Gli Scritti di Maria Valtorta

576. Du côté de Doco, la rencontre

576. Verso Doco l’incontro con il giovane ricco.

576.1

Par une très belle matinée d’avril, la terre et le firmament déploient toutes leurs beautés printanières. On respire la lumière, les chants, les odeurs, tant l’air est imprégné de clarté, de voix joyeuses et affectueuses, de parfums. Il a dû tomber pendant la nuit une courte averse qui a fait partir la poussière des routes et les a assombries, sans les rendre boueuses. Elle a lavé les tiges et les feuilles et celles-ci, scintillantes et propres, remuent sous une douce brise qui descend des monts vers la plaine fertile qui annonce Jéricho. Des rives du Jourdain montent continuellement des gens qui viennent de le traverser, ou bien qui ont suivi le chemin côtier, pour rejoindre cette route-ci, qui mène directement à Jéricho et à Doco, comme l’indiquent les inscriptions. A la foule des Hébreux qui, de tous côtés, affluent vers Jérusalem pour les cérémonies rituelles, se mêlent des marchands venus d’autres endroits, et des bergers avec les agneaux des sacrifices qui bêlent, ignorants de leur sort.

Plusieurs reconnaissent Jésus et le saluent. Ce sont des Hébreux de Pérée, de la Décapole, ou de lieux plus éloignés. Il y a un groupe de Césarée Panéade. Des bergers, étant plutôt nomades et suivant leurs troupeaux, ont une certaine connaissance du Maître, qu’ils ont rencontré ou que ses disciples leur ont annoncé.

576.2

L’un d’eux se prosterne et lui dit :

« Puis-je t’offrir l’agneau ?

– Ne t’en défais pas, homme. C’est ton gagne-pain.

– C’est plutôt le signe de ma reconnaissance. Tu ne te souviens pas de moi. Moi, si. Tu étais en train de guérir un grand nombre de personnes, et j’en faisais partie. Tu m’as consolidé l’os de la cuisse que personne n’arrivait à soigner, et qui me rendait infirme. Je t’offre volontiers le plus beau de mes agneaux, pour le banquet de réjouissance. Je sais que, pour le sacrifice, tu es tenu de dépenser. Mais il te servira pour la réjouissance ! Tu m’en as tant donné. Accepte-le, Maître.

– Mais oui, prends-le. Ce sera de l’argent que nous économiserons, ou plutôt ce sera la possibilité de manger, car, avec toutes les prodigalités que l’on fait, moi, je n’ai plus d’argent, se lamente Judas.

– Quelles prodigalités ? Mais depuis Sichem, on n’a pas dépensé le moindre sou ! rétorque Matthieu.

– Quoi qu’il en soit, je n’ai plus d’argent. Ce qui me restait, je l’ai donné à Mérod.

– Homme, écoute » dit Jésus au berger, pour mettre fin aux explications de Judas. « Pour l’instant, je ne monte pas à Jérusalem, et je ne puis emmener l’agneau. Autrement, je l’aurais accepté pour te montrer que ton cadeau m’est agréable.

– Mais ensuite, tu iras en ville. Tu t’y arrêteras pour les fêtes. Tu auras un lieu de repos. Dis-moi où tu seras, et je le confierai à tes amis…

– Je n’ai rien de cela… Mais, à Nobé, j’ai un ami âgé et pauvre. Ecoute-moi bien : le lendemain du sabbat pascal, à l’aube, tu iras à Nobé et tu diras à Jean, l’Ancien de Nobé — tout le monde te l’indiquera — : “ Cet agneau t’est envoyé par Jésus de Nazareth, ton ami, afin que tu en fasses aujourd’hui un joyeux banquet, car il n’est pas de plus grande joie que celle de ce jour pour les vrais amis du Christ. ” Le feras-tu ?

– Si tu le désires, je le ferai.

– Et tu me feras plaisir. Mais pas avant le lendemain du sabbat, rappelle-toi bien ! Et garde en mémoire mes paroles. Maintenant va, et que la paix soit avec toi. Que ton cœur reste bien ferme dans cette paix pour les jours à venir. Rappelle-toi cela aussi, et continue à croire en ma vérité. Adieu. »

576.3

Des gens se sont approchés pour écouter le dialogue et ne se sont dispersés que lorsque le berger les y a obligés en remettant son troupeau en route. Jésus suit le troupeau pour profiter du sillage qu’il lui offre.

Les gens bavardent :

« Alors, il va vraiment à Jérusalem ? Il ignore donc que des bans ont été publiés contre lui ?

– Personne ne peut empêcher un fils de la Loi de se présenter au Seigneur pour la Pâque. Est-il coupable de quelque délit public ? Non. S’il l’était, le Proconsul l’aurait fait emprisonner comme Barabbas. »

Et d’autres :

« Tu as entendu ? Il n’a pas d’asile ni d’amis à Jérusalem. Est-ce que tous l’ont abandonné ? Même le ressuscité ? Belle reconnaissance !

– Tais-toi donc ! Les deux femmes que voici sont les sœurs de Lazare. Je suis des campagnes de Magdala, et je les connais bien. Si ses sœurs sont avec lui, c’est que la famille de Lazare lui est fidèle.

– Il n’ose peut-être pas entrer dans la ville.

– Il a raison…

– Dieu lui pardonnera, s’il reste au dehors.

– Ce n’est pas sa faute, s’il ne peut monter au Temple.

– Sa prudence est sagesse. S’il venait à être pris, tout serait fini avant son heure.

– Il n’est certainement pas encore prêt à se proclamer notre roi, et il ne veut pas être capturé.

– On raconte que, pendant qu’on le croyait à Ephraïm, il est allé un peu partout, jusqu’auprès des tribus nomades, pour recruter des partisans et des soldats et chercher des protections.

– Qui te l’a dit ?

– Ce sont les mensonges habituels. Il est le Roi saint, et non le roi des troupes.

– Peut-être qu’il fera la Pâque supplémentaire[1]. Il est plus facile alors de passer inaperçu. Le Sanhédrin est dissous après les fêtes, et tous ses membres rentrent chez eux pour la moisson. Il ne se réunit pas avant la Pentecôte.

– Et une fois qu’ils seront partis, qui voulez-vous qui lui fasse du mal ? Ce sont eux, les chacals.

– Hum ! Il ferait preuve d’une telle prudence ? C’est une attitude trop humaine. Il est plus grand qu’un homme et ne voudra pas d’une mesure aussi lâche.

– Lâche ? Pourquoi ? On ne peut traiter de lâche celui qui s’épargne pour sa mission.

– C’est pourtant de la lâcheté, car toute mission est toujours inférieure à Dieu. C’est pourquoi le culte rendu à Dieu doit avoir la préséance sur toute autre chose. »

Ces réflexions passent de bouche en bouche. Jésus fait mine de ne pas les entendre.

576.4

Jude s’arrête pour attendre les femmes — elles suivaient avec le jeune garçon à une trentaine de pas — et, lorsqu’elles l’ont rejoint, il demande à Elise :

« Avez-vous fait beaucoup de dons à Sichem après notre départ ?

– Pourquoi ?

– Parce que Judas n’a plus le moindre sou. Tes sandales, Benjamin, ne vont pas tenir longtemps, c’est certain. Nous n’avons pas pu entrer à Tersa, et même si cela avait été possible, le manque d’argent nous aurait interdit tout achat… Tu devras arriver ainsi à Jérusalem…

– Avant, il y a Béthanie, dit Marthe en souriant.

– Encore avant, il y a Jéricho et ma maison, ajoute Nikê, en souriant aussi.

– Et avant tout cela, il y a moi » intervient Marie de Magdala. « J’en ai fait la promesse et je la tiendrai. Ce voyage est vraiment une expérience : j’ai connu ce que signifie ne pas avoir une didrachme, et maintenant je vais connaître ce que c’est de devoir vendre un objet par nécessité.

– Et que veux-tu vendre, Marie, puisque tu ne portes plus de bijoux ? demande Marthe à sa sœur.

– Mes grosses épingles à cheveux en argent. Elles sont nombreuses. Mais pour tenir en place ce poids inutile, des épingles de fer peuvent suffire. Je vais les vendre. Jéricho est remplie de gens qui achètent ces babioles. D’ailleurs, c’est aujourd’hui jour de marché, et aussi les jours qui viennent, à cause des fêtes.

– Mais, ma sœur…

– Quoi ? Tu te scandalises en pensant qu’on puisse me croire assez pauvre pour devoir vendre mes épingles d’argent ? Oh ! je voudrais t’avoir toujours scandalisée de cette manière ! C’était pire quand, sans besoin, je me vendais moi-même pour satisfaire les vices d’autrui et les miens.

– Tais-toi donc ! Ce jeune garçon ne sait rien !

– Il ne sait pas encore. Peut-être ignore-t-il encore que j’étais pécheresse. Il l’aurait appris demain par des individus qui me détestent parce que je ne le suis plus, et certainement avec des détails que mon péché n’a pas eus, malgré son importance. Il vaut donc mieux qu’il l’apprenne de moi et qu’il voie ce que peut le Seigneur qui l’a accueilli : faire d’une pécheresse une repentie, d’un mort un ressuscité ; de moi, morte spirituellement, de Lazare, mort physiquement, deux vivants. Car, Benjamin, c’est cela que le Rabbi a accompli pour nous. Souviens-t’en toujours et aime-le de tout ton cœur, car il est vraiment le Fils de Dieu. »

576.5

Un obstacle, le long de la route, a obligé Jésus à s’arrêter. Les apôtres et les femmes le rejoignent donc, et Jésus leur enjoint :

« Allez de l’avant, vers Jéricho, et entrez-y si vous voulez. Moi, je vais à Doco avec Judas. Je vous rejoindrai au coucher du soleil.

– Oh ! pourquoi nous éloignes-tu ? Nous ne sommes pas lasses, protestent-elles toutes.

– Parce que je voudrais que, pendant ce temps, vous — ou du moins certaines d’entre vous — vous préveniez les disciples que je serai chez Nikê demain.

– S’il en est ainsi, Seigneur, nous partons. Viens, Elise, et toi Jeanne, ainsi que Suzanne et Marthe. Nous préparerons tout ce qu’il faut, dit Nikê.

– Le garçon et moi aussi. Nous en profiterons pour faire nos achats » ajoute Marie de Magdala. « Bénis-nous, Maître, et reviens vite. Toi, Mère, tu restes ?

– Oui, avec mon Fils. »

On se sépare. Avec Jésus restent seulement les trois Marie : sa Mère avec sa belle-sœur Marie, femme de Cléophas, et Marie Salomé. Jésus quitte la route de Jéricho pour prendre un chemin secondaire qui mène à Doco.

576.6

Il s’y trouve depuis peu quand une caravane passe. C’est une riche caravane, qui certainement vient de loin. Les femmes sont montées sur des chameaux, enfermées dans des palanquins qui oscillent, attachés sur les échines bossues. Les hommes sont montés sur des chevaux fougueux ou d’autres chameaux. Un jeune homme s’en détache, fait agenouiller son chameau et glisse en bas de la selle pour aller vers Jésus. Un serviteur accourt pour tenir l’animal par la bride.

Le jeune homme se prosterne devant Jésus et lui dit après une profonde salutation :

« Je suis Philippe de Canata, fils de vrais israélites et resté tel. Je suis disciple de Gamaliel depuis que la mort de mon père m’a mis à la tête de son commerce. Je t’ai entendu plus d’une fois. Je connais tes actes, j’aspire à mener une vie meilleure pour obtenir cette vie éternelle dont tu assures la possession à celui qui crée ton Royaume en lui-même. Dis-moi donc, bon Maître : que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ?

– Pourquoi m’appelles-tu bon ? Dieu seul est bon.

– Tu es le Fils de Dieu, bon comme ton Père. Ah ! dis-moi, que dois-je faire ?

– Pour entrer dans la vie éternelle, observe les commandements.

– Lesquels, mon Seigneur ? Les anciens ou les tiens ?

– Les miens se trouvent déjà dans les anciens. Ils ne les modifient pas. Il s’agit toujours d’adorer d’un amour sincère l’unique vrai Dieu et de respecter les lois du culte, de ne pas tuer, de ne pas voler, de ne pas commettre d’adultère, de ne pas porter de faux témoignage, d’honorer son père et sa mère, de ne pas nuire à son prochain, mais au contraire de l’aimer comme soi-même. En agissant ainsi, tu obtiendras la vie éternelle.

– Maître, j’ai observé tout cela depuis mon enfance. »

Jésus le regarde avec amour et, doucement, il lui demande :

« Et cela ne te paraît pas suffisant ?

– Non, Maître. Il est tellement grand, le Royaume de Dieu en nous et dans l’autre vie ! Dieu se donne à nous, or ce don est infini. Je sens qu’il nous est demandé bien peu, par rapport au Tout, à l’Infini parfait qui se donne. Je pense qu’on doit l’obtenir par de plus grands mérites que ce qui est requis pour lui être agréable et ne pas être damné.

– Tu as raison. Pour être parfait, il te manque encore quelque chose. Si tu désires être parfait comme le veut notre Père des Cieux, va, vends ce que tu as et offre-le aux pauvres, et tu auras dans le Ciel un trésor qui te fera aimer du Père, lui qui a donné son Trésor pour les pauvres de la terre. Puis viens, et suis-moi. »

Le jeune homme s’attriste et devient songeur, puis il se relève en disant :

« Je me souviendrai de ton conseil… »

Et il s’éloigne, tout affligé.

576.7

Judas murmure avec un petit sourire ironique :

« Je ne suis pas le seul à aimer l’argent ! »

Jésus se retourne et l’observe… Puis il regarde les onze autres visages autour de lui, et soupire :

« Comme il est difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux ! La porte en est étroite, son chemin est escarpé, et ceux qui sont chargés du poids volumineux des richesses ne peuvent le parcourir pour y pénétrer ! Pour entrer là-haut, il ne faut que des trésors de vertus, immatériels, et il faut savoir se séparer de tout attachement aux biens de ce monde et aux vanités. »

Jésus est très triste…

Les apôtres se regardent les uns les autres du coin de l’œil…

Jésus reprend, en regardant la caravane du jeune homme riche s’éloigner :

« En vérité, je vous dis qu’il est plus facile à un chameau de passer par le trou de l’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu.

– Dans ce cas, qui pourra jamais se sauver ? La misère rend souvent pécheur à cause de l’envie, du peu de respect pour ce qui appartient à autrui et de la défiance envers la Providence… La richesse est un obstacle à la perfection… Alors ? Qui pourra se sauver ? »

Jésus les regarde et leur dit :

« Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu, car il peut tout. Il suffit que l’homme aide son Seigneur par sa bonne volonté. Et c’est faire preuve de bonne volonté que d’accepter le conseil reçu et de s’efforcer d’arriver à se libérer des richesses. A se libérer de tout pour suivre Dieu. Car voici ce qu’est la vraie liberté de l’homme : suivre les paroles que Dieu lui murmure au cœur et ses commandements, n’être esclave ni de soi-même, ni du monde, ni du respect humain, et donc pas esclave de Satan. Se servir du splendide libre-arbitre que Dieu a donné à l’homme pour désirer librement et uniquement le bien et obtenir ainsi la vie éternelle, toute lumineuse, libre, bienheureuse. Il ne faut pas même être esclave de sa propre vie si, pour la servir, on doit résister à Dieu. Je vous l’ai dit[2] : “ Celui qui perdra sa vie parce qu’il m’aime et veut servir Dieu, la sauvera pour l’éternité. ”

576.8

– Voilà ! Pour te suivre, nous avons tout quitté, même ce qui est le plus licite. Que nous arrivera-t-il donc ? Entrerons-nous dans ton Royaume ? demande Pierre.

– En vérité, en vérité, je vous dis que ceux qui m’auront suivi de cette façon, et qui me suivront — car, tant que l’on est sur la terre et que l’on a devant soi des jours où on peut réparer le mal commis, il est toujours temps de réparer sa paresse et les fautes perpétrées jusqu’ici — ceux qui me suivront seront avec moi dans mon Royaume. En vérité, je vous dis que, vous qui m’avez suivi dans la régénération, vous siégerez sur des trônes pour juger les tribus de la terre avec le Fils de l’homme, assis sur le trône de sa gloire. En vérité, je vous dis encore que personne n’aura, par amour de mon nom, quitté maison, champs, père, mère, frères, sœurs, époux et enfants pour répandre la Bonne Nouvelle et me continuer, sans recevoir le centuple en ce temps et la vie éternelle dans le siècle à venir.

– Mais si nous perdons tout, comment pourrons-nous multiplier nos biens par cent ? demande Judas.

– Je le répète : ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. Et Dieu donnera le centuple de joie spirituelle à ceux qui, d’hommes du monde, auront su se rendre fils de Dieu, c’est-à-dire hommes spirituels. Ils jouiront de la vraie joie, ici et au-delà de la terre. J’ajoute que ce ne sera pas le cas de tous ceux qui semblent être les premiers et qui devraient l’être, ayant reçu plus que les autres. De même, ne seront pas derniers tous ceux qui semblent l’être, quand encore ils ne sont pas considérés comme moins que derniers, n’étant pas en apparence mes disciples et n’appartenant même pas au Peuple élu. En vérité, beaucoup de premiers deviendront derniers et beaucoup de derniers, de tout à fait derniers, deviendront premiers…

576.9

Mais voilà Doco. Partez tous en avant, sauf Judas et Simon le Zélote. Allez m’annoncer à ceux qui peuvent avoir besoin de moi. »

Et Jésus, avec les deux apôtres qu’il a retenus, attend de se joindre aux trois Marie qui le suivent à quelques mètres de distance.

576.1

È un’altra mattina bellissima d’aprile. La terra e il firmamento spiegano tutte le loro primaverili bellezze. Si respira luce, canto, profumo, tanto l’aria è satura di luminosità, di voci di festa e d’amore, di fragranze. Deve esser scesa nella notte una breve pioggia che ha reso scure e senza polvere le strade, senza con ciò farle fangose, ed ha pulito steli e foglie che ora tremolano, tutte scintillanti e monde, ad una dolce brezza che scende dai monti verso questa fertile piana, che preannuncia Gerico.

Dalle rive del Giordano salgono continuamente persone che hanno traghettato dall’altra sponda, oppure hanno seguito la strada che costeggia il fiume, venendo su questa che punta direttamente su Gerico e su Doco, come indicano i segnali stradali. E ai molti ebrei, che si dirigono da ogni parte a Gerusalemme per il rito, si mescolano mercanti di altri luoghi, e pastori e pastori con gli agnelli dei sacrifici, belanti ignari. Molti riconoscono e salutano Gesù. Sono, questi, ebrei della Perea e Decapoli e di luoghi anche più lontani. Ve ne è un gruppo di Cesarea Paneade. E sono pastori che, per essere piuttosto nomadi dietro i greggi, hanno conoscenza del Maestro, incontrato o annunciato a loro dai discepoli.

576.2

Uno si prostra e gli dice: «Posso offrirti l’agnello?».

«Non te lo levare, uomo. È il tuo guadagno questo».

«Oh! è la mia riconoscenza. Tu non ti ricordi di me. Io sì. Sono uno che Tu hai guarito guarendo tanti. Mi hai rinsaldato l’osso della coscia che nessuno guariva e mi teneva infermo. Te lo do volentieri l’agnello. Il più bello. Questo. Per il banchetto di letizia. Lo so che per l’olocausto sei tenuto alla spesa. Ma per la letizia! Tanta ne hai data a me. Prendilo, Maestro».

«Ma sì, prendilo. Saranno denari che risparmieremo. O meglio, sarà possibilità di mangiare, perché con tutte le prodigalità che si fanno io non ho più denaro», dice l’Iscariota.

«Prodigalità? Ma se da Sichem non si è più speso uno spicciolo!», dice Matteo.

«Insomma, io non ho più denaro. Gli ultimi li detti a Merode».

«Uomo, ascolta», dice Gesù al pastore per porre fine alle parole di Giuda. «Io non vado per ora a Gerusalemme e non posso portare con Me l’agnello. Altrimenti lo accetterei per mostrarti che gradisco il tuo dono».

«Ma poi andrai in città. Ti fermerai per le feste. Avrai un ricovero. Dimmi dove ed io consegnerò ai tuoi amici…».

«Non ho nulla di questo… Ma a Nobe ho un vecchio e povero amico. Ascoltami bene: il dì dopo il sabato pasquale tu andrai all’alba a Nobe e dirai a Giovanni, l’anziano di Nobe (tutti te lo indicheranno): “Questo agnello te lo manda Gesù di Nazaret, tuo amico, perché tu festeggi questo giorno con banchetto di letizia, perché più grande letizia di oggi non c’è per i veri amici del Cristo”. Lo farai?».

«Se così vuoi, lo farò».

«E mi farai felice. Non prima del dì dopo il sabato. Ricorda bene. E ricorda le parole che ti ho detto. Ora va’ e la pace sia con te. E serba il tuo cuore stabile in essa pace nei giorni futuri. Ricorda anche questo e continua a credere nella mia Verità. Addio».

576.3

Della gente si è accostata ad ascoltare il dialogo e si dirada solo quando il pastore, rimettendo in moto il suo gregge, la obbliga a sparpagliarsi. Gesù segue il gregge, approfittando della scia aperta da esso.

La gente bisbiglia: «Ma allora va proprio a Gerusalemme? Ma non sa che c’è il bando per Lui?».

«Eh! ma nessuno può vietare ad un figlio della Legge di presentarsi al Signore per la Pasqua. È colpevole forse di pubblico reato? No. Perché, se lo fosse, il Preside lo avrebbe fatto imprigionare come Barabba».

E altri: «Hai sentito? Non ha ricovero né amici a Gerusalemme. Che tutti lo abbiano abbandonato? Anche il risorto? Bella riconoscenza!».

«Taci là! Quelle due sono le sorelle di Lazzaro. Io sono delle campagne di Magdala e le conosco bene. Se le sorelle sono con Lui, segno è che la famiglia di Lazzaro gli è fedele».

«Forse non osa entrare in città».

«Ha ragione».

«Dio lo perdonerà se sta fuori di essa».

«Non è colpa sua se non può salire al Tempio».

«La sua prudenza è saggia. Se venisse preso, tutto sarebbe finito prima della sua ora».

«Certo non è ancor pronto per la sua proclamazione a re nostro, ed Egli non vuole essere preso».

«Si dice che, mentre lo si sapeva ad Efraim, Egli sia andato in ogni luogo, sin presso le tribù nomadi, per prepararsi i seguaci e le milizie e cercare protezioni».

«Chi te lo ha detto?».

«Sono le solite menzogne. Egli è il Re santo e non il re da milizie».

«Forse farà la Pasqua supplementare. Allora è più facile passare inosservato. Il Sinedrio è sciolto dopo le feste, e tutti i sinedristi vanno alle loro case per la mietitura. Sino a Pentecoste non si raduna di nuovo».

«E, via che siano i sinedristi, chi volete che gli faccia del male? Sono loro gli sciacalli!».

«Uhm! che Egli si usi tanta prudenza? Cosa troppo da uomo! Egli è da più che un uomo e non avrà prudenza vile».

«Vile? Perché? Nessuno può dir vile chi si risparmia per la sua missione».

«Vile sempre, perché ogni missione è sempre inferiore a Dio. Perciò il culto a Dio deve avere la precedenza su ogni altra cosa».

Queste le parole che vanno da bocca a bocca. Gesù mostra di non sentire.

576.4

Giuda d’Alfeo si ferma per attendere le donne e, sopraggiunte che siano — esse erano col ragazzo, indietro una trentina di passi — dice a Elisa[1]: «Avete dato molto a Sichem dopo che partimmo!».

«Perché?».

«Perché Giuda non ha più un picciolo. I tuoi sandali, o Beniamino, non verranno. È destino così. A Tersa non si poté entrare e, anche avessimo potuto, il non aver denaro avrebbe impedito ogni acquisto… Dovrai entrare a Gerusalemme così…».

«Prima c’è Betania», dice Marta con un sorriso.

«E prima c’è Gerico e la mia casa», dice Niche pure sorridendo.

«E prima di tutto ci sono io. Io ho promesso e io farò. Viaggio di esperienze questo! Ho provato cosa è non avere una didramma. E ora proverò cosa è dover vendere un oggetto per bisogno», dice Maria di Magdala.

«E che vuoi vendere, Maria, se non porti più gioielli?», chiede Marta alla sorella.

«Le mie grosse forcine d’argento. Sono tante. Ma per tenere a posto questo inutile peso possono bastare quelle di ferro. Le venderò. Gerico è piena di gente che compra queste cose. E oggi è giorno di mercato, e così domani e sempre per queste ricorrenze».

«Ma sorella!».

«Che? Ti scandalizzi pensando che mi si possa credere povera tanto da dover vendere le forcine d’argento? Oh! vorrei averti dato sempre di questi scandali! Peggio era quando, senza bisogno, vendevo me stessa al vizio altrui e mio».

«Ma taci! C’è il ragazzo, che non sa!».

«Non sa ancora. Forse non sa ancora che io ero la peccatrice. Domani lo saprebbe da chi mi odia perché non sono più tale, e certo con particolari quali il mio peccato non ebbe pur essendo tanto grande. Meglio dunque che lo sappia da me e veda quanto può il Signore che lo ha accolto: fare di una peccatrice una pentita, di un morto un risorto, di me morta nello spirito, di Lazzaro morto nel corpo, due viventi. Perché questo ha fatto a noi il Rabbi, o Beniamino. Ricordalo sempre e amalo con tutto il tuo cuore, perché Egli è veramente il Figlio di Dio».

576.5

Un intoppo lungo la via ha fermato Gesù e gli apostoli, e le donne li raggiungono. Gesù dice: «Andate avanti voi, verso Gerico, ed anche entrateci, se volete. Io vado a Doco con questi. Al tramonto sarò con voi».

«Oh! perché ci allontani? Non siamo stanche», protestano tutte.

«Perché vorrei che voi intanto, almeno alcune, avvisaste i discepoli che Io sarò da Niche domani».

«Se è così, Signore, noi andiamo. Vieni Elisa, e tu Giovanna, e tu Susanna e Marta. Prepareremo ogni cosa», dice Niche.

«E io e il ragazzo. Faremo i nostri acquisti. Benedicici, Maestro. E vieni presto. Tu, Madre, resti?», dice Maria di Magdala[2].

«Sì. Col Figlio mio».

Si separano. Con Gesù restano soltanto le tre Marie: la Madre, sua cognata Maria Cleofe e Maria Salome. E Gesù lascia la via di Gerico per una via secondaria che va a Doco.

576.6

E da poco è per essa quando, da una carovana che viene non so da dove — una ricca carovana che certo viene da lontano perché ha le donne montate sui cammelli, chiuse nelle tremolanti berline o palanchini legati sulle schiene gibbute, e gli uomini a cavallo di focosi cavalli o di altri cammelli — si stacca un giovane e facendo inginocchiare il suo cammello scivola giù di sella, andando verso Gesù. Un servo, accorso, gli tiene la bestia per le briglie.

Il giovane si prostra davanti a Gesù e, dopo il profondo saluto, gli dice: «Filippo di Canata, figlio di veri israeliti e rimasto tale, io sono. Discepolo di Gamaliele sinché la morte del padre mio non mi fece capo dei suoi commerci. Ti ho sentito più di una volta. So le tue azioni. Aspiro ad una vita migliore per avere quella vita eterna che Tu assicuri possesso di chi crea il tuo Regno in sé. Dimmi dunque, Maestro buono, che dovrò fare per avere la vita eterna?».

«Perché mi chiami buono? Solo Dio è buono».

«Tu sei il Figlio di Dio, buono come il Padre tuo. Oh! dimmi, che devo fare?».

«Per entrare nella vita eterna osserva i comandamenti».

«Quali, mio Signore? Gli antichi o i tuoi?».

«Negli antichi sono già i miei, i miei non mutano gli antichi. Essi sono sempre: adorare di amor vero l’unico vero Dio e rispettare le leggi del culto, non uccidere, non rubare, non commettere adulterio, non attestare il falso, onorare padre e madre, non danneggiare il prossimo ma anzi amarlo come ami te stesso. Facendo così, avrai la vita eterna».

«Maestro, tutte queste cose le ho osservate dalla mia fanciullezza».

Gesù lo guarda con occhio d’amore e dolcemente gli chiede: «E non ti paiono sufficienti ancora?».

«No, Maestro. Cosa grande è il Regno di Dio in noi e nell’altra vita. Infinito dono è Dio che a noi si dona. Io sento che tutto è poco, di ciò che è dovere, rispetto al Tutto, all’Infinito perfetto che si dona e che penso si debba ottenere con cose più grandi di quelle che sono comandate per non dannarsi ed essergli gradi­ti».

«Tu dici bene. Per essere perfetto ti manca ancora una cosa. Se vuoi essere perfetto come vuole il Padre nostro dei Cieli, va’, vendi quanto hai e dallo ai poveri, e avrai un tesoro in Cielo che ti farà diletto al Padre, che ha dato il suo Tesoro per i poveri della Terra. Poi vieni e seguimi».

Il giovane si rattrista, si fa pensieroso. Poi si alza in piedi dicendo: «Ricorderò il tuo consiglio…», e si allontana tristemente.

576.7

Giuda ha un sorrisetto ironico e mormora: «Non sono io solo ad amare il denaro!».

Gesù si volge e lo guarda… e poi guarda gli altri undici visi che gli sono intorno, poi sospira: «Come difficilmente un ricco entrerà nel Regno dei Cieli, la cui porta è stretta, ed erta è la via, e non possono percorrerla ed entrare coloro che sono caricati dei pesi voluminosi delle ricchezze! Per entrare lassù non ci vogliono che tesori di virtù, immateriali, e sapersi separare da tutto quanto è attaccamento alle cose del mondo e vanità». Gesù è molto triste…

Gli apostoli si sogguardano fra loro…

Gesù riprende, guardando la carovana del giovane ricco che si allontana: «In verità vi dico che è più facile che un cammello passi per una cruna d’ago che non per un ricco di entrare nel Regno di Dio».

«Ma allora chi mai potrà salvarsi? La miseria fa sovente peccatori, per invidie e poco rispetto a ciò che è d’altri, e per sfiducia verso la Provvidenza… La ricchezza è di ostacolo alla perfezione… E allora? Chi potrà salvarsi?».

Gesù li guarda e dice loro: «Quello che è impossibile agli uomini è possibile a Dio, perché a Dio tutto è possibile. Basta che l’uomo lo aiuti, il suo Signore, con la sua buona volontà. È buona volontà accettare il consiglio avuto e sforzarsi di giungere alla libertà dalle ricchezze. Ad ogni libertà, per seguire Dio. Perché la vera libertà dell’uomo è questa: seguire le voci che Dio gli sussurra al cuore e i suoi comandi, non essere schiavo né di se stesso, né del mondo, né del rispetto umano, e perciò non schiavi di Satana. Usare della splendida libertà di arbitrio che Dio ha dato all’uomo per volere liberamente e solamente il Bene, e conseguire così la vita eterna luminosissima, libera, beata. Neppur della propria vita bisogna essere schiavi, se per secondare la stessa noi si deve fare resistenza a Dio. Ve l’ho detto[3]: “Colui che perderà la sua vita per amor mio e per servire Iddio, costui la salverà in eterno”».

576.8

«Ecco! Noi abbiamo lasciato ogni cosa per seguirti, anche le più lecite. Che ce ne verrà dunque? Entreremo allora nel tuo Regno?», chiede Pietro.

«In verità, in verità vi dico che coloro che mi avranno seguito in tal modo e che mi seguiranno — perché c’è sempre tempo a riparare alle accidie e alle colpe sin qui fatte, sempre tempo sinché si è sulla Terra e si hanno davanti dei giorni nei quali poter riparare al mal fatto — costoro saranno con Me nel Regno mio. In verità vi dico che voi, che mi avete seguito nella rigenerazione, siederete sopra i troni a giudicare le tribù della Terra insieme al Figlio dell’uomo seduto sul trono della sua gloria. In verità ancora vi dico che non vi sarà nessuno che, avendo per amor del mio Nome lasciato casa, campi, padre, madre, fratelli, sposa, figli e sorelle, per spargere la Buona Novella e continuarmi, non riceva il centuplo in questo tempo e la vita eterna nel secolo futuro».

«Ma se perdiamo tutto, come possiamo centuplicare il nostro avere?», chiede Giuda di Keriot.

«Torno a dire: ciò che è impossibile agli uomini è possibile a Dio. E Dio darà il centuplo di gaudio spirituale a coloro che da uomini del mondo seppero farsi figli di Dio, ossia uomini spirituali. Essi godranno il vero gaudio, qui e oltre la Terra. E ancor vi dico che non tutti quelli che sembrano i primi, e primi dovrebbero essere avendo più di tutti ricevuto, saranno tali. E non tutti quelli che sembrano ultimi, e men che ultimi, non essendo in apparenza miei discepoli e neppur del Popolo eletto, saranno gli ultimi. In verità molti da primi diverranno ultimi, e molti ultimi, infimi, diverranno primi…

576.9

Ma ecco là Doco. Andate avanti tutti, meno Giuda di Keriot e Simone Zelote. Andate ad annunciarmi a quelli che possono aver bisogno di Me».

E Gesù attende con i due trattenuti di unirsi alle tre Marie, che li seguono a qualche metro di distanza.


Notes

  1. la Pâque supplémentaire : Suivant l’ordre divin donné au désert du Sinaï, la Pâque est célébrée le 1er mois (Nisan : 15 mars - 14 avril), le 14e jour. Le 2e mois (ziv), le 14e jour, est instituée une seconde pâque pour ceux qui n’ont pu célébrer la première en raison de quelque souillure ou empêchement (Nb 9, 1-14).
  2. Je vous l’ai dit, en 265.12.

Note

  1. Elisa, invece di Niche, è correzione nostra. A Sichem con Giuda di Keriot era rimasta Elisa di Betsur.
  2. dice Maria di Magdala è un’aggiunta di MV su una copia dattiloscritta.
  3. l’ho detto, in 265.12.