The Writings of Maria Valtorta

532. Préparatifs pour la fête des Encénies.

532. Preparations for the Feast of Lights.

532.1

Les peuples considérés dans leur ensemble, et les hommes individuellement, sont toujours un peu enfants et un peu sauvages, ou du moins primitifs, très sensibles par conséquent à tout ce qui sent la nouveauté, l’extraordinaire, et a un air de fête.

L’approche des solennités a toujours le pouvoir d’exalter les hommes, comme si la festivité faisait disparaître ce qui les rend tristes et las. Un je-ne-sais-quoi d’entrain, de surexcitation, frappe tout le monde, comme si cette proximité ressemblait au tam-tam des sauvages lors de leurs fêtes idolâtres ou de leurs entreprises belliqueuses.

A quelques jours des Encénies, les apôtres sont dans cet état d’euphorie. Bavards, joyeux, ils se mettent à faire des projets, à rappeler les fêtes passées. Un peu de mélancolie marque les conversations, mais ensuite l’air de fête les reprend et les pousse à agir pour que tout soit beau pendant la solennité.

Les lampes dans la maison de Jean sont-elles peu nombreuses ? Oh ! la maison de Thomas à Rama en est pleine ! Et Thomas va a Rama prendre des lampes. L’huile n’est pas abondante ? Peu importe : Elise a beaucoup d’huile à Bet-Çur, et elle l’offre. Aussitôt André et Jean partent pour Bet-Çur en chercher. Il faut un feu doux de brindilles pour cuire les fouaces ? Voici les deux Jacques qui vont parcourir les collines pour en ramasser. Il semble qu’il y ait peu de farine, d’orge et de miel pour les plats rituels ? Et que fait Nikê à Jérusalem, elle qui s’est presque offensée de ce que l’on ne lui demande jamais rien, si ce n’est pour donner de son miel blond, de la farine et de l’orge de son beau domaine ? Pierre et Simon le Zélote partent chez elle tandis que Jude aide Elise à embellir la maison. Partageant la même allégresse, le vieux Barthélemy, aidé de Philippe, donne une bonne couche de chaux à la cuisine enfumée pour la rendre plus gaie.

Judas se réserve la partie décorative et ne cesse de revenir avec des branches à feuillage persistant garnies de baies odorantes, et il les dispose avec grâce sur les étagères et autour du manteau du foyer.

Et, la veille des Encénies, la maisonnette semble préparée pour accueillir une épouse, tant elle paraît changée, avec sa brillante vaisselle de cuivre, ses lampes qui éclairent comme autant de soleils, ses rameaux joyeux sur les murs blanchis, tandis que l’odeur du pain et des fouaces se répand dans l’air déjà parfumé par les rameaux coupés.

Jésus laisse faire. Il paraît bien loin de tous, très pensif, triste même. Il répond à ceux qui l’interrogent, et quémandent un compliment pour ce qu’ils ont fait. Ce sont ces questions qui me permettent de reconstituer les travaux accomplis par les disciples : “ N’ai-je pas eu une bonne idée, moi, d’aller à la maison prendre des lampes ? ” ; ou : “ Avons-nous bien fait, Philippe et moi, de tout blanchir ? C’est clair et gai, et la pièce paraît plus grande ” ; ou encore : “ Tu vois, Maître ? Elise est contente. Il lui semble être dans sa maison du temps de ses fils. Aujourd’hui, elle chantait en remplissant d’huile les lampes, en pétrissant son miel dans la farine et en le délayant dans le lait pour l’orge ” ; et encore : “ Elchias dira ce qu’il voudra, mais un peu de verdure, cela fait bien. D’ailleurs… si le Créateur a fait les branchages, c’est pour que nous nous en servions, n’est-ce pas ? ” Mais si Jésus répond aussi à ces questions, qui expriment une soif d’éloge, sa pensée est absente. Et cela se voit.

532.2

La nuit tombe. Avant de partir s’enfermer dans leurs maisons, les habitants passent la tête dans la cuisine pour saluer une dernière fois le Maître, puis le silence s’établit à Nobé. C’est l’heure du dîner, l’heure du repos pour les enfants et pour les vieillards, pour tous ceux que la maladie ou l’âge rend délicats.

Ce doit être l’usage de faire des cadeaux pour les Encénies. Je vois en effet qu’à peine le vieux Jean s’est retiré dans sa petite pièce près de la cuisine, Elise et les apôtres se mettent à finir l’une un vêtement, les autres des objets utiles taillés dans le bois, et un rideau en filet, avec des ficelles teintes en rouge, vert, jaune et indigo, travail spécial des pêcheurs.

Thomas, Matthieu, Barthélemy et Simon le Zélote s’occupent à regarder.

« Voilà. J’ai fini, » dit Elise en se levant et en secouant le vêtement pour le débarrasser des fils qui pouvaient y rester.

« Cela lui tiendra chaud, pauvre vieux ! s’exclame Pierre en palpant l’étoffe. Ah ! sans les femmes, nous, les hommes, nous sommes vraiment malheureux. Je me demande, sans toi, à quoi nous serions réduits après des mois d’absence de la maison. Je suis capable de faire cela, mais s’il fallait accrocher une boucle !…

– Tu as été rapide, toi aussi. Tu ressembles à mon épouse, déclare Barthélemy.

– Moi aussi, j’ai fini. Le bois était bon, facile à découper et en même temps résistant, dit Jude en déposant sur la table sombre une boîte pouvant servir au sel ou aux épices.

– Mon œuvre, au contraire, est encore inachevée. Il y a une veine dure qui ne veut pas se laisser travailler. Je regretterais de ne pas parvenir à tout terminer. C’était beau, ces veines sombres sur le bois plus clair. Regarde, Jésus : ne font-elles pas penser à des sommets de montagnes peints sur du bois ? » demande Jacques, fils d’Alphée.

Il montre une espèce de vase dont je ne sais à quel usage il peut être destiné, d’une forme vraiment élégante, avec un couvercle en forme de dôme et des veines gracieuses sur la panse et le couvercle. Mais c’est justement sur le couvercle, près de la poignée, que le bois résiste avec opiniâtreté.

« Insiste, insiste, tu y arriveras. Chauffe le fer au rouge. Tu attaqueras la fibre et tu réussiras. Une fois enlevée la première couche…, répond Jésus, qui a observé.

– Mais ne va-t-il pas s’abîmer avec le feu ? demande Matthieu.

– Non, s’il s’en sert habilement. Du reste, il n’y a que ce moyen, sinon il faudra tout jeter. »

Jacques chauffe le poinçon coupant, puis approche la pointe rougie de l’endroit qui résiste. Odeur de bois brûlé…

« Assez ! Maintenant travaille et tu vas réussir » dit Jésus.

Pour aider son cousin, il tient le couvercle serré comme dans un étau. A deux reprises, la lame glisse et effleure les doigts de Jésus.

« Enlève ta main, mon Frère. Je ne voudrais pas te blesser… » dit Jacques.

Mais Jésus continue à tenir le vase. La troisième fois, le ciseau fait saigner le pouce de Jésus.

« Voilà ! Tu vois ? Tu t’es fait mal ! Laisse-moi voir !

– Ce n’est rien. Deux gouttes de sang… » répond Jésus en secouant son doigt pour que tombe le sang qui coule de la coupure. « Essuie plutôt le couvercle, il est taché, ajoute-t-il ensuite.

– Non, laissez-le ! Il est précieux tel qu’il est. Essuie ton doigt sur mon voile, Maître. Ton sang est un sang béni » dit Elise.

Et elle enveloppe la main de Jésus dans le lin de son voile.

Le couvercle, cause de tant de malheurs, est vaincu. La rayure est achevée.

« Il voulait d’abord faire du mal, commente Simon le Zélote.

– Oui ! Et ensuite il s’est laissé faire, ce bois têtu ! dit Thomas.

– Par le fer, le feu et la douleur. On dirait l’une des phrases chères aux Romains, remarque Simon.

– Je ne sais pourquoi, cela me rappelle certains passages des prophètes. Nous aussi, nous sommes du bois têtu… faudra-t-il donc le fer, le feu et la douleur pour nous rendre bons ? demande Barthélemy.

– En vérité, ce sera nécessaire. Et cela ne suffira pas. Moi, je travaille avec le feu et avec ma douleur, mais tous les cœurs ne savent pas imiter ce bois…

532.3

Chut ! Dehors, il y a quelqu’un… C’est un bruit de pas… »

Ils écoutent. Tout est silencieux.

« C’est peut-être le vent, Maître. Il y a des feuilles sèches dans le jardin…

– Non. C’étaient des pas…

– Quelque animal nocturne. Moi, je n’entends rien.

– Moi non plus… moi non plus… »

Jésus paraît écouter. Puis il lève la tête et regarde fixement Judas qui, lui aussi, tend l’oreille, plus que les autres. Il le scrute avec une telle insistance que Judas demande :

« Pourquoi me regardes-tu ainsi, Maître ? »

Mais il n’y a pas de réponse, car une main frappe à la porte.

Des quatorze visages que la lampe éclaire, seul celui de Jésus reste immuable. Les autres changent de couleur.

« Ouvrez ! Ouvre, Judas de Kérioth !

– Moi, non, je n’ouvre pas ! Ce pourrait être des malfaiteurs venus exprès pendant la nuit. Qu’il n’arrive pas que je te nuise !

– Ouvre, toi, Simon, fils de Jonas.

– Jamais de la vie ! Je jette la table contre l’entrée, plutôt ! dit Pierre, en faisant mine de joindre le geste à la parole.

– Ouvre, Jean, ne crains rien.

– Oh ! si vraiment tu veux faire entrer cette personne, moi, je pars chez le vieillard. Je ne veux rien voir », lance Judas.

Ce disant, il parcourt en quatre grands pas la distance qui le sépare de la porte du vieil homme et disparaît dans sa chambre.

Jean, debout près de la porte, la main sur la clé, regarde Jésus avec effroi et murmure :

« Seigneur !…

– Ouvre, n’aie pas peur.

– Mais oui. Nous sommes treize hommes forts. Ils ne vont pas être une armée ! Avec quatre poings et beaucoup de cris — Elise, tu vas hurler s’il le faut —, nous les mettrons en fuite. Nous ne sommes pas dans un désert ! ” s’exclame Jacques, fils de Zébédée.

Il enlève son habit et retrousse les manches de sa tunique ou de son sous-vêtement, prêt à se défendre. Pierre l’imite.

532.4

Encore hésitant, Jean ouvre la porte, passe la tête par l’ouverture et ne voit rien. Il crie :

– Qui est là ? »

Une voix de femme répond, faible, comme si elle était souffrante :

« Une femme. Je veux voir le Maître.

– Ce n’est pas une heure pour venir dans les maisons, lance Pierre, qui s’était placé derrière Jean. Si tu es malade, comment es-tu dehors à cette heure ? Si tu es lépreuse, comment t’aventures-tu dans un village ? Si tu es affligée, reviens demain. Va, retourne à tes affaires.

– Par pitié ! Je suis seule sur la route. J’ai froid. J’ai faim. Et je suis malheureuse. Appelez-moi le Maître. Lui, il a pitié… »

Les apôtres regardent Jésus, interdits. Jésus est très sévère et se tait. Ils referment la porte.

« Que fait-on Maître ? Nous lui donnons au moins un peu de pain ? Il n’y a pas de place, il faudra aller dans les maisons avec une inconnue… suggère Philippe.

– Attends. Moi, je vais voir, dit Barthélemy en saisissant une lampe pour y voir clair.

– Il n’est pas nécessaire d’y aller. La femme n’a ni faim, ni froid et elle sait très bien où aller. Elle n’a pas peur de la nuit. Mais c’est une malheureuse, bien qu’elle ne soit ni malade ni lépreuse. C’est une prostituée, et elle vient me tenter. Je vous dis cela pour que vous sachiez que je sais, pour que vous vous persuadiez que je sais. Et j’ajoute qu’elle n’est pas poussée par quelque caprice personnel, mais elle vient parce qu’elle est payée pour cela. »

Jésus parle à haute voix, assez fort pour qu’on puisse l’entendre dans la pièce à côté, où se trouve Judas.

« Et qui veux-tu qui ait fait cela ? Dans quel but ? » demande Judas lui-même en réapparaissant dans la cuisine. « Certainement pas les pharisiens ; les scribes non plus, ni les prêtres si c’est une prostituée. Et je ne crois pas que les hérodiens soient assez… rancuniers pour se donner certains ennuis pour… Et je ne sais pas non plus pour quelle raison.

– Je vais te donner la raison : c’est pour pouvoir arriver à dire que je suis un pécheur, quelqu’un qui a des relations avec les pécheresses publiques. Et tu sais autant que moi qu’il en est ainsi. Mais je t’assure que je ne maudis ni elle ni ceux qui l’ont envoyée. Je suis encore et toujours la Miséricorde. Je vais trouver cette femme. Si tu juges bon de m’accompagner, viens donc. Je vais la trouver, car c’est vraiment une malheureuse. En disant l’être, elle croit mentir, car elle est jeune, belle et bien payée, en bonne santé et contente de sa vie infâme. Mais elle est malheureuse. C’est l’unique vérité qu’elle ait dite au milieu de tant de mensonges. Précède-moi et assiste à l’entretien.

– Moi, non, je n’y assisterai pas ! Pourquoi devrais-je le faire ?

– Afin de témoigner à ceux qui t’interrogent.

– Et qui veux-tu qui m’interroge ? Parmi nous, il n’y a personne pour poser des questions, et les autres… Je ne vois personne, moi.

– Obéis. Passe devant.

– Non. Je refuse d’obéir à un tel ordre, et tu ne peux m’obliger à approcher une prostituée.

– Pour qui te prends-tu ? Pour le grand-prêtre ? J’y vais, moi, Maître, et sans craindre quoi que ce soit, affirme Pierre.

– Non. J’y vais tout seul. Ouvre. »

532.5

Jésus sort dans le jardin. Dans le noir absolu d’une nuit encore sans lune, on ne voit rien. La porte de la cuisine s’ouvre de nouveau, et Pierre sort avec une lampe.

« Prends au moins cela, Maître, si vraiment tu ne veux pas de moi » dit-il à haute voix, avant d’ajouter tout bas : « Mais sache que nous nous tenons derrière la porte. Si nécessaire, appelle…

– Oui. Va. Et ne vous disputez pas. »

Jésus prend la lampe et la lève pour y voir. Derrière le gros tronc du noyer, il y a une forme humaine. Jésus fait deux pas vers elle, et ordonne :

« Suis-moi. »

Puis il va s’asseoir sur le petit banc de pierre contre la maison, du côté de l’orient.

La femme s’avance, toute voilée et courbée. Jésus pose la lampe sur la pierre, près de lui.

« Parle. »

Cette injonction est tellement autoritaire, raide, elle est tellement divine que la femme, au lieu d’avancer et de parler, recule et s’incline plus encore, en silence.

« Parle, te dis-je. Tu as demandé à me voir, je suis venu. Parle » dit-il avec une nuance de douceur dans la voix.

Silence.

« Dans ce cas, c’est moi qui prends la parole. Je te demande : pourquoi me hais-tu au point de servir ceux qui cherchent ma ruine, y rêvent de toutes les manières et en cherchent toutes les causes possibles ? Réponds ! Quel mal t’ai-je fait, malheureuse ? Quel mal t’a fait l’Homme qui, même dans son cœur, ne t’a pas méprisée pour la vie infâme que tu mènes ? Est-ce qu’il t’a corrompue, lui qui, même dans son cœur, ne t’a pas désirée, pour que tu doives le haïr plus que ceux qui t’ont prostituée et qui te méprisent chaque fois qu’ils viennent à toi ? Réponds ! Que t’a fait Jésus de Nazareth, le Fils de l’homme, que tu connais à peine de vue pour l’avoir rencontré dans les rues de la ville, Jésus qui ignore ton visage et qui ne se soucie pas de tes grâces — car c’est seulement de ton âme qu’il recherche l’image souillée, défigurée, pour la connaître et pour la guérir — ? Parle donc !…

532.6

Tu ne sais pas qui je suis ? Si, tu le sais en partie. Tu le sais même aux deux tiers. Tu sais que je suis un homme jeune, et que je te plais. C’est ce que t’a dit ton animalité effrénée. Alors ta langue de femme ivre en a fait part à celui qui a recueilli l’aveu de tes sens et s’en est fait une arme pour me nuire.

Tu sais que je suis Jésus de Nazareth, le Christ. Tu l’as appris par ceux qui, exploitant ton désir charnel, t’ont payée pour que tu viennes ici me tenter. Ils t’ont dit : “ Il prétend être le Christ, les foules l’appellent le Saint, le Messie. Mais ce n’est qu’un imposteur. Nous avons besoin d’avoir les preuves de sa misère d’homme. Donne-les-nous, et nous te couvrirons d’or. ” Poussée par un résidu de justice, le dernier reste du trésor de justice que Dieu avait mis dans ta chair avec l’âme, et que tu as brisé et dispersé, tu ne voulais pas me faire de mal — car, à ta manière, tu m’aimais. Alors ils t’ont dit : “ Nous ne lui ferons aucun mal, au contraire. Nous t’abandonnons l’homme en te donnant les moyens de le faire vivre en roi près de toi. Il nous suffit de pouvoir nous dire, pour avoir la conscience en paix, qu’il n’est qu’un homme. Cela nous prouve que nous sommes dans la vérité en refusant de croire qu’il est le Messie. ” C’est ce qu’ils t’ont dit, et tu es venue. Mais si j’acceptais ta flatterie, ce serait l’enfer sur moi. Eux sont déjà tout prêts à me couvrir de boue et à s’emparer de moi. Et toi, tu sers d’instrument pour cela.

Tu vois que, moi, je ne t’interroge pas. Je parle parce que je sais tout, sans avoir besoin de demander. Mais si tu connais ces deux vérités, tu ignores la troisième. Tu ignores qui je suis, excepté que je suis homme et Jésus. Tu vois l’homme. Les autres te disent : “ C’est le Nazaréen. ” Mais moi, je vais t’apprendre qui je suis : je suis le Rédempteur. Pour racheter, je dois être sans péché. Ma pensable sensualité d’homme, vois comme je l’ai foulée aux pieds ! Comme je le fais avec cette chenille dégoûtante, qui se dirigeait dans les ténèbres, d’une débauche à l’autre pour ses amours lascives ; ainsi je l’ai foulée aux pieds pour toujours. En ce moment aussi, je la foule aux pieds. Et c’est ainsi que je suis disposé à t’arracher ta maladie, t’en délivrer, afin de te rendre saine et sainte. Car je suis le Rédempteur, et cela seulement. J’ai pris un corps d’homme pour vous sauver, pour détruire le péché, non pas pour pécher. Je l’ai pris pour enlever vos péchés, pas pour pécher avec vous. Je l’ai pris pour vous aimer, mais d’un amour qui donne sa parole, son sang, sa vie, tout, pour vous conduire au Ciel, à la Justice, non pas pour vous aimer comme une bête. Et même pas comme un homme, car je suis plus qu’un homme.

532.7

Sais-tu exactement qui je suis ? Non. Tu ne connaissais même pas la portée de ce que tu venais faire. Et je te le pardonne sans que tu me le demandes. Tu ne savais pas. Mais ta prostitution ! Comment as-tu pu vivre dans cet état ? Tu n’étais pas ainsi. Tu étais bonne. Oh, malheureuse ! Tu ne te rappelles pas ton enfance ? Tu ne te souviens pas des baisers de ta mère, de ses paroles ? Et les heures de prière ? Les paroles de la Sagesse que tu entendais expliquer le soir par ton père et au sabbat par le chef de la synagogue, ne t’en souviens-tu pas ? Qui t’a rendue sotte et ivre ? Tu ne te rappelles pas ? Tu ne regrettes rien ? Dis-moi : es-tu vraiment heureuse ? Tu ne réponds pas ? Alors je parle pour toi et je peux l’affirmer : non, tu n’es pas heureuse. Quand tu te réveilles, tu trouves à ton chevet ta honte pour te donner le premier tour quotidien de torture. Et la voix de ta conscience te crie son reproche pendant que tu te coiffes et te parfumes pour plaire. Tu sens une odeur infâme dans les essences les plus fines, et les mets les plus rares te donnent la nausée. Tes colliers te pèsent comme une chaîne, ce qu’ils sont effectivement. Pendant que tu ris et séduis, quelque chose en toi gémit. Et tu t’enivres pour vaincre l’ennui et le dégoût de ta vie. Tu hais ceux que tu prétends aimer pour en tirer profit. Mais tu te maudis toi-même. Ton sommeil est lourd de cauchemars. La pensée de ta mère est une épée dans ton cœur. Et la malédiction de ton père ne te laisse pas en paix. Et puis ce sont les offenses de ceux que tu rencontres, les cruautés de ceux qui usent de toi, sans jamais la moindre pitié. Tu es une marchandise. Tu t’es vendue. Or, on utilise une acquisition à son gré : on la déchire, on la consume, on la méprise, on crache sur elle. C’est le droit de l’acheteur. Tu ne peux te révolter… Cette situation te rend-elle heureuse ? Non. Tu es désespérée. Tu es enchaînée. Tu es torturée. Sur la terre, tu es une loque dégoûtante que chacun peut fouler aux pieds. Si, en une heure de peine, tu essaies de trouver du réconfort en élevant ton esprit vers Dieu, tu sens la colère de Dieu sur toi, la prostituée, et le Ciel te paraît fermé plus encore qu’à Adam. Si tu te sens mal, tu as la terreur de mourir, car tu connais ton sort. C’est pour toi l’Abîme.

532.8

Malheureuse ! Et cela ne suffisait toujours pas ? Tu voudrais à la chaîne de tes fautes ajouter celle de causer la ruine du Fils de l’homme ? De Celui qui t’aime ? Du seul qui t’aime ? Car c’est aussi pour ton âme qu’il s’est revêtu de chair. Je pourrais te sauver, si tu le voulais. L’abîme de la Sainteté miséricordieuse se penche sur l’abîme de ton abjection, et elle attend de toi un désir de salut pour te tirer de l’abîme de ta souillure. Tu penses dans ton cœur qu’il est impossible que Dieu te pardonne. Tu fondes cet avis sur la comparaison avec le monde, qui ne te pardonne pas d’être une prostituée. Mais Dieu n’est pas le monde. Dieu est bonté. Dieu est pardon. Dieu est amour.

Tu es venue vers moi, payée pour me nuire. En vérité, je te dis que le Créateur, pour sauver une créature, peut tourner en bien même ce qui est mal. Et, si tu le veux, c’est en bien que se changera ta rencontre avec moi. N’aie pas honte de ton Sauveur. N’aie pas honte de lui montrer ton cœur nu. Même si tu veux le cacher, il le voit et pleure sur lui. Pleure. Aime. Ne crains pas de te repentir. Sois audacieuse dans la contrition comme tu l’as été dans la faute. Tu n’es pas la première prostituée qui pleure à mes pieds et que je ramène à la justice… Je n’ai jamais chassé une créature, si coupable qu’elle soit. J’ai cherché au contraire à l’attirer et à la sauver. C’est ma mission.

L’état d’un cœur ne me fait pas horreur. Je connais Satan et ses œuvres. Je connais les hommes et leurs faiblesses. Je connais la condition de la femme qui paie, comme il est juste, plus durement que l’homme les conséquences de la faute d’Eve. Je sais donc juger et compatir, et je t’assure que, plus qu’envers les femmes tombées, je suis sévère à l’égard de ceux qui les amènent à la chute. En ce qui te concerne, malheureuse, je suis plus sévère pour ceux qui t’ont envoyée que pour toi, qui es venue sans savoir exactement à quel jeu tu te prêtais. J’aurais préféré que tu aies été poussée par un désir de rédemption comme tes autres sœurs. Mais si tu exauces le désir de Dieu et si tu fais d’une mauvaise action la pierre angulaire de ta nouvelle vie, je te dirai la parole de paix… »

532.9

Jésus, qui au début était très sévère, s’est adouci peu à peu, mais il est encore grave… Il est ce Dieu qui exclut toute faiblesse de sentiment, mais aussi toute erreur d’appréciation sur sa bonté. Maintenant, il se tait et regarde la femme. Celle-ci, qui est restée debout à environ deux mètres de lui, s’est courbée de plus en plus. Au milieu de son discours, elle a porté au visage, en les appuyant sur son voile, deux belles mains qui se détachent sur le manteau foncé, tout ornées d’anneaux. Elle a des bracelets aux poignets, les bras nus jusqu’aux coudes.

Je ne saurais dire si elle pleure ou non. Si oui, c’est certainement en silence, car on n’entend pas de sanglots et on ne voit aucun soubresaut. Elle ressemble à une statue, tant elle est immobile dans ses vêtements sombres. Soudain, elle tombe à genoux et se pelotonne sur le sol. Alors, elle pleure vraiment et ne se retient pas de le faire voir. Puis, dans cette position, comme un chiffon par terre, elle parle :

« C’est vrai ! Tu es vraiment un prophète… Tout est vrai… Ils m’ont payée pour cela… Mais ils m’avaient dit que c’était pour un pari… Ils t’auraient découvert dans ma maison… Mais aussi près de toi…

– Femme, je n’écoute que le récit de tes fautes… interrompt Jésus.

– C’est juste. Je n’ai pas le droit d’accuser quelqu’un, car je suis une fosse d’immondices. Tout est exact. Je ne suis pas heureuse… Je ne me réjouis pas des richesses, des festins, des amours… Je rougis en pensant à ma mère… J’ai peur de Dieu et de la mort… Je hais les hommes qui me paient. Tout ce que tu as dit est vrai. Mais ne me chasse pas, Seigneur. Personne, depuis ma mère, ne m’a jamais parlé comme toi. D’ailleurs, tu l’as fait avec encore plus de douceur que ma mère : dans les derniers temps, elle était devenue dure avec moi à cause de ma conduite… Pour ne plus l’entendre, je me suis enfuie à Jérusalem… Mais toi… Pourtant, c’est comme si ta douceur était de la neige sur le feu qui me dévore. Mon feu se calme, c’est même un autre feu. Il était ardent, mais il ne donnait ni lumière ni chaleur. J’étais de glace et dans les ténèbres. Oh ! combien j’ai voulu souffrir ! Que de douleurs inutiles et maudites je me suis causées ! Seigneur, je t’ai dit à travers la porte entrouverte que j’étais une malheureuse, et je t’ai supplié d’avoir pitié. C’étaient des paroles mensongères qu’ils m’avaient demandé de te dire pour t’attirer dans ce piège. Ils avaient ajouté qu’ensuite ma beauté allait faire le reste…

532.10

Ma beauté ! Mes vêtements !… »

La femme se lève. Maintenant qu’elle s’est redressée, je vois qu’elle est grande. Elle s’est débarrassée de son voile et de son manteau, et elle apparaît dans sa vraie beauté de femme brune à la peau très blanche. Ses yeux, valorisés par le bistre, sont grands et très beaux. Peut-être les pleurs les ont-ils déjà lavés, car elle a un regard d’innocence étonnée qu’il est étrange de trouver chez une créature de ce genre. Elle ôte et piétine l’étoffe du manteau, déchire son voile, arrache les boucles précieuses de l’un et de l’autre et les jette au sol, retire ses bagues et ses bracelets, lance au loin les ornements de sa tête, empoigne ses boucles frisées remplies de barrettes brillantes et les détache, puis elle dépeigne ses cheveux coiffés avec art dans une rage de sacrifice qui est même effrayante. Le collier qu’elle porte au cou, arraché violemment, s’égrène sur le sol, et son pied chaussé de sandales ornées piétine les pierres précieuses et les écrase ; la ceinture de prix suit le sort commun, de même qu’une broche qui retenait avec art l’étoffe du vêtement sur la poitrine. Et tout cela pendant que, d’une voix basse et angoissée, elle répète :

« Bon débarras, objets maudits ! Adieu à vous, ainsi qu’à ceux qui me les ont donnés. Au loin, ma beauté ! Au loin, mes cheveux ! Au loin, ma peau de jasmin ! »

D’un geste vif, elle saisit une pierre pointue qu’elle voit sur le sol et se frappe jusqu’au sang le visage et la bouche ; elle se griffe de ses ongles teints. Le sang dégoutte des blessures, ses traits se gonflent sous les coups… jusqu’à ce que sa furie s’apaise. Haletante, épuisée, défigurée, dépeignée, déchirée, son vêtement souillé par le sang et la terre, elle se jette par terre aux pieds de Jésus en gémissant :

« Maintenant, tu peux me pardonner, si tu vois mon cœur, car il ne reste rien de mon passé, plus rien de…

532.11

Tu as triomphé, Seigneur, de tes ennemis et de ma chair… Pardonne-moi mon péché…

– Je te l’avais déjà pardonné quand je suis venu à ta rencontre. Lève-toi, et ne pèche jamais plus.

– Dis-moi ce que je dois faire.

– Eloigne-toi des lieux de ton péché, de ceux qui savent qui tu es. Ta mère…

– Ah ! mon Seigneur ! Elle ne m’accueillera plus. Elle me déteste depuis que mon père est mort, par ma faute, en me maudissant.

– Tu es accueillie par Dieu qui est Dieu, et il t’accueille parce qu’il est Père : par conséquent, ta mère, qui t’a engendrée et qui est femme comme toi, peut-elle ne pas t’accueillir ? Va humblement la trouver. Pleure à ses pieds comme tu pleures aux miens. Fais-lui tes aveux comme tu me les as faits. Dis-lui ta souffrance, invoque sa pitié. Ta mère attend ce moment depuis des années. Elle l’attend pour mourir en paix. Supporte ses paroles de reproche aimant comme tu as supporté les miennes. Moi, j’étais pour toi l’étranger, et pourtant tu m’as écouté. C’est ta mère, tu as donc un double devoir de l’écouter avec respect.

– Tu es le Messie, tu es plus grand que ma mère.

– C’est ce que tu dis maintenant. Mais quand tu es venue pour me tenter, tu ignorais que j’étais le Messie, mais tu as écouté mes paroles.

– Tu étais si différent des hommes… ainsi… Tu es saint, Jésus de Nazareth !

– Ta mère est sainte, comme mère et comme créature. Par ses prières, tu as trouvé miséricorde auprès de Dieu. Une bonne mère est toujours sainte ! Et Dieu veut qu’on lui fasse honneur.

– Je l’ai déshonorée. Tout le village le sait.

– Raison de plus pour aller à elle et lui dire : “ Mère, pardon. ” Et pour lui consacrer ta vie, pour la dédommager des peines qu’elle a souffertes à cause de toi.

– Je le ferai…

532.12

Mais… Seigneur, ne me renvoie pas à Jérusalem. Eux m’attendent… et je ne sais pas si je saurai résister aux menaces… Garde-moi ici jusqu’à l’aube, et ensuite…

– Attends un instant. »

Jésus se lève, se dirige vers la porte de la cuisine, frappe, se fait ouvrir. Il dit :

« Elise, viens dehors. »

Elise obéit. Jésus la conduit vers la femme qui, voyant venir une autre femme, âgée qui plus est, a un mouvement de honte et cherche à couvrir son visage et son vêtement provocant avec les restes de son manteau et du voile déchirés.

« Ecoute, Elise. Je quitte immédiatement cette maison. Tu diras à mes apôtres de me rejoindre à l’aurore à la Porte d’Hérode. Tous, sauf Judas, qui doit venir avec moi. Tu feras dormir cette femme avec toi. Tu peux prendre mon lit, car je ne reviendrai pas à Nobé avant longtemps. Demain, quand Jean s’éveillera, lui et toi accompagnerez cette femme là où elle vous dira. Tu lui donneras un vêtement ordinaire et l’un de tes manteaux. Et vous l’aiderez en tout.

– C’est bien, Seigneur. Il sera fait comme tu veux. Je regrette pour Jean…

– Moi aussi, je voulais lui faire plaisir, mais la haine des hommes interdit au Fils de l’homme d’accorder une heure de fête à un juste…

– Et ensuite, Seigneur ?

– Ensuite ? Tu peux rentrer à Bet-Çur, en attendant… Adieu, Elise. Que ma bénédiction et ma paix soient avec toi. Adieu, femme. Je te confie à une mère et à un juste. Cependant, si tu crois devoir retourner prendre tes affaires…

– Non. Je ne veux rien avoir du passé.

– Mais, ma brave femme ! Tu ne peux certainement pas tout laisser à l’abandon. N’as-tu ni serviteurs ni parents ? dit Elise.

– Je n’ai qu’une servante… et…

– Tu devras la congédier, tu devras…

– Je te prie de le faire, toi, à ton retour. Aide-moi à guérir tout à fait, femme. »

Une véritable angoisse transparaît dans sa voix.

« Oui, ma fille ! Oui. Ne t’inquiète pas. Demain, nous penserons à tout. Pour l’instant, accompagne-moi en haut. »

Elise la prend par la main et la conduit à l’étage par l’escalier dans une des petites chambres.

532.13

Puis elle descend rapidement :

« J’ai pensé qu’il serait bon que tout le monde te voie sans elle, Seigneur. Et que l’on ne sache pas où elle se trouve. Ces bijoux… »

Elle se penche pour ramasser bagues et bracelets, boucles et épingles de coiffure, ainsi que la ceinture et autant de perles du collier brisé qu’elle peut en trouver :

« Qu’est-ce que j’en fais, Seigneur ?

– Viens avec moi. Tu as raison. Il est bon qu’ils me voient. »

Ils entrent dans la cuisine. Tous regardent Jésus d’un air interrogateur. Le vieux Jean s’est levé aussi, peut-être réveillé par une discussion.

« Elise, donne à Thomas les objets précieux. Thomas, tu les vendras demain à quelque orfèvre. Cela servira pour les pauvres. Oui, ce sont des bijoux de femme, de cette femme. C’est la réponse à ceux qui pensent qu’une chair peut tenter le Fils de l’homme et le détourner de sa mission. C’est ainsi que je montre, à ceux qui me haïssent, que toute machination est inutile pour trouver matière d’accusation contre moi. Jean, Elise te dira ce que tu dois faire. Je te bénis…

– Tu me quittes, Seigneur ? »

Le vieillard est affligé.

« Je le dois. Adieu. Que la paix soit avec toi. » Il se tourne vers les apôtres : « Allez vous reposer. Tous, sauf Judas qui vient avec moi.

– Mais où ? Il fait nuit, objecte Judas.

– Prier. Cela ne te fera pas de mal, à moins que tu ne craignes l’air de la nuit si tu le respires avec moi. »

Judas baisse la tête, et c’est de mauvaise grâce qu’il prend son manteau pendant que Jésus prend le sien.

« Demain, à la Porte d’Hérode, à l’aurore. Nous irons au Temple et…

– Non ! »

Le refus est unanime. Celui de Judas est le plus ferme.

« Nous irons au Temple. N’as-tu pas dit que tu les as convaincus de me laisser en paix ?

– C’est vrai.

– Dans ce cas, nous irons au Temple. Viens. »

Et il se dirige vers la sortie.

« Et voilà déjà finie la fête que nous avions préparée ! soupire Pierre.

– Finie avant de commencer, dois-tu dire » lui répond Jacques, fils de Zébédée.

Jésus est déjà sur le seuil de la porte ouverte. Il se retourne et bénit. Puis il disparaît dans la nuit. Dans la cuisine, tous sont muets. Enfin, Matthieu demande à Elise :

« Mais que s’est-il donc passé ?

– Je ne sais pas. Il y avait une femme en pleurs. Et il m’a dit la même chose qu’à vous. Qui était-ce, d’où et pourquoi est-elle venue, je ne sais…

– Bien. Allons… »

Et tous s’en vont, sauf Matthieu et Barthélemy, qui dorment à la maison.

532.1

People taken as a mass, men taken individually are always somewhat childish and wild, or at least primitive, and thus very sensitive to anything having the savour of novelty, of extraor­dinariness, and creating a joyful atmosphere. The approaching of solemnities always has the power of elating men, as if the festivity cancelled what makes them sad and tired. At the first approach of a feast, everybody is affected by a sort of animation, of a light exaltation, as if the approach were like the beat of the tom-tom of savages at their idolatrous festivals or in their warlike enterprises.

Also the apostles, in the imminence of the Feast of Lights, are in that state of light-heartedness. Talkative and cheerful as they are, they begin to make plans, to remember past festivities, a touch of melancholy as noticeable in their conversation, then the festal at­mosphere cheers them again urging them to be active, so that everything may be beautiful for the festival. Are the lights in John’s house only few? Oh! Thomas’ house at Ramah is full of them! And Thomas leaves for Ramah to get them. Is the oil not plentiful? Oh! Eliza has plenty oil at Bethzur and she offers it. And Andrew and John go to Bethzur to get it. Is the mild fire of brushwood necessary to bake the cakes? The two Jameses go to the mountains to collect some. Is there not enough flour, barley and honey for the ritual dishes? And Nike, who is almost offended because they never ask her for anything, is she not in Jerusalem just to give them some of her very blond honey, barley and flour from her beautiful estate? So Peter and Simon Zealot go to Nike, while Judas of Alphaeus helps Eliza to adorn the house, and even old Bartholomew partakes of the general mirth and with Philip whitewashes the smoky kitchen to make it look more pleasant. Judas Iscariot reserves for himself the decoration side and he comes back several times laden with branches of sweet-smelling evergreens adorned with berries and he arranges them nicely on shelves and around the fireplace. And on the eve of the Feast the little house seems to be prepared to receive a bride, such is the change in the copper kitchenware now so shiny, in the lamps as bright as the sun, with the green branches decorating the white walls, while the smell of bread and cakes spreads in the air already scented with the fresh branches.

Jesus lets them do as they wish. He seems so remote from everybody. He is very pensive, and sad. He replies to those who ask Him questions with the intent of being praised for what they have done. And their questions make it possible for me to reconstruct the work done by the disciples. In fact by asking: «Was my idea to go home and get the lamps not a good one?»; or: «Did Philip and I not do a good job by whitewashing everything? It is clean and pleasant and looks larger»; or: «See, Master? Eliza is hap­py. She seems to be at home and to have gone back to the time when she had her sons. She was singing today when filling the lamps with her oil and when kneading the flour with her honey and mixing it with milk for the barley»; or also: «Helkai can say what he likes. But a little green looks nice. After all!… If the Creator made branches, it means that we have to use them isn’t that right?» they allow me to reconstruct the work done by each of them. But even if Jesus replies to such questions that imply a wisp for praise, His mind is absent, as one can easily see.

532.2

Night falls. After the last greetings of the citizens who before going home drop in at the kitchen to say good night to the Master, silence reigns in Nob. It is supper time. It is bedtime for children and old people, for those who are weakly through illness or age.

It must be a custom to give presents at the Feast of the Lights, because as soon as old John withdraws to his little room near the kitchen, I see Eliza and the apostles busy themselves, the former finishing a garment, the latter completing useful items carved in wood, and a tent in network, made with little ropes dyed red, green, yellow and indigo, a special work of fishermen. Thomas, Matthew, Bartholomew and the Zealot are looking at them.

«Here it is. I have finished» says Eliza standing up and shaking loose threads off the garment.

«It will keep him warm, poor old man! Eh! we men are really poor wretches without women. I do not know what we would be like without you, after being away from home for months. I can do this, but if I have to sew on a clasp!…» says Peter feeling the cloth.

«You have done it quickly, too. You are like my wife» says Bartholomew.

«I have finished, too. This was good wood. Soft to carve but strong at the same time» says Judas Thaddeus laying a small wooden box to be used for salt or spices on the dark table.

«Mine instead is not yet finished. There is a hard vein here that is difficult to carve. Perhaps I will not be able to finish the job. And I am sorry. The beauty of it was in the dark veins in the light wood. Look, Jesus. Don’t they look like mountain crests painted on wood?» says James of Alphaeus showing a kind of vase, I do not know for what use it may be destined, of a really beautiful shape, with a dome-shaped lid and gracefully veined in the belly and lid. It is just the wood of the lid near the knob that is resisting stub­bornly.

«Insist, and you will see that it can be done. Make your tool red-hot. It will bite into its fibre and then you will manage. When the first layer is broken…» replies Jesus Who has been watching. «But will the fire not spoil it?» asks Matthew.

«Not if it is used skillfully. In any case, either that or it will have to be thrown away.»

James makes a sharp bradawl red-hot and presses its red point against the obstinate part. There is a smell of burning wood…

«That’s enough. Carve it now and you will succeed» says Jesus.

And He helps His cousin holding the lid tight like a vice.

The blade slips twice and skims Jesus’ fingers.

«Take Your hand away, Brother. I wouldn’t like to hurt You…» says James of Alphaeus. But Jesus goes on holding the vase. The third time the sharp knife makes Jesus’ thumb bleed.

«There You are! See? You have hurt Yourself! Let me see!»

«It is nothing. Two drops of blood…» replies Jesus shaking His finger to let the blood drop.

«You should rather dry the lid. It is stained» He then adds.

«No. Leave it! It is precious thus. Wipe Your finger here, Master.

Here, in my veil. Your blood is blessed blood» says Eliza wrapp­ing the hand in her linen veil.

The lid, the cause of so much trouble, is conquered. The carving is accomplished.

«It wanted to do some harm first» remarks the Zealot.

«Yes! Then it was persuaded. Obstinate wood!» says Thomas.

«With iron, fire and pain. It sounds like one of those sentences so dear to the Romans» states the Zealot.

«It reminds me, I do not know why, of the prophets in certain parts. We are obstinate wood as well… and will it take iron, fire and pain to make us good?» asks Bartholomew.

«It will really take that. And it will not be enough either. I am working with iron and My grief, but not every heart can imitate that piece of wood…

532.3

Be quiet! There is someone outside… There is the shuffling of feet…»

They listen. No noise is heard.

«It was the wind, perhaps, Master. There are dry leaves in the kitchen garden…»

«No. It was footsteps…»

«A night animal. I cannot hear anything.»

«Neither can I, neither can I…»

Jesus is listening. He seems to hear. He then looks up and gazes at Judas of Kerioth, who is also listening very carefully. More than anybody else. He gazes at him so intently that Judas asks: «Why are You looking at me thus, Master?» But there is no reply because there is a knock at the door. Of the fourteen faces lit up by the lamp, only Jesus’ remains as it was. The others change colour.

«Open, open the door, Judas of Kerioth!»

«No, I am not opening! It may be wicked people who have deliberately come at night. Do not let it be me who may hurt You!» «Simon of Jonas, open it, please.»

«Less than never! On the contrary, I am going to push the table against the door!» says Peter and he is about to do so.

«Open, John, and be not afraid.»

«Oh! if You really want to let people in, I am going into the old man’s room. I don’t want to see anything» says the Iscariot cover­ing with four strides the distance between him and the door of the old man’s room, into which he disappears.

John, standing near the door, with his hand already on the key, casts a frightened glance at Jesus and murmurs: «Lord!…»

«Open and be not afraid.»

«Of course. After all we are thirteen strong men. It cannot be an army! With four blows and a few screams – Eliza, make sure you scream if necessary – we will put them to flight. We are not in a desert!» says James of Zebedee and he takes off his mantle and rolls up the sleeves of his tunic or vest, ready for action. Peter imi­tates him.

532.4

John, still hesitant, opens the door, he looks out. He does not see anything. He shouts: «Who is disturbing?»

A woman replies in a subdued, suffering voice: «A woman. I want the Master.»

«This is no time to come to people’s houses. If you are sick, why are you about at this time? If you are a leper, why do you venture to come into a village? If you are grieved, come back tomorrow. Go away and mind your own business» says Peter who is standing behind John.

«Oh! for pity’s sake! I am all alone in the road. I am cold and hungry. I am a poor wretch. Call the Master for me. He is merciful…»

The apostles look at Jesus perplexedly. Jesus is very severe and silent. They close the door.

«What shall we do, Master? Shall we give her at least a little bread. There is no room for her. To go to people’s houses with an unknown woman…» asks Philip.

«Wait. I will go and see» says Bartholomew and he gets hold of the lamp to see.

«You need not go. The woman is neither cold nor hungry, and she knows very well where to go. She is not afraid of the night. But she is a poor wretch, although she is neither sick nor a leper. She is a prostitute and has come to tempt Me. I am telling you that, so that you may be aware that I know, that you may be convinced that I know. And I also tell you that she has not come owing to a whim of her own; but she has come because she is paid to come.» Jesus has spoken in a loud voice, so that He could be heard in the adjoining room, where Judas is.

«And who would do that? And why?» says the Iscariot appearing once again in the kitchen.

«Certainly not the Pharisees, or the scribes, or the priests, if she is a prostitute. Neither do I think that the Herodians are so… resentful as to take all the trouble to… I do not know myself why.»

«I will tell you why. To be able to say that I am a sinner, one who has relations with public sinners. And you know as well as I do that it is so. And I also tell you that I do not curse her or those who sent her. I am still and always Mercy. And I am going to her. If you wish to come with Me, come. I am going to her because she really is a poor wretch. When she says that she is, she thinks that she is tell­ing a lie, because she is young, beautiful and well paid, she is healthy and pleased with her ill-famed life. But she is wretched. It is the only truth among all her lies. Go ahead of Me and be present at our conversation.»

«No, I don’t want to be present. Why should I?»

«To bear witness to those who will ask you.»

«And who do You think is going to ask me? There is no question to be asked among us, and the others… I cannot see anybody.»

«Be obedient. Go ahead.»

«No. I don’t want to obey You, and You cannot compel me to approach a prostitute.»

«Hey! What are you? The High Priest? I will come, Master, and without any fear of getting infected» says Peter.

«No. I will go by Myself. Open the door.»

532.5

Jesus goes out into the kitchen garden. In the dark moonless night it is not possible to see anything.

The kitchen door is opened again, and Peter comes out with a lamp. «Take this at least, Master, if You really do not want me» he says in a loud voice. And then in a subdued voice: «Bear in mind that we are behind the door. In case of need, call…»

«Yes. Go. And do not quarrel with one another.»

Jesus takes the lamp and lifts it up to see. Behind the big trunk of the walnut-tree there is a human figure. Jesus takes two steps towards it, saying: «Follow Me.» And He goes and sits down on the stone bench placed against the house, on the eastern side.

The woman comes forward, she is covered with a veil and is stooped. Jesus lays the lamp on the stone, close to Himself. «Speak.» His order is so austere and so severe, and He is so Divine, that the woman instead of coming forward and speaking, steps back and stoops even more, remaining silent.

«Speak up, I tell you. You wanted Me. I have come. Speak» He says with a shade of kindness in His voice.

Silence.

«Then I will speak. I ask you: why do you hate Me so much as to serve those who want my ruin and wish it in every way, and seek all possible causes for it? Tell Me. What wrong have I done you, o wretched woman? What harm have you received from the Man Who has not even derided you in his heart for the ill-famed life you are leading? What? Have you been corrupted by the Man Who not even in his heart has wished to have you, that you hate Him more than you hate those who prostituted you and despise you every time they come to you? Answer Me! What has Jesus of Nazareth done to you, Jesus the Son of man, Whom you hardly know by sight, having met Him in the street in town, Jesus who does not know your face and takes no heed of your favours and seeks only the foul defaced image of your soul, to become ac­quainted with it and cure it? So speak up!

532.6

Do you not know who I am? Yes, you know Me partly. Nay, you know as much as two parts. You know that I am young and that you like my person. Your unrestrained animalism told you that. And your tongue of a drunken woman told those who received the confession of your sensuality and have turned it into a weapon to injure Me. You know that I am Jesus of Nazareth, the Christ. You have been told who I am by those who exploiting your sensuality paid you to come here to tempt Me. They said to you: “He says that He is the Christ. The crowds say that He is the Holy One, the Messiah. He is nothing but an impostor. We need the proof that He is a miserable man. Give us that proof, and we will cover you with gold”. And as you, with a remainder of justice, the last particle of the treasure of justice that God had put into your body with your soul, and that you shattered and scattered, did not want to hurt Me, as you loved Me, your way, they said to you: “We shall do Him no harm. On the contrary! We shall surrender the man to you, giv­ing you the means to let Him live as a king beside you. It is suffi­cient for us to be able to say to ourselves, to be at peace with our own consciences, that He is simply a man. A proof that we are right not believing Him to be the Messiah”. That is what they said to you. And you came. But if I should yield to your allurement, hell would be upon Me. They are ready to cover Me with filth and to capture Me. And you are their instrument to do that.

You can see that I am not asking you questions. I am speaking because I know, without having to ask. But if you know those two things, you do not know the third one. You do not know who I am, in addition to being a man and Jesus. You see the man. Other peo­ple say to you: “He is the Nazarene”. But I tell you who I am. I am the Redeemer. In order to redeem one must be without sin. Look how I trampled on my possible sensuality as a man. As I am doing with this disgusting caterpillar that in the darkness was moving from one heap of dirt to another for its lascivious sensuality. That is how I always trampled on it. That is how I trample on it even now. And likewise I am willing to tear your disease away from you and tread on it, freeing you from it to make you holy and healthy. Because I am the Redeemer. Only that. I took the body of man to save you, to destroy sin, not to sin. I took it to remove your sins not to sin with you. I took it to love you, but with a love that gives its life, its blood, its word, everything, to take you to Heaven, to Justice, not to love you as a brute, And not even as a man because I am more than a man.

532.7

Do you know exactly who I am? You do not know. You did not even know the significance of what you were going to accomplish. And I forgive you for that, without you asking for it. You did now know. But your prostitution? How could you live in that state. You were not like that. You were good. Oh! poor wretch! Do you not remember your childhood? Do you not remember the kisses of your mother? Her words? And the hours of prayer? The words of Wisdom you heard your father explain in the evening and the leader of the synagogue on Sabbaths? Who made you dull-witted and who intoxicated you? Do you not remember? Do you not regret it? Tell Me! Are you really happy? Are you not replying? I will speak instead for you and I say: no, you are not happy. When you wake up you find your shame on your pillow giving you the first daily twist of torture. And the voice of your conscience howls its reproach while you adorn and perfume yourself to look pleasant. And you smell an infamous scent in the finest essences. And a nauseating taste in rare dishes. And your jewels are as heavy as a chain. And they are. And while you laugh and allure, something moans within you. And you get drunk to overcome the boredom and nausea of your life. And you hate those whom you say you love for the sake of gain. And you curse yourself. And your sleep is heavy with nightmares. And the thought of your mother is a sword in your heart. And the curse of your father gives you no peace. And then there are the insults of those who meet you, the cruelty of those who use you, always mercilessly. You are a merchandise. You sold yourself. One makes use of purchased goods as one likes. One tears them consumes them, treads and spits on them. It is the right of the buyer. You cannot rebel… And does that situation make you happy? No. You are in despair. You are in chains. You are tortured. On the Earth you are a dirty rag on which anybody can tread. If, in some moments of grief, you seek comfort raising your spirit to God, you feel the wrath of God upon you, a pros­titute, and that Heaven is more closed to you than It was to Adam. If you are not well, you dread death because you know what your destiny is. The Abyss is for you.

532.8

Oh! miserable woman! And was that not enough? To the chain of your sin would you like to add also that of being the ruin of the Son of man? Of Him Who loves you? The Only One Who loves you? Because He clothed Himself with flesh also for your soul. I could save you, if you wanted. The Abyss of Merciful Holiness is bend­ing over the abyss of your abjection and is waiting for your wish to be saved to draw you up from the abyss of your filth. In your heart you think that it is impossible for God to forgive you. You base this thought of yours on the comparison with the world that does not forgive you for being a prostitute. But God is not the world. God is Goodness. God is forgiveness. God is Love.

You came to Me, being paid to harm Me. I solemnly tell you that the Creator, in order to save one of His creatures, can turn into good even what is evil. And if you want, your coming to Me will be changed into good. Be not ashamed of your Saviour. Be not ashamed of showing Him your bare heart. Even if you wish to con­ceal it, He sees it and weeps over it. He weeps. He loves. Be not ashamed of repenting. Be as bold in repentance as you were in sin. You are not the first prostitute to weep at my feet and to be led back to justice by Me… I have never rejected any person, no matter how guilty the person was. I have always tried to attract sinners to me and save them. It is my mission. I am not horrified at the state of a heart. I know Satan and his deeds. I know men and their weaknesses. I know the condition of woman who pays, and justly, for the consequences of Eve’s sin more severely than man. So I know how to judge and how to pity. And I tell you that I am more severe with those who make women fall than with the women who have fallen. In your case, o unhappy woman, I am more severe with those who sent you than with you who came, not knowing exactly what you were lending yourself to. I would have preferred you to come urged by the desire for redemption, like other sisters of yours. But if you countenance the wish of God, and you turn an evil deed into the headstone of your new life, I will speak to you the word of peace…»

532.9

Jesus, Who was severe at the beginning and has become kinder and kinder, still remaining so… divine as to exclude all weakness of senses and also every possible error of evaluation of His goodness, is now silent, looking at the woman, who has been standing all the time, stooping more and more, at about two metres from Him, and who, in the middle of His speech has taken her hands to her face pressing her veil against it, two beautiful hands outstanding against the dark mantle and all adorned with rings. Bracelets are at the wrists of arms bare up to the elbows.

I could not say whether she is weeping or not. If she is, she is do­ing it so silently because I cannot hear any sobs or see any move­ment. She is so still in her dark clothes that she looks like a statue. Then all of a sudden she falls on her knees and curls herself up on the ground and then she really weeps without any reluctance to show it. Then, lying on the ground dejectedly, she begins to speak: «It is true! You really are a prophet… Everything is true… They paid me for this… But they told me that it was a wager… They would have found You in my house… But also close to You…»

«Woman, I will only listen to the story of your sins…» says Jesus interrupting her.

«That is true. I am not entitled to accuse anybody because I am a dung-heap. Everything is true. I am not happy… I do not enjoy riches, banquets, love affairs… I blush when I think of my mother… I am afraid of God and of death… I hate the men who pay me. Everything You said is true. But do not drive me away, Lord. No one, after my mother, has ever spoken to me as You did. Nay, You have spoken to me even more kindly than my mother, who in the last days was hard to me because of my behaviour… I ran away to Jerusalem not to hear her any more… But You… And yet Your kindness is like snow on the fire devouring me. My fire is dying down, it is a different fire. It was scorching, but gave no light or heat. I was as cold as ice and I was in darkness. Oh! how much I suf­fered through my own will! How much useless cursed grief I have caused myself! Lord, through the half-open door I told you that I was an unhappy woman and to have mercy on me. They were the lies they taught me to tell You to lure You into the trap. They said to me that, afterwards, my beauty would do the rest…

532.10

My beauty! My clothes!…»

The woman stands up. Now that she is standing I can see that she is tall. She tears off her veil and mantle and appears in her true beauty of a brown-haired woman with a very white. complexion. Her eyes, enlarged with bistre, are large and beautiful and they have the look of amazed innocence, which is odd to be found in this type of woman. Perhaps they have already been washed by her tears. The woman tears and treads on the cloth of her mantle, she rends her veil, she pulls off the precious buckles from both and throws them on the ground, takes off her rings and bracelets, she flings away the ornaments on her head, she gets hold of her curly locks full of shiny clasps and tears and ruffles them to destroy their artificial beauty in a fury of sacrifice that is even frighten­ing. Her necklace, stretched violently, becomes unstrung and falls to the ground and her foot shod in ornate sandals treads on the gems crushing them; her precious belt and a clasp fastening her dress on her breast with artistic style, have the same fate. And all that takes place while in a low panting voice she repeats: «Away! Cursed things. Away! You and who gave them to me. Away, my beauty! Away, my hair. Away, my complexion as white as jasmine!»

With a swift movement she gets hold of a sharp stone that she sees on the ground and she strikes her face and mouth till they bleed and she scratches herself with her painted nails. Blood falls in drops from her wounds, her features are swollen with blows… until her fury dies down and panting, exhausted, disfigured, unkempt, with clothes torn and stained with blood and earth, she throws herself on the ground at Jesus’ feet, moaning: «And now You can forgive me, if You see my heart, because there is nothing of my past, nothing of…

532.11

You have won, Lord, against Your enemies and against my flesh… Forgive my sins…»

«I had already forgiven you when I came to meet you. Stand up and sin no more.»

«Tell me what I must do, so that I may do it.»

«Go away from the places of your sins, from those who know who you are. Your mother…»

«Oh! my Lord! She will not receive me any more. She hates me as my father died because of me, cursing me.»

«If God Who is God receives you, and He receives you because He is a Father, can your mother not receive you, as she gave birth to you and is a woman like you? Go to her with all humbleness. Weep at her feet as you are weeping at Mine. Make a full confession to her as you did to Me. Tell her your sufferings. Implore her mercy. Your mother has been waiting for this moment for years. She is waiting for it that she may die in peace. Bear her words of loving reproach as you bore Mine. I was a stranger to you, and yet you listened to Me. She is your mother. It is therefore twice as much your duty to listen to her respectfully.»

«You are the Messiah. You are more than my mother.»

«Now you say that. But when you came to tempt Me you did not know that I was the Messiah, and yet you have listened to My words.»

«You were so different from men… so… You are holy, o Jesus of Nazareth!»

«Your mother is holy as a mother and as a creature. Through her prayers you have found mercy with God. A mother is always holy! And God wants her to be honoured.»

«I have dishonoured her. The whole village knows that.»

«That is another reason why you should go to her and say: “Mother, forgive me”. And it is another reason for consecrating your life to her to repay her for the pains she suffered because of you.»

«I will do that…

532.12

But Lord, do not send me back to Jerusalem. They are waiting for me and I do not know whether I will be able to resist their threats… Let me stay here until dawn, and then…»

«Wait a moment.»

Jesus stands up, He goes to the kitchen door, He knocks, and has the door opened. He says: «Eliza, come out.»

Eliza obeys. Jesus takes her towards the woman who seeing another woman, who is also elderly, come towards her, makes a gesture as if she were ashamed, and she tries to cover her face and immodest dress with what remains of her torn mantle and veil.

«Listen, Eliza. I am leaving this house at once. You will tell my disciples to join Me at Herod’s Gate at dawn. All of them, except Judas who must come with Me. You will take this woman to sleep with you. You can take my bed because I will not come back to Nob for a long time. Tomorrow, when John gets up, you and he will take this woman where she tells you. You will give her an or­dinary dress and one of your mantles. And you will help her in everything.»

«All right, Lord. I will do what You wish. I am sorry for John…»

«I am sorry, too. I wanted to make him happy, but the hatred of men prevents the Son of man from granting an hour of joy to a just man…»

«And afterwards, Lord?»

«Afterwards? You can go back to Bethzur and wait… Goodbye, Eliza. May my blessing and my peace be with you. Goodbye, woman. I am entrusting you to a mother and to a just man. But if you think that you have to come back to get what belongs to you…»

«No. I do not want to have anything of the past.»

«My dear woman, you cannot leave everything abandoned. Have you no servant or relatives?» asks Eliza.

«I have only a maidservant… and…»

«You will have to dismiss her, you will have to…»

«I beg you to do it, when you come back. Help me to recover completely, woman.» There is true anguish in her voice.

«Yes, my daughter, I will. Do not be distressed. We will see to everything tomorrow. Now come upstairs with me» and Eliza takes her by the hand and leads her upstairs, into one of the two little rooms.

532.13

She then comes down quickly, and says: «I think that it would be a good thing if they all saw You without her, Lord. Neither should they know where she is. These jewels…» She stoops to pick up rings and bracelets buckles and hairpins and belt and as many beads of the broken necklace as she can.

«What shall we do with these?» she asks.

«Come with Me. You are right. It is better if they see Me.»

They go into the kitchen. They all look at Jesus inquisitively. Also the old man has got up, awakened perhaps by a dispute.

«Eliza, give those precious items to Thomas. And. tomorrow, Thomas, you will sell them to some goldsmith. They will be of use for the poor. Yes, they are jewels of a woman, of that woman. And that is the answer to those who think that human flesh can tempt the Son of man and deviate Him from His mission. And it is also advice to those who hate Me, that every subterfuge to find faults with which to charge Me is useless. John, Eliza will tell you what you are to do. I bless you…»

«Are You leaving me, Lord?» The old man is grieved.

«I must. Goodbye. Peace be with you.» He addresses the apostles: «Go and rest. Everybody except Judas, who will come with Me.»

«Where? It’s night-time» objects Judas.

«To pray. It will do you no harm. Or are you afraid of the air of the night, if you breathe it with Me?»

Judas lowers his head taking his mantle with a bad grace, while Jesus takes his.

«Tomorrow at dawn at Herod’s Gate. We shall go to the Temple and…»

«No!» The “no” is unanimous. Judas’ is the loudest.

«We shall go to the Temple. Did you not say that you have convinced them to leave Me in peace?»

«That is true.»

«Then we shall go to the Temple. Come» and He sets off to go out.

«And that is the end of the feast that we had prepared…» says Peter with a sigh.

«You should say that it ended before beginning» replies James of Zebedee.

Jesus is already on the threshold of the open door. He turns around and blesses them, then He disappears into the night.

In the kitchen they have all been struck dumb.

Finally Matthew asks Eliza: «But what happened, after all?»

«I do not know. There was a woman who was weeping. And He said to me what He said also to you. Who she was, from where and why she came, I do not know…»

«Well. Let us go…» And they all go away, with the exception of Matthew and Bartholomew who sleep in the house.