Os Escritos de Maria Valtorta

250. La parabole de la boue qui devient flamme racontée aux disciples venus avec Isaac.

250. Aos discípulos vindos com Isaque,

250.1

C’est justement sur les rives du torrent profond que Jésus trouve Isaac avec de nombreux disciples, connus et inconnus. Parmi ceux qui sont connus, il y a le chef de la synagogue de la Belle Eau : Timon, Joseph d’Emmaüs qu’on avait accusé d’incest, le jeune homme qui avait renoncé à l’ensevelissement de son père pour suivre Jésus, Etienne, Abel, le lépreux purifié l’année précédente près de Chorazeïn avec son ami Samuel, il y a aussi Salomon, le passeur de Jéricho, et encore une foule d’autres personnes que je reconnais, mais dont je ne me rappelle vraiment pas l’endroit où je les ai vus ni les noms. Visages connus – et désormais il y en a tant ! –, tous connus comme visages de disciples. Et puis d’autres, conquis par Isaac ou par les disciples eux-mêmes que je viens de nommer, qui suivent le groupe principal en espérant trouver Jésus.

La rencontre est affectueuse, joviale et respectueuse. Isaac rayonne de joie de voir le Maître et de lui montrer son nouveau troupeau et, comme récompense, il demande une parole de Jésus pour la foule qu l’accompagne.

« Connais-tu un endroit tranquille où l’on puisse se réunir ?

– A l’extrémité du golfe, il y a une plage déserte où se trouvent des cabanes de pêcheurs, vides en cette saison parce que mal­saines, et aussi parce que la saison de la pêche des poissons pour la salaison est terminée, si bien qu’ils vont en Syro-Phénicie pêcher la pourpre. Beaucoup d’entre eux croient déjà en toi pour t’avoir entendu parler dans les villes du bord de mer ou pour avoir trouvé les disciples, et ils m’ont cédé leurs cabanes pour nous y reposer. Nous y revenons après une mission. Il y a en effet beaucoup à faire sur cette côte. Elle est totalement corrompue par bien des choses. Je voudrais arriver jusqu’à la Syro-Phénicie, et ce serait possible par la mer car la côte est trop brûlée par le soleil pour la parcourir à pied. Mais je suis berger, pas marin, et parmi ceux-ci il n’y en a pas un qui sache diriger un bateau à voile. »

Jésus écoute attentivement avec un léger sourire. Il est un peu penché, lui qui est si grand, devant le petit berger qui, comme un soldat, rapporte tout à son général. Il répond :

« Dieu t’aide en raison de ton humilité. Si je suis connu ici, mon disciple, c’est par toi, pas par les autres.

250.2

Maintenant, nous allons demander aux habitants des bords du lac s’ils se sentent capables de faire voile sur la mer, et nous nous rendrons, si nous le pouvons, en Syro-Phénicie. »

Il se retourne pour chercher Pierre, André, Jacques et Jean qui sont en conversation animée avec quelques disciples, tandis que Judas est en arrière, occupé à faire des compliments à Etienne ; Simon le Zélote, Barthélemy et Philippe sont à côté des femmes. Les quatre autres sont à côté de Jésus.

Les quatre pêcheurs viennent aussitôt :

« Est-ce que vous vous sentez à même d’aller en barque sur la mer ? » demande Jésus.

Les quatre hommes se regardent, perplexes. Pierre, tout en réfléchissant, se passe la main dans les cheveux, puis il demande :

« Mais où ? Au grand large ? Nous, nous sommes des poissons d’eau douce…

– Non, le long de la côte jusqu’à Sidon.

– Hum ! Je crois que c’est possible. Qu’est-ce que vous en dites ?

– Moi aussi, je le crois. Mer ou lac, ce sera toujours la même chose : de l’eau, dit Jacques.

– Ce sera même plus beau et plus facile, ajoute Jean.

– Je ne sais pas sur quoi tu te bases pour penser ça, lui répond son frère.

– C’est à cause de son amour pour la mer. Celui qui aime quelque chose y voit toutes les perfections. Si tu aimais comme ça une femme, tu serais un parfait époux, plaisante Pierre en secouant Jean amicalement.

– Non. Je le dis parce qu’à Ascalon j’ai vu que les manœuvres sont les mêmes, et la navigation est très agréable, répond Jean.

– Alors, allons-y ! Décide Pierre.

– Tout de même, il vaudrait mieux avoir quelqu’un du pays. Nous ne connaissons pas cette mer, ni ses hauts-fonds, souligne Jacques.

– Oh ! Je n’y pense même pas ! Nous avons Jésus avec nous ! Autrefois, je n’étais pas tranquille, mais depuis qu’il a apaisé le lac… Allons, allons avec le Maître à Sidon. Il y a peut-être du bien à y faire, dit André.

– Alors nous irons là-bas. Tu te procureras les barques pour demain. Fais-toi donner la bourse par Judas. »

250.3

Apôtres et disciples sont mêlés. Il n’est pas nécessaire de dire quelle fête c’est pour un grand nombre, ceux qui sont bien connus de Jésus. Ils reviennent sur leurs pas, prennent la direction de la ville et en font le tour jusqu’à atteindre la pointe extrême de la baie, qui s’allonge dans la mer comme un bras recourbé. Là, quelques cabanes, disséminées sur la petite côte couverte de graviers, représentent l’endroit le plus misérable de la ville, le plus dépeuplé ; il n’est d’ailleurs habité qu’occasionnellement. Les maisonnettes sont des cubes aux murs effrités par les embruns et par la vétusté. Toutes sont fermées et, quand les disciples les ouvrent, elles font voir leur misère enfumée et leur équipement vraiment réduit au strict minimum.

« Voilà, elles sont très commodes et propres à défaut de beauté, dit Isaac qui en fait les honneurs.

– Belles non, les pauvres. La Belle Eau était un palais en comparaison. Et il y en avait qui se plaignaient…, bougonne Pierre.

– Mais, pour nous, c’est une chance.

– Bien sûr, bien sûr ! L’important c’est d’avoir un toit et de s’aimer. Ah ! Regarde, voilà notre Jean ! Comment vas-tu ? Où étais-tu ? »

Mais Jean d’En-Dor, tout en souriant à Pierre, court vénérer Jésus qui le salue avec de très bonnes paroles.

« Je ne l’ai pas fait venir parce qu’il n’était pas très bien… Je préfère qu’il reste ici. Il sait si bien y faire avec les gens de la ville et avec ceux qui demandent des renseignements sur le Messie… » dit Isaac.

Effectivement, l’homme d’En-Dor est beaucoup plus maigre qu’auparavant, mais son visage est serein. La maigreur ennoblit ses traits et fait penser à quelqu’un qui est déjà touché par le double martyre de la chair et de l’esprit.

Jésus l’examine et lui demande :

« Es-tu malade, Jean ?

– Pas plus qu’avant de te voir. Cela vaut pour la chair, mais pour ce qui est de l’âme, si je me juge bien, je suis en train de me guérir de mes blessures personnelles. »

Jésus regarde encore ses yeux apaisés et son front creusé aux tempes et n’ajoute rien. Mais il lui pose une main sur l’épaule et entre avec lui dans une maisonnette où l’on a apporté des bas­sines d’eau de mer pour rafraîchir les pieds fatigués et des brocs d’eau fraîche pour la soif, pendant qu’au-dehors on prépare le repas sur une table rudimentaire ombragée par un semblant de tonnelle de plantes grimpantes.

C’est un beau spectacle, pendant que la nuit tombe et que la mer murmure les prières du soir par le bruit léger du ressac sur la petite plage caillouteuse, de voir le dîner de Jésus avec les femmes et les apôtres assis à une table grossière alors que les autres, assis par terre ou sur des sièges, ou encore sur des paniers renversés, font cercle autour de la table principale.

Le repas est vite terminé et la table encore plus vite desservie, car il y avait peu de vaisselle, et seulement pour les hôtes les plus importants. La mer a pris une teinte noir indigo dans la nuit encore sans lune, et toute sa majesté se dévoile à cette heure empreinte d’une tristesse solennelle particulière aux rivages marins.

250.4

Grande silhouette blanche parmi des ombres de plus en plus obscures, Jésus se lève de table et s’avance au milieu de la petite foule des disciples, tandis que les femmes se retirent. Isaac et un autre allument de petits feux sur la grève pour éclairer et pour éloigner les nuées de moustiques qui viennent sans doute de marécages tout proches.

« Que la paix soit avec vous tous.

La miséricorde de Dieu nous réunit en avance sur le temps fixé en donnant à nos cœurs une joie réciproque. Je les ai tous scrutés, ces cœurs, vos cœurs moralement bons, comme le montre votre présence ici, vous qui êtes en attente de moi, en formation auprès de moi, quoique encore imparfaits spirituellement, comme le prouvent certaines de vos réactions. Elles manifestent comment le vieil homme d’Israël avec ses idées et ses préjugés persiste encore en vous : et l’homme nouveau n’est pas encore sorti de lui, tel le papillon de la chrysalide, cet homme du Christ qui possède une mentalité ample, lumineuse, miséricordieuse et une encore plus vaste charité. Mais ne soyez pas mortifiés si je vous ai scrutés et si j’ai lu tous vos secrets. Un maître doit connaître ses élèves pour pouvoir corriger leurs défauts et, croyez-moi, s’il est un bon maître, il n’est pas dégoûté par ceux qui ont le plus de défauts : bien au contraire, il se penche sur eux pour les rendre meilleurs. Vous, vous savez que je suis un bon Maître.

Maintenant, passons ensemble en revue ces réactions et ces préjugés, venons-en à considérer ensemble le motif pour lequel nous sommes ici et, en raison de la joie que cette réunion nous donne, sachons bénir le Seigneur qui, d’un bien particulier, tire toujours un bien collectif.

250.5

J’ai entendu de votre bouche votre admiration pour Jean d’En-Dor, admiration d’autant plus grande qu’il se reconnaît pécheur converti ; c’est son ancienne manière d’être et la nouvelle qu’il prend comme base de prédication pour ceux qu’il veut amener à moi. C’est vrai, c’était un pécheur. C’est aujourd’hui un disciple. Beaucoup d’entre vous sont désormais venus au Messie grâce à lui. Vous voyez donc que c’est précisément par ces moyens – que le vieil homme d’Israël mépriserait –, que Dieu crée le nouveau peuple de Dieu.

Maintenant, je vous prie de vous abstenir de porter un jugement, qui ne serait pas sain, sur une sœur dont le vieil Israël ne comprend pas qu’elle soit mon disciple. J’ai enjoint aux femmes d’aller se reposer, mais ce n’était pas tant par désir de leur procurer du repos que pour avoir la possibilité de vous donner, à vous, une sainte appréciation d’une conversion et pour vous empêcher de commettre un péché contre l’amour et la justice. C’est la raison pour laquelle je leur ai donné cet ordre, qui n’a pas manqué d’attrister les femmes disciples.

Marie de Magdala, la grande pécheresse d’Israël, celle qui n’avait aucune excuse à son péché, est revenue au Seigneur. Et de qui attendra-t-elle fidélité et miséricorde sinon de Dieu et des serviteurs de Dieu ? Israël tout entier, et avec lui les étrangers qui se trouvent parmi nous, ceux qui la connaissent bien et qui la jugent sévèrement maintenant qu’elle n’est plus leur complice de débauche, critiquent cette résurrection et la tournent en dérision.

Résurrection : c’est le mot le plus exact. Ressusciter un corps n’est pas le plus grand des miracles, c’est un miracle toujours relatif puisqu’il est destiné à être un jour effacé par la mort. Je n’accorde pas l’immortalité à celui dont je ressuscite la chair, mais je donne l’éternité à celui dont l’âme est ressuscitée. Et alors qu’une personne morte dans sa chair n’unit pas sa volonté de ressusciter à la mienne, et par conséquent n’a en cela aucun mérite, celui dont l’âme ressuscite y engage sa volonté ; elle est même la première à être présente. Son mérite pour sa résurrection n’est donc pas inexistant.

Je ne vous dis pas cela pour me justifier. C’est à Dieu seul que je dois rendre compte de mes actes. Mais vous êtes mes disciples. Mes disciples doivent être d’autres Jésus. Il ne doit y avoir en eux aucune ignorance et aucune de ces fautes invétérées à cause desquelles beaucoup de gens ne sont unis à Dieu que de nom.

250.6

Tout peut produire de bonnes actions, même ce qui paraît en être le moins capable. Quand une matière se présente à la volonté de Dieu, fût-elle la plus inerte, la plus froide, la plus dégoûtante, elle peut devenir mouvement, flamme, beauté pure.

Je vous présente une comparaison tirée[1] du livre des Macchabées.

Quand Néhémie fut renvoyé par le roi de Perse à Jérusalem, on voulut offrir des sacrifices sur l’autel purifié du Temple reconstruit. Néhémie se rappela comment, au moment où ils allaient être faits prisonniers par les Perses, les prêtres préposés au culte de Dieu prirent le feu de l’autel et le cachèrent dans un endroit secret, au fond d’une vallée, dans un puits profond et sec, et le firent si bien et si secrètement qu’eux seuls savaient où était le feu sacré. Néhémie s’en souvenait. C’est pourquoi il envoya les descendants de ces prêtres au lieu où l’on avait porté le feu y prendre le feu sacré pour allumer le feu du sacrifice – en effet les prêtres l’avaient dit à leurs fils et ceux-ci à leurs fils, de sorte que le secret s’était transmis de père en fils –.

Mais, une fois descendus dans le puits secret, les petits-fils n’y trouvèrent pas de feu, mais une eau épaisse, une vase putride, fétide, pesante, le résidu de tous les égouts encombrés de Jérusalem en ruines. Ils en firent part à Néhémie, mais celui-ci leur enjoignit de prendre de cette boue et de la lui apporter. Il fit placer le bois sur l’autel et sur le bois les sacrifices, puis il aspergea le tout abondamment de façon que tout soit mouillé par l’eau vaseuse. Le peuple étonné et les prêtres scandalisés regardaient et firent cela avec respect uniquement parce que c’était Néhémie qui l’ordonnait. Mais quelle tristesse dans les cœurs ! Quelle méfiance ! Tout comme il y avait des nuages dans le ciel pour rendre le jour maussade, il y avait du doute dans les cœurs pour rendre les hommes mélancoliques.

Mais le soleil dispersa les nuages et ses rayons descendirent sur l’autel ; le bois arrosé d’eau fangeuse s’alluma et produisit un grand feu, qui consuma tout d’un coup le sacrifice pendant que les prêtres récitaient les prières composées par Néhémie et les plus belles hymnes d’Israël jusqu’à ce que tout le sacrifice soit brûlé. Et, pour persuader les foules que Dieu peut aussi faire des prodiges avec les matériaux les moins convenables, mais employés avec une intention droite, Néhémie fit répandre le reste de l’eau sur de grandes pierres. Les pierres arrosées s’enflammèrent et se consumèrent dans la grande lumière qui venait de l’autel.

250.7

Toute âme est un feu sacré placé par Dieu sur l’autel du cœur pour servir à consumer le sacrifice de la vie par amour pour son Créateur. Toute vie est un holocauste, si on la dépense bien, toute journée est un sacrifice qu’il faut consumer par la sainteté.

Mais viennent les pillards, ceux qui accablent l’homme et l’âme de l’homme. Le feu s’enfonce dans le puits profond. Ce n’est pas par quelque sainte nécessité, mais par sottise néfaste. Et là, submergé par les égouts de tous les cloaques des vices, il devient une boue putride et lourde jusqu’à ce qu’un prêtre descende dans ces profondeurs et ramène cette boue à la lumière du soleil en la plaçant sur l’holocauste de son propre sacrifice. Car, sachez-le, l’héroïsme de celui qui doit être converti ne suffit pas, il en faut aussi chez celui qui convertit. C’est même ce dernier qui doit précéder l’autre car les âmes ne se sauvent que grâce à notre sacrifice. Car c’est ainsi qu’on arrive à obtenir que la boue se change en flamme et que Dieu juge parfait et agréable à sa sainteté le sacrifice qui se consume.

Or il ne suffit pas, pour persuader le monde, qu’une fange qui s’est repentie soit encore plus ardente qu’un feu ordinaire, même si c’est un feu consacré – ce feu ordinaire ne servant qu’à brû­ler le bois et les victimes, matières qui conviennent à la combustion – : mais voilà que cette fange repentie devient puissante au point d’allumer et de brûler mêmes les pierres, qui sont incombustibles.

Et vous ne vous demandez pas de qui cette fange tient cette propriété ? Vous ne le savez pas ? Moi, je vous le dis : c’est que dans l’ardeur du repentir, elle se fond avec Dieu, flamme avec flamme ; flamme qui monte, flamme qui descend ; flamme qui s’offre par amour, flamme qui se donne par amour ; étreinte de deux êtres qui s’aiment, se retrouvent, s’unissent en ne faisant qu’un. Or comme la flamme la plus grande est celle de Dieu, elle déborde, surabonde, pénètre, absorbe, et la flamme de la fange repentie n’est plus la flamme relative d’une chose créée, mais la flamme infinie de l’Incréé : du Très-Haut, du Très-Puissant, de l’Infini, de Dieu.

Tels sont les grands pécheurs vraiment convertis, totalement convertis, qui se sont généreusement livrés à la conversion sans rien retenir du passé, brûlant d’abord la partie la plus pesante d’eux-mêmes, par la flamme qui s’élève de leur fange, qui sont allés à la rencontre de la grâce et ont été touchés par elle.

En vérité, en vérité je vous dis qu’en Israël beaucoup de pierres seront pénétrées par le feu de Dieu pour ces fournaises ardentes qui brûleront toujours plus, jusqu’à consumer la nature humaine et qui continueront de brûler les pierres, les tiédeurs, les incertitudes, les timidités de la terre, du haut de leur trône au Ciel, en vrais miroirs ardents surnaturels qui rassemblent les Lu­mières unes et trines pour les faire converger sur l’humanité et l’enflammer de Dieu.

250.8

Je vous répète que je n’avais pas besoin de justifier mes actes, mais j’ai voulu vous faire entrer dans ma pensée afin qu’elle devienne vôtre, pour aujourd’hui et pour d’autres cas semblables à l’avenir quand je ne serai pas avec vous.

Qu’une pensée dévoyée, une suspicion pharisaïque de contaminer Dieu en lui adressant un pécheur repenti ne vous retienne jamais d’accomplir cette œuvre qui est le parfait couronnement de la mission à laquelle je vous destine. Gardez toujours à l’esprit que je ne suis pas venu sauver les saints mais les pécheurs. Et imitez-moi, car le disciple n’est pas au-dessus de son Maître. Or, moi, je ne répugne pas à prendre par la main les rebuts de la terre qui éprouvent le besoin du Ciel – qui l’éprouvent enfin –, pour les amener à Dieu avec une grande joie, car c’est là ma mission, et toute conquête est une justification de mon Incarnation qui mortifie l’Infini. Par conséquent, n’ayez pas de répugnance à en faire autant vous aussi, ô hommes bornés qui avez tous, plus ou moins, connu l’imperfection, puisque vous êtes faits de la même nature que vos frères pécheurs, hommes que je choisis comme sauveurs pour que mon œuvre soit continuée dans les siècles des siècles de la terre, comme si je continuais à y vivre, dans une existence séculaire.

Et il en sera ainsi, car l’union de mes prêtres sera comme la partie vitale du grand corps de mon Eglise, dont je serai l’Esprit animateur ; autour de cette partie vitale se regrouperont toutes les infinies particules des croyants pour former un corps unique qui tirera son nom de mon Nom. Mais si la vitalité manquait dans le groupe sacerdotal, est-ce que ces particules en nombre infini pourraient avoir la vie ? En vérité, grâce à ma présence dans ce corps, je pourrais transmettre ma vie jusque dans les particules les plus éloignées, en laissant de côté les citernes et les canalisations obstruées et inutiles, qui se refusent à leur service. En effet, la pluie descend là où elle veut et les particules bonnes, capables par elles-mêmes de vouloir la vie, partageraient également ma vie. Mais que serait alors le christianisme ? Une proximité d’âmes voisines et pourtant séparées par des canalisations et des citernes qui ne seraient plus un lien qui unit en distribuant à chaque particule le sang vital venu d’un centre unique. Mais il y aurait des murs et des fossés de séparation à travers lesquels les particules se regarderaient avec une hostilité bien humaine, dans une surnaturelle affliction, en se disant dans leur esprit : “ Et pourtant nous étions sœurs, et nous nous sentons encore telles malgré notre division ! ” Une proximité, non pas une fusion, pas un organisme. Et c’est avec douleur que mon amour resplendirait sur cette ruine…

Allons plus loin : ne pensez pas que cela s’applique seulement aux schismes religieux. Non, cela s’applique aussi à toutes les âmes qui restent seules parce que les prêtres refusent de les soutenir, de s’en occuper, de les aimer, en contrevenant à leur mission qui est de dire et de faire ce que je dis et ce que je fais, à savoir : “ Venez à moi, tous, et moi je vous conduirai à Dieu. ”

250.9

Allez en paix maintenant, et que Dieu soit avec vous. »

Les gens se séparent lentement, chacun gagnant la cabane qui doit l’abriter.

Jean d’En-Dor se lève aussi. Il n’a pas cessé de prendre des notes pendant que Jésus parlait, se faisant rôtir par le feu pour avoir la possibilité de voir ce qu’il écrivait. Mais Jésus l’arrête et lui dit :

« Reste un peu avec ton Maître. »

Et il le garde auprès de lui jusqu’à ce que tous soient partis.

« Marchons jusqu’à ce rocher qui se trouve au bord de l’eau. La lune est de plus en plus haute et l’on voit le chemin. »

Jean acquiesce sans rien dire.

Ils s’éloignent à environ deux cents mètres des habitations et s’assoient sur un gros rocher. Je ne sais pas s’il s’agit des restes d’un môle, ou du prolongement d’un écueil qui plonge dans la mer, ou encore de ruines d’une cabane à demi engloutie par les eaux, peut-être une avancée de la côte qui s’est produite au cours des siècles. Je sais que, s’il est possible d’y monter de la petite plage en posant le pied sur des creux et des saillies qui forment des marches, du côté de la mer la paroi descend pour ainsi dire à pic et plonge dans l’eau glauque. Maintenant, d’ailleurs, la marée l’entoure à moitié de vagues qui bouillonnent et frappent légèrement cet obstacle, se retirent en faisant le bruit d’une énorme aspiration puis se taisent un moment pour revenir encore avec un mouvement et un bruit régulier fait de gifles, de clapotis et de silences, comme une musique syncopée.

Ils s’assoient précisément en haut de ce bloc frappé par la mer. La lune trace une voie argentée sur les eaux et donne une teinte bleu sombreà cette mer qui, avant son lever, n’était qu’une vague étendue noirâtre dans le noir de la nuit.

250.10

« Jean, tu ne dis pas à ton Maître la raison pour laquelle ton corps souffre ?

– Tu la connais, Seigneur. Mais ne dis pas : “ souffre ”. Dis plutôt : “ se consume ”. C’est plus exact, et tu le sais. Tu sais aussi qu’il se consume avec joie. Merci, Seigneur. Je me suis reconnu, moi aussi, dans la fange qui devient flamme, mais moi, je n’aurai pas le temps d’allumer les pierres. Mon Seigneur, je vais bientôt mourir. J’ai trop souffert de la haine du monde, et je jubile trop de l’amour de Dieu. Mais je ne regrette pas la vie. Ici, je pourrais encore pécher, manquer à la mission à laquelle tu nous destines. Par deux fois déjà, j’ai manqué dans ma vie : à ma mission d’enseignant, car je devais savoir y trouver de quoi me former moi-même et je ne me suis pas formé ; à ma mission de mari, car je n’ai pas su former ma femme. C’était logique. Je n’avais pas su me former moi-même et je n’ai pu savoir la former. Je pourrais manquer aussi à la mission de disciple. Or je ne veux pas te manquer, à toi. Que soit donc bénie la mort si elle me conduit là où l’on ne peut plus pécher ! Mais si je n’ai pas le sort de disciple enseignant, j’aurai celui de disciple victime, et ce sera celui qui ressemble le plus à ton sort. Tu l’as dit ce soir : “ En se brûlant soi-même en premier. ”

– Jean, est-ce un sort que tu subis ou une offrande que tu fais ?

– Une offrande que je fais, si Dieu ne dédaigne pas la fange qui est devenue feu.

– Jean, tu fais beaucoup de pénitences.

– Les saints aussi, et toi le premier. Il est juste que celui qui a tant à payer en fasse aussi. Mais peut-être trouves-tu que les miennes ne sont pas agréables à Dieu ? Tu me les interdis ?

– Moi, je ne mets jamais d’obstacle aux bonnes aspirations de l’âme pleine d’amour. Je suis venu prêcher par les faits que dans la souffrance se trouve l’expiation, et dans la douleur la rédemption. Je ne puis me contredire.

– Merci, Seigneur. Ce sera ma mission.

250.11

– Qu’écrivais-tu, Jean ?

– Ah, Maître ! Parfois le vieux Félix réapparaît encore avec ses habitudes d’enseignant. Je pense à Marziam. Lui, il a toute une vie pour te prêcher et, vu son âge, il n’assiste pas à tes prédications. J’ai pensé à noter certains enseignements que tu nous a donnés et que l’enfant n’a pas entendus parce qu’il était occupé à ses jeux, ou au loin avec l’un de nous. Dans tes paroles, même les plus petites, il y a tant de sagesse ! Tes conversations familières sont déjà un enseignement, et justement sur les choses de chaque jour, de chaque homme, sur ces petits détails qui, au fond, sont les grandes choses de la vie car leur ensemble forme une somme importante qui exige patience, constance, résignation pour être accomplies avec sainteté. Il est plus facile d’accomplir un grand et unique acte d’héroïsme que des milliers de petites choses qui exigent une constante application de la vertu. Pourtant, on n’arrive pas à faire cet acte important, soit dans le mal soit dans le bien – je le sais pour le mal –, si l’on n’accumule pas longuement de petits actes, en apparence insignifiants. J’ai commencé à tuer lorsque, las des frivolités de ma femme, je l’ai pour la première fois regardée avec mépris. C’est pour Marziam que j’ai noté tes petites explications.

Et, ce soir, j’ai désiré noter ton grand enseignement. Je laisserai mon travail à l’enfant pour qu’il se souvienne de moi, le vieux maître, et pour qu’il ait aussi ces enseignements qu’il n’aurait pas sinon. Son splendide trésor. Tes paroles. Me le permets-tu ?

– Oui, Jean. Mais sois en paix sur tout, comme cette mer. Vois-tu ? Pour toi ce serait trop accablant de subir l’ardeur du soleil, et la vie apostolique est vraiment une ardeur. Tu as tant lutté dans ta vie ! Maintenant, Dieu t’appelle à lui sous ce paisible clair de lune qui apaise et purifie toutes choses. Marche dans la douceur de Dieu. Je te le dis : Dieu est content de toi. »

Jean d’En-Dor prend la main de Jésus, la baise et murmure :

« Et pourtant il aurait été beau aussi de dire au monde : “ Viens à Jésus ! ”

– Tu le diras du paradis. Toi aussi, tu seras un miroir ardent. Allons, Jean, je voudrais lire ce que tu as écrit.

– Voici le rouleau, Seigneur. Et, demain, je te donnerai l’autre sur lequel j’ai noté tes autres paroles. »

Ils descendent de leur écueil et, dans la blancheur resplendissante du clair de lune qui a changé en argent les cailloux de la rive, ils reviennent aux habitations. Ils se saluent, Jean en s’agenouillant, Jésus en le bénissant de la main qu’il lui pose sur la tête en lui donnant sa paix.

250.1

É justamente às margens da profunda torrente, que Jesus vai encontrar Isaque, com muitos discípulos conhecidos e desconhecidos.

Entre os conhecidos estão o sinagogo de Águas Belas, Timoneu; José, acusado de incesto em Emaús; o jovem que deixou de ir sepultar o pai para acompanhar Jesus; Estêvão; o leproso Abel, purificado um ano antes, perto de Corozaim com o seu amigo Samuel. Aí está também o barqueiro de Jericó, Salomão e muitos outros e outros, que eu reconheço, mas dos quais não me recordo absolutamente do lugar onde os vi, nem de seus nomes. São rostos conhecidos e já são tantos, tantos conhecidos como rostos de discípulos. E depois outros, que são conquistas de Isaque, ou dos próprios discípulos nomeados acima, que acompanham o núcleo principal, enquanto estão esperando um encontro com Jesus.

O encontro vai ser afetuoso, alegre e respeitoso. Isaque está radiante em sua alegria por ver o Mestre e para poder mostrar-lhe o seu rebanho novo. E, como prêmio, ele pede uma palavra de Jesus para o grupo que ele tem consigo.

– Sabes de algum lugar tranquilo onde possamos reunir-nos?

– Na extremidade do golfo há uma praia deserta, na qual há caminhos de pescadores e que não são frequentadas nesta estação, porque elas são insalubres e porque a estação da pesca dos peixes a serem salgados já terminou. Agora eles vão para a Siro-Fenícia pescar moluscos. Muitos deles já creem em Ti, por terem te ouvido falar nas cidades marítimas e por terem encontrado os discípulos e eles têm me cedido as casinhas para o nosso repouso. Voltamos para cá, depois de uma missão. Porque há muito que fazer nesta costa.. Ela está totalmente corrompida em tantas coisas. Eu gostaria de chegar até a Siro-Fenícia, e poderia fazê-lo por mar, porque o litoral está muito abrasado pelo sol, para que se possa ir por ele a pé. Mas eu sou pastor, não sou marinheiro e entre estes não há ninguém que saiba trabalhar com a vela.

Jesus o ouve atentamente, com um leve sorriso, e está um pouco inclinado, pois Ele fica muito alto, quando está à frente do pequeno pastor que, como um soldado, está referindo tudo ao seu general, e lhe responde:

– Deus te ajuda pela tua humildade. Se Eu aqui sou conhecido, é por causa de ti, discípulo, e não por causa de outros.

250.2

Agora vamos perguntar aos do lago se estão dispostos a velejar pelo mar e iremos, se pudermos, à Siro-Fenícia.

Jesus se vira, então, à procura de Pedro, André, Tiago e João que estão em animada conversação com alguns discípulos enquanto Judas Iscariotes está atrás, cumprimentando Estêvão, e Zelotes com Bartolomeu e Filipe, estão perto das mulheres. Os outros quatro estão perto de Jesus.

Os quatro pescadores chegam logo.

– Estais dispostos a viajar de barca pelo mar? –pergunta-lhes Jesus.

Os quatro olham-se um ao outro, perplexos. Pedro começa a despentear o cabelo, enquanto reflete. Depois pergunta:

– Mas, para onde? Muito ao largo, no mar? Mas nós somos peixes de água doce…

– Não, ao longo da costa, até Sidon.

– Eu acho que se pode. Que dizeis a isso?

– Eu também acho. Mar ou lago sempre é a mesma coisa: é água –diz Tiago.

– Ou melhor: será mais belo e fácil –diz João.

– Eu não sei por que o julgas assim –lhe responde seu irmão.

– Por seu amor ao mar. Quem ama uma coisa, vê tudo o que é bom nela. Se tu amasses assim uma mulher, serias um esposo perfeito –caçoa Pedro, sacudindo afetuosamente João.

– Não. Eu digo porque em Ascalon vi que as manobras são iguais, e a navegação é muito serena –responde João.

– Então, vamos! –exclama Pedro.

– Mas seria sempre melhor levarmos alguém do lugar. Nós não conhecemos este mar nem a profundidade das águas por aqui –observa Tiago.

– Oh! Eu nem penso nisso! Nós temos Jesus conosco! Antes, eu não me sentia seguro, mas depois que Ele acalmou o lago! Vamos, vamos com o Mestre a Sidon. Talvez haja coisas boas a fazer –diz André.

– Então, iremos. Tu procurarás as barcas para amanhã. Faze que Judas de Simão te dê a bolsa.

250.3

E juntos, misturados os apóstolos e os discípulos, — e não se pode dizer em que festa estão, e são aqueles que já são bem conhecidos de Jesus — voltam por onde vieram, e se dirigem à cidade, andando ao redor dela pela periferia, até alcançarem a ponta extrema da baía, que se projeta como braço encurvado para o mar. Os poucos casebres, espalhados pela costa, saibrosa e curta, representam a parte mais miserável da cidade, a mais despovoada, e onde se fica só de passagem. Agora as casinhas são cubos com paredes roídas pela salinidade e pela velhice, todas fechadas e, quando os discípulos as vão abrindo, vão mostrando sua miséria enfumaçada e seus móveis reduzidos só mesmo ao mínimo indispensável.

– Aí estão elas. São muito cômodas e limpas, ainda que não sejam bonitas –diz Isaque que lhes faz honra.

– Bonitas não são, mas pobrezinhas. Em Águas Belas havia um palácio real, em comparação. E ainda havia quem se queixasse! –resmunga Pedro.

– Mas para nós são uma fortuna.

– Certo, muito bem! O que importa é ter um teto, e nos querermos bem. Oh! Olha aqui nosso João. Como vais? Onde estavas?

Mas João de Endor, ainda que, sorrindo para Pedro, vai correndo prestar sua veneração a Jesus, que o saúda com palavras muito boas.

– Eu não mandei que ele viesse, porque ele não estava bem… Acho melhor que ele fique aqui. Ele sabe tratar bem com os da cidade e com quem pede notícias do Messias… –diz Isaque.

De fato, o homem de Endor está muito mais magro do que antes. Mas seu rosto está sereno. O emagrecimento torna mais delicados os seus modos, pelos quais ele nos leva a pensar em alguém que já está sofrendo o martírio duplo da carne e do espírito.

Jesus o observa e lhe pergunta:

– Estás doente, João?

– Não mais do que estava, antes de te ver. Isto, quanto à carne. Mas na alma, se é que eu me julgo bem, vou ficando curado das minhas feridas particulares.

Jesus olha ainda para o olhar pacífico dele, para aquela fronte escavada nas têmporas, e não diz mais nada. Mas põe-lhe a mão sobre o ombro e entra com ele em uma casinha, para onde foram levadas bacias com água do mar, para refrescarem os pés cansados, e moringas de água fresca para matarem a sede, enquanto lá fora, sobre uma mesa rústica, à sombra de um suporte de plantas trepadeiras, estão sendo preparadas as mesas. E é bonito, enquanto o crepúsculo vem descendo e o mar murmura as orações da tarde com leve marulhar da ressaca sobre a praiazinha saibrosa, ver a cena de Jesus com as mulheres e os apóstolos, sentados à rústica mesa, enquanto os outros, parte sentados no chão, e outra parte em cadeiras ou cestas emborcadas, fazem um círculo ao redor da mesa principal. Depressa acabou a ceia, e mais depressa ainda foi tirada a mesa, porque os pratos eram muito poucos e só para os hóspedes mais importantes. O mar tornou-se já de um anil azul escuro em uma noite ainda sem luar. Toda sua majestade se revela é nesta hora triste e solene, própria das costas marinhas.

250.4

Jesus, com toda sua altura, vestido de branco por entre as sombras cada vez mais escuras, levanta-se da mesa e vai para o meio do pequeno grupo de discípulos, enquanto as mulheres se retiram. Isaque e algum outro vão acendendo sobre a areia pequenas fogueiras para alumiar a noite ou para conservar longe as nuvens de pernilongos, que parecem estar vindo dos brejos próximos.

– A paz esteja com todos vós.

A misericórdia de Deus nos une, antecipando-se ao tempo fixado e dando uma recíproca alegria aos nossos corações. Eu perscrutei todos estes vossos corações moralmente bons, como demonstra o fato de estardes aqui, à minha espera, para que Eu vos forme, espiritualmente ainda imperfeitos, como o demonstram certas reações vossas, que mostram como em vós ainda perdura o velho homem de Israel, com todos os seus conceitos e preconceitos, e ainda não saiu disso, como a borboleta sai da larva, o homem novo, o homem do Cristo, que do Cristo recebe a ampla, a luminosa e misericordiosa mentalidade, e ainda mais ampla, a caridade. Mas não vos sintais molestados, se Eu vos perscrutei e vos li em todos os vossos segredos. Um Mestre deve conhecer os seus alunos, para poder corrigi-los em seus defeitos, e, podeis crer-me, se ele é um bom mestre, não fica aborrecido com os mais defeituosos, mas pelo contrário, para eles ele se inclina mais, a fim de melhorá-los. E vós sabeis que Eu sou um bom Mestre.

E agora vamos ver juntos essas reações e esses preconceitos. Procuremos considerar juntos o motivo pelo qual aqui estamos, e a alegria que este fato de estarmos juntos nos dá. Saibamos bendizer ao Senhor, que sempre do bem de alguém em particular, obtém também um bem coletivo.

250.5

Eu ouvi dos vossos lábios a vossa admiração por João de Endor e vossa admiração maior ainda por ele se professar um pecador convertido, e porque sobre aquela sua antiga qualidade e sobre esta nova é que ele apoia a sua tese de pregação àqueles que ele quer trazer a Mim. É verdade. Ele era um pecador. Agora é um discípulo. Muitos de vós já vieram ao Messias por meio dele. Vede, pois, que justamente com aqueles meios, que o velho homem de Israel desprezaria, é que Deus cria o novo povo de Deus.

Agora Eu vos peço que deixeis de julgar, com juízo doentio, a presença de uma irmã, que o velho Israel não compreende como possa ser discípula. Eu ordenei que as mulheres fossem descansar. Mas não foi somente o desejo de dar-lhes repouso, mas o de poder dar-vos uma santa avaliação do que é uma conversão, e de impedir que cometais pecado contra o amor e contra a justiça. Foi esta a razão pela qual dei aquela ordem, que certamente entristeceu as discípulas.

Maria de Magdala, a grande pecadora de Israel, a que não tinha desculpas para o seu pecado, voltou para o Senhor. E de quem haverá ela de esperar fé e misericórdia, senão de Deus e dos servos de Deus? Todo Israel, e com Israel os estrangeiros que estão entre nós, aqueles que bem a conhecem e a julgam com severidade, agora que ela não é mais cúmplice deles em suas devassidões, criticam esta ressurreição e zombam dela.

Ressurreição. É a palavra mais exata. Ressuscitar uma carne, não é o maior milagre. Este é um milagre sempre relativo, porque destinado a ser um dia anulado pela morte. Eu não dou imortalidade ao que ressuscitou na carne, mas dou eternidade ao ressuscitado no espírito. E, enquanto um morto na carne não une a sua vontade de ressurgir à minha, e por isso não existe mérito de sua parte, no ressuscitado no espírito está presente a sua vontade, e ela é até a primeira a estar presente. Por isso, não está ausente o mérito do ressuscitado.

Não vos digo isto para justificar-me. Somente a Deus devo prestar contas de minhas ações. Mas vós sois os meus discípulos. Os meus discípulos hão de ser segundos Jesus. Não deve haver neles nenhuma ignorância e nenhuma daquelas inveteradas culpas, pelas quais muitos estão unidos a Deus somente de nome.

250.6

Tudo é capaz de boas ações. Até as coisas aparentemente menos aptas para sê-lo. Quando uma matéria se apresenta à vontade de Deus, ainda que fosse a mais inerte, gelada, suja, pode transformar-se em movimento, chama, beleza pura.

Eu vos cito uma comparação tirada do[1] livro dos Macabeus.

Quando Neemias foi reenviado pelo rei da Pérsia a Jerusalém, no Templo reconstruído e no altar purificado quiseram que se oferecessem os sacrifícios. Neemias se lembrava de como, no momento da captura por parte dos persas, os sacerdotes que se ocupavam do culto de Deus foram apanhar o fogo do altar e o esconderam em um lugar secreto, no fundo de um vale, em um poço profundo e seco, e fizeram isso tão bem e tão secretamente, que só eles ficaram sabendo onde estava o fogo sagrado. Disto se lembrava Neemias e, lembrando-se disso, tomou os netos daqueles sacerdotes, para que fossem àquele lugar que, antes de morrer, os sacerdotes haviam revelado aos seus próprios filhos, transmitindo assim o segredo de pais para filhos, e lá apanhassem o fogo do sacrifício. Mas, descendo os netos ao poço secreto, não acharam fogo mas densa água, lodo podre, pesado, que chegou até ali, depois de se ter filtrado de todas as cloacas entupidas da Jerusalém devastada. E eles foram dizer isso a Neemias. Mas ele ordenou que fosse apanhada aquela água e lhe levassem. E feito pôr a lenha sobre o altar, sobre a lenha, os sacrifícios, aspergiu abundantemente tudo, para que todas as coisas ficassem aspergidas com aquela água lodosa. O povo espantado e os sacerdotes escandalizados olharam e fizeram aquilo com respeito, somente porque era Neemias que estava mandando. Mas quanta tristeza nos corações! Quanta desconfiança! Como no céu havia nuvens a tornar triste o dia, assim nos corações a dúvida a tornar melancólicos os homens. Mas o sol rompeu as nuvens e desceu com os seus raios sobre o altar, e a lenha, borrifada com a água lodosa, se acendeu com grande fogo e logo consumiu o sacrifício, enquanto os sacerdotes rezavam, com as orações compostas por Neemias e com os hinos mais belos de Israel, até que se queimou todo o sacrifício. E, para persuadir à multidão de que Deus pode, mesmo com as matérias menos adequadas, mas usadas para um fim reto, produzir prodígios, Neemias ordenou que o resto da água fosse derramado sobre grandes pedras. E as pedras molhadas também soltaram chamas, e nestas elas se consumiram, desaparecendo na grande luz que vinha do altar.

250.7

Cada alma é um fogo sagrado posto por Deus no altar do coração, a fim de que sirva para queimar o sacrifício da vida, com amor ao Criador da mesma. Cada vida é um holocausto, se for bem usada, e cada dia é um sacrifício a ser consumado com santidade. Mas, vêm os salteadores, os opressores do homem e de sua alma. O fogo se afunda no fundo do poço. E isso, não por alguma necessidade santa, mas por alguma estultícia nefasta. E lá, submerso durante séculos por todas as sentinas dos vícios, torna-se ele lama podre e pesada, até que desça naquela profundeza um sacerdote, e leve de novo para a luz do sol aquela lama, colocando-a sobre o holocausto do seu próprio sacrifício. Porque, ficai sabendo, não basta o heroísmo a quem quer se converter. Exige-se também o de quem quer convertê-lo. Digo até que este deve preceder àquele, porque as almas se salvam é pelo nosso sacrifício. Porque é assim que se consegue que a lama se transforme em chama e Deus julgue perfeito e agradável à sua santidade o sacrifício que se consuma.

É então que, não bastando ainda para persuadir ao mundo que uma lama arrependida é ainda mais ardente do que fogo comum, ainda que seja fogo consagrado, pois o fogo comum só serve para queimar lenha e vítimas, isto é, matérias adequadas para serem queimadas, eis que esta lama arrependida se torna tão poderosa, que acende e queima até as pedras, que são materiais incombustíveis.

E não vos pergunteis de onde vem a esta lama tal propriedade? Não sabeis?

Eu vo-lo digo: porque, no ardor do arrependimento, eles se fundem com Deus, chama com chama. Chama que sobe, chama que desce. Chama que se oferece amando, chama que se concede amando. Abraço de dois que se amam, que se reencontram, que se unem, fazendo uma só coisa. E, uma vez que a chama maior é a de Deus, esta transborda, domina, penetra, absorve, e a chama do barro arrependido não é mais a chama relativa de uma coisa criada, mas a chama infinita de uma Coisa Incriada, do Altíssimo, Potentíssimo, Infinito, de Deus.

Isto é que são os grandes pecadores, verdadeiramente convertidos, que generosamente se entregaram à conversão, sem nada guardarem do passado, queimando como primeira coisa a si mesmos, em sua parte mais pesada, com a chama que se levanta de sua lama, tendo corrido ao encontro da Graça, e movidos por Ela. Em verdade, em verdade Eu vos digo que muitas pedras em Israel serão atacadas pelo fogo de Deus, por meio destas fornalhas ardentes que queimarão sempre mais, até a consumação da criatura humana e que continuarão a queimar as pedras, tibiezas, incertezas, timidezes da Terra, lá do seu trono no Céu, como verdadeiros espelhos ardentes sobrenaturais, que recolhem as Luzes Unas e Trinas para fazê-las convergir sobre a humanidade e acendê-las em Deus.

250.8

Eu vos repito que não tinha necessidade de justificar as minhas ações, mas Eu quis que penetrásseis no meu conceito e o fizésseis vosso. Por enquanto, e para outros casos futuros semelhantes, quando Eu já não estiver convosco.

Um conceito errôneo, uma suspeita farisaica de contaminar a Deus, levando-lhe um pecador arrependido, não vos impeça nunca de fazer esta obra, que é um coroamento perfeito da missão a que Eu vos destino. Tende sempre presente que Eu não vim salvar os santos, mas os pecadores. E fazei vós de modo semelhante, porque o discípulo não é mais do que o Mestre e, se Eu não tenho repugnância de tomar pela mão os refugos da Terra, que sentem necessidade do Céu, que a sentem finalmente, jubilosos; então, Eu os levo para Deus, porque esta é a minha missão e, se toda conquista é uma justificação da minha Encarnação, que mortifica o Infinito, não tenhais repugnância em fazê-lo vós também, ó homens limitados que, mais ou menos todos conhecestes a imperfeição, feitos vós da mesma natureza que os vossos irmãos pecadores, homens que Eu elejo como salvadores, para que seja continuada a minha obra nos séculos dos séculos da Terra, como se Eu estivesse continuando a viver nela em uma existência secular.

E tal será, porque a união dos meus sacerdotes será como a parte vital do grande corpo da minha Igreja, da qual Eu serei o Espírito animador e, ao redor dessa parte vital, concentrar-se-ão todas as infinitas partículas dos que creem, a formar um único corpo, que do meu Nome tirará o seu nome. Mas, se faltasse a vitalidade na parte sacerdotal, poderiam ter vida as infinitas partículas? É verdade que Eu, enquanto estou aqui, poderia estender a minha Vida até às partículas mais longínquas, deixando de lado as cisternas e os canais entupidos ou inúteis, que opõem resistência ao ministério deles. Porque a chuva cai onde quer e as partículas boas, capazes por si mesmas de querer a vida, viveriam do mesmo modo a minha Vida. Mas, que seria, então, o cristianismo? Apenas uma vizinhança de umas almas com outras. Vizinhas e, no entanto, separadas por canais e cisternas, que já não são um laço de união, distribuindo a cada partícula o sangue vital, que vem de um centro único. Mas haveria muros e precipícios de separação, através dos quais as partículas se olhariam, humanamente hostis umas às outras, sobrenaturalmente aflitas, dizendo em seus espíritos: “Contudo, nós éramos irmãos e tais ainda nos sentimos, por mais que nos tenham separado!” Há uma vizinhança. Não uma fusão. Não um organismo. E, sobre esta ruína, resplandeceria, doloroso, o meu amor…

E ainda. Não penseis que isto valha somente para os cismas religiosos. Não. Vale também para todas as almas que ficam sozinhas, porque os sacerdotes se recusam a ampará-las, a ocupar-se com elas, a amá-las, indo contra a sua missão, que é a de dizer e de fazer o que Eu digo e faço, isto é: “Vinde a Mim vós todos, que Eu vos conduzirei a Deus.”

250.9

Ide agora em paz, e Deus esteja convosco.

O povo se dispersa lentamente, indo cada um para as casinhas que os hospedam. Levanta-se também João de Endor, que sempre tomou apontamentos, enquanto Jesus estava falando, deixando-se atormentar pela proximidade do fogo para poder ver o que estava escrevendo. Mas Jesus o faz parar, dizendo-lhe:

– Fica um pouco com o teu Mestre.

E o conserva perto de Si, até que todos se tenham afastado.

– Vamos até aquela pedra à beira d’água. A lua já vai ficando mais alta, e já se pode ver o caminho.

João concorda, sem nada responder. Afastam-se uns duzentos metros, mais ou menos, das casas, assentam-se em uma grande pedra, que eu não sei se são os escombros de um molhe ou a última ponta de algum recife, que se afundou no mar, ou então as ruínas de algum casebre meio engolido pelas águas, que talvez tivessem avançado, durante séculos, pelo litoral adentro. Só sei que da pequenina praia pode-se subir, apoiando os pés em buracos e saliências, que formam como que degraus, do lado do mar, a parede desce quase reta, e mergulha na água azul. Neste momento, porém, por causa da maré, este obstáculo está rodeado de água, que resmunga e o esbofeteia levemente, depois foge, soltando um som como o de uma grande expiração, para calar-se em seguida por um momento e voltar outra vez, sempre com um movimento e um som regulares, produzido por novas bofetadas, expirações e silêncios, como em uma música sincopada. Assentam-se exatamente no alto do rochedo batido pelo mar. A lua está fazendo uma estrada prateada sobre a superfície das águas, e faz que o mar fique de um azul muito escuro e que, antes do surgir do astro, não era mais do que uma vastidão tenebrosa, dentro de uma noite sem luz.

250.10

– João, não dizes ao teu Mestre a causa por que está sofrendo o teu

corpo?

– Tu o sabes, Senhor. Mas não digas “está sofrendo.” Dize: “Está se consumindo.” É mais exato, e Tu sabes, e sabes que ele se consome com alegria. Obrigado, Senhor. Eu também me reconheço na lama que se torna chama. Mas eu não terei tempo de acender as pedras. Meu Senhor, eu morrerei logo. Muito eu sofri pelo ódio do mundo e muito eu me alegro pelo amor de Deus. Mas eu não me queixo da vida. Aqui eu poderia ainda pecar e faltar com a missão a que nos destinas. Duas vezes eu já faltei em minha vida. A minha missão de mestre, porque nela eu devia saber encontrar com que formar a mim mesmo e não me formei. A minha missão de marido, porque eu não soube formar minha mulher. Mas era lógico: se eu não havia sabido formar a mim mesmo, não podia formá-la. Eu poderia faltar também à minha missão de discípulo. E faltar para contigo, eu não quero. Seja, pois, bendita a morte, se ela vem levar-me para onde não se pode pecar! Mas, se eu não tiver a sorte do discípulo que ensina, terei a sorte do discípulo que é vítima, e essa será a que mais se parece com a tua. Tu disseste esta tarde: “Queimando, em primeiro lugar, a si mesmos.”

– João, é uma sorte que suportas, ou é uma oferta que fazes?

– Uma oferta que faço, se é que Deus não despreza a lama que se faz fogo.

– João, tu já fazes muitas penitências.

– Os Santos as fazem, a começar por Ti. É justo que as faça aquele que tem muito que pagar. Mas Tu talvez aches que as minhas não são agradáveis a Deus? Proíbes que eu as faça?

– Eu nunca crio obstáculos para as boas aspirações de uma alma enamorada. Eu vim para pregar com fatos que no sofrimento está a expiação e na dor está a redenção. Eu não posso contradizer-me.

– Obrigado, Senhor. Será a minha missão!

250.11

– Que escrevias, João?

– Oh! Mestre! Algumas vezes o velho Félix reaparece com seus hábitos de mestre. E fico pensando em Marziam. Ele tem uma vida inteira para pregar o teu nome, mas ele não está, por sua idade, presente às tuas pregações. Fiquei pensando em anotar certos ensinamentos que Tu nos deste, e que o menino não ouviu, ocupado em seus brinquedos, ou longe de Ti com um de nós. Nas tuas palavras, até nas menores, há tanta sabedoria! As tuas conversações familiares são já um ensinamento e tratam das coisas de cada dia, a respeito de coisas bem pequeninas, mas que são as mais importantes da vida, porque acumulando-se, as pequeninas formam uma grande soma, que exige paciência, constância, resignação, para que a vida seja vivida com santidade. Mais fácil é cumprir um grande, e fazer um grande e único ato heroico, do que mil e dez mil pequenas coisas, que exigem uma constante presença da virtude. E, no entanto, não se chega ao ato grande, tanto no mal, como no bem, — e eu sou atraído pelo mal,— se não se faz o exercício de acumular pequenos atos por muito tempo, atos aparentemente insignificantes. Eu comecei a matar, quando, cansado da frivolidade de minha mulher, olhei para ela com o primeiro olhar de desprezo. Para Marziam eu anotei as tuas pequenas lições. E esta tarde eu senti desejo de anotar a tua grande lição. Deixarei o meu trabalho para o menino, a fim de que ele se recorde de mim, o velho mestre, e para que ele tenha o que de outro modo não teria. É o seu esplêndido tesouro. As tuas palavras. Tu dás licença?

– Sim, João. Mas fica em paz em tudo, como este mar. Estás vendo? Para ti seria abrasador andar ao ardor do sol, pois a vida apostólica já é um verdadeiro ardor. Já lutaste tanto em tua vida. Deus te está chamando a Si neste plácido luar, que tudo ameniza e purifica. Caminha na doçura de Deus. E Eu te digo: Deus está contente contigo.

João de Endor pega a mão de Jesus e a beija, murmurando:

– Contudo, teria sido também bonito dizer ao mundo: “Vem a Jesus!”

– Tu dirás isso lá do Paraíso, sendo tu também um espelho ardente. Vamos, João. Eu gostaria de ler o que escreveste.

– Aqui está, Senhor. E amanhã eu te darei o outro rolo, no qual anotei as tuas palavras.

Descem do seu rochedo e, em um alvíssimo luar, que transformou em prata o saibro da margem, voltam para as casas. E saúdam-se, João inclinando-se e Jesus abençoando-o, com a mão colocada sobre a cabeça dele e dando-lhe a sua paz.


Notes

  1. tirée de 2M 1, 18-36.

Notas

  1. tirada do 2 Macabeus 1,18-36.