Gli Scritti di Maria Valtorta

290. L’homme aux yeux atteints d’ulcères.

290. L’uomo dagli occhi ulcerati.

290.1

La caravane sort de la cour d’Alexandre, rangée comme pour une parade militaire. En queue, Jésus avec tous les disciples. Les chameaux, avec leur lourde charge, marchent en se dodelinant d’un pas rythmé, et leurs têtes semblent demander à chaque pas : « Pourquoi ? Pourquoi ? » en un mouvement muet mais typique, comme celui des colombes qui à chaque instant semblent dire : « Oui, oui » à tout ce qu’elles voient. La caravane doit traverser la ville. Elle défile dans l’air pur du matin. Tous les hommes sont emmitouflés à cause du froid. Les sonnailles des chameaux, les crrr, crrr des chameliers, la plainte d’un chameau qui regrette l’étable tranquille, préviennent les géraséniens du départ de Jésus.

La nouvelle se répand avec la rapidité de l’éclair, et certains viennent le saluer et lui apporter des cadeaux de fruits et autres victuailles. Un homme accourt avec un petit malade :

« Bénis-le pour qu’il guérisse. Aie pitié ! »

Jésus lève la main et bénit en ajoutant :

« Va tranquille. Aie foi. »

Et l’homme répond un oui si plein de confiance qu’une femme demande :

« Mon mari malade d’ulcères aux yeux, le guérirais-tu ?

– Si vous êtes capables de croire, oui.

– Alors, je vais le chercher. Attends-moi, Seigneur. »

Et elle vole, rapide comme une hirondelle. Mais attendre, c’est vite dit ! Les chameaux avancent. Alexandre, en tête de la colonne, ne sait ce qui se passe en queue. Il n’y a qu’à prévenir l’homme.

« Cours, Marziam. Va dire au marchand de s’arrêter avant de sortir des murs » dit Jésus.

Le garçon file accomplir sa mission. La caravane s’arrête pendant que le marchand vient vers Jésus.

« Qu’est-ce qui se passe ?

– Reste et tu verras. »

290.2

La femme de Gérasa est vite de retour avec son mari qui a les yeux malades. C’est bien autre chose que des ulcères ! Ce sont deux trous pleins de pourriture qui s’ouvrent au milieu du vi­sage. L’œil est là au milieu, embué, rougi, à moitié aveugle, et il en sort un liquide répugnant. A peine l’homme enlève-t-il le bandeau sombre qui lui cache la lumière, que sa plainte augmente parce que la clarté du jour avive la douleur de l’œil malade.

L’homme gémit :

« Pitié ! Je souffre tant !

– Tu as aussi beaucoup péché. De cela, tu ne te lamentes pas ? Tu ne t’affliges que de pouvoir perdre cette pauvre vue du monde ? Ne sais-tu rien de Dieu ? N’as-tu pas peur des ténèbres éternelles ? Pourquoi as-tu péché ? »

L’homme pleure et se baisse sans parler. Sa femme aussi pleure et gémit :

« Moi, j’ai pardonné…

– Et moi, je lui pardonnerai s’il me jure ici qu’il ne retombera plus dans son péché.

– Oui, oui ! Pardonne-moi. Je sais maintenant ce qu’entraîne le péché. Pardonne-moi. Comme la femme, pardonne-moi. Tu es le Bon.

– Je te pardonne. Va à ce ruisseau, lave-toi le visage dans l’eau et tu guériras.

– L’eau froide lui est nuisible, Seigneur » gémit la femme.

Mais l’homme ne pense qu’à y aller et il s’y rend à tâtons jusqu’à ce que l’apôtre Jean, pris de pitié, le prenne par la main et le conduise seul, mais ensuite la femme le prend par l’autre main. L’homme descend jusqu’au bord de l’eau glacée qui clapote sur les cailloux, il se penche, prend de l’eau dans le creux de ses mains jointes, se lave et se relave le visage. Il ne donne pas de signe de souffrance et paraît au contraire éprouver du soulagement.

Puis, le visage encore mouillé, il remonte sur la berge et revient vers Jésus qui lui demande :

« Eh bien ? Tu es guéri ?

– Non, Seigneur, pas pour l’instant. Mais tu l’as dit et je guérirai.

– Alors garde ton espérance. Adieu. »

La femme s’affaisse en pleurant… Elle est déçue. Jésus fait signe au marchand qu’il peut repartir, et Alexandre, déçu lui aussi, fait passer l’ordre. Les chameaux se remettent en marche avec leur mouvement de barque qui tangue, et ils sortent des murs. Ils prennent la route des caravanes, large et poussiéreuse, qui va en direction du sud-ouest.

Les deux derniers du groupe apostolique, c’est-à-dire Jean d’En-Dor et Simon le Zélote, ont dépassé les murs d’une vingtaine de mètres quand un cri retentit dans l’air silencieux. Il paraît remplir le monde, il se répète toujours plus haut, plus joyeux, plus triomphal :

« Je vois ! Jésus ! Jésus béni ! Je vois ! Je vois ! J’ai cru ! Je vois ! Jésus, Jésus ! Jésus béni ! »

Et l’homme, dont le visage est redevenu complètement sain, les yeux beaux comme deux escarboucles lumineuses et vivantes, fend les rangs des apôtres et tombe aux pieds de Jésus presque sous les pieds du chameau que le marchand a juste le temps d’écarter de l’homme prosterné.

L’homme baise le vêtement de Jésus en répétant :

« J’ai cru ! J’ai cru et je vois. Jésus béni !

– Lève-toi et sois heureux, et surtout bon. Recommande à ta femme de savoir croire complètement. Adieu. »

Et Jésus se dégage de l’étreinte du miraculé et reprend sa marche.

290.3

Le marchand caresse sa barbe d’un air pensif… Finalement, il demande :

« Et s’il n’avait pas su continuer de croire après la déception du lavage ?

– Il serait resté tel qu’il était avant.

– Pourquoi exiges-tu tant de foi pour faire un miracle ?

– Parce que la foi témoigne de la présence de l’espérance et de l’amour pour Dieu.

– Et pourquoi as-tu voulu d’abord qu’il se repente ?

– Parce que le repentir rend ami de Dieu.

– Moi, qui n’ai pas de maladies, que devrais-je faire pour témoigner que j’ai la foi ?

– Venir à la Vérité.

– Et pourrais-je y venir sans l’amitié de Dieu ?

– Tu ne pourrais y venir sans la bonté de Dieu. Le Seigneur permet que celui qui le cherche, même s’il ne se repent pas en­core, arrive à le trouver. Car le repentir vient généralement lorsque l’homme, consciemment ou avec un peu de conscience de ce que veut son âme, connaît Dieu. Auparavant, il est comme hébété, guidé par son seul instinct. Tu n’as jamais éprouvé le besoin de croire ?

– Bien des fois. Je n’étais pas satisfait, voilà, de ce que j’avais. Je sentais qu’il y avait autre chose de plus fort que l’argent, que mes enfants, mes espérances… Mais je ne me donnais pas en­suite la peine de chercher à savoir ce qu’inconsciemment je cherchais.

– Ton âme cherchait Dieu. La bonté de Dieu a permis que tu le trouves. Le repentir de ton stérile passé loin de Dieu te donnera l’amitié de Dieu.

– Alors, pour… pour avoir le miracle de voir par l’âme la Vérité, je devrais me repentir du passé ?

– Certainement. Te repentir et te décider à un complet changement de vie… »

L’homme se remet à caresser sa barbe et il semble être en train d’étudier et de compter les poils du cou du chameau tant il reste le regard fixe. Sans le vouloir, il heurte la bête du talon et celle-ci y voit une invitation à accélérer le pas, ce qui emmène le marchand en tête de la caravane.

290.4

Jésus ne le retient pas. Au contraire, il s’arrête et se laisse dépasser par les femmes et les apôtres jusqu’à ce que Simon le Zélote et Jean d’En-Dor le rejoignent. Jésus se joint à eux.

« De quoi parlez-vous ? demande-t-il.

– Nous parlions du découragement que doit éprouver celui qui ne croit à rien ou qui a perdu la foi qu’il avait. Hier, Syntica était réellement angoissée, bien qu’elle soit passée à une foi parfaite, répond Simon le Zélote.

– Moi, je disais à Simon que, s’il est pénible de passer du bien au mal, il est déconcertant aussi de passer du mal au bien. Dans le premier cas, on est torturé par la conscience qui vous répri­mande. Dans le second, on est… déchiré… Comme doit l’être quelqu’un qui se trouve amené dans un pays étranger absolument inconnu… Ou bien c’est l’effroi d’un homme misérable et inculte qui se trouve amené au milieu de la cour d’un roi, parmi des savants et des riches. C’est une souffrance… Moi, je la connais… Une si grande souffrance… On ne peut croire que ce soit vrai, que cela puisse durer… qu’on puisse le mériter… surtout quand on a l’âme souillée… comme l’était la mienne…

– Et maintenant, Jean ? » demande Jésus.

Le visage exténué de Jean d’En-Dor, exténué et triste, s’illumine d’un sourire qui le fait paraître moins émacié. Il dit :

« Maintenant cela n’est plus. Il me reste la reconnaissance, et même elle croît, pour le Seigneur qui a voulu cela. Il reste le souvenir du passé pour me garder humble. Mais il y a la sécurité. Je me sens acclimaté, non plus étranger dans ce monde de douceur qu’est le tien, de pardon et d’amour. Et je suis pacifié, serein, heureux.

– Juges-tu bonne ton expérience ?

– Oui. S’il n’y avait pas ma souffrance d’avoir péché – puisque par ce péché j’ai affligé Dieu –, je dirais que ce passé, mon passé, a été un bien. Il peut grandement me servir pour soutenir les âmes de bonne volonté, mais égarées dans les premiers moments de leur nouvelle croyance.

– Simon, va dire au garçon de ne pas tant sauter. Ce soir, il sera épuisé. »

Simon regarde Jésus, mais comprend le vrai sens de cet ordre. Il a un sourire d’intelligence et les laisse tous deux seuls.

290.5

« Maintenant que nous sommes seuls, Jean, écoute mon désir. Toi, pour beaucoup de raisons, tu as une profondeur de jugement et de pensée qu’aucun autre ne possède parmi ceux qui me suivent. Et tu as une culture plus vaste que le commun des israélites : aussi je te prie de m’aider…

– Moi, t’aider ? En quoi ?

– Pour Syntica. Tu es un si bon pédagogue ! Marziam apprend vite et bien avec toi. Si bien que je compte vous laisser ensemble quelques mois, parce que je veux pour Marziam une connaissance plus vaste que celle du petit monde d’Israël. Pour toi, c’est une joie de t’occuper de lui. Pour moi aussi, c’est une joie de vous voir unis, toi pour l’instruire, lui pour apprendre ; toi pour rajeunir, lui pour mûrir en s’occupant. Mais tu devrais t’occuper aussi de Syntica. Comme d’une sœur égarée. Tu l’as dit : c’est un égarement… Aide-la à s’acclimater à mon atmosphère. Me fais-tu cette faveur ?

– Mais c’est une grâce pour moi, mon Seigneur ! Je ne l’approchais pas parce que cela me paraissait superflu. Mais si tu le veux… Elle lit mes rouleaux ; il y en a de sacrés et d’autres qui sont uniquement pour la culture : de Rome et d’Athènes. Je vois qu’elle réfléchit et les compulse, mais je ne m’étais jamais entremis pour l’aider. Si tu le veux…

– Oui, je le veux, je veux vous voir amis. Elle aussi, comme Marziam et comme toi, vous resterez quelque temps à Nazareth. Ce sera beau. Ma Mère et toi, maîtres de deux âmes qui s’ouvrent à Dieu. Ma Mère : l’angélique Maîtresse de la science de Dieu ; toi : le maître expert du savoir humain que pourtant tu peux désormais expliquer avec des applications surnaturelles. Ce sera beau et bon.

– Oui, mon Seigneur béni ! Trop beau pour le pauvre Jean !… »

L’homme sourit à la pensée de ces jours prochains de paix auprès de Marie, dans la maison de Jésus…

290.6

La route se déroule dans la tiédeur d’un soleil de plus en plus sensible, dans une campagne charmante, désormais toute plane, une fois dépassées ces petites hauteurs qui s’élèvent peu après Gérasa. C’est une route en bon état sur laquelle la marche est aisée. Et on reprend la marche après la pause de midi.

C’est presque le soir quand j’entends pour la première fois Syntica rire de bon cœur lorsque Marziam lui a raconté je ne sais quoi qui fait rire toutes les femmes. Je vois la grecque se pencher pour caresser l’enfant et effleurer son front d’un baiser, après quoi l’enfant se remet à gambader comme s’il ne sentait pas la fatigue.

Mais tous les autres sont fatigués, et c’est avec joie qu’ils apprennent la décision de passer la nuit à la “ Fontaine des Chameliers ”. Le marchand dit :

« J’y passe toujours la nuit. L’étape de Gérasa à Bozra est trop longue pour les hommes et pour les animaux.

– Il est humain, ce marchand » constatent les apôtres, qui le comparent à Doras…

La “ Fontaine des Chameliers ” n’est qu’une poignée de maisons autour de puits nombreux. Une sorte d’oasis, non pas dans le désert aride, parce qu’ici il n’y a pas d’aridité, mais c’est une oasis dans l’immensité inhabitée des champs et des vergers qui se succèdent sur des milles et des milles et qui, dans l’arrivée de la soirée d’octobre, exhalent la même tristesse que la mer au crépuscule. Aussi, de découvrir les maisons, d’entendre le bruit des voix, les pleurs des bébés, de sentir l’odeur des cheminées qui fument et de voir les premières lampes allumées paraît aussi doux que d’arriver chez soi.

Alors que les chameliers s’arrêtent pour abreuver une pre­mière fois les chameaux, les apôtres et les femmes suivent Jésus qui, avec le marchand, entre dans la très préhistorique… “ hôtellerie ” qui les abritera pour la nuit…

290.7

…Dans la pièce enfumée où ils ont pris leur repas, là où dormiront les hommes et, pendant que déjà les serviteurs préparent les couchettes de foin amoncelé sur des treillis, tout le monde se réunit près d’un large foyer qui occupe tout le fond étroit de la pièce. On a allumé le feu, car le soir a amené l’humidité et le froid.

« Pourvu que le temps ne se mette pas à la pluie » soupire Pierre.

Le marchand le rassure :

« Il faut encore attendre la fin de cette lune pour que le mauvais temps arrive. C’est le temps qu’il fait ici le soir, mais demain nous aurons le soleil.

– C’est pour les femmes, tu sais ? Ce n’est pas pour moi. Je suis pêcheur et je vis dans l’eau. Et je t’assure que je préfère l’eau à la montagne et à la poussière. »

Jésus parle avec les femmes et avec ses deux cousins. Jean d’En-Dor et Simon le Zélote l’écoutent aussi. De leur côté, Timon, Hermastée et Matthieu lisent un des rouleaux de Jean et les deux juifs expliquent à Hermastée les passages bibliques les plus obscurs pour lui.

Marziam les écoute, enchanté, mais il a l’air somnolent. Marie, femme d’Alphée, le voit et dit :

« Cet enfant est fatigué. Viens, mon chéri, nous allons dormir, nous. Viens, Elise. Viens, Salomé. Les anciens et les enfants sont mieux au lit. Et vous feriez bien d’y aller tous. Vous êtes fatigués. »

Mais en dehors des femmes âgées, à l’exception de Marcelle et de Jeanne, femme de Kouza, personne ne bouge.

Quand, après avoir été bénies, elles s’en sont allées, Matthieu murmure :

« Qui aurait dit à ces femmes qu’il leur faudrait dormir sur la paille loin de leurs maisons, il y a seulement peu de temps !

– Je n’ai jamais aussi bien dormi » affirme avec décision Marie de Magdala, ce que Marthe confirme.

Cependant, Pierre est d’accord avec son compagnon :

« Matthieu a raison. Et je me demande, sans comprendre, pourquoi le Maître vous a amenées ici.

– Mais parce que nous sommes les femmes disciples !

– Alors s’il allait… là où il y a des lions, vous y viendrez ?

– Mais bien sûr, Simon-Pierre ! La belle histoire de faire quelques pas ! Et avec lui tout près !

– Voilà : cela fait vraiment beaucoup de pas, et pour des femmes qui n’y sont pas habituées… »

Mais les femmes protestent tant, que Pierre hausse les épaules et se tait.

Jacques, fils d’Alphée, en levant la tête, voit un sourire si lumineux sur le visage de Jésus qu’il lui demande :

« Veux-tu nous dire, entre nous, le vrai but de ce voyage avec les femmes et… avec si peu de fruit par rapport à la fatigue ?

– Pourrais-tu prétendre voir maintenant le fruit des semences ensevelies dans les champs que nous avons traversés ?

– Moi, non. Je le verrai au printemps.

– Moi aussi, je te le dis : “ Tu le verras en son temps. ” »

Les apôtres ne répliquent rien.

290.8

Voici que s’élève la voix argentine de Marie :

« Mon Fils, aujourd’hui nous parlions entre nous de ce que tu as dit à Ramoth. Et chacune de nous avait des impressions et des réflexions différentes. Voudrais-tu nous préciser ta pensée ? Moi, je disais qu’il valait mieux t’appeler tout de suite, mais tu parlais avec Jean d’En-Dor.

– En réalité, c’est moi qui avais provoqué la question. Car je suis une pauvre païenne, moi, et je n’ai pas les lumières splen­dides de votre foi. Il faut me plaindre, confesse Syntica.

– Mais moi, je voudrais avoir ton âme, ma sœur ! » dit vivement Marie de Magdala.

Et, toujours exubérante, elle l’embrasse en la tenant étroitement serrée contre elle par un bras. Avec sa beauté splendide, elle semble éclairer à elle seule le misérable taudis et y apporter l’opulence de sa demeure somptueuse. Serrée contre elle, la grecque, tout à fait différente, apporte une note de pensée auprès du cri d’amour qui semble toujours se dégager de Marie, la passionnée. Quant à la Vierge, assise, avec son doux visage levé vers son Fils, les mains jointes comme si elle priait, son profil très pur ressortant sur le mur sombre, elle est l’Adorante perpétuelle.

Suzanne se tient dans la pénombre d’un coin et somnole, pendant que Marthe profite de la lumière du foyer pour fixer des boucles au petit vêtement de Marziam, active elle aussi malgré la lassitude et l’insistance d’autrui.

Jésus dit à Syntica :

« Mais ce n’était pas une pensée pénible. Je t’ai entendue rire.

– Oui, à cause de l’enfant qui tranchait vivement la question en disant : “ Moi, je ne veux revenir que si Jésus revient. Mais si tu veux tout savoir, éloigne-toi d’ici et reviens nous dire si tu te souviens ”… »

Toutes en rient encore et disent que Syntica demandait à Marie de lui expliquer ce qu’elle n’avait pas bien compris à propos du souvenir que les âmes gardent et qui explique certaines possibilités pour les païens d’avoir de vagues souvenirs de la vérité.

« Moi, je disais : “ Peut-être que cela confirme la théorie de la réincarnation à laquelle croient beaucoup de païens ? ” et ta Mère, Maître, m’expliquait que ce que tu dis, c’est autre chose. Maintenant, veuille m’expliquer cela aussi, mon Seigneur.

290.9

– Ecoute : tu ne dois pas croire que, sous prétexte que les âmes ont des souvenirs spontanés de la vérité, cela prouve que nous vivons plusieurs vies. Tu es déjà suffisamment instruite désormais pour savoir comment l’homme a été créé, comment il a péché, comment il a été puni. On t’a expliqué comment Dieu a incorporé une âme unique dans l’homme-animal. Elle est créée à chaque fois et n’est jamais utilisée pour de prétendues incarnations successives. Cette certitude devrait contredire ce que j’affirme sur les souvenirs des âmes. Elle le devrait en effet pour toute créature autre que l’homme, puisqu’il est, lui, doué d’une âme faite par Dieu. L’animal ne peut se souvenir de Dieu parce qu’il naît une seule fois. L’homme peut s’en souvenir, bien que ne naissant qu’une seule fois, et cela grâce à ce qu’il y a de meilleur en lui : l’âme. D’où vient toute âme humaine ? De Dieu. Qui est Dieu ? L’Esprit très intelligent, très puissant, parfait. Cette substance spirituelle admirable qu’est l’âme, créée par Dieu pour donner à l’homme son image et sa ressemblance comme signe indiscutable de sa Paternité très sainte, se ressent des qualités propres de Celui qui l’a créée. L’âme est donc un esprit intelligent, libre, immortel comme le Père qui l’a créée. Elle sort parfaite de la pensée divine[1] et, à l’instant de sa création, elle est semblable, pour un millième d’instant, à celle du premier homme : une perfection qui comprend la Vérité par suite d’un don gratuitement donné. Un millième d’instant. Puis, une fois formée, elle est blessée par le péché originel. Pour te faire mieux comprendre, je dirai que c’est comme si Dieu portait l’âme qu’il crée, et que l’être créé, en venant à la vie, était blessé par un signe ineffaçable. Me comprends-tu ?

– Oui, tant qu’elle est pensée, pensée créée, elle est parfaite, soit un millième d’instant. Puis, une fois la pensée traduite dans les faits, elle devient sujette à la loi causée par la Faute.

– Tu as bien répondu. L’âme s’incarne donc dans le corps humain en apportant avec elle ce joyau secret dans le mystère de son être spirituel, le souvenir de l’Etre Créateur, c’est-à-dire de la Vérité. Le bébé naît. Il peut être bon, excellent, aussi bien que perfide. Il peut tout devenir car il est libre de vouloir. Sur ses “ souvenirs ” le ministère des anges jette ses lumières et le semeur de pièges ses ténèbres. Au fur et à mesure que l’homme poursuit les lumières et par conséquent aussi des vertus de plus en plus grandes en rendant l’âme maîtresse de son être, alors la faculté de se souvenir se développe en elle comme si la vertu rendait de plus en plus mince la cloison qui s’interpose entre l’âme et Dieu. Voilà pourquoi les hommes vertueux de tous pays pressentent la vérité, pas parfaitement parce qu’ils sont rendus obtus par des doctrines contraires ou par des ignorances mortelles, mais suffisamment pour fournir des pages de formation morale aux peuples auxquels ils appartiennent. As-tu compris ? Es-tu convaincue ?

– Oui. Pour conclure : la religion des vertus pratiquées héroïquement prédispose l’âme à la Religion vraie et à la connaissance de Dieu.

– C’est tout à fait cela. Et maintenant, va te reposer et sois bénie. Et toi aussi, Maman, et vous, mes sœurs et disciples. Que la paix de Dieu veille sur votre repos. »

290.1

La carovana esce dal cortilone di Alessandro. Ordinata come per una parata militare. In coda Gesù con tutti i suoi. I cammelli vanno, dondolando nel passo ritmico il loro carico potente, e le teste, sul collo arcuato, paiono chiedere ad ogni passo: «Perché? Perché?», in una mossa muta ma tipica, come quella dei colombi che ad ogni passo sembrano dire: «sì, sì», a tutto quanto vedono. Deve attraversare la città, la carovana. E lo fa nell’aria nitida del mattino. Sono tutti imbacuccati perché fa fresco. Il sonaglio dei cammelli, il crrr crrr dei cammellieri, il versaccio di un cammello che rimpiange la stalla oziosa, fanno avvisati i geraseni della partenza di Gesù.

La nuova si diffonde rapida come il baleno, e dei geraseni vengono a salutarlo e a portare offerte di frutta e altri cibi. Corre anche un uomo con un piccolino malato: «Benedicilo, che guarisca. Abbi pietà!».

Gesù alza la mano e benedice, aggiungendo: «Vai sicuro. Abbi fede».

E l’uomo risponde un “sì” così pieno di fiducia che una donna chiede: «Il mio uomo malato di ulceri agli occhi lo guariresti?».

«Se siete capaci di credere, sì».

«Allora vado a prenderlo. Attendimi, Signore», e vola via come una rondine.

Attendere! È una parola! I cammelli vanno avanti. Alessandro, in testa alla colonna, non sa ciò che si vuole in coda. Non c’è che mandare un avviso all’uomo.

«Corri, Marziam. Va’ a dire al mercante che si fermi prima di uscire dalle mura», dice Gesù.

E Marziam sfreccia via, a fare la sua missione. La carovana sosta mentre il mercante viene verso Gesù.

«Che accade?».

«Resta e vedrai».

290.2

Presto è di ritorno la donna di Gerasa col marito malato d’occhi. Altro che ulceri! Quelle sono due tane di marciume aperte in mezzo al viso. L’occhio appare là in mezzo, appannato, arrossato, semicieco, fra scoli di lacrime ripugnanti. Non appena l’uomo solleva la benda scura che fa velo alla luce, il pianto aumenta perché la luce aumenta il dolore dell’occhio malato.

L’uomo geme: «Pietà! Soffro tanto!».

«Hai anche molto peccato. Di quello non ti lamenti? Solo della povera vista del mondo ti affliggi di poterla perdere? Non sai nulla di Dio? Non ti fa paura una tenebra eterna? Perché hai mancato?».

L’uomo piange e si curva senza parlare. La moglie anche piange e geme: «Io ho perdonato…».

«E Io pure perdonerò se egli qui mi giura di non ricadere più nel suo peccato».

«Sì, sì! Perdono. Ora so cosa il peccato porta con sé. Perdono. Come la donna perdonami. Tu sei il Buono».

«Io ti perdono. Va’ a quel rio e lavati nell’acqua il volto e guarirai».

«L’acqua fredda gli fa peggio, Signore», geme la donna.

Ma l’uomo non pensa altro che ad andare, e va brancolando finché l’apostolo Giovanni, pietoso, non lo prende per mano e lo guida da solo finché la moglie non lo sorregge per l’altra mano. L’uomo scende fino al limite della gelida acqua che borbotta fra i sassi, si curva, prende l’acqua nella coppa delle mani unite e si lava e rilava il viso. Non dà segno di dolore. Pare anzi trovarne sollievo.

Poi, col volto ancora bagnato, risale la sponda, torna da Gesù che gli chiede: «Ebbene? Sei guarito?».

«No, Signore. Non per ora. Ma Tu lo hai detto e io guarirò».

«Allora resta nella tua speranza. Addio».

La donna si accascia piangendo… È delusa. Gesù fa cenno al mercante che si può andare. E il mercante, deluso lui pure, fa passare la voce. I cammelli si rimettono in marcia col loro moto di barca che alzi e abbassi la prora e il tagliamare sull’onda, escono dalle mura, prendono la carovaniera ampia e polverosa che si dilunga in direzione sud-ovest.

L’ultima coppia del gruppo apostolico, ossia Giovanni di Endor e Simone Zelote, ha superato di un venti metri le mura, quando un grido taglia l’aria silenziosa, pare empire di sé il mondo, si ripete, sempre più alto, lieto, osannante: «Io vedo! Gesù! Benedetto mio! Io vedo! Io vedo! Ho creduto! Io vedo! Gesù, Gesù! Benedetto mio!», e l’uomo, dal volto completamente risanato, dagli occhi tornati belli — due carbonchi pieni di luce e di vita — fende le file apostoliche e piomba ai piedi di Gesù, finendo quasi sotto le zampe del cammello del mercante, che fa appena a tempo a scansare la bestia dal prostrato.

L’uomo bacia la veste di Gesù ripetendo: «Ho creduto! Ho creduto e vedo. Benedetto mio!».

«Alzati e sii felice. E buono, soprattutto. Di’ a tua moglie che sappia credere completamente. Addio». E Gesù si libera dalla stretta del miracolato e riprende ad andare.

290.3

Il mercante si liscia la barba pensieroso… Infine chiede: «E se non avesse saputo persistere a credere dopo la delusione del lavaggio?».

«Sarebbe rimasto quale era».

«Perché esigi tanta fede per fare miracolo?».

«Perché la fede testimonia presenza di speranza e di amore in Dio».

«E perché prima hai voluto il pentimento?».

«Perché il pentimento fa amico Dio».

«Io che non ho malattie, che dovrei fare per testimoniare che ho fede?».

«Venire alla Verità».

«E potrei venirci senza amicizia di Dio?».

«Non ci potresti venire senza la bontà di Dio. Il Signore permette che chi, ancora senza pentimento, lo cerca, lo trovi;

perché il pentimento generalmente viene quando l’uomo, scientemente o con appena una larva di coscienza di ciò che vuole la sua anima, conosce Iddio. Prima è come un ebete guidato dal solo istinto. Tu non hai mai sentito il bisogno di credere?».

«Molte volte. Non ero soddisfatto, ecco, di ciò che avevo. Sentivo che c’era dell’altro. Più forte del denaro e dei figli, speranze mie… Ma non mi davo poi la cura di cercare di sapere ciò che senza sapere cercavo».

«La tua anima cercava Dio. La bontà di Dio ha permesso che tu trovassi Dio. Il pentimento per il tuo inerte passato lontano da Dio ti darà l’amicizia di Dio».

«Allora per… per avere il miracolo di vedere con l’anima la Verità, dovrei pentirmi del passato?».

«Certamente. Pentirti e risolverti ad un completo mutamento di vita…».

L’uomo si torna a lisciare la barba, e pare che stia studiando e contando i peli del collo del cammello, tanto sta a occhi fissi. Senza volere, urta col tallone la bestia, e questa prende l’urto per un incitamento ad accelerare il passo, e lo fa portando oltre il mercante, verso la testa della carovana.

290.4

Gesù non lo trattiene. Anzi si ferma lasciandosi sorpassare dalle donne e dagli apostoli, finché lo raggiungono Simone Zelote e Giovanni di Endor. Gesù si unisce a loro.

«Di che parlate?», chiede.

«Parlavamo dello sconforto che deve provare chi non crede a nulla o chi perde una fede che aveva. Ieri Sintica era proprio angosciata, pur essendo passata ad una fede perfetta», risponde lo Zelote.

«Io dicevo a Simone che, se è penoso passare dal Bene al Male, è anche sconcertante passare dal Male al Bene. Nel primo caso si è torturati dalla coscienza che rampogna. Nel secondo si è… straziati… Come deve esserlo uno che si trova portato in paese straniero, assolutamente ignoto… Oppure è lo sgomento di chi, essendo un miserabile e incolto, si trovasse messo in mezzo ad una Corte di re, fra dotti e signori. È una sofferenza… Io so… Tanta sofferenza… Non si può credere che ciò sia vero, che possa durare… che lo si possa meritare… specie quando si ha l’anima macchiata… come era la mia…».

«E ora, Giovanni?», chiede Gesù.

Il viso estenuato di Giovanni di Endor, estenuato e triste, si illumina di un sorriso che lo fa meno scarno. Dice: «E ora non più. Resta la gratitudine, anzi essa cresce, per il Signore che ha voluto questo. Resta il ricordo del passato a tenermi umile. Ma c’è la sicurezza. Mi sento acclimatato, non più straniero in questo dolce mondo che è il tuo, di perdono e di amore. E sono pacificato, sereno, felice».

«Giudichi buona la tua esperienza?».

«Sì. Se non fosse che mi dolgo di aver peccato, perché con esso peccato ho contristato Iddio, direi che sento che è stato bene questo mio passato. Mi può molto servire a sostenere anime, volonterose ma smarrite, nei primi momenti del loro nuovo credere».

«Simone, va’ a dire al ragazzo di non saltare tanto. Questa sera sarà sfinito».

Simone guarda Gesù, ma capisce la verità del comando. Ha un sorriso intelligente e se ne va lasciando soli i due.

290.5

«Ora che siamo soli, Giovanni, ascolta questo mio desiderio. Tu, per molte ragioni, hai l’ampiezza di giudizio e di pensiero che nessun altro ha fra i miei seguaci. E hai una cultura più vasta di quella comune fra gli israeliti. Perciò Io ti prego di aiutarmi…».

«Io aiutare Te? In che?».

«Per Sintica. Tu sei tanto un bravo pedagogo! Marziam impara presto e bene con te. Tanto che Io conto lasciarvi insieme per qualche mese, perché voglio in Marziam una conoscenza più vasta di quella del piccolo mondo d’Israele. A te dà gioia occuparti di lui. Anche a Me dà gioia vedere voi uniti, tu a insegnare, lui ad apprendere; tu a ringiovanire, egli a maturare nell’occupazione. Ma anche Sintica dovresti curare. Come una sorella smarrita. Tu l’hai detto: è uno smarrimento… Aiutala ad acclimatarsi nell’atmosfera mia. Mi fai questo favore?».

«Ma è grazia per me farlo, mio Signore! Io non l’avvicinavo perché mi pareva di essere un superfluo. Ma se Tu vuoi. Ella legge i miei rotoli. Ce ne sono di sacri e di unicamente colti: libri di Roma e di Atene. Vedo che medita e compulsa. Ma non mi ero mai intromesso ad aiutarla. Se Tu lo vuoi…».

«Sì, lo voglio. Voglio vedervi amici. Anche lei, come Marziam e come te, sosterete a Nazaret qualche tempo. Sarà bello.

Mia Madre e tu maestri di due anime che si aprono a Dio. Mia Madre, l’angelica Maestra della scienza di Dio; tu, l’esperto maestro dell’umano sapere, che però ora puoi spiegare con riferimenti soprannaturali. Sarà bello. E buono».

«Sì, mio benedetto Signore! Troppo bello per il povero Giovanni!…», e l’uomo sorride al pensiero di questi prossimi giorni di pace presso Maria, nella casa di Gesù…

290.6

E la strada si snoda, in un tepore di sole sempre più sensibile, in una vaghezza di campagna ormai tutta piana dopo aver costeggiato quelle piccole elevazioni che sono subito dopo Gerasa. Una strada anche ben tenuta, su cui è comodo l’andare. E riprendere ad andare dopo la sosta del mezzodì.

È quasi sera quando sento ridere per la prima volta di gusto Sintica, alla quale Marziam ha raccontato non so che, che fa ridere tutte le donne. Vedo che la greca si china ad accarezzare il bambino e a sfiorargli la fronte con un bacio. Dopo di che il fanciullo riprende a saltellare come non sentisse stanchezza.

Ma stanchi sono tutti gli altri, e con gioia è appresa la decisione di pernottare alla fonte del Cammelliere. Il mercante dice: «Io vi pernotto sempre. Troppo lunga è la tappa da Gerasa a Bozra. Per uomini e per bestie».

«È umano questo mercante», osservano fra loro gli apostoli, confrontandolo con Doras…

La “fonte del Cammelliere” non è che un pugno di case intorno a pozzi numerosi. Una specie di oasi non nell’arido del deserto, perché qui non c’è aridità. Ma è un’oasi nella vastità disabitata dei campi e dei frutteti, che si seguono gli uni agli altri per delle miglia e che, nel venire della sera ottobrina, emanano la stessa tristezza del mare al crepuscolo. Perciò vedere case, udire rumori di voci, pianti di bimbi, sentire l’odore dei camini che fumano e vedere le prime lucerne accese, è dolce come l’arrivo alla propria casa.

Mentre i cammellieri sostano per una prima abbeverata ai cammelli, gli apostoli e le donne seguono Gesù, che col mercante entrano nel… molto preistorico albergo che li ospiterà per la notte…

290.7

…Nella fumosa stanzaccia dove hanno preso il pasto, dove dormiranno gli uomini, e mentre già i servi preparano i giacigli di fieno ammucchiato su graticci, si radunano tutti presso un ampio focolare che tiene tutta la parete stretta dello stanzone. Il fuoco è acceso perché la sera ha portato umido e freddo.

«Purché il tempo non si metta all’acqua», sospira Pietro.

Il mercante lo rassicura: «Vi è ancora da finire questa luna prima che venga il maltempo. Qui fa così a sera. Ma domani avremo sole».

«È per le donne, sai? Non per me. Io sono pescatore e nell’acqua ci vivo. E ti assicuro che preferisco l’acqua alle montagne e alla polvere».

Gesù parla con le donne e coi due cugini. Lo ascoltano anche Giovanni di Endor e lo Zelote. Invece Timoneo ed Ermasteo con Matteo leggono uno dei rotoli di Giovanni, e i due israeliti spiegano ad Ermasteo i passi biblici più oscuri per lui.

Marziam li ascolta incantato, ma con un visetto che si vela di sonno. Lo vede Maria d’Alfeo e dice: «Quel bambino è stanco. Vieni, caro, ché andiamo a dormire noi. Vieni, Elisa. Vieni, Salome. Vecchi e bambini stanno meglio a letto. E fareste bene andarci tutti. Siete stanchi». Ma oltre le anziane, eccettuate Marcella e Giovanna di Cusa, nessuno si muove.

Quando, dopo esser state benedette, esse se ne sono andate, Matteo mormora: «Chi lo avesse detto a queste donne di avere a dormire sulla paglia, tanto lontane da casa, solo poco tempo fa!».

«Non ho mai dormito tanto bene», afferma recisa Maria di Magdala. E Marta conferma la stessa cosa.

Però Pietro dà ragione al compagno: «Matteo ha ragione. E io mi chiedo, senza capire, perché il Maestro vi ha portate qui».

«Ma perché siamo le discepole!».

«Allora se andasse… dove stanno i leoni, ci andreste?».

«Ma sicuro, Simon Pietro! Gran che fare qualche passo! E con Lui vicino!».

«Ecco, veramente sono molti passi. E per delle donne disabituate a questo…».

Ma le donne protestano, tanto che Pietro si stringe nelle spalle e tace.

Giacomo d’Alfeo, alzando la testa, vede un sorriso così luminoso sul volto di Gesù che gli chiede: «Ci vuoi dire il vero scopo di questo viaggio, fra di noi, con le donne e… con poco frutto rispetto alla fatica?».

«Tu potresti pretendere di vedere ora il frutto del seme sepolto nei campi che abbiamo traversato?».

«Io no. Lo vedrò in primavera».

«Io pure ti dico: “Lo vedrai a suo tempo”».

Gli apostoli non ribattono nulla.

290.8

Si alza la voce argentina di Maria: «Figlio mio, oggi fra noi parlavamo di quanto hai detto a Ramot. E ognuna di noi aveva sensazioni e riflessioni diverse. Vorresti dirci il tuo pensiero? Io dicevo che era meglio chiamarti subito. Ma Tu parlavi con Giovanni di Endor».

«Veramente ero io quella che aveva suscitato la questione. Perché sono una povera pagana, io, e non ho le luci splendide della vostra fede. Bisogna compatirmi».

«Ma vorrei avere la tua anima, sorella mia!», dice impulsiva la Maddalena. E, sempre esuberante, l’abbraccia tenendola stretta a sé con un braccio.

Splendida nella sua bellezza, pare da sola illuminare la misera stamberga e mettervi l’opulenza della sua casa sontuosa. Stretta a lei, la greca, tutt’affatto diversa, eppure singolare nella sua persona, mette una nota di pensiero presso il grido d’amore che pare sprigionarsi sempre dalla passionale Maria; mentre, seduta col dolce viso alzato verso il Figlio, le mani intrecciate quasi pregasse, il profilo purissimo in risalto contro la parete nera, la Vergine è la perpetua Adorante. Susanna sta nella penombra dell’angolo e sonnecchia, mentre Marta approfitta della luce del focolare per assicurare delle fibbie alla vesticciola di Marziam, attiva anche nonostante la stanchezza e le insistenze altrui.

Gesù dice a Sintica: «Ma non era pensiero penoso. Ti ho sentita ridere».

«Sì, per il bambino, che risolveva la questione agilmente, dicendo: “Io non voglio ritornare altro che se torna Gesù. Ma se tu vuoi sapere tutto, va’ di là e poi torna a dirci se ti ricordi”».

Ridono tutte ancora e dicono che Sintica domandava a Maria spiegazioni sulla non ben capita spiegazione del ricordo che le anime conservano, e che spiega certa possibilità nei pagani di avere ricordi vaghi della Verità.

«Io dicevo: “Forse che questo conferma la teoria della rincarnazione creduta da molti pagani?”; e tua Madre, Maestro, mi spiegava che altra cosa è quello che Tu dici. Ora voglimi spiegare anche questo, mio Signore».

290.9

«Ascolta. Non devi credere che, perché gli spiriti hanno spontanei ricordi di Verità, sia dimostrato che noi si vive più vite. Ormai sai già abbastanza per sapere come fu creato l’uomo, come l’uomo peccò, come fu punito. Ti è stato spiegato come nell’animale-uomo da Dio sia incorporata un’anima singola. Questa è creata di volta in volta e non mai più usata per successive incarnazioni. Questa certezza dovrebbe annullare la mia asserzione sui ricordi delle anime. Dovrebbe per qualunque altro essere che non fosse l’uomo, dotato di un’anima fatta da Dio. L’animale non può ricordare nulla, nascendo una volta sola. L’uomo può ricordare, pur nascendo una volta sola. Ricordare con la sua parte migliore: l’anima. Da dove viene l’anima? Ogni anima d’uomo? Da Dio. Chi è Dio? Lo Spirito intelligentissimo, potentissimo, perfetto. Questa mirabile cosa che è l’anima, cosa da Dio creata per dare all’uomo la sua immagine e somiglianza come segno indiscutibile della sua Paternità Ss., risente delle doti proprie di Colui che la crea. È dunque intelligente, spirituale, libera, immortale, come il Padre che l’ha creata. Essa[1] esce perfetta dal Pensiero divino e nell’attimo della sua creazione essa è uguale, per un millesimo di attimo, a quella del primo uomo: una perfezione che comprende la Verità per dono gratis dato. Un millesimo di attimo. Poi, formata che sia, è lesionata dalla colpa d’origine. Per farti capire meglio dirò che è come se Dio fosse gravido dell’anima che crea e che il creato, nel nascere, venisse ferito da un segno incancellabile.

Mi comprendi?».

«Sì. Finché è pensata, è perfetta. Un millesimo d’attimo, questo pensiero creante. Poi, il pensiero tradotto in fatto, il fatto è soggetto alla legge provocata dalla Colpa».

«Bene hai risposto. L’anima si incarna perciò così nel corpo umano, portando seco, quale gemma segreta nel mistero del suo essere spirituale, il ricordo dell’Essere Creatore, ossia della Verità. Il bimbo nasce. Può essere un buono, un ottimo come un perfido. Tutto può divenire, perché è libero di volere. Sui suoi “ricordi” getta le luci il ministero angelico e le tenebre l’insidiatore. A seconda che l’uomo appetisce alle luci, e perciò anche a virtù sempre più grande, facendo l’anima signora del suo essere, ecco che si aumenta in lei la facoltà di ricordare, come se sempre più la virtù assottigliasse la parete che si frappone fra l’anima e Dio. Ecco perché i virtuosi di ogni paese sentono la Verità, non perfettamente, perché ottusi da contrarie dottrine o da ignoranze letali, ma sufficientemente per dare pagine di formazione morale ai popoli ai quali appartengono.

Hai compreso? Sei persuasa?».

«Sì. Concludendo: la religione delle virtù praticate eroicamente predispone l’anima alla Religione vera e alla conoscenza di Dio».

«Proprio così. E ora vai al riposo e sii benedetta. E tu pure, Mamma; e voi, sorelle e discepole. La pace di Dio sul vostro riposo».


Notes

  1. Elle [l’âme] sort parfaite de la pensée divine… Puis, une fois formée, elle est blessée par le péché originel : cette affirmation est analogue à une autre, rencontrée plus haut, en 275.12 : “ Il y a eu au moins un moment où l’âme a été parfaite : pendant que Dieu la créait… ensuite le péché originel l’a souillée, en lui enlevant sa perfection. ” Toutefois, le contexte actuel donne un nouvel éclairage : il ne s’agit pas de deux moments, mais de deux actes qui se succèdent “ en un millième de seconde ”, au même moment. Le second acte – celui où l’âme contracte la tache du péché originel et perd la perfection reçue par l’acte de la Création – doit être identifié à l’infusion de l’âme, comme cela est dit au début de la parabole de l’étoffe déchirée (en 567.3), et comme cela est expliqué dans un passage de la «dictée» du 28 janvier 1947 rapportée dans “ Les Cahiers de 1945 à 1950 ” : elle ne sort pas impure de la Pensée créatrice. Le péché originel se trouve dans l’homme et dans les enfants de l’homme, pas en Dieu. C’est pourquoi ce n’est pas au moment où elle est créée par Dieu mais au moment de s’incarner dans l’homme conçu par l’homme que l’âme contracte l’héritage que se partagent les descendants d’Adam… Enfin, les deux actes (en un seul moment) de la création et de l’infusion de l’âme par l’œuvre de Dieu sont simultanés à l’acte de la conception du corps par l’œuvre de l’homme, comme on peut le lire en 204.6 : Il [Dieu] la crée chaque fois qu’un homme est engendré – ou plutôt chaque fois qu’il est conçu dans un sein – et il la greffe dans cette chair…, et en 550. 5 : [l’âme], créée à chaque fois pour tout nouvel homme conçu. Dans l’œuvre de Maria Valtorta, l’embryon est considéré comme une personne (à tel point qu’il sera dit “ innocent ” en 381. 6), car il a déjà une âme (comme ce sera dit explicitement en 444.5). Des notes se réfèrent à cette interprétation en 118.6, 127.5, 204.6, 348.10, et 428.3.

Note

  1. Essa [cioè: l’anima] esce perfetta dal Pensiero divino… Poi, formata che sia, è lesionata dalla colpa d’origine. L’affermazione è analoga ad un’altra incontrata sopra, in 275.12: Almeno un momento fu che l’anima fu perfetta: mentre il Creatore la creava. … poi la Macchia la deturpò, levandole perfezione… Il presente contesto chiarisce, tuttavia, che non si tratta di due momenti, bensì di due atti che si susseguono, “per un millesimo di attimo”, nello stesso momento. Il secondo atto, che è quello in cui l’anima contrae la macchia del peccato originale perdendo la perfezione ricevuta nell’atto creativo, deve identificarsi con l’infusione dell’anima, come è detto all’inizio della parabola della stoffa strappata (in 567.3) e come è spiegato in un brano del “dettato” del 28 gennaio 1947, riportato nel volume “I quaderni dal 1945 al 1950”: … non esce cosa impura dal Pensiero creante. La Colpa originale è nell’uomo e nei figli dell’uomo, non in Dio. Perciò non nell’essere creata da Dio, ma nell’incarnarsi nell’uomo concepito dall’uomo l’anima contrae l’eredità connessa ai discendenti di Adamo… Infine, i due atti (in un solo momento) della creazione e dell’infusione dell’anima, per opera di Dio, sono simultanei all’atto del concepimento del corpo per opera dell’uomo, come si legge in 204.6: Egli la crea [cioè: Dio crea l’anima] di volta in volta che un uomo è generato, meglio, è concepito in un seno, e la innesta in questa carne…; e in 550.5: creata [l’anima] di volta in volta per ogni novello uomo che è concepito. Nell’opera valtortiana l’embrione viene considerato persona (tanto che sarà chiamato “innocente” in 381.6) perché in esso è già l’anima (come si dirà esplicitamente in 444.5). A questa interpretazione riconducono le note messe in: 118.6 - 127.5 - 204.6 - 348.10 - 428.3.