226.1
Jésus, accompagné de Simon le Zélote, arrive dans le jardin de Lazare par une belle matinée d’été. L’aurore ne touche pas encore à sa fin, de sorte que tout est frais et riant.
Le jardinier, qui accourt recevoir le Maître, lui montre un pan de vêtement blanc qui disparaît derrière une haie et dit :
« Lazare se dirige vers la tonnelle des jasmins avec des rouleaux qu’il va lire. Je vais l’appeler.
– Non. J’y vais tout seul. »
Jésus se hâte le long d’un sentier bordé d’une haie en fleurs. L’herbe rase qui côtoie la haie atténue le bruit de ses pas, et Jésus cherche justement à marcher dessus pour arriver à l’improviste devant Lazare.
Il le surprend debout, ses rouleaux posés sur une table de marbre, priant à voix haute :
« Ne me déçois pas, Seigneur. Fais grandir ce brin d’espérance qui est né dans mon cœur. Accorde-moi ce que, par mes larmes, je t’ai demandé des milliers de fois, ce que je t’ai demandé par mes actes, par le pardon, par tout mon être. Donne-le-moi en échange de ma vie. Donne-le-moi au nom de ton Jésus qui m’a promis cette paix. Peut-il mentir, lui ? Dois-je penser que sa promesse a été un vain mot ? Que son pouvoir est inférieur à cet abîme de péché qu’est ma sœur ? Dis-le-moi, Seigneur, pour que je me résigne par amour pour toi…
– Oui, je te l’affirme ! » dit Jésus.
Lazare se retourne vivement et s’écrie :
« Oh ! Mon Seigneur ! Mais quand es-tu arrivé ? »
Et il se penche pour baiser le vêtement de Jésus.
« Il y a quelques minutes.
– Seul ?
– Avec Simon le Zélote, mais là où tu es, je suis venu seul. Je sais que tu dois m’annoncer une grande chose. Dis-la-moi donc.
– Non. Réponds d’abord à la question que j’ai posée à Dieu. Selon ta réponse, je te la dirai.
– Dis-la-moi, dis-la-moi, cette grande chose. Tu peux la dire… »
Jésus sourit en ouvrant les bras pour l’y inviter.
« Dieu Très-Haut ! C’est donc vrai ? Toi, alors, tu sais que c’est vrai ? ! », et Lazare se réfugie dans les bras de Jésus pour lui confier sa grande chose.