The Writings of Maria Valtorta

419. Guérisons dans un hameau de la Décapole.

419. Healing in a small town of Decapolis.

419.1

Je vois, au bord du fleuve, un hameau constitué de quelques maisons très modestes. Ce doit être de là qu’est parti Jésus, quand il traversa[1] en barque le Jourdain en crue. En effet, je vois le passeur venir avec sa famille à la rencontre de Jésus, qui avait envoyé en avant Judas et Thomas pour lui préparer le chemin.

Le passeur, voyant de loin venir Jésus, hâte le pas et, arrivé devant lui, il s’incline en une très profonde révérence :

« Tu arrives bien, Maître, pour nos malades. Ils t’attendent. J’ai beaucoup parlé de toi. Tout le village te salue par mon intermédiaire en disant : “ Béni soit le Messie du Dieu très-haut. ”

– Paix à toi et à ce village. Je suis ici pour vous. Vos espoirs ne seront pas déçus. Le Ciel aura pitié de ceux qui croient. Allons. »

Et Jésus se met à côté du passeur pour se diriger vers le centre du hameau.

Femmes, enfants, hommes paraissent sur le seuil des maisons, puis suivent le petit cortège à mesure qu’il avance. A chaque mètre, la foule augmente, car il arrive toujours des gens pour se joindre à ceux qui étaient déjà là. On salue, on bénit, on invoque.

419.2

« Maître, crie une mère, mon enfant est malade. Viens, Béni ! »

Et Jésus se détourne vers une pauvre maison, pose la main sur l’épaule de la mère en larmes et demande :

« Où est ton fils ?

– Ici, Maître, viens. »

Entrent dans la maison la mère, Jésus, le passeur, Pierre, Jean, Jude et certaines personnes du petit peuple. Les autres se massent à la porte et allongent le cou pour voir.

Dans un coin de la pauvre et sombre cuisine, se trouve un petit lit près d’un feu allumé et, dessus, gît le petit cadavre d’un enfant d’environ sept ans. Je dis “ un petit cadavre ” tant il est chétif, jaunâtre, sans mouvement, à part le râle haletant de la petite poitrine malade de tuberculose, à ce qu’il me semble.

« Regarde, Maître. J’ai dépensé toutes mes ressources pour le sauver, lui au moins. Je n’ai plus de mari. Mes deux autres enfants sont morts à peu près au même âge que lui. Je l’ai conduit jusqu’à Césarée Maritime pour le montrer à un médecin romain. Mais il n’a su que me dire : “ Résigne-toi. La carie le ronge. ” Regarde… »

La mère découvre alors le pauvre petit être en rejetant en arrière les couvertures. Là où il n’y a pas de bandes, de petits os font saillie sous une peau brûlée et jaunâtre. Mais seule une petite partie du corps est découverte, l’autre est sous les bandes et les linges qui, lorsque la mère les enlève, montrent les trous suintants caractéristiques de la carie osseuse. C’est un spectacle pitoyable.

419.3

Le petit malade est si abattu qu’il ne fait pas un geste. On dirait qu’il ne s’agit même pas de lui. Il ouvre à peine ses yeux caves et hébétés et jette sur la foule un regard indifférent, ennuyé, pourrais-je même dire, puis il les referme.

Jésus le caresse. Il pose sa longue main sur la petite tête qui s’abandonne, et l’enfant rouvre les yeux pour regarder avec plus d’intérêt cet inconnu qui le touche avec tant d’amour et lui sourit avec tant de pitié.

« Veux-tu guérir ? »

Jésus parle doucement en se penchant sur la petite figure émaciée. Il a d’abord recouvert le petit corps, en disant à la mère qui voulait changer les linges :

« Ce n’est pas la peine, femme. Laisse-le ainsi. »

Sans parler, le petit malade fait signe que oui.

« Pourquoi ?

– Pour maman » dit la petite voix faible, si faible.

Les pleurs de la mère redoublent.

« Seras-tu toujours bon si tu guéris ? Un bon fils ? Un bon citoyen ? Un bon fidèle ? »

Il pose chaque question en la détachant bien, pour laisser au petit le temps d’y répondre une à une.

« Te souviendras-tu de ce que tu promets maintenant ? Toujours ? »

Les “ oui ”, qui en dépit de leur faiblesse expriment un profond désir, tombent l’un après l’autre, comme autant de soupirs de l’âme.

« Donne-moi une main, mon enfant. »

Le petit malade veut donner la gauche qui est saine. Mais Jésus dit :

« Donne-moi l’autre. Je ne vais pas te faire mal.

– Seigneur, dit la mère, il n’est qu’une plaie. Laisse-moi l’envelopper. Pour toi…

– Cela n’a aucune importance, femme. Je n’éprouve de dégoût que devant l’impureté des cœurs. Donne-moi la main et dis avec moi : “ Je veux être toujours bon comme fils, comme homme et comme croyant dans le Dieu vrai. ” »

L’enfant répète en forçant sa petite voix. C’est toute son âme qui est dans cette voix, toute son espérance… et certainement aussi celle de sa mère.

419.4

Un silence solennel s’est installé dans la pièce et dans la rue. Jésus, qui tient de la main gauche la main droite du malade, lève sa main droite — c’est son geste quand il annonce une vérité ou quand il impose sa volonté aux maladies et aux éléments — et, très droit, solennel, il dit d’une voix puissante :

« Et moi, je veux que tu sois guéri. Lève-toi, mon enfant, et loue le Seigneur. »

Il lâche la petite main qui maintenant est tout à fait saine, maigre, mais sans la moindre lésion, et dit à la mère :

« Découvre ton enfant. »

La femme a le visage de quelqu’un qui attend une sentence de mort ou de grâce. En hésitant, elle enlève les couvertures… pousse un cri et se jette sur le petit corps, très maigre mais sain, le couvre de baisers, l’étreint… elle est folle de joie, si bien qu’elle ne s’aperçoit pas que Jésus s’éloigne du lit et se dirige vers la porte.

Mais le petit malade le voit et dit :

« Bénis-moi, Seigneur, et permets-moi de te bénir. Maman… tu ne remercies pas ?

– Oh ! pardon !… »

La femme, tenant l’enfant dans les bras, se jette aux pieds de Jésus.

« Je comprends, femme. Va en paix et sois heureuse. Adieu, mon enfant, sois bon. Adieu à tous. »

Et il sort.

419.5

Des femmes nombreuses lèvent leurs enfants pour que la bénédiction de Jésus les préserve du mal, à l’avenir. Les petits se faufilent parmi les grandes personnes pour se faire caresser. Et Jésus bénit, caresse, écoute, s’arrête encore pour guérir trois personnes qui ont les yeux malades et quelqu’un qui tremble comme s’il avait la danse de Saint-Guy.[2]

Le voici maintenant au centre du village.

« Il y a ici un de mes parents, qui est sourd-muet de naissance. Il aurait l’esprit éveillé, mais il ne peut rien faire. Guéris-le, Jésus, demande le passeur.

– Conduis-moi à lui. »

Ils entrent dans un petit jardin au fond duquel se trouve un homme jeune, d’environ trente ans, qui puise de l’eau à un puits pour arroser les légumes. Etant sourd et tournant le dos, il ne s’aperçoit pas de ce qui arrive, et il continue imperturbablement son travail, malgré les cris de la foule, si forts que les colombes, effrayées, s’enfuient sur les toits.

Le passeur le rejoint, le prend par le bras et le conduit à Jésus.

Jésus se met en face du malheureux, tout près, vraiment corps contre corps, de façon qu’avec sa langue il touche la langue du muet, qui reste la bouche ouverte. Et, les deux majeurs dans les oreilles du sourd-muet, il prie un instant, les yeux levés au ciel, puis il dit :

« Ouvrez-vous ! »

Et il enlève ses mains et s’écarte.

« Qui es-tu, toi qui me délies la parole et l’ouïe ? » s’écrie le miraculé.[3]

Jésus fait un geste et tente de continuer sa route en sortant par l’arrière de la maison. Mais aussi bien l’homme guéri que le passeur le retiennent, ce dernier en disant : “ C’est Jésus de Nazareth, le Messie ”, et l’autre en s’exclamant : “ Oh ! reste, pour que je t’adore ! ”

– Adore le très-haut, et sois-lui toujours fidèle. Va. Ne perds pas ton temps en paroles inutiles, ne fais pas du miracle un objet de distraction. Sers-toi de la parole pour le bien, écoute avec ton cœur — plus qu’avec les oreilles — les voix de l’Esprit Créateur qui t’aime et te bénit. »

Mais dire à quelqu’un, qui est si heureux, de ne pas parler de son bonheur, c’est inutile ! L’homme guéri se remet de tant d’années de mutisme et de surdité en s’adressant à toute l’assistance.

419.6

Le passeur insiste pour que Jésus entre chez lui pour se reposer et se restaurer. Il se prend pour l’auteur de tout le respect qui entoure Jésus, et s’attache à cette idée. Il veut que son droit soit reconnu.

« Mais c’est moi, le notable du village, dit un vieillard imposant.

– Mais si, moi, je n’avais pas été là avec mes barques, tu n’aurais pas vu Jésus » répond le passeur.

Alors Pierre, toujours franc et impulsif, lance :

« Vraiment… si je n’avais pas été là pour te dire quelque chose, toi… les barques… »

Jésus intervient providentiellement pour mettre tout le monde d’accord.

« Allons auprès du fleuve. J’évangéliserai là, en attendant notre repas — et qu’il soit sobre et frugal, car la nourriture doit servir au corps et non en être la maîtresse —. Que ceux qui veulent m’entendre et m’interroger viennent avec moi. »

Je pourrais dire que le village entier le suit.

419.7

Jésus monte sur une barque qui a été tirée au sec sur la grève et, de cette tribune improvisée, ayant les auditeurs en face de lui, assis en demi-cercle sur la rive et parmi les arbres, il leur parle.

Il prend comme sujet la question que lui pose un homme :

« Notre Loi, Maître, semble désigner ceux qui naissent malheureux comme frappés par Dieu, au point qu’elle leur interdit[4] tout service de l’autel. Mais quelle faute ont-ils commise ? Ne serait-il pas juste de considérer comme coupables les parents qui leur ont donné le jour, leurs mères en particulier ? Et comment devons-nous nous comporter avec ceux qui sont nés malheureux ?

– Ecoutez : un très grand sculpteur, un sculpteur de génie, fit un jour la forme d’une statue et il façonna une œuvre tellement parfaite qu’il s’y complut et dit : “ Je veux que la terre soit remplie de pareilles merveilles. ” Mais, ne pouvant suffire à tant de travail, il appela à son secours d’autres artistes et leur dit : “ Réalisez, sur ce modèle, des dizaines de milliers de statues aussi parfaites. Je leur donnerai la dernière touche en imprimant l’expression à leur physionomie. ” Mais ses adjoints n’étaient pas capables d’y arriver. Ils étaient d’une compétence très inférieure à celle de leur maître ; qui plus est, ils s’étaient légèrement enivrés en goûtant à un fruit dont le suc créait des délires et des brumes. Alors le sculpteur leur donna des moules et leur dit : “ Coulez-y la matière pour la modeler. Ce sera une œuvre exacte et, pour la finir, je lui donnerai la dernière touche pour l’animer. ” Alors les aides se mirent au travail.

Mais le sculpteur avait un grand ennemi : c’était à la fois son ennemi personnel et celui de ses assistants. Cet homme cherchait par tous les moyens à faire faire mauvaise figure au sculpteur et à susciter des brouilles entre ses aides et lui. Dans ce but, il fit intervenir son astuce : tantôt en altérant la matière qu’il fallait couler dans les moules, tantôt en rendant le feu moins vif, tantôt en enivrant les aides. Il advint donc que le régisseur du monde, pour éviter le plus possible que son chef d’œuvre ne sorte sous forme de copies imparfaites, établit des sanctions rigoureuses contre les modèles défectueux. L’une d’elles fut que de telles statues ne pourraient être exposées dans la Maison de Dieu. Là, tout doit être parfait — ou devrait l’être —. Je dis “ devrait ” parce qu’il n’en est pas ainsi. Même si l’apparence est bonne, la réalité ne l’est pas. Ceux qui sont présents dans la Maison de Dieu paraissent sans défauts, mais l’œil de Dieu découvre en eux les plus graves : ceux qui appartiennent au cœur.

419.8

Ah ! le cœur ! En vérité, c’est avec lui que l’on sert Dieu. Il n’est pas besoin et il ne suffit pas d’avoir le regard limpide et l’ouïe parfaite, une voix harmonieuse, un beau corps, pour chanter des louanges agréables à Dieu. Il n’est pas besoin et il ne suffit pas d’avoir de beaux vêtements, propres et parfumés. Ce qui doit être limpide et parfait, harmonieux et bien fait, ce doit être l’esprit dans le regard, dans l’ouïe, dans la voix, dans les formes spirituelles, et celles-ci doivent être ornées de pureté ; voilà le beau vêtement, propre et parfumé de charité ; voilà l’huile embaumée qui plaît à Dieu.

Et quelle charité serait celle d’un homme qui, étant heureux et voyant un malheureux, éprouverait pour lui mépris et haine ? Il faut au contraire redoubler de charité envers la personne qui, bien qu’innocente, est née malheureuse. Le malheur est une peine qui donne du mérite à celui qui le supporte, tout comme à la personne unie à lui, qui le voit et en souffre par amour familial, et peut-être se bat la poitrine, en pensant : “ C’est moi, par mes vices, qui suis la cause de cette peine. ” Le malheur ne doit jamais devenir cause de faute spirituelle pour celui qui le voit. Or c’est le cas si cela entraîne la dureté de cœur. Voilà pourquoi je vous dis : “ Ne manquez jamais de charité envers votre prochain. Est-il né malheureux ? Aimez-le, parce qu’il subit sa grande peine. Est-il devenu malheureux par sa propre faute ? Aimez-le, car sa faute a déjà provoqué son châtiment. Est-il le père d’une personne née malheureuse ou qui l’est devenue ? Aimez-le, car il n’est pas de douleur plus grande que celle d’un père frappé dans son enfant. Est-ce une mère qui a engendré un monstre ? Aimez-la, car elle est littéralement écrasée par cette souffrance, qu’elle croit être la plus inhumaine. Et c’est effectivement une douleur inhumaine.

419.9

Mais bien pire est l’horreur de la femme qui a engendré un monstre de l’âme, qui s’aperçoit qu’elle a enfanté un démon et un danger pour la terre, pour sa patrie, pour sa famille, pour ses amis. Cette mère, cette pauvre mère d’un être féroce, abject, homicide, traître, voleur, corrompu, n’ose même plus lever le front !

Eh bien, je vous demande d’aimer aussi ces femmes, les plus malheureuses, celles qui passeront dans l’histoire sous le nom de mères d’un assassin, d’un traître.

Partout, la terre a entendu les pleurs des mères déchirées par la mort cruelle de leur enfant. Depuis Eve, que de mères ont senti leurs entrailles se déchirer plus cruellement que par les douleurs de l’enfantement… mais que dis-je ? : elles ont senti une main féroce arracher leurs entrailles, et avec elles leur cœur, devant la dépouille de leur enfant assassiné, supplicié, martyrisé par les hommes. En hurlant leur atroce douleur, elles se sont jetées, dans un délire spasmodique d’amour douloureux, sur le corps qui ne les entendait plus, qui ne se réchauffait plus à leur chaleur, qui ne pouvait plus faire le moindre mouvement pour exprimer — par le regard, ou par un geste, s’il ne le pouvait plus par la bouche — : “ Mère, je t’entends. ”

Et pourtant, je vous assure que la terre n’a pas encore entendu le cri ni recueilli les larmes de la femme la plus sainte et de la femme la plus malheureuse, de celles qui resteront éternellement dans le souvenir de l’homme : la Mère du Rédempteur mis à mort, et la mère de celui qui l’aura trahi. Ces deux femmes, martyres de manières différentes, s’entendront gémir à des milles de distance ; et ce sera la Mère innocente et sainte, la plus innocente, l’innocente Mère de l’Innocent, qui dira à sa sœur lointaine, martyre d’un fils, ô combien cruel : “ Ma sœur, je t’aime. ”

Aimez pour être dignes de Celle qui aimera pour tous les hommes et les aimera chacun. L’amour, c’est ce qui sauvera la terre. »

419.10

Jésus descend de sa chaire improvisée et se penche pour caresser un enfant à demi-nu dans sa chemisette, qui se roule sur l’herbe de la grève. Après tant de sublimes paroles, il est doux de voir ainsi le Maître s’intéresser comme un homme ordinaire à un tout-petit, puis rompre le pain, l’offrir, en donner à ses plus proches voisins, s’asseoir et manger comme tout le monde, alors que, certainement, il entend déjà dans son cœur le cri douloureux de sa Mère, et qu’il voit Judas à côté de lui.

Pour moi, qui suis tellement impulsive, cette maîtrise de ses sentiments m’impressionne plus que tout. J’en retire une instruction continuelle. Mais pour ceux qui sont là, il semble qu’ils soient restés absolument fascinés. Pensifs et silencieux, ils mangent en regardant avec vénération le doux Maître d’amour.

419.1

This is what I see. A little river in a village consisting of few modest houses. It must be the one from which Jesus came when, in a boat, He crossed[1] the Jordan in flood, because I see the boatman and his relatives come to meet Jesus, Who had sent the Iscariot and Thomas ahead, to prepare the way for Him.

The boatman, when he sees Jesus coming from afar, quickens his step and when he is before Him, he bows most reverently saying: «You are welcomed, Master, by our sick people. They are waiting for You. I told them much about You. The entire village greets You through my lips saying: “Blessed be the Messiah of the Most High God!”»

«Peace to you and to this village. I am here for you. You will not be disappointed in your hopes. Those who believe will find Heaven merciful. Let us go.» And Jesus proceeds towards the centre of the village, walking beside the boatman.

Men, women and children appear at the doors and then follow the little procession, as it advances. At every step the people grow in numbers as many more join those already there. Some greet, some bless, some invoke.

419.2

«Master» shouts a mother «my son is ill. Come, Blessed One!»

And Jesus deviates towards a poor house, He lays one hand on the shoulder of the mother in tears and asks: «Where is your son?»

«Here, Master, come.»

The mother, Jesus, the boatman, Peter, John, Thaddeus and some local people go in. The others crowd at the door and look in craning their necks to see.

In a corner of the poor dark kitchen there is a little bed near the glimmering fireplace. On the bed there is the little corpse of a child about seven years old. I say a little corpse because he is so emaciated, yellowish, motionless. One is aware only of the heavy panting of the little chest, affected, I would say, by tubercolosis.

«Look, Master. I have spent all my resources to save at least this one. I am a widow, the other two sons died at the same age as this one is at present. I took him as far as Caesarea on the Sea to have him visited by a Roman doctor. But all he could say to me was: “Resign yourself. Caries is corroding him”. Look…»

And the mother uncovers the poor little thing, pushing the blankets back. Where there are no bandages, there are little bones protruding from a parched yellowish skin. But only a tiny part of the body is uncovered. The rest is covered with bandages and linen and when the mother removes them, they shows the characteristic dripping holes of osseus caries. A pitiful sight.

419.3

The sick boy is so prostrate that he makes no gesture. He does not even seem to be involved. He just opens his hollow dull eyes, he casts an indifferent, I would say annoyed, glance at the people and then closes them again.

Jesus caresses him. He lays His long hand on the little abandoned head, and the child opens his eyes again, looking with more interest at the unknown man, who is touching him with so much tenderness and is smiling with so much sympathy.

«Do you want to be cured?» Jesus says to him in a low voice, bending over his wan face. He had previously covered the little body saying to the mother, who wanted to put some more bandages: «It is not necessary, woman. Leave him thus.»

The little patient nods without speaking.

«Why?»

«For my mother» he says in a very faint voice. His mother weeps more grievously.

«Will you always be good if you are cured? A good son? A good citizen? A good believer?» He asks the questions separating them clearly, to give the child time to answer each one. «Will you always remember what you are now promising?»

The feeble, yet so deep in desire, «yes», is uttered repeatedly, like a succession of sighs from his soul.

«Give me your hand, My little one.» The little patient wants to give his healthy one, the left one. But Jesus says: «Give Me the other one. I will not hurt you.»

«Lord» says the mother «it’s one big sore. Let me bandage it. For You…»

«It does not matter, woman. I am disgusted only at the impurities of hearts. Give Me your hand and say with Me: “I want to be always good as a son, as a man, as a believer in the true God”.»

The boy repeats stressing his voice. Oh! His whole soul is in his voice, and his hope as well… and certainly also his mother’s.

419.4

A solemn silence has fallen in the room and in the street. Jesus, Who is holding the boy’s right hand with His left one, lifts His right one, with the gesture as when He announces a truth, or when He imposes His will on diseases and elements, and standing solemnly upright, He says in a powerful voice: «And I want you to be cured. Rise, child, and praise the Lord» and He releases the little hand which is now completely healed, thin, but without the least excoriation, and He says to the mother: «Uncover your child.»

The woman, who looks as if she were between a death sentence and one of mercy, removes the blankets hesitantly… and she utters a cry and throws herself on the very lean but wholesome body, kissing and embracing it… mad with joy. So much so that she does not see Jesus going away from the bed towards the door.

But the boy sees and says: «Bless me, Lord, and allow me to bless You. Mother… are you not thanking?»

«Oh! forgive me…» The woman, with the child in her arms, throws herself at Jesus’ feet.

«I understand, woman. Go in peace and be happy. Goodbye, boy, Be good. Goodbye, everybody.» And He goes out.

419.5

Many women lift up their children so that Jesus’ blessing may preserve them from evil in future. Little ones creep through adults to be caressed. And Jesus blesses, caresses, listens. He stops to cure also three people with diseased eyes and a man trembling as if he were affected by St. Vitus’ dance[2]. He is now in the centre of the village.

«There is a relative of mine here, deaf-and-dumb from birth. He is quick-witted, but he cannot do anything. Cure him, Jesus» says the boatman.

«Take Me to him.»

They enter a small kitchen garden at the end of which there is a young man, about thirty years old, who is drawing water from a well and pouring it on vegetables. As he is deaf and with his back turned, he does not notice what is happening and he calmly goes on with his work, despite the fact that the shouts of the crowd are so loud as to frighten the doves on the roofs.

The boatman goes towards him, takes him by the arm and leads him to Jesus.

Jesus stands in front of the unhappy fellow, very close to him, body against body, so that with His tongue He touches the tongue of the dumb man, who is standing with his mouth open, and with His middle-fingers in the ears of the deaf-mute, He prays for a moment with His eyes raised to the sky. He then says: «Be opened!» and removing His fingers He steps aside.

«Who are You Who have loosened my tongue and ears?» shouts the man cured miraculously.

Jesus makes a gesture and tries to proceed going out from the rear of the house. But both the cured man and the boatman hold Him back, one saying: «He is Jesus of Nazareth, the Messiah» and the other exclaiming: «Oh! stay, that I may worship You!»

«Worship the Most High God and be always faithful to Him. Go. Do not waste time in useless words, and do not turn the miracle into a human pastime. Make use of your tongue to do good, and listen to the voices of the Creator Spirit Who loves and blesses you, with your heart, rather than with ears.»

Of course, it is quite useless to tell a man, who is so happy, not to talk of his happiness! The cured man makes up for so many years of mutism and deafness, by speaking to all the people present.

419.6

The boatman insists on Jesus entering his house to rest and take some refreshments. He feels that he is the maker of all the respect surrounding Jesus and is proud of it. He wants his right to be acknowledged.

«But I am the notable elder of the village» says an old imposing man.

«But if I had not been there with my boats, you would not have seen Jesus» replies the boatman.

And Peter, who is always frank and impulsive, says: «Actually… if I had not told you a little thing, you… the boats…»

Jesus interferes providentially, making everybody happy. «Let us go near the river. While waiting for our food there – and let it be frugal and sparing, because food is to serve the body and not be the aim of the body – I will evangelize. Anyone wishing to hear Me or ask Me questions, may come with Me.»

I can say that the entire village follows Him.

419.7

Jesus gets into a boat beached on the river shore and from that improvised pulpit He speaks to His listeners, who are sitting in front of Him, in a semicircle, on the bank and among the trees.

He takes as a starting point the question asked by a man: «Master, our Law seems to point out as struck by God those who were born wretched, in fact He forbids[3] them to serve at the altar. How can they be guilty? Would it not be fair to consider guilty their parents who give birth to wretched sons? Mothers in particular? And how are we to behave with those born unfortunate?»

«Listen. A great perfect sculptor one day carved a statue and he made such a perfect job, that he was pleased and he said: “I want the Earth to be full of such marvels”. But by himself he could not cope with such a task. He therefore called other people to help him and said to them: “On this model make for me one thousand, ten thousand statues equally perfect. I will then give them the final touch, instilling expression into their features”. But his assistants were not capable of so much, because besides being much inferior to their master in skill, they had become somewhat intoxicated by the eating of a fruit, the juice of which brings about delirium and dullness. The sculptor then gave them some moulds and said: “Mould the material in them; it will be a perfect work and I will complete it, enlivening it with a final touch”. And the assistants set down to work.

But the sculptor had a great enemy. A personal enemy and the enemy of his assistants, and he tried with every means to make the sculptor cut a poor figure and arouse disagreement between him and his assistants. Thus he attacked their work with his cunning, altering the material to be poured into the moulds, or reducing the fire, or praising the assistants exaggeratedly. It thus happened that the ruler of the world, in an effort to prevent as far as possible the work from going out in imperfect copies, imposed heavy sanctions on those models issued in an imperfect state. And one of the sanctions was that such models could not be displayed in the House of God, where everything must be, or ought to be perfect. I say: ought to be, because it is not so. Even if appearances are good, facts are not so. Those present in the House of God seem faultless, but the eye of God discovers the seriousst faults in them. The faults which are in their hearts.

419.8

Oh! the heart! It is with the heart that one serves God; indeed: it is with the heart. It is not necessary, neither is it enough to have clear eyes and perfect hearing, harmonic voice, beautiful limbs, to sing the praises pleasing to God. It is not essential or sufficient to have beautiful clean and scented garments. The spirit is to be pure and perfect, harmonic and well shaped in sight, hearing, voice, in spiritual forms, and these are to be adorned with purity; that is the beautiful clean dress scented with charity: that is the oil saturated with essence that God likes.

And what kind of charity would be the attitude of a man, who being happy and seeing an unhappy fellow, should despise him and hate him? On the contrary, double and triple charity is to be given to those who, although not guilty, were born poor wretches. Wretchedness is a pain that gives merit to those who bear it and to those who, united with the victims, suffer seeing them bear it out of love of relationship, and perhaps they strike their chests thinking: “I am the cause of such pain through my vices”. And it must never become the cause of spiritual fault in those who see it. It becomes a fault if it becomes anti-charity. So I say to you: Never be without charity towards your neighbour. Was he born a poor wretch? Love him because he endures a great pain. Did he become unhappy through his own fault? Love him because his fault has already become a punishment. Is he the parent of a wretch born such or who became such? Love him because there is no deeper sorrow than the grief of a parent struck in his child. Is it a mother who has given birth to a monster? Love her because she is literally crushed by such grief, which she considers the most inhuman. It is inhuman.

419.9

But even deeper is the grief of a woman who is the mother of a son, who is a monster in his soul, as she realizes that she has given birth to a demon dangerous for the Earth, for the Fatherland, for the Family, for friends. Oh! the poor mother of a cruel, vile son, of a murderer, of a traitor, of a thief, of a corrupt man, dare not even raise her forehead! Well. I say to you: Love those mothers also, the most unhappy ones. Those who in history will be known as the mothers of murderers, of traitors.

Everywhere the Earth has heard the weeping of mothers whose hearts were broken because of the cruel death of their sons. From Eve onwards how many mothers have felt their bowels being lacerated more painfully than in labour, nay, they felt their bowels and their hearts being torn off by a cruel hand, in the presence of their sons murdered, tortured, martyred by men, and they howled their pangs, throwing themselves with the frenzy of convulsive sorrowful love on the corpses which could not hear them any longer, neither could they be warmed by their warmth, nor could they say with a look, a gesture, since they could not do so with their lips: “Mother I can hear you”.

And yet I tell you that the Earth has not yet heard the cry and has not collected the tears of the most holy Mother and of the most unhappy one among all those who will be remembered forever by man: the Mother of the Killed Redeemer and the mother of the man who will be His traitor. Those two mothers, martyrs in different ways, will be heard mourning miles apart, and the innocent and holy Mother, the most innocent, the Innocent Mother of the Innocent, will be the one Who will say to Her far away sister, the martyr of a son more cruel than anything on the Earth: “Sister, I love you”.

Love to be worthy of that Woman Who will love everybody and on behalf of everybody. It is love that will save the Earth.»

419.10

And Jesus comes down from His rustic pulpit and bends to caress a little boy rolling on the grass of the seriousl bed half-naked in his little shirt. After so many sublime words from a Master, it is pleasant to see Him thus, taking interest in a child, like a common man, and then breaking the bread, offering it round and handing it to those close to Him, sitting and eating like every man, while He certainly already hears in His heart the cry of His Mother and sees Judas beside Him.

Such control over His feelings impresses me, who am so impulsive, more than many other things. It is a continual lesson to me. Those present, instead, seem to be really fascinated. They are pensive and silent while eating and they look with veneration at the kind Master of love.


Notes

  1. traversa, en 361.10/12.
  2. la danse de saint-Guy est le nom familier d’une maladie du système nerveux, la chorée, caractérisée par des contractions musculaires et par des mouvements involontaires.
  3. s’écrie le miraculé : il parle donc, alors qu’il était sourd-muet de naissance. C’est un miracle dans le miracle, comme en 341.6.
  4. interdit, en Lv 21, 16-24.

Notes

  1. crossed, in 361.10/12.
  2. St. Vitus’ dance is the name given to an illness of the nervous system, characterised by muscular contractions and unvoluntary movements.
  3. forbids, in: Leviticus 21,16-24.