Gli Scritti di Maria Valtorta

531. A Nobé, malades et pèlerins viennent de partout.

531. A Nobe, malati e pellegrini da ogni regione.

531.1

Jésus se tient au milieu de malades ou de pèlerins venus vers lui d’un peu partout en Palestine. Il y a même un navigateur de Tyr qu’un accident en mer a rendu paralysé et qui raconte son histoire : le roulis a provoqué la chute du chargement, les lourdes marchandises sont tombées sur lui et ont blessé sa colonne vertébrale. Il n’est pas mort, mais sa situation est pire, car son handicap oblige ses parents à délaisser leur travail pour le soigner. Il dit être allé avec eux à Capharnaüm puis à Nazareth, et avoir appris par Marie que Jésus se trouvait en Judée, et précisément à Jérusalem.

« Elle m’a donné le noms d’amis susceptibles de t’héberger, et un Galiléen de Séphoris m’a dit que tu étais ici, de sorte que je suis venu. Je sais que tu ne méprises personne, pas même les Samaritains. Et j’espère que tu m’exauceras. J’ai une telle foi ! »

Sa femme reste silencieuse mais, accroupie à côté du grabat sur lequel on a posé le malade, elle regarde Jésus avec des yeux plus suppliants que toute parole.

« Où as-tu été touché ?

– Au-dessous du cou. C’est là précisément que le choc a été le plus fort et que j’ai entendu dans ma tête un bruit semblable à celui du bronze que l’on frappe. Puis il a fait place au continuel mugissement d’une mer en tempête et des lumières, des lumières de toutes couleurs se sont mises à danser devant mes yeux… Ensuite, je n’ai plus rien senti pendant plusieurs jours. Nous naviguions dans les eaux de Cintium et je me suis retrouvé à la maison, je ne sais comment. J’ai retrouvé le mugissement dans la tête et les lumières dans les yeux pendant des jours et des jours. Puis cela a passé… mais mes bras comme mes jambes sont restés morts. A quarante ans, je suis un homme fini, or j’ai sept enfants, Seigneur.

– Femme, soulève ton mari et découvre l’endroit qui a été atteint. »

La femme obéit sans mot dire. Par des mouvements adroits et maternels, aidée par l’homme qui l’accompagne — j’ignore s’il s’agit de son frère ou de son beau-frère —, elle glisse un bras sous les épaules de son mari tandis que, de l’autre main, elle soutient la tête puis, avec la délicatesse avec laquelle on retournerait un nouveau-né, elle soulève le corps lourd de son siège. Une cicatrice encore rouge indique l’endroit du choc principal.

Jésus se penche. Tout le monde allonge le cou pour regarder. Jésus appuie la pointe des doigts sur la cicatrice en disant :

« Je le veux ! »

L’homme a une secousse, comme si un courant électrique l’avait touché, et il s’écrie :

« Quel feu ! »

Jésus détache les doigts des vertèbres blessées et ordonne :

« Lève-toi ! »

L’homme ne se le fait pas dire deux fois. Appuyer sur son siège ses bras inertes depuis des mois, se secouer pour se dégager de ceux qui le soutiennent, lancer ses jambes en bas du brancard et se mettre debout, voilà qui est fait en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

La femme crie, le parent crie, l’homme guéri lève les bras au ciel, rendu muet par la joie. Après un instant de stupéfaction, il tourne sur lui-même, avec l’assurance de l’homme le plus agile, et se tient face à Jésus. Il retrouve alors sa voix et s’écrie :

« Béni sois-tu, toi et celui qui t’a envoyé ! Je crois au Dieu d’Israël, et à toi, son Messie ! »

A ces mots, il se jette à terre pour baiser les pieds de Jésus tandis que les gens ovationnent.

531.2

Après cela, d’autres miracles sont accomplis sur des enfants, des femmes, des vieillards pour la plupart. Puis Jésus parle.

« Vous avez vu le miracle des os fracturés qui retrouvent leur solidité et des membres morts qui reprennent vie. Cela, c’est le Seigneur qui vous l’a accordé pour fortifier la foi des croyants et la susciter chez les autres. Et ce miracle a été accordé à des personnes venues de partout chercher ici la santé, poussées par la foi en mon pouvoir de guérison.

Il y a ici des Judéens et des Galiléens, des Libanais et des Syro-Phéniciens, des habitants de la Batanée[1] lointaine et des bords de la mer. Et tous sont venus, sans tenir compte de la saison et de la longueur du trajet ; leurs parents les ont accompagnés sans murmurer, sans se plaindre des travaux restés en suspens ou des commerces délaissés, car ce qu’ils allaient obtenir valait de loin tous les sacrifices. Et comme sont tombés les égoïsmes et les incertitudes de l’homme, ainsi sont tombées les idées politiques ou religieuses qui constituaient une sorte de muraille les empêchant de se considérer tous frères, tous égaux dans la vie et la souffrance, unis dans le même désir, le même espoir de santé et de réconfort.

Et moi, à tous ceux qui ont su se joindre dans une espérance qui est déjà de la foi, j’ai accordé la santé et le réconfort, car il est juste qu’il en soit ainsi.

531.3

Je suis le Pasteur universel et je dois accueillir toutes les brebis qui veulent entrer dans mon troupeau. Je ne fais aucune distinction entre les brebis en bonne santé et les malades, entre les brebis faibles et les fortes, entre celles qui me connaissent parce qu’elles appartiennent déjà au troupeau de Dieu, et celles qui jusqu’à ce jour ne me connaissaient pas et ne connaissaient même pas le vrai Dieu. Car je suis le Pasteur de l’humanité, et je prends mes brebis partout où elles se trouvent et se dirigent vers moi. S’agit-il de brebis maigres, sales, avilies, ignorantes, frappées par des bergers qui ne les ont pas aimées et les ont repoussées en les qualifiant d’impures ? Il n’est pas d’impureté qui ne puisse être purifiée. Et il n’est pas d’impureté qui, voulant se purifier et demandant de l’aide pour y arriver, puisse être repoussée sous prétexte qu’elle est incurable.

Les bons désirs, c’est Dieu qui les suscite. S’il les suscite, c’est signe qu’il veut les voir devenir réalité. C’est le même Esprit de Dieu qui demande par des prières ineffables cette absorption de tous les hommes par l’Amour, car l’Esprit de Dieu désire se répandre et s’enrichir : se répandre en aimant un nombre illimité d’êtres à peine suffisant pour donner satisfaction à son infinité d’Amour, et s’enrichir de l’amour d’un nombre illimité d’êtres attirés à lui par la douceur de ses parfums. Il n’est donc permis à personne de mépriser et de repousser celui qui veut entrer dans le saint troupeau.

Je dis cela pour ceux d’entre vous qui peuvent cultiver dans leur cœur les idées d’une grande partie d’Israël, des idées de distinctions et de jugements que Dieu n’apprécie pas, car elles sont contraires à son dessein de faire de tous les peuples un Peuple unique qui porte le nom du Messie envoyé par lui.

Cependant, je m’adresse aussi à ceux qui viennent de l’extérieur, aux brebis jusqu’à présent sauvages et qui éprouvent le désir d’entrer dans le troupeau unique de l’unique Pasteur. Et je dis : que rien ne les décourage, que rien ne les avilisse. Il n’est pas de paganisme, il n’est pas d’idolâtrie, il n’est pas de vie différente de celle que j’enseigne, qu’on ne puisse renier et repousser pour permettre à l’esprit de se refaire à neuf, délivré de toute mauvaise herbe pour être capable de recevoir de nouvelles semences et de revêtir un nouveau vêtement. Et c’est cela, plus encore que la santé des membres, qui devrait pousser les peuples vers moi.

531.4

De la même façon — et cela vaut pour les Hébreux de Palestine comme pour les juifs et les prosélytes de la Diaspora ou encore pour les païens —, tout comme vous savez venir à moi pour que vos chairs malades soit délivrées du joug de l’infirmité, sachez venir pour que votre âme soit délivrée du joug du péché ou du paganisme. Tous, vous devriez désirer et me demander en premier lieu, de toute votre cœur, d’être libérés de ce qui rend votre esprit esclave des forces mauvaises qui le dominent. Vous devriez vouloir d’abord cette libération, et demander comme premier miracle le Royaume de Dieu en vous. Car, une fois que ce sera le cas, toute autre grâce vous sera donnée, et donnée de manière que le don ne pèse pas comme un châtiment dans l’autre vie.

Vous n’avez pas pris en considération les intempéries, les fatigues, les dépenses, les soins pour obtenir la santé des membres qui, même s’ils sont guéris aujourd’hui, dans un proche avenir, périront de mort physique. C’est du même cœur que vous devriez savoir tout affronter pour obtenir la santé spirituelle, la vie éternelle, et la possession du Royaume de Dieu.

Qu’est-ce que le mépris ou les menaces de parents, de concitoyens ou de puissances, en comparaison de ce que vous obtiendrez tous, de quelque endroit que vous arriviez, si vous savez naître à la vérité et à la vie ? Qui, pour rester une journée à une fête qui se termine au coucher du soleil, hésiterait à aller dans un endroit où il saurait que l’attend toute une vie de bonheur ? C’est pourtant ce que font beaucoup. Pour se rassasier, pendant une fraction de temps, des insipides et inutiles joies du monde, ils négligent d’accourir à l’endroit où ils trouveraient pour toujours une vraie nourriture, une vraie santé, une vraie joie, et sans crainte de se la voir arracher par une haine ennemie.

Dans le royaume de Dieu, il n’y a pas de haine, pas de guerre, pas d’injustices. Celui qui sait y entrer ne connaît plus la douleur, l’angoisse, les vexations, mais il possède la paix joyeuse qui émane de mon Père.

Je vous congédie. Allez. Retournez dans vos villages. Désormais, mes disciples sont nombreux et répandus dans toutes les régions de Palestine. Ecoutez-les, si vous voulez connaître ma Doctrine et être prêts pour le jour de la décision dont dépendra la vie éternelle d’un grand nombre. Je vous donne ma paix pour qu’elle vous accompagne. »

Et Jésus, après avoir béni la foule, rentre dans la maison…

531.5

Après être restés un moment à l’extérieur, les apôtres viennent déjeuner, car le soleil, déjà haut dans le ciel, indique qu’il est midi.

Après la bénédiction, ils s’asseyent à la table rustique pour prendre leur repas, composé de fromages, de chicorée cuite à l’eau et assaisonnée à l’huile, et discutent sur les événements de la matinée. Ils se réjouissent que le nombre des disciples qui évangélisent se soit accru au point de pouvoir soulager le Maître du devoir de parler continuellement, dans les conditions de fatigue où il se trouve. En effet Jésus, ces derniers temps, est encore amaigri. Sa carnation de peau, qui est naturellement d’un blanc d’ivoire foncé avec à peine une teinte de rosé sous la couleur brune de la peau, au sommet des joues, est maintenant tout à fait blanche, semblable à un pétale de magnolia qui aurait perdu sa fraîcheur.

Comme j’ai longtemps vécu à Milan, je connais la couleur délicate du marbre de Candoglia qui a servi à la construction du magnifique Dôme. Or le visage du Seigneur, en ces derniers mois douloureux de sa vie terrestre, me paraît vraiment avoir la couleur de ce marbre qui n’est pas blanc, qui n’est pas rosé, qui n’est pas jaune, mais rappelle avec les nuances les plus délicates ces trois couleurs. Ses yeux sont plus profonds et semblent donc plus sombres ; peut-être aussi une ombre de lassitude obscurcit-elle les paupières et les orbites. Ce sont les yeux d’un homme qui dort peu, pleure beaucoup et souffre. Et sa main me paraît plus longue, parce qu’elle est décharnée et plus pâle : cette douce main de mon Seigneur révèle déjà le relief des tendons et les veines, et aussi des creux par suite de la maigreur sous laquelle transparaît l’ossature sous-jacente. C’est une sainte main martyre, déjà prête pour le clou qui la transpercera et où il sera facile aux bourreaux de trouver le point où l’enfoncer, puisqu’il n’y a pas trace de graisse sur la main ascétique de mon Seigneur.

Maintenant, elle s’abandonne comme par épuisement sur le bois sombre de la table, tandis qu’il hoche la tête en souriant d’un air fatigué à ses apôtres, qui s’aperçoivent de l’infinie lassitude de ses membres, de sa voix, et surtout de son cœur, trop affligé, trop épuisé par l’effort de devoir tenir unis tant de cœurs différents, de devoir supporter et tenir cachée la turpitude de son incorrigible disciple…

531.6

Pierre décrète :

« Jusqu’à la fête de la Dédicace, il faut absolument que tu te reposes. Nous nous occuperons nous-mêmes de ceux qui viendront. Toi, tu iras… Mais, oui ! chez Thomas. Tu seras tout près et en paix. »

Thomas appuie la proposition de Pierre, mais Jésus secoue la tête. Non, il s’y refuse.

« Dans ce cas, tu ne parleras pas ces jours-ci. Nous pouvons le faire. Ce ne seront pas des paroles très élevées : nous nous en tiendrons à ce que nous savons et toi, tu t’occuperas seulement des malades.

– Cela, nous aussi pouvons le faire, décrète Judas.

– Hum ! Moi, j’y renonce, dit Pierre.

– Pourtant, tu l’as déjà fait !

– Bien sûr, quand le Maître n’était pas avec nous et que nous devions le représenter et le faire aimer. Mais à présent il est là, et c’est lui qui accomplit les miracles. Lui seul en est digne. Des miracles, nous ! Mais nous avons besoin de recevoir celui de notre renouveau personnel, parce que, de nous-mêmes, je m’en rends bien compte, nous ne ferons jamais rien de bon. Nous sommes de misérables pécheurs et des ignorants.

– Parle pour toi, je t’en prie. Moi, je ne me sens pas du tout misérable ! réplique Judas.

– Le Maître est fatigué. Sa lassitude est plus morale que physique. S’il est vrai que nous l’aimons, évitons les disputes. C’est ce qui l’épuise le plus » tranche sévèrement Simon le Zélote.

Jésus lève les yeux pour regarder l’apôtre âgé, toujours si sage, et il lui tend la main par dessus la table pour lui faire une caresse. Simon le Zélote prend dans ses mains brunes cette main blanche et il la baise.

« Tu as raison, mais moi aussi, quand je dis qu’il doit absolument se reposer. Il a l’air malade !… » insiste Pierre.

Tous sont d’accord, y compris le vieux Jean et Elise, qui intervient :

« Il y a si longtemps que je le dis. C’est pourquoi je voudrais… »

531.7

Un coup à la porte.

André, qui en est le plus proche, va ouvrir et sort en refermant la porte derrière lui. A son retour, il annonce :

« Maître, il y a une femme. Elle insiste pour te voir. Elle est accompagnée d’une fillette. Elle doit être de haute condition, malgré la simplicité de son vêtement. Je pense qu’elles ne sont pas malades, ni elle ni sa fille. Mais je ne sais pourquoi elle porte un voile si épais. La petite a des fleurs splendides dans les bras.

– Renvoie-la. Nous étions en train de dire qu’il doit se reposer, et tu ne le laisses même pas finir de manger ! grommelle Pierre.

– Je le lui ai dit. Mais elle m’a répondu qu’elle ne fatiguera pas le Maître, et qu’il se réjouira sûrement de la voir.

– Demande-lui de revenir demain à la même heure que tout le monde. Le Maître va maintenant se reposer.

– André, accompagne-la dans la chambre du haut. J’arrive tout de suite, dit Jésus.

– Et voilà ! Je le savais bien ! C’est ainsi qu’il se ménage ! C’est exactement comme nous lui disions de faire ! »

Pierre est fâché.

Jésus se lève et, avant de sortir, il passe derrière Pierre, lui met les mains sur les épaules, se penche un peu pour déposer un baiser sur ses cheveux :

« Tu es gentil, Simon ! Celui qui m’aime soulage ma lassitude plus que si je me reposais sur un lit.

– Sais-tu si c’est une personne qui t’aime ?

– Oh ! Simon ! L’inquiétude te fait dire des paroles dont tu t’es déjà repenti, car tu te rends compte qu’elles sont sottes ! Réfléchis ! Une femme qui vient, avec une enfant innocente dont les bras sont chargés de fleurs, ne peut que m’aimer et pressentir mon besoin de trouver un peu d’amour et de pureté au milieu de tant de haine et de souillure. »

A ces mots, il monte l’escalier de la terrasse, tandis qu’André, sa mission accomplie, rentre dans la cuisine.

531.8

La femme se tient sur le seuil de la porte de la pièce supérieure. Elle est grande, élancée sous un lourd manteau gris, le visage voilé par une toile de soie ivoire qui descend de la capuche fermée autour de son visage. La fillette, toute jeune encore — elle peut avoir au maximum trois ans —, porte un petit vêtement de laine blanche et un manteau à capuche, blanc également. Mais cette capuche, en glissant, a découvert ses boucles d’une délicate couleur châtain clair lorsque, pour regarder la femme, elle a levé son petit visage qui émerge du bouquet qu’elle serre étroitement dans ses bras. Celui-ci est composé de magnifiques fleurs qu’on ne peut trouver en décembre que dans ces pays-là : ce sont des roses carnées mélangées avec de délicates fleurs blanches que je ne connais pas — je ne suis pas très forte en floriculture —.

A peine Jésus a-t-il posé le pied sur la terrasse qu’il s’entend saluer par la petite voix de l’enfant qui court à sa rencontre, poussée par la femme :

« Ave, Domine Jesu ! »

Jésus incline sa haute personne sur sa minuscule fidèle, et pose une main sur ses cheveux :

« La paix soit avec toi »

Puis il se relève et suit la fillette qui, avec un gazouillement joyeux, revient vers la femme. Celle-ci s’incline profondément, en se déplaçant pour laisser le Maître passer par la porte.

Jésus la salue d’un signe de tête, et pénètre dans la pièce pour aller s’asseoir sur le premier siège qu’il trouve, silencieux comme s’il attendait. Il est très majestueux. Sur son pauvre tabouret de bois sans dossier, il paraît siéger sur un trône tant est éblouissante sa dignité. Sans manteau, avec son seul habit de laine d’un bleu très foncé, sans ornements, un peu déteint sur les épaules où la pluie, le soleil, la poussière et la sueur ont défraîchi la couleur — en résumé, un habit pauvre, mais propre —, il paraît vêtu de pourpre tant son attitude est royale. Il a la tête très droite, presque hiératique, les mains sur les genoux, paumes ouvertes, les pieds nus sur le sol en vieilles briques, avec comme fond le mur à peine blanchi à la chaux. Derrière lui se trouvent, non pas un drap ni un baldaquin, mais un tamis pour la farine et une corde où sont suspendus des paquets d’ail et d’oignons. Mais il est plus imposant que s’il avait sous les pieds un pavage précieux, un mur d’or derrière lui et un voile de pourpre orné de pierreries sur la tête.

Il attend. Sa majesté paralyse la femme en une stupeur de vénération. La fillette elle aussi se tait et reste immobile à côté de la femme, un peu effrayée peut-être. Mais Jésus sourit :

« Je suis ici pour vous. N’ayez pas peur. »

Alors toute crainte tombe. La femme murmure quelque chose à la fillette et celle-ci s’avance, s’approche des genoux de Jésus et lui tend toutes ses fleurs :

« Ce sont les roses de Faustina à son Sauveur. »

Elle dit ces mots lentement, comme quelqu’un qui ne connaît pas une langue qui n’est pas la sienne. Pendant ce temps, la femme est venue s’agenouiller derrière la fillette, en rejetant son voile. C’est Valéria, la mère de la petite, qui salue Jésus à la romaine :

« Ave, Maître.

– Que Dieu vienne à toi, femme. Comment donc es-tu ici ? Qui plus est, seule ? » demande Jésus tout en caressant la petite.

Toute peur disparue, celle-ci, non contente d’avoir déposé les fleurs sur les genoux de Jésus, fouille le bouquet qui embaume et choisit celles qui lui semblent les plus belles :

« Prends ! Prends ! C’est pour toi, tu sais… »

Et elle lève tantôt une rose, tantôt une des larges ombrelles blanches à petites étoiles odorantes, près du visage de Jésus qui les prend et les remet avec les autres.

531.9

Pendant ce temps, Valéria parle :

« J’étais à Tibériade, car ma fille était un peu malade et notre médecin l’avait conseillé… »

Elle fait une longue pause, change de couleur puis dit à la hâte :

« Je ressentais une grande douleur au fond du cœur et je désirais te voir. Car un seul médecin pouvait me guérir : toi, Maître, qui en toutes choses as des paroles de justice… Je serais donc venue de toute façon, poussée par l’égoïsme d’obtenir de toi quelque réconfort, mais aussi pour savoir ce que je dois faire pour… Oui, pour te montrer ma reconnaissance, à toi et à ton Dieu, qui m’avez accordé d’avoir mon enfant… Mais nous savons tant de choses, Maître… Les rapports des moindres faits de la Colonie sont quotidiennement déposés sur la table de travail de Ponce Pilate. Il en prend connaissance, mais pour prendre des décisions à leur sujet, il s’en rapporte beaucoup à Claudia… Beaucoup de ces rapports parlent de toi et des juifs qui entretiennent l’agitation dans le pays, en faisant de toi à la fois un emblème de réveil national et une cause de haine civile. Claudia voit juste quand elle dit à son mari que, s’il y a en Palestine un seul homme dont il n’ait rien à redouter, c’est bien toi. Et Pilate l’écoute jour après jour… Jusqu’à présent, Claudia est la plus forte. Mais si, demain, une autre force dominait Pilate… J’ai donc su et senti que l’innocence de ma fille allait te consoler…

– Tu as eu un cœur plein de pitié et éclairé, femme. Que Dieu t’éclaire pleinement et veille sur ton enfant, maintenant et toujours.

– Merci, Seigneur. J’ai besoin de Dieu… »

Des larmes coulent des yeux de Valéria.

« Oui, tu en as besoin. C’est en lui que tu auras tout réconfort, et tu sauras trouver un guide pour être juste en jugeant, en pardonnant, en aimant encore, et surtout pour éduquer cette petite, afin qu’elle ait la vie heureuse des enfants du vrai Dieu.

531.10

Tu vois : le Dieu que tu ne connaissais pas, que tu avais peut-être raillé, lui et sa Loi, si différents de vos dieux comme de vos lois et pratiques religieuses ; le Dieu que tu avais certainement offensé par une manière de vivre où la vertu n’était pas respectée en bien des choses, légères encore, si tu veux, mais qui conduisaient à blesser plus grièvement la vertu et à offenser la Divinité qui t’a créée, toi aussi ; ce Dieu t’a tant aimée qu’il t’a amenée à moi, par la souffrance que tu éprouvais dans ton humanité de mère — et de mère qui ne connaît pas la vie future et par conséquent le caractère temporaire de la séparation de la chair de sa chair. Il t’a aimée au point de me conduire à Césarée quand tu agonisais, pour ainsi dire, sur la chair de ton enfant, qui en était à sa dernière extrémité. Il t’a tant aimée qu’il te l’a rendue[2] afin que tu gardes toujours à l’esprit la bonté et la puissance du vrai Dieu, et que tu y trouves un frein contre la licence païenne, ainsi qu’une consolation dans toutes tes peines de femme mariée. Il t’a tant aimée que, par une autre douleur, il a renforcé en toi la volonté de venir à la Voie, à la Vérité, à la Vie, et de t’y fixer avec ta fille, pour qu’elle au moins possède dès sa prime enfance ce qui est réconfort et paix, salut et lumière, dans les tristes journées à passer sur terre, et que cela lui permette d’être préservée de tout ce qui te fait souffrir, toi, dans la meilleure partie de ton être — instinctivement bonne et incapable de supporter la boue sombre où elle est obligée de vivre — comme aussi dans tes affections, généreuses, mais désordonnées.

C’est que dans tes affections, tu es païenne, femme. Ce n’est pas ta faute. C’est la faute du siècle où tu vis et du paganisme dans lequel tu as grandi. Il faut être ancré dans la vraie religion pour savoir leur donner leur juste valeur, leur mesure et les manifester comme il convient. Toi qui étais une mère ignorante de la vie éternelle, tu as aimé ton enfant d’une manière désordonnée et, en la voyant mourir, tu te révoltais désespérément contre cette perte. Sa mort prochaine te rendait folle. Comme quelqu’un qui voit la personne qui lui est le plus cher être saisie par un fou et suspendue au-dessus d’un abîme du fond duquel elle ne pourrait revenir en cas de chute, et dont la froide dépouille ne pourrait même pas lui être rapportée pour un dernier baiser de son amour, ainsi tu voyais ta chère Fausta déjà suspendue au-dessus de l’abîme du néant… Pauvre maman qui n’aurait plus eu sa fille ! Ni dans sa chair ni dans son esprit. Le néant. La fin, cette fin inexorable qu’est la mort pour ceux qui ne croient pas à la vie spirituelle.

Toi qui es une épouse païenne, aimante, fidèle, tu as aimé en ton époux le dieu terrestre d’un amour charnel, ton beau dieu qui se faisait adorer par toi, en abaissant ta dignité d’égale à une servilité d’esclave. Que la femme soit soumise à son mari, humble, fidèle, chaste, oui. Lui, l’homme, est le chef de famille, mais chef ne veut pas dire despote. Cela ne veut pas dire maître capricieux auquel tout est permis, non seulement sur le corps, mais sur la meilleure partie de son épouse. Vous promettez : “ Là où tu seras Caius, je serai Caia[3]. ” Pauvres femmes d’un lieu où la licence se trouve jusque dans les histoires de vos dieux, celles d’entre vous qui ne sont pas d’une impudicité effrénée, comment pouvez-vous être là où sont vos époux ? Il est inévitable qu’une femme qui n’est pas licencieuse et corrompue, se détache avec dégoût et éprouve une douleur vraiment atroce, comme si des fibres se déchiraient, un effroi, un écroulement de tout culte envers son mari contemplé jusqu’alors comme un dieu, quand elle découvre que celui qu’elle adorait est un être misérable, dominé par une animalité brutale, licencieux, adultère, distrait, indifférent, et qu’il se moque des sentiments et de la dignité de son épouse.

Ne pleure pas. Moi aussi je sais tout, et sans avoir besoin des rapports des centurions. Ne pleure pas, femme. Apprends, au contraire, à aimer ton mari d’une manière ordonnée.

531.11

– Je ne peux plus l’aimer, il ne le mérite plus. Je le méprise. Je ne m’avilirai pas moi-même en l’imitant, mais je ne peux plus l’aimer. Tout est fini entre nous. Je l’ai laissé partir… sans essayer de le retenir… Au fond, je lui ai été reconnaissante, une dernière fois, de s’être éloigné… Je ne le rechercherai pas. Du reste, quand donc a-t-il été pour moi un compagnon ? Une fois tombé le bandeau de mon adoration, je me rappelle maintenant ses actes et je les juge. Etait-il avec mon cœur, quand je pleurais de devoir le suivre ici, et pour cela quitter ma mère malade et ma patrie, alors que j’étais jeune mariée et près d’accoucher ? Lui, avec ses amis, riait d’un air fat de mes larmes et de mes nausées, m’avertissant seulement de ne pas salir ses vêtements. Etait-il peut-être auprès de moi, dans la nostalgie de mon dépaysement ? Non, mais dehors, avec ses amis, aux festins où mon état ne me permettait pas d’aller… Etait-il donc penché avec moi sur le berceau du bébé ? Quand on lui a montré notre fille, il s’est mis à rire en disant : “ J’aurais bien envie de m’en débarasser. Ce n’est pas pour avoir des filles que j’ai accepté le joug matrimonial. ” Il n’a pas assisté à la purification sous prétexte que c’était une “ comédie inutile ”. Et comme la petite pleurait, il est sorti en lançant : “ Qu’on lui donne le nom de Libitina[4], et qu’elle soit consacrée à la déesse. ” Et quand Fausta fut mourante, a-t-il partagé mon angoisse ? Où était-il, la nuit qui précéda ta venue ? Dans la maison de Valérien à un banquet. Mais je l’aimais : c’était — et tu dis vrai — mon dieu. Tout me paraissait bon, juste en lui. Il me permettait de l’aimer… et j’étais l’esclave la plus soumise à ses volontés. Sais-tu pourquoi il m’a écartée de lui ?

– Oui : parce que, dans ta chair, ton âme s’était réveillée, et tu n’étais plus une femelle, mais une femme.

– Exactement. J’ai voulu rendre ma maison vertueuse… et lui s’est fait envoyer à Antioche auprès du consul, en m’imposant de ne pas le suivre. Il a emmené ses esclaves favorites. Ah ! je ne l’aurais pas suivi ! Avec mon enfant, j’ai tout.

– Non, tu n’as pas tout. Tu as une partie, une petite partie du Tout, ce qui te sert à être vertueuse. Le Tout, c’est Dieu. Ta fille ne doit pas être une raison d’injustice envers le Tout, mais de justice. Pour elle et avec elle, tu as le devoir d’être vertueuse.

– Je suis venue te consoler, et c’est toi qui me consoles… Mais mon intention était aussi de te demander comment éduquer cette petite pour la rendre digne de son Sauveur. J’avais pensé me faire prosélyte, ainsi que Libitina…

– Et ton mari ?

– Oh ! tout est fini avec lui.

– Non : tout commence. Tu es toujours sa femme. Le devoir d’une épouse vertueuse est de rendre bon son conjoint.

– Il dit qu’il veut divorcer, et il le fera certainement. C’est pourquoi…

– Oui, il le fera. Mais entre-temps, tu demeures sa femme, même d’après votre loi. Et comme telle, tu as le devoir de rester à ta place d’épouse. Ta place vient après celle de ton mari à la maison, auprès de ta fille, en présence des serviteurs et du monde. Tu penses : il a donné le mauvais exemple. C’est vrai. Mais cela ne te dispense pas d’être, toi, un exemple de vertu. Lui, il est parti, c’est vrai. Toi, prends sa place auprès de ta fille et des serviteurs.

531.12

Tout n’est pas répréhensible dans vos coutumes. Quand Rome était moins corrompue, ses femmes étaient chastes, travailleuses, et elles servaient la divinité par une vie de vertu et de foi. Même si leur condition misérable de païennes les faisait servir des faux dieux, l’idée était bonne. Elles donnaient leur vertu à l’Idée de la religion, au besoin d’un respect pour une religion, à une Divinité dont le vrai nom leur était inconnu, mais dont elles pressentaient l’existence et qui était plus grand que l’Olympe licencieux, que les divinités avilies qui le peuplaient selon les légendes mythologiques. Votre Olympe, vos dieux n’existent pas. Mais vos vertus antiques résultaient de la conviction vraie qu’il fallait être vertueux pour pouvoir être regardé avec amour par les dieux. Vous sentiez que vous aviez un devoir envers les divinités que vous adoriez, et c’en était le fruit. Aux yeux du monde, et en particulier de notre monde judaïque, vous paraissiez stupides d’honorer autant ce qui n’existe pas. Mais pour la Justice éternelle et vraie, pour le Dieu très-haut, unique et tout-puissant Créateur de tout être et de toute chose, ces vertus, ce respect, ce devoir n’étaient pas vains. Le bien est toujours un bien, la foi a toujours valeur de foi, la religion a toujours valeur de religion si celui qui exerces ces pratiques est convaincu d’être dans le vrai.

Je t’exhorte à imiter vos antiques femmes, chastes, travailleuses et fidèles, en restant à ta place, colonne et lumière de ta maison, dans ta maison. Ne crois pas que tes serviteurs éprouvent moins de respect pour toi parce que tu es restée seule. Jusqu’à présent, ils t’ont servie par crainte et parfois avec un sentiment caché de haine et de révolte. Ils le feront dorénavant avec amour. Les malheureux aiment ceux qui sont malheureux. Tes esclaves connaissent ta douleur. Ta joie les rendait amers. Tes peines, en te dépouillant du froid éclat de maîtresse, au sens le plus odieux du mot, te revêtiront d’une lumière chaude de pitié. Tu seras aimée, Valéria, à la fois par Dieu, par ta fille et par tes serviteurs. Et même si tu n’es plus l’épouse, mais la divorcée, rappelle-toi (Jésus se lève) que la séparation légale ne supprime pas le devoir de la femme de rester fidèle à son serment d’épouse.

531.13

Tu souhaiterais entrer dans notre religion. L’un de ses préceptes divins veut que la femme soit chair de la chair de l’époux, et que rien ni personne ne puisse séparer ce que Dieu a uni. Chez nous aussi, le divorce existe. Il est venu comme un fruit mauvais de la débauche humaine, du péché d’origine, de la corruption des hommes. Mais il n’est pas venu spontanément de Dieu qui ne change pas sa parole. Or Dieu avait inspiré à Adam — innocent encore, et parlant par conséquent avec une intelligence que la faute n’avait pas altéré — ceci : que les époux, une fois unis, devaient être une seule chair. La chair ne se sépare pas de la chair autrement que par le malheur de la mort ou de la maladie.

Le divorce mosaïque, accordé pour éviter des péchés atroces, n’accorde à la femme qu’une liberté bien restreinte. Une divorcée est toujours amoindrie dans la pensée des hommes, soit qu’elle reste telle, soit qu’elle passe à des secondes noces. Dans le jugement de Dieu, c’est une malheureuse si elle le devient à cause des torts de son mari et si elle reste dans cet état ; mais elle n’est qu’une pécheresse, une femme adultère, si son divorce est la conséquence de ses propres fautes abjectes ou si elle se remarie. Mais toi, si tu veux entrer dans notre religion, tu le fais pour me suivre. Dans ce cas, le temps de la religion parfaite étant venu, moi, le Verbe de Dieu, je te parle de la même manière que je le fais à beaucoup. Il n’est pas permis à l’homme de séparer ce que Dieu a uni, et celui ou celle qui, du vivant de son conjoint, passe à d’autres noces est toujours adultère.

Le divorce est une prostitution légale, qui met l’homme et la femme en situation de commettre des péchés de luxure. La femme divorcée reste difficilement veuve d’un homme vivant, ou veuve fidèle. L’homme divorcé ne reste jamais fidèle à son premier mariage. Aussi bien l’un que l’autre, en passant à d’autres unions, descendent du rang des hommes à celui d’animaux, auxquels il est permis de changer de femelle à tout appel des sens. La fornication légale, dangereuse pour la famille et la patrie, est criminelle à l’égard des innocents. Les enfants des divorcés doivent juger leurs parents. Or le jugement des enfants est sévère ! Ils doivent condamner au moins l’un des deux. Et, à cause de l’égoïsme de leurs parents, ils se voient condamnés à une vie affective mutilée. Car il est fréquent qu’aux conséquences familiales du divorce, qui prive des enfants innocents de leur père ou de leur mère, s’ajoute le remariage du conjoint auquel ont été confiés les enfants ; alors, à la condamnation d’une vie affective mutilée de l’un des deux membres, s’ajoute une autre mutilation : la perte, plus ou moins totale, de l’affection de l’autre membre, séparé, ou totalement absorbé par son nouvel amour et les enfants issus du second mariage.

Parler de noces, de mariage, dans le cas d’une nouvelle union d’un divorcé ou d’une divorcée, c’est profaner le sens et la réalité de ce qu’est le mariage. Seule la mort de l’un des conjoints et le veuvage qui en résulte pour l’autre, peut justifier de secondes noces, bien que je juge qu’il serait meilleur de s’incliner devant le verdict toujours juste de celui qui règle les destinées des hommes, et de se garder chaste quand la mort a mis fin à l’état matrimonial, en se consacrant tout entier aux enfants et en aimant dans ses enfants son conjoint passé à l’autre vie. C’est un amour dépouillé de toute matérialité, saint et vrai.

Pauvres enfants ! Connaître après la mort ou l’écroulement du foyer, la dureté d’un second père ou d’une seconde mère et l’angoisse de voir les caresses partagées avec d’autres enfants qui ne seront que des demi-frères et sœurs !

531.14

Non : dans ma religion le divorce n’existera pas. Et celui qui demandera un divorce civil pour contracter une nouvelle union sera adultère et pécheur. La loi humaine ne modifiera pas mon décret. Le mariage, dans ma religion, ne sera plus un contrat civil, une promesse morale, faite et sanctionnée par la présence de témoins préposés à cela. Mais ce sera un indissoluble lien rivé, soudé, fortifié par la puissance sanctifiante que je lui donnerai : il deviendra sacrement. Pour te faire comprendre : un rite sacré. Ce pouvoir aidera à pratiquer saintement tous les devoirs matrimoniaux, mais il sera aussi l’affirmation de l’indissolubilité de ce lien.

Jusqu’à présent, le mariage est un contrat réciproque naturel et moral entre deux personnes de sexe différent. A partir du moment où ma loi existera, il sera étendu à l’âme des conjoints. Il deviendra par conséquent aussi un contrat spirituel, sanctionné par Dieu par l’intermédiaire de ses ministres. Tu sais maintenant qu’il n’y a rien au-dessus de Dieu. Donc ce que lui aura uni, aucune autorité, aucune loi ou caprice humain ne pourra le séparer.

“ Là où tu seras Caius, je serai Caia ”, dites-vous dans votre rite. Dans le nôtre, dans le mien, il se perpétue dans l’au-delà, car la mort n’est pas la fin, mais la séparation temporaire de l’époux et de l’épouse, et le devoir d’aimer dure aussi au-delà de la mort.

C’est pour cela que je dis vouloir que les veufs eux aussi restent chastes. Mais l’homme ne sait pas être chaste. Et c’est aussi pour cette raison que je dis que les conjoints ont le devoir de s’améliorer l’un l’autre. Ne hoche pas la tête. Tel est le devoir, et il faut l’accomplir si on veut vraiment me suivre.

531.15

– Tu es dur, aujourd’hui, Maître.

– Non. Je suis Maître et j’ai en face de moi une personne qui peut grandir dans la vie de la grâce. Si tu n’étais pas celle que tu es, je t’imposerais moins. Mais tu as du caractère, et la souffrance purifie et trempe toujours plus ton métal. Un jour, tu te souviendras de moi et tu me béniras d’avoir été ce que je suis.

– Mon mari ne reviendra pas en arrière…

– Et toi, tu iras de l’avant. En tenant par la main ton enfant, tu marcheras sur le chemin de la Justice, sans haine, sans vengeance, mais aussi sans attente inutile et sans regret pour ce qui est perdu.

– Tu sais donc que je l’ai perdu !

– Je le sais, mais ce n’est pas toi qui l’as perdu, c’est lui qui t’a perdue. Il ne te méritait pas. Maintenant, écoute… C’est dur. Oui. Tu m’as apporté des roses et des sourires innocents pour me consoler… Moi… Je ne puis que te préparer à porter la couronne d’épines des épouses abandonnées… Mais réfléchis : si le temps pouvait revenir en arrière et te ramener à ce matin où Fausta était mourante, et si ton cœur était contraint de choisir entre ta fille et ton mari, devant nécessairement perdre l’un des deux, que choisirais-tu ? »

La femme réfléchit, pâle mais courageuse malgré sa souffrance après les quelques larmes qu’elle a versées au début du dialogue… Puis elle se penche sur sa fille, qui est assise sur le pavé et s’amuse à mettre de petites fleurs blanches tout autour des pieds de Jésus. Elle la prend, l’embrasse et s’écrie :

« C’est elle que je choisirais, car à elle je peux donner mon cœur même et la faire grandir comme j’ai appris que l’on doit vivre. Mon enfant ! Et être unies aussi au-delà de la vie. Je serai toujours sa mère, et elle toujours ma fille ! »

Et elle la couvre de baisers tandis que la petite se serre à son cou, tout amour et sourires.

« Dis-moi, oh ! dis-moi, Maître, toi qui apprends à vivre en héros, comment l’élever pour entrer toutes les deux dans ton Royaume ? Quelles paroles, quels actes lui enseigner ?…

– Il n’est pas besoin de paroles ni d’actes particuliers. Sois parfaite pour qu’elle reflète ta perfection. Aime Dieu et ton prochain pour qu’elle apprenne à aimer. Vis sur la terre avec tes affections en Dieu. Elle t’imitera. Cela pour l’instant. Plus tard, mon Père, qui vous a aimées d’une manière très spéciale, pourvoira à vos besoins spirituels, et vous deviendrez sages dans la foi qui portera mon nom. C’est tout ce qu’il faut faire. Dans l’amour de Dieu, tu trouveras tout frein contre le mal. Dans l’amour du prochain, tu auras une aide contre l’accablement de la solitude. Et enseigne à pardonner. A toi-même… et à ton enfant. Comprends-tu ce que je veux dire ?

– Je comprends… C’est juste…

531.16

Maître, je te quitte. Bénis une pauvre femme… qui est plus pauvre qu’une mendiante dont le compagnon est fidèle…

– Où es-tu maintenant ? A Jérusalem ?

– Non, à Béther. Jeanne, qui est si bonne, m’a envoyée dans son château… Je souffrais trop là-haut… Je vais y rester jusqu’à ce que Jeanne vienne à Jérusalem, ce qui ne va pas tarder. Elle descend en Judée avec ta Mère et les autres disciples aux premières tiédeurs du printemps. Ensuite, je resterai avec elle quelque temps. Puis les autres viendront, et je les accompagnerai. Mais le temps aura déjà pansé ma blessure.

– Le temps, et surtout Dieu et le sourire de ta fille. Adieu, Valéria. Que le Dieu vrai, que tu cherches dans un bon esprit, te réconforte et te protège. »

Jésus pose la main sur la tête de la petite pour la bénir. Puis il s’approche de la porte fermée en demandant :

« Tu es venue seule ?

– Non, avec une affranchie. Le char m’attend dans le bois à l’entrée du village. Nous verrons-nous encore, Maître ?

– Pour la Dédicace, je serai à Jérusalem, au Temple.

– J’y serai, Maître. J’ai besoin de tes paroles pour ma nouvelle vie…

– Pars tranquille. Dieu ne laisse pas sans aide celui qui le cherche.

– Je le crois… Ah ! notre monde païen est bien triste !

– Il y a de la tristesse partout où il n’y a pas de vraie vie en Dieu. Même en Israël, on pleure… C’est parce qu’on ne vit plus selon la Loi de Dieu. Adieu. Que la paix soit avec toi. »

La femme s’incline profondément, puis elle suggère quelque chose à l’enfant. La fillette lève alors la tête, tend ses petits bras et répète de sa petite voix de pinson :

« Ave, Domine Jesu ! »

Jésus se penche pour cueillir sur sa petite bouche le baiser innocent qui déjà s’y forme, et la bénit encore… Puis il rentre dans la pièce et s’assied d’un air pensif près des fleurs éparses sur le sol.

531.17

Après quelque temps, on frappe.

« Entre. »

La porte s’entrouvre et dans l’entrebâillement apparaît la bonne tête de Pierre.

« C’est toi ? Viens…

– Non. C’est toi qui devrais venir avec nous. Il fait froid ici. Quelles belles fleurs ! Elles ont dû coûter cher ! »

Tout en parlant, Pierre observe son Maître.

« Oui, elles sont d’un grand prix. Mais l’acte et la façon dont on me les a données ont plus de valeur que les fleurs. Elles m’ont été apportées par la petite fille de Valéria, l’amie romaine de Claudia.

– Hé ! je sais ! je sais ! Mais pourquoi ?

– Pour me consoler. Elles savent ce que je souffre, et Valéria a eu cette délicatesse. Elle a pensé que les fleurs d’une innocente pourraient me réconforter…

– Une Romaine !… Et nous qui sommes du peuple d’Israël, nous ne te causons que de la douleur… Judas a deviné juste. Il disait qu’il avait vu un char arrêté et que la femme était certainement une Romaine… et… il était troublé, Maître… »

Pierre a un ton interrogateur, mais Jésus se borne à demander :

« Où est Judas ?

– Dehors. Je veux dire sur la route, près du bois. Il veut voir qui est venu te trouver…

– Descendons. »

Judas est déjà dans la cuisine. Il se retourne en voyant entrer Jésus et dit :

« Même si tu voulais le nier, tu ne pourrais disconvenir que cette femme est venue pour… se plaindre de quelque chose ! Ont-elles donc encore autre chose à dire ? Leur seule occupation, c’est épier, rapporter et…

– Je ne suis pas tenu de te répondre, mais je le fais pour tout le monde. Simon-Pierre sait déjà de qui il s’agit, et je révèle à tous la raison de sa venue. Les personnes en apparence les plus heureuses peuvent, elles aussi, avoir besoin de réconfort et de conseil…

531.18

André, monte chercher les fleurs apportées par la fillette, et porte-les au petit Lévi.

– Pourquoi ?

– Parce qu’il est mourant.

– Il est mourant ? Mais moi, je l’ai vu à l’heure de tierce, et il était bien portant, dit Barthélemy, stupéfait.

– Il était en bonne santé, mais avant ce soir, il sera mort.

– S’il est aussi mal, il ne se réjouira pas des fleurs…

– Non. Mais, dans la famille saisie d’effroi, les fleurs envoyées par le Sauveur apporteront une parole lumineuse. »

Jésus s’assied tandis que tous discutent sur la fragilité de la vie. Elise met son manteau en disant :

« J’accompagne André… Cette pauvre mère !… »

On voit André et Elise s’éloigner avec les fleurs dans leurs mains…

Jésus se tait. Judas aussi, l’air indécis. Jésus est silencieux mais pas sévère… Judas tourne autour de lui, rongé par le désir de savoir, par l’angoisse torturante de quelqu’un qui n’a pas la conscience tranquille. Il finit par attirer Pierre à part pour l’interroger. Il semble ensuite rassuré et va déranger Matthieu qui écrit tranquillement sur un coin de la table.

André revient en courant, tout essoufflé :

« Maître… l’enfant est vraiment mourant… A l’improviste… On dirait des fous… Mais quand Elise a dit : “ C’est le Seigneur qui les envoie ” — moi… je croyais qu’ils comprenaient : “ pour le lit funèbre ” —, la mère et le père… ont dit en même temps: “ Oh ! c’est vrai ! Cours l’appeler. Il va le guérir. ”

– C’est une parole de foi. Allons-y. »

Et Jésus sort presque au pas de course. Naturellement, tous le suivent, même le vieux Jean, en claudiquant derrière tout le monde.

531.19

La maison se trouve au bout du village, mais Jésus y arrive rapidement et se fraie un passage parmi les gens qui encombrent la porte ouverte. Il va droit à une pièce située au fond de l’entrée, car c’est une maison vaste qui compte beaucoup d’habitants, peut-être frères.

Dans la pièce, penchés sur le lit improvisé, le père, la mère et Elise… Ils ne voient Jésus que lorsqu’il dit :

« Paix à cette maison. »

Alors les malheureux parents quittent le lit et se jettent aux pieds de Jésus. Seule Elise, occupée à frictionner avec des substances aromatiques les membres qui se refroidissent, reste à sa place.

L’enfant est vraiment à toute extrémité, son corps a déjà la pesanteur et l’abandon de la mort, et son petit visage est cireux avec des narines fuligineuses et des lèvres violacées. Il respire difficilement, avec des spasmes, et chaque respiration semble être la dernière, tant elle vient longtemps après la précédente.

Sa mère pleure, le visage sur les pieds de Jésus. Son père, lui aussi courbé jusqu’à terre, répète :

« Aie pitié ! Aie pitié ! »

Il ne sait dire autre chose.

Jésus tend les bras :

« Lévi, viens vers moi. »

Le petit garçon — il doit avoir cinq ans environ — a comme une secousse, comme si quelqu’un l’avait appelé à haute voix pendant son sommeil. Il s’assied sans effort et de ses poings, il se frotte les yeux, regarde autour de lui avec étonnement et, à la vue de Jésus qui lui sourit, il se jette en bas de son lit et se dirige avec assurance, dans sa petite tunique, vers le Sauveur.

Les parents, tout courbés, ne s’aperçoivent de rien, mais les exclamations d’Elise qui s’écrie “ Bonté divine ! ”, des apôtres et des curieux qui, de l’entrée, poussent un “ Oh ! ” de stupéfaction, les avertissent de ce qui arrive ; ils lèvent la tête et voient leur petit garçon, là, en bonne santé, comme s’il n’avait jamais été mourant…

La joie fait rire, pleurer, crier ou se taire, selon les réactions de chacun. Chez eux, elle produit une stupeur muette, presque effrayée… Il y a trop de différence entre la situation précédente et l’actuelle, et les deux pauvres parents, déjà étourdis par la douleur, hésitent à accueillir la joie.

531.20

Quand enfin ils y parviennent, l’enfant est déjà dans les bras de Jésus ; alors au mutisme succède un déluge désordonné de paroles, mêlées à des cris de joie et de bénédiction, qu’il est difficile de suivre. Mais cela me permet d’établir que, vers la sixième heure, l’enfant, qui jouait dans le jardin, était rentré à la maison en se plaignant de douleurs abdominales. Sa grand-mère l’avait pris dans ses bras et tenu près du feu, et il semblait aller mieux. Mais ensuite, un peu avant la neuvième heure, il avait été pris de vomissements de matières fécales et était aussitôt entré en agonie. Bref, la péritonite foudroyante[5] classique.

Son père avait couru à Jérusalem aux premiers signes du mal et était revenu avec un médecin. Ce dernier, après avoir vu le petit garçon qui, entre-temps, s’était remis à vomir, avait dit : “ Il ne peut pas vivre ” et était reparti… En effet, d’une minute à l’autre, l’état de l’enfant empirait, et déjà il se refroidissait. Les parents, dans l’angoisse de ce malheur imprévu, étaient incapables de penser à son salut prochain. C’est seulement quand André et Elise étaient entrés avec des fleurs en disant : “ Jésus les envoie à Lévi ” qu’ils avaient eu une sorte de lumière intérieure et avaient pensé : “ Jésus va le sauver. ”

« Et tu l’as sauvé, sois béni éternellement ! Tes fleurs ! L’espérance ! La foi ! Oh oui ! la foi en ton amour pour nous ! Mais comment as-tu su ? Béni es-tu ! Demande-nous ce que tu veux ! Ordonne comme à des esclaves ! Nous te devons tout !… »

Jésus les écoute, tenant toujours l’enfant dans ses bras. Il les laisse parler jusqu’à épuisement, jusqu’à ce que ce défoulement ait permis à leurs nerfs de se calmer après avoir été soumis à une telle tension. Puis il dit doucement :

« J’aime les enfants et les cœurs fidèles. Vous tous, habitants de Nobé, êtes très bons pour moi. Si je suis bon avec ceux qui me haïssent, que ne donnerai-je pas à ceux qui m’aiment ? Je savais… et je savais aussi que la douleur vous faisait oublier la Source de la Vie. J’ai voulu vous en montrer le chemin…

– Mais pourquoi ne pas être venu de toi-même, Seigneur ? Tu craignais peut-être que nous ne t’accueillions pas ?

– Non. Je savais que vous m’auriez accueilli avec amour. Mais parmi ceux qui sont autour de nous, quelqu’un avait besoin de se persuader que je n’ignore rien de ce qui concerne les hommes et l’état des cœurs. J’ai aussi voulu que d’autres comprennent que Dieu répond à ceux qui l’invoquent avec foi.

531.21

Maintenant, soyez dans la paix et grandissez toujours dans la foi en la miséricorde de Dieu. Que la paix soit avec vous tous. Adieu, Lévi. Va trouver ta mère maintenant. Adieu, femme. Consacre aussi au Seigneur celui que tu portes en ton sein en souvenir de la bonté dont le Seigneur a fait preuve envers toi. Adieu, homme. Garde ton âme dans la justice. »

Il fait demi-tour pour partir en passant, non sans peine, à travers les proches qui se pressent dans l’entrée : grands-parents, oncles, cousins du miraculé, tous veulent parler à Jésus, le bénir, être bénis par lui, baiser ses vêtements, ses mains…

Puis, après la nombreuse parenté, ce sont les villageois qui veulent en faire autant, mais ceux-ci se répandent sur la route à la suite de Jésus en laissant à sa joie la maisonnée bénie par le miracle. Et dans les chemins sombres désormais, avec le bruit habituel des heures de fête, Nobé tout entière reconduit Jésus à la maisonnette de Jean, et il faut toute l’autorité des apôtres pour persuader les villageois de rentrer chez eux et de laisser en paix le Maître ; à l’autorité, ils doivent même ajouter des moyens plus énergiques, en les menaçant que, s’ils ne le laissent pas dormir, le lendemain, ils partiraient tous, pour réussir dans leur entreprise.

Finalement, le Fatigué peut se reposer…

531.1

Gesù è framezzo a dei malati o a dei pellegrini venuti a Lui da molte parti della Palestina.

Vi è persino un navigante di Tiro, che un infortunio di mare ha reso paralizzato e che racconta la sua vicenda: la caduta di un carico per il rollio della nave, e le mercanzie pesanti lo hanno investito e colpito nella schiena. Non è morto, ma è più che un morto, perché, tutto perso come è, obbliga i parenti a non lavorare per curarlo. Dice di essere andato con essi a Cafarnao e poi a Nazaret e di aver saputo da Maria che Egli era in Giudea e precisamente a Gerusalemme. «Mi ha dato i nomi degli amici che ti potevano ospitare. E un galileo di Sefori mi ha detto che stai qui. E sono venuto. So che Tu non disprezzi nessuno, neppure i samaritani. E spero che mi esaudirai. Ho tanta fede».

La moglie non parla. Ma, stando accoccolata presso lo strapuntino sul quale hanno deposto il malato, guarda Gesù con degli occhi che supplicano più di ogni parola.

«Dove sei stato colpito?».

«Sotto al collo. Proprio lì ho avuto l’urto più forte e ho sentito un rumore nel capo, come di bronzo percosso, che poi si è mutato in un continuo muggire di mare in tempesta, e luci, luci d’ogni colore hanno preso a danzare davanti a me… Poi non ho sentito più niente per molti giorni. Eravamo in navigazione nelle acque di Cintium e mi sono ritrovato a casa senza sapere come. E ho ritrovato il muggito nel capo e le luci negli occhi per giorni e giorni. Poi è passato… ma le braccia sono rimaste morte e così le gambe. Un uomo finito a quarant’anni. E ho sette figli, Signore».

«Donna, solleva tuo marito e scopri il punto colpito».

La donna ubbidisce senza parlare. Con mosse destre e materne, aiutata da chi è venuto con lei, non so se fratello o cognato, insinua un braccio sotto le spalle del consorte, mentre con l’altra mano sostiene il capo e, con la delicatezza con la quale volterebbe un neonato, solleva il corpo pesante dal lettuccio. Una cicatrice, rossa ancora, segna il punto della maggior ferita.

Gesù si china. Tutti allungano il collo per guardare. Gesù appoggia la punta delle dita sulla cicatrice dicendo: «Voglio!».

L’uomo ha una scossa, come se l’avesse toccato una corrente elettrica, e un grido: «Che fuoco!».

Gesù stacca le dita dalle vertebre lese e dice: «Sorgi!».

L’uomo non se lo fa dire due volte. Puntare le braccia, da mesi inerti sul lettuccio, scuotersi per liberarsi da chi lo sostiene, gettare le gambe giù dalla bassa barellina e sorgere in piedi è fatto in molto meno tempo di quanto io ne abbia usato a descrivere le fasi del miracolo.

La moglie grida, il parente grida, l’uomo guarito alza le braccia al cielo, ammutolito dalla gioia. Un attimo di sbalordita gioia, poi gira su se stesso, sicuro come l’uomo più agile, e si trova viso a viso con Gesù. Allora ritrova la voce e grida: «Benedetto Te e chi ti ha mandato! Io credo nel Dio d’Israele e in Te, suo Messia», e si getta a terra a baciare i piedi di Gesù fra l’urlio della gente.

531.2

Poi gli altri miracoli, su fanciullini, donne, vecchi, per lo più. Poi Gesù parla.

«Avete visto il miracolo di ossa fratturate che si rinsaldano e di membra morte che tornano vive. Questo vi ha concesso il Signore di vedere, per confermare la fede in quelli che credono e suscitarla in quelli che non l’hanno. E il miracolo è stato concesso a gente di ogni luogo, venuta qui alla ricerca della salute, spinta dalla fede nella mia virtù sanatrice.

Sono qui giudei e galilei, libanesi e siro-fenici, abitanti della lontana Batanea e delle coste marine. E tutti sono venuti incuranti della stagione e della lunghezza del percorso, e i parenti li hanno accompagnati senza mormorare, senza rammaricarsi dei lavori lasciati sospesi o dei commerci abbandonati. Perché ogni sacrificio era nulla rispetto a ciò che andavano ad ottenere. E, come sono caduti gli egoismi e le incertezze dell’uomo, così sono cadute le idee politiche o religiose che prima costituivano come una muraglia messa ad impedimento per considerarsi tutti fratelli, tutti uguali nel vivere e nel patire, nel desiderare e sperare salute e conforto. Ed Io, a tutti coloro che hanno saputo unificarsi in una speranza che è già fede, ho concesso salute e conforto. Perché è giusto che sia così.

531.3

Io sono il Pastore universale e devo accogliere tutte le pecorelle che vogliono entrare nel mio gregge. Io non faccio distinzione fra pecore sane e malate, fra pecore deboli e forti, fra pecore che mi conoscono, perché già del gregge di Dio, e pecore che sino ad ora non mi conoscevano e non conoscevano neppure il vero Dio. Perché Io sono il Pastore dell’Umanità e prendo le mie pecore da ogni luogo dove esse si trovano e si dirigono a Me. Sono pecore magre, sporche, avvilite, ignoranti, percosse da pastori che non le hanno amate e le hanno respinte dicendole immonde? Non c’è immondezza che non possa essere mondata. E non c’è immondezza che, volendosi mondare e chieda aiuto per esserlo, possa essere respinta con la scusa che è tale.

I buoni desideri è Dio che li suscita. Se li suscita, segno è che desidera si mutino in realtà. È lo stesso Spirito di Dio che chiede con preghiere ineffabili questo assorbimento di tutti gli uomini da parte dell’Amore, perché lo Spirito di Dio desidera effondersi e arricchirsi. Effondersi amando un numero sconfinato di esseri, appena sufficienti a dare ristoro alla sua infinità d’Amore, e arricchirsi dell’amore di un numero sconfinato di esseri attratti a Lui dalla dolcezza dei suoi profumi.

Non è perciò lecito ad alcuno sprezzare e respingere chi vuole entrare nel gregge santo. Questo, per quelli fra voi che possono coltivare nel cuore le idee di molto Israele, idee di distinzioni e di giudizi non amati da Dio, perché contrari al suo disegno di fare di tutti i popoli un unico Popolo che porti il Nome del Messia da Lui mandato.

Però ora parlo anche a quelli venuti da fuori, alle pecore finora selvagge e che sentono desiderio di entrare nel gregge unico dell’unico Pastore. E dico: nulla le sconfidi, nulla le avvilisca. Non c’è paganesimo, non c’è idolatria, non c’è vita disforme a quella che Io insegno, che non possano essere rinnegate e respinte, permettendo allo spirito di rifarsi nuovo, libero da ogni mala pianta, onde essere atto a ricevere le nuove sementi e a rivestirsi delle nuove assise. E questo, più ancora della salute per le membra, dovrebbe spingere i popoli a Me.

531.4

Come — e serva tanto per ebrei di Palestina, come per ebrei e proseliti della Diaspora, come per gentili — come sapete venire a Me perché sia levato alle vostre carni malate il giogo delle infermità, così sappiate venire perché sia levato dal vostro spirito il giogo del peccato o del paganesimo. Dovreste tutti chiedermi per prima cosa, e desiderare con tutte le vostre forze, di essere liberati da ciò che vi fa schiavo lo spirito di forze cattive che lo dominano. Dovreste volere per prima cosa questa liberazione, volere il Regno di Dio in voi per primo miracolo. Perché, avuto questo Regno in voi, ogni altra cosa sarà data, e data in modo che il dono non pesi come un castigo nell’altra vita. Non avete riflettuto a intemperie, fatiche, perdite di denaro, pur di ottenere la salute delle membra che, se anche guarite oggi, in un prossimo domani periranno per morte fisica. Con lo stesso cuore dovreste sapere affrontare ogni cosa pur di ottenere salute allo spirito, e Vita eterna, e possesso del Regno di Dio.

Scherni e minacce di parenti o di concittadini, o di potestà, che sono rispetto a quello che avrete tutti, di qualchesia luogo veniate, se saprete venire alla Verità e alla Vita? Chi lascerebbe di andare in un luogo, dove sapesse che lo attende una vita felice, per trattenersi un giorno ad una festa che cessa al tramonto? Eppure molti così fanno. E per saziarsi, per una frazione di tempo, delle insipide e inutili gioie del mondo, lasciano di accorrere al luogo dove troverebbero per sempre vero cibo, vera salute, vera gioia, e senza paure di vedersela strappare da odio nemico.

Nel Regno di Dio non è odio, non guerra, non soprusi. Chi vi sa entrare non conosce più dolore, ansia, sopraffazione, ma possiede la pace gaudiosa che emana dal Padre mio.

Io vi congedo. Andate. Tornate ai vostri paesi. Ormai i miei discepoli sono numerosi e sparsi per ogni regione palestinese. Ascoltateli, se volete conoscere la mia Dottrina ed essere pronti al giorno della decisione dalla quale dipenderà la vita eterna di molti. Vi do la mia pace perché venga con voi».

E Gesù, benedetta che ha la folla, rientra in casa…

531.5

Gli apostoli restano ancora fuori per qualche tempo, poi rientrano per il pasto perché il sole, alto nel cielo, dice che è mezzogiorno. Seduti alla rustica tavola, dopo la benedizione del cibo, composto di formaggelle e radicchi lessati conditi con olio, parlano degli avvenimenti del mattino, e si felicitano che il numero dei discepoli evangelizzatori sia ormai tale da sollevare il Maestro dalla fatica di parlare continuamente nelle condizioni di stanchezza in cui si trova. Infatti Gesù si è fatto ancor più magro in questi ultimi tempi, e il suo colore, naturalmente di un bianco-avorio carico, con appena una sfumatura di roseo sotto il brunetto della pelle, al sommo delle guance, è ora affatto bianco, simile a petalo non più fresco di magnolia.

A me che, vissuta a Milano molto tempo, conosco il delicato colore del marmo di Candoglia col quale è costruito il magnifico Duomo, il volto del Signore, in questi ultimi dolorosi mesi di vita terrena, mi pare proprio del colore di quel marmo che non è bianco, non è rosa, non è giallo, ma ricorda, e con le più delicate sfumature, questi tre colori. Gli occhi sono più fondi e perciò sembrano più scuri, forse anche perché un’ombra di stanchezza ne offusca le palpebre e le occhiaie. Occhi di chi poco dorme e molto piange e soffre. E la mano sembra più lunga perché s’è scarnita e impallidita, dolce mano del mio Signore che già mostra il rilievo dei tendini e le vene, che ha affossature di magrezza e ne traspare perciò la sottoposta ossatura; santa, martire mano già pronta al chiodo che la trafiggerà, e sarà facile ai carnefici trovare il punto dove mettere il chiodo, perché non c’è velo di grassezza sull’ascetica mano del mio Signore.

Ora sta abbandonata come stanca sul legno scuro della tavola, mentre Egli scrolla il capo sorridendo stancamente ai suoi apostoli che si accorgono della sua infinita stanchezza di membra, di voce e soprattutto di cuore, troppo afflitto, troppo affaticato dallo sforzo di dover tenere uniti tanti cuori diversi, di dover sopportare e tenere nascosto il disonore del discepolo incorreggibile…

531.6

Pietro sentenzia: «Tu sino alla festa della Dedicazione devi riposare assolutamente. A questi che vengono penseremo noi. Tu andrai… Ma sì! In casa di Toma. Sarai vicino e sarai in pace».

Tommaso appoggia la proposta di Pietro. Ma Gesù scrolla il capo. No. Non vuole andare.

«Ebbene, allora Tu non parlerai in questi giorni. Possiamo farlo noi. Non saranno parole eccelse, ma staremo su ciò che sappiamo. E Tu curerai soltanto i malati».

«Possiamo far noi anche quello», dice l’Iscariota.

«Uhm! Io, per me, mi ritiro», dice Pietro.

«Eppure lo hai già fatto!».

«Certo. Quando il Maestro non era con noi, e noi dovevamo rappresentarlo e farlo amare. Ma ora c’è Lui e il miracolo lo fa Lui. Lui solo ne è degno. Miracolo noi! Ma se abbiamo bisogno noi di ricevere quello della rinnovazione di noi, perché da noi, me ne accorgo bene, non faremo mai nulla di buono. Siamo dei miserabili, peccatori e ignoranti».

«Parla per te, ti prego. Io non mi sento miserabile affatto!», rimbecca Giuda di Keriot.

«Il Maestro è stanco. La sua stanchezza è più morale che corporale. Se è vero che lo amiamo, evitiamo dispute. Sono le cose che più lo sfiniscono», dice severo lo Zelote.

Gesù alza gli occhi a guardare l’anziano apostolo, sempre così saggio, e gli stende una mano al disopra del tavolo per carezzarlo. Lo Zelote prende fra le sue mani scure quella mano bianca e la bacia.

«Hai ragione. Ma anche io, se dico che deve assolutamente riposare. Sembra malato!…», insiste Pietro.

Tutti annuiscono, compreso il vecchio Giovanni e Elisa, che dice: «È tanto che io lo dico. Per questo vorrei…».

531.7

Un picchio all’uscio. Andrea, che è il più vicino alla porta, va ad aprire ed esce rinchiudendo la porta dietro sé.

Rientra: «Maestro, c’è una donna. Insiste per vederti. Ha una bambinella con sé. Deve essere di alta condizione, per quanto vesta modesta. Non è malata, né lei né la bambina, direi. Ma non so perché è velata fittamente. La bambina ha degli splendidi fiori sulle braccia».

«Mandala via. Stiamo dicendo che deve riposare, e tu non lo lasci neppure finire di mangiare!», brontola Pietro.

«Gliel’ho detto. Mi ha risposto che essa non affaticherà il Maestro, e che Egli avrà certo gioia di vederla».

«Dille che torni domani, all’ora di tutti. Ora il Maestro va a riposare».

«Andrea, accompagnala nella stanza alta. Vengo subito», dice Gesù.

«Ecco! Lo sapevo! Così si riguarda! Proprio come dicevamo di fare!». Pietro è inquieto.

Gesù si alza e prima di uscire passa dietro a Pietro, gli posa le mani sulle spalle, si curva un poco a baciarlo sui capelli dicendo: «Buono, Simone! Chi mi ama solleva la mia stanchezza più che il riposo su un letto».

«Che sai Tu se questa è una che ti ama?».

«Oh! Simone! L’inquietudine ti fa dire parole delle quali sei già pentito, perché le senti stolte! Buono! Buono! Una donna che viene con una creatura innocente, che mi porta la sua creatura innocente con le braccine cariche di fiori, non può che essere una che mi ama e che intuisce il mio bisogno di trovare un po’ di amore e purezza fra tanto odio e sozzura». E se ne va, poi, salendo la scala del terrazzo, mentre Andrea, compiuta la sua missione, rientra in cucina.

531.8

La donna è sulla porta della stanza superiore. Alta, snella sotto un pesante mantello bigio, col viso velato da una tela di bisso avoriata che le scende dal cappuccio chiuso intorno al volto. La bambina, un’infante ancora, perché avrà al massimo tre anni, ha una vestinella bianca di lana e un mantellone a ruota con cappuccetto, pure bianco. Ma il cappuccetto è molto scivolato indietro sui ricciolini di un delicato color biondo castagno, perché la piccola guarda la donna alzando il visetto che emerge dai fiori che tiene stretti fra le braccine. Splendidi fiori, quali solo in questi paesi si possono trovare nel freddo dicembre: rose carnicine mescolate con delicati fiori bianchi che non so cosa siano, non sono molto forte in floricultura.

Gesù, appena mette piede sulla terrazza, viene salutato dalla vocetta della piccolina, che gli corre incontro sospinta dalla donna, dicendo: «Ave, Domine Jesu!».

Gesù curva la sua alta persona sulla minuscola sua devota e posandole una mano sui capellucci le dice: «La pace sia con te», e poi si rialza e segue la figliolina, che con un trillo di risa torna alla donna che si è inchinata profondamente, spostandosi di fianco alla porta per lasciare passare il Maestro.

Gesù la saluta con un cenno del capo ed entra nella stanza, andandosi a sedere sul primo dei sedili che trova, tacendo come in attesa. È molto re. Seduto sul suo povero sedile di legno senza schienale, pare seduto su un trono, tanta è la sua austera dignità. Senza manto, con la sola veste di lana blu scurissimo, senza ornamenti né fregi, un poco sbiadita sulle spalle dove acqua piovana, sole, polvere e sudore hanno intaccato il colore, veste pulita ma povera, pare vestito di porpora, tanta è la maestà del suo portamento. Molto rigido, quasi ieratico nella sostenutezza del capo sul collo, delle mani posate sui ginocchi a palma aperta, coi piedi nudi sul pavimento nudo di mattoni vecchi, con a sfondo la parete nuda e appena scialbata a calcina, con sospeso dietro il capo non un drappo né un baldacchino, ma un setaccio per la farina e una fune dalla quale pendono mazzi di agli e di cipolle, è più imponente che se avesse un pavimento prezioso sotto i piedi, una parete aurea alle spalle e un velo di porpora ornato di gemme sul capo.

Attende. E la sua maestà paralizza la donna in uno stupore venerabondo. Anche la bambina tace e sta immobile presso la donna, un poco impaurita, forse. Ma Gesù ha un sorriso dicendo: «Sono qui per voi. Non temete». E allora ogni timore cade.

La donna sussurra qualcosa alla bambina, e la bambina si muove, seguita dalla donna, e va contro i ginocchi di Gesù e gli depone in grembo tutti i suoi fiori dicendo: «Le rose di Faustina al suo Salvatore». Lo dice lentamente, come chi poco sa di una lingua che non è la sua. Intanto la donna si è inginocchiata dietro la bambina gettando indietro il velo. È Valeria, la madre della piccina, che saluta Gesù col suo romano: «Salve, o Maestro».

«Dio venga a te, donna. Come sei qui? E così sola?», dice Gesù mentre carezza la piccolina che non ha più paura e che, non contenta di aver messo i fiori in grembo a Gesù, fruga con le manine nel fascio profumato e sceglie quelli che secondo lei sono i più belli, dicendo: «Prendi! Prendi! Sono tuoi, sai?», e alza ora una rosa, ora una delle larghe ombrelle bianche a stelline odorose, vicino al volto di Gesù, che accetta e poi ridepone sul mucchio profumato.

531.9

Intanto Valeria parla. «Ero a Tiberiade perché mia figlia aveva un poco di malattia e il nostro medico lo aveva consigliato…». Valeria ha una pausa lunga, muta colore, e poi dice in fretta: «e io avevo tanta sofferenza nel cuore e ti desideravo. Perché per il mio soffrire solo un medico poteva trovare guarigione: Tu, Maestro che hai parole di giustizia in tutte le cose… Sarei perciò venuta lo stesso. Per l’egoismo di essere confortata, e anche per sapere quello che devo fare per… Sì, per avere azioni di riconoscenza verso Te e il tuo Dio, che mi avete concesso di avere questa mia creatura… Ma noi sappiamo tante cose, Maestro. I rapporti dei minimi fatti della Colonia vengono deposti giornalmente sul tavolo di lavoro di Ponzio Pilato, il quale ne prende visione, ma per prendere le decisioni in merito molto si consiglia con Claudia… Molti rapporti parlavano di Te e degli ebrei che tengono agitato il paese, facendo di Te nello stesso tempo un’insegna di riscossa nazionale e una causa di odio civile. Claudia vede giusto dicendo al marito che di uno solo in tutta la Palestina egli non deve temere come di causa di sua disgrazia: di Te. E Pilato giorno per giorno l’ascolta… Finora la più forte è Claudia. Ma se domani un’altra forza dominasse Pilato… Ho saputo, perciò, e ho sentito che la mia innocente ti avrebbe consolato…».

«Hai avuto un cuore pietoso e illuminato, donna. Dio ti illumini del tutto e vegli su questa creatura tua, ora e sempre».

«Grazie, Signore. Ho bisogno di Dio…». Delle lacrime cadono dagli occhi di Valeria.

«Sì, ne hai bisogno. In Dio troverai ogni conforto e saprai trovare la guida per essere giusta nel giudicare, perdonare, amare ancora, e soprattutto educare questa, perché abbia la vita felice di quelli che sono figli del Dio vero.

531.10

Tu vedi. Il Dio che non conoscevi, che forse avevi deriso, Lui e la sua Legge, così diverso dai vostri dèi e dalle vostre leggi e religioni, che avevi certo offeso con un modo di vivere in cui la virtù non era rispettata in tante cose, lievi ancora, se vuoi, ma via a più gravi ferite alla virtù e offese alla Divinità che ha creato te pure, ti ha tanto amata che, attraverso ad un dolore che sentivi con la tua umanità di madre, e di madre che non sa di vita futura e perciò di temporanea separazione dalla carne della sua carne, ti ha portata a Me. Ti ha tanto amata da condurre Me a Cesarea quando tu agonizzavi quasi sulle piccole carni della tua creatura che raffreddavano già nell’agonia.

Ti ha tanto amata che te l’ha resa[1], perché tu avessi sempre presente la bontà e potenza del Dio vero e avessi un freno contro ogni licenza pagana e un conforto in ogni dolore di donna coniugata. Ti ha tanto amata che attraverso ad un altro dolore ha rafforzato in te la volontà di venire alla Via, alla Verità, alla Vita, e di fissarviti con la tua creatura perché ella almeno, fino dalla prima sua infanzia, possieda ciò che è conforto e pace, salute e luce nelle tristi giornate della Terra, e le abbia a preservazione di tutto quanto fa soffrire te, nella tua parte migliore, e in quella affettiva. La prima, istintivamente buona e insofferente del fango oscuro in cui è obbligata a vivere. La seconda, disordinata nella sua bontà.

Perché nei tuoi affetti tu sei pagana, o donna. Non è tua colpa. È colpa del secolo in cui vivi. E del gentilesimo nel quale sei cresciuta. Soltanto chi è nella vera Religione sa dare agli affetti il valore e la misura e le manifestazioni giuste. Tu, madre che non sapevi di vita eterna, amavi disordinatamente la tua bambina e, vedendola morire, disperatamente ti ribellavi a questa perdita, resa folle dalla morte incombente. Come uno che veda ghermito da un pazzo l’essere a lui più caro, e lo veda tenere sospeso su un abisso dal fondo del quale non potrebbe risorgere se vi cadesse, anzi non potrebbe neppure più essere riportato neanche come fredda spoglia al bacio del suo amore, così tu vedevi la tua Fausta già sospesa sull’abisso del nulla… Povera mamma che non avrebbe avuto più la figlia! Non più con la carne, non più con lo spirito. Il nulla. Il finito, l’inesorabilmente finito che è la morte per coloro che non credono alla Vita spirituale.

Tu, moglie pagana, amante, fedele, hai amato nello sposo il tuo dio terreno di amore carnale, il tuo bel dio che si faceva adorare da te, abbassando la tua dignità di uguale ad una servilità da schiava. La moglie sia sommessa al marito, umile, fedele, casta. Sì. Egli, l’uomo, è il capo della famiglia. Ma capo non vuol dire despota. Capo non vuol dire capriccioso padrone al quale è lecito ogni capriccio non solo sulla carne ma sulla parte migliore della sposa. “Dove tu Caio, ivi io Caia”, voi dite. Povere donne di un luogo dove licenza è persino nelle favole dei vostri dèi, quelle fra voi che impudiche e sfrenate non sono, come potete essere dove sono i vostri sposi? È inevitabile che chi non è licenziosa e corrotta si stacchi con disgusto e provi un dolore veramente atroce, come di fibre che si lacerano, uno sbigottimento, un crollo di tutto il culto verso il marito contemplato sempre come un dio, quando scopre che colui che adorava come dio è un misero essere dominato dall’animalità brutale, licenzioso, adultero, svagato, indifferente, derisore dei sentimenti e delle dignità della sposa.

Non piangere. Io pure so tutto, e anche senza bisogno dei rapporti dei centurioni. Non piangere, donna. Impara invece ad amare nell’ordine tuo marito».

531.11

«Non posso più amarlo. Non lo merita più. Lo disprezzo. Non avvilirò me stessa imitandolo, ma non lo posso più amare. Tutto è finito fra noi. L’ho lasciato andare… senza cercare di trattenerlo… In fondo gli sono stata grata per un’ultima volta, per questo suo andarsene… Non lo ricercherò. Del resto, quando mai mi fu compagno? Caduta la benda della mia adorazione, ora ricordo e giudico le sue azioni. Era forse con il mio cuore quando io piangevo dovendo seguirlo qui, lasciando la madre malata e la patria, essendo sposa novella e prossima a partorire? Egli rideva fatuo, coi suoi amici, delle mie lacrime e delle mie nausee, ammonendomi soltanto di non sporcargli la veste. Era forse al mio fianco nelle nostalgie mie di spaesata? No. Fuori, con gli amici, ai festini dove il mio stato non mi consentiva di andare… Era forse curvo con me sulla cuna della neonata? Rise quando gli mostrarono la figlia, dicendo: “Quasi la farei deporre al suolo. Non per avere delle femmine ho preso il giogo matrimoniale”. Né presenziò alla purificazione, dicendola “inutile pantomima”. E poiché la piccina piangeva, disse nel­l’uscire: “Mettetele nome Libitina, e sia sacra alla dea”. E quando Fausta fu morente, divise forse con me l’affanno? Dove era la notte che precedette la tua venuta? In casa di Valeriano ad un banchetto. Ma lo amavo; era, hai detto giusto, il mio dio. Tutto mi pareva buono in lui, giusto in lui. Mi concedeva di amarlo… ed ero la schiava più schiava dei suoi voleri. Sai perché mi ha respinta da lui?».

«Lo so. Perché nella carne tua era ridestata l’anima ed eri non più femmina ma donna».

«Così. Ho voluto della mia casa fare una casa virtuosa… ed egli si è fatto mandare ad Antiochia presso il Console imponendomi di non seguirlo, e seco ha portato le schiave favorite. Oh! non lo seguirò! Ho mia figlia. Ho tutto».

«No. Non hai tutto. Hai una parte, una piccola parte del Tutto, quanto ti serva ad essere virtuosa. Il Tutto è Dio. Tua figlia non ti deve essere ragione di ingiustizia al Tutto, ma di giustizia. Per lei e con lei tu hai il dovere di essere virtuosa».

«Sono venuta per consolarti e Tu mi consoli. Ma anche sono venuta per chiederti come educare questa bambina per farla degna del suo Salvatore. Avevo pensato di farmi proselite vostra e di farla tale essa pure…».

«E tuo marito?».

«Oh! tutto è finito con lui».

«No. Tutto incomincia. Sei sempre sua moglie. Il dovere della moglie buona è di far buono il consorte».

«Egli dice che vuol divorziare. E lo farà certo. Perciò…».

«E lo farà. Ma ancora non lo ha fatto. E sinché non lo ha fatto, tu sei sua moglie anche secondo la vostra legge. E come tale hai il dovere di restare come moglie al tuo posto. Il tuo posto è quello di seconda al marito nella casa, presso tua figlia, al cospetto dei servi e del mondo. Tu pensi: egli ha dato il mal esempio. È vero. Ma questo non ti esime dal dare tu esempio di virtù. Egli se ne è andato. È vero. Tu presso la figlia e i servi prendi il suo posto.

531.12

Non tutto è riprovevole nelle vostre consuetudini. Quando Roma era meno corrotta, caste erano le sue donne, laboriose, e servivano la divinità con una vita di virtù e di fede. Anche se la misera condizione di pagane le faceva servire falsi dèi, l’idea era buona. Esse davano le loro virtù all’Idea della religione, al bisogno di un rispetto ad una religione, a una Divinità il cui vero nome era loro ignoto, ma che sentivano essere, e più grande del licenzioso Olimpo, delle avvilite deità che lo popolavano secondo le leggende mitologiche. Inesistente il vostro Olimpo, inesistenti i vostri dèi. Ma le vostre virtù antiche erano frutto della convinzione verace di dover essere virtuosi per essere guardati con amore dagli dèi; erano frutto del dovere che sentivate di avere verso le divinità che adoravate. Agli occhi del mondo, specie del nostro mondo giudaico, parevate stolti per questo vostro onorare ciò che non era. Ma alla Giustizia eterna e vera, al Dio altissimo, unico e onnipotente Creatore di tutte le creature e le cose, quelle virtù, quel rispetto, quel dovere non erano vani. Il bene è sempre bene, la fede ha sempre valore di fede, la religione ha sempre valore di religione, se colui che li segue e pratica e possiede è convinto di essere nel vero.

Io ti esorto ad imitare le vostre antiche donne caste, laboriose e fedeli, rimanendo al tuo posto, colonna e luce nella tua casa e della tua casa. Non credere che ti venga meno il rispetto dei servi perché sei rimasta sola. Fino ad ora ti hanno servita con paura e talora con nascosto senso di odio e ribellione. D’ora in poi ti serviranno con amore. Gli infelici amano gli infelici. I tuoi schiavi conoscono il dolore. La tua gioia era per essi un pungolo amaro. Le tue pene, spogliandoti della fredda luce di padrona, nel senso più odioso di questa parola, ti rivestiranno di una luce calda di pietà. Sarai amata, Valeria. E da Dio e da tua figlia e dai tuoi servi. E se anche non fossi più la moglie ma la divorziata, ricorda (Gesù si alza in piedi) che la separazione legale non distrugge il dovere della donna di essere fedele al suo giuramento di sposa.

531.13

Tu vorresti entrare nella religione nostra. Uno dei precetti divini di essa è che la donna è carne della carne dello sposo e che nessuna cosa o persona può separare ciò che Dio ha fatto una carne sola. Anche noi abbiamo il divorzio. È venuto come malvagio frutto della lussuria umana, del peccato di origine, della corruzione degli uomini. Ma non è venuto spontaneamente da Dio. Dio non muta la sua parola. E Dio aveva detto, ispirando ad Adamo, innocente ancora e perciò parlante con intelligenza non offuscata dalla colpa, le parole: che gli sposi, una volta uniti, dovevano essere una carne sola. La carne non si separa dalla carne altro che per sciagura di morte o di malattia. Il divorzio mosaico, concesso ad evitare peccati atroci, non concede alla donna che una libertà ben meschina. La divorziata è sempre una menomata nel concetto degli uomini, sia che resti tale, sia che passi a seconde nozze. Nel giudizio di Dio, poi, è un’infelice se diviene divorziata per malanimo dello sposo e resta divorziata; ma non è che una peccatrice, un’adultera, se lo diviene per turpi colpe proprie o si risposa. Ma tu, volendo entrare nella nostra religione, lo fai per seguire Me. E allora Io, Verbo di Dio, essendo venuto il tempo della perfetta religione, ti dico ciò che dico a molti. Non è lecito all’uomo di separare ciò che Dio ha unito, ed è adultero sempre colui, o colei, che avendo il coniuge vivente passa ad altre nozze.

Il divorzio è prostituzione legale, mettendo in condizione uomo e donna di commettere peccati di lussuria. La donna divorziata difficilmente resta vedova di un vivo, e vedova fedele. L’uomo divorziato non resta mai fedele al primo coniugio. Tanto l’uno che l’altra, passando ad altre unioni, scendono dal livello di uomini a quello di bruti, ai quali è concesso cambiare femmina ad ogni appello di senso. La fornicazione legale, pericolosa alla famiglia e alla patria, è delittuosa verso gli innocenti. I figli dei divorziati devono giudicare i genitori. Severo giudizio quello dei figli! Almeno uno dei genitori viene condannato dai figli. Ed i figli vengono, dall’egoismo dei genitori, condannati ad una vita affettiva mutilata. Che se poi alle conseguenze famigliari del divorzio, che priva del padre o della madre i figli innocenti, si unisce il nuovo matrimonio del coniuge al quale sono stati affidati i figli, alla condanna di una vita affettiva mutilata di un membro si unisce l’altra mutilazione, quella della perdita, più o meno totale, dell’affetto dell’altro membro, diviso o totalmente assorbito dal nuovo amore e dai figli del nuovo coniugio.

Parlare di nozze, di matrimonio in caso di novella unione di un divorziato o di una divorziata, è profanare il significato e la cosa che è il matrimonio. Solo la morte di uno dei coniugi e la vedovanza consecutiva dell’altro può giustificare le seconde nozze. Per quanto Io giudichi che sarebbe cosa migliore chinare il capo al verdetto sempre giusto di chi regola i destini degli uomini e chiudersi in castità, quando la morte ha messo fine allo stato matrimoniale, dedicandosi tutta ai figli e amando il coniuge passato all’altra vita nelle sue creature. Amore spogliato da ogni materialità, santo e verace. Poveri figli! Conoscere dopo la morte, o il crollo del focolare, la durezza di un secondo padre o di una seconda madre e l’angoscia di vedere le carezze divise con altri figli che fratelli non sono!

531.14

No. Nella mia religione non sarà il divorzio. E adultero e peccatore sarà colui che contrarrà divorzio civile per contrarre nuova unione. La legge umana non muterà il mio decreto. Il matrimonio nella religione mia non sarà più un contratto civile, una promessa morale, fatta e sancita alla presenza di testimoni a questo preposti. Ma sarà un indissolubile legame ribadito, saldato e santificato dal potere santificante che Io darò ad esso, divenuto Sacramento. Per farti comprendere: rito sacro. Potere che sarà di aiuto a praticare santamente tutti i doveri matrimoniali, ma che sarà anche sentenza di indissolubilità del vincolo. Sino ad ora il matrimonio è un mutuo contratto naturale e morale fra due di sesso diverso. Da quando sarà la mia legge, esso sarà esteso all’anima dei coniugi. Diverrà perciò anche contratto spirituale, sancito da Dio attraverso ai suoi ministri. Ora tu sai che nulla è superiore a Dio. Perciò, ciò che Egli avrà unito nessuna autorità, legge o capriccio umano potrà più sciogliere. Il “dove tu Caio, io Caia” del vostro rito si perpetua nell’al di là nel nostro, nel mio rito, perché la morte non è fine, ma separazione temporanea dello sposo dalla sposa, e il dovere d’amare dura anche oltre la morte.

Per questo dico che vorrei castità nei vedovi. Ma l’uomo non sa essere casto. E anche perciò dico che i coniugi hanno il dovere reciproco di migliorare l’altro coniuge. Non crollare il capo. Tale è il dovere, e il dovere va fatto se si vuole veramente seguire Me».

531.15

«Sei duro oggi, Maestro».

«No. Sono Maestro. E ho di fronte una creatura che può crescere nella vita della Grazia. Se non fossi qual sei, ti imporrei meno. Ma tu hai tempra buona, e la sofferenza depura e tempra sempre più il tuo metallo. Un giorno mi ricorderai e mi benedirai di essere stato quale sono».

«Mio marito non tornerà indietro…».

«E tu andrai avanti. Tenendo per mano l’innocente, camminerai sulla via della Giustizia. Senza odio, senza vendetta; senza però anche inutili attese e rimpianti per ciò che si è per­du­to».

«Tu lo sai, allora, che l’ho perduto!».

«Lo so. Ma non tu: lui ha perduto te. Non ti meritava. Ora ascolta… È duro. Sì. Mi hai portato delle rose e dei sorrisi innocenti per consolarmi… Io… non posso che prepararti a portare il serto di spine delle spose abbandonate… Ma rifletti. Se potesse retrocedere il tempo e ricondurti a quel mattino in cui Fausta era morente ed il tuo cuore fosse messo in condizione di scegliere fra la figlia e il marito, dovendo assolutamente perdere uno dei due, tu che sceglieresti?…».

La donna riflette, pallida ma forte nel suo soffrire, dopo le poche lacrime avute in principio del dialogo… Poi si china sulla piccolina, che si è seduta sul pavimento e si diverte a mettere dei fiorellini bianchi tutt’intorno ai piedi di Gesù, la raccoglie, l’abbraccia e grida: «Questa sceglierei, perché a questa posso dare il mio stesso cuore, e crescerla come ho imparato che vivere si deve. La mia creatura! Ed essere unite anche nell’oltre vita. Sempre sua madre io, sempre mia figlia lei!», e la copre di baci, mentre la piccolina le si stringe al collo tutta amore e sorrisi. «Dimmi, oh! dimmi, Maestro che insegni a vivere da eroi, cosa, come allevare costei per essere ambedue nel tuo Regno? Che parole, che atti insegnarle?…».

«Non necessitano parole né atti speciali. Sii perfetta perché essa rifletta la tua perfezione. Ama Dio e prossimo perché ella impari ad amare. Vivi sulla Terra con i tuoi affetti in Dio. Essa ti imiterà. Per ora così. Più tardi il Padre mio, che vi ha amate in modo speciale, provvederà ai vostri bisogni spirituali, e diverrete sapienti nella fede che porterà il mio Nome. Questo è tutto il da farsi. Nell’amore di Dio troverai ogni freno contro il Male. Nell’amore del prossimo avrai aiuto contro l’accasciamento delle solitudini. E insegna a perdonare. A te stessa… e alla tua creatura. Comprendi ciò che voglio dire?».

«Comprendo… È giusto…

531.16

Maestro, io ti lascio. Benedici una povera donna… che è più povera di una mendica che abbia fedele il compagno…».

«Dove sei ora? A Gerusalemme?».

«No. A Bétèr. Giovanna, che è buona tanto, mi ha mandata nel suo castello… Soffrivo troppo lassù… Starò là finché non viene a Gerusalemme Giovanna, ossia presto. Scende in Giudea con tua Madre e le altre discepole ai primi tepori di primavera. Dopo starò con lei qualche tempo. Poi verranno le altre e andrò con loro. Ma il tempo avrà medicato già la ferita».

«Il tempo e soprattutto Dio e il sorriso della tua bambina. Addio, Valeria. Il Dio vero, che cerchi con spirito buono, ti conforti e protegga». Gesù posa la mano sulla testa della piccolina benedicendo. Poi si avvicina alla porta chiusa chiedendo: «Sei venuta sola?».

«No. Con una liberta. Il carro mi attende nel bosco prima del paese. Ci vedremo ancora, Maestro?».

«Per la Dedicazione sarò a Gerusalemme, al Tempio».

«Ci sarò, Maestro. Ho bisogno delle tue parole per la nuova vita…».

«Vai tranquilla. Dio non lascia senza aiuto chi lo cerca».

«Credo… Oh! è pur triste il nostro mondo pagano!».

«La tristezza è dovunque non è vera vita in Dio. Anche in Israele si piange… È perché non si vive più nella Legge di Dio. Addio. La pace sia con te».

La donna si curva in inchino profondo e suggerisce alla bambina qualcosa. E la piccolina alza il viso, tende le braccine e ripete con la sua vocetta di fringuello: «Ave, Domine Jesu!».

Gesù si china, cogliendo sulla bocchina il bacio innocente che già vi si forma, e la benedice ancora… Poi rientra nella stanza e si siede pensoso presso i fiori sparsi al suolo.

531.17

Passa qualche tempo così. Poi qualcuno bussa alla porta.

«Vieni».

La porta si schiude e si insinua nella fessura la faccia onesta di Pietro.

«Sei tu? Vieni…».

«No. Dovresti venire Tu da noi. Fa freddo qui. Che bei fiori! Un valore!». Pietro, parlando, osserva il suo Maestro.

«Sì, un valore. Ma l’atto e il modo come fu compiuto vale più dei fiori. Me li ha portati la bambina di Valeria, la romana amica di Claudia».

«Eh! so! so! E perché?».

«Per consolarmi. Sanno ciò che soffro, e Valeria ha avuto questo pensiero. Ha pensato che i fiori di un’innocente potessero consolarmi…».

«Una romana!… E noi d’Israele ti diamo soltanto dolore… Giuda ha sospettato giusto. Diceva che aveva visto un carro fermo e che certo era una romana la donna… e… e si era turbato, Maestro…». Pietro è tutto un’interrogazione.

Ma Gesù non dice altro che: «Dove è Giuda?».

«Fuori. Voglio dire sulla via, presso il bosco. Vuol vedere chi è venuto da Te…».

«Scendiamo».

Giuda è già nella cucina. Si volta vedendo entrare Gesù e dice: «Anche se volessi negarlo, non potresti negare che quella donna è venuta per… lamentarsi di qualche cosa! Hanno ancora altro da dire? Non hanno altra occupazione che spiare e riferire e…».

«Non sono tenuto a risponderti. Ma lo faccio per tutti. E Simon Pietro sa già chi è, e a tutti dico perché è venuta. Anche le creature in apparenza più felici possono avere necessità di conforto e di consiglio…

531.18

Andrea, sali a raccogliere i fiori portati dalla bambina e portali al piccolo Levi».

«Perché?».

«Perché è morente».

«È morente? Ma se all’ora di terza l’ho visto io, ed era sano?», dice stupito Bartolomeo.

«Era sano. Avanti sera sarà morto».

«Se sta così male, non godrà dei fiori…».

«No. Ma nella casa sbigottita i fiori mandati dal Salvatore diranno una parola luminosa».

Gesù si siede, mentre tutti parlano della labilità della vita ed Elisa si mette il mantello dicendo: «Vado io pure con Andrea… Quella povera madre!…».

Si vedono allontanare Andrea ed Elisa con i fiori fra le mani…

Gesù tace. Anche Giuda tace. Incerto. Gesù è silenzioso ma non severo… Giuda gli gira intorno, pungolato dalla voglia di sapere, dall’ansia tormentosa di chi non ha la coscienza in pace. Ma finisce a tirare in disparte Pietro e ad interrogarlo. Si rassicura dopo avere parlato con Pietro e va a stuzzicare Matteo, che scrive quietamente su un angolo del tavolo.

Ritorna Andrea di corsa. Parla affannato: «Maestro, …il bambino proprio è morente… D’improvviso… Sembravano pazzi… Ma quando Elisa ha detto: “Li manda il Signore”, e io… credevo che capissero: “per il letto funebre”, la madre e il padre… insieme hanno detto: “Oh! è vero! Corri a chiamarlo. Egli lo guarirà”».

«La parola della fede. Andiamo», e Gesù esce quasi di corsa. Naturalmente tutti lo seguono, anche il vecchio Giovanni, arrancante, in coda a tutti.

531.19

La casa è in fondo al paese. Ma Gesù presto vi arriva e si fa largo fra la gente, che ingombra la porta aperta. Va diritto ad una stanza in fondo all’andito, perché è una casa vasta con molti abitanti, forse fratelli fra loro.

Nella stanza, curvi sul letto improvvisato, il padre, la madre ed Elisa… Non vedono Gesù altro che quando Egli dice: «La pace a questa casa». Allora lasciano il letto, gli infelici genitori, e si gettano ai piedi di Gesù. Solo Elisa resta dove è, intenta a sfregare le membra, che ghiacciano, con sostanze aromatiche.

Il piccolo è proprio in estremo, il suo corpo ha già la pesantezza e l’abbandono della morte, e il visetto è cereo con le narici fuliginose e le labbra violacee. Il piccolo respira a fatica, con spasimo del piccolo petto, e ogni respiro sembra sempre l’ultimo, tanto è staccato dal precedente.

La madre piange col viso sui piedi di Gesù. Il padre, pure lui curvo sino a terra, dice: «Abbi pietà! Abbi pietà!». Non sa dire altro.

Gesù dice: «Levi, vieni da Me», e tende le braccia.

Il piccolo, un fanciullino di un cinque anni circa, ha come una scossa, come se qualcuno l’avesse chiamato forte mentre dormiva. Si siede senza fatica, si sfrega con i pugnelli gli occhietti, si guarda intorno come stupito e, vedendo Gesù, con un sorriso si getta giù dal lettuccio e va sicuro, nella sua tunichella, verso il Salvatore.

I genitori, curvi come sono, non vedono nulla. Ma le esclamazioni di Elisa che grida: «Bontà eterna!», e degli apostoli e curiosi che dall’andito hanno un «oh!» stupefatto, li avvertono di quel che avviene; alzano il viso dal suolo e vedono il figliolino lì, sano come mai fosse stato morente…

La gioia fa ridere, fa piangere, urlare e tacere, a seconda delle reazioni dell’individuo. Qui produce uno stupore muto, quasi spaurito… È troppa la differenza fra la condizione precedente e quella attuale, e i due poveri genitori, già sbalorditi dal dolore, stentano ad accogliere la gioia.

531.20

Ma infine vi riescono, mentre il bambino è preso in braccio da Gesù, e allora al mutismo segue un diluvio di parole miste a voci di gioia e benedizione, ed è difficile seguirlo questo diluvio di parole che si soverchiano disordinatamente. Ricostruisco da esse che verso l’ora di sesta il bambino, che giocava nell’orto, era rientrato in casa lamentandosi di dolori addominali. Preso in braccio dalla nonna e tenuto vicino al fuoco, pareva migliorare. Ma poi, prossima l’ora di nona, era stato preso da vomito di materie intestinali e subito era entrato in agonia. La peritonite fulminante[2] classica. Il padre era corso a Gerusalemme al primo accenno del male ed era tornato con un medico che, visto il bambino, al quale intanto era venuto il vomito, aveva detto: «Non può vivere», e se ne era andato… Infatti di minuto in minuto il piccolo peggiorava e raffreddava già, né essi nell’angoscia dell’improvvisa sciagura erano capaci di pensare alla salvezza vicina. Soltanto quando Andrea ed Elisa erano entrati coi fiori dicendo: «Li manda Gesù a Levi», essi avevano avuto come una luce interna e avevano detto: «Gesù lo salverà».

«E lo hai salvato, benedetto in eterno! I tuoi fiori! La speranza! La fede! Oh, sì! la fede nel tuo amore per noi! Ma come hai saputo? Benedetto! Chiedi ciò che vuoi da noi! Ordina come a schiavi! Tutto ti dobbiamo!…».

Gesù li ascolta tenendo il bambino sempre in braccio. Li lascia parlare finché sono stanchi, finché i loro nervi sottoposti a tanta tensione si sono rilassati nello sfogo. Poi dice dolcemente: «Amo i bambini ed i cuori fedeli. Voi tutti di Nobe siete molto buoni con Me. Se sono buono con chi mi odia, che darò a chi mi ama? Io sapevo… e sapevo anche che il dolore vi faceva dimenticare la Sorgente della Vita. Vi ho voluto indicare la via…».

«Ma perché non sei venuto da Te, Signore? Temevi forse che non ti accogliessimo?».

«No. Sapevo che mi avreste accolto con amore. Ma fra questi che ci stanno intorno vi era qualcuno che aveva bisogno di persuadersi che Io non ignoro nulla degli uomini e dello stato dei cuori. E ho voluto anche che altri comprendessero che Dio risponde a chi lo invoca con fede.

531.21

Ora state in pace. E crescete sempre più nella fede nella misericordia di Dio. La pace sia con voi tutti. Addio, Levi. Va’ dalla mamma, ora. Addio, donna. Consacra al Signore anche quella che porti nel seno, in ricordo della bontà che il Signore ti ha usata. Addio, uomo. Conserva il tuo spirito nella giustizia».

Si volge per andare, passando a fatica fra i parenti che si pigiano nell’andito: nonni, zii, cugini del miracolato, che vogliono tutti parlare a Gesù, benedirlo, esserne benedetti, baciargli le vesti, le mani… E poi, dopo la numerosa parentela, è la gente del paese che vuole fare la stessa cosa, ma questa si riversa sulla via dietro a Gesù, lasciando quelli della casa benedetta dal miracolo alla loro gioia. E nelle strade ormai oscure, col solito rumore delle ore di festa, tutta Nobe riconduce Gesù alla casetta di Giovanni, e ci vuole tutta l’autorità degli apostoli per persuadere i cittadini a tornare alle loro case lasciando in pace il Maestro, e all’autorità devono unire anche mezzi più energici, come la minaccia che, se non lo lasciano riposare, domani andranno tutti via di lì, per riuscire ad ottenere lo scopo.

E finalmente lo Stanco può riposare…


Notes

  1. la Batanée, aujourd’hui Al-Bathaniya, est une plaine fertile au sud de la Syrie actuelle.
  2. qu’il te l’a rendue, en 155.4/5.
  3. là où (tu seras) Caius, (je serai) Caia : au temps des anciens Romains, la formule de l’union conjugale pour la mariée était brève mais parlante : ubi Caius ibi Caia.
  4. Libitina est la déesse romaine des funérailles.
  5. la péritonite foudroyante est la conclusion personnelle de Maria Valtorta qui établit son diagnostic (elle a été infirmière) après avoir “ écouté ” et rétabli le récit surexcité des symptômes du mal qui avait frappé le petit garçon.

Note

  1. te l’ha resa, in 155.4/5.
  2. peritonite fulminante è la conclusione personale della scrittrice, che fa la sua diagnosi (era stata infermiera) dopo avere “ascoltato” e ricostruito il concitato racconto della sintomatologia del male che aveva colpito il bambino.