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C’est justement sur les rives du torrent profond que Jésus trouve Isaac avec de nombreux disciples, connus et inconnus. Parmi ceux qui sont connus, il y a le chef de la synagogue de la Belle Eau : Timon, Joseph d’Emmaüs qu’on avait accusé d’incest, le jeune homme qui avait renoncé à l’ensevelissement de son père pour suivre Jésus, Etienne, Abel, le lépreux purifié l’année précédente près de Chorazeïn avec son ami Samuel, il y a aussi Salomon, le passeur de Jéricho, et encore une foule d’autres personnes que je reconnais, mais dont je ne me rappelle vraiment pas l’endroit où je les ai vus ni les noms. Visages connus – et désormais il y en a tant ! –, tous connus comme visages de disciples. Et puis d’autres, conquis par Isaac ou par les disciples eux-mêmes que je viens de nommer, qui suivent le groupe principal en espérant trouver Jésus.
La rencontre est affectueuse, joviale et respectueuse. Isaac rayonne de joie de voir le Maître et de lui montrer son nouveau troupeau et, comme récompense, il demande une parole de Jésus pour la foule qu l’accompagne.
« Connais-tu un endroit tranquille où l’on puisse se réunir ?
– A l’extrémité du golfe, il y a une plage déserte où se trouvent des cabanes de pêcheurs, vides en cette saison parce que malsaines, et aussi parce que la saison de la pêche des poissons pour la salaison est terminée, si bien qu’ils vont en Syro-Phénicie pêcher la pourpre. Beaucoup d’entre eux croient déjà en toi pour t’avoir entendu parler dans les villes du bord de mer ou pour avoir trouvé les disciples, et ils m’ont cédé leurs cabanes pour nous y reposer. Nous y revenons après une mission. Il y a en effet beaucoup à faire sur cette côte. Elle est totalement corrompue par bien des choses. Je voudrais arriver jusqu’à la Syro-Phénicie, et ce serait possible par la mer car la côte est trop brûlée par le soleil pour la parcourir à pied. Mais je suis berger, pas marin, et parmi ceux-ci il n’y en a pas un qui sache diriger un bateau à voile. »
Jésus écoute attentivement avec un léger sourire. Il est un peu penché, lui qui est si grand, devant le petit berger qui, comme un soldat, rapporte tout à son général. Il répond :
« Dieu t’aide en raison de ton humilité. Si je suis connu ici, mon disciple, c’est par toi, pas par les autres.