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L’aube nuance à peine sa pureté d’une première teinte rosé. Le frais silence de la campagne disparaît de plus, remplacé par les trilles des oiseaux réveillés.
Jésus sort le premier de la maison de Nikê, pousse silencieusement la porte et se dirige vers le verger tout vert où s’égrènent les notes limpides des mésanges et où les merles sifflent comme des flûtes.
Mais il est encore en chemin quand quatre personnes s’avancent vers lui. Ils faisaient partie du groupe inconnu d’hier, et étaient de ceux qui n’avaient pas découvert leur visage. Ils se prosternent jusqu’à terre, et se redressent lorsque Jésus leur enjoint de se relever et leur demande :
« Que voulez-vous de moi ? »
Alors ils rejettent leurs manteaux et leurs couvre-chefs de lin dans lesquels ils avaient gardé caché leur visage, comme des Bédouins.
Je reconnais celui, pâle et maigre, du scribe Joël, fils d’Abia, vu dans la vision de Sabéa[1]. Les autres me sont inconnus jusqu’à ce qu’ils se présentent :
« Je suis Judas de Béteron, le dernier des vrais Hassidéens[2], amis de Mattathias l’Hasmonéen.
– Moi, Eliel, et mon frère Elqana de Bethléem de Juda, frères de Jeanne, ton amie disciple, et il n’y a pas pour nous de titre plus grand. Si nous étions absents quand tu étais fort, nous sommes présents maintenant que tu es persécuté.
– Et moi je suis Joël, fils d’Abias, aux yeux si longtemps aveugles, mais maintenant ouverts à la Lumière.
– Je vous avais déjà congédiés. Qu’attendez-vous de moi ?
– Nous voulons te dire que… si nous sommes restés couverts, ce n’est pas à cause de toi, mais… commence Eliel.
– Allons, parlez !
– Mais… Vas-y, Joël, c’est toi le mieux informé…