l’homme pour qu’il s’en fasse obéissance et mérite, la croix céleste que Dieu a donnée à l’homme pour conjurer les serpents du Mal et en tirer le salut, a perdu son bras transversal, celui qui soutenait la flamme blanche et la flamme rouge : la foi et la charité. Et les ténèbres sont descendues dans leurs cœurs.

Le vieillard m’a déclaré : “ C’est un grand malheur de ne pas croire et de ne pas accomplir ce que Dieu nous a dit. ” C’est vrai. Je vous le confirme. C’est pire que la cécité matérielle que l’on peut en­core guérir pour donner à un juste la joie de revoir le soleil, les prés, les fruits de la terre, les visages de ses enfants et petits-enfants et, par-dessus tout, ce qui était l’espérance de son espérance : “ Voir le Messie du Seigneur. ” Je voudrais qu’une pareille vertu soit vivante dans l’âme d’Israël tout entier et particulièrement chez les personnes les plus versées dans la Loi. Il ne suffit pas d’être allé au Temple ou d’avoir appartenu au Temple, il ne suffit pas de savoir par cœur les paroles du Livre. Il faut savoir en faire la vie de notre vie grâce aux trois vertus divines. Vous en avez un exemple : là où elles sont vivantes, tout est facile à supporter, même le malheur. Car le joug de Dieu est toujours un joug léger qui pèse seulement sur la chair, mais n’abat pas l’esprit.

256.8

Allez en paix, vous qui vivez dans cette maison de bons juifs. Va en paix, vieux père. Tu as la certitude que Dieu t’aime. Termine ta journée de juste en déposant ta sagesse dans le cœur des petits de ton sang. Je ne puis rester, mais ma bénédiction demeure dans ces murs, riche de grâces comme les grappes de cette vigne. »

Jésus voudrait s’en aller, mais il doit rester, tant pour con­naître cette tribu de tous les âges que pour recevoir tout ce qu’on veut lui donner, jusqu’à rendre les sacs de voyage bedonnants comme des outres… Puis il peut reprendre la route par un raccourci entre les vignes que lui indiquent les vignerons, qui ne le quittent que sur la route principale, déjà en vue d’un village où Jésus et ses disciples pourront passer la nuit.

256.1

Visti da alcuni vignaiuoli che passano per il frutteto, carichi di ceste di un’uva bionda come fosse fatta con l’ambra, gli apostoli vengono interrogati.

«Siete pellegrini o forestieri?».

«Galilei siamo e pellegrini verso il Carmelo», risponde per tutti Giacomo di Zebedeo, che con i compagni pescatori si sgranchisce le gambe per finire di vincere un resto di sonnolenza.

L’Iscariota e Matteo si stanno svegliando sull’erba su cui si erano sdraiati, e i vecchi, invece, stanchi, dormono ancora. Gesù parla con Giovanni di Endor ed Ermasteo, mentre Maria e Maria Cleofe si tengono lì vicine, ma stanno zitte.

I vignaiuoli dicono: «E venite da lontano?».

«Da Cesarea per ultima tappa. Ma prima eravamo a Sicaminom e più là ancora. Veniamo da Cafarnao».

«Oh! che lunga strada in questa stagione! Ma perché non siete venuti alla nostra casa? È là, la vedete? Vi avremmo dato acqua fresca per ristoro alle membra e cibo, paesano ma buono. Venite ora».

«Stiamo per partire. Dio vi compensi lo stesso».

«Il Carmelo non fugge sul carro di fuoco come il suo profeta», dice un contadino semiserio.

«Non viene più nessun carro dal Cielo a rapire i profeti.

Non ci sono più profeti in Israele. Si dice che Giovanni sia già morto», dice l’altro contadino.

«Morto? E da quando?».

«Così hanno detto alcuni venuti da oltre Giordano. Lo veneravate?».

«Eravamo suoi discepoli».

«Perché lo avete lasciato?».

«Per seguire l’Agnello di Dio, il Messia che egli annunciò. Vi è ancora questo in Israele, uomini. E ben più di un carro di fuoco occorrerebbe per fare degno trasporto di Lui in Cielo!

256.2

Non credete al Messia?».

«Se ci crediamo! Abbiamo deciso che, finito il raccolto, lo andremo a cercare. Si dice che è zelante all’ubbidienza della Legge e va al Tempio nelle solennità prescritte. Andremo presto ai Tabernacoli e staremo al Tempio tutti i giorni per vederlo. E se non lo troveremo andremo in cerca di Lui finché lo abbiamo trovato. Voi che lo conoscete, diteci: è vero che sta a Cafarnao quasi sempre? È vero che è alto, giovane, pallido, biondo e che ha una voce diversa da tutti gli uomini, la quale tocca i cuori e fino le bestie e le piante la sentono?».

«Tutti i cuori meno quelli dei farisei, Gamala. Quelli si sono fatti più aspri».

«Quelli non sono neppure bestie. Sono dei demoni, compreso quello di cui io porto il nome. Ma dite: è vero che è così e che è tanto buono che parla con tutti, consola tutti, guarisce i morbi e converte i peccatori?».

«Questo credete?».

«Sì. Ma vorremmo saperlo da voi che lo seguite. Oh! se ci conduceste da Lui!».

«Ma non avete le vigne da curare?».

«Abbiamo anche l’anima da curare, ed è più delle vigne. È a Cafarnao? Forzando il cammino, in dieci giorni potremmo andare e tornare…».

256.3

«È là Quello che cercate. Ha riposato nel vostro frutteto ed ora parla con quel vecchio e quel giovane, avendo al fianco la Madre e la sorella della Madre».

«Quello!… Oh!… Che si fa?».

Restano irrigiditi dallo stupore. Sono tutti occhi per guardare. La loro vitalità è tutta raccolta nelle pupille.

«Ebbene? Tanto desiderio avevate di vederlo e ora non vi muovete? Siete divenuti di sale?», stuzzica Pietro.

«No… è che… Ma è così semplice il Messia?».

«Ma che volevate che fosse? Assiso su un trono folgoreggiante e coperto del regio ammanto? Lo credevate un nuovo Assuero[1]?».

«No. Ma… così semplice, Lui così santo!».

«È ben semplice perché è santo, uomo. Bene, facciamo così… Maestro! Abbi pazienza, vieni qui a fare un miracolo. Ci sono qui uomini che ti cercano e che il vederti ha pietrificati.

Vieni a rendere loro moto e parola».

Gesù, che si è voltato sentendosi chiamare, si alza sorridendo e viene verso i vignaiuoli che lo guardano tanto stupefatti da parere impauriti.

«La pace a voi. Mi volevate? Eccomi», e ha l’atto abituale delle braccia che si aprono tendendosi un poco come per offrirsi.

I vignaiuoli scivolano in ginocchio e stanno zitti.

«Non temete. Ditemi ciò che volete». Tendono i cesti colmi d’uva senza parlare.

Gesù ammira la splendida frutta e, dicendo: «Grazie», stende una mano a prendere un grappolo e inizia a mangiare i chicchi.

«O Dio altissimo! Mangia come noi!», sospira quello chiamato Gamala.

È impossibile non ridere di questa uscita. Anche Gesù ha un sorriso più marcato, e quasi a scusarsi dice: «Sono il Figlio dell’uomo!».

256.4

Ma il gesto ha vinto il torpore estatico, e Gamala dice:

«Non entreresti nella nostra casa, fino al vespero almeno? Siamo in molti, perché siamo sette fratelli con le spose e i bambini, più i vecchi che attendono la morte con pace».

«Andiamo. Voi chiamate i compagni e raggiungeteci. Madre, vieni con Maria».

E Gesù si avvia dietro ai contadini, che si sono rialzati e camminano un poco di sbieco per vederlo camminare. Il sentiero è piccolo, fra i tronchi degli alberi legati l’un coll’altro dalle viti.

Giungono presto alla casa, anzi alle case, perché è un piccolo quadrato di case con al centro un comune ampio cortile nel quale è un pozzo, e vi si accede da un profondo corridoio che fa da vestibolo e che certo nella notte viene chiuso col portone pesante.

«La pace sia a questa casa e a chi vi abita», dice Gesù entrando e alzando la mano a benedire, per poi abbassarla ad accarezzare un puttino seminudo che lo guarda estatico, bellissimo nella sua camicina senza maniche che è scivolata dalla spalla grassoccia, ritto sui piedini nudi, con un ditino in bocca e una crosta di pane unta d’olio nell’altra manina.

«È Davide, il bambino di mio fratello minore», spiega Gamala, mentre un altro dei vignaiuoli entra nella casa più prossima a dare l’avviso e poi ne esce per entrare in un’altra e così fa per tutte, di modo che visi di tutte le età si affacciano e poi si ritirano per ritornare dopo una sommaria toletta.

256.5

Seduto all’ombra di una tettoia sporgente, alla quale fa da riparo un fico gigantesco, è un vecchio col bastoncello fra le mani. Non alza neppure il capo, come niente lo interessasse.

«È nostro padre», spiega Gamala. «Uno dei vecchi della casa, perché anche la moglie di Giacobbe ha portato qui il padre rimasto solo, e poi vi è la vecchia madre di Lia, la più giovane sposa. Nostro padre è cieco. Gli si è fatto il velo sulle pupille. Tanto sole nei campi! Tanto calore della terra! Povero padre! È molto rattristato. Ma è molto buono. Ora attende i nipoti perché sono la sua unica gioia».

Gesù si dirige dal vecchio. «Dio ti benedica, padre».

«Chiunque tu sia, ti renda Dio la tua benedizione», risponde il vecchio alzando il capo in direzione della voce.

«È brutta la tua sorte, non è vero?», chiede Gesù dolcemente e fa segno di non dire chi è che parla.

«Viene da Dio, dopo tanto bene che mi ha dato nella lunga mia vita. Come ho preso il bene da Dio, devo prendere anche la sventura della vista. Non è eterna, infine. Finirà sul seno d’Abramo».

«Dici bene. Peggio sarebbe se fosse cieca l’anima».

«Ho cercato di tenerla con la vista sempre».

«Come hai fatto?».

«Sei giovane tu che parli, la tua voce lo dice. Non sarai come quei giovani di ora che sono tutti ciechi perché sono senza religione, eh? Bada che è gran sventura non credere e non eseguire ciò che Dio ci ha detto. Un vecchio te lo dice, ragazzo. Se abbandonerai la Legge, sarai cieco in Terra e nell’altra vita. Mai più vedrai Iddio. Perché verrà pure un giorno che il Messia redentore ci aprirà le porte di Dio. Io sono troppo vecchio per vedere questo giorno sulla Terra. Ma lo vedrò dal seno di Abramo. Per questo non mi lamento di nulla. Perché spero che con queste ombre sconterò quello che posso avere commesso di ingrato a Dio e di meritarlo per la vita eterna. Ma tu sei giovane. Sii fedele, figlio, di modo che il Messia tu lo possa vedere.

Perché il tempo è vicino. Il Battista lo ha detto. Tu lo vedrai. Ma se avrai l’anima cieca sarai come quelli di cui parla[2] Isaia. Avrai occhi e non vedrai».

«Tu lo vorresti vedere, padre?», chiede Gesù posandogli una mano sulla testa bianca.

«Lo vorrei vedere. Sì. Ma però preferisco andarmene senza vederlo, anziché vederlo io e che i miei figli non lo riconoscano. Io ho ancora la fede antica e mi basta. Essi… Oh! il mondo d’ora!…».

«Padre, vedi dunque il Messia e sia coronata di giubilo la tua sera», e Gesù fa scivolare la sua mano dai capelli bianchi giù per la fronte sino al mento barbuto del vecchio come per una carezza, e intanto si curva per mettersi all’altezza del viso senile.

«Oh! Altissimo Signore! Ma io vedo! Vedo… Chi sei, con questo volto ignoto eppure famigliare come già ti avessi visto?… Ma… Oh! stolto che sono! Tu che mi hai reso la vista sei il Messia benedetto! Oh! Oh!».

Il vecchio piange sulle mani di Gesù che ha afferrate coprendole di baci e lacrime. Tutto il parentado è in subbuglio.

Gesù si libera una mano e carezza ancora il vecchio dicendo: «Sì, sono Io. Vieni, che oltre che il viso tu conosca la mia parola».

E si dirige ad una scaletta, che porta su una terrazza ombrosa per una pergola folta che l’ombreggia tutta. E tutti lo seguono.

256.6

«Avevo promesso di parlare della speranza ai miei discepoli e avrei portato a spiegazione una parabola. La parabola eccola: questo vecchio israelita. Me lo dà il Padre dei Cieli il soggetto per insegnare a voi tutti la grande virtù che, come le braccia di un giogo, sorregge la fede e la carità.

Dolce giogo. Patibolo dell’umanità come il braccio trasverso della croce, trono della salvezza come appoggio del serpente salutare alzato nel deserto. Patibolo dell’umanità. Ponte dell’anima per spiccare il volo nella Luce. Ed è messa in mezzo fra l’indispensabile fede e la perfettissima carità, perché senza la speranza non può esservi fede, e senza speranza muore la carità.

Fede presuppone speranza sicura. Come credere di giungere a Dio se non si spera nella sua bontà? Come sorreggersi nella vita se non si spera in un’eternità? Come poter persistere nella giustizia se non ci anima la speranza che ogni nostra buona azione è da Dio vista e per darci di essa premio? Ugualmente, come fare vivere la carità se non c’è speranza in noi? La speranza precede la carità e la prepara. Perché un uomo ha bisogno di sperare per potere amare. I disperati non amano più. La scala è questa, fatta di scalini e di ringhiera: la fede i gradini, la speranza la ringhiera; in alto ecco la carità alla quale si sale mediante le altre due. L’uomo spera per credere, crede per amare.

256.7

Quest’uomo ha saputo sperare. È nato. Un bambino di Israele come tutti gli altri. È cresciuto con gli stessi ammaestramenti degli altri. È divenuto figlio della Legge come tutti gli altri. Si è fatto uomo, sposo, padre, vecchio, sempre sperando nelle promesse fatte ai patriarchi e ripetute dai profeti. Nella vecchiaia sono scese le ombre sulle sue pupille ma non nel suo cuore. In esso è sempre rimasta accesa la speranza. Speranza di vedere Iddio. Vedere Iddio nell’altra vita. E, nella speranza di questa vista eterna, una, più intima e cara: “vedere il Messia”. E mi ha detto, non sapendo chi era il giovane che gli parlava: “Se abbandonerai la Legge sarai cieco in Terra e in Cielo. Non vedrai Dio e non riconoscerai il Messia”. Ha detto da saggio.

Troppi sono ora in Israele che sono ciechi. Non hanno più speranza perché l’ha uccisa in loro la ribellione alla Legge, che è sempre ribellione, anche se velata da paramenti sacri, se non è accettazione integrale della parola di Dio, dico di Dio, non delle soprastrutture che vi sono state messe dall’uomo e che per essere troppe, e tutte umane, vengono trascurate da quelli stessi che le hanno messe, e fatte macchinalmente, sforzatamente, stancamente, sterilmente dagli altri. Non hanno più speranza. Ma irrisione delle verità eterne. Non hanno perciò più fede e più carità. Il divino giogo da Dio dato all’uomo perché se ne facesse ubbidienza e merito, la celeste croce che Dio ha dato all’uomo a scongiuro contro i serpenti del Male perché se ne facesse salute, ha perduto il suo braccio trasverso, quello che sorreggeva la fiamma candida e la fiamma rossa: la fede e la carità; e le tenebre sono scese nei cuori.

Il vecchio mi ha detto: “È grande sventura non credere e non eseguire ciò che Dio ci ha detto”. È vero. Io ve lo confermo. È peggio della cecità materiale, che ancora può essere guarita per dare ad un giusto la gioia di rivedere il sole, i prati, i frutti della terra, i volti dei figli e nipoti, e soprattutto ciò che era la speranza della sua speranza: “Vedere il Messia del Signore”. Io vorrei che una simile virtù fosse viva nell’animo di tutto Israele, e specie in quelli che sono i più istruiti nella Legge. Non basta essere stato nel Tempio o del Tempio, non basta sapere a memoria le parole del Libro. Occorre saperle fare vita della nostra vita mediante le tre virtù divine. Voi ne avete un esempio: dove esse sono vive tutto è facile, anche la sventura. Perché il giogo di Dio è sempre giogo leggero, che preme solo sulla carne ma non abbatte lo spirito.

256.8

Andate in pace, voi che restate in questa casa di buoni israeliti. Vai in pace, vecchio padre. Che Dio ti ami ne hai la certezza. Chiudi la tua giusta giornata deponendo la tua saggezza nel cuore dei pargoli del tuo sangue. Non posso rimanere, ma la mia benedizione resta fra queste mura pingue di grazie come i grappoli di questa vigna».

E Gesù vorrebbe andarsene. Ma deve almeno fermarsi tanto da conoscere questa tribù di tutte le età e di ricevere quanto gli vogliono dare fino a rendere le sacche da viaggio panciute come otri… Poi può riprendere il cammino per una scorciatoia fra le viti che gli indicano i vignaiuoli, che non lo lasciano altro che alla via maestra, già in vista di un paesello dove Gesù e i suoi potranno sostare per la notte.


Notes

  1. Assuérus fut un roi de Perse. Le livre d’ Esther 5, 1c nous en fait le portrait royal.
  2. ceux dont parle Isaïe : en Is 6, 9-10.

Note

  1. Assuero, re persiano, il cui aspetto regale è presentato in: Ester 5, 1c.
  2. parla, in: Isaia 6, 9-10.