The Writings of Maria Valtorta

576. Du côté de Doco, la rencontre

576. Towards Doco, the meeting

576.1

Par une très belle matinée d’avril, la terre et le firmament déploient toutes leurs beautés printanières. On respire la lumière, les chants, les odeurs, tant l’air est imprégné de clarté, de voix joyeuses et affectueuses, de parfums. Il a dû tomber pendant la nuit une courte averse qui a fait partir la poussière des routes et les a assombries, sans les rendre boueuses. Elle a lavé les tiges et les feuilles et celles-ci, scintillantes et propres, remuent sous une douce brise qui descend des monts vers la plaine fertile qui annonce Jéricho. Des rives du Jourdain montent continuellement des gens qui viennent de le traverser, ou bien qui ont suivi le chemin côtier, pour rejoindre cette route-ci, qui mène directement à Jéricho et à Doco, comme l’indiquent les inscriptions. A la foule des Hébreux qui, de tous côtés, affluent vers Jérusalem pour les cérémonies rituelles, se mêlent des marchands venus d’autres endroits, et des bergers avec les agneaux des sacrifices qui bêlent, ignorants de leur sort.

Plusieurs reconnaissent Jésus et le saluent. Ce sont des Hébreux de Pérée, de la Décapole, ou de lieux plus éloignés. Il y a un groupe de Césarée Panéade. Des bergers, étant plutôt nomades et suivant leurs troupeaux, ont une certaine connaissance du Maître, qu’ils ont rencontré ou que ses disciples leur ont annoncé.

576.2

L’un d’eux se prosterne et lui dit :

« Puis-je t’offrir l’agneau ?

– Ne t’en défais pas, homme. C’est ton gagne-pain.

– C’est plutôt le signe de ma reconnaissance. Tu ne te souviens pas de moi. Moi, si. Tu étais en train de guérir un grand nombre de personnes, et j’en faisais partie. Tu m’as consolidé l’os de la cuisse que personne n’arrivait à soigner, et qui me rendait infirme. Je t’offre volontiers le plus beau de mes agneaux, pour le banquet de réjouissance. Je sais que, pour le sacrifice, tu es tenu de dépenser. Mais il te servira pour la réjouissance ! Tu m’en as tant donné. Accepte-le, Maître.

– Mais oui, prends-le. Ce sera de l’argent que nous économiserons, ou plutôt ce sera la possibilité de manger, car, avec toutes les prodigalités que l’on fait, moi, je n’ai plus d’argent, se lamente Judas.

– Quelles prodigalités ? Mais depuis Sichem, on n’a pas dépensé le moindre sou ! rétorque Matthieu.

– Quoi qu’il en soit, je n’ai plus d’argent. Ce qui me restait, je l’ai donné à Mérod.

– Homme, écoute » dit Jésus au berger, pour mettre fin aux explications de Judas. « Pour l’instant, je ne monte pas à Jérusalem, et je ne puis emmener l’agneau. Autrement, je l’aurais accepté pour te montrer que ton cadeau m’est agréable.

– Mais ensuite, tu iras en ville. Tu t’y arrêteras pour les fêtes. Tu auras un lieu de repos. Dis-moi où tu seras, et je le confierai à tes amis…

– Je n’ai rien de cela… Mais, à Nobé, j’ai un ami âgé et pauvre. Ecoute-moi bien : le lendemain du sabbat pascal, à l’aube, tu iras à Nobé et tu diras à Jean, l’Ancien de Nobé — tout le monde te l’indiquera — : “ Cet agneau t’est envoyé par Jésus de Nazareth, ton ami, afin que tu en fasses aujourd’hui un joyeux banquet, car il n’est pas de plus grande joie que celle de ce jour pour les vrais amis du Christ. ” Le feras-tu ?

– Si tu le désires, je le ferai.

– Et tu me feras plaisir. Mais pas avant le lendemain du sabbat, rappelle-toi bien ! Et garde en mémoire mes paroles. Maintenant va, et que la paix soit avec toi. Que ton cœur reste bien ferme dans cette paix pour les jours à venir. Rappelle-toi cela aussi, et continue à croire en ma vérité. Adieu. »

576.3

Des gens se sont approchés pour écouter le dialogue et ne se sont dispersés que lorsque le berger les y a obligés en remettant son troupeau en route. Jésus suit le troupeau pour profiter du sillage qu’il lui offre.

Les gens bavardent :

« Alors, il va vraiment à Jérusalem ? Il ignore donc que des bans ont été publiés contre lui ?

– Personne ne peut empêcher un fils de la Loi de se présenter au Seigneur pour la Pâque. Est-il coupable de quelque délit public ? Non. S’il l’était, le Proconsul l’aurait fait emprisonner comme Barabbas. »

Et d’autres :

« Tu as entendu ? Il n’a pas d’asile ni d’amis à Jérusalem. Est-ce que tous l’ont abandonné ? Même le ressuscité ? Belle reconnaissance !

– Tais-toi donc ! Les deux femmes que voici sont les sœurs de Lazare. Je suis des campagnes de Magdala, et je les connais bien. Si ses sœurs sont avec lui, c’est que la famille de Lazare lui est fidèle.

– Il n’ose peut-être pas entrer dans la ville.

– Il a raison…

– Dieu lui pardonnera, s’il reste au dehors.

– Ce n’est pas sa faute, s’il ne peut monter au Temple.

– Sa prudence est sagesse. S’il venait à être pris, tout serait fini avant son heure.

– Il n’est certainement pas encore prêt à se proclamer notre roi, et il ne veut pas être capturé.

– On raconte que, pendant qu’on le croyait à Ephraïm, il est allé un peu partout, jusqu’auprès des tribus nomades, pour recruter des partisans et des soldats et chercher des protections.

– Qui te l’a dit ?

– Ce sont les mensonges habituels. Il est le Roi saint, et non le roi des troupes.

– Peut-être qu’il fera la Pâque supplémentaire[1]. Il est plus facile alors de passer inaperçu. Le Sanhédrin est dissous après les fêtes, et tous ses membres rentrent chez eux pour la moisson. Il ne se réunit pas avant la Pentecôte.

– Et une fois qu’ils seront partis, qui voulez-vous qui lui fasse du mal ? Ce sont eux, les chacals.

– Hum ! Il ferait preuve d’une telle prudence ? C’est une attitude trop humaine. Il est plus grand qu’un homme et ne voudra pas d’une mesure aussi lâche.

– Lâche ? Pourquoi ? On ne peut traiter de lâche celui qui s’épargne pour sa mission.

– C’est pourtant de la lâcheté, car toute mission est toujours inférieure à Dieu. C’est pourquoi le culte rendu à Dieu doit avoir la préséance sur toute autre chose. »

Ces réflexions passent de bouche en bouche. Jésus fait mine de ne pas les entendre.

576.4

Jude s’arrête pour attendre les femmes — elles suivaient avec le jeune garçon à une trentaine de pas — et, lorsqu’elles l’ont rejoint, il demande à Elise :

« Avez-vous fait beaucoup de dons à Sichem après notre départ ?

– Pourquoi ?

– Parce que Judas n’a plus le moindre sou. Tes sandales, Benjamin, ne vont pas tenir longtemps, c’est certain. Nous n’avons pas pu entrer à Tersa, et même si cela avait été possible, le manque d’argent nous aurait interdit tout achat… Tu devras arriver ainsi à Jérusalem…

– Avant, il y a Béthanie, dit Marthe en souriant.

– Encore avant, il y a Jéricho et ma maison, ajoute Nikê, en souriant aussi.

– Et avant tout cela, il y a moi » intervient Marie de Magdala. « J’en ai fait la promesse et je la tiendrai. Ce voyage est vraiment une expérience : j’ai connu ce que signifie ne pas avoir une didrachme, et maintenant je vais connaître ce que c’est de devoir vendre un objet par nécessité.

– Et que veux-tu vendre, Marie, puisque tu ne portes plus de bijoux ? demande Marthe à sa sœur.

– Mes grosses épingles à cheveux en argent. Elles sont nombreuses. Mais pour tenir en place ce poids inutile, des épingles de fer peuvent suffire. Je vais les vendre. Jéricho est remplie de gens qui achètent ces babioles. D’ailleurs, c’est aujourd’hui jour de marché, et aussi les jours qui viennent, à cause des fêtes.

– Mais, ma sœur…

– Quoi ? Tu te scandalises en pensant qu’on puisse me croire assez pauvre pour devoir vendre mes épingles d’argent ? Oh ! je voudrais t’avoir toujours scandalisée de cette manière ! C’était pire quand, sans besoin, je me vendais moi-même pour satisfaire les vices d’autrui et les miens.

– Tais-toi donc ! Ce jeune garçon ne sait rien !

– Il ne sait pas encore. Peut-être ignore-t-il encore que j’étais pécheresse. Il l’aurait appris demain par des individus qui me détestent parce que je ne le suis plus, et certainement avec des détails que mon péché n’a pas eus, malgré son importance. Il vaut donc mieux qu’il l’apprenne de moi et qu’il voie ce que peut le Seigneur qui l’a accueilli : faire d’une pécheresse une repentie, d’un mort un ressuscité ; de moi, morte spirituellement, de Lazare, mort physiquement, deux vivants. Car, Benjamin, c’est cela que le Rabbi a accompli pour nous. Souviens-t’en toujours et aime-le de tout ton cœur, car il est vraiment le Fils de Dieu. »

576.5

Un obstacle, le long de la route, a obligé Jésus à s’arrêter. Les apôtres et les femmes le rejoignent donc, et Jésus leur enjoint :

« Allez de l’avant, vers Jéricho, et entrez-y si vous voulez. Moi, je vais à Doco avec Judas. Je vous rejoindrai au coucher du soleil.

– Oh ! pourquoi nous éloignes-tu ? Nous ne sommes pas lasses, protestent-elles toutes.

– Parce que je voudrais que, pendant ce temps, vous — ou du moins certaines d’entre vous — vous préveniez les disciples que je serai chez Nikê demain.

– S’il en est ainsi, Seigneur, nous partons. Viens, Elise, et toi Jeanne, ainsi que Suzanne et Marthe. Nous préparerons tout ce qu’il faut, dit Nikê.

– Le garçon et moi aussi. Nous en profiterons pour faire nos achats » ajoute Marie de Magdala. « Bénis-nous, Maître, et reviens vite. Toi, Mère, tu restes ?

– Oui, avec mon Fils. »

On se sépare. Avec Jésus restent seulement les trois Marie : sa Mère avec sa belle-sœur Marie, femme de Cléophas, et Marie Salomé. Jésus quitte la route de Jéricho pour prendre un chemin secondaire qui mène à Doco.

576.6

Il s’y trouve depuis peu quand une caravane passe. C’est une riche caravane, qui certainement vient de loin. Les femmes sont montées sur des chameaux, enfermées dans des palanquins qui oscillent, attachés sur les échines bossues. Les hommes sont montés sur des chevaux fougueux ou d’autres chameaux. Un jeune homme s’en détache, fait agenouiller son chameau et glisse en bas de la selle pour aller vers Jésus. Un serviteur accourt pour tenir l’animal par la bride.

Le jeune homme se prosterne devant Jésus et lui dit après une profonde salutation :

« Je suis Philippe de Canata, fils de vrais israélites et resté tel. Je suis disciple de Gamaliel depuis que la mort de mon père m’a mis à la tête de son commerce. Je t’ai entendu plus d’une fois. Je connais tes actes, j’aspire à mener une vie meilleure pour obtenir cette vie éternelle dont tu assures la possession à celui qui crée ton Royaume en lui-même. Dis-moi donc, bon Maître : que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ?

– Pourquoi m’appelles-tu bon ? Dieu seul est bon.

– Tu es le Fils de Dieu, bon comme ton Père. Ah ! dis-moi, que dois-je faire ?

– Pour entrer dans la vie éternelle, observe les commandements.

– Lesquels, mon Seigneur ? Les anciens ou les tiens ?

– Les miens se trouvent déjà dans les anciens. Ils ne les modifient pas. Il s’agit toujours d’adorer d’un amour sincère l’unique vrai Dieu et de respecter les lois du culte, de ne pas tuer, de ne pas voler, de ne pas commettre d’adultère, de ne pas porter de faux témoignage, d’honorer son père et sa mère, de ne pas nuire à son prochain, mais au contraire de l’aimer comme soi-même. En agissant ainsi, tu obtiendras la vie éternelle.

– Maître, j’ai observé tout cela depuis mon enfance. »

Jésus le regarde avec amour et, doucement, il lui demande :

« Et cela ne te paraît pas suffisant ?

– Non, Maître. Il est tellement grand, le Royaume de Dieu en nous et dans l’autre vie ! Dieu se donne à nous, or ce don est infini. Je sens qu’il nous est demandé bien peu, par rapport au Tout, à l’Infini parfait qui se donne. Je pense qu’on doit l’obtenir par de plus grands mérites que ce qui est requis pour lui être agréable et ne pas être damné.

– Tu as raison. Pour être parfait, il te manque encore quelque chose. Si tu désires être parfait comme le veut notre Père des Cieux, va, vends ce que tu as et offre-le aux pauvres, et tu auras dans le Ciel un trésor qui te fera aimer du Père, lui qui a donné son Trésor pour les pauvres de la terre. Puis viens, et suis-moi. »

Le jeune homme s’attriste et devient songeur, puis il se relève en disant :

« Je me souviendrai de ton conseil… »

Et il s’éloigne, tout affligé.

576.7

Judas murmure avec un petit sourire ironique :

« Je ne suis pas le seul à aimer l’argent ! »

Jésus se retourne et l’observe… Puis il regarde les onze autres visages autour de lui, et soupire :

« Comme il est difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux ! La porte en est étroite, son chemin est escarpé, et ceux qui sont chargés du poids volumineux des richesses ne peuvent le parcourir pour y pénétrer ! Pour entrer là-haut, il ne faut que des trésors de vertus, immatériels, et il faut savoir se séparer de tout attachement aux biens de ce monde et aux vanités. »

Jésus est très triste…

Les apôtres se regardent les uns les autres du coin de l’œil…

Jésus reprend, en regardant la caravane du jeune homme riche s’éloigner :

« En vérité, je vous dis qu’il est plus facile à un chameau de passer par le trou de l’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu.

– Dans ce cas, qui pourra jamais se sauver ? La misère rend souvent pécheur à cause de l’envie, du peu de respect pour ce qui appartient à autrui et de la défiance envers la Providence… La richesse est un obstacle à la perfection… Alors ? Qui pourra se sauver ? »

Jésus les regarde et leur dit :

« Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu, car il peut tout. Il suffit que l’homme aide son Seigneur par sa bonne volonté. Et c’est faire preuve de bonne volonté que d’accepter le conseil reçu et de s’efforcer d’arriver à se libérer des richesses. A se libérer de tout pour suivre Dieu. Car voici ce qu’est la vraie liberté de l’homme : suivre les paroles que Dieu lui murmure au cœur et ses commandements, n’être esclave ni de soi-même, ni du monde, ni du respect humain, et donc pas esclave de Satan. Se servir du splendide libre-arbitre que Dieu a donné à l’homme pour désirer librement et uniquement le bien et obtenir ainsi la vie éternelle, toute lumineuse, libre, bienheureuse. Il ne faut pas même être esclave de sa propre vie si, pour la servir, on doit résister à Dieu. Je vous l’ai dit[2] : “ Celui qui perdra sa vie parce qu’il m’aime et veut servir Dieu, la sauvera pour l’éternité. ”

576.8

– Voilà ! Pour te suivre, nous avons tout quitté, même ce qui est le plus licite. Que nous arrivera-t-il donc ? Entrerons-nous dans ton Royaume ? demande Pierre.

– En vérité, en vérité, je vous dis que ceux qui m’auront suivi de cette façon, et qui me suivront — car, tant que l’on est sur la terre et que l’on a devant soi des jours où on peut réparer le mal commis, il est toujours temps de réparer sa paresse et les fautes perpétrées jusqu’ici — ceux qui me suivront seront avec moi dans mon Royaume. En vérité, je vous dis que, vous qui m’avez suivi dans la régénération, vous siégerez sur des trônes pour juger les tribus de la terre avec le Fils de l’homme, assis sur le trône de sa gloire. En vérité, je vous dis encore que personne n’aura, par amour de mon nom, quitté maison, champs, père, mère, frères, sœurs, époux et enfants pour répandre la Bonne Nouvelle et me continuer, sans recevoir le centuple en ce temps et la vie éternelle dans le siècle à venir.

– Mais si nous perdons tout, comment pourrons-nous multiplier nos biens par cent ? demande Judas.

– Je le répète : ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. Et Dieu donnera le centuple de joie spirituelle à ceux qui, d’hommes du monde, auront su se rendre fils de Dieu, c’est-à-dire hommes spirituels. Ils jouiront de la vraie joie, ici et au-delà de la terre. J’ajoute que ce ne sera pas le cas de tous ceux qui semblent être les premiers et qui devraient l’être, ayant reçu plus que les autres. De même, ne seront pas derniers tous ceux qui semblent l’être, quand encore ils ne sont pas considérés comme moins que derniers, n’étant pas en apparence mes disciples et n’appartenant même pas au Peuple élu. En vérité, beaucoup de premiers deviendront derniers et beaucoup de derniers, de tout à fait derniers, deviendront premiers…

576.9

Mais voilà Doco. Partez tous en avant, sauf Judas et Simon le Zélote. Allez m’annoncer à ceux qui peuvent avoir besoin de moi. »

Et Jésus, avec les deux apôtres qu’il a retenus, attend de se joindre aux trois Marie qui le suivent à quelques mètres de distance.

576.1

It is another beautiful April morning. The earth and the sky display all their springtime beauties. One breathes light, songs, scents, so sated is the air with brilliance, with voices of joy and love, with fragrance. Rain must have drizzled during the night as the roads are dark and without dust, but they are not muddy, and the stems and leaves washed by the rain are now quivering, all bright and clean, in a mild breeze blowing down from the mountains towards this fertile plain that foreshows Jericho.

People are coming up continuously from the banks of the Jordan; they have ferried from the other bank or they have followed the road that runs along the river, and have come on this one that heads straight for Jericho and Doco, as indicated on road signs.

With the many Jews who, from all over, are going to Jerusalem for the rite, there are mingled merchants from other places and shepherds with bleating lambs, destined for sacrifices, but unaware of their fate.

Many recognise Jesus and greet Him. They are Jews from Perea and the Decapolis and even from places farther away. There is a group from Caesarea Paneas. They are shepherds, who leading a rather nomadic life with their flocks, have knowledge of the Master, having met Him or heard of Him from disciples.

576.2

A shepherd prostrates himself and says to Him: «May I offer You a lamb?»

«Do not deprive yourself of it, man. It is your earning.»

«Oh! it is my gratitude. You do not remember me, but I remember You. I am one who was cured by You when You cured so many. You cured the bone of my thigh that no one knew how to cure and made an invalid of me. I will give You a lamb willingly. The best one. This one. For the banquet of joy. I know that for the sacrifice You are to buy one. But for the joy! You gave me so much of it. Take it, Master.»

«Yes, take it. It is money that we shall save. Or rather, it will enable us to have a meal because with all our lavishness I have no money left» says the Iscariot.

«Lavishness? Since we left Shechem we have not spent a farthing!» says Matthew.

«Well, I have no more money. I gave the last to Merod.»

«Listen, man» says Jesus to the shepherd to put an end to the Iscariot’s words. «I am not going to Jerusalem just now and I cannot take the lamb with Me. Otherwise I would accept it to show you that I welcome your gift.»

«But later You will go to the city. You will stop there for the feasts. You will certainly have a place in which to stay. Tell me where it is, and I shall hand it over to Your friends…»

«I have nothing of the kind… But I have a poor old friend at Nob. Listen to Me carefully: on the day after the Passover Sabbath you will go to Nob at dawn and you will say to John, the Elder of Nob (anyone will tell you where he lives): “Jesus of Nazareth, your friend, sends you this lamb, so that you may celebrate this day with a banquet of joy, because for the true friends of the Christ there is not a greater joy than today’s.” Will you do that?»

«If that is what You want, I will do it.»

«And you will make Me happy. Not before the day after the Sabbath. Make sure you remember that. And remember the words I told you. Go, now, and peace be with you. And keep your heart firm in that peace in future days. Remember that as well, and go on believing in My Truth. Goodbye.»

576.3

Some people have approached them to listen to their conversation and they disperse only when the shepherd, proceeding with his flock, compels them to scatter. Jesus follows the herd taking advantage of the open space left by it.

The people whisper: «So is He really going to Jerusalem? Does He not know that He is banned?»

«Hey! No one can prohibit a son of the Law from presenting himself to the Lord at Passover. Is He guilty of a public crime? No, He is not. Because if He were, the Proconsul would have had Him arrested, as he did with Barabbas.»

And others say: «Have you heard? He has nowhere to go nor friends in Jerusalem. Have they all abandoned Him? Even the man He raised from the dead? How grateful of him!»

«Be quiet. Those two women over there are Lazarus’ sisters. I come from the countryside of Magdala and I know them well. If the sisters are with Him it means that Lazarus’ family is loyal to Him.»

«Perhaps He dare not enter the town.»

«He is right.»

«God will forgive Him if He remains outside.»

«It is not His fault if He cannot go up to the Temple.»

«He is wisely prudent. If He were caught it would all come to an end before His time.»

«He is certainly not yet ready to be proclaimed our king, and He does not want to be caught.»

«They say that when it was known that He was at Ephraim, He went everywhere, even to nomadic tribes, to prepare followers and soldiers and to seek protection.»

«Who told you?»

«The usual lies. He is the holy King and not the king of soldiers.»

«Perhaps He will celebrate the supplementary Passover, when it is easier not to be noticed. The Sanhedrin breaks up after the feasts and all the members go home for harvest time. They do not meet again until Pentecost.»

«And once the members of the Sanhedrin have gone away, who do you think will do Him any harm? They are the jackals!»

«H’m! Is it possible for Him to be so prudent? That is too human! He is more than a man and He will not be cowardly prudent.»

«Coward? Why? No one can say that he who spares himself for his mission is a coward.»

«He would always be cowardly, because every mission is inferior to God. So the cult for God must have priority over everything else.»

Those are the words going from mouth to mouth. Jesus pretends He does not hear them.

576.4

Judas of Alphaeus stops to wait for the women and when they arrive – they were with the boy, about thirty steps behind – he says to Eliza: «You have given out a lot of money at Shechem after we left!»

«Why?»

«Because Judas has not a farthing left. Your sandals, Benjamin, are not likely to come.

It was destined to be so. It was not possible to enter Tirzah, and even if we had been able to go in, as we had no money, we could not have bought anything… You will have to enter Jerusalem as you are…»

«There is Bethany before Jerusalem» says Martha with a smile.

«And before, there is Jericho and my house» says Nike, also with a smile.

«And I am before everything. I promised and I will do it. We have had interesting experiences during this journey! I have experienced what it means not to have a drachma. And now I will experience what one feels like when one has to sell something at need» says Mary of Magdala.

«And what do you want to sell, if you do not wear jewels any longer?» Martha asks her sister.

«My big silver hairpins. I have so many of them. But to keep this useless weight tidy, iron ones will be sufficient. I will sell them. Jericho is full of people who buy such things. And this is market day as well as tomorrow, and every day because of the festivities.»

«But, sister!»

«What? Are you scandalised at the thought that I may be considered so poor as to have to sell my silver hairpins? Oh! I wish I had always given rise to such scandals in you! It was much worse when, without being in need, I sold myself to the vice of other people and mine.»

«Be quiet! There is the boy, who does not know!»

«He does not know as yet. Perhaps he does not know that I was the sinner. Tomorrow he may be told by someone who hates me because I am no longer such, and with details not pertaining to my sin, which, however, was so serious. So he had better be told by me, so that he may realise what the Lord, Who accepted him, can do: turn a sinner into a repentant soul; turn a dead person into a resurrected one; of me, dead in my spirit, of Lazarus, dead in his body, He made two living beings. Because that is what the Rabbi has done to us, Benjamin. Always bear that in mind and love Him with all your heart, because He really is the Son of God.»

576.5

An obstacle along the road has stopped Jesus and the apostles, and the women join them. Jesus says to the women: «Go ahead, towards Jericho, and enter the town, if you wish so. I am going to Doco with the apostles. At sunset I shall be with you.»

«Oh! Why are You sending us away? We are not tired» say all the women protesting.

«Because I should like you, or at least some of you, to inform the disciples that I shall be at Nike’s tomorrow.»

«If that is the case, Lord, we shall go. Come Eliza, and you Johanna, and you Susanna and Martha. We shall prepare everything» says Nike.

«And the boy and I. We shall do our shopping. Bless us, Master. And come soon. Are You staying, Mother?»

«Yes, with My Son.»

They part. Only the three Maries remain with Jesus: His Mother, Her sister-in-law Mary Clopas, and Mary Salome. And Jesus leaves the Jericho road and takes a secondary one that goes to Doco.

576.6

And He has not been long on it when from a caravan coming from I do not know where – a rich caravan that certainly comes from afar, because the women are mounted on camels, closed in swaying palanquins fastened to the humped backs, and the men are riding fiery horses or other camels – a young man departs and, making his camel kneel down, he slides from his saddle and goes towards Jesus. A servant, who has approached him, holds the animal by the reins.

The young man prostrates himself before Jesus, and after his heartfelt greeting, he says to Him: «I am Philip of Canata, the son of true Israelites who have remained such. I was a disciple of Gamaliel until my father’s death put me at the head of his business. I have heard You speak more than once. I am aware of Your deeds. I aspire to a better life to have the eternal one that You assure will be possessed by those who create your Kingdom in themselves. So tell me, good Master, what shall I have to do to have eternal life?»

«Why do you call Me good? God alone is good.»

«You are the Son of God, as good as Your Father. Oh! tell me what I must do.»

«To enter eternal life observe the commandments.»

«Which, my Lord? The ancient ones or yours?»

«The ancient ones already contain Mine, mine do not alter the ancient ones. They are always the same: worship the Only true God and respect the laws of cult, do not kill, do not steal, do not commit adultery, do not bring false witness, honour your father and mother, do not injure your neighbour but love him as you love yourself. By doing so you will have eternal life.»

«Master, I have observed all those commandments since my childhood.»

Jesus casts a loving glance at him and kindly asks: «And do you think they are not yet sufficient?»

«No, Master. The Kingdom of God is a great thing in us and in the other life. God Who gives Himself to us is an infinite gift. I feel that what is our duty is very little compared with the All Infinite Perfect Being Who gives Himself to us, and I think that we should obtain Him by means of things that are greater than those commanded, in order not to be damned and be agreeable to Him.»

«You are right. To be perfect you still lack one thing. If you want to be as perfect as our Father in Heaven wants, go, sell everything you have and give it to the poor, and in Heaven you will have a treasure that will make you loved by the Father Who has given His Treasure to the poor of the Earth. Then come and follow Me.»

The young man becomes sad and pensive. He then stands up and says: «I will remember your advice…» and he goes away sadly.

576.7

Judas smiles ironically and whispers: «I am not the only one who loves money!»

Jesus turns around and looks at him… then He looks at the other eleven faces around Him and says with a sigh: «How difficult it is for a rich man to enter the Kingdom of Heaven, the gate of which is narrow, and the way is steep, and those who are laden with the bulky weights of riches cannot go along it and enter! To enter up there only the immaterial treasures of virtue are required and one must be able to part with everything that is attachment to the things of the world and to vanity.» Jesus is very sad… The apostles look stealthily at one another… Jesus, looking at the caravan of the young rich man move away, says: «I solemnly tell you that it is easier for a camel to pass through the eye of a needle than for a rich man to enter the Kingdom of God.»

«Who can be saved, then? Poverty often makes one sin, through envy and lack of respect for other people’s property, and through lack of confidence in Providence… Riches are an obstacle to perfection… So? Who can be saved?»

Jesus looks at them and says: «What is impossible for men, is possible for God, because everything is possible for God. It is sufficient for man to help his Lord with his goodwill. And it is goodwill to take the advice given and strive to achieve freedom from riches. To achieve complete freedom, in order to follow God. Because this is the true freedom of man: to follow the voices that God whispers to his heart, and His commandments, not to be the slave of himself, or of the world, or of respect of public opinion, and consequently not to be the slave of Satan. To make use of the wonderful free will that God gave man to wish Good only and freely, and thus attain the very bright, free and blissful eternal life. Man must not be slave even of his own life, if to gratify it he must resist God. I said[1] to you: “He who loses his life for My sake and to serve God will save it forever.”.

576.8

«Well! We have left everything to follow You, even what was lawful. So what about us? Shall we enter Your Kingdom?» asks Peter.

«I tell you solemnly that those who have followed Me thus and those who follow Me – because there is always time to make amends for laziness and sins committed so far, there is always time while man is on the Earth and has days in front of him during which he can redress wrongs done – those will be with Me in My Kingdom. I tell you solemnly that you, who have followed Me in the regeneration, will sit on thrones to judge the tribes of the Earth with the Son of man Who will be sitting on the throne of His glory. And once again I tell you solemnly that there is no one who in My Name has left house, fields, father, mother, brothers, wife, sons and sisters to propagate the Gospel and continue My work, who will not receive one hundredfold in this present time and eternal life in the world to come.»

«But if we lose everything how can we centuplicate what we have?» asks Judas of Kerioth.

«I repeat: what is impossible for men is possible for God. And God will give one hundredfold of spiritual joy to those who from men of the world became sons of God, that is spiritual men. They will enjoy real happiness, both here and beyond the Earth.

And I also say to you that not all those who seem to be the first, and ought to be the first having received more than everybody, will be such. And not all those who seem to be the last, and even less than the last, as they do not appear to be My disciples or to belong to the chosen People, will be the last. Truly, many who were first will become last, and many who were last, least, will become first…

576.9

But there is Doco over there. Go ahead all of you, except Judas of Kerioth and Simon Zealot. Go and announce Me to those who may need Me.»

And Jesus, with the two apostles He held back, waits for the three Maries, who are following them at a distance of a few meters.


Notes

  1. la Pâque supplémentaire : Suivant l’ordre divin donné au désert du Sinaï, la Pâque est célébrée le 1er mois (Nisan : 15 mars - 14 avril), le 14e jour. Le 2e mois (ziv), le 14e jour, est instituée une seconde pâque pour ceux qui n’ont pu célébrer la première en raison de quelque souillure ou empêchement (Nb 9, 1-14).
  2. Je vous l’ai dit, en 265.12.

Notes

  1. I said, in 265.12.