Gli Scritti di Maria Valtorta

563. De faux disciples à Sichem.

563. Falsi discepoli a Sichem. Risanato

563.1

La place principale de Sichem est égayée par une note printanière, due à la frondaison nouvelle des arbres qui, en double rangée le long du carré constitué par les murs des maisons, la bordent en formant une sorte de galerie tout autour. Le soleil, qui joue avec les feuilles tendres des platanes, dessine sur le sol des broderies de lumières et d’ombres. Le bassin, au milieu de la place, est une plaque d’argent sous le soleil.

Des gens parlent çà et là en groupes et discutent de leurs affaires. Quelques-uns — apparemment des étrangers, car tout le monde se demande de qui il s’agit — entrent sur la place, observent, et accostent le premier groupe qu’ils trouvent. Ils saluent, on les salue, avec étonnement. Mais quand ils disent : « Nous sommes des disciples du Maître de Nazareth », toute défiance tombe. Certains vont prévenir les autres groupes, tandis que ceux qui sont restés demandent :

« Est-ce lui qui vous envoie ?

– C’est lui. Une mission très secrète. Le Rabbi est en grand danger. Plus personne ne l’aime en Israël et lui, qui est si bon, demande que, vous au moins, vous lui restiez fidèles.

– Mais c’est ce que nous voulons ! Que devons-nous faire ? Qu’attend-il de nous ?

– Lui, il ne veut que l’amour, car il se fie — trop — à la protection de Dieu. Mais avec ce que l’on dit de lui en Israël… Vous ignorez qu’on l’accuse de satanisme et d’insurrection ? Savez-vous ce que cela peut entraîner ? Des représailles des Romains, sur tous. Nous, qui sommes déjà si malheureux, nous serons encore plus frappés ! Et condamnation de la part des saints de notre Temple. Certainement que les Romains…

563.2

Ne serait-ce que pour votre propre bien, vous devriez vous agiter, le persuader de se défendre, le protéger et le mettre pour ainsi dire dans l’impossibilité d’être pris et de nuire ainsi, contre son gré. Persuadez-le de se retirer sur le mont Garizim. Là où il est, il est encore trop exposé, et il n’apaise ni la colère du Sanhédrin ni les soupçons des Romains. Le mont Garizim a bien le droit d’asile ! Inutile de le mettre au courant. Si nous lui en parlions, il nous dirait que nous sommes anathèmes, car nous lui conseillerions la lâcheté. Mais il ne s’agit pas de cela : c’est une question d’amour, de prudence. Nous ne pouvons pas lui en parler. Mais vous, il vous aime. Il a déjà préféré votre région aux autres. Organisez-vous donc pour l’accueillir. Cela vous permettra de savoir avec précision s’il vous aime ou non. S’il devait refuser votre secours, ce serait signe qu’il ne vous aime pas, par conséquent il vaudrait mieux qu’il parte ailleurs. Croyez-le bien, c’est avec douleur que nous disons cela, car nous l’aimons : sa présence est un danger pour qui lui accorde l’hospitalité. Mais, voilà, vous êtes meilleurs que tous et vous ne vous souciez pas des dangers. Pourtant, il est juste que si vous risquez les représailles des Romains, vous le fassiez en un échange d’amour. Nous vous conseillons cela pour le bien de tous.

– Vous parlez bien. Nous allons suivre vos conseils. Nous irons le trouver…

– Surtout, faites attention ! Qu’il ne s’aperçoive pas que c’est nous qui vous l’avons suggéré !

– Ne craignez rien ! Ne craignez rien ! Nous saurons nous y prendre, naturellement. Nous mettrons en évidence que les Samaritains, que l’on méprise, valent mieux que des Judéens ou des Galiléens quand il s’agit de défendre le Christ.

563.3

Venez, entrez chez nous, vous qui êtes les envoyés du Seigneur. Ce sera comme si lui entrait ! Il y a si longtemps que la Samarie attend d’être aimée par les serviteurs de Dieu ! »

Les Sichémites s’éloignent en encadrant comme en triomphe ces gens, qui sont sûrement — je ne crois pas me tromper — des émissaires du Sanhédrin ; et ils disent :

« Nous voyons qu’il nous aime, car c’est en quelques jours le second groupe de disciples qu’il nous envoie, et nous avons bien fait de traiter les premiers avec amour. C’est bien d’être aussi bons avec lui à cause des petits enfants de cette femme morte qui était des nôtres ! Il nous connaît, désormais… »

Et ils s’en vont, tout heureux.

563.4

Ephraïm tout entière s’est déversée dans les rues pour voir cet événement insolite qu’est un défilé de chars romains qui la traverse. Il y a de nombreux chars et des litières couvertes, escortées par des esclaves, précédées et suivies par des légionnaires. Les gens se font des signes entendus et chuchotent. Arrivé à la route qui bifurque pour Béthel et Rama, le cortège se sépare en deux parties. Un char et une litière avec une escorte de soldats restent arrêtés, tandis que le reste poursuit sa route.

Le rideau de la litière s’écarte un instant, et une main de femme, blanche et ornée de pierres précieuses, fait signe au chef des esclaves de s’approcher. L’homme obéit sans mot dire. Il écoute. Il aborde un groupe de femmes curieuses et demande :

« Où se trouve le Rabbi de Nazareth ?

– Dans cette maison. Mais à cette heure, habituellement, il est près du torrent. Il y a une petite île du côté des saules, là où se trouve le peuplier. Il reste à cet endroit pour prier des journées entières. »

L’homme revient et fait son rapport. La litière se remet en route. Le char, lui, ne bouge pas. Les soldats suivent la litière jusqu’au bord du cours d’eau, et ils barrent le chemin. Seule la litière longe le ruisseau jusqu’à la hauteur de la petite île qui, au cours de la saison, est devenue très boisée : c’est un fourré impénétrable de verdure, surmonté par le fût et la frondaison argentée du peuplier. Sur un ordre, la litière passe le petit torrent, dans lequel entrent les porteurs aux vêtements courts. Claudia Procula en descend avec une affranchie, et elle fait signe à un esclave noir qui escorte la litière de la suivre. Les autres reviennent sur la rive.

563.5

Tous trois pénètrent dans la petite île et se dirigent vers le peuplier qui domine au centre. Les hautes herbes étouffent le bruit de leurs pas. Elle arrive ainsi à l’endroit où se trouve Jésus, assis au pied de l’arbre, plongé dans sa prière. Elle l’appelle en s’avançant seule, tandis que d’un geste impérieux elle cloue sur place ses deux personnes de confiance.

Jésus lève la tête et, à la vue de la femme, il se lève aussitôt. Il la salue, mais reste debout, adossé au tronc du peuplier. Il ne manifeste ni étonnement, ni ennui ou indignation devant cette intrusion.

Claudia, après avoir salué, expose tout de suite ce qui l’amène :

« Maître, il est venu chez moi — ou plutôt chez Ponce — certaines gens… Je ne ferai pas de longs discours. Mais puisque je t’admire, je te dis, comme je l’aurais dit à Socrate s’il avait vécu de nos jours, ou à n’importe quel homme vertueux injustement persécuté : “ Je n’ai pas beaucoup de pouvoir, mais je vais faire mon possible. ” Et pour l’instant, je vais écrire là où je le peux pour qu’on te protège, et aussi pour qu’on te rende… puissant. Il y a sur des trônes ou à de hautes positions tant de gens qui ne le méritent pas…

– Domina, je ne t’ai pas demandé d’honneurs ni de protections. Que le vrai Dieu te récompense de t’en être souciée. Mais offre tes honneurs et ta protection à ceux qui en désirent vivement. Moi, je n’y aspire pas.

– Ah ! voilà ! C’est ce que je voulais entendre ! Alors, tu es vraiment le Juste que je pressentais ! Les autres, tes indignes calomniateurs, sont venus nous trouver et…

– Inutile de m’en parler, domina. Je sais.

– Sais-tu aussi ce que l’on dit : que, à cause de tes péchés, tu as perdu tout pouvoir et que c’est pour cette raison que tu vis ici, rejeté ?

– Je suis au courant de cela aussi. Et je sais que tu as cru plus facilement à cette dernière assertion qu’à la première, car ta mentalité de païenne est capable de discerner la puissance ou la bassesse humaine d’un individu, mais tu ne peux encore comprendre ce qu’est le pouvoir de l’esprit. Tu as… perdu tes illusions sur tes dieux qui, dans vos religions, se manifestent par de continuelles oppositions et avec un pouvoir bien fragile, sujet à de faciles interdictions à cause des désaccords entre eux. Et tu crois qu’il en est ainsi du vrai Dieu. Mais ce n’est pas le cas. Tel j’étais quand tu m’as vu la première fois guérir un lépreux, et tel je suis maintenant. Et tel je serai quand je semblerai tout à fait détruit.

563.6

Cet homme, c’est bien ton esclave muet, n’est-ce pas ?

– Oui, Maître.

– Dis-lui de venir. »

Claudia pousse un cri, et l’homme s’avance, puis se prosterne contre le sol entre Jésus et sa maîtresse. Son pauvre cœur de sauvage ne sait qui honorer davantage. Il a peur de se faire punir en vénérant le Christ plus que sa maîtresse, mais malgré cela, après avoir lancé un regard suppliant vers Claudia, il réitère son geste de Césarée[1] : il prend le pied nu de Jésus dans ses deux grosses mains noires et, se jetant le visage contre le sol, il glisse sa tête sous le pied de Jésus.

« Domina, écoute. Selon toi, est-il plus facile de conquérir seul un royaume ou de faire renaître une partie du corps qui n’existe plus ?

– Il est plus facile de conquérir un royaume, Maître. La fortune sourit aux audacieux, mais personne, sauf toi, ne peut faire renaître un mort et rendre des yeux à un aveugle.

– Et pourquoi ?

– Parce que… Parce que seul Dieu peut tout faire.

– Alors, pour toi, je suis Dieu ?

– Oui… ou, du moins, Dieu est avec toi.

– Dieu peut-il être avec un homme mauvais ? Je parle du vrai Dieu, non de vos idoles, qui sont des délires de celui qui cherche ce dont il pressent l’existence sans savoir de quoi il s’agit, et se crée des fantômes pour apaiser son âme.

– Non… je ne dirais pas cela. Nos prêtres eux-mêmes perdent leur pouvoir quand ils commettent une faute.

– Quel pouvoir ?

– Mais… celui de lire dans les signes du ciel et dans les réponses des victimes, dans le vol, dans le chant des oiseaux. Tu sais… Les augures, les aruspices…

– Je sais, je sais. Eh bien ? Regarde. Quant à toi, homme qu’un cruel pouvoir humain a privé d’un don de Dieu, relève la tête et ouvre la bouche. Et par la volonté du Dieu vrai, unique, Créateur des corps parfaits, retrouve ce que l’homme t’a enlevé. »

Il a mis son doigt blanc dans la bouche ouverte du muet.

Curieuse, l’affranchie ne sait pas rester à sa place, et elle s’avance pour regarder. Claudia s’incline pour observer.

Jésus enlève son doigt en s’écriant :

« Parle, et sers-toi de la partie de corps qui est née à nouveau pour louer le vrai Dieu. »

Et à l’improviste, comme une sonnerie de trompette, d’un instrument jusqu’alors muet, répond un cri, guttural mais net : “ Jésus ! ” Le Noir tombe par terre en pleurant de joie, et il lèche, il lèche vraiment les pieds nus de Jésus, comme pourrait le faire un chien reconnaissant.

« Ai-je perdu mon pouvoir, domina ? A ceux qui l’insinuent, donne cette réponse. Quant à toi, relève-toi et sois bon en pensant combien je t’ai aimé. Tu es resté dans mon cœur depuis les jours de Césarée. Et avec toi tous tes pareils, regardés comme une marchandise, considérés comme moindres que des bêtes, alors qu’en raison de votre conception vous êtes des hommes, égaux à César, peut-être meilleurs par la volonté de votre cœur…

563.7

Tu peux te retirer, domina, il n’y a rien à ajouter.

– Si. Il y a autre chose. Il y a que j’avais douté… Il y a que, avec douleur, j’en étais presque venue à croire ce que l’on disait de toi. Et pas seulement moi. Pardonne-nous à toutes, sauf Valéria, qui a toujours gardé sa conviction et même s’y ancre de plus en plus. Et accepte mon cadeau : cet homme. Il ne pourrait plus me servir maintenant qu’il a la parole… et accepte aussi mon argent.

– Non. Ni l’un, ni l’autre.

– Alors tu ne me pardonnes pas !

– Je pardonne même à ceux de mon peuple, doublement coupables de ne pas me reconnaître pour ce que je suis. Et ne devrais-je pas vous pardonner, à vous qui êtes privés de toute connaissance divine ? Voilà : j’ai dit que je n’acceptais ni l’argent ni l’homme. Maintenant, je prends l’un et l’autre, et avec l’un j’affranchis l’autre. Je te rends ton argent parce que j’achète l’homme, et je l’achète pour le rendre à la liberté, afin qu’il retourne dans son pays pour annoncer que Celui qui aime tous les hommes se trouve sur la terre, et qu’il les aime d’autant plus qu’il les voit plus malheureux. Reprends ta bourse.

– Non, Maître, elle t’appartient. L’homme n’en est pas moins libre. Il est à moi, je te l’ai donné. Tu le libères. Nul besoin d’argent pour cela.

– Dans ce cas… Tu as un nom ? demande-t-il à l’ancien esclave.

– Nous l’appelions Callixte[2], par dérision. Mais quand il fut pris…

– Peu importe. Garde ce nom et rends-le vrai en devenant très beau spirituellement. Va, et sois heureux, puisque Dieu t’a sauvé. »

S’en aller ! Le Noir ne se lasse pas de l’embrasser et de répéter : “ Jésus ! Jésus ! ” et il met encore le pied de Jésus sur sa tête en disant :

« Toi, mon seul Maître.

– Moi, ton vrai Père. Domina, tu te chargeras de lui afin qu’il rentre dans son pays. Sers-toi de l’argent pour cela, et que le surplus lui soit remis. Adieu, domina, et ne fais plus jamais bon accueil aux voix des ténèbres. Sois juste, et apprends à me connaître. Adieu, Callixte. Adieu, femme. »

Alors Jésus, mettant fin à l’entretien, saute par dessus le torrent, et passe du côté opposé à celui où est arrêtée la litière, puis il s’enfonce dans les buissons, les saules et les roseaux.

563.8

Claudia rappelle les porteurs et, l’air songeur, remonte dans la litière. Mais si elle garde le silence, l’affranchie et Callixte parlent pour dix, et les légionnaires eux-mêmes perdent leur allure de statues devant le prodige d’une langue qui est née à nouveau. Claudia est trop pensive pour ordonner le silence. A moitié allongée dans la litière, le coude appuyé sur les oreillers, la tête posée sur sa main, elle n’entend rien. Elle est absorbée dans ses réflexions. Elle ne s’aperçoit même pas que l’affranchie n’est pas avec elle, mais parle comme une pie avec les porteurs, tandis que Callixte discute avec les légionnaires qui, s’ils restent en rangs, ne respectent plus le silence. L’émotion est trop grande pour le leur permettre !

Revenant sur leurs pas, ils se retrouvent à la bifurcation pour Béthel et Rama. La litière quitte Ephraïm pour se joindre au reste du défilé.

563.1

La piazza principale di Sichem. In essa mette una nota di primavera il fogliame novello degli alberi, che a doppia fila lungo il quadrato delle mura delle case la contornano formando come una galleria. Il sole scherza con le foglie tenere dei platani, facendo un ricamo di luci e ombre sul terreno. La vasca al centro della piazza è una lastra d’argento sotto al sole. Gente che parla in crocchi qua e là e che discute dei suoi affari.

Alcuni, in apparenza forestieri, perché tutti si chiedono chi sono, entrano nella piazza, osservano e si accostano al primo gruppo che trovano. Salutano. Sono salutati. E con stupore. Ma quando dicono: «Siamo discepoli del Maestro di Nazaret», ogni diffidenza cade e c’è chi va ad avvisare gli altri gruppi, mentre i rimasti dicono: «È Lui che vi manda?».

«Lui è. Una missione molto segreta. Il Rabbi è in grande pericolo. Nessuno più lo ama in Israele ed Egli, che è tanto buono, dice di rimanergli fedeli voi almeno».

«Ma è ciò che vogliamo! Che dobbiamo fare? Che vuole da noi?».

«Oh! Egli non vuole che amore. Perché si fida, troppo, nella protezione di Dio. E con quello che si dice in Israele! Ma non sapete che lo si accusa di satanismo e di insurrezione? Sapete ciò che vuol dire questo? Rappresaglie dei romani, su tutti. Noi, già tanto infelici, ancor più percossi! E di condanna da parte dei santi del nostro Tempio. Certo che i romani…

563.2

Anche per il vostro bene dovreste agitarvi, persuaderlo a difendersi, difenderlo, metterlo quasi, senza quasi, nella impossibilità di esser preso e di nuocere così, non avendone la volontà. Persuadetelo a ritirarsi sul Garizim. Là dove è, è troppo esposto ancora, e non placa le ire del Sinedrio e i sospetti dei romani. Il Garizim ha ben il diritto d’asilo! Inutile dirlo a Lui. Se noi lo dicessimo, ci direbbe che siamo anatema perché lo consigliamo alla viltà. Ma non è così. È amore. È prudenza la nostra. Noi non possiamo parlare. Ma voi! Vi ama. Ha già preferito la vostra regione alle altre. Organizzatevi quindi ad accoglierlo. Perché almeno saprete di preciso se vi ama o non vi ama. Dovesse rifiutare un vostro soccorso, sarebbe segno che non vi ama, e perciò allora bene sarebbe che se ne andasse altrove. Perché, credetelo — con dolore lo diciamo perché lo amiamo — la sua presenza è un pericolo per chi l’ospita. Ma già voi siete migliori di tutti e non curate i pericoli. Però giusto è che, se rischiate le rappresaglie romane, almeno lo facciate per ricambio d’amore. Noi vi consigliamo per il bene di tutti».

«Dite bene. E faremo ciò che dite. Andremo da Lui…».

«Oh! siate cauti! Che non si avveda che vi abbiamo suggerito!».

«Non temete! Non temete! Sapremo fare. Sicuro! Noi faremo vedere che gli spregiati samaritani valgono cento, mille giudei e galilei per difendere il Cristo.

563.3

Venite. Entrate nelle nostre case, voi messi del Signore. Sarà come Egli entrasse! È tanto che Samaria attende di essere amata dai servi di Dio!».

Si allontanano tenendo in mezzo, come in trionfo, questi che credo di non errare a definire emissari del Sinedrio, e dicono: «Vediamo che ci ama, perché in pochi giorni è il secondo gruppo di discepoli che manda. E abbiamo fatto bene a trattare con amore i primi. E bene ad essere con Lui così buoni per i piccoli figli di quella donna nostra morta! Egli ormai ci conosce…».

Si allontanano felici.

563.4

Tutta Efraim si riversa nelle strade a vedere l’insolito fatto di un corteo di carri romani che la traversano. Sono molti carri e lettighe coperte, fiancheggiate da schiavi, precedute e seguite da legionari. La gente si fa cenni di intesa e bisbiglia. Il corteo, giunto alla strada che devia per Betel e Rama, si separa in due parti. Restano fermi un carro e una lettiga con una scorta di armati, e il resto prosegue.

Le tende della lettiga si scostano un attimo, e una mano gemmata e bianca di donna fa cenno al capo degli schiavi di accostarsi. L’uomo ubbidisce senza parlare. Ascolta. Si accosta ad un gruppo di donne curiose, chiede: «Dove è il Rabbi di Nazaret?».

«A quella casa. Ma a quest’ora di solito è presso il torrente. Vi è un’isoletta, là, verso quei salci, là dove è quel pioppo. Egli sta là pregando a giornate intere».

L’uomo torna e riferisce. La lettiga si rimette in moto. Il carro resta dove è. I militi seguono la lettiga sino alle rive del torrente e sbarrano la via. Solo la lettiga va lungo il corso d’acqua sino all’altezza dell’isoletta, che col procedere della stagione si è fatta selvosissima: un ciuffo impenetrabile di verde, sormontato dal fusto e dalla chioma argentea del pioppo. Un ordine, e la lettiga passa il piccolo corso d’acqua, entrando in essa i portatori dalle vesti succinte. Ne scende Claudia Procula con una liberta, e Claudia fa cenno ad uno schiavo nero, di scorta alla lettiga, di seguirla. Gli altri tornano sulla riva.

563.5

Claudia, seguita dai due, inoltra nel breve isolotto, diretta verso il pioppo svettante là al centro. Le alte erbe soffocano il rumore dei passi. Giunge così là dove è Gesù assorto, seduto ai piedi dell’albero. Lo chiama inoltrandosi sola, mentre con un gesto imperioso inchioda i due suoi fidi là dove sono rimasti.

Gesù alza il capo e subito si alza in piedi vedendo la donna. La saluta, stando però eretto contro il fusto del pioppo. Non mostra né stupore né noia o sdegno dell’intrusione.

Claudia, dopo il saluto, entra spicciativa in argomento: «Maestro. Sono venuti da me, meglio, da Ponzio, alcuni… Io non faccio lunghi discorsi. Ma poiché ti ammiro, ti dico, come avrei detto a Socrate se fossi vissuta ai suoi giorni, o a qualunque altro virtuoso perseguitato ingiustamente: io non posso molto, ma ciò che posso farò. E per intanto scriverò dove posso per farti protetto e anche… potente. Vivono sui troni o negli alti posti tanti immeritevoli…».

«Domina, Io non ti ho chiesto onori e protezione. Il vero Dio ti compensi per il tuo pensiero. Ma da’ i tuoi onori e le tue protezioni a chi le desidera come cosa ambita. Io non vi appetisco».

«Ah! ecco! Questo volevo! Tu sei allora proprio il Giusto che io presentivo! E gli altri, i tuoi indegni calunniatori! Sono venuti da noi e…».

«Non occorre che tu parli, o domina. So».

«Sai anche che si dice che per i tuoi peccati hai perso ogni potere e che per questo vivi qui reietto?».

«Anche questo so. E so che quest’ultima cosa ti è stata più facile a credersi della prima. Perché la tua mente pagana ha capacità di discernere la potenza umana o la bassezza umana di un uomo, ma non puoi ancora comprendere ciò che è potere dello spirito. Sei… disillusa dai tuoi dèi, che nelle vostre religioni appaiono in continue diatribe e con così labile potere, soggetto a facili interdizioni per contrasti fra loro. E credi così anche il Dio vero. Ma così non è. Tale ero quando mi vedesti la prima volta guarire un lebbroso, e tale sono ora. E tale sarò quando sembrerò tutt’affatto distrutto.

563.6

Quello è il tuo schiavo muto, non è vero?».

«Sì, Maestro».

«Fallo avanzare».

Claudia getta un grido, e l’uomo si avanza e si prostra al suolo fra Gesù e la sua padrona. Il suo povero cuore di selvaggio non sa chi venerare di più. Ha paura che a venerare più il Cristo della padrona lo faccia punire. Ma, ciononostante, gettando prima uno sguardo supplice a Claudia, ripete il gesto fatto a Cesarea[1]: prende il piede nudo di Gesù fra le sue grosse mani nere e, gettandosi volto al suolo, si posa il piede sul capo.

«Domina, ascolta. È, secondo te, più facile conquistare da soli un regno, o far rinascere una parte del corpo che non esiste più?».

«Un regno, Maestro. La fortuna aiuta gli audaci. Ma nessuno, ossia Tu solo puoi far rinascere un morto e ridare occhi a chi è cieco».

«E perché?».

«Perché… Perché Dio può fare tutto».

«Allora per te Io sono Dio?».

«Sì… o, almeno, Dio è con Te».

«Può Dio essere con un malvagio? Parlo del vero Dio, non dei vostri idoli, che sono deliri di chi cerca ciò che sente essere, senza sapere cosa è, e si crea fantasmi per appagare la sua anima».

«Non… direi. No. Non direi. I nostri stessi sacerdoti perdono il potere come cadono in colpa».

«Quale potere?».

«Ma… quello di leggere nei segni del cielo e nei responsi delle vittime, nel volo, nel canto degli uccelli. Sai… Gli àuguri, gli arùspici…».

«So. So. Ebbene? Guarda. E tu alza il capo e apri la bocca, o uomo che un crudele potere umano privò di un dono di Dio. E per volere del Dio vero, unico, Creatore di corpi perfetti, abbi ciò che l’uomo ti ha tolto». Ha messo il suo dito bianco nella bocca aperta del muto.

La liberta, curiosa, non sa trattenersi là dove è, e viene avanti a guardare. Claudia è tutta curva ad osservare.

Gesù leva il dito gridando: «Parla, e usa della parte rinata per lodare il Dio vero».

E improvviso come uno squillo di tromba da uno strumento sino allora muto, gutturale ma netto, risponde un grido: «Gesù!», e il nero cade a terra piangendo la sua gioia e lecca, veramente lecca i piedi nudi di Gesù, come potrebbe fare un cane riconoscente.

«Ho perduto il mio potere, domina? A chi insinua questo da’ loro questa risposta. E tu alzati e sii buono pensando quanto ti ho amato. Ti ho avuto in cuore dal giorno di Cesarea. E con te tutti i tuoi pari. Consideràti merce, consideràti men dei bruti, mentre siete uomini e uguali a Cesare per concepimento, forse migliori per volontà di cuore…

563.7

Puoi ritirarti, domina. Non c’è altro da dire».

«Sì. C’è altro. C’è che io avevo dubitato… C’è che io, con dolore, quasi credevo a ciò che di Te si diceva. E non io sola. Perdona a tutte, meno Valeria che è sempre stata di un pensiero, anzi che sempre più procede in quel pensiero. E c’è da accettare il mio dono: l’uomo. Non mi potrebbe più servire ora che ha la parola, … e il mio denaro».

«No. Né questo, né quello».

«Non mi perdoni, allora!».

«Perdono anche a quelli del mio popolo, doppiamente colpevoli di non conoscermi per quel che sono. E non dovrei perdonare a voi, vuoti come siete di ogni cognizione divina? Ecco. Ho detto che non accettavo denaro e uomo. Ora prendo questo e quello, e con quello affranco questo. Ti rendo il tuo denaro perché compero quest’uomo. E lo compero per renderlo alla libertà. Perché vada alle sue terre a dire che c’è sulla Terra Colui che ama tutti gli uomini, tanto più li ama più li vede infelici. Tieni la tua borsa».

«No, Maestro. Essa è tua. L’uomo è libero ugualmente. È mio. Te l’ho donato. Tu lo liberi. Non occorre denaro per questo».

«E allora… Hai un nome?», chiede all’uomo.

«Lo chiamavamo per scherno Callisto. Ma quando fu preso…».

«Non importa. Serba quel nome. E fàllo vero divenendo bellissimo nello spirito tuo. Va’. Sii felice, poiché Dio ti ha salvato».

Andare! Il nero non si stanca di baciare e di dire: «Gesù! Gesù!», e si pone ancora il piede di Gesù sul capo dicendo: «Tu. Mio solo Padrone».

«Io. Tuo vero Padre. Domina. Ti incaricherai di lui perché torni ai suoi luoghi. Usa il denaro per questo, e il resto gli sia dato. Addio, domina. E non accogliere mai le voci delle tenebre. Sii giusta. E sappi conoscermi. Addio, Callisto. Addio, donna».

E Gesù pone fine al colloquio passando in un sol salto oltre il torrente, dalla parte opposta a quella dove è ferma la lettiga, e si inselva fra i cespugli, i salici e i canneti.

563.8

Claudia richiama i lettighieri e, pensosa, risale in lettiga. Ma se ella tace, la liberta e lo schiavo affrancato parlano per dieci e persino i legionari perdono la loro statuaria disciplina davanti al prodigio di una lingua rinata. Claudia è troppo pensierosa per ordinare il silenzio. Semisdraiata nella lettiga, il gomito puntato nei guanciali, la testa sorretta dalla mano, non sente nulla. È assorta. Neppure si accorge che la liberta non è con lei ma parla come una gazza con i lettighieri, mentre Callisto parla coi legionari che, se serbano le righe, non serbano il silenzio. Troppa è l’emozione per farlo!

Rifacendo la via, sono al bivio per Betel e Rama; la lettiga lascia Efraim per riunirsi al resto del corteo.


Notes

  1. son geste de Césarée, en 426.9.
  2. Callixte, en grec, signifie “ le plus beau ”.

Note

  1. il gesto fatto a Cesarea, in 426.9.