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Jésus et ses disciples arrivent à Tibériade par une matinée orageuse, après un court trajet de Tarichée à Tibériade en barque. Ces barques balancent fortement sur le lac très agité et grisâtre comme le ciel parcouru de nuages qui n’annoncent rien de bon.
Pierre scrute le ciel et le lac et il ordonne aux employés de mettre les barques en lieu sûr :
« Dans un moment, vous allez entendre une de ces musiques ! Je ne suis plus Simon le pêcheur, si bientôt les averses et les vagues du lac ne font pas de dégâts. Il n’y a personne sur le lac ? » se demande-t-il à lui-même, en scrutant la mer troublée de Galilée.
Elle a beau être parcourue par des vagues de plus en plus fortes, sous la chape d’un ciel de plus en plus menaçant, il la voit déserte et se console en pensant qu’elle ne fera pas de victimes humaines. C’est donc avec quelque satisfaction qu’il suit le Maître, qui fait face à des coups de vent si forts que les hommes ont du mal à marcher dans les nuages de poussière. La bourrasque fait claquer leurs vêtements.
Ce quartier de Tibériade est habité par des gens du peuple, des familles de pêcheurs ou d’artisans occupés à des travaux qui se rapportent à la pêche ; on assiste donc à toutes sortes d’allées et venues pour rentrer dans les maisons tout ce que l’orage pourrait détériorer. Des gens courent, chargés de filets et de rames des barques déjà mises à l’abri, d’autres emportent à l’intérieur leurs outils de travail, pendant que siffle le vent, que s’élèvent des nuages de poussière et que claquent les portes. L’autre Tibériade, celle qui est plus au nord, le quartier des palais qui s’étendent le long du lac, des beaux parcs que l’on voit sur l’arc de la rive, dort paresseusement. Seuls des serviteurs ou des esclaves — selon que les maisons appartiennent aux Juifs ou aux Romains — s’affairent à enlever des rideaux sur le haut des terrasses, à retirer les légères embarcations de plaisance, les sièges épars dans les jardins…