Gli Scritti di Maria Valtorta

509. Le vieux prêtre Matân, accueilli avec

509. Il vecchio sacerdote Matan, accolto con

509.1

En entrant, Pierre a le même geste d’accablement qu’au Jourdain après la traversée du gué de Bethabara : il se laisse tomber, comme épuisé, sur le premier siège qu’il trouve et se prend la tête dans les mains. Les autres ne sont pas aussi abattus, mais, à des degrés divers, ils paraissent changés, pâles, ils ont l’air égaré. Les fils d’Alphée, Jacques, fils de Zébédée et André ne répondent pour ainsi dire pas à la salutation de Joseph de Séphoris et de sa femme qui arrivent avec une vieille servante, du pain chaud et diverses nourritures.

Marziam a des traces de larmes sous les yeux. Isaac accourt auprès de Jésus et lui saisit la main, la caresse en murmurant :

« C’est toujours comme la nuit du massacre… Sauvé une fois de plus. Ah ! mon Seigneur, jusqu’à quand ? Jusqu’à quand pourras-tu te sauver ? »

C’est ce cri qui fait ouvrir les bouches et tous, dans la confusion, parlent, racontent les mauvais traitements, les menaces, les peurs qu’ils ont eues…

509.2

Un autre coup à la porte.

« Oh ! ils ne nous auraient pas suivis ? Je leur avais bien dit, de venir par petits groupes !… s’exclame Judas.

– Cela aurait mieux valu, oui. Nous les avons toujours sur nos talons. Mais désormais… » approuve Barthélemy.

Joseph, bien que de mauvais gré, va personnellement regarder par le judas tandis que sa femme dit :

« De la terrasse, vous pouvez descendre sur les étables, et de là dans le jardin de derrière. Je vais vous faire voir… »

Mais pendant qu’elle s’éloigne, son mari s’écrie : « Joseph l’Ancien ! Quel honneur ! »

Et il ouvre la porte pour faire entrer Joseph d’Arimathie.

« Paix à toi, Maître. J’y étais et j’ai vu… Manahen m’a rencontré quand je sortais du Temple, écœuré à mort. Ne pas pouvoir intervenir, ne rien pouvoir faire pour t’être davantage utile et… Ah ! tu es là toi aussi, Judas de Kérioth ? Tu pourras agir, toi qui as tant d’amis ! Tu ne t’en es pas senti le devoir, toi qui es son apôtre ?

– Tu es disciple, toi…

– Non. Si je l’étais, je serais à sa suite comme les autres. Je suis l’un de ses amis[1].

– Cela revient au même.

– Non. Lazare aussi est son ami, mais tu ne le qualifierais pas de disciple…

– Dans l’âme, si.

– Ceux qui n’appartiennent pas à Satan sont tous des disciples de sa parole parce qu’ils sentent qu’elle est parole de sagesse. »

La petite prise de bec entre Joseph et Judas retombe pendant que Joseph de Séphoris, qui comprend seulement maintenant que quelque chose de grave s’est passé, questionne l’un ou l’autre avec intérêt et avec des gestes de douleur.

« Il faut le dire à Joseph d’Alphée ! Il faut le dire, et je vais m’en charger… Que veux-tu de moi, Joseph ? demande-t-il en se tournant vers l’Ancien, qui lui touche l’épaule comme pour l’interroger.

– Rien. Je voulais seulement me féliciter avec toi de ta bonne mine. Voilà un bon israélite, fidèle et juste en tout. Hé ! moi, je le sais. On peut dire de lui que Dieu l’a éprouvé et connu… »

On frappe encore une fois. Les deux Joseph se dirigent ensemble vers la porte pour l’ouvrir, et je vois Joseph d’Arimathie se pencher pour murmurer quelque chose à l’oreille de l’autre, qui a un mouvement de vive surprise et se tourne un instant pour regarder les apôtres. Puis il ouvre la porte.

509.3

Nicodème et Manahen entrent, suivis de tous les bergers disciples présents à Jérusalem, c’est-à-dire Jonathas et ceux qui étaient déjà disciples de Jean-Baptiste. Ils sont accompagnés du prêtre Jean et d’un autre très âgé, ainsi que de Nicolaï. En dernier lieu arrivent Nikê avec la jeune fille que Jésus lui a confiée, et Annalia avec sa mère. Elles enlèvent le voile qui cachait leur visage, et on voit leurs visages troublés.

« Maître ! Mais que t’arrive-t-il ? J’ai appris… D’abord par les gens avant de le savoir par Manahen… La ville est pleine de cette rumeur, comme une ruche l’est de bourdonnements, et ceux qui t’aiment s’empressent de te chercher là où ils pensent te trouver. Joseph, ils sont sûrement venus chez toi aussi… Moi-même, je suis allé dans les maisons de Lazare… C’en est trop ! Comment t’es-tu sauvé ?

– La Providence a veillé sur moi. Que les disciples ne pleurent pas mais bénissent l’Eternel et fortifient leur cœur. Et à vous tous, grâces et bénédictions. L’amour et la justice ne sont pas tout à fait morts en Israël, et cela me réconforte.

– Oui. Mais ne va plus au Temple, Maître. N’y va pas, n’y va pas avant longtemps ! »

Tous sont à l’unisson et le « n’y va pas » angoissé se répercute entre les murs robustes de la vieille maison comme une voix d’avertissement suppliant.

Le petit Martial, caché je ne sais où, entend ce bruit et, poussé par la curiosité, vient passer son petit visage à travers le rideau entrebâillé. A la vue de Marie, il court se réfugier dans ses bras par crainte des reproches de Joseph de Séphoris. Mais Joseph est bien trop agité et occupé à écouter tel ou tel, à donner conseils, approbations, et ainsi de suite, pour s’occuper de lui, et il ne s’aperçoit de sa présence que lorsque l’enfant, auquel la vieille Marie a dit quelque chose, va vers Jésus et l’embrasse en lui jetant les bras autour du cou. Jésus l’entoure d’un bras pour l’attirer à lui tout en répondant à plusieurs qui lui conseillent ce qu’il y a de mieux à faire.

« Non. Je ne bouge pas d’ici. Allez vous-mêmes chez Lazare, qui m’attendait, pour lui dire qu’il m’est impossible de venir. Moi qui suis galiléen et depuis des années un ami de la famille, je reste ici jusqu’à demain soir. Je verrai alors où aller…

– Tu dis toujours cela, et puis tu y retournes. Mais nous ne te laisserons plus partir. Moi, du moins. Je t’ai vraiment cru perdu… » déclare Pierre.

Deux larmes se forment au coin de ses yeux exorbités.

509.4

– On n’a jamais vu cela. Et ça suffit. C’est ce qui m’a décidé. Si tu ne me refuses pas… Je suis trop âgé pour l’autel, désormais, mais encore assez solide pour mourir pour toi. Et je mourrai, s’il le faut, entre le vestibule et l’autel, comme le sage Zacharie, ou bien comme Onias[2], le défenseur du Temple et du Trésor, je mourrai hors de l’enceinte sacrée à laquelle j’ai consacré ma vie. Mais toi, tu m’ouvriras un lieu plus saint ! Oh ! je ne peux voir l’abomination ! Pourquoi mes yeux âgés ont-ils dû en voir autant ? L’abomination vue par le prophète est déjà à l’intérieur des murs, et elle monte, elle monte comme le courant d’eau d’une crue qui s’apprête à submerger une ville ! Elle monte, elle monte. Elle envahit les cours et les portiques, dépasse les marches, elle pénètre toujours plus loin ! Elle monte ! Elle monte ! Elle frappe déjà contre le Saint ! L’eau boueuse lèche les pierres qui pavent le lieu sacré ! Les couleurs précieuses disparaissent ! Le pied du Prêtre en est souillé ! Sa tunique en est détrempée ! L’Ephod s’en imprègne ! Les pierres du Rational en sont voilées et on ne peut plus en lire les mots ! Ah ! Les eaux de l’abomination montent au visage du grand-prêtre et le maculent, la Sainteté du Seigneur est sous une croûte de boue, la tiare est comme un linge tombé dans un étang marécageux. La fange ! La fange ! Mais monte-t-elle de dehors, ou bien déborde-t-elle du sommet du mont Moriah sur la ville et sur tout Israël ? Père Abraham ! Père Abraham ! Ne voulais-tu pas allumer là le feu du sacrifice pour que resplendisse l’holocauste de ton cœur fidèle ? C’est aujourd’hui la fange qui bouillonne, là où devait être le feu ! Isaac est parmi nous, et le peuple l’immole. Mais si pure est la Victime… si pure est la Victime… les sacrificateurs sont souillés. Anathème sur nous ! Sur la montagne, le Seigneur verra l’abomination de son peuple !… Ah ! »

Et le vieillard, qui est avec le prêtre Jean, s’effondre sur le sol en se couvrant le visage et en faisant entendre les pleurs désolés d’un pauvre homme.

« Je te l’avais amené… Il y a si longtemps qu’il le désire… Mais, aujourd’hui, après ce qu’il a vu, personne ne pouvait le retenir… Le vieux Matân (ou Natân) a souvent l’esprit prophétique, et si la vue de ses pupilles se voile peu à peu, celle de son esprit s’illumine de plus en plus. Accepte mon ami, Seigneur, dit le prêtre Jean.

– Je ne repousse personne. Lève-toi, prêtre, et élève ton esprit. En haut, il n’y a pas de fange. Et la fange n’atteint pas celui qui sait se tenir en haut. »

Avant de se lever, le vieillard saisit respectueusement l’extrémité du vêtement de Jésus et le baise.

509.5

Les femmes, surtout Annalia, pleurent encore d’émotion dans leur long voile, et les paroles du vieil homme augmentent leurs larmes. Jésus les appelle, et la tête baissée, elles viennent de leur coin auprès du Maître. Si Nikê et la mère d’Annalia arrivent à dissimuler leurs pleurs et à les étouffer, la jeune disciple sanglote vraiment sans se soucier de ceux qui l’observent avec des sentiments divers.

« Pardonne-lui, Maître. Elle te doit la vie et elle t’aime. Elle ne peut imaginer qu’on te fasse du mal. Et puis elle est restée si… seule et si… triste depuis que…, dit la mère.

– Oh ! non ! Ce n’est pas cela ! Seigneur ! Maître ! Mon Sauveur ! Moi… moi… »

Annalia n’arrive pas à parler, d’une part à cause des sanglots, et d’autre part par honte, ou pour un autre motif.

« Elle a craint des représailles en tant que disciple. C’est sûrement pour ça. Beaucoup s’en vont pour cette raison…, dit Judas.

– Oh ! non ! Encore moins! Tu ne comprends rien, homme, ou bien tu prêtes aux autres tes pensées. Mais toi, Seigneur, tu sais ce qui me fait pleurer. J’ai craint que tu ne sois mort et que tu ne te sois pas rappelé ta promesse[3]… »

Elle achève sur un soupir, après avoir souligné avec force les premiers mots pour se révolter contre l’insinuation de Judas.

Jésus lui répond :

« Je n’oublie jamais, ne crains rien. Rentre tranquillement chez toi attendre l’heure de mon triomphe et de ta paix. Va. Le soleil va bientôt se coucher. Retirez-vous, femmes, et que la paix soit avec vous.

– Seigneur, je voudrais ne pas te quitter…, dit Nikê.

– L’obéissance est amour.

– C’est vrai, Maître. Mais pourquoi pas moi aussi comme Elise ?

– Parce que tu m’es utile ici, comme elle à Nobé. Va, Nikê, va ! Que des hommes accompagnent les femmes pour qu’on ne les importune pas. »

509.6

Manahen et Jonathas s’apprêtent à obéir, mais Jésus arrête Jonathas pour lui demander :

« Tu retournes donc en Galilée ?

– Oui, Maître, le lendemain du sabbat. Mon maître m’y envoie.

– Tu as de la place sur le char ?

– Je suis seul, Maître.

– Dans ce cas, tu prendras avec toi Marziam et Isaac. Toi, Isaac, tu sais ce que tu dois faire. Et toi aussi, Marziam…

– Oui, Maître » répondent les deux hommes, Isaac avec son doux sourire, Marziam les lèvres tremblantes et des sanglots dans la voix.

Jésus lui fait une caresse et Marziam, oubliant toute retenue, s’abandonne sur sa poitrine en s’exclamant :

« Te quitter… maintenant que tous te persécutent !… Ah ! mon Maître ! Je ne te verrai plus jamais !… Tu as été tout mon Bien. J’ai tout trouvé en toi !… Pourquoi me renvoies-tu ? Laisse-moi mourir avec toi ! Que veux-tu que m’importe désormais la vie, si je ne t’ai pas, toi ?

– Ce que j’ai dit à Nikê vaut pour toi : l’obéissance est amour.

509.7

– Je pars ! Bénis-moi, Jésus ! »

Jonathas s’éloigne avec Manahen, Nikê et les trois autres femmes. Les autres disciples, eux aussi, s’en vont par petits groupes.

C’est seulement quand la pièce, qui auparavant était comble, se vide presque, que l’on remarque que Judas est absent. Plusieurs s’en étonnent, car il était là peu avant et n’a reçu aucun ordre.

« Il est peut-être allé faire des achats pour nous » dit Jésus pour empêcher tout commentaire.

Puis il continue à parler avec Joseph d’Arimathie et Nicodème, les seuls qui soient restés en plus des onze apôtres et de Marziam, qui se tient auprès de Jésus avec le désir avide d’en profiter pendant ces derniers moments en sa compagnie. Et Jésus se trouve ainsi entre le jeune Marziam et l’enfant Martial, tous deux bruns, maigrichons, pareillement malheureux dans leur enfance et pareillement recueillis au nom de Jésus par deux bons israélites.

Joseph de Séphoris et sa femme se sont délicatement éclipsés pour laisser au Maître une entière liberté.

509.8

Nicodème demande :

« Mais qui est cet enfant ?

– C’est Martial, un enfant que Joseph a adopté.

– Je l’ignorais.

– Personne, ou presque, ne le sait.

– Cet homme est très humble. Un autre aurait mis son action en avant, remarque Joseph.

– Tu crois cela ?… Va, Martial. Fais visiter la maison à Marziam… » dit Jésus.

Une fois les deux garçons partis, il reprend :

« Tu es dans l’erreur, Joseph. Comme il est difficile de juger avec justice !

– Mais, Seigneur ! Recueillir un orphelin — car c’est certainement un orphelin — et ne pas s’en vanter, c’est sûrement de l’humilité.

– L’enfant, comme son nom l’indique, n’est pas d’Israël…

– Ah ! maintenant, je comprends ! Il fait bien, dans ce cas, de le tenir caché.

– Mais il a été circoncis…

– Peu importe. Tu sais… Jean d’En-Dor l’était aussi… Il fut néanmoins une cause de réprobation. Joseph, galiléen par surcroît, pourrait avoir des… ennuis malgré la circoncision. Il y a tant d’orphelins aussi en Israël… Il est certain qu’avec ce nom… et cet aspect…

– Comme vous êtes tous “ Israël ”, même les meilleurs ! Même lorsque vous faites le bien, vous ne comprenez pas et ne savez pas être parfaits ! Vous ne comprenez pas encore que unique est le Père des Cieux, et que toute créature est à lui ? Vous ne comprenez pas encore que l’homme ne peut avoir qu’une unique récompense ou un unique châtiment, qui soit vraiment récompense ou châtiment ? Pourquoi vous rendre esclave de la peur des hommes ? Mais c’est le fruit de la corruption de la Loi divine, tellement retouchée, tellement trafiquée par des réglementations humaines, au point de rendre fermée et obscure même la pensée du juste qui la pratique. Dans la Loi mosaïque, et par conséquent divine, dans celle pré-mosaïque, et uniquement morale, ou venue par inspiration céleste, serait-il écrit que l’homme qui n’appartenait pas à Israël ne pouvait venir en faire partie ? Ne lit-on pas[4] dans la Genèse : “ Au bout de huit jours, que parmi vous tout enfant mâle soit circoncis, aussi bien celui qui est né dans la maison que celui que l’on a acheté, même s’il n’est pas de votre race ” ? Cela avait été dit.

Tout ce que l’on a ajouté vient de vous. Je l’ai expliqué à Joseph, et je vous l’explique à vous. Bientôt, l’ancienne circoncision n’aura plus beaucoup d’importance. Une nouvelle — bien plus parfaite, et sur une partie plus noble du corps — viendra la remplacer. Mais tant que dure la première et que, par fidélité au Seigneur, vous la faites subir au mâle né de vous, ou que vous avez adopté, ne rougissez pas de l’avoir fait sur la chair d’une autre race. La chair appartient au tombeau, l’âme appartient à Dieu. On circoncit la chair, parce qu’il est impossible de circoncire ce qui est spirituel. Mais c’est sur l’âme que resplendit le signe saint. Or l’esprit appartient au Père de tous les hommes. Méditez cela. »

509.9

Après un temps de silence, Joseph d’Arimathie se lève :

« Je m’en vais, Maître. Tu viens demain chez moi.

– Non, il vaut mieux que je n’y vienne pas.

– Alors chez moi, dans la maison sur le chemin de l’Oliveraie pour Béthanie. C’est paisible, et…

– Non plus. J’irai à l’Oliveraie, pour prier… Mon âme recherche la solitude. Veuillez m’excuser.

– Comme tu veux, Maître. Et… ne va pas au Temple. Paix à toi.

– Paix à vous. »

Les deux hommes s’éloignent…

« Je voudrais savoir où est parti Judas ! » s’écrie Jacques, fils de Zébédée. « J’aurais bien présumé que c’est chez les pauvres, mais la bourse est ici !

– Ne vous en occupez pas… Il va revenir… »

Marie, femme de Joseph, entre avec deux lampes, car la lumière ne traverse plus la plaque épaisse de mica qui sert de lucarne à la pièce, et les deux garçons reviennent.

« Je suis content de te laisser avec quelqu’un qui a presque mon nom. Ainsi, quand tu l’appelleras, tu penseras à moi » dit Marziam.

Jésus l’attire contre lui.

A son tour, entre Judas, auquel la servante a ouvert : hardi, souriant, l’air décidé !

« Maître, j’ai voulu voir… La tempête est apaisée. Et j’ai accompagné les femmes… Comme elle est peureuse, cette jeune fille ! Je ne t’ai rien dit, car tu m’en aurais empêché, et moi, je voulais voir s’il y avait du danger pour toi. Mais personne n’y pense plus. Le sabbat rend les chemins déserts.

– C’est bien. Maintenant, nous restons en paix ici et demain…

– Tu ne voudrais pas déjà aller au Temple ! crient les apôtres.

– Non. A notre synagogue, en bons Galiléens fidèles. »

509.1

Pietro, entrando, ha la stessa mossa accasciata che ebbe al Giordano dopo aver guadato a Betabara: si getta come sfinito sul primo sedile che trova e si prende il capo fra le mani. Gli altri non sono così abbattuti, ma alterati, pallidi, direi smarriti lo sono tutti, chi più chi meno. I figli di Alfeo, Giacomo di Zebedeo e Andrea non rispondono quasi al saluto di Giuseppe di Sefori e della moglie di lui, che arriva con una vecchia servente e del pane caldo e cibi diversi. Marziam ha dei segni di pianto sotto gli occhi. Isacco accorre presso Gesù e gli prende la mano, la carezza mormorando: «Sempre come la notte della strage… E salvo un’altra volta. Oh! mio Signore, fino a quando? Fino a quando ti potrai salvare?». È questo grido che apre le bocche e tutti, in confuso, parlano, raccontano i maltrattamenti, le minacce, le paure avute…

509.2

Un altro colpo alla porta. «Ohimè, non ci avranno seguiti?! Io lo avevo detto di venire alla spicciolata!…», dice l’Iscariota.

«Era meglio, sì. Li abbiamo sempre alle calcagna. Ma ormai…», dice Bartolomeo.

Giuseppe, per quanto poco volentieri, va personalmente a guardare dallo spioncino, mentre sua moglie dice: «Dal terrazzo potete scendere sulle stalle e da lì nell’orto posteriore. Vi farò vedere…». Ma, mentre si avvia, suo marito esclama: «L’An­ziano Giuseppe! Quale onore!», e apre la porta lasciando entrare Giuseppe d’Arimatea.

«La pace a Te, Maestro. C’ero e ho visto… Mannaen mi ha incontrato che uscivo dal Tempio disgustato a morte. E non poter intervenire, non poterlo fare, per esserti più utile, e… Oh! sei qui tu pure, Giuda di Keriot? Tu lo potresti fare, tu, amico di tanti! Non ne senti il dovere, tu, suo apostolo?».

«Tu sei discepolo…».

«No. Se lo fossi, sarei al suo seguito come vi sono altri. Sono un suo amico[1]».

«È la stessa cosa».

«No. Anche Lazzaro gli è amico, ma non vorrai dire che gli è discepolo…».

«Nell’anima, sì».

«Coloro che non sono dei satana sono tutti discepoli della sua parola, perché la sentono parola di Sapienza».

Il piccolo battibecco fra Giuseppe e Giuda di Keriot si esaurisce intanto che Giuseppe di Sefori, comprendendo solamente ora che vi è stato del brutto, interroga questo e quello con interesse e con atti di dolore. «Ciò va detto a Giuseppe d’Alfeo! Ciò va detto. E incaricherò… Che vuoi da me, Giuseppe?», chiede volgendosi all’Anziano che gli tocca la spalla come per interrogarlo.

«Nulla. Volevo soltanto felicitarmi con te per il tuo buon aspetto. Questo è un buon israelita. Fedele e giusto in tutto. Eh! io lo so. Di lui si può dire che Dio lo ha provato e conosciuto…».

Altro busso alla porta. I due Giuseppe si avviano insieme verso il portone per aprirlo, e vedo che Giuseppe d’Arimatea si china a dire qualcosa all’orecchio dell’altro, che ha un moto di viva sorpresa e si volge per un momento a guardare verso gli apostoli. Poi apre l’uscio.

509.3

Nicodemo e Mannaen entrano, seguiti da tutti i pastori-discepoli presenti a Gerusalemme, ossia Gionata e i discepoli già del Battista. Poi, con loro, è il sacerdote Giovanni insieme ad un altro molto anziano, e Nicolai. E, in coda a tutti, Niche con la giovinetta che Gesù le ha affidato, e Annalia con la madre. Si levano il velo che le nasconde nel volto, e appaiono i loro volti turbati.

«Maestro! Ma che ti accade? Ho saputo… Prima dalla gente che da Mannaen… La città è piena di questa voce come un alveare di ronzio. E chi ti ama accorre a cercarti dove pensa Tu sia. Certo anche in casa tua, Giuseppe, sono accorsi… Io stessa andavo alle case di Lazzaro… È troppo! Come ti sei salvato?».

«La Provvidenza ha vegliato su Me. Non piangano le discepole ma benedicano l’Eterno e fortifichino il loro cuore. E a voi tutti, grazie e benedizioni. Non è tutto morto l’amore e la giustizia in Israele. E ciò mi conforta».

«Sì. Ma non andare più al Tempio, Maestro. Per molto non andare, non andare!». Le voci sono concordi nel dire le parole, e l’affannoso «non andare» si ripercuote fra le mura robuste della vecchia casa con voce di supplice ammonimento.

Il piccolo Marziale, nascosto chissà dove, sente quel rumore e, curioso, accorre mettendo il suo visetto nella fessura della tenda. E vedendo Maria va da lei, rifugiandosi fra le sue braccia per timore del rimprovero di Giuseppe di Sefori. Ma Giuseppe è troppo agitato ed occupato ad ascoltare questo e quello, a consigliare, ad approvare e così via, per occuparsi di lui, e lo vede soltanto quando il bambino, al quale la vecchia Maria ha detto qualcosa, va da Gesù e lo bacia gettandogli le braccia al collo. Gesù lo cinge con un braccio attirandolo a Sé, mentre risponde ai molti che gli dicono ciò che credono migliore a farsi.

«No. Non mi muovo di qui. Da Lazzaro, che mi attendeva, andate voi a dire che non posso. Io, galileo e amico da anni della famiglia, resto qui fino al tramonto di domani. E poi… vedrò dove andare…».

«Dici sempre così, e poi torni là. Ma non ti lasceremo più andare. Io almeno. Ti ho proprio creduto perduto…», dice Pietro e due lacrime gli si riformano all’angolo degli occhi sporgenti.

509.4

«Mai visto così. E basta. Ciò mi ha deciso. Se non mi rifiuti… Sono troppo vecchio per l’altare, ormai, ma per morire per Te sono valido ancora. E morirò, se occorre, fra il vestibolo e l’altare, come il saggio Zaccaria oppure Onia[2] difensore del Tempio e del Tesoro, morirò fuor dal sacro recinto al quale ho consacrato la mia vita. Ma Tu mi aprirai un luogo più santo! Oh! non posso più vedere l’abominio! Perché i miei vecchi occhi hanno dovuto vedere tanto? L’abominio visto dal Profeta è già dentro le mura, e sale, sale come un moto d’acque che la piena spinge a sommergere una città! Sale, sale! Invade i cortili e i portici, sormonta i gradini, penetra più avanti! Sale! Sale! Urta già contro il Santo! L’onda fangosa lambe le pietre che selciano il sacro luogo! Se ne offuscano i colori preziosi! Se ne insozza il piede del Sacerdote! Se ne bagna la tunica! Se ne intride l’efod! Se ne velano le pietre del razionale e non se ne possono più leggere le parole! Oh! Oh! Le onde dell’abominio salgono al volto del Sacerdote Sommo e l’imbrattano, e la Santità del Signore è sotto una crosta di fango, e la tiara è come panno caduto in gora fangosa. Fango! Fango! Ma sale da fuori, o dal sommo del Moria trabocca sulla città e su tutto Israele? Padre Abramo! Padre Abramo! Non volevi tu accendere là il fuoco del sacrifizio perché splendesse l’olocausto del cuore fedele? Ora fango gorgoglia dove doveva esser fuoco! Isacco è fra noi, e il popolo lo immola. Ma se pura è la Vittima… se pura è la Vittima… sozzi sono i sacrificatori. Anatema su noi! Sul monte il Signore vedrà l’abominio del suo popolo!… Ah!», e il vecchio, che è con il sacerdote Giovanni, si accascia al suolo coprendosi il volto con un desolato pianto di vecchio.

«Te lo avevo condotto… È tanto che vuole… Ma oggi, dopo ciò che ha visto, nessuno più lo teneva… Il vecchio Matan (o Natan) ha sovente spirito profetico, e se la vista delle sue pupille sempre più si vela, la vista del suo spirito sempre più si illumina. Accetta il mio amico, Signore», dice il sacerdote Giovanni.

«Non respingo alcuno. Alzati, sacerdote, e alza lo spirito. In alto non c’è fango. E fango non tocca chi sa stare in alto».

Il vecchio si alza e, venerabondo, prima di farlo, prende il lembo estremo della veste di Gesù e la bacia.

509.5

Le donne, specie Annalia, piangono ancora emozionate nel loro velo, e le parole del vecchio aumentano il loro pianto. Gesù le chiama a Sé, ed esse vengono a testa china, dal loro angolino, vicino al Maestro. Se Niche e la madre di Annalia sanno soffocare il loro pianto tenendolo quasi celato, la giovane discepola singhiozza proprio, senza ritegno di chi la osserva con sentimenti diversi.

«Perdonala, Maestro. Ella ti deve la vita e ti ama. Non può pensare che ti facciano del male. E poi è rimasta così… sola e così… triste dopo che…», dice la madre.

«Oh! non è questo! No, non è questo! Signore! Maestro! Salvatore mio! Io… Io…». Annalia non riesce a parlare, parte per i singhiozzi, parte per vergogna, o altro.

«Ha temuto rappresaglie perché discepola. Certo è per questo. Molti se ne vanno per questo…», dice l’Iscariota.

«Oh! no! Meno ancora è per questo! Tu non capisci nulla, uomo, o presti ad altri il tuo pensiero. Ma Tu sai, Signore, di che piango. Ti ho temuto morto e che non ti fossi ricordato della promessa[3]…», finisce in un sospiro, dopo aver detto con forza le prime parole, ribellandosi all’insinuazione di Giuda.

Gesù le risponde: «Io non dimentico mai. Non temere. Va’ alla tua casa. Tranquilla. Ad attendere l’ora del mio trionfo e della tua pace. Va’. Sta per calare il sole. Ritiratevi, donne. E la pace sia con voi».

«Signore, io non vorrei lasciarti…», dice Niche.

«L’ubbidienza è amore».

«È vero, Maestro. Ma perché non io pure come Elisa?».

«Perché tu mi sei utile qui come lei a Nobe. Va’, Niche, va’! Degli uomini scortino le donne perché non siano importunate».

509.6

Mannaen e Gionata si apprestano ad ubbidire. Ma Gesù ferma Gionata chiedendogli: «Tu dunque torni in Galilea?».

«Sì, Maestro. Il giorno dopo il sabato. Mi manda il padro­ne».

«Hai posto sul carro?».

«Sono solo, Maestro».

«Allora condurrai con te Marziam e Isacco. Tu, Isacco, sai cosa devi fare. E tu pure, Marziam…».

«Sì, Maestro», rispondono i due, Isacco col suo mite sorriso, Marziam con un tremore di pianto nella voce e sulle labbra.

Gesù lo carezza e Marziam, dimentico di ogni ritegno, gli si abbandona sul petto dicendo: «Lasciarti… ora che ti perseguitano tutti!… Oh! Maestro mio! Ti vedrò mai più!… Sei stato tutto il mio Bene. Tutto in Te ho trovato!… Perché mi mandi? Lasciami morire con Te! Che vuoi che più mi importi la vita, se non ho Te?».

«Dico a te ciò che ho detto a Niche. L’ubbidienza è amore».

509.7

«Vado! Benedicimi, Gesù!». Gionata se ne va con Mannaen, Niche e le altre tre donne. Anche gli altri discepoli se ne vanno a gruppetti.

È soltanto quando la stanza, prima sopraffollata, si vuota quasi, che si nota la mancanza di Giuda di Keriot. E molti se ne stupiscono, perché era lì poco avanti, né ha avuto alcun ordine.

«Sarà andato a comperare per noi», dice Gesù per impedire commenti, e continua a parlare con Giuseppe d’Arimatea e Nicodemo, rimasti unici oltre gli undici apostoli e Marziam, che sta vicino a Gesù con l’avidità di goderlo in queste ultime ore. E Gesù è così fra Marziam, giovinetto, e Marziale, fanciullo, brunetti, magrolini, infelici nella fanciullezza ugualmente, e ugualmente raccolti in nome di Gesù da due buoni israeliti.

Giuseppe di Sefori e la moglie si sono eclissati prudentemente per lasciare libero il Maestro.

509.8

Nicodemo chiede: «Ma chi è questo bambino?».

«È Marziale. Un fanciullo che Giuseppe si è preso per fi­glio».

«Non lo sapevo».

«Nessuno, o quasi nessuno, lo sa».

«Molto umile quest’uomo. Un altro avrebbe messo in vista il suo atto», osserva Giuseppe.

«Lo credi?… Va’, Marziale. Conduci Marziam a vedere la casa…», dice Gesù. E, andati via i due, riprende a parlare: «Sei in errore, Giuseppe. Come è difficile giudicare con giustizia!».

«Ma Signore! Raccogliere un orfano, perché certo è un orfano, e non vantarsene, è certo umiltà».

«Il fanciullo, il nome lo dice, non è d’Israele…».

«Ah! ora comprendo! Fa bene allora a tenerlo celato».

«Ma è stato circonciso però…».

«Non importa. Tu sai… Anche Giovanni di Endor lo era… Ma ti fu cagione di riprovazione. Giuseppe, galileo per giunta, potrebbe avere delle… noie, nonostante la circoncisione. Ci sono tanti orfani anche in Israele… Certo che con quel nome… e coll’aspetto…».

«Come siete tutti “Israele”, anche i migliori! Come anche nel fare il bene non capite e non sapete essere perfetti! Non comprendete ancora che Uno solo è il Padre dei Cieli, ed ogni creatura ne è figlia? Non comprendete ancora che un unico premio o un unico castigo può l’uomo avere, e che sia veramente premio o castigo? Perché farvi schiavi della paura degli uomini? Ma questo è il frutto della corruzione della Legge divina, lavorata tanto, tanto oppressa da leggicole umane, da rendere ottuso ed oscuro anche il pensiero del giusto che la pratica. Nella Legge mosaica e perciò divina, in quella premosaica, e unicamente morale, o sorta per ispirazione celeste, è forse detto che chi non era d’Israele non poteva entrare a farvi parte? Non si legge[4] nella Genesi: “Quando fa otto giorni, ogni bambino maschio sia tra voi circonciso, tanto quello nato in casa come quello comprato, anche se non è della vostra stirpe, sia circonciso”? Questo era detto. Ogni altra aggiunta è vostra. L’ho detto a Giuseppe e a voi lo dico. Non avrà presto più eccessiva importanza la circoncisione antica. Una nuova, e più vera, verrà apposta e su più nobile parte. Ma finché la prima dura, e voi, per fedeltà al Signore, la apponete al maschio da voi nato, o da voi adottato, non vergognatevi di averlo fatto su carne di altra stirpe. La carne è del sepolcro, l’anima è di Dio. Si circoncide la carne non potendo circoncidere ciò che è spirituale. Ma il segno santo splende sullo spirito. E lo spirito è del Padre di tutti gli uomini. Meditate su questo».

509.9

Un silenzio, poi Giuseppe d’Arimatea si alza e dice: «Io vado, Maestro. Vieni domani da me».

«No. È meglio che Io non venga».

«Allora da me, nella casa sulla via dell’Uliveto per Betania. Vi è pace e…».

«Neppure. Andrò nell’Uliveto. Per pregare… Ma il mio spirito cerca solitudine. Vogliatemi avere per scusato».

«Come vuoi, Maestro. E… non andare al Tempio. La pace a Te».

«La pace a voi».

I due se ne vanno…

«Io vorrei sapere dove è andato Giuda!», esclama Giacomo di Zebedeo. «Direi dai poveri. Ma qui è la borsa!».

«Non ve ne occupate… Verrà…».

Rientra Maria di Giuseppe con dei lumi, perché la luce non rompe più lo spessore di una lastra di mica messa a far da lucernario nello stanzone, e rientrano i due ragazzi.

«Sono contento di lasciarti con uno che quasi ha il mio nome. Così, chiamando lui, ti ricorderai di me», dice Marziam.

Gesù lo attira a Sé.

Rientra anche Giuda al quale ha aperto la servente. Baldo, sorridente, franco! «Maestro, ho voluto vedere… La tempesta è sedata. E ho scortato le donne… Così paurosa quella vergine! Non ti ho detto nulla perché me lo avresti impedito, e io volevo vedere se c’era del pericolo per Te. Ma nessuno ci pensa più. Il sabato svuota le vie».

«Va bene. Ora stiamo qui in pace e domani…».

«Non vorrai già andare al Tempio!», gridano gli apostoli.

«No. Alla sinagoga nostra. Da buoni galilei fedeli».


Notes

  1. l’un de ses amis, comme en 505.1, où est expliquée la différence entre disciple et ami de Jésus. Mais “ l’ami ” peut être “ plus qu’un disciple par le cœur ”, comme le dit Jésus à Lazare en 135.2 ; c’est aussi celui “ qui fait ce que je fais ”, comme il le lui répète en 581.5. La différence entre disciple et apôtre est expliquée en 165.8.
  2. comme le sage Zacharie, ou bien comme Onias, en 2 Ch 24, 17-22 ; 2 M 4, 30-35 ; l’abomination vue par le prophète, en Dn 9, 27 ; 11, 31 ; 12, 11 ; allumer là le feu du sacrifice, en Gn 22, 1-18.
  3. promesse demandée et obtenue en 156.5/6.
  4. Ne lit-on pas, en Gn 17, 12.

Note

  1. suo amico, come in 505.1, dove è spiegata la differenza tra discepoli e amici di Gesù. Ma “l’amico” può essere “più che discepolo per il cuore”, come dice Gesù a Lazzaro in 135.2, ed è colui che “fa ciò che Io faccio”, come gli ripete in 581.5. La differenza tra discepoli e apostoli in 165.8.
  2. come il saggio Zaccaria oppure Onia, in: 2 Cronache 24, 17-22; 2 Maccabei 4, 30-35; abominio visto dal Profeta, in: Daniele 9, 27; 11, 31; 12, 11; accendere là il fuoco del sacrifizio, in: Genesi 22, 1-18.
  3. promessa, chiesta e ottenuta in 156.5/6.
  4. si legge, in: Genesi 17, 12.