Gli Scritti di Maria Valtorta

530. Une autre nuit de péché de Judas.

530. Un’altra notte di peccato di Giuda Iscariota.

530.1

Nobé tout entièr dort encore. C’est la première nuance du jour. L’aube, dans les lueurs apaisées de l’hiver, est d’une délicatesse de teintes irréelles. Ce n’est pas la lumière vert argenté des aurores d’été qui s’affirme rapidement et se change en or pâle, puis en un rouge de plus en plus accentué. Mais un vert jade, nuancé d’un gris bleu très léger, l’indique à l’orient par un petit demi-cercle, à la limite de l’horizon, en bas : un point d’une luminosité voilée, et pour ainsi dire lasse, comme celle de la pâle flamme du soufre allumé, derrière un rideau de fumée blanchâtre. Et elle hésite à s’allonger sur le ciel, qui reste gris, mais est serein et porte encore des étoiles qui regardent le monde. Elle hésite à repousser la grisaille pour faire place à sa précieuse couleur de pâle jade et au pur cobalt du ciel palestinien. Timide et frileuse, elle paraît s’arrêter à la limite de l’orient. Elle s’y attarde encore, dilatant insensiblement son demi-cercle de luminosité sulfureuse et à peine diluée de vert pâle en une couleur blanche mêlée d’un souvenir de jaune, quand elle doit s’effacer devant un rosé subit qui dégage le ciel du dernier voile de la nuit et le rend net et précieux comme un baldaquin de satin couleur de saphir. Un feu s’allume au bout de l’horizon comme si un mur venait de tomber pour mettre à découvert une fournaise ardente. Mais est-ce du feu ou un rubis allumé par un feu caché ? Non, c’est le soleil qui émerge : le voici. A peine pointe-t-il de la courbe de l’horizon que déjà il a trouvé moyen de peindre de corail rosé un flocon de nuages et de changer en diamants les gouttes de rosée à la cime des arbres à feuilles persistantes. Un grand rouvre, à l’extrémité du village, porte un voile de diamants sur ses feuilles couleur de bronze, tournées vers l’orient. On dirait autant de claires étoiles qui scintillent dans les branches de ce géant dont la cime plonge dans l’azur.

Peut-être, pendant la nuit, des étoiles sont-elles descendues trop bas sur le village pour murmurer quelque céleste secret aux habitants de Nobé, ou bien pour consoler par leur lumière pure l’Homme qui, éveillé, marche silencieusement là-haut, sur la terrasse de Jean.

Oui, parce que seul, dans Nobé endormi, Jésus est éveillé ; il arpente la terrasse de la maisonnette, les bras croisés sous son manteau bien serré qui le couvre tout entier pour le défendre du froid et qui lui sert aussi de capuchon. Chaque fois qu’il arrive à un bout de la terrasse, il regarde au dehors, en se penchant pour voir la rue qui traverse le centre du village ; mais elle est encore à demi obscure, vide, silencieuse. Alors, il se remet à faire les cent pas d’un côté à l’autre, lentement, en silence, la plupart du temps la tête penchée, méditatif, observant parfois le ciel de plus en plus lumineux et les couleurs vagues de l’aube et de l’aurore, ou en suivant du regard le vol frémissant du premier passereau, réveillé par la lumière, qui quitte la tuile hospitalière d’un toit voisin pour descendre becqueter au pied du vieux pommier de Jean, et puis s’envole de nouveau, après avoir vu Jésus, avec un cui-cui effrayé qui réveille les autres oiseaux nichés çà et là.

530.2

D’un enclos s’élève un bêlement de brebis qui se perd en tremblant dans l’air. De la rue provient un bruit de pas rapides.

Jésus se penche pour regarder, puis il descend vivement le petit escalier, entre dans la cuisine obscure et referme la porte derrière lui.

Les pas se rapprochent, résonnent maintenant dans le jardin à côté de la maison, s’arrêtent devant l’entrée de la cuisine ; une main essaie d’ouvrir, se rend compte que la clé n’est pas dans la serrure, actionne alors le verrou que l’on peut remuer du dehors aussi bien que de l’intérieur, et une voix dit en même temps :

« Quelqu’un serait-il déjà levé ? »

Une main encore ouvre la porte avec précaution sans la faire grincer. La tête de Judas se glisse par l’ouverture… Il regarde… Obscurité complète. Froid. Silence.

« Ils ont laissé la porte ouverte… Et pourtant… Elle me paraissait fermée… Ça n’a d’ailleurs aucune importance !… On ne vole pas les pauvres, et en est-il de plus misérables que nous… Mais espérons que… cela ne va pas durer. Où est ce maudit allume-feu ?… Je ne le trouve pas… Si je réussis à allumer le feu… c’est que je suis rentré tard, oui, vraiment trop tard… Mais où peut-il être ? Bien trop de mains le touchent. Sur le foyer ? Non… Sur la table ? Non… Sur les bancs ? Non… Sur l’étagère ?… Non plus… Cette porte vermoulue grince quand on l’ouvre… Bois rongé, gonds rouillés… Tout est vieux, moisi, horrible ici. Ah ! pauvre Judas ! Et il n’y est pas… Il me faudra vraiment entrer chez le vieux… »

Tout en parlant, il a marché à tâtons, çà et là, invisible dans l’ombre, prudent comme un voleur ou un oiseau de nuit pour éviter les obstacles qui pourraient faire du bruit…

530.3

Il se heurte à un corps et pousse un cri d’effroi étouffé.

« N’aie pas peur. C’est moi. Et l’allume-feu est dans ma main. Le voici. Allume, dit Jésus paisiblement.

– Toi, Maître ? Que faisais-tu ici, tout seul, dans le noir, dans le froid… Il y aura beaucoup de malades certainement aujourd’hui après le sabbat et deux jours de pluie, mais ils ne seront pas là de sitôt. C’est seulement maintenant qu’ils se mettent en marche des villes voisines, car ce n’est qu’à présent que l’on comprend qu’il ne pleuvra pas aujourd’hui. Le vent de la nuit a déjà essuyé les routes.

– Je le sais, mais allume. Il ne convient pas à des gens honnêtes de parler ainsi dans le noir, c’est bon pour des voleurs, des menteurs, des luxurieux et des assassins. Les complices de mauvaises actions aiment les ténèbres. Moi, je ne suis le complice de personne.

– Moi non plus, Maître. Je voulais préparer un bon feu, et c’est pour cela que je me suis levé de bonne heure… Que dis-tu, Maître ? Tu as murmuré quelque chose que je n’ai pas compris.

– Allume donc.

– Ah !… J’ai vu ainsi qu’il fait beau. Mais il fait froid. Tous auront plaisir à trouver un bon feu… Tu t’es levé en m’entendant remuer ici ou à cause du vieux qui… Il a encore ses douleurs ?… Voilà, enfin ! L’amadou et l’allume-feu paraissaient humides, au point qu’ils ne voulaient pas faire d’étincelle… Ils sont trempés… »

530.4

Une petite flamme se lève de la mèche d’une lampe, fluette, tremblante… mais suffisante pour voir les deux visages : le visage pâle du Christ, le visage brun et imperturbable de Judas.

« Maintenant, j’allume le feu… Tu es pâle comme un mort. Tu n’as pas dormi ! Tout ça à cause de ce vieux ! Tu es trop bon.

– C’est vrai : je suis trop bon… Envers tout le monde, même envers ceux qui ne le méritent pas. Mais le vieillard le mérite. C’est un homme honnête, un cœur fidèle. Toutefois, ce n’est pas pour lui que j’ai veillé, mais pour un autre. C’est vrai. L’amadou et le briquet étaient humides, mais ce n’était pas à cause d’une tasse renversée ou de quelque liquide répandu accidentellement, mais à cause de mes larmes qui sont tombées dessus. C’est vrai. Il fait beau, mais froid, et le vent a essuyé les routes ; mais vers l’aube, la rosée est tombée. Touche mon manteau, il en est humide… Et puis l’aube est venue montrer le temps serein, la lumière est venue me montrer une place vide, et le soleil de l’aurore est venu faire briller la rosée sur les feuilles et les larmes sur les cils. C’est vrai, il y aura aujourd’hui beaucoup de malades, mais ce n’étaient pas eux que j’attendais. Je t’attendais, toi. Car c’est pour toi que j’ai veillé toute la nuit. C’est pour toi que, ne pouvant rester enfermé ici à t’attendre, je suis monté sur la terrasse pour jeter au vent mon appel, montrer aux étoiles ma douleur, à l’aurore mes larmes. Ce n’est pas le vieillard malade, mais le jeune dévoyé, le disciple qui fuit le Maître, l’apôtre de Dieu qui préfère l’égout au Ciel et le mensonge à la vérité, qui m’a tenu debout toute la nuit pour t’attendre. Et quand j’ai entendu tes pas, je suis descendu ici… pour t’attendre encore. Non plus ta personne qui, maintenant, m’était proche et se déplaçait comme un voleur dans la cuisine obscure, mais ton sentiment… J’ai attendu une parole… Et tu n’as pas su la dire quand tu m’as senti debout contre toi. Celui auquel tu es en train de vendre ton âme ne t’a donc pas averti que je savais ? Mais non ! Il ne pouvait t’avertir ni te suggérer la seule parole que tu pouvais, que tu devais dire, si tu avais été un juste. Et il t’a suggéré des mensonges que je ne demandais pas, inutiles, offensants plus encore que ta fugue nocturne. Il te les a suggérés en ricanant, content de t’avoir fait descendre une marche de plus et de m’avoir causé une autre peine. C’est vrai. Il viendra beaucoup de malades, mais le plus grand malade ne viendra pas à son Médecin. Et le Médecin lui-même est malade de douleur pour ce malade qui ne veut pas guérir. C’est vrai. Tout est vrai, même que j’ai murmuré un mot que tu n’as pas compris. Après ce que je t’ai dit, tu le devines ? »

Jésus a parlé à voix basse, mais sur un ton si tranchant, si douloureux et en même temps si sévère que Judas qui, aux premiers mots, était souriant, bien droit, effronté, tout près de Jésus, s’est peu à peu éloigné et ratatiné comme si chaque mot lui assénait un coup, alors que Jésus s’est toujours plus redressé, vraiment Juge et vraiment tragique dans son attitude douloureuse.

Judas, bloqué maintenant entre une huche et le coin du mur, murmure :

« Mais… Je ne sais pas…

– Non ? Eh bien, je te le redis, car je ne crains pas de dire ce qui est vrai. Menteur ! Voilà ce que je t’ai dit. Et si l’on supporte encore les mensonges d’un enfant parce qu’il en ignore la portée et qu’on lui apprend à ne plus en dire, chez un homme, on ne le supporte pas, et chez un apôtre, disciple de la Vérité même, il provoque le dégoût. Un dégoût total. Voilà pourquoi je t’ai attendu toute la nuit et pourquoi j’ai pleuré en mouillant la table là où se trouvait l’allume-feu. Ensuite, j’ai pleuré en veillant et en t’appelant de toute mon âme à la lumière des étoiles, voilà pourquoi je suis trempé par la rosée comme l’amant[1] des Cantiques. Mais c’est en vain qu’elle couvre ma tête et que les gouttes de la nuit mouillent les boucles de mes cheveux ; c’est inutilement que je frappe à la porte de ton âme et que je lui dis : “ Ouvre-moi, car je t’aime, bien que tu ne sois pas immaculée. ” C’est même justement parce qu’elle est tachée que je veux entrer en elle et la purifier. C’est justement parce qu’elle est malade que je veux entrer pour la guérir. Fais attention, Judas ! Prends garde que l’Epoux ne s’éloigne, et pour toujours, et que tu ne puisses plus le trouver…

530.5

Judas, tu ne dis rien ?…

– Il est trop tard pour parler, désormais ! Tu l’as dit : je te dégoûte. Chasse-moi…

– Non. Les lépreux eux aussi me dégoûtent, mais j’ai pitié d’eux et, s’ils m’appellent, j’accours et je les purifie. Ne veux-tu pas être purifié ?

– Il est trop tard… c’est inutile. Je ne sais pas être saint. Chasse-moi, te dis-je.

– Je ne suis pas l’un de tes amis pharisiens qui déclarent impurs une infinité de choses et les fuient ou les chassent durement alors qu’ils pourraient les purifier par la charité. Je suis le Sauveur et je ne chasse personne… »

Un long silence s’établit. Judas reste dans son coin. Jésus appuie son dos à la table et, l’air fatigué, souffrant, il semble se soutenir grâce à elle… Judas lève la tête. Hésitant, il le regarde et murmure :

« Et si je te quittais, que ferais-tu ?

– Rien. Je respecterais ta volonté, en priant pour toi. Pourtant à mon tour, je t’affirme que même si tu me quittes, il est désormais trop tard.

– Trop tard pour quoi, Maître ?

– Pour quoi ? Tu le sais comme moi… Allume le feu, maintenant. On marche, au-dessus. Etouffons le scandale ici, entre nous. Pour tous, nous aurons eu un court sommeil… et nous aurons été réunis par un désir de chaleur… Mon Père !… »

Et pendant que Judas approche la flamme des branches déjà mises sur le foyer et souffle pour allumer des copeaux, Jésus lève les mains au-dessus de sa tête et s’en presse les yeux…

530.1

Tutta Nobe dorme ancora. È il primo schiarir del giorno. L’alba, nelle luci pacate dell’inverno, è di una delicatezza di tinte irreali. Non la luce verd’argento delle albe estive, così rapida ad affermarsi e a mutarsi in oro pallido e poscia in un rosa sempre più acceso. Ma un verde giada, stemperato in un grigio azzurro tenuissimo, la indica all’oriente in un semicerchio piccolo, basso al limite dell’orizzonte. Un punto di una luminosità velata e come stanca, simile[1] a pallida fiamma di zolfi accesi dietro cortine di fumo biancastro. E stenta ad allargarsi sul cielo, che è bigio ancora, pur essendo sereno e con ancora le stelle ad occhieggiare sul mondo. Stenta a respingere il grigiore per far luogo al suo prezioso colore di pallida giada e al puro cobalto del cielo palestinese. Pare, timida e freddolosa, soffermarsi al balzo d’oriente. Vi si attarda ancora, appena un poco dilatata nel suo semicerchio di luminosità solfurea e appena un poco diluita dal verdolino al bianco intriso di un ricordo di giallo, quando viene annullata da un subito rosa, che libera il cielo dall’ultimo velo notturno e lo fa terso e prezioso come un baldacchino di raso zaffireo, e un fuoco si accende all’estremo orizzonte, quasi che fosse caduta una parete e fosse messa allo scoperto una fornace ardente. Ma è fuoco od è un rubino acceso da un fuoco nascosto? No. È il sole che emerge. Eccolo. Appena spunta da dietro le curve dell’orizzonte, che già ha trovato da pennellare di corallo rosa un bioccolo di nube e da mutare in diamanti le gocce della rugiada sulle cime degli alberi a fogliame perenne. Un alto rovere, all’estremità del paese, ha un velo di diamanti sulle bronzee foglie volte ad oriente. Sembrano tante stellucce palpitanti fra i rami di questo gigante che si immerge, con il suo sommo, nell’azzurro.

Forse, nella notte, delle stelle si sono troppo abbassate sul paese per mormorare segreti celesti ai cittadini di Nobe, o forse per consolare con la loro luce pura l’Uomo che, insonne, cammina silenziosamente lassù, sul terrazzo di Giovanni. Sì, perché, unico in tutta Nobe dormente, Gesù è sveglio, e va lentamente avanti e indietro sul terrazzo della casetta con le braccia conserte sotto al mantellone che lo copre tutto strettamente a difesa dal freddo, serrandosi a cappuccio anche sulla testa. Gesù, ad ogni giungere ad un estremo della terrazza, guarda fuori, sporgendosi per vedere la via che passa per il centro del paese. Via ancora semioscura, vuota, silenziosa. E poi riprende ad andare avanti e indietro, avanti e indietro lentamente, silenziosamente, per lo più a capo chino, meditabondo, qualche volta osservando il cielo sempre più luminoso e i vaghi colori dell’alba e dell’aurora, o seguendo con lo sguardo il volo frullante del primo passero, ridestato dalla luce, che lascia l’embrice ospitale di un tetto vicino per scendere a beccuzzare ai piedi del vecchio melo di Giovanni e poi sfrulla via di nuovo, avendo visto Gesù, con un cip-cip spaurito che ridesta altri uccellini annidati qua e là.

530.2

Da un chiuso viene un belato di pecora e si perde tremolando nell’aria. Dalla via viene uno scalpiccio frettoloso. Gesù si sporge a guardare. E poi corre lesto giù dalla scaletta, entra nella cucina oscura, rinchiude l’uscio dietro di Sé. Il passo si avvicina, suona ormai nella striscia d’orto a lato della casa, si arresta davanti all’uscio di cucina; una mano tenta la serratura, sente che non c’è la chiave, fa allora agire il catenaccio che si può muovere tanto dal di fuori che dal di dentro; una voce dice contemporaneamente: «Che sia già alzato qualcuno?». Ancora una mano apre cautamente l’uscio senza farlo cigolare. La testa di Giuda di Keriot si insinua per la fessura… Guarda… Buio assoluto. Freddo. Silenzio.

«Si sono dimenticati aperta la porta… Eppure… Mi pareva chiusa… Del resto, cosa senza importanza!… Ai poveri non rubano i ladri. E più miserabili di noi… Eh!… Ma speriamo che… non duri così. Dove è quel maledetto acciarino?… Non lo trovo… Se riesco ad accendere il fuoco… perché ho fatto tardi, sì, proprio troppo tardi… Ma dove sarà? Troppe mani a toccare! Sul focolare? No… Sul tavolo? No… Sulle panche? No… Sulla mensola?… Neppure… Quell’uscio tarlato stride ad aprirlo… Legno tarlato… gangheri ruggini… Tutto vecchio, muffoso, orribile qui. Ah! povero Giuda! E non c’è… Mi toccherà proprio entrare dal vecchio…».

Sempre parlando è andato tastando qua e là, invisibile nel­l’om­bra, cauto come un ladro o un uccello notturno nello scansare gli inciampi che potrebbero fare rumore…

530.3

Urta contro un corpo e ha un urlo soffocato di spavento.

«Non temere. Sono Io. E l’acciarino è in mia mano. Eccolo. Accendi», dice Gesù pacatamente.

«Tu, Maestro? Che facevi qui solo, nel buio, nel freddo… Ci saranno molti malati certo oggi, dopo un sabato e due giorni di tempo piovoso, ma non saranno qui così presto. Essi si muoveranno dalle città vicine appena ora, perché soltanto ora si comprende che oggi non pioverà. Il vento della notte ha già asciugato le vie».

«Lo so. Ma accendi un lume. Non è da onesti parlare così nelle tenebre, ma da ladri, da bugiardi, da lussuriosi e da assassini. I complici nelle male azioni amano le tenebre. Io non sono complice a nessuno».

«Neppure io, Maestro. Volevo preparare un buon fuoco. E per questo mi sono alzato per primo… Cosa dici, Maestro? Hai mormorato fra le labbra e non ho compreso».

«Accendi, dunque».

«Ah!… Ho visto così che è sereno. Ma fa freddo. Tutti avranno piacere di trovare un buon fuoco… Ti sei alzato sentendomi muovere qui o per il vecchio che… Ha ancora i dolori?… Ecco! Finalmente! Parevano umidi l’esca e l’acciarino, tanto non volevano fare scintilla… Si sono ammollati…».

530.4

Una fiammella si alza dal lucignolo di una lucerna. Una sola fiammella, piccola, tremolante… ma sufficiente a vedere i due volti: il pallido volto di Cristo, il brunetto e imperterrito volto di Giuda.

«Ora accendo il fuoco… Sei pallido come un morto. Non hai dormito! E per quel vecchio! Sei troppo buono».

«È vero. Sono troppo buono. Con tutti. Anche con quelli che non lo meritano. Ma il vecchio lo merita. È un onesto, uno dal cuore fedele. Ciononostante, non ho vegliato per lui, ma per un altro. È vero. L’esca e l’acciarino erano umidi, ma non per causa di una tazza rovesciata o di altro liquido sparso per un incidente, bensì per il mio pianto che vi è gocciato sopra. È vero. È sereno, ma fa freddo e il vento ha riasciugato le strade, e verso l’alba, però, la guazza è caduta. Senti il mio mantello. Ne è umido… E poi è venuta l’alba a mostrare il sereno, è venuta la luce a mostrare un posto vuoto, è venuto il sole dell’aurora a far brillare le rugiade sulle foglie e le lacrime sulle ciglia. È vero. Oggi ci saranno molti malati, ma Io non attendevo loro. Attendevo te. Perché è per te che ho vegliato tutta la notte. Per te che, non potendo star chiuso qui ad attenderti, sono salito sul terrazzo, a gettare nel vento il mio richiamo, a mostrare alle stelle il mio dolore, all’aurora il mio pianto. Non il vecchio malato, ma il giovane scapestrato, il discepolo che fugge il Maestro, l’apostolo di Dio che preferisce la cloaca al Cielo e la menzogna alla Verità, mi hanno tenuto in piedi tutta la notte ad attenderti. E quando ho sentito la tua pedata sono sceso qui… ad attenderti ancora. Non più con la tua persona, che ormai avevo vicina e vagante con mosse da ladro per la cucina oscura, ma con il tuo sentimento… Ho atteso una parola… E non l’hai saputa dire quando mi hai sentito ritto contro a te. Colui al quale stai vendendo il tuo spirito non ti ha dunque avvertito che Io sapevo? Ma no! Non poteva avvertirti né suggerirti l’unica parola che potevi, che dovevi dire, se fossi un giusto. E ti ha suggerito le menzogne non chieste, inutili, offensive più ancora della tua fuga notturna. Te le ha suggerite ghignando, contento di aver fatto scendere un altro gradino a te e di aver dato un altro dolore a Me. È vero. Verranno molti malati. Ma il più grande malato non verrà al suo Medico. E il Medico stesso è malato di dolore per questo malato che non vuole guarire. È vero. Tutto è vero. Anche che ho mormorato una parola che tu non hai capita. Dopo quanto ti ho detto, l’indovini?».

Gesù ha parlato a voce bassa, ma così incisiva e dolorosa e nello stesso tempo così severa che Giuda, che era, alle prime parole, sorridente, eretto, sfrontato, tutto presso a Gesù, si è piano piano ritratto e rattratto come se ogni parola fosse una percossa, mentre Gesù si è sempre più eretto, veramente giudice e veramente tragico nella sua effigie addolorata.

Giuda, confinato ormai fra una madia e un angolo di muro, mormora: «Ma… Non saprei…».

«No? Ebbene Io te la dico, perché non temo di dire ciò che è verità. Bugiardo! Ecco cosa ti ho detto. E se il bambino menzognero si sopporta ancora, perché non sa il valore di una menzogna e gli si insegna a non dirla più, in un uomo ciò non si sopporta; in un apostolo, discepolo della Verità stessa, fa schifo. Assolutamente schifo. Ecco perché ti ho atteso tutta la notte e ho pianto bagnando il tavolo, là, dove era l’acciarino, e poi ho pianto vegliando e chiamandoti con tutta l’anima al lume delle stelle, ecco perché sono bagnato di guazza come l’ama­tore[2] dei Cantici. Ma inutilmente il mio capo è pieno di rugiada e i miei riccioli delle gocce della notte, inutilmente Io picchio alla porta della tua anima e le dico: “Aprimi, perché ti amo per quanto tu non sia immacolata”. Anzi, è proprio perché è macchiata che Io voglio entrare in lei e mondarla. È proprio perché è malata che voglio entrare a guarirla. Sta’ attento, Giuda! Attento che lo Sposo non si allontani, e per sempre, e che tu non lo possa più trovare…

530.5

Giuda, non parli?…».

«È tardi per parlare, ormai! Tu lo hai detto: ti faccio schifo. Cacciami…».

«No. Anche i lebbrosi mi fanno schifo. Ma ne ho pietà. E se mi chiamano accorro e li mondo. Non vuoi essere mondato?».

«È tardi… ed è inutile. Non so essere santo. Cacciami, ti dico».

«Non sono uno dei tuoi amici farisei, che chiamano “immonde” infinite cose e le fuggono o le scacciano duramente, mentre potrebbero mondarle con carità. Io sono il Salvatore e non discaccio nessuno…».

Un lungo silenzio. Giuda sta nel suo angolo, Gesù sta appoggiato di schiena al tavolo e pare sorreggersi ad esso, stanco e sofferente… Giuda alza il capo. Lo guarda titubante e mormora: «E se io ti lasciassi, che faresti?».

«Nulla. Rispetterei la tua volontà. Pregando per te. Però a mia volta ti dico che, se anche tu mi lasci, è ormai troppo tardi».

«A che, Maestro?».

«A che? Tu lo sai come Me… Accendi il fuoco, ora. Di sopra si cammina. Soffochiamo lo scandalo qui, fra noi. Per tutti avremo avuto breve il sonno… e ci avrà riuniti qui un desiderio di calore… Padre mio!…».

E mentre Giuda avvicina la fiamma alle fascine già poste sul focolare e soffia perché la fiamma si apprenda a dei trucioli leggeri, Gesù alza le mani sopra il suo capo e poi se le preme sugli occhi…


Notes

  1. comme l’amant : Ct 5, 2-6.

Note

  1. simile a, invece di come di, è correzione di MV su una copia dattiloscritta per togliere la ripetizione di come; ardente, di tredici righe più sotto, è correzione di MV, sempre sulla copia dattiloscritta, al posto dell’originale fervente. (La precedente “notte di peccato” dell’Iscariota è nell’episodio del capitolo 339).
  2. come l’amatore di: Cantico dei cantici 5, 2-6.