26.1
Après cinquante-trois jours, la Mère recommence à se montrer par cette vision qu’elle me dit de noter dans ce livre. La joie renaît en moi, car voir Marie c’est posséder la Joie.
26.1
Après cinquante-trois jours, la Mère recommence à se montrer par cette vision qu’elle me dit de noter dans ce livre. La joie renaît en moi, car voir Marie c’est posséder la Joie.
26.2
Je vois donc le petit jardin de Nazareth. Marie file à l’ombre d’un pommier très touffu et croulant de fruits qui commencent à rougir et ressemblent à autant de joues d’enfant roses et rondes.
Mais Marie n’a pas ces belles couleurs. Sa bonne mine, ses joues rouges d’Hébron ont disparu. Son visage est pâle comme de l’ivoire, et seules ses lèvres y dessinent une courbe de léger corail. Sous ses paupières abaissées, deux ombres obscures, et le bord des yeux est gonflé comme lorsqu’on a pleuré. Je ne vois pas ses yeux parce qu’elle penche légèrement la tête, attentive à son travail et plus encore prise par des pensées attristantes, car je l’entends soupirer comme quelqu’un dont le cœur est blessé.
Elle est tout habillée de blanc, de lin blanc : il fait en effet très chaud, même si la fraîcheur encore intacte des fleurs m’indique que c’est le matin. Elle a la tête nue et le soleil, qui joue avec le feuillage du pommier qu’une brise légère soulève, et qui filtre en faisant des traînées de lumière sur la terre brune des parterres, dessine des ronds de lumière sur sa tête blonde et sur ses cheveux qui prennent des reflets d’or pur.
Il ne vient aucun bruit ni de la maison ni des alentours. L’on n’entend rien d’autre que le murmure du filet d’eau qui descend dans la vasque au fond du jardin.
26.3
Un coup frappé énergiquement à la porte de la maison fait sursauter Marie. Elle pose de côté sa quenouille et son fuseau et se lève pour aller ouvrir. Son vêtement a beau être souple et ample, il ne parvient pas à dissimuler la rondeur de son bassin.
Elle se trouve face à Joseph. Marie pâlit jusqu’aux lèvres. Son visage ressemble maintenant à une hostie tant il est exsangue. Le regard de Marie est triste et interrogatif. Le regard de Joseph paraît suppliant. Ils se regardent en silence. Enfin, Marie parle :
« A cette heure-ci, Joseph ? Tu as besoin de quoi que ce soit ? Que veux-tu me dire ? Viens. »
Joseph entre et referme la porte. Il ne dit toujours rien.
« Parle, Joseph, qu’est-ce que tu veux ?
– Ton pardon. »
Joseph s’incline comme s’il voulait s’agenouiller, mais Marie, qui ne le touche habituellement qu’avec beaucoup de réserve, le saisit résolument par les épaules et l’en empêche.
Le visage de Marie change plusieurs fois de couleur, il est tantôt rouge, tantôt aussi blanc que neige comme avant.
« Mon pardon ? Je n’ai rien à te pardonner, Joseph. Je dois seulement te remercier encore pour tout ce que tu as fait ici en mon absence et pour l’amour que tu me portes. »
Joseph la regarde, et je vois deux grosses larmes se former dans la cavité de son œil profond, y rester comme sur le bord d’un vase puis rouler sur ses joues et sa barbe.
« Pardon, Marie. J’ai manqué de confiance en toi. Maintenant, je sais. Je suis indigne d’avoir un tel trésor. J’ai manqué de charité, je t’ai accusée dans mon cœur, je t’ai accusée sans justice parce que je ne t’avais pas demandé la vérité. J’ai fauté envers la Loi de Dieu en ne t’aimant pas comme je me serais aimé…
– Oh non, tu n’as pas péché !
– Si, Marie. Si j’avais été accusé d’un tel crime, je me serais défendu. Toi… Je ne t’ai pas permis de te défendre, car j’allais prendre des décisions sans t’interroger. J’ai péché contre toi en te faisant l’offense d’un soupçon. Un soupçon, c’est déjà une offense, Marie. Celui qui suspecte ne sait pas. Moi, je ne t’ai pas connue comme je l’aurais dû. Mais pour la douleur que j’ai endurée… trois jours de supplice, pardonne-moi, Marie.
– Je n’ai rien à te pardonner. C’est à moi, au contraire, de te demander pardon pour la souffrance que je t’ai causée.
– Ah oui, quelle souffrance, quelle souffrance ! Vois, ce matin, on m’a dit que j’avais des cheveux blancs aux tempes et des rides sur le visage. Ces journées m’ont fait vieillir de dix ans !
26.4
Mais pourquoi, Marie, as-tu été humble au point de cacher ta gloire, à moi ton époux, et permettre ainsi que je te suspecte ? »
Joseph n’est pas à genoux, mais il est si penché que cela revient au même. Marie pose sa main sur sa tête et sourit. On dirait qu’elle l’absout. Elle dit alors :
« Si mon humilité n’avait pas été aussi parfaite, je n’aurais pas mérité de concevoir le Très-Haut, qui vient effacer le péché d’orgueil qui a détruit l’homme. D’ailleurs, je n’ai fait qu’obéir… c’est Dieu qui m’a demandé cette obéissance… Elle m’a tellement coûté… pour toi, pour la souffrance que tu allais éprouver. Mais il fallait que je me taise. Je suis la servante de Dieu, et les serviteurs ne discutent pas les ordres qu’ils reçoivent : ils les exécutent, Joseph, même si cela leur fait verser des larmes de sang. »
A ces mots, Marie pleure doucement, si doucement que Joseph, qui est tout incliné, ne s’en rend pas compte avant qu’une larme ne tombe par terre. Il lève alors la tête et – c’est bien la première fois que je le vois faire ce geste –, il serre les petites mains de Marie dans ses mains fortes et hâlées et dépose un baiser au bout de ses doigts fins et roses, qui sortent comme autant de boutons de pêcher de l’étreinte des mains de Joseph.
26.5
« Maintenant, il va falloir faire face, parce que… »
Joseph ne termine pas sa phrase, mais contemple le corps de Marie qui rougit comme une pivoine et s’assied aussitôt pour ne pas exposer davantage ses formes au regard qui l’observe.
« Il faudra faire vite. Je viendrai ici… Nous accomplirons le rite du mariage… la semaine prochaine, ça te va ?
– Tout ce que tu fais est bien, Joseph. Tu es le chef de famille, et moi je suis ta servante.
– Non, c’est moi qui suis ton serviteur. Je suis le bienheureux serviteur de mon Seigneur qui grandit dans ton sein. Tu es bénie entre toutes les femmes d’Israël. Nous aviserons ta parenté ce soir même. Et après… quand je serai ici, nous travaillerons pour tout préparer à sa venue… Ah, comment recevoir Dieu chez moi ? Tenir Dieu dans mes bras ? Je vais en mourir de joie ! Je ne pourrai jamais le toucher !
– Tu le pourras, comme moi, avec la grâce de Dieu.
– Mais toi, c’est toi. Moi, je ne suis qu’un pauvre homme, le plus pauvre des fils de Dieu…
– Jésus vient pour nous, les pauvres, pour nous rendre riches en Dieu, il vient chez nous deux parce que nous sommes les plus pauvres et que nous le reconnaissons. Réjouis-toi, Joseph. La race de David a le Roi qu’elle attendait et notre maison devient plus somptueuse que le palais de Salomon : le Ciel, en effet, y sera présent et nous partagerons avec Dieu le secret de paix que les hommes connaîtront plus tard. Il grandira au milieu de nous, nos bras serviront de berceau au Rédempteur qui s’annonce et notre fatigue lui procurera sa nourriture… Oh, Joseph, nous entendrons la voix de Dieu nous appeler “ père et mère ! ” Ah… »
Marie pleure de joie, et ce sont des larmes de bonheur. Joseph, agenouillé à ses pieds désormais, pleure lui aussi ; sa tête est presque cachée dans l’ample vêtement de Marie qui descend en plis sur le pauvre carrelage de la pièce.
La vision s’arrête là.
26.6
Marie dit :
« Que personne n’interprète ma pâleur de façon erronée. Elle ne provenait pas de quelque crainte humaine. Humainement, j’aurais dû m’attendre à être lapidée. Mais je n’en avais pas peur. Je souffrais de la douleur de Joseph. Même la pensée qu’il pouvait m’accuser ne me troublait pas. Il me déplaisait seulement qu’il puisse le faire par un excès de rigueur. Lorsque je l’ai vu, cela m’a donné un coup au cœur. C’était le moment où ce juste aurait pu offenser la justice en manquant à la charité. Et que ce juste y manque – alors que cela ne lui arrivait jamais –, voilà qui m’aurait fait extrêmement souffrir.
26.7
Si je n’avais pas porté l’humilité à son extrême limite, comme je l’ai dit à Joseph, je n’aurais pas mérité de porter en moi celui qui, pour effacer l’orgueil de la race humaine, s’anéantissait jusqu’à devenir homme alors qu’il était Dieu.
26.8
Si je t’ai montré cette scène qu’aucun évangile ne relate, c’est que je veux attirer l’attention des hommes trop étrangère aux conditions essentielles pour plaire à Dieu et accueillir sa venue continuelle dans leur cœur.
Foi. Joseph a cru aveuglément aux paroles du messager céleste[1]. Il ne demandait qu’à croire, parce qu’il était sincèrement convaincu que Dieu est bon et que le Seigneur ne lui aurait pas fait subir, à lui qui avait espéré en Dieu, la douleur d’être trahi, déçu, méprisé par son prochain. Il ne demandait qu’à croire en moi car, honnête comme il l’était, il ne pouvait penser sans souffrir que d’autres puissent ne pas l’être. Il vivait la Loi, or la Loi dit : “ Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ” Nous nous aimons tellement que nous nous croyons parfaits même quand ce n’est pas le cas. Alors, pourquoi cesser d’aimer notre prochain quand on le pense imparfait ?
Charité absolue, charité qui sait pardonner, qui veut pardonner. Pardonner d’avance, en excusant dans son cœur les défauts de l’autre. Pardonner immédiatement, en accordant au coupable toutes les circonstances atténuantes.
Humilité aussi absolue que la charité. Savoir reconnaître ses manquements – ne serait-ce qu’une simple pensée – et ne pas avoir l’orgueil, pire encore que la faute précédente, de ne pas vouloir reconnaître : “ Je me suis trompé. ” Dieu excepté, tout le monde se trompe. Qui donc peut prétendre : “ Je ne me trompe jamais ” ? Une forme d’humilité est encore plus difficile : celle qui sait taire les merveilles que Dieu accomplit en nous, quand ce n’est pas nécessaire de le faire pour l’en louer, afin de ne pas déprécier l’autre, qui n’a pas reçu ces dons particuliers de Dieu. S’il le veut – s’il le veut ! –, Dieu se révèle lui-même dans son serviteur. Elisabeth m’a “ vue ” telle que j’étais, mon époux m’a connue pour ce que j’étais lorsque l’heure vint pour lui de le savoir.
26.9
Laissez au Seigneur le soin de vous proclamer ses serviteurs. Il y met un empressement plein d’amour, car chaque personne qu’il élève à une mission particulière est une gloire nouvelle ajoutée à sa propre gloire infinie ; c’est en effet le témoignage de ce qu’est l’homme tel que Dieu le voulait : une perfection mineure qui reflète son Auteur. Demeurez dans l’ombre et le silence, vous les privilégiés de la grâce, pour pouvoir entendre les paroles uniques qui sont “ vie ”, et pour pouvoir mériter d’avoir au-dessus de vous et en vous le Soleil qui resplendit éternellement.
Oh ! Lumière bienheureuse qui es Dieu, qui fais la joie de tes serviteurs, resplendis sur eux ; qu’ils exultent en toute humilité et te louent, toi, toi seul, qui disperses les superbes, mais élèves les humbles qui t’aiment aux splendeurs de ton Royaume. »
26.1
Dopo 53 giorni riprende la Mamma a mostrarsi con questa visione che mi dice da segnare in questo libro. La gioia si riversa in me. Perché vedere Maria è possedere la Gioia.
26.2
Vedo dunque l’orticello di Nazaret. Maria fila all’ombra di un foltissimo melo stracarico di frutta, che cominciano ad arrossare e sembrano tante guance di bambino nel loro roseo e tondo aspetto.
Ma Maria non è per nulla rosea. Il bel colore, che le avvivava le guance a Ebron, le è scomparso. Il viso è di un pallore di avorio, in cui soltanto le labbra segnano una curva di pallido corallo. Sotto le palpebre calate stanno due ombre scure e i bordi dell’occhio sono gonfi come in chi ha pianto. Non vedo gli occhi, perché Ella sta col capo piuttosto chino, intenta al suo lavoro e più ancora ad un suo pensiero che la deve affliggere, perché l’odo sospirare come chi ha un dolore nel cuore.
È tutta vestita di bianco, di lino bianco, perché fa molto caldo nonostante che la freschezza ancora intatta dei fiori mi dica che è mattina. È a capo scoperto e il sole, che scherza con le fronde del melo mosse da un lievissimo vento e filtra con aghi di luce fin sulla terra bruna delle aiuole, le mette dei cerchiolini di luce sul capo biondo, e là i capelli sembrano di un oro zecchino.
Dalla casa non viene nessun rumore, né dai luoghi vicini. Si sente solo il mormorio del filo d’acqua che scende in una vasca in fondo all’orto.
26.3
Maria sobbalza per un picchio dato risolutamente all’uscio di casa. Posa conocchia e fuso e si alza per andare ad aprire. Per quanto l’abito sia sciolto e ampio, non riesce a nascondere completamente la rotondità del suo bacino.
Si trova di fronte Giuseppe. Maria impallidisce anche nelle labbra. Ora il suo viso pare un’ostia, tanto è esangue. Maria guarda con occhio che interroga mestamente. Giuseppe guarda con occhio che pare supplichi. Tacciono, guardandosi. Poi Maria apre la bocca: «A quest’ora, Giuseppe? Hai bisogno di qualche cosa? Che vuoi dirmi? Vieni».
Giuseppe entra e chiude la porta. Non parla ancora.
«Parla, Giuseppe. Che vuoi da me?».
«Il tuo perdono». Giuseppe si curva come volesse inginocchiarsi. Ma Maria, sempre così riservata nel toccarlo, lo afferra per le spalle risolutamente e glielo impedisce.
Il colore va e viene dal volto di Maria, che ora è tutta rossa e ora di neve come prima. «Il mio perdono? Non ho nulla da perdonarti, Giuseppe. Non devo che ringraziarti ancora per tutto quanto hai fatto qui dentro in mia assenza e per l’amore che mi porti».
Giuseppe la guarda, e vedo due grossi goccioloni formarsi nell’incavo del suo occhio profondo, stare lì come sull’orlo di un vaso e poi rotolare giù sulle guance e sulla barba. «Perdono, Maria. Ho diffidato di te. Ora so. Sono indegno di avere tanto tesoro. Ho mancato di carità, ti ho accusata nel mio cuore, ti ho accusata senza giustizia perché non ti avevo chiesto la verità. Ho mancato verso la legge di Dio non amandoti come mi sarei amato…».
«Oh! no! Non hai mancato!».
«Sì, Maria. Se fossi stato accusato di un tal delitto, mi sarei difeso. Tu… Non concedevo a te di difenderti, perché stavo per prendere delle decisioni senza interrogarti. Ho mancato verso te recandoti l’offesa di un sospetto. Anche solo un sospetto è offesa, Maria. Chi sospetta non conosce. Io non ti ho conosciuta come dovevo. Ma per il dolore che ho patito,… tre giorni di supplizio, perdonami, Maria».
«Non ho nulla da perdonarti. Ma, anzi, io ti chiedo perdono per il dolore che ti ho dato».
«Oh! sì, che fu dolore! Che dolore! Guarda, stamane mi hanno detto che sulle tempie sono canuto e sul viso ho rughe.
Più di dieci anni di vita sono stati questi giorni!
26.4
Ma perché, Maria, sei stata tanto umile da tacere, a me, tuo sposo, la tua gloria, e permettere che io sospettassi di te?».
Giuseppe non è in ginocchio, ma sta così curvo che è come lo fosse, e Maria gli posa la manina sul capo e sorride. Pare lo assolva. E dice: «Se non lo fossi stata in maniera perfetta, non avrei meritato di concepire l’Atteso, che viene ad annullare la colpa di superbia che ha rovinato l’uomo. E poi ho ubbidito… Dio mi ha chiesto questa ubbidienza. Mi è costata tanto… per te, per il dolore che te ne sarebbe venuto. Ma non dovevo che ubbidire. Sono l’Ancella di Dio, e i servi non discutono gli ordini che ricevono. Li eseguiscono, Giuseppe, anche se fanno piangere sangue».
Maria piange quietamente mentre dice questo. Tanto quietamente che Giuseppe, curvo come è, non se ne avvede sinché una lacrima non cade al suolo. Allora alza il capo e — è la prima volta che gli vedo fare questo gesto — stringe le manine di Maria nelle sue brune e forti e bacia la punta di quelle rosee dita sottili, che spuntano come tanti bocci di pesco dall’anello delle mani di Giuseppe.
26.5
«Ora bisognerà provvedere perché…». Giuseppe non dice di più, ma guarda il corpo di Maria, e Lei diviene di porpora e si siede di colpo per non rimanere così esposta, nelle sue forme, allo sguardo che l’osserva. «Bisognerà fare presto. Io verrò qui… Compiremo il matrimonio… Nell’entrante settimana. Va bene?».
«Tutto quanto tu fai va bene, Giuseppe. Tu sei il capo di casa, io la tua serva».
«No. Io sono il tuo servo. Io sono il beato servo del mio Signore che ti cresce in seno. Tu benedetta fra tutte le donne d’Israele. Questa sera avviserò i parenti. E dopo… quando sarò qui lavoreremo per preparare tutto a ricevere… Oh! come potrò ricevere nella mia casa Dio? Nelle mie braccia Dio? Io ne morrò di gioia!… Io non potrò mai osare di toccarlo!…».
«Tu lo potrai, come io lo potrò, per grazia di Dio».
«Ma tu sei tu. Io sono un povero uomo, il più povero dei figli di Dio!…».
«Gesù viene per noi, poveri, per farci ricchi in Dio, viene a noi due perché siamo i più poveri e riconosciamo di esserlo. Giubila, Giuseppe. La stirpe di Davide ha il Re atteso e la nostra casa diviene più fastosa della reggia di Salomone, perché qui sarà il Cielo e noi divideremo con Dio il segreto di pace che più tardi gli uomini sapranno. Crescerà fra noi, e le nostre braccia saranno cuna al Redentore che cresce, e le nostre fatiche gli daranno un pane… Oh! Giuseppe! Sentiremo la voce di Dio chiamarci “padre e Madre!”. Oh!…».
Maria piange di gioia. Un pianto così felice! E Giuseppe inginocchiato, ora, ai suoi piedi, piange col capo quasi nascosto nell’ampia veste di Maria, che le fa una caduta di pieghe sui poveri mattoni della stanzetta.
La visione cessa qui.
26.6
Dice Maria:
«Nessuno interpreti in modo errato il mio pallore. Non era dato da paura umana. Umanamente mi sarei dovuta attendere la lapidazione. Ma non temevo per questo. Soffrivo per il dolore di Giuseppe. Anche il pensiero che egli mi accusasse, non mi turbava per me stessa. Soltanto mi spiaceva che egli potesse, insistendo nell’accusa, mancare alla carità. Quando lo vidi, il sangue mi andò tutto al cuore per questo. Era il momento in cui un giusto avrebbe potuto offendere la Giustizia, offendendo la Carità. E che un giusto mancasse, egli che non mancava mai, mi avrebbe dato dolore sommo.
26.7
Se io non fossi stata umile sino al limite estremo, come ho detto a Giuseppe, non avrei meritato di portare in me Colui che, per cancellare la superbia nella razza, annichiliva Sé, Dio, all’umiliazione d’esser uomo.
26.8
Ti ho mostrato questa scena, che nessun vangelo riporta, perché voglio richiamare l’attenzione troppo sviata degli uomini sulle condizioni essenziali per piacere a Dio e ricevere la sua continua venuta in cuore.
Fede. Giuseppe ha creduto ciecamente alle parole del messo celeste[1]. Non chiedeva che di credere, perché era in lui convinzione sincera che Dio è buono e che a lui, che aveva sperato nel Signore, il Signore non avrebbe serbato il dolore d’esser un tradito, un deluso, uno schernito dal suo prossimo. Non chiedeva che di credere in me perché, onesto come era, non poteva pensare che con dolore che altri non lo fosse. Egli viveva la Legge, e la Legge dice: “Ama il tuo prossimo come te stesso”. Noi ci amiamo tanto che ci crediamo perfetti anche quando non lo siamo. Perché allora disamare il prossimo pensandolo imperfetto?
Carità assoluta. Carità che sa perdonare, che vuole perdonare. Perdonare in anticipo, scusando in cuor proprio le manchevolezze del prossimo. Perdonare al momento, concedendo tutte le attenuanti al colpevole.
Umiltà assoluta come la carità. Sapere riconoscere che si è mancato anche col semplice pensiero, e non avere l’orgoglio, più nocivo ancora della colpa antecedente, di non voler dire: “Ho errato”. Meno Dio, tutti errano. Chi è colui che può dire: “Io non sbaglio mai”? E l’ancor più difficile umiltà: quella che sa tacere le meraviglie di Dio in noi, quando non è necessario proclamarle per dargliene lode, per non avvilire il prossimo che non ha tali doni speciali da Dio. Se vuole, oh! se vuole, Dio disvela Se stesso nel suo servo! Elisabetta mi “vide” quale ero, lo sposo mio mi conobbe per quel che ero quando fu l’ora di conoscerlo per lui.
26.9
Lasciate al Signore la cura di proclamarvi suoi servi. Egli ne ha un’amorosa fretta, perché ogni creatura che assurga a particolare missione è una nuova gloria aggiunta all’infinita sua, perché è testimonianza di quanto è l’uomo così come Dio lo voleva: una minore perfezione che rispecchia il suo Autore. Rimanete nell’ombra e nel silenzio, o prediletti dalla Grazia, per poter udire le uniche parole che sono di “vita”, per poter meritare di avere su voi e in voi il Sole che eterno splende.
Oh! Luce beatissima che sei Dio, che sei la gioia dei tuoi servi, splendi su questi servi tuoi e ne esultino nella loro umiltà, lodando Te, Te solo, che sperdi i superbi ma elevi gli umili, che ti amano, agli splendori del tuo Regno».