Gli Scritti di Maria Valtorta

283. Syntica parle de sa rencontre avec la Vérité.

283. Sintica parla del suo incontro con la Verità.

283.1

Jésus est assis dans la cour à portiques qui se trouve à l’intérieur de la maison de Béthanie, la cour que j’ai vue remplie de disciples le matin de la Résurrection de Jésus. Assis sur un siège en marbre couvert de coussins, le dos appuyé au mur de la maison, entouré des maîtres de maison, des apôtres et des disciples Jean et Timon, plus Joseph et Nicodème, et des pieuses femmes, il écoute Syntica qui, debout devant lui, semble répondre à quelque question qu’il a posée. Tous, plus ou moins intéressés, écoutent dans des poses variées, les uns assis sur des sièges, d’autres sur le sol, d’autres encore debout ou appuyés aux colonnes ou au mur.

« … c’était une nécessité, pour ne pas sentir tout le poids de ma condition. C’était ne pas être persuadée, un refus d’être persuadée que j’étais seule, esclave, exilée de ma patrie, que ma mère et mes frères, mon père et la si tendre et douce Ismène étaient perdus pour toujours. Mais je voulais penser que, même si le monde entier s’acharnait à nous séparer, comme Rome nous avait séparés et vendus comme des bêtes de somme, nous qui étions libres, un endroit nous aurait réunis, au-delà de la vie. Je voulais penser que notre vie n’est pas seulement une matière, une ma­tière qu’on enchaîne, mais qu’elle a intérieurement une force libre qu’aucune chaîne ne retient captive, sauf la volonté de vivre dans le désordre moral et la ripaille.

Vous appelez cela : “ péché ”. Celui et ceux qui étaient mes lumières dans l’obscurité de ma nuit d’esclave expliquent cela d’une autre façon. Mais eux aussi admettent qu’une âme clouée au corps par des passions mauvaises et corporelles, n’arrive pas à ce que vous, vous appelez le Royaume de Dieu, et nous la vie dans l’Hadès avec les dieux. Et par conséquent, il faut éviter de tomber dans la matérialité et s’efforcer d’atteindre la liberté du corps, en se donnant un héritage de vertu pour posséder une immortalité heureuse et être réunis à ceux qu’on a aimés.

Je voulais penser que rien n’empêche l’âme des morts d’assister l’âme des vivants, et sentir par conséquent auprès de moi l’âme de ma mère, retrouver son regard et sa voix quand elle parle à l’âme de sa fille, et pouvoir dire : “ Oui, mère, pour venir vers toi, oui. Pour ne pas troubler ton regard, oui. Pour ne pas mettre de larmes dans ta voix, oui. Pour ne pas endeuiller l’Hadès où tu es en paix, oui. C’est pour tout cela que je garderai mon âme libre, l’unique possession que j’aie et que personne ne peut m’enlever et que je veux conserver pure pour pouvoir soumettre ma raison à la vertu. ”

Penser ainsi, c’était liberté et joie. Et c’est ainsi que je voulais penser et agir. Car c’est une philosophie tronquée et fausse de penser d’une manière, puis d’agir d’une autre manière, non conforme à la pensée. Penser ainsi, c’était se reconstruire une patrie, même en exil, une patrie intime dans le moi, avec ses autels, sa foi, sa croyance, ses affections… Une patrie grande, mystérieuse, et pas telle pourtant, dans ce mystère de l’âme qui sait qu’elle n’ignore pas l’au-delà, même si présentement elle le connaît comme un marin, au milieu de la vaste mer dans un matin brumeux, connaît les détails de la côte : confusément, comme une ébauche avec à peine quelque point qui se dessine nettement et qui, pourtant, suffit, oh ! Suffit au navigateur fatigué que les tempêtes ont tourmenté, pour dire : “ Voilà, c’est le port, c’est la paix ” : la patrie des âmes, le lieu d’où elles viennent… le lieu de la vie. Car la vie prend naissance de la mort…

283.2

Oh ! Cela, je ne l’ai compris qu’à moitié, tant que je n’ai pas connu une de tes paroles. Après… après, ce fut comme si un rayon de soleil avait frappé le diamant de ma pensée. Tout fut lumière, et j’ai compris jusqu’où étaient arrivés les maîtres grecs et comment ensuite ils s’étaient perdus, car il leur manquait une donnée, une seule, pour résoudre exactement le théorème de la vie et de la mort. Cette donnée, c’est le vrai Dieu, Seigneur et Créateur de tout ce qui existe !

Puis-je le nommer de mes lèvres païennes ? Oui, je le peux, parce que c’est de lui que je viens comme tous. Car il en a mis la capacité dans l’esprit de tous les hommes et, chez les plus sages, une intelligence supérieure qui les fait paraître vraiment comme des demi-dieux par une puissance qui dépasse les limites de l’humanité. Oui, parce que c’est lui qui leur a fait écrire ces vérités qui déjà sont de la religion, sinon divine comme la tienne, du moins morale, et capable de garder les âmes “ vivantes ”, non pas pour la durée de leur séjour ici, sur terre, mais pour toujours.

Depuis, j’ai compris ce que veut dire : “ C’est par la mort que la vie prend naissance.” Celui qui l’a dit ressemblait à un homme pas tout à fait ivre, mais bien d’une intelligence alourdie. Il a dit une parole sublime, mais ne l’a pas comprise entièrement. Moi, Seigneur – pardonne mon orgueil –, j’ai compris mieux que lui et, depuis ce moment, j’en suis heureuse.

– Qu’est-ce que tu as compris ?

– Que cette existence n’est que le principe embryonnaire de la vie et que la vraie vie commence quand la mort nous enfante… à l’Hadès comme païenne, à la vie éternelle comme croyante en toi. Ai-je tort ?

– Tu as raison, femme » approuve Jésus.

283.3

Nicodème interrompt :

« Mais comment as-tu pu être informée des paroles du Maître ?

– Celui qui a faim cherche de la nourriture, seigneur. Moi, je cherchais ma nourriture. Lectrice grâce à ma culture, à ma belle voix, à ma prononciation, je pouvais lire beaucoup dans les bibliothèques de mes maîtres. Mais je n’étais pas encore rassasiée. Je sentais qu’il y avait autre chose, au-delà des murs historiés de la science humaine et, comme prisonnière dans une prison d’or, je battais les murs, je forçais les portes pour sortir, pour trouver… Quand je suis venue en Palestine avec mon dernier maître, je craignais de tomber dans les ténèbres… mais, au contraire, j’allais vers la lumière. Les paroles des serviteurs de Césarée étaient comme autant de coups de pics qui effritaient les murs, en ouvrant des fissures de plus en plus grandes par où pénétrait ta Parole. Et moi, je recueillais ces paroles et ces connaissances et, comme un enfant enfile des perles, je les alignais, je m’en faisais un ornement, j’en tirais de la force afin d’être toujours plus purifiée pour recevoir la vérité. Je me rendis compte qu’en me purifiant j’allais trouver. Et dès cette terre. Je voulus être pure, même au prix de ma vie, pour la rencontre avec la Vérité, avec la Sagesse, avec la Divinité. Seigneur, je dis des paroles folles. Eux me regardent d’un air étonné. Mais c’est toi qui me les as demandées…

– Parle, parle, C’est nécessaire.

– Avec force et tempérance, j’ai résisté aux pressions exté­rieures. J’aurais pu être libre et heureuse selon le monde. Il m’aurait suffit de le vouloir. Mais je n’ai pas voulu troquer la sagesse contre le plaisir, car sans la sagesse, il ne sert à rien d’avoir les autres vertus. Le philosophe l’a dit : “ Si la justice, la tempérance et la force ne s’accompagnent pas de la sagesse, c’est comme un décor peint, une vraie vertu d’esclaves, sans rien de solide ni de réel. ” Moi, je voulais avoir des choses réelles. Mon maître, naïvement, parlait de toi en ma présence. Alors ce fut comme si les murs devenaient un voile. Il suffisait de vouloir pour déchirer le voile et s’unir à la vérité. Je l’ai fait.

283.4

– Tu ne savais pas que tu allais nous trouver, intervient Judas.

– Je savais croire que Dieu récompense la vertu. Je ne voulais ni or, ni honneurs, ni la liberté physique, pas même cette der­nière. Mais je voulais la vérité. C’était elle que je demandais à Dieu, ou bien la mort. Je voulais que me soit épargné l’avilissement de devenir “ un objet ”, et davantage encore de consentir à l’être. Je renonçais à tout ce qui est corporel, en te cherchant, Seigneur, car les recherches, quand elles passent par les sens, sont toujours imparfaites – et tu l’as vu quand, après t’avoir aperçu, je me suis enfuie, trompée par mes yeux – alors, je me suis abandonnée à Dieu qui est au-dessus de nous et en nous et qui informe l’âme de lui. Et je t’ai trouvé parce que mon âme m’a conduite à toi.

– La tienne est une âme païenne, dit encore Judas.

– Mais l’âme renferme toujours du divin, surtout quand, avec effort, elle s’est préservée de l’erreur… Et tend par conséquent aux choses de sa propre nature.

– Tu te compares à Dieu, toi ?

– Non.

– Dans ce cas, pourquoi dis-tu cela ?

– Comment ? C’est toi, un disciple du Maître, qui me le de­mandes ? A moi, qui suis grecque et libre depuis peu ? Quand il parle, tu n’entends pas ? Ou bien le ferment du corps en toi est-il tel qu’il te rend sourd ? Le Maître ne dit-il pas toujours que nous sommes enfants de Dieu ? Nous sommes donc des dieux, si nous sommes des enfants du Père, du Père qui est le sien et le nôtre, et dont il ne cesse de parler. Tu pourrais me reprocher de n’être pas humble, mais pas d’être incrédule et inattentive.

– De sorte que tu te crois meilleure que moi ? Crois-tu avoir tout appris dans les livres de ta Grèce ?

– Non. Ni l’un, ni l’autre. Mais les livres des sages, d’où qu’ils soient, m’ont donné le minimum pour m’apprendre comment me conduire. Je ne doute pas qu’un juif soit meilleur que moi. Mais je suis heureuse dans mon sort qui me vient de Dieu. Que puis-je désirer de plus ?

283.5

J’ai tout trouvé en trouvant le Maître. Et je pense que cela a été ma destinée car réellement je vois que veille sur moi une puissance qui m’a donné un grand destin que je n’ai fait que seconder, parce que je me rendais compte qu’il était bon.

– Bon ? Tu as été esclave, et de maîtres cruels… Si le dernier t’avait reprise, par exemple, comment aurais-tu secondé le destin, toi qui es si sage ?

– Tu t’appelles Judas, n’est-ce pas ?

– Oui, eh bien ?

– Eh bien… rien. Je veux me souvenir de ton nom en plus de ton ironie. Prends garde, car l’ironie est imprudente, même chez les hommes vertueux… Comment aurais-je secondé le destin ? Je me serais peut-être tuée. Car, réellement, dans certains cas, il vaut mieux mourir que vivre, bien que le philosophe dise qu’il n’est pas bien et même qu’il est impie de se procurer ce bien par soi-même, car seuls les dieux ont le droit de nous appeler à eux. Et c’est cette attente d’un signe des dieux qui m’a toujours empêchée de le faire dans les chaînes de mon triste sort. Mais alors, si j’avais été reprise par ce maître immonde, j’y aurais vu le signe suprême et j’aurais préféré la mort à la vie. J’ai une dignité, moi aussi, homme.

– Et s’il te reprenait maintenant ? Tu serais toujours dans les mêmes dispositions…

– Maintenant, je ne me tuerais plus. Maintenant, je sais que les violences contre la chair ne blessent pas l’esprit qui n’y consent pas. Maintenant, je résisterais jusqu’à être brisée par la force, jusqu’à être tuée par la violence. Car je prendrais cela aussi pour un signe de Dieu qui m’aurait appelée à lui par cette violence. Et je mourrais tranquille, sachant que ce ne serait que pour perdre ce qui est périssable.

– Tu as bien répondu, femme » dit Lazare, et Nicodème ap­prouve lui aussi.

« Le suicide n’est jamais permis » dit Judas.

Jésus intervient doucement :

« Nombreuses sont les choses interdites dont on ne respecte pas l’interdiction. Mais toi, Syntica, tu dois penser que, comme Dieu t’a toujours guidée, il t’aurait préservée même de la violence sur toi-même.

283.6

Maintenant, va. Je te serais reconnaissant d’aller chercher l’enfant et de me l’amener. »

La femme s’incline jusqu’à terre et s’en va. Tous la suivent du regard.

Lazare murmure :

« Et c’est toujours comme cela ! Moi, je ne peux comprendre pourquoi les choses qui en elle ont été “ vie ”, ont été “ mort ” pour nous, israélites. Si tu as la possibilité de l’examiner encore, tu verras que le même hellénisme qui nous a corrompus, nous qui étions déjà en possession d’une Sagesse, l’a sauvée, elle. Pourquoi ?

– Parce qu’admirables sont les voies du Seigneur. Il les ouvre à ceux qui le méritent. Et maintenant, mes amis, je vous congédie car la soirée avance. Il me plaît que vous tous ayez entendu parler la grecque. Après avoir constaté comment Dieu se révèle aux meilleurs, tirez-en comme conclusion que l’exclusion des troupes de Dieu de toute personne qui n’appartient pas à Israël est haineuse et dangereuse. Prenez-le comme règle à l’avenir… Ne bougonne pas, Judas. Et toi, Joseph, n’aie pas de scrupules déplacés. Vous n’êtes contaminés en rien, aucun d’entre vous, pour avoir approché une grecque. Faites en sorte de ne pas approcher le démon et de ne pas lui donner l’hospitalité. Adieu, Joseph. Adieu, Nicodème. Pourrai-je vous voir encore pendant que je suis ici ? Voici Marziam… Viens, mon enfant, salue les chefs du Sanhédrin. Que vas-tu leur dire ?

– Que la paix soit avec vous et… j’ajoute : à l’heure de l’encens, priez pour moi.

– Tu n’en as pas besoin, petit. Mais pourquoi justement à cette heure-là ?

– Parce que la première fois que je suis entré au Temple, avec Jésus, il m’a parlé[1] de la prière du soir… Et c’est si beau !…

– Et toi, tu prieras pour nous ? Quand ?

– Je prierai… je prierai matin et soir. Pour que Dieu vous préserve du péché pendant le jour et pendant la nuit.

– Et que diras-tu, mon enfant ?

– Je dirai : “ Seigneur très-haut, fais de Joseph et de Nicodème de vrais amis de Jésus. ” Et cela suffira, car celui qui est un véritable ami ne fait pas de peine à son ami. Et celui qui ne fait pas de peine à Jésus est sûr de posséder le Ciel.

– Que Dieu te garde ainsi, mon enfant ! » disent les deux membres du Sanhédrin en lui faisant une caresse.

Sur ce, ils saluent le Maître, puis la Vierge et Lazare en particulier, tous les autres ensemble, et ils s’en vont.

283.1

Gesù è seduto nel cortile a portici che è nell’interno della casa di Betania, il cortile che ho visto zeppo di discepoli il mattino della Risurrezione di Gesù. Seduto su un sedile marmoreo coperto di cuscini, le spalle addossate al muro della casa, circondato dai padroni di casa e dagli apostoli e dai discepoli Giovanni e Timoneo, più Giuseppe e Nicodemo, e dalle pie donne, ascolta Sintica che, ritta a Lui davanti, pare rispondere a qualche sua domanda. Tutti, più o meno interessati, ascoltano stando in varie pose, chi seduto sui sedili, chi sul pavimento, chi in piedi, chi appoggiato alle colonne o al muro.

«…era una necessità. Per non sentire tutto il peso della mia condizione. Era non essere, un non voler essere persuasa di esser sola, schiava, esiliata dalla patria. Pensare che la madre ed i fratelli, che il padre e la così tenera e dolce Ismene non erano per sempre perduti. Ma che, anche se tutto il mondo si accaniva a separarci, così come Roma ci aveva divisi e venduti, noi, liberi, come bestie da soma, un luogo ci avrebbe riuniti, oltre la vita. Pensare che non è solo materia il nostro vivere, materia che si incatena. Ma dentro ha una forza libera che nessuna catena tiene se non è quella volontaria del vivere nel disordine morale e nella crapula materiale.

Voi dite ciò: “peccato”. Colui e coloro che erano le mie luci nel buio della mia notte di schiava definiscono ciò in altro modo. Ma anche essi ammettono che un’anima, inchiodata dalle passioni malvagie e corporali al corpo, non giunge a quello che voi chiamate Regno di Dio e noi convivenza nell’Ade con gli dèi. E perciò occorre astenersi dal cadere nella materialità e sforzarsi di raggiungere la libertà dal corpo, dando a sé retaggio di virtù per avere possesso di immortalità felice e di riunione coi propri amati.

Pensare che non è impedita l’anima dei morti di assistere l’anima dei vivi, e sentire perciò presso di sé l’anima materna, ritrovare lo sguardo e la voce di lei parlante all’anima della figlia, e poter dire: “Sì, madre. Per venire a te, sì. Per non far turbato il tuo sguardo, sì. Per non mettere lacrime nella tua voce, sì. Per non abbrunarti l’Ade dove sei in pace, sì. Per tutto questo io terrò la mia anima libera. L’unico possesso che ho, e che nessuno mi può levare. E che voglio conservare pura per potere ragionare secondo virtù”.

Così pensare era libertà e gioia. E così volli pensare. E agire. Perché non è che dimezzata e falsa filosofia pensare e agire, poi, disforme al pensiero. Così pensare era ricostruirsi una patria anche in esilio. Una intima patria nell’io, coi suoi altari, la sua fede, la sua istruzione, i suoi affetti… E una patria grande, misteriosa, eppur non tale, per quel misterioso “che” dell’anima, che sa di non ignorare l’al di là anche se al presente lo conosce solo come un marinaio, da mezzo l’ampio mare, in un mattino brumoso, conosce le particolarità della costa: in confuso, in abbozzo, con appena qualche punto che si delinea netto e che pure basta, oh! basta allo stanco navigante, che le bufere hanno tormentato, per dire: “Ecco, là è il porto, è la pace”. La patria delle anime, il luogo di provenienza… il luogo della Vita. Perché la vita si genera dalla morte…

283.2

Oh! questo io lo capivo a metà fino a quando non seppi una delle tue parole. Dopo… dopo fu come se un raggio di sole percuotesse il diamante del mio pensiero. Tutto fu luce, ed ho capito fin dove erano giusti i maestri di Grecia e come poi si smarrissero, mancando di un dato, uno solo, per risolvere con equità il teorema della Vita e della Morte. Il dato: il vero Dio, Signore e Creatore di tutto quanto è!

Posso io nominarlo con queste mie labbra pagane? Sì, che lo posso. Perché da Lui, come tutti, io vengo. Perché Egli ha messo capacità nelle menti degli uomini tutti, e nei più saggi una intelligenza superiore, per cui veramente appaiono semidèi dalla potenza ultra umana. Sì, perché Egli ha fatto loro scrivere quelle verità che già sono religione, se non divina come la tua, morale, e capace di tenere le anime “vive” non per questo spazio di tempo che è la sosta qui, sulla Terra, ma per sempre.

Dopo ho capito cosa vuol dire: “la vita si genera dalla morte”. Colui che lo disse fu come uno non perfettamente ebbro, ma già dall’intelligenza appesantita. Disse una sublime parola ma per intero non la comprese. Io — perdona, o Signore, l’orgoglio mio — io ho capito più di lui e ne sono da quel momento beata».

«Che hai capito?».

«Che questa esistenza non è che il principio embrionale della vita, e che la vera Vita ha inizio quando la morte ci partorisce… all’Ade, come pagana, alla Vita eterna, come in Te credente. Ho detto male?».

«Bene hai detto, donna», approva Gesù.

283.3

Nicodemo interrompe: «Ma come hai potuto sapere delle parole del Maestro?».

«Chi ha fame cerca il cibo, signore. Io cercavo il mio cibo. Lettrice, perché colta e di bella voce e pronuncia, potevo molto leggere nelle biblioteche dei miei padroni. Ma non ero sazia ancora. Sentivo che c’era dell’altro oltre le pareti istoriate di scienza umana, e come prigioniera in carcere d’oro io battevo le nocche, sforzavo le porte per uscire, per trovare… Venendo in Palestina con l’ultimo padrone ho temuto di cadere nelle tenebre… invece andavo verso la Luce. Le parole dei servi di Cesarea erano come tanti colpi di piccone, che sgretolavano le pareti aprendovi fori sempre più grandi dai quali entrava la tua Parola. E io le raccoglievo, queste parole e notizie. E, come un bambino infila delle perle, me le allineavo e me ne adornavo, traendone forza per sempre più essere purificata per ricevere la Verità. Nella catarsi io sentivo che avrei trovato. E fin dalla Terra. A costo della vita volli esser pura per l’incontro con la Verità, con la Sapienza, con la Divinità. Signore, io dico folli parole. Questi mi guardano stupiti. Ma Tu me le hai chieste…».

«Parla, parla. È necessario».

«Con fortezza e temperanza ho resistito alle pressioni esterne. Avrei potuto esser libera e felice, secondo il mondo, sol che avessi voluto. Non ho voluto barattare il sapere col piacere. Perché senza sapienza non serve avere le altre virtù. Egli, il filosofo, lo ha detto: “Giustizia, temperanza e fortezza, scompagnate dal sapere, sono simili ad uno scenario dipinto, virtù realmente da schiavi senza nulla di saldo e reale”. Io volevo avere cose reali. Il padrone, stolto, parlava di Te in mia presenza. Allora fu come se le pareti divenissero velo. Bastava volere per lacerare il velo e unirsi alla Verità. L’ho fatto».

283.4

«Tu non sapevi che ci avresti trovato», dice l’Iscariota.

«Sapevo credere che il dio premia la virtù. Io non volevo oro, né onori, né libertà fisica, neppur questa. Ma volevo la Verità. A Dio chiedevo questo o di morire. Volevo che mi fosse risparmiato l’avvilimento di divenire un “oggetto” e, più ancora, di acconsentire ad esserlo. Rinunciando a tutto quanto è corporale nel cercarti, o Signore — perché le ricerche per mezzo del senso sono sempre imperfette, e Tu lo hai veduto quando, per averti visto, io sono fuggita, tratta in inganno dagli occhi — io mi sono abbandonata al Dio che è su noi e in noi e che di Sé informa l’anima. E ti ho trovato perché l’anima mi ha condotta a Te».

«La tua è un’anima pagana», dice ancora l’Iscariota.

«Ma l’anima ha sempre in sé del divino, specie quando, con sforzo, si è preservata dall’errore. E perciò tende alle cose della sua stessa natura».

«Ti paragoni a Dio, tu?».

«No».

«E allora perché dici questo?».

«Come? E tu, discepolo del Maestro, me lo chiedi? A me, greca e da poco libera? Quando Egli parla non odi? O in te il fermento del corpo è tale che ti ottunde? Non dice Egli sempre che noi siamo figli di Dio? Dunque dèi siamo se siamo figli del Padre, di quel suo e nostro Padre di cui Egli parla sempre. Tu mi potrai rimproverare di non essere umile, ma non di essere incredula e disattenta».

«Sicché ti credi da più di me? Credi aver tutto appreso dai libri della tua Grecia?».

«No. Né questo né quello. Ma i libri dei saggi, di dove che siano, mi hanno dato il minimo per reggermi. Non dubito che un israelita sia da più di me. Ma io sto felice nella mia sorte che da Dio mi viene. Che posso di più desiderare?

283.5

Tutto ho trovato, trovando il Maestro. E penso che ciò fosse destino, perché in vero io vedo su me vegliare una Potenza che mi ha segnato un grande destino che io non ho fatto che secondare, sentendolo buono».

«Buono? Sei stata schiava, e di padroni crudeli… Se l’ultimo ti avesse ripresa, per esempio, come avresti secondato il destino, tu, tanto saggia?».

«Ti chiami Giuda tu, vero?».

«Sì, ebbene?».

«Ebbene… niente. Voglio ricordare il tuo nome oltre che la tua ironia. Guarda che ironia è sconsigliabile anche nei virtuosi… Come avrei secondato il destino? Mi sarei forse uccisa. Perché realmente in certi casi è meglio morire che vivere, benché il filosofo dica che ciò non è bene, ed empio è procurarsi il bene da sé medesimi, perché solo gli dèi hanno il diritto di chiamare a loro. E questo, di attendere un cenno degli dèi per farlo, è stato quello che mi ha sempre trattenuta di farlo fra le catene della mia triste sorte. Ma ora, nella nuova cattura del padrone laido, avrei visto il cenno supremo. E avrei preferito morire al vivere. Ho una dignità io pure, uomo».

«E se ti riprendesse ora? Saresti sempre nelle stesse condizioni…».

«Ora non mi ucciderei più. Ora so che le violenze alla carne non ledono lo spirito che non consente. Ora resisterei fino ad essere piegata con la forza, fino ad essere uccisa dalla violenza. Perché anche questo io prenderei per cenno di Dio, che con tale violenza a Lui mi avrebbe chiamata. E ora morirei tranquilla, sapendo che non starei che per perdere ciò che è peribile».

«Hai risposto bene, donna», dice Lazzaro, e Nicodemo approva lui pure.

«Il suicidio non è mai permesso», dice l’Iscariota.

«Molte sono le cose proibite, e non si rispetta il divieto. Ma tu, Sintica, devi pensare che Dio, come ti ha sempre guidata, così ti avrebbe preservata anche dalla violenza su te stessa.

283.6

Ora va’. Ti sarei grato che ricercassi il bambino e me lo conducessi», dice Gesù dolcemente.

La donna si inchina fino a terra e se ne va. Tutti la seguono con lo sguardo.

Lazzaro mormora: «Ed è sempre così! Io non so capire come mai le cose che in lei sono state “vita” per noi d’Israele sono state “morte”. Se avrai modo di esaminarla ancora, vedrai che proprio l’ellenismo che ha corrotto noi, già possessori di una sapienza, ha salvato lei. Perché?».

«Perché mirabili sono le vie del Signore. Ed Egli le apre a chi lo merita. Ed ora, amici, Io vi congedo poiché la sera si avanza. Ho piacere che voi tutti abbiate udito parlare la greca. Dalla constatazione come Dio si rivela ai migliori traete la lezione che l’escludere ogni essere che non sia d’Israele dalle schiere di Dio è odioso e pericoloso. Abbiatelo a norma per il futuro… Non borbottare, Giuda di Simone. E tu, Giuseppe, non avere scrupoli fuori posto. Non siete contaminati per nulla, nessuno, per aver avvicinato una greca. Fate, fate, fate di non avvicinare od ospitare il demonio. Addio Giuseppe, addio Nicodemo. Potrò vedervi ancora mentre qui sono? Ecco Marziam… Vieni, bambino, saluta i capi del Sinedrio. Che dici loro?».

«La pace sia con voi e… ancora dico: nell’ora dell’incenso pregate per me».

«Tu non ne hai bisogno, fanciullo. Ma perché proprio in quell’ora?».

«Perché la prima volta che entrai nel Tempio con Gesù, Egli mi parlò[1] della preghiera della sera… Oh! così bello!…».

«E tu per noi pregherai? Quando?».

«Pregherò… pregherò mattino e sera. Perché Dio vi preservi dal peccato nel giorno e nella notte».

«E che dirai, fanciullo?».

«Dirò: “Signore altissimo, fa’ di Giuseppe e Nicodemo dei veri amici di Gesù”. E basterà, perché chi è amico vero non dà dolore all’amico. E chi non dà dolore a Gesù è certo di possedere il Cielo».

«Dio ti conservi così, fanciullo!», dicono i due sinedristi accarezzandolo.

E poi salutano il Maestro, indi la Vergine e Lazzaro in particolare, e tutti gli altri in massa, e se ne vanno.


Notes

  1. m’a parlé, en 197.5.

Note

  1. mi parlò, in 197.5.