The Writings of Maria Valtorta

509. Le vieux prêtre Matân, accueilli avec

509. The old priest Matan, welcomed with

509.1

En entrant, Pierre a le même geste d’accablement qu’au Jourdain après la traversée du gué de Bethabara : il se laisse tomber, comme épuisé, sur le premier siège qu’il trouve et se prend la tête dans les mains. Les autres ne sont pas aussi abattus, mais, à des degrés divers, ils paraissent changés, pâles, ils ont l’air égaré. Les fils d’Alphée, Jacques, fils de Zébédée et André ne répondent pour ainsi dire pas à la salutation de Joseph de Séphoris et de sa femme qui arrivent avec une vieille servante, du pain chaud et diverses nourritures.

Marziam a des traces de larmes sous les yeux. Isaac accourt auprès de Jésus et lui saisit la main, la caresse en murmurant :

« C’est toujours comme la nuit du massacre… Sauvé une fois de plus. Ah ! mon Seigneur, jusqu’à quand ? Jusqu’à quand pourras-tu te sauver ? »

C’est ce cri qui fait ouvrir les bouches et tous, dans la confusion, parlent, racontent les mauvais traitements, les menaces, les peurs qu’ils ont eues…

509.2

Un autre coup à la porte.

« Oh ! ils ne nous auraient pas suivis ? Je leur avais bien dit, de venir par petits groupes !… s’exclame Judas.

– Cela aurait mieux valu, oui. Nous les avons toujours sur nos talons. Mais désormais… » approuve Barthélemy.

Joseph, bien que de mauvais gré, va personnellement regarder par le judas tandis que sa femme dit :

« De la terrasse, vous pouvez descendre sur les étables, et de là dans le jardin de derrière. Je vais vous faire voir… »

Mais pendant qu’elle s’éloigne, son mari s’écrie : « Joseph l’Ancien ! Quel honneur ! »

Et il ouvre la porte pour faire entrer Joseph d’Arimathie.

« Paix à toi, Maître. J’y étais et j’ai vu… Manahen m’a rencontré quand je sortais du Temple, écœuré à mort. Ne pas pouvoir intervenir, ne rien pouvoir faire pour t’être davantage utile et… Ah ! tu es là toi aussi, Judas de Kérioth ? Tu pourras agir, toi qui as tant d’amis ! Tu ne t’en es pas senti le devoir, toi qui es son apôtre ?

– Tu es disciple, toi…

– Non. Si je l’étais, je serais à sa suite comme les autres. Je suis l’un de ses amis[1].

– Cela revient au même.

– Non. Lazare aussi est son ami, mais tu ne le qualifierais pas de disciple…

– Dans l’âme, si.

– Ceux qui n’appartiennent pas à Satan sont tous des disciples de sa parole parce qu’ils sentent qu’elle est parole de sagesse. »

La petite prise de bec entre Joseph et Judas retombe pendant que Joseph de Séphoris, qui comprend seulement maintenant que quelque chose de grave s’est passé, questionne l’un ou l’autre avec intérêt et avec des gestes de douleur.

« Il faut le dire à Joseph d’Alphée ! Il faut le dire, et je vais m’en charger… Que veux-tu de moi, Joseph ? demande-t-il en se tournant vers l’Ancien, qui lui touche l’épaule comme pour l’interroger.

– Rien. Je voulais seulement me féliciter avec toi de ta bonne mine. Voilà un bon israélite, fidèle et juste en tout. Hé ! moi, je le sais. On peut dire de lui que Dieu l’a éprouvé et connu… »

On frappe encore une fois. Les deux Joseph se dirigent ensemble vers la porte pour l’ouvrir, et je vois Joseph d’Arimathie se pencher pour murmurer quelque chose à l’oreille de l’autre, qui a un mouvement de vive surprise et se tourne un instant pour regarder les apôtres. Puis il ouvre la porte.

509.3

Nicodème et Manahen entrent, suivis de tous les bergers disciples présents à Jérusalem, c’est-à-dire Jonathas et ceux qui étaient déjà disciples de Jean-Baptiste. Ils sont accompagnés du prêtre Jean et d’un autre très âgé, ainsi que de Nicolaï. En dernier lieu arrivent Nikê avec la jeune fille que Jésus lui a confiée, et Annalia avec sa mère. Elles enlèvent le voile qui cachait leur visage, et on voit leurs visages troublés.

« Maître ! Mais que t’arrive-t-il ? J’ai appris… D’abord par les gens avant de le savoir par Manahen… La ville est pleine de cette rumeur, comme une ruche l’est de bourdonnements, et ceux qui t’aiment s’empressent de te chercher là où ils pensent te trouver. Joseph, ils sont sûrement venus chez toi aussi… Moi-même, je suis allé dans les maisons de Lazare… C’en est trop ! Comment t’es-tu sauvé ?

– La Providence a veillé sur moi. Que les disciples ne pleurent pas mais bénissent l’Eternel et fortifient leur cœur. Et à vous tous, grâces et bénédictions. L’amour et la justice ne sont pas tout à fait morts en Israël, et cela me réconforte.

– Oui. Mais ne va plus au Temple, Maître. N’y va pas, n’y va pas avant longtemps ! »

Tous sont à l’unisson et le « n’y va pas » angoissé se répercute entre les murs robustes de la vieille maison comme une voix d’avertissement suppliant.

Le petit Martial, caché je ne sais où, entend ce bruit et, poussé par la curiosité, vient passer son petit visage à travers le rideau entrebâillé. A la vue de Marie, il court se réfugier dans ses bras par crainte des reproches de Joseph de Séphoris. Mais Joseph est bien trop agité et occupé à écouter tel ou tel, à donner conseils, approbations, et ainsi de suite, pour s’occuper de lui, et il ne s’aperçoit de sa présence que lorsque l’enfant, auquel la vieille Marie a dit quelque chose, va vers Jésus et l’embrasse en lui jetant les bras autour du cou. Jésus l’entoure d’un bras pour l’attirer à lui tout en répondant à plusieurs qui lui conseillent ce qu’il y a de mieux à faire.

« Non. Je ne bouge pas d’ici. Allez vous-mêmes chez Lazare, qui m’attendait, pour lui dire qu’il m’est impossible de venir. Moi qui suis galiléen et depuis des années un ami de la famille, je reste ici jusqu’à demain soir. Je verrai alors où aller…

– Tu dis toujours cela, et puis tu y retournes. Mais nous ne te laisserons plus partir. Moi, du moins. Je t’ai vraiment cru perdu… » déclare Pierre.

Deux larmes se forment au coin de ses yeux exorbités.

509.4

– On n’a jamais vu cela. Et ça suffit. C’est ce qui m’a décidé. Si tu ne me refuses pas… Je suis trop âgé pour l’autel, désormais, mais encore assez solide pour mourir pour toi. Et je mourrai, s’il le faut, entre le vestibule et l’autel, comme le sage Zacharie, ou bien comme Onias[2], le défenseur du Temple et du Trésor, je mourrai hors de l’enceinte sacrée à laquelle j’ai consacré ma vie. Mais toi, tu m’ouvriras un lieu plus saint ! Oh ! je ne peux voir l’abomination ! Pourquoi mes yeux âgés ont-ils dû en voir autant ? L’abomination vue par le prophète est déjà à l’intérieur des murs, et elle monte, elle monte comme le courant d’eau d’une crue qui s’apprête à submerger une ville ! Elle monte, elle monte. Elle envahit les cours et les portiques, dépasse les marches, elle pénètre toujours plus loin ! Elle monte ! Elle monte ! Elle frappe déjà contre le Saint ! L’eau boueuse lèche les pierres qui pavent le lieu sacré ! Les couleurs précieuses disparaissent ! Le pied du Prêtre en est souillé ! Sa tunique en est détrempée ! L’Ephod s’en imprègne ! Les pierres du Rational en sont voilées et on ne peut plus en lire les mots ! Ah ! Les eaux de l’abomination montent au visage du grand-prêtre et le maculent, la Sainteté du Seigneur est sous une croûte de boue, la tiare est comme un linge tombé dans un étang marécageux. La fange ! La fange ! Mais monte-t-elle de dehors, ou bien déborde-t-elle du sommet du mont Moriah sur la ville et sur tout Israël ? Père Abraham ! Père Abraham ! Ne voulais-tu pas allumer là le feu du sacrifice pour que resplendisse l’holocauste de ton cœur fidèle ? C’est aujourd’hui la fange qui bouillonne, là où devait être le feu ! Isaac est parmi nous, et le peuple l’immole. Mais si pure est la Victime… si pure est la Victime… les sacrificateurs sont souillés. Anathème sur nous ! Sur la montagne, le Seigneur verra l’abomination de son peuple !… Ah ! »

Et le vieillard, qui est avec le prêtre Jean, s’effondre sur le sol en se couvrant le visage et en faisant entendre les pleurs désolés d’un pauvre homme.

« Je te l’avais amené… Il y a si longtemps qu’il le désire… Mais, aujourd’hui, après ce qu’il a vu, personne ne pouvait le retenir… Le vieux Matân (ou Natân) a souvent l’esprit prophétique, et si la vue de ses pupilles se voile peu à peu, celle de son esprit s’illumine de plus en plus. Accepte mon ami, Seigneur, dit le prêtre Jean.

– Je ne repousse personne. Lève-toi, prêtre, et élève ton esprit. En haut, il n’y a pas de fange. Et la fange n’atteint pas celui qui sait se tenir en haut. »

Avant de se lever, le vieillard saisit respectueusement l’extrémité du vêtement de Jésus et le baise.

509.5

Les femmes, surtout Annalia, pleurent encore d’émotion dans leur long voile, et les paroles du vieil homme augmentent leurs larmes. Jésus les appelle, et la tête baissée, elles viennent de leur coin auprès du Maître. Si Nikê et la mère d’Annalia arrivent à dissimuler leurs pleurs et à les étouffer, la jeune disciple sanglote vraiment sans se soucier de ceux qui l’observent avec des sentiments divers.

« Pardonne-lui, Maître. Elle te doit la vie et elle t’aime. Elle ne peut imaginer qu’on te fasse du mal. Et puis elle est restée si… seule et si… triste depuis que…, dit la mère.

– Oh ! non ! Ce n’est pas cela ! Seigneur ! Maître ! Mon Sauveur ! Moi… moi… »

Annalia n’arrive pas à parler, d’une part à cause des sanglots, et d’autre part par honte, ou pour un autre motif.

« Elle a craint des représailles en tant que disciple. C’est sûrement pour ça. Beaucoup s’en vont pour cette raison…, dit Judas.

– Oh ! non ! Encore moins! Tu ne comprends rien, homme, ou bien tu prêtes aux autres tes pensées. Mais toi, Seigneur, tu sais ce qui me fait pleurer. J’ai craint que tu ne sois mort et que tu ne te sois pas rappelé ta promesse[3]… »

Elle achève sur un soupir, après avoir souligné avec force les premiers mots pour se révolter contre l’insinuation de Judas.

Jésus lui répond :

« Je n’oublie jamais, ne crains rien. Rentre tranquillement chez toi attendre l’heure de mon triomphe et de ta paix. Va. Le soleil va bientôt se coucher. Retirez-vous, femmes, et que la paix soit avec vous.

– Seigneur, je voudrais ne pas te quitter…, dit Nikê.

– L’obéissance est amour.

– C’est vrai, Maître. Mais pourquoi pas moi aussi comme Elise ?

– Parce que tu m’es utile ici, comme elle à Nobé. Va, Nikê, va ! Que des hommes accompagnent les femmes pour qu’on ne les importune pas. »

509.6

Manahen et Jonathas s’apprêtent à obéir, mais Jésus arrête Jonathas pour lui demander :

« Tu retournes donc en Galilée ?

– Oui, Maître, le lendemain du sabbat. Mon maître m’y envoie.

– Tu as de la place sur le char ?

– Je suis seul, Maître.

– Dans ce cas, tu prendras avec toi Marziam et Isaac. Toi, Isaac, tu sais ce que tu dois faire. Et toi aussi, Marziam…

– Oui, Maître » répondent les deux hommes, Isaac avec son doux sourire, Marziam les lèvres tremblantes et des sanglots dans la voix.

Jésus lui fait une caresse et Marziam, oubliant toute retenue, s’abandonne sur sa poitrine en s’exclamant :

« Te quitter… maintenant que tous te persécutent !… Ah ! mon Maître ! Je ne te verrai plus jamais !… Tu as été tout mon Bien. J’ai tout trouvé en toi !… Pourquoi me renvoies-tu ? Laisse-moi mourir avec toi ! Que veux-tu que m’importe désormais la vie, si je ne t’ai pas, toi ?

– Ce que j’ai dit à Nikê vaut pour toi : l’obéissance est amour.

509.7

– Je pars ! Bénis-moi, Jésus ! »

Jonathas s’éloigne avec Manahen, Nikê et les trois autres femmes. Les autres disciples, eux aussi, s’en vont par petits groupes.

C’est seulement quand la pièce, qui auparavant était comble, se vide presque, que l’on remarque que Judas est absent. Plusieurs s’en étonnent, car il était là peu avant et n’a reçu aucun ordre.

« Il est peut-être allé faire des achats pour nous » dit Jésus pour empêcher tout commentaire.

Puis il continue à parler avec Joseph d’Arimathie et Nicodème, les seuls qui soient restés en plus des onze apôtres et de Marziam, qui se tient auprès de Jésus avec le désir avide d’en profiter pendant ces derniers moments en sa compagnie. Et Jésus se trouve ainsi entre le jeune Marziam et l’enfant Martial, tous deux bruns, maigrichons, pareillement malheureux dans leur enfance et pareillement recueillis au nom de Jésus par deux bons israélites.

Joseph de Séphoris et sa femme se sont délicatement éclipsés pour laisser au Maître une entière liberté.

509.8

Nicodème demande :

« Mais qui est cet enfant ?

– C’est Martial, un enfant que Joseph a adopté.

– Je l’ignorais.

– Personne, ou presque, ne le sait.

– Cet homme est très humble. Un autre aurait mis son action en avant, remarque Joseph.

– Tu crois cela ?… Va, Martial. Fais visiter la maison à Marziam… » dit Jésus.

Une fois les deux garçons partis, il reprend :

« Tu es dans l’erreur, Joseph. Comme il est difficile de juger avec justice !

– Mais, Seigneur ! Recueillir un orphelin — car c’est certainement un orphelin — et ne pas s’en vanter, c’est sûrement de l’humilité.

– L’enfant, comme son nom l’indique, n’est pas d’Israël…

– Ah ! maintenant, je comprends ! Il fait bien, dans ce cas, de le tenir caché.

– Mais il a été circoncis…

– Peu importe. Tu sais… Jean d’En-Dor l’était aussi… Il fut néanmoins une cause de réprobation. Joseph, galiléen par surcroît, pourrait avoir des… ennuis malgré la circoncision. Il y a tant d’orphelins aussi en Israël… Il est certain qu’avec ce nom… et cet aspect…

– Comme vous êtes tous “ Israël ”, même les meilleurs ! Même lorsque vous faites le bien, vous ne comprenez pas et ne savez pas être parfaits ! Vous ne comprenez pas encore que unique est le Père des Cieux, et que toute créature est à lui ? Vous ne comprenez pas encore que l’homme ne peut avoir qu’une unique récompense ou un unique châtiment, qui soit vraiment récompense ou châtiment ? Pourquoi vous rendre esclave de la peur des hommes ? Mais c’est le fruit de la corruption de la Loi divine, tellement retouchée, tellement trafiquée par des réglementations humaines, au point de rendre fermée et obscure même la pensée du juste qui la pratique. Dans la Loi mosaïque, et par conséquent divine, dans celle pré-mosaïque, et uniquement morale, ou venue par inspiration céleste, serait-il écrit que l’homme qui n’appartenait pas à Israël ne pouvait venir en faire partie ? Ne lit-on pas[4] dans la Genèse : “ Au bout de huit jours, que parmi vous tout enfant mâle soit circoncis, aussi bien celui qui est né dans la maison que celui que l’on a acheté, même s’il n’est pas de votre race ” ? Cela avait été dit.

Tout ce que l’on a ajouté vient de vous. Je l’ai expliqué à Joseph, et je vous l’explique à vous. Bientôt, l’ancienne circoncision n’aura plus beaucoup d’importance. Une nouvelle — bien plus parfaite, et sur une partie plus noble du corps — viendra la remplacer. Mais tant que dure la première et que, par fidélité au Seigneur, vous la faites subir au mâle né de vous, ou que vous avez adopté, ne rougissez pas de l’avoir fait sur la chair d’une autre race. La chair appartient au tombeau, l’âme appartient à Dieu. On circoncit la chair, parce qu’il est impossible de circoncire ce qui est spirituel. Mais c’est sur l’âme que resplendit le signe saint. Or l’esprit appartient au Père de tous les hommes. Méditez cela. »

509.9

Après un temps de silence, Joseph d’Arimathie se lève :

« Je m’en vais, Maître. Tu viens demain chez moi.

– Non, il vaut mieux que je n’y vienne pas.

– Alors chez moi, dans la maison sur le chemin de l’Oliveraie pour Béthanie. C’est paisible, et…

– Non plus. J’irai à l’Oliveraie, pour prier… Mon âme recherche la solitude. Veuillez m’excuser.

– Comme tu veux, Maître. Et… ne va pas au Temple. Paix à toi.

– Paix à vous. »

Les deux hommes s’éloignent…

« Je voudrais savoir où est parti Judas ! » s’écrie Jacques, fils de Zébédée. « J’aurais bien présumé que c’est chez les pauvres, mais la bourse est ici !

– Ne vous en occupez pas… Il va revenir… »

Marie, femme de Joseph, entre avec deux lampes, car la lumière ne traverse plus la plaque épaisse de mica qui sert de lucarne à la pièce, et les deux garçons reviennent.

« Je suis content de te laisser avec quelqu’un qui a presque mon nom. Ainsi, quand tu l’appelleras, tu penseras à moi » dit Marziam.

Jésus l’attire contre lui.

A son tour, entre Judas, auquel la servante a ouvert : hardi, souriant, l’air décidé !

« Maître, j’ai voulu voir… La tempête est apaisée. Et j’ai accompagné les femmes… Comme elle est peureuse, cette jeune fille ! Je ne t’ai rien dit, car tu m’en aurais empêché, et moi, je voulais voir s’il y avait du danger pour toi. Mais personne n’y pense plus. Le sabbat rend les chemins déserts.

– C’est bien. Maintenant, nous restons en paix ici et demain…

– Tu ne voudrais pas déjà aller au Temple ! crient les apôtres.

– Non. A notre synagogue, en bons Galiléens fidèles. »

509.1

When Peter enters the house, he has the same depressed gesture as he had at the Jordan after wading at Bethabara: as if he were exhausted he throws himself onto the first seat he finds, and holds his head in his hands. The others are not so dejected, but they are all more or less upset, pale looking, I would say bewildered. The sons of Alphaeus, James of Zebedee and Andrew hardly reply to the greetings of Joseph of Sephoris and of his wife, who arrives with an old maidservant and some new bread still warm and various foodstuffs. There are traces of tears on Marjiam’s cheeks. Isaac rushes towards Jesus, takes His hand and caressing it he whispers: «It is always like the night of the slaughter… And You are safe once again. Oh! my Lord, for how long? For how long will You be able to save Yourself?» His words make the others talkative and they all begin to speak, although confusedly, telling of the ill-treatments, threats and fear they suffered…

509.2

There is another knock at the door.

«Alas, have they followed us?! I said that it was wise to come few at a time!…» says the Iscariot.

«Yes, it would have been better. They are shadowing us all the time. But now…» says Bartholomew.

Joseph himself, although somewhat reluctantly, goes to look at the peep-hole, while his wife says: «From the terrace you can des­cend to the stables and thence into the rear kitchen garden. I will show you…» But while she sets out, her husband exclaims: «Joseph the Elder! What an honour!» and he opens the door letting in Joseph of Arimathea.

«Peace to You, Master. I was there and I saw… Manaen met me while I was coming out of the Temple disgusted to death, as I was not able to intervene, to do anything, in order to be more useful to You, and… Oh! you are here as well, Judas of Kerioth? You could do it, since you are the friend of so many! Do you not feel it is your duty, as you are His apostle?»

«You are a disciple…»

«No. If I were, I would follow Him like many others. I am a friend[1] of His.»

«It’s the same thing.»

«No. Lazarus also is His friend, but you are not going to tell me that he is a disciple…»

«He is, in his soul.»

«All those who are not demons are disciples of His word, because they realise that it is the word of Wisdom.»

The petty quarrel between Joseph and Judas of Kerioth comes to an end as Joseph of Sephoris, who only now realises that something unpleasant has taken place, questions this one and that one with interest and some sorrow. «Joseph of Alphaeus must be told! He must be told. And I will entrust… What do you want of me, Joseph?» he asks addressing the Elder who has touched his shoulder as if he wanted to ask him something.

«Nothing. I only wanted to congratulate you on your healthy look. This is a good Israelite: faithful and just in everything. Eh! I know. We can say of him that God has tested and known him…»

Another knock at the door. The two Josephs go together towards the door to open it and I see Joseph of Arimathea bend to say something in the ear of the other one, who reacts with great sur­prise and turns around for a moment to look at the apostles. He then opens the door.

509.3

Nicodemus and Manaen come in followed by all the shepherd disciples present in Jerusalem, that is, Jonathan and the ex­-disciples of the Baptist. Then, with them, there is John, the priest, with another very old man and Nicolaus. And, in the rear, Nike with the young girl entrusted to her by Jesus, and Annaleah with her mother. They remove the veils covering their faces, which look upset.

«Master! What is happening? I heard… From people first and then from Manaen… The town is full of this rumour, like a buzzing beehive and those who love You are rushing about looking for You wherever they think You may be. They have certainly come to your house as well, Joseph… I was going to Lazarus’ house, too… It’s too much! How did You manage to get out of trouble?»

«Providence watched over Me. The women disciples should not weep but they ought to bless the Eternal Father and fortify their hearts. And thanks and blessings to all of you. Love and justice are not completely dead in Israel. And that consoles Me.»

«Yes, Master, but do not go to the Temple any more. Stay away for a long time, and don’t go there!» They all agree in repeating the words and the anxious «don’t go» re-echoes among the robust walls of the old house in voices of imploring warning.

Little Martial, hidden goodness knows where, hears the noise and rushes towards the room out of curiosity, and peeps through the aperture of the curtains. He sees Mary and goes towards her taking shelter in her arms for fear of being reproached by Joseph of Sephoris. But Joseph is too excited and busy listening to this one and that one, giving advice and approving, and so forth, to pay attention to him, and he notices him only when the boy, to whom old Mary has said something, goes to Jesus and kisses Him throw­ing his arms around His neck. Jesus embraces him with one arm drawing him towards Himself, while He replies to the many people who are telling Him what they think is best to do.

«No. I am not moving from here. You may go to Lazarus, who was waiting for Me, and tell him that I cannot go. I, a Galilean and a friend of the family for years, am staying here until tomorrow evening. Then I will decide where to go…»

«You always say so, then You go back there, but we will not let You go back again. At least I will not. I really thought You were doomed…» says Peter while two tears well in his bulging eyes.

509.4

«I have never seen the like. And it’s enough. I have made up my mind. If You do not reject me… I am too old for the altar, by now, but I am still strong enough to die for You. And I will die, if necessary, between the sanctuary and the altar, like wise Zechariah, or Onias[2] the defender of the Temple and of the Treasury, I will die outside the sacred enclosure to which I have devoted all my life. But You will open a holier place to me! Oh! I can no longer bear the abomination! Why did my eyes have to see so much? The abomination seen by the Prophet[3] is already within the walls and it is rising and rising like the impetuous water of a flood on the point of submerging a town! It is rising and rising, invading courts and porches, overflowing steps, advancing further and further! It is rising and is already about to strike against the Holy of Holies! The muddy water is already lapping on the stones paving the holy place! Their precious hues are darkened! The feet of the Priest are soiled with it! His tunic is soaked with it! And the Ephod is made dirty! The stones of the Rational are dimmed by it and its words can no longer be read! Oh! The waves of the abomination are rising to the face of the High Priest and soiling it, and the Holiness of the Lord is under a crust of mud and his tiara is like a piece of cloth which has fallen into a muddy pond. Mud! Mud! But is it rising from outside, or from the top of Moria is it flowing over the town and all over Israel? Father Abraham! Father Abraham! Did you not want to light the fire of the sacrifice[4] there, so that the holocaust of your faithful heart might shine brightly? Slush now gurgles where the fire was to be! Isaac is among us, and the people are immolating him. But if the Victim is pure… if the Victim is pure… the sacrificers are filthy. Anathema on us! On the mountain the Lord will see the abomination of His people!… Ah!» and the old man who is with John, the priest, drops on the ground covering his face and weeping desolately.

«I brought him to You… He has been wishing for that for such a long time…But today, after what he saw, no one could hold him any longer… Old Matan (or Natan) is often inspired with prophetic spirit, and if his eyesight is becoming dimmer and dimmer, his spiritual vision is becoming brighter and brighter. Accept my friend, Lord» says John, the priest.

«I do not reject anybody. Stand up, priest, and raise your spirit. High above there is no mud, and he who knows how to stay high above is not touched by mud.»

The old man before getting up, full of veneration, takes the lowest hem of Jesus’ tunic and kisses it.

509.5

The women, and Annaleah in particular, are weeping under their veils, still deeply moved and the words of the old man in­crease their weeping. Jesus calls them, and with lowered heads they come near Him from the corner where they were staying. If Nike and Annaleah’s mother are successful in controlling their tears, concealing them almost completely, the young woman disciple is sobbing loudly, heedless of those who are watching her with different feelings.

«Forgive her, Master. She owes her life to You and she loves You. It is impossible for her to believe that they can harm You. And then she has been left so… lonely and so… sad after…» says her mother.

«Oh! it is not that! No, it is not that! Lord! Master! My Saviour! I… I…» Annaleah is unable to speak, partly because of her sobbing, partly out of shame or something else.

«She was afraid of reprisals because she is a disciple. That is cer­tainly the reason. Many are going away because of that…» says the Iscariot.

«Oh! no! Even less so! Man, you do not understand anything, or you lend your thoughts to other people. But You know, Lord, why I am weeping. I was afraid that You were dead and that You had forgotten the promise[5]…» she says, ending with a sigh, after utter­ing the first words vigorously, rebelling against Judas’ insinua­tion.

Jesus replies to her: «I never forget. Be not afraid. Go home, in peace, awaiting the hour of my triumph and of your peace. Go. The sun is about to set. Withdraw, women. And may peace be with you.»

«Lord, I am not happy to leave You…» says Nike.

«Obedience is love.»

«True, Master. But why can I not follow You like Eliza?»

«Because you are as useful to Me here as she is at Nob. Go, Nike. Let some men escort the women so that no one may importune them.»

509.6

Manaen and Jonathan are ready to obey, but Jesus stops Jonathan asking him: «So, are you going back to Galilee?»

«Yes, Master, the day after the Sabbath. My master is sending me.»

«Have you room in the wagon?»

«I am by myself, Master.»

«Then you will take Marjiam and Isaac with you. You, Isaac, know what you have to do. And you, too, Marjiam…»

«Yes, Master» reply the two, Isaac with his mild smile, Marjiam with a tremor of tears in his voice and on his lips.

Jesus caresses him, and Marjiam, forgetting all reservedness, throws himself on His chest saying: «Leave You… now that everybody is persecuting You!… Oh! my Master! I shall never see You again!… You have been all my Good. I found everything in You!… Why are You sending me away? Let me die with You! Of what importance is life to me, if I do not have You?»

«I say to you what I said to Nike. Obedience is love.»

509.7

«I will go! Bless me, Jesus!»

Jonathan goes away with Manaen, Nike and the other three women. Also the other disciples go away in small groups.

Only when the room, previously overcrowded, is almost empty, the absence of Judas of Kerioth is noticed. And many are surprised, because he was there shortly before, and he has not been given any order.

«He must have gone to do some shopping for us» says Jesus to prevent comments, and He continues to speak to Joseph of Arimathea and Nicodemus, the only ones left besides the eleven apostles and Marjiam, who is close to Jesus, anxious to enjoy His company during these last hours. Jesus is thus between Marjiam, an adolescent, and Martial, a boy, both swarthy, lean, equally unhappy in their youth, and equally accepted by two good Israelites in Jesus’ name.

Joseph of Sephoris and his wife have prudently withdrawn to leave the Master free.

509.8

Nicodemus asks: «But who is this boy?»

«He is Martial. A boy that Joseph has taken as son.»

«I did not know.»

«No one, or almost no one, knows.»

«He is a very humble man. Anybody else would have made his gesture known» remarks Joseph.

«Do you think so?… Go, Martial. Take Marjiam to see the house…» says Jesus. And when the two have gone, He resumes speaking: «You are mistaken, Joseph. How difficult it is to judge according to justice!»

«But, Lord! To take in an orphan, because he is certainly an orphan, and not boast about it, is surely humbleness.»

«The boy, his name tells you, is not from Israel…»

«Ah! now I see. He does the right thing then in keeping him hid­den.»

«But he has been circumcised…»

«It does not matter. You know… Also John of Endor was… But he was the cause of reproach for You. Joseph, a Galilean in addi­tion, might have trouble, despite the circumcision. There are so many orphans in Israel as well… Certainly with that name… and his features…»

«How “Israel” minded you all are, even the best! Even in doing good deeds you do not understand and you are not able to be perfect! Do you not yet understand that One Only is the Father of Heaven, and that each creature is His child? Do you not yet under­stand that man can have only one reward and only one punishment and that it is really a reward or a punishment? Why become slaves to the fear of men? But that is the fruit of the corruption of the divine Law, which has been altered and oppressed to such an ex­tent by petty human laws, as to dull and obscure even the thought of the just people who practise it. In the Mosaic Law, therefore divine, in the pre-Mosaic law, merely moral or risen through celestial inspiration, is it perhaps stated that those who did not belong to Israel, could not become part of it? Do we not read[6] in Genesis: “When they are eight days old all your male children must be circumcised, no matter whether they be born within the household or bought from a foreigner not one of your descend­ants”? That was stated. Any further addition is your own. I told Joseph and I am telling you. The ancient circumcision will soon no longer have much importance. A new and truer one will replace it and on a nobler part. But while the first one lasts and you, out of loyalty to the Lord, apply it to males born of you or adopted by you, do not be ashamed of having done it also on the flesh of other races. The flesh belongs to the sepulchre, the soul to God. The flesh is circumcised because it is not possible to circumcise what is spiritual. But the holy sign shines on the spirit. And the spirit comes from the Father of all men. Meditate on that…»

509.9

There is silence, then Joseph of Arimathea stands up and says: «I am going, Master. Come to my house tomorrow.»

«No, it is better if I do not come.”

«Then come to me, to the house on the Mount of Olives, on the road to Bethany. There is peace and…»

«No, not even there. I will go to the Mount of Olives, to pray… But My spirit is seeking solitude. Please excuse Me.»

«As You wish, Master. But… do not go to the Temple. Peace to You.»

«Peace to you…

The two go away…

«I would like to know where Judas has gone!» exclaims James of Zebedee. «I would say to the poor people. But his purse is here.»

«Do not worry… He will come…»

Mary of Joseph comes in with some lamps, as the light no longer shines through a thick sheet of mica placed as skylight in the large room, and also the two boys come back in.

«I am glad to leave You with one whose name is almost like mine. So, when You call him, You will remember me» says Marjiam.

Jesus draws him to Himself.

Judas also come in. The maidservant opened the door to him. He is bold, smiling, frank! «Master, I wanted to see… The storm has calmed down. And I escorted the women… That virgin is so fear­ful! I did not say anything to You because You would have stopped me, and I wanted to see whether there was any danger for You. But no one thinks any more about it. The streets are empty on Sab­baths.»

«Very well. Let us stay in peace here now and tomorrow…»

«You are not going back to the Temple already!» shout the apostles.

«No. To our synagogue, as good Galilean believers.»


Notes

  1. l’un de ses amis, comme en 505.1, où est expliquée la différence entre disciple et ami de Jésus. Mais “ l’ami ” peut être “ plus qu’un disciple par le cœur ”, comme le dit Jésus à Lazare en 135.2 ; c’est aussi celui “ qui fait ce que je fais ”, comme il le lui répète en 581.5. La différence entre disciple et apôtre est expliquée en 165.8.
  2. comme le sage Zacharie, ou bien comme Onias, en 2 Ch 24, 17-22 ; 2 M 4, 30-35 ; l’abomination vue par le prophète, en Dn 9, 27 ; 11, 31 ; 12, 11 ; allumer là le feu du sacrifice, en Gn 22, 1-18.
  3. promesse demandée et obtenue en 156.5/6.
  4. Ne lit-on pas, en Gn 17, 12.

Notes

  1. friend, as in 505.1, where the difference between disciples and friends of Jesus is explained. But “friend” can be “more than a disciple for anybody’s heart”, as Jesus says to Lazarus in 135.2, and he is the one that “does what I do” as repeated in 581.5. The difference between disciples and apostles in 165.8.
  2. like wise Zechariah, or Onias, in: 2 Chronicles 24,17-22; 2 Maccabees 4,30-35.
  3. The abomination seen by the Prophet, in: Daniel 9,27; 11,31; 12,11.
  4. want to light the fire of the sacrifice, in: Genesis 22,1-18.
  5. promise, requested and granted in 156.5/6.
  6. read, in: Genesis 17,12.