Gli Scritti di Maria Valtorta

419. Guérisons dans un hameau de la Décapole.

419. Guarigioni in un paesello della Decapoli.

419.1

Je vois, au bord du fleuve, un hameau constitué de quelques maisons très modestes. Ce doit être de là qu’est parti Jésus, quand il traversa[1] en barque le Jourdain en crue. En effet, je vois le passeur venir avec sa famille à la rencontre de Jésus, qui avait envoyé en avant Judas et Thomas pour lui préparer le chemin.

Le passeur, voyant de loin venir Jésus, hâte le pas et, arrivé devant lui, il s’incline en une très profonde révérence :

« Tu arrives bien, Maître, pour nos malades. Ils t’attendent. J’ai beaucoup parlé de toi. Tout le village te salue par mon intermédiaire en disant : “ Béni soit le Messie du Dieu très-haut. ”

– Paix à toi et à ce village. Je suis ici pour vous. Vos espoirs ne seront pas déçus. Le Ciel aura pitié de ceux qui croient. Allons. »

Et Jésus se met à côté du passeur pour se diriger vers le centre du hameau.

Femmes, enfants, hommes paraissent sur le seuil des maisons, puis suivent le petit cortège à mesure qu’il avance. A chaque mètre, la foule augmente, car il arrive toujours des gens pour se joindre à ceux qui étaient déjà là. On salue, on bénit, on invoque.

419.2

« Maître, crie une mère, mon enfant est malade. Viens, Béni ! »

Et Jésus se détourne vers une pauvre maison, pose la main sur l’épaule de la mère en larmes et demande :

« Où est ton fils ?

– Ici, Maître, viens. »

Entrent dans la maison la mère, Jésus, le passeur, Pierre, Jean, Jude et certaines personnes du petit peuple. Les autres se massent à la porte et allongent le cou pour voir.

Dans un coin de la pauvre et sombre cuisine, se trouve un petit lit près d’un feu allumé et, dessus, gît le petit cadavre d’un enfant d’environ sept ans. Je dis “ un petit cadavre ” tant il est chétif, jaunâtre, sans mouvement, à part le râle haletant de la petite poitrine malade de tuberculose, à ce qu’il me semble.

« Regarde, Maître. J’ai dépensé toutes mes ressources pour le sauver, lui au moins. Je n’ai plus de mari. Mes deux autres enfants sont morts à peu près au même âge que lui. Je l’ai conduit jusqu’à Césarée Maritime pour le montrer à un médecin romain. Mais il n’a su que me dire : “ Résigne-toi. La carie le ronge. ” Regarde… »

La mère découvre alors le pauvre petit être en rejetant en arrière les couvertures. Là où il n’y a pas de bandes, de petits os font saillie sous une peau brûlée et jaunâtre. Mais seule une petite partie du corps est découverte, l’autre est sous les bandes et les linges qui, lorsque la mère les enlève, montrent les trous suintants caractéristiques de la carie osseuse. C’est un spectacle pitoyable.

419.3

Le petit malade est si abattu qu’il ne fait pas un geste. On dirait qu’il ne s’agit même pas de lui. Il ouvre à peine ses yeux caves et hébétés et jette sur la foule un regard indifférent, ennuyé, pourrais-je même dire, puis il les referme.

Jésus le caresse. Il pose sa longue main sur la petite tête qui s’abandonne, et l’enfant rouvre les yeux pour regarder avec plus d’intérêt cet inconnu qui le touche avec tant d’amour et lui sourit avec tant de pitié.

« Veux-tu guérir ? »

Jésus parle doucement en se penchant sur la petite figure émaciée. Il a d’abord recouvert le petit corps, en disant à la mère qui voulait changer les linges :

« Ce n’est pas la peine, femme. Laisse-le ainsi. »

Sans parler, le petit malade fait signe que oui.

« Pourquoi ?

– Pour maman » dit la petite voix faible, si faible.

Les pleurs de la mère redoublent.

« Seras-tu toujours bon si tu guéris ? Un bon fils ? Un bon citoyen ? Un bon fidèle ? »

Il pose chaque question en la détachant bien, pour laisser au petit le temps d’y répondre une à une.

« Te souviendras-tu de ce que tu promets maintenant ? Toujours ? »

Les “ oui ”, qui en dépit de leur faiblesse expriment un profond désir, tombent l’un après l’autre, comme autant de soupirs de l’âme.

« Donne-moi une main, mon enfant. »

Le petit malade veut donner la gauche qui est saine. Mais Jésus dit :

« Donne-moi l’autre. Je ne vais pas te faire mal.

– Seigneur, dit la mère, il n’est qu’une plaie. Laisse-moi l’envelopper. Pour toi…

– Cela n’a aucune importance, femme. Je n’éprouve de dégoût que devant l’impureté des cœurs. Donne-moi la main et dis avec moi : “ Je veux être toujours bon comme fils, comme homme et comme croyant dans le Dieu vrai. ” »

L’enfant répète en forçant sa petite voix. C’est toute son âme qui est dans cette voix, toute son espérance… et certainement aussi celle de sa mère.

419.4

Un silence solennel s’est installé dans la pièce et dans la rue. Jésus, qui tient de la main gauche la main droite du malade, lève sa main droite — c’est son geste quand il annonce une vérité ou quand il impose sa volonté aux maladies et aux éléments — et, très droit, solennel, il dit d’une voix puissante :

« Et moi, je veux que tu sois guéri. Lève-toi, mon enfant, et loue le Seigneur. »

Il lâche la petite main qui maintenant est tout à fait saine, maigre, mais sans la moindre lésion, et dit à la mère :

« Découvre ton enfant. »

La femme a le visage de quelqu’un qui attend une sentence de mort ou de grâce. En hésitant, elle enlève les couvertures… pousse un cri et se jette sur le petit corps, très maigre mais sain, le couvre de baisers, l’étreint… elle est folle de joie, si bien qu’elle ne s’aperçoit pas que Jésus s’éloigne du lit et se dirige vers la porte.

Mais le petit malade le voit et dit :

« Bénis-moi, Seigneur, et permets-moi de te bénir. Maman… tu ne remercies pas ?

– Oh ! pardon !… »

La femme, tenant l’enfant dans les bras, se jette aux pieds de Jésus.

« Je comprends, femme. Va en paix et sois heureuse. Adieu, mon enfant, sois bon. Adieu à tous. »

Et il sort.

419.5

Des femmes nombreuses lèvent leurs enfants pour que la bénédiction de Jésus les préserve du mal, à l’avenir. Les petits se faufilent parmi les grandes personnes pour se faire caresser. Et Jésus bénit, caresse, écoute, s’arrête encore pour guérir trois personnes qui ont les yeux malades et quelqu’un qui tremble comme s’il avait la danse de Saint-Guy.[2]

Le voici maintenant au centre du village.

« Il y a ici un de mes parents, qui est sourd-muet de naissance. Il aurait l’esprit éveillé, mais il ne peut rien faire. Guéris-le, Jésus, demande le passeur.

– Conduis-moi à lui. »

Ils entrent dans un petit jardin au fond duquel se trouve un homme jeune, d’environ trente ans, qui puise de l’eau à un puits pour arroser les légumes. Etant sourd et tournant le dos, il ne s’aperçoit pas de ce qui arrive, et il continue imperturbablement son travail, malgré les cris de la foule, si forts que les colombes, effrayées, s’enfuient sur les toits.

Le passeur le rejoint, le prend par le bras et le conduit à Jésus.

Jésus se met en face du malheureux, tout près, vraiment corps contre corps, de façon qu’avec sa langue il touche la langue du muet, qui reste la bouche ouverte. Et, les deux majeurs dans les oreilles du sourd-muet, il prie un instant, les yeux levés au ciel, puis il dit :

« Ouvrez-vous ! »

Et il enlève ses mains et s’écarte.

« Qui es-tu, toi qui me délies la parole et l’ouïe ? » s’écrie le miraculé.[3]

Jésus fait un geste et tente de continuer sa route en sortant par l’arrière de la maison. Mais aussi bien l’homme guéri que le passeur le retiennent, ce dernier en disant : “ C’est Jésus de Nazareth, le Messie ”, et l’autre en s’exclamant : “ Oh ! reste, pour que je t’adore ! ”

– Adore le très-haut, et sois-lui toujours fidèle. Va. Ne perds pas ton temps en paroles inutiles, ne fais pas du miracle un objet de distraction. Sers-toi de la parole pour le bien, écoute avec ton cœur — plus qu’avec les oreilles — les voix de l’Esprit Créateur qui t’aime et te bénit. »

Mais dire à quelqu’un, qui est si heureux, de ne pas parler de son bonheur, c’est inutile ! L’homme guéri se remet de tant d’années de mutisme et de surdité en s’adressant à toute l’assistance.

419.6

Le passeur insiste pour que Jésus entre chez lui pour se reposer et se restaurer. Il se prend pour l’auteur de tout le respect qui entoure Jésus, et s’attache à cette idée. Il veut que son droit soit reconnu.

« Mais c’est moi, le notable du village, dit un vieillard imposant.

– Mais si, moi, je n’avais pas été là avec mes barques, tu n’aurais pas vu Jésus » répond le passeur.

Alors Pierre, toujours franc et impulsif, lance :

« Vraiment… si je n’avais pas été là pour te dire quelque chose, toi… les barques… »

Jésus intervient providentiellement pour mettre tout le monde d’accord.

« Allons auprès du fleuve. J’évangéliserai là, en attendant notre repas — et qu’il soit sobre et frugal, car la nourriture doit servir au corps et non en être la maîtresse —. Que ceux qui veulent m’entendre et m’interroger viennent avec moi. »

Je pourrais dire que le village entier le suit.

419.7

Jésus monte sur une barque qui a été tirée au sec sur la grève et, de cette tribune improvisée, ayant les auditeurs en face de lui, assis en demi-cercle sur la rive et parmi les arbres, il leur parle.

Il prend comme sujet la question que lui pose un homme :

« Notre Loi, Maître, semble désigner ceux qui naissent malheureux comme frappés par Dieu, au point qu’elle leur interdit[4] tout service de l’autel. Mais quelle faute ont-ils commise ? Ne serait-il pas juste de considérer comme coupables les parents qui leur ont donné le jour, leurs mères en particulier ? Et comment devons-nous nous comporter avec ceux qui sont nés malheureux ?

– Ecoutez : un très grand sculpteur, un sculpteur de génie, fit un jour la forme d’une statue et il façonna une œuvre tellement parfaite qu’il s’y complut et dit : “ Je veux que la terre soit remplie de pareilles merveilles. ” Mais, ne pouvant suffire à tant de travail, il appela à son secours d’autres artistes et leur dit : “ Réalisez, sur ce modèle, des dizaines de milliers de statues aussi parfaites. Je leur donnerai la dernière touche en imprimant l’expression à leur physionomie. ” Mais ses adjoints n’étaient pas capables d’y arriver. Ils étaient d’une compétence très inférieure à celle de leur maître ; qui plus est, ils s’étaient légèrement enivrés en goûtant à un fruit dont le suc créait des délires et des brumes. Alors le sculpteur leur donna des moules et leur dit : “ Coulez-y la matière pour la modeler. Ce sera une œuvre exacte et, pour la finir, je lui donnerai la dernière touche pour l’animer. ” Alors les aides se mirent au travail.

Mais le sculpteur avait un grand ennemi : c’était à la fois son ennemi personnel et celui de ses assistants. Cet homme cherchait par tous les moyens à faire faire mauvaise figure au sculpteur et à susciter des brouilles entre ses aides et lui. Dans ce but, il fit intervenir son astuce : tantôt en altérant la matière qu’il fallait couler dans les moules, tantôt en rendant le feu moins vif, tantôt en enivrant les aides. Il advint donc que le régisseur du monde, pour éviter le plus possible que son chef d’œuvre ne sorte sous forme de copies imparfaites, établit des sanctions rigoureuses contre les modèles défectueux. L’une d’elles fut que de telles statues ne pourraient être exposées dans la Maison de Dieu. Là, tout doit être parfait — ou devrait l’être —. Je dis “ devrait ” parce qu’il n’en est pas ainsi. Même si l’apparence est bonne, la réalité ne l’est pas. Ceux qui sont présents dans la Maison de Dieu paraissent sans défauts, mais l’œil de Dieu découvre en eux les plus graves : ceux qui appartiennent au cœur.

419.8

Ah ! le cœur ! En vérité, c’est avec lui que l’on sert Dieu. Il n’est pas besoin et il ne suffit pas d’avoir le regard limpide et l’ouïe parfaite, une voix harmonieuse, un beau corps, pour chanter des louanges agréables à Dieu. Il n’est pas besoin et il ne suffit pas d’avoir de beaux vêtements, propres et parfumés. Ce qui doit être limpide et parfait, harmonieux et bien fait, ce doit être l’esprit dans le regard, dans l’ouïe, dans la voix, dans les formes spirituelles, et celles-ci doivent être ornées de pureté ; voilà le beau vêtement, propre et parfumé de charité ; voilà l’huile embaumée qui plaît à Dieu.

Et quelle charité serait celle d’un homme qui, étant heureux et voyant un malheureux, éprouverait pour lui mépris et haine ? Il faut au contraire redoubler de charité envers la personne qui, bien qu’innocente, est née malheureuse. Le malheur est une peine qui donne du mérite à celui qui le supporte, tout comme à la personne unie à lui, qui le voit et en souffre par amour familial, et peut-être se bat la poitrine, en pensant : “ C’est moi, par mes vices, qui suis la cause de cette peine. ” Le malheur ne doit jamais devenir cause de faute spirituelle pour celui qui le voit. Or c’est le cas si cela entraîne la dureté de cœur. Voilà pourquoi je vous dis : “ Ne manquez jamais de charité envers votre prochain. Est-il né malheureux ? Aimez-le, parce qu’il subit sa grande peine. Est-il devenu malheureux par sa propre faute ? Aimez-le, car sa faute a déjà provoqué son châtiment. Est-il le père d’une personne née malheureuse ou qui l’est devenue ? Aimez-le, car il n’est pas de douleur plus grande que celle d’un père frappé dans son enfant. Est-ce une mère qui a engendré un monstre ? Aimez-la, car elle est littéralement écrasée par cette souffrance, qu’elle croit être la plus inhumaine. Et c’est effectivement une douleur inhumaine.

419.9

Mais bien pire est l’horreur de la femme qui a engendré un monstre de l’âme, qui s’aperçoit qu’elle a enfanté un démon et un danger pour la terre, pour sa patrie, pour sa famille, pour ses amis. Cette mère, cette pauvre mère d’un être féroce, abject, homicide, traître, voleur, corrompu, n’ose même plus lever le front !

Eh bien, je vous demande d’aimer aussi ces femmes, les plus malheureuses, celles qui passeront dans l’histoire sous le nom de mères d’un assassin, d’un traître.

Partout, la terre a entendu les pleurs des mères déchirées par la mort cruelle de leur enfant. Depuis Eve, que de mères ont senti leurs entrailles se déchirer plus cruellement que par les douleurs de l’enfantement… mais que dis-je ? : elles ont senti une main féroce arracher leurs entrailles, et avec elles leur cœur, devant la dépouille de leur enfant assassiné, supplicié, martyrisé par les hommes. En hurlant leur atroce douleur, elles se sont jetées, dans un délire spasmodique d’amour douloureux, sur le corps qui ne les entendait plus, qui ne se réchauffait plus à leur chaleur, qui ne pouvait plus faire le moindre mouvement pour exprimer — par le regard, ou par un geste, s’il ne le pouvait plus par la bouche — : “ Mère, je t’entends. ”

Et pourtant, je vous assure que la terre n’a pas encore entendu le cri ni recueilli les larmes de la femme la plus sainte et de la femme la plus malheureuse, de celles qui resteront éternellement dans le souvenir de l’homme : la Mère du Rédempteur mis à mort, et la mère de celui qui l’aura trahi. Ces deux femmes, martyres de manières différentes, s’entendront gémir à des milles de distance ; et ce sera la Mère innocente et sainte, la plus innocente, l’innocente Mère de l’Innocent, qui dira à sa sœur lointaine, martyre d’un fils, ô combien cruel : “ Ma sœur, je t’aime. ”

Aimez pour être dignes de Celle qui aimera pour tous les hommes et les aimera chacun. L’amour, c’est ce qui sauvera la terre. »

419.10

Jésus descend de sa chaire improvisée et se penche pour caresser un enfant à demi-nu dans sa chemisette, qui se roule sur l’herbe de la grève. Après tant de sublimes paroles, il est doux de voir ainsi le Maître s’intéresser comme un homme ordinaire à un tout-petit, puis rompre le pain, l’offrir, en donner à ses plus proches voisins, s’asseoir et manger comme tout le monde, alors que, certainement, il entend déjà dans son cœur le cri douloureux de sa Mère, et qu’il voit Judas à côté de lui.

Pour moi, qui suis tellement impulsive, cette maîtrise de ses sentiments m’impressionne plus que tout. J’en retire une instruction continuelle. Mais pour ceux qui sont là, il semble qu’ils soient restés absolument fascinés. Pensifs et silencieux, ils mangent en regardant avec vénération le doux Maître d’amour.

419.1

Ecco quanto vedo. Un paesello fluviale di poche case molto modeste. Deve essere quello da cui è partito Gesù quando traghettò[1] in barca il Giordano in piena, perché vedo venire incontro a Gesù, che aveva mandato avanti a preparargli la via l’Iscariota e Tommaso, il barcaiolo con i suoi parenti.

Il barcaiolo, quando vede venire da lontano Gesù, affretta il passo e, giunto davanti a Gesù, si inchina con somma riverenza dicendo: «Bene vieni, o Maestro, ai nostri malati. Essi ti attendono. Ho molto parlato di Te. Tutto il paese ti saluta per bocca mia dicendo: “Benedetto il Messia del Dio altissimo!”».

«La pace a te e a questo paese. Sono qui per voi. Non sarete delusi nelle vostre speranze. Chi crede avrà pietoso il Cielo. Andiamo». E Gesù si pone al fianco del barcaiolo, procedendo verso il centro del paesello.

Donne, bambini, uomini si fanno sulle soglie e poi seguono il piccolo corteo man mano che procede. Ad ogni metro cresce la gente, perché sempre se ne unisce dell’altra alla prima. Chi saluta e chi benedice e chi invoca.

419.2

­«Maestro», grida una madre, «mio figlio è malato. Vieni, benedetto!».

E Gesù devia verso una povera casa, pone una mano sulla spalla della madre tutta in lacrime e chiede: «Dove è tuo figlio?».

«Qui, Maestro, vieni».

Entrano la madre, Gesù, il barcaiolo, Pietro, Giovanni, il Taddeo e dei popolani. Gli altri si affollano sulla porta e guardano allungando i colli per vedere.

In un angolo della povera e scura cucina è un letticciuolo presso il focolare acceso. E, sopra, un cadaverino di fanciullo sui sette anni. Dico un cadaverino tanto è consumato, giallognolo, senza moto. Solo l’ansito rantoloso del piccolo petto, malato direi di tubercolosi.

«Guarda, Maestro. Ho speso tutte le mie risorse per salvare almeno questo. Non ho più marito, gli altri due figli mi sono morti alla stessa età di questo. L’ho portato fin a Cesarea marittima per mostrarlo ad un medico romano. Ma non ha saputo che dirmi: “Rassegnati. La carie lo rode”. Guarda…».

E la madre scopre il povero esserino gettando indietro le coperte. Là dove non sono fasce, sono ossicina sporgenti da una pelle arsa e giallognola. Ma poca parte di corpo è scoperta. L’altra è sotto bende e pannolini che, quando vengono levati dalla madre, mostrano i caratteristici buchi gementi delle carie ossee. Uno spettacolo miserando.

419.3

Il malatino è così abbattuto che non fa gesto. Pare non si tratti neppure di lui. Apre appena gli occhi incavati e intontiti e dà uno sguardo indifferente, direi infastidito, alla folla. Poi li richiude.

Gesù lo carezza. Pone la sua lunga mano sulla testolina abbandonata, e il bambino riapre gli occhi guardando con più interesse quell’uomo sconosciuto, che lo tocca con tanto amore e che gli sorride con tanta pietà.

«Vuoi guarire?». Gesù parla piano, curvandosi sulla faccina smunta. Prima ha ricoperto il corpicino dicendo alla madre, che voleva porre altre fasce: «Non occorre, donna. Lascia così».

Il malatino annuisce senza parlare.

«Perché?».

«Per la mamma mia», dice la vocina esile esile. La madre piange più forte.

«Sarai sempre buono se guarisci? Un buon figlio? Un buon cittadino? Un buon fedele?». Fa le domande ben staccate, per dare tempo al piccolo di rispondere singolarmente. «Ti ricorderai quanto prometti ora? Sempre?».

I lievi, e pur tanto profondi di desiderio, «sì» cadono uno dopo l’altro come tanti sospiri d’anima.

«Dammi una mano, piccolo». Il malatino vuol dare quella sana, la sinistra. Ma Gesù dice: «L’altra dammi. Non ti farò male».

«Signore», dice la madre, «è tutta una piaga. Lascia che io la fasci. Per Te…».

«Non importa, donna. Non ho ribrezzo che delle impurità dei cuori. Dammi la mano e di’ con Me: “Voglio esser sempre buono come figlio, come uomo e come credente nel Dio vero”».

Il bambino ripete forzando la vocina. Oh! c’è tutta la sua anima in quella voce, e la speranza… e certo anche quella della madre.

419.4

­Un silenzio solenne si è fatto nella stanza e nella via. Gesù, che tiene con la sinistra la destra del malato, alza la sua mano destra — la sua mossa di quando annuncia una verità o di quando impone la sua volontà ai morbi e agli elementi — e diritto, solenne, con voce potente dice: «Ed Io voglio che tu sii sanato. Sorgi, fanciullo, e loda il Signore»; e gli lascia andare la manina, che ora è tutta sana, magra, ma senza la minima escoriazione, e dice alla madre: «Scopri la tua creatura».

La donna, che ha un viso di chi è fra una sentenza di morte e una di grazia, leva titubante le coperte… e ha un urlo e si getta sul corpicino magrissimo ma sano, lo bacia, lo stringe… è folle di gioia. Tanto da non vedere che Gesù si allontana dal letto e si avvia alla porta.

Ma il malatino vede e dice: «Benedicimi, o Signore, e lascia che io ti benedica. Mamma… non ringrazi?».

«Oh! perdono!…». La donna, col bambino fra le braccia, si getta ai piedi di Gesù.

«Comprendo, donna. Va’ in pace e sii felice. Addio, bambino. Sii buono. Addio a tutti». Ed esce.

419.5

Donne e donne alzano i loro bambini perché la benedizione di Gesù li preservi in futuro dal male. Piccoli si intrufolano fra i grandi per farsi carezzare. E Gesù benedice, carezza, ascolta, si ferma ancora a guarire tre malati agli occhi ed uno che trema tutto come per ballo di S. Vito[2]. Ora è al centro del paese.

«Vi è qui un mio parente sordo e muto di nascita. Sarebbe sveglio di mente, ma non può nulla fare. Guariscilo, Gesù», dice il barcaiolo.

«Conducimi a lui».

Entrano in un orticello in fondo al quale è un giovane sulla trentina, che attinge l’acqua a un pozzo e la versa sulle verdure. Nella sua sordità, avendo le spalle voltate, non si accorge di quanto avviene e continua imperterrito la sua occupazione, nonostante i gridi della folla siano tanto forti da impaurire i colombi sui tetti.

Il barcaiolo lo raggiunge, lo prende per un braccio e lo conduce da Gesù.

Gesù si pone di fronte all’infelice, molto accosto, proprio corpo contro corpo, di modo che con la sua lingua tocca la lingua del muto che sta a bocca aperta e, con i due medi nelle orecchie del sordomuto, prega un attimo con gli occhi levati al cielo, poi dice: «Apritevi!», e leva le mani e si scosta.

«Chi sei che mi sleghi parola e udito?», grida il miracolato[3].

Gesù fa un gesto e cerca proseguire uscendo dal dietro della casa. Ma tanto il guarito che il barcaiolo lo trattengono, uno dicendo: «È Gesù di Nazaret, il Messia», e l’altro esclamando: «Oh! resta, che io ti adori!».

«Adora il Dio altissimo e siigli sempre fedele. Va’. Non perdere tempo in inutili parole, non fare del miracolo oggetto di umano passatempo. Usa la favella nel bene, più che con le orecchie ascolta col cuore le voci dello Spirito Creatore che ti ama e benedice».

Ma sì! Dire ad uno, tanto felice, di non parlare della sua felicità, è inutile! Il guarito si rifà dei tanti anni di mutismo e di sordità parlando con tutti i presenti.

419.6

Il barcaiolo insiste perché Gesù entri nella sua casa per riposarsi e prendere ristoro. Si sente l’autore di tutto il rispetto che circonda Gesù e se ne tiene. Vuole sia riconosciuto il suo diritto.

«Ma io sono il notabile del paese», dice un vecchione imponente.

«Ma se non ero io con le mie barche, tu Gesù non lo vedevi», risponde il barcaiolo.

E Pietro, sempre schietto e impulsivo: «Veramente… se non ero io a dirti una cosetta, tu… le barche…».

Gesù interviene provvidenzialmente, facendo contenti tutti. «Andiamo presso al fiume. Là, in attesa del cibo, e sia parco e frugale perché il cibo deve servire al corpo e non essere scopo del corpo, Io evangelizzerò. Chiunque vorrà udirmi e interrogarmi venga con Me».

Potrei dire che il paese intero lo segue.

419.7

Gesù sale su una barca tirata in secco sul greto e da quella tribuna improvvisata, avendo di fronte, seduti a semicerchio sulla riva e fra le piante, gli uditori, parla loro.

Prende lo spunto dalla domanda che fa un uomo: «La nostra Legge, Maestro, quasi indica come colpiti da Dio coloro che nascono infelici, tanto che vieta[4] loro ogni servizio all’altare. Ma che colpa ne hanno costoro? Non sarebbe giusto riputare colpevoli i loro genitori che li danno alla luce infelici? Le madri in specie? E come dobbiamo comportarci con questi nati disgraziati?».

«Udite. Uno scultore sommo e perfetto fece un giorno la forma di una statua, e ne fece un’opera tanto perfetta che se ne compiacque e disse: “Voglio che la Terra sia piena di tale meraviglia”. Ma da sé solo non poteva sopperire a tale lavoro. Chiamò allora in suo aiuto altre persone e disse loro: “Su questo modello fatemi mille e diecimila statue ugualmente perfette. Io poi darò loro l’ultimo tocco, infondendo espressione alle loro fisionomie”. Ma gli aiutanti non erano capaci di tanto, anche perché, oltre ad essere molto inferiori nella capacità del loro maestro, si erano resi un poco ebbri, avendo gustato un frutto il cui succo crea deliri e nebbie. Allora lo scultore dette loro come delle forme e disse: “In esse modellate la materia; sarà opera giusta ed io la farò completa avvivandola dell’ultimo colpo”. E gli aiutanti si misero all’opera.

Ma lo scultore aveva un grande nemico. Nemico suo personale e nemico dei suoi aiutanti, il quale cercava con ogni mezzo di far sfigurare lo scultore e di mettere dissapori fra lui e i suoi aiutanti. Perciò costui nelle opere di essi mise la sua astuzia, là alterando la materia da colare nella forma, qua indebolendo il fuoco, più oltre assonnando gli aiutanti. Onde avvenne che il reggitore del mondo, per cercare di impedire il più possibile che l’opera uscisse in copie imperfette, mise sanzioni gravi contro quei modelli usciti in modo imperfetto. Ed una fu che tali modelli non potessero esser esposti nella Casa di Dio. Là tutto deve, o dovrebbe, esser perfetto. Dico: dovrebbe, perché non è così. Anche se l’apparenza è buona, buona non è la real­tà. I presenti nella Casa di Dio paiono senza difetti, ma l’occhio di Dio scopre in essi i più gravi. Quelli che sono del cuore.

419.8

­Oh! il cuore! È con quello che si serve Dio; in verità, è con quello. Non occorre né basta aver occhio limpido e udito perfetto, voce armoniosa, belle membra, per cantare le lodi gradite a Dio. Non occorre né basta aver belle vesti e monde e profumate. Limpido e perfetto, armonico e ben costrutto deve esser lo spirito nello sguardo, nell’udito, nella voce, nelle forme spirituali, e queste devono essere ornate di purezza: ecco la veste bella e monda, e profumata di carità; ecco l’olio saturo d’essenza che piace a Dio.

E che carità sarebbe quella di uno che, essendo felice e vedendo un infelice, avesse per lui scherno e odio? Ma, anzi, doppia e tripla carità va data a chi, incolpevole, è nato infelice. L’in­felicità è pena che dà merito a chi la porta e a chi, congiunto al colpito, la vede portare e ne soffre per amor di parente, e forse si batte il petto pensando: “Causa di questa pena io sono, con i miei vizi”. E non deve mai divenire causa di colpa spirituale in chi la vede. Colpa diviene se diviene anticarità. Onde Io vi dico: non siate mai senza carità col vostro prossimo. È nato infelice? Amatelo perché porta la sua gran pena. È divenuto infelice per sua colpa? Amatelo perché la sua colpa già si è mutata in castigo. È genitore di un infelice nato tale o divenuto tale? Amatelo perché non vi è pena più grande di un dolore di genitore colpito nella sua creatura. È una madre che ha generato un mostro? Amatela perché ella è letteralmente schiacciata da quel dolore che crede il più inumano. Inumano è.

419.9

Ma più ancora è il dolore di una che è madre di un mostro d’anima, la quale si accorge di aver partorito un demonio e un pericolo per la Terra, per la patria, per la famiglia, per gli amici. Oh! che questa non osa più neppure alzare la fronte, povera madre di un feroce, di un abbietto, di un omicida, di un traditore, di un ladro, di un corrotto! Ebbene, Io vi dico: amate anche queste madri, le più infelici. Quelle che nei secoli passeranno col nome di madri di un assassino, di un traditore.

Ovunque la Terra ha udito il pianto delle madri straziate da una morte crudele del proprio figlio. Da Eva in poi, quante madri si sono sentite lacerare le viscere più che nelle doglie del parto — ma che dico? — si sono sentite sradicare le viscere e con esse il cuore da una mano feroce davanti al cadavere del figlio assassinato, giustiziato, martirizzato dagli uomini, e hanno ululato il loro spasimo, avvoltolandosi con un delirio di spasmodico amor doloroso sulla spoglia che non le udiva più, che non si scaldava più al loro calore, che non poteva più fare un moto per dire con lo sguardo, o col gesto, se più non poteva con la bocca: “Madre, io ti odo”.

Eppure Io vi dico che ancor la Terra non ha udito il grido e raccolto il pianto della più santa e della più infelice. Di quelle che saranno eterne nel ricordo dell’uomo. La Madre dell’ucciso Redentore e la madre di colui che sarà il suo traditore. Queste due, martiri in diverso modo, si udiranno, attraverso le miglia, si udiranno gemere, e sarà la Madre innocente e santa, la più innocente, l’innocente Madre dell’Innocente, quella che dirà alla sorella lontana, martire di un figlio crudele più che d’ogni altra cosa: “Sorella, io ti amo”.

Amate per esser degni di Questa che amerà per tutti e amerà tutti. L’amore è quello che salverà la Terra».

419.10

­E Gesù scende dal suo rustico pulpito e si china a carezzare un bambinello seminudo nella sua camicetta, che si rotola sull’erba del greto. Dopo tante sublimi parole di Maestro, è dolce vederlo così, interessarsi di un pargolo, come un semplice uomo, e poi spezzare il pane e offrirlo e darlo ai più vicini e sedersi e mangiare umanamente, mentre certo nel cuore già sente l’ululo di sua Madre e vede Giuda al suo fianco.

A me fa più impressione, a me così impulsiva, questo suo dominio sui sentimenti di molte altre cose. È una lezione continua che io ne ho. Ma gli astanti, invece, pare che siano rimasti addirittura affascinati. Mangiano pensosi e silenziosi, guardando con venerazione il dolce Maestro d’amore.


Notes

  1. traversa, en 361.10/12.
  2. la danse de saint-Guy est le nom familier d’une maladie du système nerveux, la chorée, caractérisée par des contractions musculaires et par des mouvements involontaires.
  3. s’écrie le miraculé : il parle donc, alors qu’il était sourd-muet de naissance. C’est un miracle dans le miracle, comme en 341.6.
  4. interdit, en Lv 21, 16-24.

Note

  1. traghettò, in 361.10/12.
  2. ballo di S. Vito è il nome che si dà ad una malattia del sistema nervoso, caratterizzata da contrazioni muscolari e da movimenti involontari.
  3. grida il miracolato, il quale parla, dunque, pur essendo stato sordo e muto dalla nascita: un miracolo nel miracolo, come in 341.6.
  4. vieta, in: Levitico 21, 16-24.