Gli Scritti di Maria Valtorta

415. Court passage à Béthanie.

415. Breve sosta a Betania.­

415.1

Le crépuscule rougit le ciel quand Jésus arrive à Béthanie. En nage, couverts de poussière, les apôtres le suivent. Jésus et les Douze sont les seuls à braver la fournaise de la route à peine ombragée par les arbres qui continuent du mont des Oliviers jusqu’aux pentes de Béthanie.

L’été fait rage, mais plus encore la haine. Les champs sont nus et brûlés, de vraies fournaises qui réverbèrent des souffles de feu. Mais les âmes des ennemis de Jésus sont encore plus dénuées, je ne dis pas seulement d’amour, mais d’honnêteté, de sens moral même humain, elles sont brûlées par la haine… Et il n’y a pour Jésus qu’une maison, qu’un refuge : Béthanie. C’est là qu’il trouve l’amour, le soulagement, la protection, la fidélité… Le Pèlerin persécuté s’y dirige, vêtu de blanc, le visage affligé, le pas fatigué de celui qui ne peut s’arrêter, parce que ses ennemis l’aiguillonnent par derrière, le regard résigné de celui qui déjà contemple la mort que chaque heure, chaque pas rapproche et que déjà il accepte pour obéir à Dieu…

La maison, au milieu de son vaste jardin, est toute fermée et silencieuse, dans l’attente d’heures plus fraîches. Le jardin est vide et muet ; seul le soleil y règne en maître.

415.2

De sa voix de baryton, Thomas hèle. Un rideau se déplace, un visage apparaît, on risque un regard… Puis un cri :

« Le Maître ! »

Les serviteurs accourent, suivis des maîtresses, étonnées, qui n’attendaient certainement pas Jésus à cette heure de feu.

« Rabbouni !

– Mon Seigneur ! »

Marthe et Marie saluent de loin, déjà courbées, prêtes à se prosterner, ce qu’elles font dès l’ouverture du portail. Jésus n’est plus séparé d’elles.

« Marthe, Marie, paix à vous et à votre maison.

– Paix à toi, Maître et Seigneur… Mais comment donc arrives-tu à cette heure ? demandent les sœurs en congédiant les serviteurs pour que Jésus puisse parler librement.

– Pour me reposer le corps et l’esprit là où je ne suis pas haï… » répond tristement Jésus en tendant les mains comme pour dire : « Voulez-vous de moi ? »

Il s’efforce de sourire, mais c’est un bien triste sourire que dément son regard douloureux.

« Ils t’ont fait du mal ? demande Marie en s’enflammant.

– Que t’est-il arrivé ? » questionne Marthe. Et, maternelle, elle ajoute : « Viens, je vais te donner de quoi te restaurer. Depuis quand marches-tu, pour être si fatigué ?

– Depuis l’aube… et je peux dire continuellement, car notre court arrêt dans la maison d’Elchias, le membre du Sanhédrin, a été pire qu’un long chemin…

– Ils t’ont tourmenté ?…

– Oui… et d’abord au Temple…

– Mais pourquoi es-tu allé chez ce serpent ? demande Marie.

– Ne pas m’y rendre n’aurait servi qu’à justifier sa haine : il m’aurait accusé de mépriser les membres du Sanhédrin. Mais désormais… que j’y aille ou non, la mesure de la haine des pharisiens est à son comble… et il n’y aura plus de trêve…

– Nous en sommes là ? Reste avec nous, Maître. Ici, ils ne te feront aucun mal…

– Je manquerais à ma mission… Beaucoup d’âmes attendent leur Sauveur. Je dois aller…

– Mais ils t’empêcheront de te déplacer !

– Non. Ils me persécuteront en me faisant marcher pour scruter chacun de mes pas, en me faisant parler pour étudier tous mes mots, en me surveillant comme les limiers suivent leur proie pour obtenir… quelque chose qui puisse passer pour une faute… et tout leur servira… »

Marthe, toujours si réservée, éprouve tant de pitié qu’elle lève la main comme pour caresser la joue amaigrie de Jésus, mais elle interrompt son geste en rougissant, et dit :

« Pardon ! Tu m’as fait la même peine que notre Lazare ! Pardonne-moi, Seigneur, de t’avoir aimé comme un frère souffrant !

– Je suis le frère souffrant… Aimez-moi d’un pur amour de sœurs…

415.3

Mais que fait Lazare ?

– Il s’affaiblit, Seigneur… » répond Marie.

Et elle donne libre cours aux larmes que cet aveu, joint à la peine de voir son Maître ainsi affligé, lui fait monter aux yeux.

« Ne pleure pas, Marie, ni pour lui ni pour moi. Nous accomplissons la volonté divine. On doit pleurer sur ceux qui ne savent pas le faire… »

Marie se penche pour prendre la main de Jésus et en baise le bout des doigts.

Pendant ce temps, ils sont arrivés à la maison et, à peine entrés, vont aussitôt voir Lazare, tandis que les apôtres se reposent en se rafraîchissant avec ce que leur apportent les serviteurs.

Jésus se penche sur Lazare qui est de plus en plus émacié, et il l’embrasse en souriant pour soulager la tristesse de son ami.

« Maître, comme tu m’aimes ! Tu n’as même pas attendu le soir pour venir à moi, par cette chaleur…

– Mon ami, je profite de toi, et toi de moi. Le reste n’est rien.

– C’est vrai, ce n’est rien. Même ma souffrance n’est rien pour moi… Maintenant, je sais pourquoi je l’endure, et ce que je peux faire grâce à elle. »

Lazare a un sourire intime, spirituel.

« C’est ainsi, Maître. On dirait presque que notre Lazare voit avec plaisir la maladie et… »

Un sanglot brise la voix de Marthe qui se tait.

« Mais oui, dis-le simplement : et la mort. Maître, dis-leur qu’elles doivent m’aider comme le font les lévites auprès des prêtres.

– A quoi, mon ami ?

– A consommer le sacrifice…

– Pourtant, la mort te faisait trembler, il y a peu de temps ! Tu ne nous aimes donc plus ? Tu n’aimes plus le Maître ? Tu ne veux pas le servir ? » lui demande Marie avec plus de force, mais toute pâle de chagrin,

Elle caresse la main jaunâtre de son frère.

« C’est toi qui me poses cette question, justement toi, âme ardente et généreuse ? Ne suis-je pas ton frère ? N’ai-je pas le même sang et les mêmes amours que toi : Jésus, les âmes, et vous, mes sœurs bien-aimées ?… Mais depuis la Pâque, mon âme a accueilli une grande parole. Et j’aime la mort. Seigneur, je te l’offre pour tes intentions mêmes.

– Tu ne me demandes donc plus la guérison ?

– Non, Rabbouni. Je te demande ta bénédiction pour savoir souffrir et… mourir… et, si ce n’est pas trop demander, racheter… C’est toi qui l’as dit[1]

– Je l’ai dit, et je te bénis pour te donner toute force. »

Il lui impose les mains et l’embrasse.

415.4

« Nous resterons ensemble et tu m’instruiras…

– Pas maintenant, Lazare. Je ne reste pas. Je suis venu pour quelques heures seulement. Je partirai à la nuit tombée.

– Mais pourquoi ? demandent-ils tous trois, déçus.

– Parce que je ne puis m’attarder… Je reviendrai en automne. Et alors… je ferai un long séjour et j’agirai beaucoup ici… et dans les alentours… »

Un silence empreint de tristesse s’installe. Puis Marthe le prie :

« Dans ce cas, repose-toi au moins, et reprends des forces…

– Rien ne me réconforte plus que votre amour. Faites se reposer mes apôtres et laissez-moi rester ici avec vous, comme ça, en paix… »

Marthe sort en pleurant pour revenir avec des tasses de lait froid et des fruits précoces…

« Les apôtres ont déjà mangé et, comme ils sont épuisés, ils dorment. Mon Maître, ne veux-tu vraiment pas prendre quelque repos ?

– N’insiste pas, Marthe. L’aube ne sera pas encore arrivée qu’ils viendront me chercher ici, à Gethsémani, chez Jeanne, dans toute maison hospitalière. Mais je serai déjà loin.

– Où vas-tu, Maître ? demande Lazare.

– A Jéricho, mais pas par le chemin habituel… Je fais un détour vers Teqoa puis je reviens vers Jéricho.

– C’est une route pénible en cette saison, murmure Marthe.

– C’est justement pour cela qu’elle est solitaire. Nous voyagerons de nuit. Les nuits sont claires même avant le lever de la lune… et l’aurore arrive si tôt…

– Et ensuite ? demande Marie.

– Nous passerons de l’autre côté du Jourdain et, à la hauteur de la Samarie du nord, nous franchirons le fleuve pour revenir de ce côté.

– Va vite à Nazareth. Tu es fatigué, dit Lazare.

– Auparavant, je dois aller sur les rives de la mer… Puis… je me rendrai en Galilée, mais ils me persécuteront même là-bas…

– Tu auras toujours ta Mère pour te réconforter… dit Marthe.

– Oui, pauvre Maman !

– Maître, Magdala est à toi. Tu le sais, lui rappelle Marie.

– Je sais, Marie… Je connais tout le bien et tout le mal…

415.5

– Etre ainsi séparés !… pour si longtemps ! Me retrouveras-tu vivant, Maître ?

– N’en doute pas. Ne pleurez pas… Il faut s’habituer même aux séparations. Elles sont utiles pour éprouver la force des affections. On comprend mieux les cœurs quand on porte sur eux un regard spirituel, de loin. Lorsque, n’étant plus séduit par le plaisir humain de la présence de l’être aimé, on peut méditer sur son esprit et sur son amour… on comprend davantage le moi de celui qui est loin… Je suis certain qu’en pensant à votre Maître, vous le comprendrez mieux quand vous verrez et contemplerez en paix mes actions et mes affections.

– Oh ! Maître ! Mais nous, nous n’avons pas de doutes sur toi !

– Ni moi sur vous. Je le sais, mais vous me connaîtrez encore mieux. Et je ne vous dis pas de m’aimer, car je connais votre cœur. Je vous demande seulement de prier pour moi. »

Les trois pleurent… Jésus est si triste !… Comment ne pas pleurer ?

« Que voulez-vous ? Dieu avait envoyé l’amour parmi les hommes. Mais les hommes y ont substitué la haine… Or la haine divise non seulement les ennemis entre eux, mais elle s’insinue pour séparer les amis. »

Après un long silence, Lazare dit :

« Maître, quitte la Palestine pour quelque temps…

– Non. Ma place est ici pour vivre, évangéliser, mourir.

– Mais tu as pourvu à la sécurité de Jean et de la grecque. Va avec eux.

– Non. Eux, il fallait les sauver. Moi, je dois sauver. Et c’est la différence qui explique tout. L’autel est ici, et c’est ici qu’est la chaire. Je ne puis aller ailleurs. Du reste… croyez-vous que cela changerait ce qui est décidé ? Non. Ni sur terre ni au Ciel. Cela obscurcirait seulement la pureté spirituelle de la figure messianique. Je serais le “ lâche ” qui sauve sa vie en fuyant. Je dois donner l’exemple aux hommes de maintenant et à venir que, dans les affaires de Dieu, dans les œuvres saintes, il ne faut pas être lâche…

– Tu as raison, Maître » soupire Lazare…

415.6

Ecartant le rideau, Marthe dit :

« Tu as raison… Le soir s’avance. Il n’y a plus de soleil… »

Marie se met à sangloter avec désolation, comme si cette parole avait eu le pouvoir de dissoudre sa force morale, qui réduisait ses pleurs à des larmes silencieuses. Maintenant, ils sont plus déchirant que lorsque, dans la maison du Pharisien, elle implorait le pardon du Sauveur…

« Pourquoi pleures-tu ainsi ? demande Marthe.

– Parce que tu as dit vrai, ma sœur ! Il n’y a plus de soleil… Le Maître s’en va… Il n’y a plus de soleil pour moi… pour nous…

– Soyez en paix. Je vous bénis et que ma bénédiction reste sur vous. Et maintenant, laissez-moi avec Lazare, qui est fatigué et a besoin de silence. Je me reposerai en veillant mon ami. Occupez-vous des apôtres et veillez à ce qu’ils soient prêts pour l’heure des ombres… »

Les deux sœurs se retirent et Jésus reste silencieux, recueilli en lui-même, assis à côté de son ami affaibli qui, satisfait de cette présence, s’endort avec un léger sourire sur le visage.

415.7

Jésus dit :

« Vous placerez ici la vision de Jésus et du mendiant sur la route de Jéricho que tu as eue le 17 mai 1944, et, juste après, celle de la conversion de Zachée, que tu as eue le 17 juillet 1944. »

415.1

Il tramonto arrossa il cielo quando Gesù giunge a Betania. Accaldati, polverosi, lo seguono i suoi. E sono, Gesù e gli apostoli, gli unici che sfidino la fornace della via, alla quale poco da riparo fanno gli alberi che si prolungano dal monte degli Ulivi fino alle pendici di Betania.

L’estate infuria. Ma più ancora infuria l’odio. I campi sono spogli e arsi, fornaci che riverberano fiati di fuoco. Ma gli animi dei nemici di Gesù sono ancor più spogli di, non dico amore, ma di onestà, di morale anche umana, arsi dall’odio… E non c’è che una casa per Gesù. Che un rifugio: Betania. Là è l’amore, il refrigerio, la protezione, la fedeltà… Il Pellegrino perseguitato vi si dirige col suo abito bianco, col suo viso addolorato, col suo passo stanco di chi non può sostare perché pungolato alle reni dai nemici, con lo sguardo rassegnato di chi già contempla la morte che si avvicina ad ogni ora, ad ogni passo, e che già accetta per ubbidienza a Dio…

La casa, in mezzo al suo vasto giardino, è tutta chiusa e muta, in attesa di ore più fresche. Il giardino è vuoto e muto, e solo il sole vi regna dispotico.

415.2

­Tommaso dà la voce col suo vocione baritonale.

Una tenda si sposta, un viso sbircia… Poi un grido: «Il Maestro!», e i servi corrono fuori, seguiti dalle stupìte padrone che non attendevano certo Gesù a quell’ora ancora di fuoco.

«Rabboni!», «Mio Signore!». Marta e Maria salutano da lontano, già curve, pronte alla prostrazione che fanno non appena, aperto il cancello, Gesù non è più separato da loro.

«Marta, Maria, la pace a voi e alla vostra casa».

«La pace a Te, Maestro e Signore… Ma come a quest’ora?», chiedono le sorelle licenziando i servi perché Gesù possa parlare liberamente.

«Per riposare corpo e spirito dove non mi si odia…», dice mestamente Gesù, tendendo le mani come a dire: «Mi volete?», e si sforza a sorridere, ma è un ben triste sorriso, smentito dallo sguardo degli occhi dolorosi.

«Ti hanno fatto del male?», chiede Maria avvampando.

«Che t’è accaduto?», chiede Marta e, materna, aggiunge: «Vieni, ti darò ristoro. Da quando cammini, che sei così stan­co?».

«Dall’alba… e posso dire di continuo, perché la breve sosta in casa di Elchia il sinedrista fu peggio che un lungo cammino…».

«Lì ti hanno angosciato?…».

«Sì… e prima al Tempio…».

«Ma perché vi sei andato da quella serpe?», interroga Maria.

«Perché il non andarvi avrebbe servito a giustificare il suo odio, che mi avrebbe accusato di sprezzare i membri del Sinedrio. Ma ormai… che Io vada o non vada, la misura dell’odio farisaico è colma… e non ci sarà più tregua…».

«A questo siamo? Sta’ con noi, Maestro. Qui non ti faranno del male…».

«Mancherei alla mia missione… Molte anime attendono il loro Salvatore. Devo andare…».

«Ma ti impediranno di andare!».

«No. Mi perseguiteranno, facendomi andare per studiare ogni mio passo, facendomi parlare per studiare ogni parola, sorvegliandomi come i segugi la preda per avere… un che, che possa parere colpa… e tutto servirà…».

Marta, sempre così riguardosa, è tanto colpita da pietà che alza la mano come per una carezza sulla guancia smagrita, ma si arresta arrossendo e dicendo: «Perdona! Mi hai fatto la stessa pena che mi fa Lazzaro nostro! D’averti amato da fratello sofferente perdonami, Signore!».

«Sono il Fratello sofferente… Amatemi con puro amor di sorelle…

415.3

Ma Lazzaro che fa?».

«Langue, Signore…», risponde Maria, e alle lacrime che già le pungono gli occhi dà libero sfogo con questa confessione, che si unisce alla pena di vedere il suo Maestro così afflitto.

«Non piangere, Maria. Né per Me, né per lui. Noi facciamo la divina volontà. Piangere si deve su chi questa volontà non la sa fare…».

Maria si china a prendere la mano di Gesù e la bacia sulla punta delle dita.

Sono arrivati intanto alla casa ed entrano andando subito da Lazzaro, mentre gli apostoli sostano rinfrescandosi con quanto i servi porgono.

Gesù si china sullo smunto, sempre più smunto Lazzaro, e lo bacia sorridendo per sollevare la tristezza del suo amico.

«Maestro, come mi ami! Non hai neppure atteso la sera per venire a me. Con questo caldo…».

«Amico mio, Io godo di te e tu di Me. E il resto è nulla».

«È vero. È nulla. Anche il mio soffrire non mi è più nulla… Ora so perché soffro e cosa posso col mio soffrire», e Lazzaro sorride di un intimo, spirituale sorriso.

«Così è, Maestro. Quasi si direbbe che Lazzaro nostro veda con piacere la malattia e…». Un singhiozzo spezza la voce di Marta, che tace.

«Ma sì, dillo pure: e la morte. Maestro, di’ loro che mi devono aiutare, come fanno i leviti presso i sacerdoti».

«A che, amico mio?».

«A consumare il sacrificio…».

«Eppure, tu tremavi della morte fino a poco tempo fa! Non ci ami dunque più? Non ami il Maestro più? Non lo vuoi servire?…», chiede, più forte ma pallida di pena, Maria, carezzando la mano giallastra del fratello.

«E lo chiedi tu, proprio tu, anima ardente e generosa? Non ti sono fratello? Non ho il tuo stesso sangue e i tuoi stessi santi amori: Gesù, le anime, e voi, sorelle dilette?… Ma da Pasqua l’anima mia ha raccolto una grande parola. E amo la morte. Signore, te l’offro per la tua stessa intenzione».

«Non mi chiedi dunque più guarigione?».

«No, Rabboni. Ti chiedo benedizione per saper soffrire e… morire… e se troppo non è chiedere, e per redimere… Tu lo hai detto[1]…».

«L’ho detto. E ti benedico per darti ogni forza». E gli impone le mani e poi lo bacia.

415.4

«Staremo insieme e mi istruirai…».

«Non ora, Lazzaro. Non sosto. Sono venuto per poche ore. A notte partirò».

«Ma perché?», chiedono i tre fratelli, delusi.

«Perché non posso sostare… Tornerò in autunno. E allora… molto starò e molto farò qui… e nei dintorni…».

Un silenzio triste. Poi Marta prega: «Allora almeno prendi riposo, ristoro…».

«Nulla mi ristorerà più del vostro amore. Fate riposare gli apostoli miei e lasciatemi stare qui, fra voi, così in pace…».

Marta esce lacrimando per tornare con delle tazze di latte freddo e delle frutta primaticce…

«Gli apostoli hanno mangiato e dormono stanchi. Maestro mio, non vuoi proprio riposare?».

«Non insistere, Marta. Non sarà ancora l’alba che essi mi cercheranno qui, al Getsemani, da Giovanna, in ogni casa ospitale. Ma all’alba Io sarò già lontano».

«Dove vai, Maestro?», chiede Lazzaro.

«Verso Gerico, ma non dalla via usuale… Piego verso Tecua e poi torno indietro verso Gerico».

«Strada penosa in questa stagione!…», mormora Marta.

«Appunto per questo che è solitaria. Cammineremo di notte. Le notti sono chiare anche prima dell’alzarsi della luna… E l’alba viene così sollecita…».

«E poi?», interroga Maria.

«E poi l’Oltre-Giordano. E all’altezza della Samaria, nel suo settentrione, passerò il fiume venendo da questa parte».

«Va’ a Nazaret presto. Sei stanco…», dice Lazzaro.

«Prima devo andare alle sponde del mare… Poi… andrò in Galilea. Ma mi perseguiteranno anche là…».

«Avrai sempre tua Madre che ti conforta…», dice Marta.

«Sì, povera Mamma!».

«Maestro, Magdala è tua. Lo sai», ricorda Maria.

«Lo so, Maria… Tutto il bene e tutto il male so…».

415.5

­«Separàti così!… per tanto tempo! Mi ritroverai vivo, Maestro?».

«Non averne dubbio. Non piangete… Anche alle separazioni occorre abituarsi. E utili sono a provare la forza degli affetti. Si capiscono meglio i cuori amati vedendoli con occhio spirituale, da lontano. Quando, non sedotti da piacere umano per la vicinanza fisica dell’amato, si può meditare sul suo spirito e sul suo amore… si comprende di più l’io del lontano… Io sto certo che, pensando al Maestro vostro, lo comprenderete meglio ancora quando vedrete e contemplerete in pace le mie azioni e i miei affetti».

«Oh! Maestro! Ma noi non abbiamo dubbi su Te!».

«Né Io su voi. Lo so. Ma ancor più mi conoscerete. E non vi dico di amarmi, perché conosco il vostro cuore. Dico solo: pregate per Me».

I tre fratelli piangono… Gesù è così triste!… Come non piangere?

«Che volete? Dio aveva messo l’amore fra gli uomini. Ma gli uomini vi hanno surrogato l’odio… E l’odio divide non solo i nemici fra loro, ma si insinua a separare gli amici».

Un silenzio lungo. Poi Lazzaro dice: «Maestro, va’ via dalla Palestina per qualche tempo…».

«No. Il mio posto è qui. Per vivere, evangelizzare, morire».

«Ma hai pure provveduto a Giovanni e alla greca. Va’ con loro».

«No. Essi andavano salvati. Io devo salvare. E questa è la differenza che spiega tutto. L’altare è qui, e qui è la cattedra. Io non posso andare altrove. E del resto!… Credete che ciò muterebbe ciò che è deciso? No. Né in Terra né in Cielo. Soltanto offuscherebbe la purezza spirituale della figura messianica. Sarei “il vile” che si salva con la fuga. Devo dare l’esempio, ai presenti e ai futuri, che nelle cose di Dio, nelle cose sante, non bisogna essere vili…».

«Hai ragione, Maestro», sospira Lazzaro…

415.6

­E Marta, scostando la tenda, dice: «Hai ragione… La sera si avanza. Non c’è più sole…».

Maria si mette a piangere angosciosamente, come se questa parola avesse avuto il potere di sciogliere la sua forza morale, che conteneva il suo pianto in silenzioso lacrimare. Piange più straziantemente che nella casa del Fariseo, quando col pianto chiedeva perdono al Salvatore…

«Perché piangi così?», interroga Marta.

«Perché tu hai detto la verità, sorella! Non c’è più sole… Il Maestro se ne va… Non c’è più sole per me… per noi…».

«Siate buoni. Vi benedico e resti la mia benedizione su voi. Ed ora lasciatemi con Lazzaro, che è stanco e abbisogna di silenzio. Vegliando il mio amico, riposerò. Provvedete agli apostoli e fate che siano pronti per l’ora delle ombre…».

Le discepole si ritirano e Gesù resta silenzioso, raccolto in Se stesso, seduto presso l’amico languente che, pago di quella vicinanza, si addormenta con un lieve sorriso sul volto.

415.7

Dice Gesù: «Metterete qui la visione di Gesù e il mendico sulla via di Gerico, avuta il 17-5-44, e subito dopo quella della conversione di Zaccheo, avuta il 17 luglio 1944».


Notes

  1. C’est toi qui l’as dit, en 376.3.

Note

  1. lo hai detto, in 376.3.