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La caravane sort de la cour d’Alexandre, rangée comme pour une parade militaire. En queue, Jésus avec tous les disciples. Les chameaux, avec leur lourde charge, marchent en se dodelinant d’un pas rythmé, et leurs têtes semblent demander à chaque pas : « Pourquoi ? Pourquoi ? » en un mouvement muet mais typique, comme celui des colombes qui à chaque instant semblent dire : « Oui, oui » à tout ce qu’elles voient. La caravane doit traverser la ville. Elle défile dans l’air pur du matin. Tous les hommes sont emmitouflés à cause du froid. Les sonnailles des chameaux, les crrr, crrr des chameliers, la plainte d’un chameau qui regrette l’étable tranquille, préviennent les géraséniens du départ de Jésus.
La nouvelle se répand avec la rapidité de l’éclair, et certains viennent le saluer et lui apporter des cadeaux de fruits et autres victuailles. Un homme accourt avec un petit malade :
« Bénis-le pour qu’il guérisse. Aie pitié ! »
Jésus lève la main et bénit en ajoutant :
« Va tranquille. Aie foi. »
Et l’homme répond un oui si plein de confiance qu’une femme demande :
« Mon mari malade d’ulcères aux yeux, le guérirais-tu ?
– Si vous êtes capables de croire, oui.
– Alors, je vais le chercher. Attends-moi, Seigneur. »
Et elle vole, rapide comme une hirondelle. Mais attendre, c’est vite dit ! Les chameaux avancent. Alexandre, en tête de la colonne, ne sait ce qui se passe en queue. Il n’y a qu’à prévenir l’homme.
« Cours, Marziam. Va dire au marchand de s’arrêter avant de sortir des murs » dit Jésus.
Le garçon file accomplir sa mission. La caravane s’arrête pendant que le marchand vient vers Jésus.
« Qu’est-ce qui se passe ?
– Reste et tu verras. »