Os Escritos de Maria Valtorta

532. Préparatifs pour la fête des Encénies.

532. Preparativos para as Encênias. Uma prostituta

532.1

Les peuples considérés dans leur ensemble, et les hommes individuellement, sont toujours un peu enfants et un peu sauvages, ou du moins primitifs, très sensibles par conséquent à tout ce qui sent la nouveauté, l’extraordinaire, et a un air de fête.

L’approche des solennités a toujours le pouvoir d’exalter les hommes, comme si la festivité faisait disparaître ce qui les rend tristes et las. Un je-ne-sais-quoi d’entrain, de surexcitation, frappe tout le monde, comme si cette proximité ressemblait au tam-tam des sauvages lors de leurs fêtes idolâtres ou de leurs entreprises belliqueuses.

A quelques jours des Encénies, les apôtres sont dans cet état d’euphorie. Bavards, joyeux, ils se mettent à faire des projets, à rappeler les fêtes passées. Un peu de mélancolie marque les conversations, mais ensuite l’air de fête les reprend et les pousse à agir pour que tout soit beau pendant la solennité.

Les lampes dans la maison de Jean sont-elles peu nombreuses ? Oh ! la maison de Thomas à Rama en est pleine ! Et Thomas va a Rama prendre des lampes. L’huile n’est pas abondante ? Peu importe : Elise a beaucoup d’huile à Bet-Çur, et elle l’offre. Aussitôt André et Jean partent pour Bet-Çur en chercher. Il faut un feu doux de brindilles pour cuire les fouaces ? Voici les deux Jacques qui vont parcourir les collines pour en ramasser. Il semble qu’il y ait peu de farine, d’orge et de miel pour les plats rituels ? Et que fait Nikê à Jérusalem, elle qui s’est presque offensée de ce que l’on ne lui demande jamais rien, si ce n’est pour donner de son miel blond, de la farine et de l’orge de son beau domaine ? Pierre et Simon le Zélote partent chez elle tandis que Jude aide Elise à embellir la maison. Partageant la même allégresse, le vieux Barthélemy, aidé de Philippe, donne une bonne couche de chaux à la cuisine enfumée pour la rendre plus gaie.

Judas se réserve la partie décorative et ne cesse de revenir avec des branches à feuillage persistant garnies de baies odorantes, et il les dispose avec grâce sur les étagères et autour du manteau du foyer.

Et, la veille des Encénies, la maisonnette semble préparée pour accueillir une épouse, tant elle paraît changée, avec sa brillante vaisselle de cuivre, ses lampes qui éclairent comme autant de soleils, ses rameaux joyeux sur les murs blanchis, tandis que l’odeur du pain et des fouaces se répand dans l’air déjà parfumé par les rameaux coupés.

Jésus laisse faire. Il paraît bien loin de tous, très pensif, triste même. Il répond à ceux qui l’interrogent, et quémandent un compliment pour ce qu’ils ont fait. Ce sont ces questions qui me permettent de reconstituer les travaux accomplis par les disciples : “ N’ai-je pas eu une bonne idée, moi, d’aller à la maison prendre des lampes ? ” ; ou : “ Avons-nous bien fait, Philippe et moi, de tout blanchir ? C’est clair et gai, et la pièce paraît plus grande ” ; ou encore : “ Tu vois, Maître ? Elise est contente. Il lui semble être dans sa maison du temps de ses fils. Aujourd’hui, elle chantait en remplissant d’huile les lampes, en pétrissant son miel dans la farine et en le délayant dans le lait pour l’orge ” ; et encore : “ Elchias dira ce qu’il voudra, mais un peu de verdure, cela fait bien. D’ailleurs… si le Créateur a fait les branchages, c’est pour que nous nous en servions, n’est-ce pas ? ” Mais si Jésus répond aussi à ces questions, qui expriment une soif d’éloge, sa pensée est absente. Et cela se voit.

532.2

La nuit tombe. Avant de partir s’enfermer dans leurs maisons, les habitants passent la tête dans la cuisine pour saluer une dernière fois le Maître, puis le silence s’établit à Nobé. C’est l’heure du dîner, l’heure du repos pour les enfants et pour les vieillards, pour tous ceux que la maladie ou l’âge rend délicats.

Ce doit être l’usage de faire des cadeaux pour les Encénies. Je vois en effet qu’à peine le vieux Jean s’est retiré dans sa petite pièce près de la cuisine, Elise et les apôtres se mettent à finir l’une un vêtement, les autres des objets utiles taillés dans le bois, et un rideau en filet, avec des ficelles teintes en rouge, vert, jaune et indigo, travail spécial des pêcheurs.

Thomas, Matthieu, Barthélemy et Simon le Zélote s’occupent à regarder.

« Voilà. J’ai fini, » dit Elise en se levant et en secouant le vêtement pour le débarrasser des fils qui pouvaient y rester.

« Cela lui tiendra chaud, pauvre vieux ! s’exclame Pierre en palpant l’étoffe. Ah ! sans les femmes, nous, les hommes, nous sommes vraiment malheureux. Je me demande, sans toi, à quoi nous serions réduits après des mois d’absence de la maison. Je suis capable de faire cela, mais s’il fallait accrocher une boucle !…

– Tu as été rapide, toi aussi. Tu ressembles à mon épouse, déclare Barthélemy.

– Moi aussi, j’ai fini. Le bois était bon, facile à découper et en même temps résistant, dit Jude en déposant sur la table sombre une boîte pouvant servir au sel ou aux épices.

– Mon œuvre, au contraire, est encore inachevée. Il y a une veine dure qui ne veut pas se laisser travailler. Je regretterais de ne pas parvenir à tout terminer. C’était beau, ces veines sombres sur le bois plus clair. Regarde, Jésus : ne font-elles pas penser à des sommets de montagnes peints sur du bois ? » demande Jacques, fils d’Alphée.

Il montre une espèce de vase dont je ne sais à quel usage il peut être destiné, d’une forme vraiment élégante, avec un couvercle en forme de dôme et des veines gracieuses sur la panse et le couvercle. Mais c’est justement sur le couvercle, près de la poignée, que le bois résiste avec opiniâtreté.

« Insiste, insiste, tu y arriveras. Chauffe le fer au rouge. Tu attaqueras la fibre et tu réussiras. Une fois enlevée la première couche…, répond Jésus, qui a observé.

– Mais ne va-t-il pas s’abîmer avec le feu ? demande Matthieu.

– Non, s’il s’en sert habilement. Du reste, il n’y a que ce moyen, sinon il faudra tout jeter. »

Jacques chauffe le poinçon coupant, puis approche la pointe rougie de l’endroit qui résiste. Odeur de bois brûlé…

« Assez ! Maintenant travaille et tu vas réussir » dit Jésus.

Pour aider son cousin, il tient le couvercle serré comme dans un étau. A deux reprises, la lame glisse et effleure les doigts de Jésus.

« Enlève ta main, mon Frère. Je ne voudrais pas te blesser… » dit Jacques.

Mais Jésus continue à tenir le vase. La troisième fois, le ciseau fait saigner le pouce de Jésus.

« Voilà ! Tu vois ? Tu t’es fait mal ! Laisse-moi voir !

– Ce n’est rien. Deux gouttes de sang… » répond Jésus en secouant son doigt pour que tombe le sang qui coule de la coupure. « Essuie plutôt le couvercle, il est taché, ajoute-t-il ensuite.

– Non, laissez-le ! Il est précieux tel qu’il est. Essuie ton doigt sur mon voile, Maître. Ton sang est un sang béni » dit Elise.

Et elle enveloppe la main de Jésus dans le lin de son voile.

Le couvercle, cause de tant de malheurs, est vaincu. La rayure est achevée.

« Il voulait d’abord faire du mal, commente Simon le Zélote.

– Oui ! Et ensuite il s’est laissé faire, ce bois têtu ! dit Thomas.

– Par le fer, le feu et la douleur. On dirait l’une des phrases chères aux Romains, remarque Simon.

– Je ne sais pourquoi, cela me rappelle certains passages des prophètes. Nous aussi, nous sommes du bois têtu… faudra-t-il donc le fer, le feu et la douleur pour nous rendre bons ? demande Barthélemy.

– En vérité, ce sera nécessaire. Et cela ne suffira pas. Moi, je travaille avec le feu et avec ma douleur, mais tous les cœurs ne savent pas imiter ce bois…

532.3

Chut ! Dehors, il y a quelqu’un… C’est un bruit de pas… »

Ils écoutent. Tout est silencieux.

« C’est peut-être le vent, Maître. Il y a des feuilles sèches dans le jardin…

– Non. C’étaient des pas…

– Quelque animal nocturne. Moi, je n’entends rien.

– Moi non plus… moi non plus… »

Jésus paraît écouter. Puis il lève la tête et regarde fixement Judas qui, lui aussi, tend l’oreille, plus que les autres. Il le scrute avec une telle insistance que Judas demande :

« Pourquoi me regardes-tu ainsi, Maître ? »

Mais il n’y a pas de réponse, car une main frappe à la porte.

Des quatorze visages que la lampe éclaire, seul celui de Jésus reste immuable. Les autres changent de couleur.

« Ouvrez ! Ouvre, Judas de Kérioth !

– Moi, non, je n’ouvre pas ! Ce pourrait être des malfaiteurs venus exprès pendant la nuit. Qu’il n’arrive pas que je te nuise !

– Ouvre, toi, Simon, fils de Jonas.

– Jamais de la vie ! Je jette la table contre l’entrée, plutôt ! dit Pierre, en faisant mine de joindre le geste à la parole.

– Ouvre, Jean, ne crains rien.

– Oh ! si vraiment tu veux faire entrer cette personne, moi, je pars chez le vieillard. Je ne veux rien voir », lance Judas.

Ce disant, il parcourt en quatre grands pas la distance qui le sépare de la porte du vieil homme et disparaît dans sa chambre.

Jean, debout près de la porte, la main sur la clé, regarde Jésus avec effroi et murmure :

« Seigneur !…

– Ouvre, n’aie pas peur.

– Mais oui. Nous sommes treize hommes forts. Ils ne vont pas être une armée ! Avec quatre poings et beaucoup de cris — Elise, tu vas hurler s’il le faut —, nous les mettrons en fuite. Nous ne sommes pas dans un désert ! ” s’exclame Jacques, fils de Zébédée.

Il enlève son habit et retrousse les manches de sa tunique ou de son sous-vêtement, prêt à se défendre. Pierre l’imite.

532.4

Encore hésitant, Jean ouvre la porte, passe la tête par l’ouverture et ne voit rien. Il crie :

– Qui est là ? »

Une voix de femme répond, faible, comme si elle était souffrante :

« Une femme. Je veux voir le Maître.

– Ce n’est pas une heure pour venir dans les maisons, lance Pierre, qui s’était placé derrière Jean. Si tu es malade, comment es-tu dehors à cette heure ? Si tu es lépreuse, comment t’aventures-tu dans un village ? Si tu es affligée, reviens demain. Va, retourne à tes affaires.

– Par pitié ! Je suis seule sur la route. J’ai froid. J’ai faim. Et je suis malheureuse. Appelez-moi le Maître. Lui, il a pitié… »

Les apôtres regardent Jésus, interdits. Jésus est très sévère et se tait. Ils referment la porte.

« Que fait-on Maître ? Nous lui donnons au moins un peu de pain ? Il n’y a pas de place, il faudra aller dans les maisons avec une inconnue… suggère Philippe.

– Attends. Moi, je vais voir, dit Barthélemy en saisissant une lampe pour y voir clair.

– Il n’est pas nécessaire d’y aller. La femme n’a ni faim, ni froid et elle sait très bien où aller. Elle n’a pas peur de la nuit. Mais c’est une malheureuse, bien qu’elle ne soit ni malade ni lépreuse. C’est une prostituée, et elle vient me tenter. Je vous dis cela pour que vous sachiez que je sais, pour que vous vous persuadiez que je sais. Et j’ajoute qu’elle n’est pas poussée par quelque caprice personnel, mais elle vient parce qu’elle est payée pour cela. »

Jésus parle à haute voix, assez fort pour qu’on puisse l’entendre dans la pièce à côté, où se trouve Judas.

« Et qui veux-tu qui ait fait cela ? Dans quel but ? » demande Judas lui-même en réapparaissant dans la cuisine. « Certainement pas les pharisiens ; les scribes non plus, ni les prêtres si c’est une prostituée. Et je ne crois pas que les hérodiens soient assez… rancuniers pour se donner certains ennuis pour… Et je ne sais pas non plus pour quelle raison.

– Je vais te donner la raison : c’est pour pouvoir arriver à dire que je suis un pécheur, quelqu’un qui a des relations avec les pécheresses publiques. Et tu sais autant que moi qu’il en est ainsi. Mais je t’assure que je ne maudis ni elle ni ceux qui l’ont envoyée. Je suis encore et toujours la Miséricorde. Je vais trouver cette femme. Si tu juges bon de m’accompagner, viens donc. Je vais la trouver, car c’est vraiment une malheureuse. En disant l’être, elle croit mentir, car elle est jeune, belle et bien payée, en bonne santé et contente de sa vie infâme. Mais elle est malheureuse. C’est l’unique vérité qu’elle ait dite au milieu de tant de mensonges. Précède-moi et assiste à l’entretien.

– Moi, non, je n’y assisterai pas ! Pourquoi devrais-je le faire ?

– Afin de témoigner à ceux qui t’interrogent.

– Et qui veux-tu qui m’interroge ? Parmi nous, il n’y a personne pour poser des questions, et les autres… Je ne vois personne, moi.

– Obéis. Passe devant.

– Non. Je refuse d’obéir à un tel ordre, et tu ne peux m’obliger à approcher une prostituée.

– Pour qui te prends-tu ? Pour le grand-prêtre ? J’y vais, moi, Maître, et sans craindre quoi que ce soit, affirme Pierre.

– Non. J’y vais tout seul. Ouvre. »

532.5

Jésus sort dans le jardin. Dans le noir absolu d’une nuit encore sans lune, on ne voit rien. La porte de la cuisine s’ouvre de nouveau, et Pierre sort avec une lampe.

« Prends au moins cela, Maître, si vraiment tu ne veux pas de moi » dit-il à haute voix, avant d’ajouter tout bas : « Mais sache que nous nous tenons derrière la porte. Si nécessaire, appelle…

– Oui. Va. Et ne vous disputez pas. »

Jésus prend la lampe et la lève pour y voir. Derrière le gros tronc du noyer, il y a une forme humaine. Jésus fait deux pas vers elle, et ordonne :

« Suis-moi. »

Puis il va s’asseoir sur le petit banc de pierre contre la maison, du côté de l’orient.

La femme s’avance, toute voilée et courbée. Jésus pose la lampe sur la pierre, près de lui.

« Parle. »

Cette injonction est tellement autoritaire, raide, elle est tellement divine que la femme, au lieu d’avancer et de parler, recule et s’incline plus encore, en silence.

« Parle, te dis-je. Tu as demandé à me voir, je suis venu. Parle » dit-il avec une nuance de douceur dans la voix.

Silence.

« Dans ce cas, c’est moi qui prends la parole. Je te demande : pourquoi me hais-tu au point de servir ceux qui cherchent ma ruine, y rêvent de toutes les manières et en cherchent toutes les causes possibles ? Réponds ! Quel mal t’ai-je fait, malheureuse ? Quel mal t’a fait l’Homme qui, même dans son cœur, ne t’a pas méprisée pour la vie infâme que tu mènes ? Est-ce qu’il t’a corrompue, lui qui, même dans son cœur, ne t’a pas désirée, pour que tu doives le haïr plus que ceux qui t’ont prostituée et qui te méprisent chaque fois qu’ils viennent à toi ? Réponds ! Que t’a fait Jésus de Nazareth, le Fils de l’homme, que tu connais à peine de vue pour l’avoir rencontré dans les rues de la ville, Jésus qui ignore ton visage et qui ne se soucie pas de tes grâces — car c’est seulement de ton âme qu’il recherche l’image souillée, défigurée, pour la connaître et pour la guérir — ? Parle donc !…

532.6

Tu ne sais pas qui je suis ? Si, tu le sais en partie. Tu le sais même aux deux tiers. Tu sais que je suis un homme jeune, et que je te plais. C’est ce que t’a dit ton animalité effrénée. Alors ta langue de femme ivre en a fait part à celui qui a recueilli l’aveu de tes sens et s’en est fait une arme pour me nuire.

Tu sais que je suis Jésus de Nazareth, le Christ. Tu l’as appris par ceux qui, exploitant ton désir charnel, t’ont payée pour que tu viennes ici me tenter. Ils t’ont dit : “ Il prétend être le Christ, les foules l’appellent le Saint, le Messie. Mais ce n’est qu’un imposteur. Nous avons besoin d’avoir les preuves de sa misère d’homme. Donne-les-nous, et nous te couvrirons d’or. ” Poussée par un résidu de justice, le dernier reste du trésor de justice que Dieu avait mis dans ta chair avec l’âme, et que tu as brisé et dispersé, tu ne voulais pas me faire de mal — car, à ta manière, tu m’aimais. Alors ils t’ont dit : “ Nous ne lui ferons aucun mal, au contraire. Nous t’abandonnons l’homme en te donnant les moyens de le faire vivre en roi près de toi. Il nous suffit de pouvoir nous dire, pour avoir la conscience en paix, qu’il n’est qu’un homme. Cela nous prouve que nous sommes dans la vérité en refusant de croire qu’il est le Messie. ” C’est ce qu’ils t’ont dit, et tu es venue. Mais si j’acceptais ta flatterie, ce serait l’enfer sur moi. Eux sont déjà tout prêts à me couvrir de boue et à s’emparer de moi. Et toi, tu sers d’instrument pour cela.

Tu vois que, moi, je ne t’interroge pas. Je parle parce que je sais tout, sans avoir besoin de demander. Mais si tu connais ces deux vérités, tu ignores la troisième. Tu ignores qui je suis, excepté que je suis homme et Jésus. Tu vois l’homme. Les autres te disent : “ C’est le Nazaréen. ” Mais moi, je vais t’apprendre qui je suis : je suis le Rédempteur. Pour racheter, je dois être sans péché. Ma pensable sensualité d’homme, vois comme je l’ai foulée aux pieds ! Comme je le fais avec cette chenille dégoûtante, qui se dirigeait dans les ténèbres, d’une débauche à l’autre pour ses amours lascives ; ainsi je l’ai foulée aux pieds pour toujours. En ce moment aussi, je la foule aux pieds. Et c’est ainsi que je suis disposé à t’arracher ta maladie, t’en délivrer, afin de te rendre saine et sainte. Car je suis le Rédempteur, et cela seulement. J’ai pris un corps d’homme pour vous sauver, pour détruire le péché, non pas pour pécher. Je l’ai pris pour enlever vos péchés, pas pour pécher avec vous. Je l’ai pris pour vous aimer, mais d’un amour qui donne sa parole, son sang, sa vie, tout, pour vous conduire au Ciel, à la Justice, non pas pour vous aimer comme une bête. Et même pas comme un homme, car je suis plus qu’un homme.

532.7

Sais-tu exactement qui je suis ? Non. Tu ne connaissais même pas la portée de ce que tu venais faire. Et je te le pardonne sans que tu me le demandes. Tu ne savais pas. Mais ta prostitution ! Comment as-tu pu vivre dans cet état ? Tu n’étais pas ainsi. Tu étais bonne. Oh, malheureuse ! Tu ne te rappelles pas ton enfance ? Tu ne te souviens pas des baisers de ta mère, de ses paroles ? Et les heures de prière ? Les paroles de la Sagesse que tu entendais expliquer le soir par ton père et au sabbat par le chef de la synagogue, ne t’en souviens-tu pas ? Qui t’a rendue sotte et ivre ? Tu ne te rappelles pas ? Tu ne regrettes rien ? Dis-moi : es-tu vraiment heureuse ? Tu ne réponds pas ? Alors je parle pour toi et je peux l’affirmer : non, tu n’es pas heureuse. Quand tu te réveilles, tu trouves à ton chevet ta honte pour te donner le premier tour quotidien de torture. Et la voix de ta conscience te crie son reproche pendant que tu te coiffes et te parfumes pour plaire. Tu sens une odeur infâme dans les essences les plus fines, et les mets les plus rares te donnent la nausée. Tes colliers te pèsent comme une chaîne, ce qu’ils sont effectivement. Pendant que tu ris et séduis, quelque chose en toi gémit. Et tu t’enivres pour vaincre l’ennui et le dégoût de ta vie. Tu hais ceux que tu prétends aimer pour en tirer profit. Mais tu te maudis toi-même. Ton sommeil est lourd de cauchemars. La pensée de ta mère est une épée dans ton cœur. Et la malédiction de ton père ne te laisse pas en paix. Et puis ce sont les offenses de ceux que tu rencontres, les cruautés de ceux qui usent de toi, sans jamais la moindre pitié. Tu es une marchandise. Tu t’es vendue. Or, on utilise une acquisition à son gré : on la déchire, on la consume, on la méprise, on crache sur elle. C’est le droit de l’acheteur. Tu ne peux te révolter… Cette situation te rend-elle heureuse ? Non. Tu es désespérée. Tu es enchaînée. Tu es torturée. Sur la terre, tu es une loque dégoûtante que chacun peut fouler aux pieds. Si, en une heure de peine, tu essaies de trouver du réconfort en élevant ton esprit vers Dieu, tu sens la colère de Dieu sur toi, la prostituée, et le Ciel te paraît fermé plus encore qu’à Adam. Si tu te sens mal, tu as la terreur de mourir, car tu connais ton sort. C’est pour toi l’Abîme.

532.8

Malheureuse ! Et cela ne suffisait toujours pas ? Tu voudrais à la chaîne de tes fautes ajouter celle de causer la ruine du Fils de l’homme ? De Celui qui t’aime ? Du seul qui t’aime ? Car c’est aussi pour ton âme qu’il s’est revêtu de chair. Je pourrais te sauver, si tu le voulais. L’abîme de la Sainteté miséricordieuse se penche sur l’abîme de ton abjection, et elle attend de toi un désir de salut pour te tirer de l’abîme de ta souillure. Tu penses dans ton cœur qu’il est impossible que Dieu te pardonne. Tu fondes cet avis sur la comparaison avec le monde, qui ne te pardonne pas d’être une prostituée. Mais Dieu n’est pas le monde. Dieu est bonté. Dieu est pardon. Dieu est amour.

Tu es venue vers moi, payée pour me nuire. En vérité, je te dis que le Créateur, pour sauver une créature, peut tourner en bien même ce qui est mal. Et, si tu le veux, c’est en bien que se changera ta rencontre avec moi. N’aie pas honte de ton Sauveur. N’aie pas honte de lui montrer ton cœur nu. Même si tu veux le cacher, il le voit et pleure sur lui. Pleure. Aime. Ne crains pas de te repentir. Sois audacieuse dans la contrition comme tu l’as été dans la faute. Tu n’es pas la première prostituée qui pleure à mes pieds et que je ramène à la justice… Je n’ai jamais chassé une créature, si coupable qu’elle soit. J’ai cherché au contraire à l’attirer et à la sauver. C’est ma mission.

L’état d’un cœur ne me fait pas horreur. Je connais Satan et ses œuvres. Je connais les hommes et leurs faiblesses. Je connais la condition de la femme qui paie, comme il est juste, plus durement que l’homme les conséquences de la faute d’Eve. Je sais donc juger et compatir, et je t’assure que, plus qu’envers les femmes tombées, je suis sévère à l’égard de ceux qui les amènent à la chute. En ce qui te concerne, malheureuse, je suis plus sévère pour ceux qui t’ont envoyée que pour toi, qui es venue sans savoir exactement à quel jeu tu te prêtais. J’aurais préféré que tu aies été poussée par un désir de rédemption comme tes autres sœurs. Mais si tu exauces le désir de Dieu et si tu fais d’une mauvaise action la pierre angulaire de ta nouvelle vie, je te dirai la parole de paix… »

532.9

Jésus, qui au début était très sévère, s’est adouci peu à peu, mais il est encore grave… Il est ce Dieu qui exclut toute faiblesse de sentiment, mais aussi toute erreur d’appréciation sur sa bonté. Maintenant, il se tait et regarde la femme. Celle-ci, qui est restée debout à environ deux mètres de lui, s’est courbée de plus en plus. Au milieu de son discours, elle a porté au visage, en les appuyant sur son voile, deux belles mains qui se détachent sur le manteau foncé, tout ornées d’anneaux. Elle a des bracelets aux poignets, les bras nus jusqu’aux coudes.

Je ne saurais dire si elle pleure ou non. Si oui, c’est certainement en silence, car on n’entend pas de sanglots et on ne voit aucun soubresaut. Elle ressemble à une statue, tant elle est immobile dans ses vêtements sombres. Soudain, elle tombe à genoux et se pelotonne sur le sol. Alors, elle pleure vraiment et ne se retient pas de le faire voir. Puis, dans cette position, comme un chiffon par terre, elle parle :

« C’est vrai ! Tu es vraiment un prophète… Tout est vrai… Ils m’ont payée pour cela… Mais ils m’avaient dit que c’était pour un pari… Ils t’auraient découvert dans ma maison… Mais aussi près de toi…

– Femme, je n’écoute que le récit de tes fautes… interrompt Jésus.

– C’est juste. Je n’ai pas le droit d’accuser quelqu’un, car je suis une fosse d’immondices. Tout est exact. Je ne suis pas heureuse… Je ne me réjouis pas des richesses, des festins, des amours… Je rougis en pensant à ma mère… J’ai peur de Dieu et de la mort… Je hais les hommes qui me paient. Tout ce que tu as dit est vrai. Mais ne me chasse pas, Seigneur. Personne, depuis ma mère, ne m’a jamais parlé comme toi. D’ailleurs, tu l’as fait avec encore plus de douceur que ma mère : dans les derniers temps, elle était devenue dure avec moi à cause de ma conduite… Pour ne plus l’entendre, je me suis enfuie à Jérusalem… Mais toi… Pourtant, c’est comme si ta douceur était de la neige sur le feu qui me dévore. Mon feu se calme, c’est même un autre feu. Il était ardent, mais il ne donnait ni lumière ni chaleur. J’étais de glace et dans les ténèbres. Oh ! combien j’ai voulu souffrir ! Que de douleurs inutiles et maudites je me suis causées ! Seigneur, je t’ai dit à travers la porte entrouverte que j’étais une malheureuse, et je t’ai supplié d’avoir pitié. C’étaient des paroles mensongères qu’ils m’avaient demandé de te dire pour t’attirer dans ce piège. Ils avaient ajouté qu’ensuite ma beauté allait faire le reste…

532.10

Ma beauté ! Mes vêtements !… »

La femme se lève. Maintenant qu’elle s’est redressée, je vois qu’elle est grande. Elle s’est débarrassée de son voile et de son manteau, et elle apparaît dans sa vraie beauté de femme brune à la peau très blanche. Ses yeux, valorisés par le bistre, sont grands et très beaux. Peut-être les pleurs les ont-ils déjà lavés, car elle a un regard d’innocence étonnée qu’il est étrange de trouver chez une créature de ce genre. Elle ôte et piétine l’étoffe du manteau, déchire son voile, arrache les boucles précieuses de l’un et de l’autre et les jette au sol, retire ses bagues et ses bracelets, lance au loin les ornements de sa tête, empoigne ses boucles frisées remplies de barrettes brillantes et les détache, puis elle dépeigne ses cheveux coiffés avec art dans une rage de sacrifice qui est même effrayante. Le collier qu’elle porte au cou, arraché violemment, s’égrène sur le sol, et son pied chaussé de sandales ornées piétine les pierres précieuses et les écrase ; la ceinture de prix suit le sort commun, de même qu’une broche qui retenait avec art l’étoffe du vêtement sur la poitrine. Et tout cela pendant que, d’une voix basse et angoissée, elle répète :

« Bon débarras, objets maudits ! Adieu à vous, ainsi qu’à ceux qui me les ont donnés. Au loin, ma beauté ! Au loin, mes cheveux ! Au loin, ma peau de jasmin ! »

D’un geste vif, elle saisit une pierre pointue qu’elle voit sur le sol et se frappe jusqu’au sang le visage et la bouche ; elle se griffe de ses ongles teints. Le sang dégoutte des blessures, ses traits se gonflent sous les coups… jusqu’à ce que sa furie s’apaise. Haletante, épuisée, défigurée, dépeignée, déchirée, son vêtement souillé par le sang et la terre, elle se jette par terre aux pieds de Jésus en gémissant :

« Maintenant, tu peux me pardonner, si tu vois mon cœur, car il ne reste rien de mon passé, plus rien de…

532.11

Tu as triomphé, Seigneur, de tes ennemis et de ma chair… Pardonne-moi mon péché…

– Je te l’avais déjà pardonné quand je suis venu à ta rencontre. Lève-toi, et ne pèche jamais plus.

– Dis-moi ce que je dois faire.

– Eloigne-toi des lieux de ton péché, de ceux qui savent qui tu es. Ta mère…

– Ah ! mon Seigneur ! Elle ne m’accueillera plus. Elle me déteste depuis que mon père est mort, par ma faute, en me maudissant.

– Tu es accueillie par Dieu qui est Dieu, et il t’accueille parce qu’il est Père : par conséquent, ta mère, qui t’a engendrée et qui est femme comme toi, peut-elle ne pas t’accueillir ? Va humblement la trouver. Pleure à ses pieds comme tu pleures aux miens. Fais-lui tes aveux comme tu me les as faits. Dis-lui ta souffrance, invoque sa pitié. Ta mère attend ce moment depuis des années. Elle l’attend pour mourir en paix. Supporte ses paroles de reproche aimant comme tu as supporté les miennes. Moi, j’étais pour toi l’étranger, et pourtant tu m’as écouté. C’est ta mère, tu as donc un double devoir de l’écouter avec respect.

– Tu es le Messie, tu es plus grand que ma mère.

– C’est ce que tu dis maintenant. Mais quand tu es venue pour me tenter, tu ignorais que j’étais le Messie, mais tu as écouté mes paroles.

– Tu étais si différent des hommes… ainsi… Tu es saint, Jésus de Nazareth !

– Ta mère est sainte, comme mère et comme créature. Par ses prières, tu as trouvé miséricorde auprès de Dieu. Une bonne mère est toujours sainte ! Et Dieu veut qu’on lui fasse honneur.

– Je l’ai déshonorée. Tout le village le sait.

– Raison de plus pour aller à elle et lui dire : “ Mère, pardon. ” Et pour lui consacrer ta vie, pour la dédommager des peines qu’elle a souffertes à cause de toi.

– Je le ferai…

532.12

Mais… Seigneur, ne me renvoie pas à Jérusalem. Eux m’attendent… et je ne sais pas si je saurai résister aux menaces… Garde-moi ici jusqu’à l’aube, et ensuite…

– Attends un instant. »

Jésus se lève, se dirige vers la porte de la cuisine, frappe, se fait ouvrir. Il dit :

« Elise, viens dehors. »

Elise obéit. Jésus la conduit vers la femme qui, voyant venir une autre femme, âgée qui plus est, a un mouvement de honte et cherche à couvrir son visage et son vêtement provocant avec les restes de son manteau et du voile déchirés.

« Ecoute, Elise. Je quitte immédiatement cette maison. Tu diras à mes apôtres de me rejoindre à l’aurore à la Porte d’Hérode. Tous, sauf Judas, qui doit venir avec moi. Tu feras dormir cette femme avec toi. Tu peux prendre mon lit, car je ne reviendrai pas à Nobé avant longtemps. Demain, quand Jean s’éveillera, lui et toi accompagnerez cette femme là où elle vous dira. Tu lui donneras un vêtement ordinaire et l’un de tes manteaux. Et vous l’aiderez en tout.

– C’est bien, Seigneur. Il sera fait comme tu veux. Je regrette pour Jean…

– Moi aussi, je voulais lui faire plaisir, mais la haine des hommes interdit au Fils de l’homme d’accorder une heure de fête à un juste…

– Et ensuite, Seigneur ?

– Ensuite ? Tu peux rentrer à Bet-Çur, en attendant… Adieu, Elise. Que ma bénédiction et ma paix soient avec toi. Adieu, femme. Je te confie à une mère et à un juste. Cependant, si tu crois devoir retourner prendre tes affaires…

– Non. Je ne veux rien avoir du passé.

– Mais, ma brave femme ! Tu ne peux certainement pas tout laisser à l’abandon. N’as-tu ni serviteurs ni parents ? dit Elise.

– Je n’ai qu’une servante… et…

– Tu devras la congédier, tu devras…

– Je te prie de le faire, toi, à ton retour. Aide-moi à guérir tout à fait, femme. »

Une véritable angoisse transparaît dans sa voix.

« Oui, ma fille ! Oui. Ne t’inquiète pas. Demain, nous penserons à tout. Pour l’instant, accompagne-moi en haut. »

Elise la prend par la main et la conduit à l’étage par l’escalier dans une des petites chambres.

532.13

Puis elle descend rapidement :

« J’ai pensé qu’il serait bon que tout le monde te voie sans elle, Seigneur. Et que l’on ne sache pas où elle se trouve. Ces bijoux… »

Elle se penche pour ramasser bagues et bracelets, boucles et épingles de coiffure, ainsi que la ceinture et autant de perles du collier brisé qu’elle peut en trouver :

« Qu’est-ce que j’en fais, Seigneur ?

– Viens avec moi. Tu as raison. Il est bon qu’ils me voient. »

Ils entrent dans la cuisine. Tous regardent Jésus d’un air interrogateur. Le vieux Jean s’est levé aussi, peut-être réveillé par une discussion.

« Elise, donne à Thomas les objets précieux. Thomas, tu les vendras demain à quelque orfèvre. Cela servira pour les pauvres. Oui, ce sont des bijoux de femme, de cette femme. C’est la réponse à ceux qui pensent qu’une chair peut tenter le Fils de l’homme et le détourner de sa mission. C’est ainsi que je montre, à ceux qui me haïssent, que toute machination est inutile pour trouver matière d’accusation contre moi. Jean, Elise te dira ce que tu dois faire. Je te bénis…

– Tu me quittes, Seigneur ? »

Le vieillard est affligé.

« Je le dois. Adieu. Que la paix soit avec toi. » Il se tourne vers les apôtres : « Allez vous reposer. Tous, sauf Judas qui vient avec moi.

– Mais où ? Il fait nuit, objecte Judas.

– Prier. Cela ne te fera pas de mal, à moins que tu ne craignes l’air de la nuit si tu le respires avec moi. »

Judas baisse la tête, et c’est de mauvaise grâce qu’il prend son manteau pendant que Jésus prend le sien.

« Demain, à la Porte d’Hérode, à l’aurore. Nous irons au Temple et…

– Non ! »

Le refus est unanime. Celui de Judas est le plus ferme.

« Nous irons au Temple. N’as-tu pas dit que tu les as convaincus de me laisser en paix ?

– C’est vrai.

– Dans ce cas, nous irons au Temple. Viens. »

Et il se dirige vers la sortie.

« Et voilà déjà finie la fête que nous avions préparée ! soupire Pierre.

– Finie avant de commencer, dois-tu dire » lui répond Jacques, fils de Zébédée.

Jésus est déjà sur le seuil de la porte ouverte. Il se retourne et bénit. Puis il disparaît dans la nuit. Dans la cuisine, tous sont muets. Enfin, Matthieu demande à Elise :

« Mais que s’est-il donc passé ?

– Je ne sais pas. Il y avait une femme en pleurs. Et il m’a dit la même chose qu’à vous. Qui était-ce, d’où et pourquoi est-elle venue, je ne sais…

– Bien. Allons… »

Et tous s’en vont, sauf Matthieu et Barthélemy, qui dorment à la maison.

532.1

Os povos considerados em massa, os homens tomados singularmente, são sempre um pouco crianças e um pouco selvagens ou, pelo menos, primitivos e, por isso, muito sensíveis a tudo o que tiver sabor de novidade, de extraordinário, e que tenha um som de festa. Ao se aproximarem as solenidades, sempre é boa a ocasião para exaltar os homens, como se as festas anulassem o que os faz ficar tristes e cansados. Ao começar a aproximar-se uma festa, um ar de altivez, de uma leve exaltação se manifesta em todos, como se aquela aproximação fosse semelhante ao tan-tan dos selvagens em suas comemorações idolátricas ou em seus empreendimentos belicosos.

E até os apóstolos, nas proximidades das Encênias, estão eufóricos. Estão falando muito, alegres, fazendo projetos, lembrando festas passadas: a saudade mistura um pouco de melancolia aos assuntos, mas depois o ar de festa os invade de novo e os estimula a caprichar para que tudo saia bonito durante a festa.

As lamparinas na casa de João são poucas? Oh! Mas a casa de Tomé, em Ramá, está cheia delas! E, então, Tomé parte para Ramá, a fim de ir buscar. O óleo não é bastante? Oh! Elisa tem muito óleo em Betsur e o oferece. Então, André e João vão a Betsur buscar o óleo. Para cozinhar as fogaças é necessário um fogo brando de gravetos? Então, os dois Tiagos vão pelos montes apanhá-los. Está parecendo pouca a farinha, a cevada e o mel para os pratos rituais? E o que fica fazendo lá em Jerusalém Nique, que quase se mostra ofendida porque não lhe pedem nada, a não ser que dê do seu louríssimo mel e da farinha do seu belo sítio? E Pedro com Simão Zelotes vão à casa de Nique, enquanto Judas de Alfeu ajuda Elisa a fazer que a casa fique bonita, e até o velho Bartolomeu se une àquela alegria comum e, junto com Filipe, vão dar uma boa mão de cal à cozinha enfumaçada, para que ela fique mais alegre. Judas Iscariotes reserva para si a parte decorativa, e volta sempre carregado com ramos verdes, aromáticos e ornados com bagas, e os coloca com arte sobre as mesinhas e ao redor da chaminé do fogão.

E na véspera das Encênias a pequena casa parece preparada para acolher uma esposa, de tão mudada que está com as vasilhas de cobre que estão brilhando, pelas lamparinas que se tornam esplendentes como sóis, pelas ramagens alegres sobre as paredes brancas; e o cheiro do pão e das fogaças se espalha pelo ar, que já estava aromatizado pelos ramos cortados.

Jesus deixa que o façam. Parece estar tão longe dos outros, muito pensativo e triste. Responde a quem lhe faz perguntas e que pede, com sua pergunta, um elogio pelo que fez. E são essas perguntas que me dão o modo de reconstruir os trabalhos feitos pelos discípulos, os quais dizem, por exemplo: “Não tive eu um bom pensamento ao ir lá em casa apanhar as lâmpadas?”, ou, então: “Não fizemos bem eu e Filipe em caiar a casa toda? Ficou tudo branco e alegre. A casa ficou parecendo maior.” Ou, ainda: “Estás vendo, Mestre? Elisa está contente. Parece-lhe estar em sua casa e no tempo dos seus filhos. Hoje ela estava cantando, ao pôr o seu óleo nas lâmpadas, e depois quando misturava o mel com a farinha e o dissolvia no leite para pô-lo na cevada”, e ainda: “Que Elquias diga o que quiser. Mas um pouco de verde fica bem. Afinal! Se o Criador fez os ramos, é para que usemos deles, não é?” Desse modo, eles nos permitem reconstruir o trabalho que cada um fez. Mas se Jesus ainda responde a essas perguntas, que subentendem um desejo de elogio, o pensamento dele está ausente dali. É o que se pode ver.

532.2

Chega a tarde. Depois das últimas saudações dos camponeses, que antes de se fecharem em suas casas, põem a cabeça para dentro da cozinha a fim de saudarem o Mestre, o silêncio reina em Nobe. É a hora em que vão cear. Já é hora do descanso para os meninos, os velhos e para todos os que a doença ou a idade tornam mais sensíveis.

Deve haver o costume de fazer presentes no tempo das Encênias, pois eu estou vendo como, logo que o velho João se retirou para o seu quartinho perto da cozinha, Elisa e os apóstolos começaram a terminar, ela a veste, e os outros uns objetos úteis, entalhados em madeira, e um toldo com a rede feita de cordinhas tingidas de vermelho, de verde, de amarelo e de anil, trabalho especial dos pescadores. Tomé, Mateus, Bartolomeu e Zelotes os estão olhando.

– Pronto! Terminei –diz Elisa, levantando-se e sacudindo de sua veste os fiapos que ela pudesse ter.

– Aí deve estar fazendo calor. Pobre velho! É verdade. Nós homens, sem as mulheres, seríamos mesmo uns infelizes. Não sei a que ponto estaríamos reduzidos sem ti,, depois de tantos meses ausentes de casa. Eu sou capaz de fazer o que fiz, mas se tiver que pregar um alfinete… –diz Pedro, apalpando o tecido.

– Além disso, foste rápida. Tu te pareces com minha mulher –diz Bartolomeu.

– Eu também terminei. Esta madeira era boa. Macia para se cortar e resistente ao mesmo tempo –diz Judas Tadeu, pondo sobre a mesa escura um pequeno utensílio feito de buxo, bom para nele se pôr o sal ou outro condimento.

– O meu trabalho está atrasado. Encontrei um veio duro, difícil de ser trabalhado. Talvez meu trabalho não saia bem. Não estou gostando dele. A beleza estava nestes veios escuros, por cima da madeira mais clara. Olha, Jesus. Não estão parecendo uns picos de montanhas pintados na madeira? –diz Tiago de Alfeu, mostrando uma espécie de vaso, que eu não sei para que uso estará destinado, na verdade bem bonito pela forma, coberto por uma tampa arqueada e venado graciosamente, tanto dos lados como por cima da tampa. Mas é justamente sobre a tampa, junto à maçaneta, que a madeira teima em resistir.

– Insiste, insiste. Verás que o consegues. Esquenta o ferro, até ficar vermelho. Tu cortarás a fibra, e conseguirás. Depois de cortar a primeira camada… –responde Jesus, depois de ter observado.

– Mas não se estraga com o fogo? –pergunta Mateus.

– Não, se for usado com habilidade. E quanto ao que sobra!… Ou lanças mão deste meio ou jogas tudo fora.

Tiago esquenta o furador afiado, depois aproxima a ponta vermelha do ponto teimoso. No ar há um cheiro de madeira queimando…

– Basta! Trabalha agora e conseguirás –diz Jesus.

E Ele ajuda o seu primo, segurando apertada a tampa, como se fosse um torninho. Por duas vezes a lâmina desliza e passa roçando os dedos de Jesus.

– Tira a mão, meu irmão. Eu não gostaria de ferir-te –diz Tiago de Alfeu.

Mas Jesus continua a segurar o vaso.

Na terceira vez o escalpelo afiado faz sangrar o polegar de Jesus.

– Ei! Estás vendo? Tu te machucaste! Deixa-me ver!

– Não é nada! Duas gotas de sangue… –responde Jesus, sacudindo seu próprio dedo, para que caia o sangue que goteja do talho–. Enxuga antes a tampa. Ela ficou manchada, acrescenta depois.

– Não. Deixa-a assim. Assim ela é preciosa. Enxuga aqui o teu dedo, Mestre. Aqui no meu véu. O teu sangue é sangue abençoado

–diz Elisa, envolvendo a mão no linho do seu véu.

A tampa causadora de tantos ais foi vencida. A canelura está feita.

– Antes queria fazer mal! –comenta Zelotes.

– Tens razão. Uma lenha teimosa –diz Tomé.

– Com ferro, fogo e dor. Parece até uma daquelas frases de que tanto gostam os romanos –observa Zelotes.

– Não sei por que, mas a mim me parece que essas palavras me fazem lembrar certos pontos dos profetas. Também nós somos madeiras teimosas… e haverá necessidade de ferro, fogo e dor para nos tornarmos bons? –pergunta Bartolomeu.

– Assim será. Mas isso não bastará. Eu trabalho com o fogo e com a minha dor, mas nem todos os corações sabem imitar esta madeira…

532.3

Silêncio… Lá fora há alguém… Ouvem-se passos…

Todos ficam escutando. Não se ouve nada.

– Talvez seja o vento, Mestre. Na horta há folhas secas…

– Não. Eram passos…

– Algum animal noturno. Eu não ouço nada.

– Contudo eu, contudo eu…

Jesus fica escutando. Parece estar ouvindo. Depois levanta o rosto e fixa os olhos em Judas de Keriot, que também está escutando, muito atento em escutar. Mais do que os outros. Jesus está olhando para ele tão fixamente, que Judas lhe pergunta:

– Por que me ficas olhando assim, Mestre?

Mas ele não teve resposta, porque uma mão bateu na porta.

Dos quatorze rostos que a lâmpada ilumina, só o de Jesus é que fica como estava. Os outros mudam de cor.

– Abri! Abre, Judas de Keriot!

– Eu, não. Eu não abro! Poderiam ser alguns malvados que teriam vindo de propósito durante a noite. Não aconteça que eu te faça mal.

– Abre tu, Simão de Jonas.

– Menos do que nunca. Eu jogarei a mesa contra a porta, isso sim!

–diz Pedro e está para fazer o que disse.

– Abre, João, e não tenhas medo.

– Oh! Se queres mesmo fazer entrar, eu vou para o lado de lá do velho. Eu não quero ver nada –diz Iscariotes, fazendo com quatro longos passos o percurso que o separa da porta do quarto do velho, e desaparecendo nele.

João, que está em pé junto à porta, com a chave na mão, olha, assustado, para Jesus, e murmura:

– Senhor!…

– Abre e não tenhas medo.

– Oh! Mas é mesmo. Afinal somos treze homens fortes. Não será um exército que está aí fora! Com quatro murros e muitos gritos — tu, Elisa, se for preciso, grita também —, nós poremos todos a fugir. E nós não estamos em nenhum deserto –diz Tiago de Zebedeu.

E, tendo tirado o manto, arregaça as mangas da túnica ou da veste de baixo, pronto para defender-se. Pedro faz a mesma coisa.

532.4

João, ainda na dúvida, abre a porta, olha pelo vão e não vê nada. Então, ele grita:

– Quem é que está fazendo barulho?

Uma voz feminina responde, contida, como se estivesse sofrendo:

– Uma mulher. Quero o Mestre.

– Esta não é hora de vir às casas. Se estás doente, como é que ficas andando a uma hora destas? Se és leprosa, como te arriscas a andar pelo povoado? Se estás sofrendo, volta amanhã. Vai, vai tratar de teus negócios –diz Pedro, que se havia colocado atrás das costas de João.

– Oh! Por piedade! Eu estou sozinha pela estrada. Estou com frio. Estou com fome. E sou uma infeliz. Chamai o Mestre para Mim. Ele tem piedade…

Os apóstolos olham para Jesus, indecisos. Jesus está muito sério e calado. Tornam a fechar a porta.

– Que devemos fazer, Mestre? Dar-lhe pelo menos um pouco de pão? Lugar, aqui não temos. Ir andando pelas casas com uma desconhecida… –diz Filipe.

– Espera. Eu vou ver –diz Bartolomeu, e pega a lâmpada para clarear.

– Não é preciso que tu vás. A mulher não está com frio nem com fome, e sabe muito bem para onde ir. Ela não tem medo da noite. Mas é uma infeliz, ainda que não seja nem doente nem leprosa. É uma prostituta. E vem para tentar-me. Eu vos digo tudo isso para que saibais que Eu sei e vos persuadais de que Eu sei. E também vos digo que ela não está vindo por seu próprio capricho, mas sim, porque está sendo paga para vir.

Jesus fala alto para poder ser ouvido no quarto ao lado, onde está Judas.

– E quem achas que tenha querido fazer isso? E com que plano?

–diz o próprio Iscariotes, que reaparece na cozinha–. Os fariseus, certamente que não, os escribas, também não nem os sacerdotes, pois ela é uma prostituta. E creio que nem os herodianos sejam assim… tão cheios de ódio para se meterem em certas brigas a fim de… Nem eu mesmo sei por quê.

– O porquê Eu te digo. Para poder dizer depois que Eu sou um pecador, um que tem relações com as pecadoras públicas. E Tu o sabes, tanto como Eu, que assim é. E Eu te digo que não amaldiçoo nem a ela nem a quem a mandou. Eu sou ainda e sempre a misericórdia. E vou estar com ela. Se queres ir comigo, podes ir. Eu vou estar com ela, porque realmente é uma infeliz. Ela diz que o é pensando que está dizendo uma mentira, pois é jovem, bonita e bem paga, sadia, e está contente com sua vida infame. Mas ela é uma infeliz, sim. É a única verdade que ela diz, entre as suas muitas mentiras. Vai na minha frente, para assistires ao colóquio.

– Eu, não. Eu não vou assistir. Por que eu deveria fazer isso?

– Para dar testemunho a quem te perguntar.

– E quem queres Tu que me interrogue? Entre nós não se ficará fazendo perguntas, e os outros… Não vejo ninguém, eu.

– Obedece. Vai na frente.

– Não. Não quero obedecer nisso, e não me podes obrigar a aproximar-me de uma meretriz.

– Opa! Que grande coisa és tu? Serás o Sumo Sacerdote? Vou eu, Mestre, e sem medo de que nada me pegue –diz Pedro.

– Não. Eu vou sozinho. Abre.

532.5

Jesus desce para a horta. Na escuridão mais completa da noite, sem que ainda tenha nascido a lua, não se vê nada. A porta da cozinha se abre de novo e Pedro sai com uma lâmpada.

– Toma esta lâmpada, Mestre, se é que não queres mesmo que eu vá –diz ele em voz alta.

E, depois, em voz baixa:

– Mas fica sabendo que nós ficaremos atrás da porta. Se precisares de nós, podes chamar-nos…

– Sim. Vai. E não fiqueis discutindo uns com os outros.

Atrás do grosso tronco da nogueira, está uma figura humana. Jesus dá dois passos para o lado dela e diz:

– Acompanha-me.

E vai colocar-se na banqueta de pedra colocada perto da casa, do lado do oriente.

A mulher vai indo para frente, toda velada e inclinada. Jesus coloca a lâmpada sobre a pedra, ao lado dele.

– Fala.

Ele deu esta ordem com a severidade de um Deus, e a mulher, em vez de continuar para frente e de falar, dá uns passos para trás, inclina-se mais ainda e fica calada.

– Fala, Eu te mando. Querias falar comigo. E Eu vim. Fala, diz Jesus, com tom de doçura na voz.

Silêncio.

– Então, eu vou falar. E Eu te pergunto: por que me odeias tanto a ponto de servir aos que querem a minha ruína e a desejam de todos os modos, e para ela procuram todas as causas possíveis? Responde. Que foi que Eu te fiz de mal, ó infeliz? Que foi que te fez de mal o Homem que nem em seu coração zombou da vida infame que tu levas? Será que esse Homem te corrompeu, Ele que, nem em seu coração te desejou para que o possas odiar mais do que aqueles que te prostituíram e te rebaixam cada vez que eles vêm a ti? Responde! Que foi que te fez Jesus de Nazaré, o Filho do homem, que tu apenas conheces de vista por te teres encontrado com Ele nas ruas da cidade, Jesus, que nem conhece o teu rosto, nem às tuas graças dá importância, e que somente da tua alma é que ele quer ver a suja e enfeada figura, para conhecê-la e curá-la? Então, fala!

532.6

Não sabes quem Eu sou? Sim, em parte tu o sabes. E até em duas partes o sabes. Sabes que Eu sou um homem jovem e que a minha pessoa te agrada. Quem te disse isso foi a tua animalidade desenfreada. E a tua língua de ébria o disse a quem pôde ficar ouvindo a confissão de tua sensualidade, e fez disso uma arma com que fazer-me mal. Sabes que Eu sou Jesus de Nazaré, o Cristo. Isto te disseram aqueles que desfrutando do teu desejo carnal, te pagaram para que viesses aqui a fim de me tentar. Eles te disseram: “Ele se diz o Cristo. As multidões o chamam o Santo, o Messias. Ele não é mais do que um impostor. Precisamos ter as provas de sua miséria como homem. Dá-nos essas provas e te cobriremos de ouro.” E porque tu, com um resto de justiça, a última migalha daquele tesouro de justiça que Deus havia colocado em tua carne junto com tua alma mas que tu quebraste e esparramaste por aí, não querias fazer-me mal — porque a teu modo me amavas — então eles te disseram: “Nós não lhe faremos mal! Pelo contrário! Nós abandonaremos contigo o homem, dando-te os meios de fazê-lo viver como um rei ao teu lado. Basta-nos podermos dizer a nós mesmos, para pormos em paz a nossa consciência, que Ele é um simples homem. Dá-nos essas provas e te cobriremos de ouro. Será uma prova de que temos razão em não crer que Ele é o Messias.” Assim disseram eles. E tu, então, vieste. Mas se Eu aderisse às tuas adulações, teria o Inferno sobre Mim. Eles já estão prontos para cobrir-me de lama e para prender-me. E tu estás sendo o instrumento para que possam fazer isso.

Estás vendo que não te faço perguntas. Eu falo, porque sei sem necessidade de perguntar. Mas se é que tu sabes destas duas coisas, há uma terceira que tu não sabes. Tu não sabes quem Eu sou, além de ser um homem e ser Jesus. Em Mim tu vês o homem. Os outros te dizem: “É o Nazareno.” Mas Eu te digo quem sou. Eu sou o Redentor. E, para redimir, devo ser sem pecado. A minha possível sensualidade de homem, olha como Eu a espezinhei. Assim como faço com esta nojenta lagarta que, na escuridão, vinha de uma lama para outra lama a fim de realizar os seus lascivos amores. Assim Eu a espezinhei sempre. E assim a espezinho agora também. E assim estou disposto a arrancar de ti a tua doença e espezinhá-la, livrando-te dela, para tornar-te sã e santa. Porque Eu sou o Redentor. Somente isso. Tomei um corpo de homem para salvar-vos, não para pecar. Tomei-o para tirar os vossos pecados, não para pecar convosco. Tomei-o para amar-vos, mas com um amor que dá a sua vida, o seu sangue, a sua palavra, tudo, a fim de levar-vos para o Céu, para a Justiça, não para amar-vos como um animal. E nem mesmo como homem, porque Eu sou mais do que homem.

532.7

Sabes tu exatamente quem Eu sou? Não o sabes. Tu não sabias nem mesmo qual era a importância do que tinhas vindo fazer. E disso Eu te perdoo sem que tu me peças. Tu não sabias. Mas e a tua prostituição? Como pudeste viver nela? Tu não eras assim. Eras boa. Oh! Infeliz! Não te lembras de tua infância? Não te recordas dos beijos de tua mãe? Nem das palavras dela? Nem das horas de oração? Das palavras de Sabedoria que ouvias serem explicadas de tarde por teu pai, e aos sábados pelo sinagogo? Quem foi que te fez ficar assim embotada e ébria? Não te lembras? Não tens saudades daqueles tempos? Dize-me: Estás verdadeiramente feliz? Não respondes? Eu falo em teu lugar. E Eu digo: não, não és feliz. Quando despertas, encontras sobre o teu travesseiro a tua vergonha a dar-te a primeira tortura do dia, cada dia. E a voz da consciência te grita a sua reprovação, enquanto te ficas enfeitando e perfumando com prazer. E sentes um cheiro insuportável, até nas essências mais finas. E um sabor nauseante, até nos alimentos mais gostosos. E as tuas joias te pesam como umas correntes. E elas o são. E enquanto te ris e seduzes, alguma coisa geme dentro de ti. E te embebedas para vencer os aborrecimentos e a náusea que te causa a tua vida. E odeias aqueles que dizes amar a fim de receber algum lucro deles. E maldizes a ti mesma. E teu sono é cheio de íncubos. E a lembrança de tua mãe é uma espada em teu coração. E a maldição de teu pai não te deixa em paz. Além disso, recebes as ofensas dos que se encontram contigo, as crueldades dos que abusam de ti sem piedade e sempre. Tu és uma mercadoria. Tu és vendida. E uma mercadoria comprada se usa como se quer. Rasga-se, consome-se, pisa-se nela, cospe-se sobre ela. Está sob os direitos do comprador. Tu não te podes rebelar… E será que uma situação assim te faz feliz? Não. Estás desesperada. Estás acorrentada. Estás sendo torturada. Sobre a terra és um farrapo nojento, que por qualquer um pode ser pisado. Se tu procuras, nas horas de sofrimento, encontrar conforto e levantar o teu espírito para Deus, sentes a ira de Deus sobre ti, uma prostituta, e vês o Céu fechado, e mais ainda do que o foi para Adão. Se te sentes mal, ficas com grande medo de morrer, porque sabes qual é a tua sorte. Pois o abismo te espera.

532.8

Oh! Infeliz! E tudo isso ainda não bastava? Gostarias de acrescentar à torrente de tuas culpas também a culpa de teres sido a ruína do Filho do homem? Deste que te ama? Ele é o único que te ama. Porque foi por tua alma também que Ele se revestiu com a carne humana. Eu poderia salvar-te, se tu o quisesses. Sobre o abismo de tua abjeção inclina-se o Abismo da Misericordiosa Santidade, e fica esperando um teu desejo de Salvação para arrancar-te do abismo de tua imundície. Em teu coração tu ainda pensas ser impossível que Deus te perdoe. E ficas ainda procurando bases para este teu pensamento no confronto que fazes com o mundo, que não te perdoa por seres uma prostituta. Mas Deus não é o mundo. Deus é bondade. Deus é perdão. Deus é Amor.

Tu vieste a Mim, tendo sido paga para me fazer mal. Em verdade, Eu te digo que o Criador, contanto que salve uma sua criatura, pode transformar em bem o que é mal. E se tu quiseres, em bem vai se mudar a tua vinda a Mim. Não te envergonhes do teu Salvador. Não te envergonhes de lhe mostrares nu o teu coração. Ainda que o queiras esconder, Ele o vê e chora sobre ele. Chora. Ama. Não te envergonhes de arrepender-te. Sê ousada em arrepender-te como o foste na culpa. Não és tu a primeira prostituta que vem chorar a meus pés e que Eu reconduzo à Justiça… Eu nunca expulsei nenhuma criatura, por mais culpada que ela fosse. Pelo contrário, sempre procurei atraí-la e salvá-la. Esta é a minha missão. Não me causa horror o estado de um coração. Eu conheço Satanás e as obras dele. Conheço os homens e suas fraquezas. Conheço a condição da mulher que paga, como é de justiça, mais duramente do que o homem, as consequências da culpa de Eva. Portanto, eu sei julgar e compadecer-me. E Eu te digo que, mais do que para com as mulheres decaídas, Eu sou severo com aqueles que as fizeram cair. Quanto a ti, Eu sou mais severo para com aqueles que te mandaram do que para contigo, que vieste sem saber exatamente para que estavas sendo usada. Eu teria preferido que tu tivesses vindo impelida por um desejo de redenção, como outras tuas irmãs. Mas se tu obedeceres ao desejo de Deus e se de uma má ação fizeres a pedra angular da tua nova vida, Eu te direi a palavra de paz…

532.9

Jesus, que estava muito severo no princípio, pouco a pouco foi-se abrandando, mas permanecendo tão… Deus — de se excluir toda fraqueza da sensualidade e também qualquer erro na avaliação de sua bondade — agora se cala, olhando para a mulher, que ficou o tempo todo de pé, mas inclinada, sempre mais inclinada, a uns dois metros dele, e que, enquanto Ele falava, levou as mãos ao rosto, apertando-o contra o véu, duas belas mãos que se deixam entrever sobre o manto escuro, cheias de anéis. Alguns braceletes estão nos pulsos dos braços, alguns até nos cotovelos. Eu não saberia dizer se a mulher está chorando ou não. Se estiver, certamente o faz em silêncio, pois não se ouve nenhum soluço, nem se veem sobressaltos. Ela parece uma estátua, de tão parada que ficou com suas vestes escuras. Depois de uns poucos instantes, cai de joelhos, cai como um novelo no chão, e agora está chorando de verdade, e nem toma nenhuma precaução para não ser vista. Depois, estando assim como um farrapo no chão, fala:

– É verdade! És verdadeiramente um profeta… Tudo é verdade… Pagaram-me para isso. Mas me haviam dito que era para uma aposta… Eles te teriam descoberto em minha casa… Mas também perto de Ti…

– Mulher, Eu só quero ouvir a narração de tuas culpas… –interrompe-a Jesus.

– É verdade… Não tenho o direito de acusar ninguém, porque eu sou um esterqueiro de imundície. Tudo é verdade. Eu não sou feliz… Não tenho prazer com as riquezas, nem com os festins, nem com os amores… Enrubesço ao pensar em minha mãe… Tenho medo de Deus e da morte… Odeio os homens que me pagam. Tudo o que disseste é verdade. Mas não me expulses, Senhor. Nunca ninguém, depois de minha mãe, me falou como Tu. Até que me falaste ainda de modo mais brando do que minha mãe que, nos últimos tempos, estava dura comigo por causa da minha conduta… Para não mais ficar ouvindo-a, eu fugi para Jerusalém… Mas Tu… Contudo, é como se a tua doçura fosse neve caindo sobre o fogo que me devora. O meu fogo está ficando mais calmo e até está virando um outro fogo. Ele era ardente, mas não produzia luz nem calor. E eu era de gelo e estava nas trevas. Oh! Quanto eu desejei sofrer! Quantas dores inúteis e malditas eu causei a mim mesma. Senhor, eu te disse, através da porta semiaberta, que eu era uma infeliz e que tivesses piedade de mim. Eram aquelas umas palavras de mentira, que me haviam ensinado para dizer-te, sendo elas uma cilada. Haviam-me dito que depois a minha beleza teria feito o resto…

532.10

A minha beleza! As minhas vestes!…

A mulher põe-se de pé. Agora que ela se ergueu, vejo que é alta. Ela tira o véu e o manto, e aparece em sua verdadeira beleza de uma cor moreno-acastanhada e rosto de cútis alvíssima. Seus olhos, aumentados em seus volumes por olheiras, são grandes e muito bonitos, têm um olhar de inocência espantada, o que é raro encontrar-se em uma dessas mulheres. Talvez o pranto já os tenha lavado. A mulher arranca o tecido do manto e pisa nele, rasga o véu, destrói as fivelas preciosas dos dois e os joga no chão, tira os anéis e braceletes, joga para longe os ornamentos da cabeça, agarra as madeixas encaracoladas, cheias de broches luzentes, e os tira, despenteando-se para acabar com aqueles artifícios, com uma fúria tal de sacrifício que chega a se tornar pavorosa. O colar que ela tem no pescoço, tendo sido puxado com violência, se desfaz no chão, e seu pé, calçado com uma sandália, pisa nas pedras preciosas e as esmigalha. Seu cinturão precioso tem a mesma sorte, e assim também um broche, que segura com arte o tecido de sua veste sobre o peito. E tudo isso, enquanto ela, em voz baixa e ofegante, vai repetindo:

– Fora! Fora! Fora, coisas malditas! Fora! Tanto vós, como aqueles que as deram! Fora, esta minha beleza! Fora, estes meus cabelos! Fora, esta minha carne de jasmim!

Com rapidez, ela agarra uma pedra aguçada, que viu no chão, e com ela se fere até sair o sangue do rosto, e o arranha com suas unhas pintadas. O sangue goteja das feridas, as feições ficam inchadas pelos golpes, até que, enfim, sua fúria se aplaca, e ela, ofegante, exausta, desfigurada, despenteada, rasgada, com as vestes sujas de sangue e de terra, se joga no chão, aos pés de Jesus, gemendo:

– E agora me podes perdoar, se estás vendo meu coração, porque não há mais nada do meu passado, nada mais de…

532.11

Tu venceste, Senhor, na luta contra os teus inimigos e contra minha carne… Perdoa-me os meus pecados…

– Eu os havia já perdoado desde quando Eu vim ao teu encontro. Levanta-te e não peques mais.

– Dize-me o que devo fazer para conseguir isso.

– Afasta-te dos lugares de pecado e daqueles que sabem quem és. Tua mãe…

– Oh! meu Senhor! Ela não me acolherá mais. Ela me odeia por causa de meu pai, que morreu por mim, amaldiçoando-me.

– Se Deus que é Deus te acolhe, porque é Pai, pode deixar de acolher-te tua mãe, que te gerou, e que é mulher como tu? Vai humildemente a ela. Chora aos pés dela como choras aos meus. Confessa-te a ela, como fizeste comigo. Conta-lhe os teus sofrimentos. Invoca a piedade dela. Há anos que tua mãe está esperando esse momento. Ela o está esperando para morrer em paz. Suporta as palavras dela como uma amorosa censura, como suportaste as minhas. Ela é tua mãe. Tens o duplo dever, por isso, de escutá-la e com respeito.

– Tu és o Messias. Sabes mais do que minha mãe.

– Agora falas assim. Mas quando vieste para tentar-me, não sabias que Eu era o Messias e, no entanto, escutaste as minhas palavras.

– Tu eras tão diferente dos homens… assim… Tu és Santo, ó Jesus de Nazaré!

– Tua mãe é santa, como mãe e como criatura. Foi por suas orações que tu encontraste misericórdia junto de Deus. A mãe é sempre santa! E Deus quer que a ela se lhe prestem honras.

– E eu a desonrei. Todo o povoado sabe disso.

– Uma razão a mais para ires a ela e dizer-lhe: “Mãe, perdão.” E para consagrar-lhe tua vida e compensá-la pelos sofrimentos que por tua causa ela passou.

– Eu o farei…

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Mas… Senhor, não me mandes voltar a Jerusalém. Eles estão me esperando… e eu não sei se saberei resistir às ameaças… Deixa-me aqui até o amanhecer, e depois…

– Espera um momento.

Jesus se levanta, vai até à porta da cozinha, bate e manda abrir. E diz:

– Elisa, vem cá fora.

Elisa obedece. Jesus a leva para a mulher, que vendo vir uma outra mulher, e já de idade, tem uma sensação de vergonha e procura cobrir o seu rosto e a veste indecente com os restos do manto e do véu rasgados.

– Escuta, Elisa. Eu vou deixar imediatamente esta casa. Tu dirás aos meus Apóstolos que vão ao meu encontro, lá pela aurora, perto da Porta de Herodes. Todos, menos Judas de Keriot, que deve ir comigo. Levarás esta mulher para dormir contigo. Podes tomar a minha cama, porque Eu tão cedo não voltarei a Nobe. Amanhã, quando João despertar, tu e ele acompanhareis esta mulher para onde ela disser. Tu lhe darás uma veste comum e um dos teus mantos. E a ajudareis em tudo.

– Está bem, Senhor. Será feito o que Tu queres. Só não me agrada por causa de João…

– A mim também, não. Eu queria contentá-lo, mas o ódio dos homens impede ao Filho do homem de dar uma hora de festa a um justo…

– E depois, Senhor?

– Depois? Podes voltar a Betsur e ficar esperando… Adeus, Elisa. A minha bênção e a minha paz estejam contigo. Adeus, mulher. Eu te confio a uma mãe e a um justo. Mas se achas que deves voltar para pegar os teus haveres…

– Não. Não quero ter mais nada do passado.

– Mas, mulher minha! Não poderás certamente deixar tudo abandonado! Não tens servos nem parentes? –pergunta Elisa.

– Eu só tenho uma serva… e…

– E terás que libertá-la, terás…

– Eu te peço que o faças tu, na volta. Ajuda-me a curar-me completamente, ó mulher –e há uma verdadeira angústia em sua voz.

– Sim, minha filha! Sim. Não fiques angustiada. Amanhã pensaremos em tudo. Agora, vem cá para cima comigo.

E Elisa a pega pela mão e a conduz, subindo pela escada para um dos dois pequenos quartos de cima.

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Depois desce rapidamente:

– Eu pensava que era bom que todos te vissem sem ela, Senhor. E que não soubessem onde ela está. Estas joias…

Ela se inclina para recolher anéis e braceletes, fivelas e grampos, o cinturão e todas as contas do colar despedaçado:

– Que faremos, Senhor, com estas coisas?

– Vem comigo. Tens razão. É bom que me vejam.

Entram na cozinha. Todos ficam olhando para Jesus, como querendo perguntar alguma coisa. O velho também levantou-se, talvez despertado pelo barulho de alguma discussão.

– Elisa, entrega a Tomé as coisas preciosas. E tu, Tomé, amanhã as venderás a algum ourives. Servirão para os pobres. Sim. São joias de mulher. Daquela mulher. E esta é a resposta a quem pensa que uma carne possa tentar o Filho do homem e desviá-lo de sua missão. E também é o conselho àqueles que me odeiam, para que saibam que é inútil todo enredo para achar matéria de acusação. João, Elias te dirá o que deves fazer. Eu te abençoo…

– Tu estás me deixando? –pergunta entristecido o velhinho.

– Eu preciso. Adeus. A paz esteja contigo.

E virando-se para os apóstolos:

– Ide descansar. Todos, menos Judas de Keriot, que vem comigo.

– Mas para onde? Já é noite –diz Judas.

– Vamos rezar. Isso não te fará mal. Será que tu tens medo do ar da noite, ainda que o respires junto comigo?

Judas inclina a cabeça, pegando a contragosto o seu manto, enquanto Jesus apanha o dele.

– Amanhã bem cedo estaremos na Porta de Herodes. Iremos para o Templo e…

– Não!

Esse “não” é unânime. Mas o de Judas é mais forte.

– Iremos ao Templo. Pois tu não nos disseste que já os persuadiste a deixar-nos em paz?

– É verdade.

– Pois, então, iremos ao Templo. Vem comigo –e se prepara para sair.

– E assim já terminou a festa que nós havíamos preparado –suspira Pedro.

– Que terminou antes de começar, é o que deves dizer –responde-lhe Tiago de Zebedeu.

Jesus já está perto da soleira da porta aberta. Volta-se e abençoa. Depois desaparece na noite.

Na cozinha todos estão emudecidos. Enfim, Mateus pergunta à Elisa:

– Mas, afinal, o que foi que aconteceu?

– Não sei. Estava aí uma mulher chorando. E Ele disse o que falou também a vós. Quem era ela, de onde era e por que foi que veio, eu não sei…

– Está bem. Vamos…

Exceto Mateus e Bartolomeu, que estão dormindo na casa, todos os outros vão-se embora.