The Writings of Maria Valtorta

563. De faux disciples à Sichem.

563. False disciples in Shechem. The dumb slave

563.1

La place principale de Sichem est égayée par une note printanière, due à la frondaison nouvelle des arbres qui, en double rangée le long du carré constitué par les murs des maisons, la bordent en formant une sorte de galerie tout autour. Le soleil, qui joue avec les feuilles tendres des platanes, dessine sur le sol des broderies de lumières et d’ombres. Le bassin, au milieu de la place, est une plaque d’argent sous le soleil.

Des gens parlent çà et là en groupes et discutent de leurs affaires. Quelques-uns — apparemment des étrangers, car tout le monde se demande de qui il s’agit — entrent sur la place, observent, et accostent le premier groupe qu’ils trouvent. Ils saluent, on les salue, avec étonnement. Mais quand ils disent : « Nous sommes des disciples du Maître de Nazareth », toute défiance tombe. Certains vont prévenir les autres groupes, tandis que ceux qui sont restés demandent :

« Est-ce lui qui vous envoie ?

– C’est lui. Une mission très secrète. Le Rabbi est en grand danger. Plus personne ne l’aime en Israël et lui, qui est si bon, demande que, vous au moins, vous lui restiez fidèles.

– Mais c’est ce que nous voulons ! Que devons-nous faire ? Qu’attend-il de nous ?

– Lui, il ne veut que l’amour, car il se fie — trop — à la protection de Dieu. Mais avec ce que l’on dit de lui en Israël… Vous ignorez qu’on l’accuse de satanisme et d’insurrection ? Savez-vous ce que cela peut entraîner ? Des représailles des Romains, sur tous. Nous, qui sommes déjà si malheureux, nous serons encore plus frappés ! Et condamnation de la part des saints de notre Temple. Certainement que les Romains…

563.2

Ne serait-ce que pour votre propre bien, vous devriez vous agiter, le persuader de se défendre, le protéger et le mettre pour ainsi dire dans l’impossibilité d’être pris et de nuire ainsi, contre son gré. Persuadez-le de se retirer sur le mont Garizim. Là où il est, il est encore trop exposé, et il n’apaise ni la colère du Sanhédrin ni les soupçons des Romains. Le mont Garizim a bien le droit d’asile ! Inutile de le mettre au courant. Si nous lui en parlions, il nous dirait que nous sommes anathèmes, car nous lui conseillerions la lâcheté. Mais il ne s’agit pas de cela : c’est une question d’amour, de prudence. Nous ne pouvons pas lui en parler. Mais vous, il vous aime. Il a déjà préféré votre région aux autres. Organisez-vous donc pour l’accueillir. Cela vous permettra de savoir avec précision s’il vous aime ou non. S’il devait refuser votre secours, ce serait signe qu’il ne vous aime pas, par conséquent il vaudrait mieux qu’il parte ailleurs. Croyez-le bien, c’est avec douleur que nous disons cela, car nous l’aimons : sa présence est un danger pour qui lui accorde l’hospitalité. Mais, voilà, vous êtes meilleurs que tous et vous ne vous souciez pas des dangers. Pourtant, il est juste que si vous risquez les représailles des Romains, vous le fassiez en un échange d’amour. Nous vous conseillons cela pour le bien de tous.

– Vous parlez bien. Nous allons suivre vos conseils. Nous irons le trouver…

– Surtout, faites attention ! Qu’il ne s’aperçoive pas que c’est nous qui vous l’avons suggéré !

– Ne craignez rien ! Ne craignez rien ! Nous saurons nous y prendre, naturellement. Nous mettrons en évidence que les Samaritains, que l’on méprise, valent mieux que des Judéens ou des Galiléens quand il s’agit de défendre le Christ.

563.3

Venez, entrez chez nous, vous qui êtes les envoyés du Seigneur. Ce sera comme si lui entrait ! Il y a si longtemps que la Samarie attend d’être aimée par les serviteurs de Dieu ! »

Les Sichémites s’éloignent en encadrant comme en triomphe ces gens, qui sont sûrement — je ne crois pas me tromper — des émissaires du Sanhédrin ; et ils disent :

« Nous voyons qu’il nous aime, car c’est en quelques jours le second groupe de disciples qu’il nous envoie, et nous avons bien fait de traiter les premiers avec amour. C’est bien d’être aussi bons avec lui à cause des petits enfants de cette femme morte qui était des nôtres ! Il nous connaît, désormais… »

Et ils s’en vont, tout heureux.

563.4

Ephraïm tout entière s’est déversée dans les rues pour voir cet événement insolite qu’est un défilé de chars romains qui la traverse. Il y a de nombreux chars et des litières couvertes, escortées par des esclaves, précédées et suivies par des légionnaires. Les gens se font des signes entendus et chuchotent. Arrivé à la route qui bifurque pour Béthel et Rama, le cortège se sépare en deux parties. Un char et une litière avec une escorte de soldats restent arrêtés, tandis que le reste poursuit sa route.

Le rideau de la litière s’écarte un instant, et une main de femme, blanche et ornée de pierres précieuses, fait signe au chef des esclaves de s’approcher. L’homme obéit sans mot dire. Il écoute. Il aborde un groupe de femmes curieuses et demande :

« Où se trouve le Rabbi de Nazareth ?

– Dans cette maison. Mais à cette heure, habituellement, il est près du torrent. Il y a une petite île du côté des saules, là où se trouve le peuplier. Il reste à cet endroit pour prier des journées entières. »

L’homme revient et fait son rapport. La litière se remet en route. Le char, lui, ne bouge pas. Les soldats suivent la litière jusqu’au bord du cours d’eau, et ils barrent le chemin. Seule la litière longe le ruisseau jusqu’à la hauteur de la petite île qui, au cours de la saison, est devenue très boisée : c’est un fourré impénétrable de verdure, surmonté par le fût et la frondaison argentée du peuplier. Sur un ordre, la litière passe le petit torrent, dans lequel entrent les porteurs aux vêtements courts. Claudia Procula en descend avec une affranchie, et elle fait signe à un esclave noir qui escorte la litière de la suivre. Les autres reviennent sur la rive.

563.5

Tous trois pénètrent dans la petite île et se dirigent vers le peuplier qui domine au centre. Les hautes herbes étouffent le bruit de leurs pas. Elle arrive ainsi à l’endroit où se trouve Jésus, assis au pied de l’arbre, plongé dans sa prière. Elle l’appelle en s’avançant seule, tandis que d’un geste impérieux elle cloue sur place ses deux personnes de confiance.

Jésus lève la tête et, à la vue de la femme, il se lève aussitôt. Il la salue, mais reste debout, adossé au tronc du peuplier. Il ne manifeste ni étonnement, ni ennui ou indignation devant cette intrusion.

Claudia, après avoir salué, expose tout de suite ce qui l’amène :

« Maître, il est venu chez moi — ou plutôt chez Ponce — certaines gens… Je ne ferai pas de longs discours. Mais puisque je t’admire, je te dis, comme je l’aurais dit à Socrate s’il avait vécu de nos jours, ou à n’importe quel homme vertueux injustement persécuté : “ Je n’ai pas beaucoup de pouvoir, mais je vais faire mon possible. ” Et pour l’instant, je vais écrire là où je le peux pour qu’on te protège, et aussi pour qu’on te rende… puissant. Il y a sur des trônes ou à de hautes positions tant de gens qui ne le méritent pas…

– Domina, je ne t’ai pas demandé d’honneurs ni de protections. Que le vrai Dieu te récompense de t’en être souciée. Mais offre tes honneurs et ta protection à ceux qui en désirent vivement. Moi, je n’y aspire pas.

– Ah ! voilà ! C’est ce que je voulais entendre ! Alors, tu es vraiment le Juste que je pressentais ! Les autres, tes indignes calomniateurs, sont venus nous trouver et…

– Inutile de m’en parler, domina. Je sais.

– Sais-tu aussi ce que l’on dit : que, à cause de tes péchés, tu as perdu tout pouvoir et que c’est pour cette raison que tu vis ici, rejeté ?

– Je suis au courant de cela aussi. Et je sais que tu as cru plus facilement à cette dernière assertion qu’à la première, car ta mentalité de païenne est capable de discerner la puissance ou la bassesse humaine d’un individu, mais tu ne peux encore comprendre ce qu’est le pouvoir de l’esprit. Tu as… perdu tes illusions sur tes dieux qui, dans vos religions, se manifestent par de continuelles oppositions et avec un pouvoir bien fragile, sujet à de faciles interdictions à cause des désaccords entre eux. Et tu crois qu’il en est ainsi du vrai Dieu. Mais ce n’est pas le cas. Tel j’étais quand tu m’as vu la première fois guérir un lépreux, et tel je suis maintenant. Et tel je serai quand je semblerai tout à fait détruit.

563.6

Cet homme, c’est bien ton esclave muet, n’est-ce pas ?

– Oui, Maître.

– Dis-lui de venir. »

Claudia pousse un cri, et l’homme s’avance, puis se prosterne contre le sol entre Jésus et sa maîtresse. Son pauvre cœur de sauvage ne sait qui honorer davantage. Il a peur de se faire punir en vénérant le Christ plus que sa maîtresse, mais malgré cela, après avoir lancé un regard suppliant vers Claudia, il réitère son geste de Césarée[1] : il prend le pied nu de Jésus dans ses deux grosses mains noires et, se jetant le visage contre le sol, il glisse sa tête sous le pied de Jésus.

« Domina, écoute. Selon toi, est-il plus facile de conquérir seul un royaume ou de faire renaître une partie du corps qui n’existe plus ?

– Il est plus facile de conquérir un royaume, Maître. La fortune sourit aux audacieux, mais personne, sauf toi, ne peut faire renaître un mort et rendre des yeux à un aveugle.

– Et pourquoi ?

– Parce que… Parce que seul Dieu peut tout faire.

– Alors, pour toi, je suis Dieu ?

– Oui… ou, du moins, Dieu est avec toi.

– Dieu peut-il être avec un homme mauvais ? Je parle du vrai Dieu, non de vos idoles, qui sont des délires de celui qui cherche ce dont il pressent l’existence sans savoir de quoi il s’agit, et se crée des fantômes pour apaiser son âme.

– Non… je ne dirais pas cela. Nos prêtres eux-mêmes perdent leur pouvoir quand ils commettent une faute.

– Quel pouvoir ?

– Mais… celui de lire dans les signes du ciel et dans les réponses des victimes, dans le vol, dans le chant des oiseaux. Tu sais… Les augures, les aruspices…

– Je sais, je sais. Eh bien ? Regarde. Quant à toi, homme qu’un cruel pouvoir humain a privé d’un don de Dieu, relève la tête et ouvre la bouche. Et par la volonté du Dieu vrai, unique, Créateur des corps parfaits, retrouve ce que l’homme t’a enlevé. »

Il a mis son doigt blanc dans la bouche ouverte du muet.

Curieuse, l’affranchie ne sait pas rester à sa place, et elle s’avance pour regarder. Claudia s’incline pour observer.

Jésus enlève son doigt en s’écriant :

« Parle, et sers-toi de la partie de corps qui est née à nouveau pour louer le vrai Dieu. »

Et à l’improviste, comme une sonnerie de trompette, d’un instrument jusqu’alors muet, répond un cri, guttural mais net : “ Jésus ! ” Le Noir tombe par terre en pleurant de joie, et il lèche, il lèche vraiment les pieds nus de Jésus, comme pourrait le faire un chien reconnaissant.

« Ai-je perdu mon pouvoir, domina ? A ceux qui l’insinuent, donne cette réponse. Quant à toi, relève-toi et sois bon en pensant combien je t’ai aimé. Tu es resté dans mon cœur depuis les jours de Césarée. Et avec toi tous tes pareils, regardés comme une marchandise, considérés comme moindres que des bêtes, alors qu’en raison de votre conception vous êtes des hommes, égaux à César, peut-être meilleurs par la volonté de votre cœur…

563.7

Tu peux te retirer, domina, il n’y a rien à ajouter.

– Si. Il y a autre chose. Il y a que j’avais douté… Il y a que, avec douleur, j’en étais presque venue à croire ce que l’on disait de toi. Et pas seulement moi. Pardonne-nous à toutes, sauf Valéria, qui a toujours gardé sa conviction et même s’y ancre de plus en plus. Et accepte mon cadeau : cet homme. Il ne pourrait plus me servir maintenant qu’il a la parole… et accepte aussi mon argent.

– Non. Ni l’un, ni l’autre.

– Alors tu ne me pardonnes pas !

– Je pardonne même à ceux de mon peuple, doublement coupables de ne pas me reconnaître pour ce que je suis. Et ne devrais-je pas vous pardonner, à vous qui êtes privés de toute connaissance divine ? Voilà : j’ai dit que je n’acceptais ni l’argent ni l’homme. Maintenant, je prends l’un et l’autre, et avec l’un j’affranchis l’autre. Je te rends ton argent parce que j’achète l’homme, et je l’achète pour le rendre à la liberté, afin qu’il retourne dans son pays pour annoncer que Celui qui aime tous les hommes se trouve sur la terre, et qu’il les aime d’autant plus qu’il les voit plus malheureux. Reprends ta bourse.

– Non, Maître, elle t’appartient. L’homme n’en est pas moins libre. Il est à moi, je te l’ai donné. Tu le libères. Nul besoin d’argent pour cela.

– Dans ce cas… Tu as un nom ? demande-t-il à l’ancien esclave.

– Nous l’appelions Callixte[2], par dérision. Mais quand il fut pris…

– Peu importe. Garde ce nom et rends-le vrai en devenant très beau spirituellement. Va, et sois heureux, puisque Dieu t’a sauvé. »

S’en aller ! Le Noir ne se lasse pas de l’embrasser et de répéter : “ Jésus ! Jésus ! ” et il met encore le pied de Jésus sur sa tête en disant :

« Toi, mon seul Maître.

– Moi, ton vrai Père. Domina, tu te chargeras de lui afin qu’il rentre dans son pays. Sers-toi de l’argent pour cela, et que le surplus lui soit remis. Adieu, domina, et ne fais plus jamais bon accueil aux voix des ténèbres. Sois juste, et apprends à me connaître. Adieu, Callixte. Adieu, femme. »

Alors Jésus, mettant fin à l’entretien, saute par dessus le torrent, et passe du côté opposé à celui où est arrêtée la litière, puis il s’enfonce dans les buissons, les saules et les roseaux.

563.8

Claudia rappelle les porteurs et, l’air songeur, remonte dans la litière. Mais si elle garde le silence, l’affranchie et Callixte parlent pour dix, et les légionnaires eux-mêmes perdent leur allure de statues devant le prodige d’une langue qui est née à nouveau. Claudia est trop pensive pour ordonner le silence. A moitié allongée dans la litière, le coude appuyé sur les oreillers, la tête posée sur sa main, elle n’entend rien. Elle est absorbée dans ses réflexions. Elle ne s’aperçoit même pas que l’affranchie n’est pas avec elle, mais parle comme une pie avec les porteurs, tandis que Callixte discute avec les légionnaires qui, s’ils restent en rangs, ne respectent plus le silence. L’émotion est trop grande pour le leur permettre !

Revenant sur leurs pas, ils se retrouvent à la bifurcation pour Béthel et Rama. La litière quitte Ephraïm pour se joindre au reste du défilé.

563.1

The main square in Shechem. A characteristic of spring­time is given to it by the new foliage of the trees that surround it in a double row along the square-shaped walls of the houses, form­ing a kind of gallery. The sun plays among the tender leaves of plane-trees projecting an embroidery of light and shadows on the ground. The basin in the centre of the square is a silver plate in the sunshine. People in groups are discussing their business here and there.

Some people, who are apparently strangers, as everybody is ask­ing who they are, come into the square, they look around and ap­proach the first group they meet. They exchange greetings to every­body’s amazement. But when they say: «We are disciples of the Master of Nazareth» all mistrust ends and some go to inform the other groups, while those who remain say: «Did He send you?»

«He did, on a very secret mission. The Rabbi is in great danger. No one loves Him any more in Israel and He, Who is so kind, asks you at least to remain faithful to Him.»

«But that is what we want! What are we to do? What does He want of us?»

«Oh! He wants nothing but love. Because He relies too much on the protection of God. And with what is said in Israel! But you are not aware that He is being accused of satanism and insurrection. Do you know what that means? Reprisals of the Romans against everybody. And we who are already so miserable will be struck even harder! And we shall be condemned by the holy ones of our Temple. It is certain that the Romans…

563.2

Also for your own sake you ought to take action, and persuade Him to defend Himself and defend Him, and make it almost, nay, make it definitely impossi­ble for Him to be caught and thus be harmful, having no intention of being so. Persuade Him to withdraw to the Gerizim. Where He is now, He is still too exposed and He does not appease the anger of the Sanhedrin or the suspicions of the Romans. The Gerizim is certainly entitled to the right of sanctuary! There is no sense in tell­ing Him. If we told Him He would say that we are anathema be­cause we advise Him to be cowardly. But it is not so. It is love. It is prudence on our part. We are not allowed to speak. But you can! He loves you. He has already preferred your region to the others. So organise yourselves to accept Him. Because you will at least find out for certain whether He loves you or not. If He should refuse your assistance, it would mean that He does not love you, and then it would be better if He went elsewhere. Because, believe us – we are telling you this with sorrow – His presence is a danger for those who give Him hospitality. But you are, of course, the best of His admirers and you do not worry about dangers. However, if you risk reprisals of the Romans, it is fair that you should do so for an exchange of love. We advise you for everybody’s sake.»

«You are right. And we will do as you say. We shall go to Him…»

«Oh! be careful! He must not become aware that it was our sug­gestion!»

«Don’t worry! Don’t be afraid! We know what to do. Of course! We will let people see that the despised Samaritans are worth a hundred, a thousand Judaeans and Galileans to defend the Christ.

563.3

Come. Come to our houses, you messengers of the Lord. It will be the same as if He came to us! Samaria has been waiting for such a long time to be loved by God’s servants!»

They go away keeping in the middle of their group those whom I do not think I am mistaken in calling emissaries of the Sanhedrin, and they say: «We realise that He loves us because this is the se­cond group of disciples that He has sent to us in a few days. And we did the right thing in being kind to the first one. It is right to be so kind to Him because of the little children of that dead wom­an of our town! He knows us by now…»

And they go away looking happy.

563.4

All the people of Ephraim pour into the streets to see the un­usual event of a procession of Roman wagons passing through the town. There are many wagons and covered litters, flanked with slaves and preceded and followed by legionaries. The people make gestures of mutual understanding and whisper. When the proces­sion arrives at the crossroad for Bethel and Ramah it separates into two parts. A wagon and a litter stop with an escort of armed men, while the rest go on.

The curtains of the litter are drawn for a moment and a lady’s white hand studded with gems beckons the head of the slaves to go near it. The man obeys without speaking. He listens. He ap­proaches a group of curious women and asks: «Where is the Rabbi of Nazareth?»

«He lives in that house. But at this time of the day He is usually at the stream. There is a little island there, near those willow-trees, over there, where that poplar is. He stays there praying all day long.»

The man goes back and reports. The litter sets out again. The wag­on remains where it was. The soldiers follow the litter as far as the banks of the stream and which bar the way. Only the litter proceeds along the stream as far as the islet, which in the process of the Season has become well-wooded: a huge impenetrable tuft of greenery sur­mounted by the trunk and the silvery foliage of the poplar. At an order the bearers with tucked up garments enter the water and the litter crosses to the other side of the little water course. Claudia Procula comes out of it with a freedwoman, and Claudia beckons a dark slave escorting the litter to follow her. The others go back to the bank of the stream.

563.5

Claudia, followed by the two people, proceeds into the islet, towards the poplar standing out in the centre. The tall grass stifles the noise of steps. She thus arrives where Jesus is absorbed in thought, sitting at the foot of the tree. She calls Him advancing by herself while with an authoritative gesture she makes her two faithful attendants stop where they are.

Jesus looks up and He stands up at once as soon as He sees the woman. He greets her holding Himself upright against the trunk of the poplar. He does not appear to be astonished, or annoyed or irritated at the intrusion.

After greeting Him, Claudia takes up to the subject promptly: «Master. Some people have come to me, or rather to Pontius… I do not make long speeches. But as I admire You, I say to You what I would have said to Socrates, if I had lived in his days, or to any other virtuous man unjustly persecuted: “I cannot do very much, but I will do what I can”. And in the meantime I will write where it is possible for me to do so, to have You protected… and to make You powerful. So many undeserving people live on thrones or in high positions…»

«Domina, I have not asked honours and protection of you. May the true God reward you for your thought. But give your honours and protection to those who long for them. I do not crave after them.»

«Ah! There You are! That is what I wanted! So You really are the Just Man I foresaw! And the others, Your worthless slanderers! They came to us and…»

«You need not tell Me, domina. I know.»

«Do You also know that they say that because of Your sins You have lost all power and consequently You live here as an outcast?»

«I know that, too. And I know that it was easier for you to be­lieve the latter rumour than the former. Because your heathen mind can descry the human power or the human meanness of a man, but it cannot yet understand what is the power of the spirit. You are… disappointed by your gods who in your religion appear to be quar­relling continuously and to have such a failing power, subject to easy interdictions because of their mutual contrasts. And you think that the true God is the same. But it is not so. As I was the first time you saw Me cure a leper, such I am now. And such I shall be when I appear to be completely destroyed.

563.6

That is your dumb slave, is it not?»

«Yes, Master.»

«Tell him to come forward.»

Claudia utters a cry and the man moves forward and prostrates himself on the ground between Jesus and his mistress. His poor heart of a savage does not know whom he should venerate more. He is afraid that to venerate the Christ more than his mistress may cause him to be punished. But even so, after casting a suppliant glance at Claudia, he repeats the gesture he made at Caesarea[1]: he takes Jesus’ bare foot in his big dark hands and stooping with his face on the ground he lays the foot on his head.

«Domina, listen. According to you, is it easier for a man to conquer a kingdom by himself, or to make grow again a part that no longer exists of a human body?»

«To conquer a kingdom, Master. Fortune favours the brave. But no one, that is, only You can make a dead man revive and give eyes to the blind.»

«Why?»

«Because… Because God can do everything.»

«So according to you I am God?»

«Yes… or, at least God is with You.»

«Can God be with a wicked person? I am talking of the true God, not of your idols that are the frenzy of those who seek what they perceive to exist without knowing what it is, and they imagine phantoms to satisfy their souls.»

«No… I would not say so. Even our priests lose their power as soon as they fall into sin.»

«Which power?»

«Well… the power to read the signs of the sky and the responses of victims, the flights and singing of birds. You know… Augurs, haruspices…»

«I know. So? Look. Raise your head and open your mouth, man, whom a cruel human power deprived of a gift of God. And by the will of the true, only God, the Creator of perfect bodies, have what man took away from you.»

He has put His white finger into the open mouth of the dumb man. The freedwoman, who is very curious, cannot remain where she is, and she comes forward to see. Claudia has bowed to watch. Jesus removes His finger shouting: «Speak, and make use of the reborn part to praise the true God.»

And, all of a sudden, like the blast of a trumpet, of an instrument so far mute, a guttural but clear cry replies: «Jesus!» and the negro falls to the ground weeping for joy and he licks, he really licks Jesus bare feet, just as a grateful dog would do.

«Have I lost My power, domina? Give this reply to those who throw out such innuendos. And you… stand up and be good think­ing how much I have loved you. I have had you in My heart since that day at Caesarea. And with you all those like you, who are regarded as goods, considered inferior even to brutes, whereas you are men, equal to Caesar, by conception and probably better because of the goodwill of your hearts …

563.7

You may withdraw, domina… There is nothing else to be said.»

«Yes. There is something. There is the fact that I doubted… that I, with grief, almost believed what they said about You. And I was not the only one. Forgive us all, except Valeria, who has never changed her mind, nay, nay her mind is more determined than ever. And there is my gift to be accepted: this man. He could no longer serve me now that he can speak, and my money.»

«No, neither.»

«So, are You not forgiving me?»

«I forgive also those of My people, who are twice guilty of not knowing Me for what I am. And should I not forgive all of you, deprived as you are of all divine knowledge? Here. I said that I would not accept your money or the man. I will now accept both and with the money I will free the man. I give your money back to you because I am buying the man. And I am buying him to make him free, so that he may go back to his country to say that on the Earth there is the Man Who loves all men, and the more He sees their unhappiness the more He loves them. Keep your purse.»

«No, Master, it is Yours. The man is free just the same. He is mine. I have given him to You. You are freeing him. No money is needed for that.»

«Well… Have you a name?» He asks the man.

«We used to call him Callisto scoffingly. But when he was caught…»

«It does not matter. Keep that name, and make it real by becom­ing very handsome in your spirit. Go. Be happy because God has saved you.»

Go! The negro does not tire of kissing and saying: «Jesus! Jesus!» and he lays Jesus’ foot once again on his head saying: «You. My only Master.»

«I. Your true Father. Domina, you will take upon yourself to let him go back to his country. Use the money for that and give him the rest. Goodbye, domina. And never listen to the voices of dark­ness. Be just. And strive to know Me. Goodbye, Callisto. Goodbye, woman.»

And Jesus puts an end to the conversation by jumping across the stream to the side opposite to the one where the litter is and He dis­appears among the bushes, the willows and the reed thickets.

563.8

Claudia calls the litter bearers and enters the litter again with a pensive countenance. But if she is silent, the freedwoman and the free slave talk as much as ten people and even the legionaries forget their rigid discipline in the presence of the wonder of a reborn tongue. Claudia is too absorbed in thought to order them to be si­lent. Reclined in the litter, one elbow resting on pillows, her head supported by her hand, she does not hear anything. She is engrossed in thought. She does not even notice that the freedwoman is not with her but is chattering like a magpie, with the litter bearers while Callisto is speaking to the legionaries who, if they keep lined up, do not keep silent. They are too excited to do so!

Going back the same way, they arrive at the Bethel and Ramah crossroads; the litter leaves Ephraim to join the rest of the procession.


Notes

  1. son geste de Césarée, en 426.9.
  2. Callixte, en grec, signifie “ le plus beau ”.

Notes

  1. the gesture he made at Caesarea, in 426.9.