Los Escritos de Maria Valtorta

580. Délation de Judas et prophéties sur Israël.

580. Delaciones de Judas Iscariote y profecías sobre Israel.

580.1

L’aube nuance à peine sa pureté d’une première teinte rosé. Le frais silence de la campagne disparaît de plus, remplacé par les trilles des oiseaux réveillés.

Jésus sort le premier de la maison de Nikê, pousse silencieusement la porte et se dirige vers le verger tout vert où s’égrènent les notes limpides des mésanges et où les merles sifflent comme des flûtes.

Mais il est encore en chemin quand quatre personnes s’avancent vers lui. Ils faisaient partie du groupe inconnu d’hier, et étaient de ceux qui n’avaient pas découvert leur visage. Ils se prosternent jusqu’à terre, et se redressent lorsque Jésus leur enjoint de se relever et leur demande :

« Que voulez-vous de moi ? »

Alors ils rejettent leurs manteaux et leurs couvre-chefs de lin dans lesquels ils avaient gardé caché leur visage, comme des Bédouins.

Je reconnais celui, pâle et maigre, du scribe Joël, fils d’Abia, vu dans la vision de Sabéa[1]. Les autres me sont inconnus jusqu’à ce qu’ils se présentent :

« Je suis Judas de Béteron, le dernier des vrais Hassidéens[2], amis de Mattathias l’Hasmonéen.

– Moi, Eliel, et mon frère Elqana de Bethléem de Juda, frères de Jeanne, ton amie disciple, et il n’y a pas pour nous de titre plus grand. Si nous étions absents quand tu étais fort, nous sommes présents maintenant que tu es persécuté.

– Et moi je suis Joël, fils d’Abias, aux yeux si longtemps aveugles, mais maintenant ouverts à la Lumière.

– Je vous avais déjà congédiés. Qu’attendez-vous de moi ?

– Nous voulons te dire que… si nous sommes restés couverts, ce n’est pas à cause de toi, mais… commence Eliel.

– Allons, parlez !

– Mais… Vas-y, Joël, c’est toi le mieux informé…

580.2

– Seigneur… Ce que je sais est tellement… horrible… Je voudrais que même les pierres ne l’apprennent pas, n’entendent pas ce que je vais te révéler…

– Les pierres tressailliront, mais pas moi, car je sais ce que tu veux dire. Mais parle quand même…

– Si tu le sais… permets que mes lèvres ne frémissent pas en te rapportant cette horreur. Bien sûr, je ne pense pas que tu mentes en prétendant savoir parce que tu veux que je le révèle pour l’apprendre, mais c’est vraiment parce que…

– Oui, parce que cela crie vers le Seigneur. Mais je vais le dire, pour vous convaincre tous que je connais le cœur des hommes. Toi qui es membre du Sanhédrin et acquis à la vérité, tu as découvert un fait que, en raison de son importance, tu n’as pas su porter tout seul. Et tu es allé trouver de vrais juifs à l’âme foncièrement bonne, pour leur demander conseil. Tu as bien fait, même si cela ne sert à rien. Le dernier des Hassidéens serait prêt à réitérer le geste[3] de ses pères pour servir le vrai Libérateur, et il n’est pas le seul. Son parent Barzillaï en ferait autant, comme beaucoup d’autres. Et les frères de Jeanne, par amour pour moi, pour leur sœur et pour leur patrie, seraient avec lui. Mais ce n’est pas grâce aux lances et aux épées que je triompherai. Entrez complètement dans la Vérité. Mon triomphe sera céleste.

580.3

Joël, ce qui te rend encore plus pâle et plus émacié que d’habitude, c’est que tu connais l’homme qui a présenté les charges contre moi. Ces charges, si elles sont fausses dans leur esprit, sont vraies dans la matérialité des mots : j’ai réellement violé le sabbat quand j’ai dû m’enfuir — mon heure n’était pas encore venue —, et quand j’ai arraché des innocents aux voleurs. Je pourrais dire que la nécessité justifie l’acte comme la nécessité a justifié David[4] de s’être nourri de pains d’oblation. En vérité, je me suis réfugié en Samarie, même si — mon heure étant venue et ayant reçu la proposition des Samaritains de rester chez eux comme pontife — j’ai refusé les honneurs et la sécurité pour demeurer fidèle à la Loi, bien que cela entraîne pour moi d’être livré à mes ennemis. Il est vrai que j’aime les pécheurs et les pécheresses au point de les arracher au péché. Il est vrai que j’annonce la ruine du Temple, même si mes paroles en tant que Messie se bornent à confirmer ce que les prophètes ont annoncé. L’homme qui fournit ces accusations — comme bien d’autres —, et trouve un motif d’accusation dans les miracles eux-mêmes, cet homme qui a utilisé tous les moyens possibles sur terre pour essayer de m’entraîner au péché et pour pouvoir ajouter d’autres accusations aux premières, celui-là est un de mes amis. Cela aussi a été dit[5] par le roi prophète, dont je descends par ma Mère : “ Celui qui mangeait mon pain a levé contre moi son talon. ” Je le sais. Je ne puis l’empêcher de commettre ce crime : désormais… sa volonté s’est donnée à la Mort, or Dieu ne viole pas la liberté de l’homme. Mais je voudrais qu’au moins… qu’au moins le repentir déchirant de l’horreur qu’il aura accomplie le jette aux pieds de Dieu… Je donnerais volontiers deux fois ma vie dans ce but ! C’est pour cela que toi, Judas de Béteron, tu as averti hier Manahen de se taire, car le serpent était présent et pouvait nuire au disciple en même temps qu’au Maître. Non : seul le Maître sera frappé. Ne craignez rien. Ce ne sera pas à cause de moi que vous souffrirez peines et malheurs. Mais c’est en raison du crime de tout un peuple, que vous aurez tous à vivre ce qui a été prédit par les prophètes.

580.4

Ma malheureuse patrie ! Malheureuse terre, qui subira le châtiment de Dieu ! Malheureux habitants et enfants que je bénis maintenant et que je voudrais sauver mais qui, bien qu’innocents, connaîtront, une fois adultes, la morsure du plus grand malheur. Regardez votre terre prospère, belle, verte et fleurie comme un merveilleux tapis, fertile comme un Eden… Imprimez sa beauté dans votre cœur, puis… quand je serai retourné là d’où je suis venu… fuyez ! Fuyez tant qu’il vous sera possible de le faire avant que, comme un rapace infernal, la désolation de la ruine ne se répande ici, et abatte, détruise, dessèche et brûle, plus qu’à Gomorrhe, plus qu’à Sodome… Oui, plus brutalement que dans ces deux villes, où il n’y eut qu’une mort rapide. Ici… Joël, te souviens-tu de Sabéa ? Elle a prophétisé une dernière fois l’avenir du Peuple de Dieu qui n’a pas voulu du Fils de Dieu. »

Les quatre hommes sont abasourdis. La peur de l’avenir les rend muets. Finalement Eliel demande :

« C’est ce que tu nous conseilles ?…

– Oui. Partez. Plus rien ici ne vaudra la peine de retenir les fils du peuple d’Abraham. Et d’ailleurs, vous spécialement, les notables, on ne vous laissera pas en place… Les puissants, faits prisonniers, embellissent le triomphe du vainqueur. Le Temple nouveau et immortel emplira de lui-même la terre, et tout homme qui me cherchera me possédera, car je serai partout où un cœur m’aime. Allez. Eloignez vos femmes, vos enfants, les veillards… Vous m’offrez salut et aide. Je vous conseille de vous sauver, et je vous aide par ce conseil… Ne le méprisez pas.

– Mais… en quoi Rome peut-elle nous nuire davantage qu’aujourd’hui ? Ils sont nos maîtres. Et si sa loi est dure, il est vrai aussi que Rome a reconstruit les maisons et les villes…

– En vérité, sachez-le, en vérité pas une seule pierre de Jéru­salem ne demeurera intacte. Le feu, les béliers[6], les frondes et les javelots démoliront, saccageront, bouleverseront toutes les maisons, et la cité sacrée deviendra une caverne… et pas elle seule… Une caverne, notre patrie ! Elle servira de pâture pour les ânes sauvages et les lamies, comme l’annoncent les prophètes[7], et non non pas pour une ou plusieurs années, ou pour des siècles, mais pour toujours. Désert, terres brûlées, stérilité… Voilà le sort de ces terres ! Champ de querelles, lieu de torture, rêves de reconstruction toujours détruits par une condamnation inexorable, tentatives de résurrection éteintes dès leur naissance. Voilà le sort de la terre qui a repoussé le Sauveur et voulu une rosée qui est feu sur les coupables.

580.5

– Il n’y aura donc plus… plus jamais de royaume d’Israël ? Nous ne serons jamais plus ce dont nous rêvions ? » demandent d’une voix angoissée les trois notables juifs.

Le scribe Joël pleure…

« Avez-vous jamais observé un vieil arbre dont la mœlle est détruite par la maladie ? Pendant des années, il végète péniblement, si péniblement qu’il ne donne ni fleurs ni fruits. Seules quelques rares feuilles sur les branches épuisées indiquent qu’il monte un peu de sève… Puis, par un beau mois d’avril, le voilà qui fleurit miraculeusement et se couvre de feuilles nombreuses. Le maître s’en réjouit, lui qui, pendant tant d’années, l’a soigné sans obtenir de fruits. Il se frotte les mains en s’imaginant que l’arbre est guéri et redevient productif après tant d’épuisement… Quelle erreur ! Après une explosion si exubérante de vie, voilà la mort subite. Les fleurs tombent, tout comme les feuilles et les petits fruits qui semblaient déjà se nouer sur les branches et promettre une récolte abondante, puis avec un craquement inattendu, l’arbre, pourri à la base, s’effondre sur le sol. C’est ce qui arrivera à Israël. Après avoir végété pendant des siècles sans donner de fruits, dispersé, il se rassemblera sur le vieux tronc et aura une apparence de reconstruction. Le peuple dispersé sera enfin réuni. Réuni et pardonné. Oui. Dieu attendra cette heure pour arrêter le cours des siècles. Il n’y aura plus de siècles alors, mais l’éternité. Bienheureux ceux qui, pardonnés, formeront la floraison fugace du dernier Israël, devenu, après tant de siècles, le domaine du Christ, et qui mourront rachetés, en même temps que tous les peuples de la terre. Bienheureux aussi ceux qui auront, non seulement connu mon existence, mais embrassé ma Loi, comme une loi de salut et de vie.

580.6

Mais j’entends les voix de mes apôtres. Partez avant qu’ils n’arrivent…

– Ce n’est pas par lâcheté, Seigneur, que nous cherchons à rester inconnus, mais pour pouvoir te servir. Si on savait que nous, moi surtout, nous sommes venus te trouver, nous serions exclus des délibérations… explique Joël.

– Je comprends. Mais faites attention, car le serpent est rusé. Toi, spécialement, Joël, sois prudent…

– Ah ! ils me tueraient ! Je préférerais ma mort à la tienne ! Et ne pas voir les jours dont tu parles ! Bénis-moi, Seigneur, pour me fortifier…

– Je vous bénis tous au nom du Dieu un et trine, et au nom du Verbe qui s’est incarné afin d’être le salut pour les hommes de bonne volonté. »

Il les bénit collectivement d’un large geste, puis pose la main sur la tête inclinée de chacun d’eux, agenouillé à ses pieds.

Alors les quatre hommes se relèvent, se couvrent de nouveau le visage, et se cachent parmi les arbres du verger et les haies de mûres qui séparent les poiriers des pommiers, et ceux-ci des autres arbres. Il était temps, car les douze apôtres sortent en groupe de la maison à la recherche du Maître, pour se mettre en route.

580.7

Pierre dit :

« Devant la maison, du côté de la ville, il y a une foule de gens que nous avons eu du mal à retenir pour te laisser prier tranquillement. Ils veulent te suivre. Auun de ceux que tu avais congédiés n’est parti. Au contraire, beaucoup sont revenus sur leurs pas, et d’autres sont arrivés. Nous les avons réprimandés…

– Pourquoi ? Laissez-les me suivre ! Si tous en faisaient autant ! Partons ! »

Et Jésus, après s’être ajusté le manteau que Jean lui présente, se met à la tête des siens, rejoint la maison, la longe, prend la route qui mène à Béthanie et entonne à haute voix un psaume. Une vraie foule, avec en tête les hommes, puis les femmes et les enfants, le suit, chantant avec lui…

La ville dans son enceinte de verdure s’éloigne. La route est parcourue par de nombreux pèlerins. Sur le côté, une troupe de mendiants élève ses plaintes pour émouvoir les passants et obtenir davantage d’aumônes. Ils sont estropiés, manchots, aveugles… C’est la misère habituelle qui, de tout temps et en tout pays, a coutume de se retrouver là où une festivité provoque des rassemblements.

Et si les aveugles ne voient pas qui est Celui qui passe, les autres le savent et, connaissant la bonté du Maître pour les pauvres, crient encore plus fort qu’à l’ordinaire pour attirer l’attention de Jésus. Ils ne demandent pas de miracle, seulement une obole, et c’est Judas qui la donne.

580.8

Une femme de condition aisée arrête l’âne, sur lequel elle était en selle, près d’un arbre robuste qui ombrage un carrefour, et elle attend Jésus. A son approche, elle glisse de sa monture et se prosterne, non sans mal, car elle tient dans les bras un petit enfant absolument inerte. Elle le soulève sans mot dire. Ses yeux prient et expriment toute sa peine. Mais Jésus est entouré de gens qui forment une haie, et il ne voit pas la pauvre mère agenouillée au bord de la route. Un homme et une femme, qui semblent accompagner la mère affligée, s’adressent à elle :

« Il n’y a rien pour nous » dit l’homme en secouant la tête.

Et la femme :

« Maîtresse, il ne t’a pas vue. Appelle-le avec foi, il t’exaucera. »

La mère l’écoute, et elle crie à haute voix pour dominer le brouhaha des chants et des pas :

« Seigneur, pitié pour moi ! »

Jésus, qui est déjà quelques mètres plus loin, s’arrête et se retourne pour chercher qui a crié, et la servante insiste :

« Maîtresse, il te cherche. Lève-toi donc et va le trouver, et Fabia sera guérie. »

Puis elle l’aide à se mettre debout pour la conduire vers le Seigneur, qui dit :

« Que celui qui m’a appelé vienne à moi. C’est le temps de la miséricorde pour qui sait espérer en elle. »

Les deux femmes se fraient un passage, d’abord la servante pour ouvrir le chemin à la mère, puis la mère elle-même. Elles sont sur le point de rejoindre Jésus, quand une voix s’élève :

« Mon bras perdu ! Regardez ! Béni soit le Fils de David, notre vrai Messie, toujours puissant et saint ! »

Il se produit un vrai remue-ménage, car plusieurs se retournent, et la foule subit un brassage, un mouvement de vagues opposées autour de Jésus. Tout le monde veut savoir et voir… On interroge un vieillard qui agite son bras droit comme un drapeau et qui répond :

« Il s’était arrêté. J’ai réussi à saisir un pan de son manteau et à m’en couvrir, et mon bras mort a été parcouru comme par un feu et une vie… et voilà : le droit est redevenu comme le gauche. Il m’a suffi de toucher son vêtement ! »

580.9

Jésus, pendant ce temps, interroge la femme :

« Que désires-tu ? »

La femme tend son enfant :

« Elle aussi a droit à la vie. Elle est innocente. Elle n’a pas demandé à être d’un lieu ou d’un autre, d’un sang ou d’un autre. C’est moi la coupable. C’est à moi d’être punie, pas à elle.

– Espères-tu que la miséricorde de Dieu soit plus grande que celle des hommes ?

– J’ai confiance, Seigneur. Je crois. Pour moi et pour mon enfant à qui, j’espère, tu rendras la pensée et le mouvement. On dit que tu es la Vie… »

Elle fond en larmes.

« Je suis la Vie, et celui qui croit en moi aura la vie de l’esprit et des membres. Je veux ! »

Après avoir crié ces mots d’une voix forte, Jésus abaisse sa main sur l’enfant inerte qui a un frémissement, un sourire, un mot :

« Maman !

– Elle bouge ! Elle sourit ! Elle a parlé ! Fabius ! Maîtresse ! »

Les deux femmes ont suivi les phases du miracle et les ont annoncées à haute voix ; elles ont appelé le père, qui s’est frayé un passage à travers la foule et qui a rejoint les femmes quand déjà elles pleurent de joie aux pieds de Jésus, et pendant que la servante s’écrie :

« Je t’avais bien assuré qu’il a pitié de tous ! »

La mère reprend :

« Maintenant, pardonne-moi aussi mon péché.

– Le Ciel ne te montre-t-il pas, par la grâce qu’il t’a accordée, que ton erreur est pardonnée ? Lève-toi et marche dans la vie nouvelle avec ta fille et l’homme que tu as choisi. Va ! Paix à toi, femme, paix à toi aussi, fillette, enfin à toi, fidèle israélite. Qu’une grande paix descende sur toi, en raison de ta fidélité à Dieu et à la fille de la famille que tu as servie et qu’avec ton cœur tu as tenue proche de la Loi. Et paix aussi à toi, homme, qui t’es montré plus respectueux envers le Fils de l’homme que beaucoup en Israël. »

Il prend congé, pendant que la foule, après avoir quitté le vieillard, s’intéresse au nouveau miracle accompli sur la fillette paralysée et simple d’esprit, peut-être à la suite d’une méningite, et qui maintenant saute joyeusement en répétant les seuls mots qu’elle sache, ceux que peut-être elle savait avant de tomber malade, et qu’elle retrouve intacts dans son esprit qui s’est réveillé :

« Papa, maman, Elise ! Le beau soleil ! Les fleurs !… »

580.10

Jésus fait mine de partir, mais du carrefour désormais dépassé, près des ânes laissés là par les miraculés, deux autres cris lamentables s’élèvent avec la cadence caractéristique des Hébreux :

« Jésus, Seigneur ! Fils de David, aie pitié de moi ! »

La foule vocifère :

« Taisez-vous, laissez passer le Maître La route est longue, et le soleil frappe de plus en plus fort. Il faut qu’il puisse arriver sur les collines avant la chaleur.

Mais ils reprennent d’autant plus fort :

« Jésus, Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi. »

Jésus s’arrête de nouveau :

« Allez chercher ceux qui crient, et amenez-les-moi. »

Des volontaires s’en vont. Ils rejoignent les deux aveugles, et leur disent :

« Venez. Il a pitié de vous. Levez-vous, car il veut vous exaucer. Il nous a envoyés vous appeler en son nom. »

Et ils cherchent à conduire les deux aveugles à travers la foule.

Mais, si l’un se laisse faire, l’autre, plus jeune et peut-être plus croyant, prévient le désir des volontaires et s’avance seul, avec son bâton qu’il pointe en avant, le sourire et l’attitude caractéristiques des aveugles sur leur visage levé pour chercher la lumière. On pourrait croire que son ange gardien le guide, tant sa marche est rapide et assurée. S’il n’avait pas les yeux blancs, il ne semblerait pas aveugle. Il arrive le premier devant Jésus, qui l’arrête :

« Que veux-tu que je fasse pour toi ?

– Que je voie, Maître ! Seigneur, fais que mes yeux et ceux de mon camarade s’ouvrent. »

L’autre aveugle étant arrivé, on le fait s’agenouiller à côté de son compagnon.

Jésus pose les mains sur leurs visages levés et dit :

« Qu’il soit fait comme vous le demandez. Allez ! Votre foi vous a sauvés ! »

Quand il retire ses mains, deux cris jaillissent de la bouche des aveugles :

« Je vois, Uriel !;

– Je vois, Bartimée ! »

Puis, ensemble :

« Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni celui qui l’a envoyé ! Gloire à Dieu ! Hosanna au Fils de David ! »

Et ils se jettent tous deux à terre, le visage au sol, pour baiser les pieds de Jésus. Ensuite, les deux miraculés se lèvent, et celui qui s’appelle Uriel annonce :

« Je vais me montrer à mes parents, puis je reviens te suivre, Seigneur. »

De son côté, Bartimée déclare :

« Moi, je ne te quitte pas. Je vais envoyer quelqu’un pour les prévenir. Ce sera toujours une joie pour eux. Mais me séparer de toi, non ! Tu m’as donné la vue, je te consacre ma vie. Aie pitié du désir du dernier de tes serviteurs.

– Viens et suis-moi. La bonne volonté rend égales toutes les conditions, et seul est grand celui qui sait le mieux servir le Seigneur. »

Alors Jésus reprend sa marche au milieu des louanges de la foule, auxquels Bartimée se joint, criant hosanna avec les autres, et disant :

« J’étais venu pour obtenir du pain, et j’ai trouvé le Seigneur. J’étais pauvre, maintenant je suis ministre[8] du Roi saint. Gloire au Seigneur et à son Messie ! »

580.1

Es un alba que apenas diluye su candor en un primer rosicler de aurora. Y el silencio fresco de los campos se va rompiendo, va adornándose con el gorjeo de los pajarillos ya despiertos.

Jesús es el primero en salir de la casa de Nique. Entorna silenciosamente la puerta y se dirige al verde huerto donde se liberan las nítidas notas de las currucas y emiten los mirlos su flautado canto.

Pero aún no ha llegado y ya del huerto vienen cuatro personas (cuatro de los que ayer estaban en el grupo de desconocidos y que en ningún momento habían descubierto su rostro). Se postran profundamente. Luego, cuando oyen la orden y la pregunta que Jesús —después de haberlos saludado con su saludo de paz— les dirige: «¡Alzaos! ¿Qué queréis de mí?», se levantan y echan hacia atrás los mantos de lino y las prendas, también de lino, que cubren su cabeza y con las cuales habían tenido celado su rostro como beduinos.

Reconozco la cara pálida y delgada del escriba Joel de Abías, ya visto en la visión de Sabea[1]. Los otros me son desconocidos, hasta que se nombran: «Yo, Judas de Beterón, último de los verdaderos asideos, amigos de Matatías Asmoneo»; «Yo, Eliel, y mi hermano Elcaná de Belén de Judá, hermanos de Juana, tu discípula; y no hay para nosotros un título mayor que éste. Ausentes cuando eras fuerte, presentes ahora que te persiguen»; «Yo, Joel de Abías, con los ojos ciegos durante mucho tiempo, pero ahora abiertos a la Luz».

«Os había despedido ya. ¿Qué queréis de mí?».

«Decirte que… si estamos tapados no es por ti, sino…» dice Eliel.

«¡Hablad! ¡Hablad os digo!».

«Pero… Habla tú, Joel. Porque eres el que más sabe de todos…».

580.2

«Señor… Lo que yo sé es tan… horrendo… que quisiera que ni la tierra supiera lo que estoy para decir…».

«Esta tierra se estremecerá; no Yo, porque sé lo que quieres decir. De todas formas, habla…».

«Si lo sabes… deja que mis labios no tiemblen diciendo esta cosa horrible. No es que piense que mientes al decir que lo sabes y que quieres que lo diga para saberlo, sino, verdaderamente, porque…».

«Sí. Porque es una cosa que clama al Señor. La diré Yo para convencer a todos de que conozco el corazón de los hombres. Tú, miembro del Sanedrín y conquistado para la Verdad, has descubierto algo que no has sabido sobrellevar tú solo, porque es demasiado grande, y has ido donde éstos, verdaderos judíos en los que sólo hay espíritu bueno, para asesorarte con ellos. Has hecho bien, aunque no tenga ninguna utilidad lo que has hecho. El último de los asideos estaría dispuesto a repetir el gesto de sus padres[2] para servir al Libertador verdadero. Y no está solo. También su pariente Barzelái lo haría, y con él otros muchos. Y los hermanos de Juana, por amor a mí y a su hermana, además de por amor a la Patria, estarían con él. Pero Yo no triunfaré por lanzas ni por espadas. Entrad del todo en la Verdad. Yo triunfaré con un triunfo celeste.

580.3

Tú —y esto es lo que te hace aparecer aún más pálido y enflaquecido de lo que en ti es normal— sabes quién ha presentado los elementos de acusación contra mí, esos elementos que, si bien son falsos en su espíritu, son verdaderos en la realidad de sus palabras, porque Yo en verdad violé el sábado cuando tuve que huir, al no haber llegado todavía mi hora, y cuando arrebaté dos inocentes a los bandidos; y podría decir que la necesidad justifica el acto, de la misma forma que la necesidad justificó a David[3] por haberse nutrido con los panes de proposición. En verdad, me refugié en Samaria, aunque, llegada mi hora y habiéndome propuesto los samaritanos quedarme con ellos como Pontífice, rechacé honores y seguridad por permanecer fiel a la Ley, aun significando esto entregarme a los enemigos. Y es verdad que quiero a los pecadores y a las pecadoras hasta el punto de arrancarlos del pecado. Y es verdad que predico la destrucción del Templo, si bien estas palabras mías no son sino confirmación del Mesías de las palabras de sus profetas. El que es fuente de éstas y de otras acusaciones, aquel que incluso hace de los milagros motivo de acusación y no ha dejado de servirse de nada de la Tierra para tratar de llevarme al pecado y poder añadir otras acusaciones a las primeras, ése es un amigo mío. Y esto también lo dijo[4] el rey profeta de quien a través de mi Madre desciendo: “El que comía mi pan alzó contra mí su calcañar”. Lo sé. Moriría dos veces, si pudiera no ya impedir que llevara a cabo el delito —ya… su voluntad se ha entregado a la Muerte, y Dios no fuerza la libertad del hombre—, sino, al menos, hacer que el choque del horror cumplido le arrojara arrepentido a los pies de Dios… Por esto tú, Judas de Beterón, advertías ayer a Manahén de que se callara. Porque la serpiente estaba allí y podía dañar, además de al Maestro, al discípulo. No. El daño alcanzará sólo al Maestro. No temáis. No será por mí por quien recibáis penas y desventuras. Por el delito de todo un pueblo, por eso sí, todos recibiréis lo que anunciaron los profetas.

580.4

¡Desdichada, desdichada Patria mía! ¡Desdichada tierra que conocerá el castigo de Dios! ¡Desdichados habitantes, desdichados niños que ahora bendigo y quisiera ver salvos y que, aun siendo inocentes, conocerán en la edad adulta la dentellada de la más grande desventura! Mirad esta tierra vuestra exuberante, hermosa, verde y florida cual alfombra admirable, fértil como un Edén… Grabaos su belleza en vuestro corazón y luego… vuelto Yo al lugar de donde vine… huid. Huid mientras podáis hacerlo, antes de que, cual rapaz de infierno, la desolación de la destrucción se extienda aquí y derribe y destruya, y yerme y queme, más que en Gomorra, más que en Sodoma… Sí, más que en esas ciudades, donde sólo hubo una rápida muerte. Aquí… Joel, ¿recuerdas a Sabea? Ella hizo una última profecía sobre el futuro del Pueblo de Dios que ha rechazado al Hijo de Dios».

Los cuatro están como aturdidos. El miedo del futuro los enmudece. Se decide a hablar Eliel: «¿Tú nos aconsejas…?».

«Sí. Idos. Ya nada habrá aquí suficientemente válido como para retener a los hijos del pueblo de Abraham. Además, especialmente vosotros, notables del pueblo, no seríais respetados… Los poderosos hechos prisioneros embellecen el triunfo del vencedor. El Templo nuevo e inmortal llenará de sí la Tierra, y todo el que me busque me tendrá, porque donde un corazón me ame, allí estaré Yo. Idos. Llevaos con vosotros a vuestras mujeres, a vuestros hijos, a los ancianos… Vosotros me ofrecéis salvación y ayuda, Yo os aconsejo que os pongáis en salvo, y os ayudo con este consejo… No lo despreciéis».

«Pero ya… ¿qué más daño nos va a causar Roma? Ya estamos dominados. Y, aunque su ley sea dura, también es verdad que Roma ha reedificado casas y ciudades y…».

«En verdad, sabedlo, en verdad, ni una sola piedra de Jerusalén quedará intacta. Fuego, ariete, hondas y jabalinas caerán, morderán, desbaratarán todas las casas, y la Ciudad sagrada se transformará en antro. Y no solo Jerusalén… Esta Patria nuestra se transformará en antro. Lugar de onagros y chacales, como dicen los profetas. Y no durante un año o algunos años, o durante siglos, sino para siempre. El desierto, la sequía, la esterilidad… ¡Ésta será la suerte de estas tierras! Campo de luchas, lugar de torturas, sueño de reconstrucción destruido una y otra vez por una condena inexorable, intentos de resurgimiento ahogados en el momento de su nacimiento: la suerte de la tierra que rechazó al Savador y quiso un rocío que es fuego sobre los culpables».

580.5

«¿Entonces… entonces no volverá a haber nunca un Reino de Israel? ¿Ya nunca más seremos lo que soñábamos ser?» preguntan con voz entrecortada los tres notables judíos. (El escriba Joel llora)…

«¿Habéis observado alguna vez un árbol añoso con la médula destruida por una enfermedad? Durante años vegeta a duras penas, tan a duras penas, que ni florece ni da fruto; sólo alguna, rara hoja en las ramas exhaustas dice que todavía un poco de savia sube… Luego, en un mes de abril, se le ve florecer milagrosamente y cubrirse de numerosas hojas, y se alegra su dueño, que durante muchos años le cuidó sin obtener frutos; se alegra al pensar que el árbol está curado y vuelve a la exuberancia después de tanta languidez… ¡Oh, engaño! Después de tan exuberante explosión de vida, sobreviene en seguida la muerte. Caen las flores, las hojas, los pequeños frutos que parecían ya cuajar en las ramas y prometían una pingüe recolección, y con improviso estruendo el árbol, podrido en su base, se viene abajo. Lo mismo hará Israel. Después de siglos de estéril vegetar disperso, se reunirá en el añoso tronco y parecerá estar reconstruido; al fin reunido el pueblo disperso; reunido y perdonado. Sí. Dios esperará esa hora para cortar los siglos. Ya no habrá siglos, habrá eternidad. ¡Bienaventurados aquellos que, perdonados, constituyan la floración fugaz del último Israel —de ese Israel que será, después de tantos siglos, de Cristo—, y mueran redimidos, junto con todos los pueblos de la Tierra, bienaventurados con los pueblos de la Tierra que no sólo han conocido la existencia mía, sino que también han abrazado mi Ley como ley de Salud y Vida!

580.6

Oigo las voces de mis apóstoles. Marchaos antes de que lleguen…».

«Señor, si tratamos de permanecer ocultos no es por cobardía, sino para servirte, para poderte servir. Si se supiera que nosotros, que yo, sobre todo, hemos venido a ti, quedaríamos excluidos de las deliberaciones…» dice Joel.

«Comprendo. Pero atención porque la serpiente es astuta. Tú especialmente sé cauto, Joel…».

«¡Aunque me mataran… preferiría mi muerte a la tuya… y no ver esos días de que hablas! Bendíceme, Señor, para fortalecer­me…».

«Os bendigo a todos en el nombre de Dios Uno y Trino, y en el nombre del Verbo encarnado para salvación de los hombres de buena voluntad». Los bendice colectivamente con un amplio gesto, y luego pone la mano, individualmente, sobre cada una de las cuatro cabezas inclinadas que tiene a sus pies.

Luego se levantan ellos, se tapan de nuevo la cara y se adentran entre los árboles del huerto y entre los matorrales de moras que separan a los perales de los manzanos y a éstos de otros árboles; a tiempo, porque, en grupo, ya salen de la casa los doce apóstoles buscando al Maestro para ponerse en camino.

580.7

Y Pedro dice: «En la parte de delante de la casa, hacia la ciudad, hay una muchedumbre de gente, a la que a duras penas hemos contenido para dejarte orar. Quieren seguirte. Ninguno de los que has despedido se ha marchado. Es más, muchos han regresado, y muchos otros han venido luego. Los hemos reprendido…».

«¿Por qué? ¡Dejad que me sigan! ¡Ah, si todos lo hicieran! ¡Va­­mos!».

Y Jesús se coloca el manto que le ha pasado Juan y se pone a la cabeza de los suyos. Llega a la casa, la bordea, pone pie en el camino que va a Betania y entona con fuerte voz un salmo. La gente, una verdadera muchedumbre —primero todos los hombres, luego las mujeres y los niños— le sigue, cantando con Él…

La ciudad, rodeada de verde, va quedando lejos. Muchos peregrinos van por este camino, en cuyas orillas muchos mendigos elevan sus lamentos para suscitar la compasión de la muchedumbre y conseguir así pingües limosnas. Lisiados, mancos, ciegos… La miseria que en todas las épocas y regiones habitualmente se da cita en los lugares en que una festividad congrega a las muchedumbres. Y si los ciegos no ven quién pasa, los otros sí lo ven, y, conociendo la bondad del Maestro para con los pobres, lanzan su grito, más fuerte de lo habitual, para atraer la atención de Jesús. Pero no piden el milagro; solamente la limosna; y Judas da la limosna.

580.8

Una mujer de noble aspecto, al pie de un recio árbol que da sombra a un cruce de caminos, para el burrito en que va montada y espera a Jesús. Cuando Él está cerca, desciende de su cabalgadura y se postra, no sin dificultad porque tiene en brazos una criaturita muy falta de vida. La eleva sin decir una palabra. Sus ojos suplican en su afligido rostro. Pero Jesús está rodeado por una barrera de gente y no ve a la pobre madre arrodillada en la orilla del camino.

Un hombre y una mujer, que parecen acompañar a la madre afligida, le dicen: «No hay nada para nosotros» dice el hombre meneando la cabeza; y «Ama, no te ha visto; llámale con fe y te concederá lo que pides» dice la mujer.

La madre sigue el consejo de la mujer y grita, fuerte para vencer el ruido de los cantos y los pasos: «¡Señor, piedad de mí!».

Jesús, que está unos metros más adelante, se detiene y se vuelve, y busca a la que ha gritado. La sirviente dice: «Ama, te busca. Álzate y ve donde Él, y Fabia se curará» y la ayuda a levantarse y la guía hacia el Señor, que dice: «Quien me ha invocado que venga a mí. Es tiempo de misericordia para quien sabe esperar en la misericordia».

Las dos mujeres se abren paso (primero la sirviente, para preparar el camino a la madre, luego la propia madre), y están para llegar donde Jesús cuando una voz grita: «¡Mi brazo perdido! ¡Mirad! ¡Bendito el Hijo de David, el siempre poderoso y santo nuestro verdadero Mesías!».

Se produce un alboroto, porque muchos se vuelven y la muchedumbre, con movimiento como de ondas contrarias en torno a Jesús, se mezcla y entremezcla. Todos quieren saber, ver… Preguntan a un anciano, que agita su brazo derecho como si fuera una bandera y que responde: «Él se había parado. Yo había logrado agarrar un borde de su manto y taparme con él, y como un fuego y la vida me han recorrido el brazo muerto; mirad, el derecho está como el izquierdo, sólo porque me ha tocado su túnica».

580.9

Jesús, mientras, pregunta a la mujer: «¿Qué quieres?».

La mujer alarga los brazos con su criatura y dice: «Ella también tiene derecho a la vida. Es inocente. No ha pedido ser de uno u otro lugar, ni de una u otra sangre. Yo soy la culpable. A mí el castigo, no a ella».

«¿Tienes la esperanza de que la misericordia de Dios sea mayor que la de los hombres?».

«Tengo esa esperanza, Señor. Yo creo. Por mí y por mi hija. Tengo la esperanza de que le devuelvas el pensamiento y el movimiento. Dicen que eres la Vida…», y llora.

«Yo soy la Vida, y quien cree en mí tendrá la vida del espíritu y de sus miembros. ¡Quiero!».

Jesús ha gritado estas palabras con voz fuerte. Ahora baja la mano hacia la niñita inmóvil, que se estremece, sonríe y dice una palabra: «¡Mamá!».

«¡Se menea! ¡Sonríe! ¡Ha hablado! ¡Fabio! ¡Amo!». Las dos mujeres han seguido las fases del milagro y las han proclamado con voz fuerte. Y han llamado al padre, que se abre paso entre la gente y llega donde las mujeres cuando ya ellas están a los pies de Jesús llorando; y, mientras la sirviente dice: «¡Te había dicho que Él tiene piedad de todos!», la madre dice: «Y ahora perdóname también mi pecado».

«¿No te muestra el Cielo, con la gracia concedida, que tu error está perdonado? Levántate y anda; en la vida nueva, con tu hija y el hombre que has elegido. Ve. Paz a ti. Y a ti, niñita. Y a ti, israelita fiel. Mucha paz a ti por tu fidelidad a Dios y a la hija de la familia a la que servías y que con tu corazón has mantenido cercana a la Ley. Y paz también a ti, hombre, que te has mostrado más respetuoso hacia el Hijo del hombre que muchos otros de Israel».

Se despide mientras la gente, dejado el anciano, se interesa por el nuevo milagro realizado en la niñita imposibilitada de movimientos y pensamiento (quizás por una meningitis), que ahora salta feliz diciendo las únicas palabras que sabe, las que quizás sabía cuando enfermó y que ahora halla de nuevo en su mente revivida: «Padre, mamá, Elisa. ¡El Sol bonito! ¡Las flores!…».

580.10

Jesús hace ademán de marcharse. Pero en esto, provenientes del cruce que ya han dejado atrás, llegan, de donde están los asnos que los que han recibido el milagro han dejados plantados, otros dos gritos, quejumbrosos, con la típica modulación hebrea: «¡Jesús, Señor! ¡Hijo de David, ten piedad de mí!». Y, de nuevo, más fuerte, para superar los gritos de la gente que dice: «Callad. Dejadle marcharse al Maestro. El camino es largo y el Sol se alza cada vez más fuerte. Que pueda estar en los montes antes del calor intenso», gritan: «Jesús, Señor, Hijo de David, ten piedad de mí».

Jesús se para otra vez y dice: «Id por esos que gritan y traédmelos aquí».

Algunas personas solícitas van hacia los ciegos. Llegan donde ellos y dicen: «Venid. Tiene compasión de vosotros. Alzaos, que quiere concederos lo que pedís. Nos ha mandado a llamaros en su nombre», y tratan de guiar a los dos ciegos por entre la muchedumbre.

Pero, si uno de los dos se deja guiar, el otro, más joven y quizás más creyente, anticipa el deseo de aquéllos y camina solo, tendiendo su bastoncito hacia delante, con la expresión y el gesto propios de los ciegos: la típica sonrisa y el rostro alzado en busca de la luz… Y va tan rápido y seguro, que parece guiarle su ángel: si no tuviera los ojos blancos, no parecería ciego.

Es el primero en llegar a la presencia de Jesús, que le para y le dice: «¿Qué quieres que te haga?».

«Que vea, Maestro. Haz, Señor, que mis ojos y los de mi compañero se abran». Ha llegado ya el otro ciego y le arrodillan junto a su compañero.

Jesús pone las manos en sus caras alzadas y dice: «Hágase como pedís. ¡Idos, vuestra fe os ha salvado!».

Quita las manos y… dos gritos salen de los labios de los ciegos: «¡Yo veo, Uriel!»; «¡Yo veo, Bartimeo!» y luego, juntos: «¡Bendito el que viene en nombre del Señor! ¡Bendito el que le ha enviado! ¡Gloria a Dios! ¡Hosanna al Hijo de David!», y dos rostros se agachan hasta el suelo para besar los pies de Jesús; luego se levantan los dos que eran ciegos, y el que lleva por nombre Uriel dice: «Voy a presentarme a mis familiares y luego vuelvo para seguirte, Señor». Bartimeo, no; Bartimeo dice: «Yo no te dejo. Mando a alguien para que se lo diga. Se alegrarán en todo caso. Pero, separarme de ti, no. Tú me has dado la vista, yo te consagro la vida; ten piedad del deseo de tu ínfimo siervo».

«Ven y sígueme. La buena voluntad iguala todos los niveles, y sólo es grande el que mejor sabe servir al Señor».

Y Jesús reanuda la marcha entre los gritos de hosanna de la multitud. Bartimeo se une a la gente y, elevando con ella sus alabanzas, va diciendo: «Había venido buscando un pan y he encontrado al Señor. Era pobre y ahora soy ministro del Rey santo. Gloria al Señor y a su Mesías»…


Notes

  1. vision de Sabéa que l’on peut lire au chapitre 525.
  2. Hassidéen : Les Hassidéens (de l’hébreu Hassidim, « Intègres » ou « Pieux ») ou Assidéens (du grec Assidaioi) étaient un groupe de Juifs pieux qui commença à jouer un rôle important dans la vie politique au cours de la crise maccabéenne, bien qu’il ait existé depuis plus longtemps. Les livres des Maccabées ne les mentionnent que trois fois. Les Hassidéens étaient des ascètes fortement religieux, appliquant la Loi de façon stricte, et aimant le calme ; la secte qu’ils auraient fondée possédait un pouvoir et une autorité considérables parmi le peuple, et aurait été entraînée dans la rébellion contre Antiochus, qui aboutit aux guerres hasmonéennes. Les Hassidéens seraient donc devenus la force d’impulsion maîtresse dans la lutte juive pour l’indépendance. Les Hasmonéens, eux, sont une dynastie qui règne sur la Judée de 140 à 36 av. J.-C. Elle est fondée par Simon, fils de Mattathias.
  3. le geste, relaté en 1 M 2, 42-48.
  4. la nécessité a justifié David : ce récit se trouve en 1 S 21, 2-7.
  5. a été dit, en Ps 41, 10.
  6. Le feu, les béliers… après la révolte juive, les armées de Titus assiègèrent Jérusalem. La famine décima une large partie de la population. Les Romains prirent la ville en septembre 70 et la pillèrent. Ils brûlèrent le Temple et y installèrent une statue de Jupiter, envoyèrent le trésor et les objets sacrés à Rome, puis rasèrent la ville. Les survivants furent vendus comme esclaves ou servirent aux jeux du cirque, et les meneurs, dont Jean de Giscala, furent emmenés comme prisonniers à Rome et furent exhibés lors du triomphe de Titus. Jésus fait allusion à cet épisode en 590.8.
  7. l’annoncent les prophètes, par exemple en Is 32, 14 ; 34, 14 ; Jr 14, 6 ; Dn 5, 21.
  8. ministre doit être pris dans son sens étymologique = serviteur.

Notas

  1. visión de Sabea, que está en 525. En este punto del manuscrito, MV añade 5-11-46.
  2. el gesto de sus padres, como se narra en 1 Macabeos 2, 42-48.
  3. necesidad justificó a David, como se narra en 1 Samuel 21, 2-7.
  4. lo dijo, en Salmo 41, 10.