Os Escritos de Maria Valtorta

586. Le sabbat qui précède l’entrée à Jérusalem.

586. O sábado antes da entrada em Jerusalém.

586.1

Le repas a été préparé dans la salle blanche où Jésus a parlé aux femmes disciples. C’est tout un éclat de blanc et d’argent, adouci par une nuance moins glacée et moins froide qu’apportent quantité de branches de pommiers ou de poiriers, ou d’autres arbres fruitiers, pures comme la neige, mais avec un léger souvenir de rose qui fait penser à de la neige qu’aurait effleurée le baiser d’une lointaine aurore. Elles se dressent dans des vases ventrus ou de grêles amphores d’argent arrangés sur des tables, des coffrets ou des crédences disposés le long des murs de la salle. Les bouquets répandent dans la pièce l’odeur caractéristique des fleurs des arbres fruitiers, fraîche, un peu amère, du pur printemps…

Lazare entre, au côté de Jésus. Derrière, deux par deux, ou en groupes plus nombreux, viennent les apôtres et, en dernier lieu, les deux sœurs de Lazare avec Maximin.

Je ne vois pas les femmes disciples. Je ne vois même pas Marie. Peut-être ont-elles préféré rester dans la maison autour de la Vierge, puisqu’elle est si triste…

Le crépuscule approche. Mais il reste encore des rayons de soleil pour frapper la frondaison bruissante de plusieurs palmiers, groupés à quelques mètres de la salle, et la cime d’un laurier gigantesque où des passereaux se disputent avant de prendre leur repos. Au-delà du palmier et du laurier, au-delà des haies de roses et de jasmins, des parterres de muguets et d’autres fleurs, et des plantes odoriférantes, la tache blanche saupoudrée du vert tendre des premières feuilles d’un groupe de pommiers ou de poiriers tardifs. On dirait un nuage resté accroché dans les branches.

586.2

En passant près d’une amphore garnie de branchages, Jésus observe :

« Regardez ! Leurs premiers petits fruits apparaissaient déjà à la cime des fleurs, alors que, plus bas, la fleur est déjà tombée et que l’ovaire se gonfle.

– C’est Marie qui a voulu les cueillir. Elle en a apporté des bouquets aussi à ta Mère. Elle s’est levée à l’aube, par crainte qu’un jour de soleil de plus n’abîme ces fragiles corolles. J’ai appris depuis peu ce massacre, mais je n’en ai pas été indigné comme les serviteurs agricoles. J’ai pensé, au contraire, qu’il était juste de t’offrir toutes les beautés de la création, à toi, le Roi de tout l’univers. »

Jésus s’assied en souriant à sa place, et il regarde Marie qui, avec sa sœur, s’apprête à servir comme si elle était une soubrette, tendant les coupes pour la purification et les serviettes, puis versant le vin dans les coupes et disposant les plats sur la table à mesure que les serviteurs les apportent de la cuisine ou les présentent, après les avoir découpés sur les crédences.

Naturellement, si les sœurs servent avec courtoisie tous les convives, leur empressement va spécialement aux deux qui leur sont les plus chers : Jésus et Lazare.

586.3

A un certain moment, Pierre, qui mange avec appétit, remarque :

« Regardez ! Je m’en aperçois maintenant ! Tous les plats sont servis comme on le fait en Galilée. Il me semble… mais oui ! Il me semble être à un repas de noces. Toutefois, ici le vin ne manque pas comme il manquait à Cana ! »

Marie sourit silencieusement en versant à l’apôtre une nouvelle coupe de vin ambré, très limpide.

C’est encore Lazare qui explique :

« En effet, c’était l’intention de mes sœurs, et en particulier de Marie, de servir un repas qui donnerait au Maître l’impression d’être dans sa Galilée, certainement meilleur, bien qu’imparfait lui aussi, que ce qui se fait dans ces lieux…

– Mais pour que cela soit possible, il aurait fallu que la Mère de Jésus soit à table avec nous. Elle y était à Cana. C’est par elle que s’est produit le miracle, dit Jacques, fils d’Alphée.

– Ce devait être un grand vin !

– Le vin est symbole de gaieté, et devrait l’être aussi de fécondité, puisque c’est le jus de la vigne féconde. Mais il ne me semble pas qu’il ait eu une telle action : Suzanne[1] n’a pas d’enfant, souligne Judas.

– Quel vin c’était ! Il a fécondé notre esprit… » murmure Jean, un peu rêveur comme il l’est toujours quand il contemple intérieurement les miracles opérés par Dieu. Et il achève : « C’est par une vierge que cela a été fait… et une goutte de pureté est descendue en ceux qui l’ont goûté.

– Crois-tu donc Suzanne vierge ? demande Judas en riant.

– Je n’ai pas dit cela. La Mère du Seigneur est vierge. La virginité découle de tout ce qui est accompli par elle. Je ne cesse de penser combien tout ce qui se fait par Marie est virginisant… »

Et il rêve de nouveau, souriant à je ne sais quelle vision.

« Bienheureux garçon ! Je crois qu’il perd contact avec la réalité, en ce moment. Observez-le » s’écrie Pierre en montrant Jean qui, allongé sur son lit, déplace sans y penser des petits morceaux de pain, oubliant de manger.

Jésus aussi se penche un peu pour le regarder. Jean se trouve à un angle du côté de la table disposée en U, et par conséquent un peu en arrière du Seigneur, qui est au milieu du côté central, avec son cousin Jacques à gauche et Lazare à droite. Après Lazare, se trouvent Simon le Zélote et Maximin, de même qu’après Jacques et l’autre Jacques,il y a Pierre. Jean, lui, est entre André et Barthélemy, puis vient Thomas, qui a Judas en face de lui, avec Philippe et Matthieu, et Jude qui est exactement à l’angle où commence la longue table centrale.

586.4

Marie de Magdala sort de la pièce, tandis que Marthe dispose sur la table des plateaux remplis de figues, de tiges vertes de fenouil et d’amandes fraîchement cueillies, des fraises ou des framboises, je ne sais, qui paraissent encore plus rouges au milieu des fenouils vert pâle et des fleurs. A côté des amandes se trouvent de petits melons et autres fruits du même genre… qui me rappellent les melons verts de la basse Italie, et des oranges dorées.

« De tels fruits, déjà ? Je n’en ai vu nulle part de mûrs, s’étonne Pierre, les yeux écarquillés, en montrant les fraises et les melons.

– Ils proviennent en partie de la côte au-delà de Gaza, où ils sont produits dans un jardin qui m’appartient, et en partie des serres que j’ai au-dessus de la maison, les pépinières des petites plantes plus délicates qu’il faut protéger de la gelée. Un ami romain m’en a enseigné la culture… C’est tout ce qu’il m’a appris de bon… »

Lazare s’assombrit, Marthe soupire… Mais Lazare redevient aussitôt l’hôte parfait qui n’attriste pas ses invités.

« On est très habitué, dans les villas de Baïes et de Syracuse, et le long du golfe de Sybaris, à cultiver ces délices par cette méthode pour en obtenir de bonne heure. Mangez : les derniers fruits des orangers de Lybie, les primeurs des melons d’Egypte qui ont poussé dans les solariums, et au milieu d’eux les fruits latins, les amandes blanches de notre patrie, les fèves tendres, les tiges digestives qui ont un goût d’anis…

586.5

Marthe, as-tu pensé à l’enfant ?

– J’ai pensé à tout. Marie s’est rappelée l’Egypte avec émotion…

– Nous en avions quelques plants dans notre pauvre jardin. Pendant les grandes chaleurs, c’était une fête de plonger les melons dans le puits du voisin, qui était profond et frais, et d’en manger le soir… Je me souviens… J’avais une chèvre gourmande sur laquelle il fallait veiller, parce qu’elle était friande de jeunes pousses et de fruits tendres… »

Jésus, qui parlait la tête un peu inclinée, lève les yeux et regarde les palmiers, qui bruissent dans le vent du crépuscule.

« Quand je vois ces palmiers… je revois toujours l’Egypte, sa terre jaune et sableuse que le vent soulevait si facilement, et au loin les pyramides qui tremblaient dans l’air raréfié… et les hauts troncs des palmiers… et la maison où… mais il est inutile d’en parler. A chaque époque ses soucis… et avec ses soucis, ses joies… Lazare, me donnerais-tu quelques-uns de ces fruits ? Je voudrais en apporter à Marie et à Matthias. Je ne crois pas que Jeanne en ait.

– Non, elle n’en a pas. Elle en parlait hier, et se proposait justement d’en planter à Béther et d’y faire construire des solariums. Mais je ne te les donne pas maintenant. J’ai cueilli tout ce que j’avais et, pendant quelques jours, on va manquer de fruits mûrs. Je te les enverrai, ou plutôt, envoie-les prendre d’ici jeudi. Nous en préparerons une jolie corbeille pour ces enfants, n’est-ce pas, Marthe ?

– Oui, mon frère. Et nous y ajouterons les petits lys des vallées qui plaisent tant à Jeanne. »

586.6

Marie-Madeleine revient. Elle tient une amphore au col très fin, qui se termine par un bec gracieux comme celui d’un oiseau. L’albâtre est d’une couleur précieuse jaune rosé, comme certaines carnations de blondes.

Les apôtres la regardent, croyant peut-être qu’elle apporte quelque friandise rare. Mais au lieu de se rendre au centre, à l’intérieur du U de la table où se trouve sa sœur, elle passe derrière les lits-sièges, et va se placer entre celui de Jésus et Lazare, et celui où sont étendus les deux Jacques.

Elle ouvre le vase d’albâtre et glisse sa main sous le bec, pour recueillir quelques gouttes d’un liquide filant qui s’écoule lentement. Une odeur pénétrante de tubéreuse et d’autres essences, un parfum intense et très agréable se répand dans toute la salle. Mais Marie est impatiente : elle se penche et brise d’un coup sûr le col de l’amphore contre le coin du lit de Jésus. Le col tombe par terre, répandant sur le marbre du pavé des gouttes parfumées. Maintenant, l’ouverture béante du vase permet à l’onguent de se déverser en un jet épais.

Marie se place derrière Jésus et répand l’huile sur la tête de son Seigneur, elle en enduit toutes les boucles, les allonge, puis les coiffe avec le peigne qu’elle retire de ses cheveux. La chevelure de Jésus resplendit comme de l’or foncé, très brillant après cette onction. La lumière du lampadaire, que les serviteurs ont allumé, se reflète sur la tête blonde du Christ, comme sur un très beau casque de bronze cuivré. Le parfum est enivrant ; il pénètre dans les narines, monte à la tête, à force d’être irritant comme de la poudre à éternuer.

Lazare se retourne. Il sourit en voyant avec quel soin Marie oint et peigne les boucles de Jésus pour que sa tête paraisse bien coiffée après cette odorante friction. Elle ne se soucie pas que ses propres tresses ne soient plus maintenues par le large peigne qui aide les épingles à les tenir en place, et descendent peu à peu sur son cou, prêtes à tomber complètement sur les épaules. Marthe aussi regarde et sourit. Les autres discutent à voix basse, avec des expressions diverses sur le visage.

Mais Marie n’est pas encore satisfaite. Il reste encore beaucoup d’onguent dans le vase brisé, et les cheveux de Jésus, si touffus qu’ils soient, en sont déjà inondés. Alors elle réitère son geste d’amour[2] d’un soir lointain. Elle s’agenouille au pied du lit, dénoue les lacets des sandales de Jésus, déchausse ses pieds et, plongeant dans le vase les longs doigts de sa très belle main, elle en extrait tout de qu’elle peut d’onguent, et l’étale sur les pieds nus, doigt par doigt, puis sur la plante et le talon, et jusqu’à la cheville, qu’elle découvre en rejetant en arrière le vêtement de lin ; elle s’occupe enfin du dos du pied, s’attarde sur les métatarses où s’enfonceront les clous redoutables, insiste jusqu’à ce qu’elle ne trouve plus de baume au fond du vase. Alors elle le brise sur le sol puis, de ses mains désormais libres, elle enlève ses grosses épingles, défait rapidement ses lourdes tresses et essuie avec cet écheveau d’or, vivant, doux, satiné, ce qui reste de l’onction des pieds de Jésus, qui laissent dégoutter le baume.

586.7

Judas avait jusqu’alors gardé le silence et se bornait à observer d’un regard impur de luxure et d’envie cette très belle femme, et le Maître dont elle oignait la tête et les pieds. Tout à coup, il prend la parole. C’est le seul qui exprime ouvertement un reproche. Les autres — pas tous, mais certains — avaient quelque peu murmuré ou fait un geste de désaccord étonné, mais paisible. Mais Judas, qui s’est même mis debout pour mieux voir l’onction des pieds du Christ, lance avec mauvaise humeur :

« Quel gaspillage inutile et païen ! Pourquoi avoir fait cela ? Et après un tel acte, on ne veut pas que les chefs du Sanhédrin parlent de péché ! Ce sont des gestes de courtisane lascive qui ne s’harmonisent pas avec la nouvelle vie que tu mènes, femme. Ils rappellent trop ton passé ! »

L’insulte est telle que tous en restent abasourdis, ils s’agitent, les uns s’asseyent sur leurs lits, les autres se lèvent… Tous dévisagent Judas comme s’il était devenu subitement fou.

Marthe rougit. Lazare se dresse brusquement en donnant un coup de poing sur la table et il dit : « Dans ma maison… », mais ensuite il jette un coup d’œil vers Jésus et s’arrête.

« Oui ! Vous me regardez ? Tous, vous avez murmuré dans votre cœur. Or, maintenant que je me suis fait votre porte-parole et que j’ai dit publiquement ce que vous pensiez, vous voilà prêts à me donner tort. Mais je maintiens mes propos. Bien sûr, je ne veux pas dire que Marie soit la maîtresse de Jésus, mais j’estime que certains actes ne lui conviennent ni à lui, ni à elle. C’est un acte imprudent, et même injuste. Oui. Pourquoi un tel gaspillage ? Si elle voulait détruire les souvenirs de son passé, elle pouvait me donner ce vase et cet onguent. Il y avait certainement plus d’une livre de nard pur, et de grand prix ! Je l’aurais vendu pour trois cents deniers au moins, car un parfum de cette valeur peut monter jusqu’à ce prix. Et je pouvais vendre le vase qui était beau et précieux. C’est aux pauvres qui nous assiègent que j’aurais donné cet argent ; nous en manquons toujours, et demain, à Jérusalem, innombrables seront ceux qui demanderont une obole.

– C’est vrai ! » admettent les autres. « Tu pouvais en employer un peu pour le Maître, et le reste… »

586.8

Marie de Magdala est comme sourde. Elle continue à essuyer les pieds du Christ avec ses cheveux dénoués qui, maintenant, et surtout en bas, sont eux aussi alourdis par l’onguent et plus foncés que sur le sommet de la tête. Les pieds de Jésus sont lisses et doux, couleur de vieil ivoire, comme s’ils étaient couverts d’un nouvel épiderme. Marie remet ses sandales au Christ, et embrasse chaque pied avant et après l’avoir chausser, indifférente à tout ce qui n’est pas son amour pour Jésus.

Ce dernier la défend en posant une main sur la tête de Marie, inclinée en un dernier baiser :

« Laissez-la tranquille. Pourquoi lui faites-vous de la peine, pourquoi l’attrister ? Vous ne savez pas ce qu’elle vient de faire. Marie a accompli envers moi une action juste et bonne. Des pauvres, vous en aurez toujours. Moi, je vais m’en aller, bientôt je ne serai plus parmi vous. Vous aurez toujours l’occasion de distribuer une obole aux pauvres. Mais, dans un avenir proche, il ne vous sera plus possible de me rendre aucun honneur, à moi, au Fils de l’homme parmi les hommes, de par la volonté des hommes et parce que l’heure est venue. Pour Marie, l’amour est lumière. Elle sent que je vais mourir et elle a voulu donner à l’avance à mon corps l’onction nécessaire pour sa sépulture. En vérité, je vous dis que là où sera prêchée la Bonne Nouvelle, on fera mémoire de son geste d’amour prophétique, dans le monde entier, dans tous les siècles. Plaise à Dieu de faire de toute créature une autre Marie, qui ne calcule pas la valeur, qui ne nourrit pas d’attachement, qui ne garde pas le moindre souvenir du passé, mais détruit et méprise tout ce qui appartient à la chair et au monde, elle encore qui se brise et se répand, comme elle l’a fait du nard et de l’albâtre, sur son Seigneur et par amour pour lui. Ne pleure pas, Marie. Je te répète, à cette heure, les paroles que j’ai dites à Simon le pharisien[3] et à ta sœur Marthe : “ Tout t’est pardonné, parce que tu as su aimer totalement. ” “ Tu as choisi la meilleure part, et elle ne te sera pas enlevée. ” Va en paix, ma douce brebis retrouvée. Va en paix. Les pâturages de l’amour seront ta nourriture éternellement. Lève-toi. Baise aussi mes mains qui t’ont absoute et bénie… Combien de personnes ces mains n’ont-elles pas absoutes, bénies, comblées de bienfaits ! Et pourtant je vous dis que le peuple que j’ai ainsi comblé est en train de préparer pour ces mains la torture… »

586.9

Un profond silence s’instaure dans la lourde atmosphère du parfum pénétrant. Marie, les cheveux dénoués sur les épaules pour lui servir de manteau et sur le visage pour lui servir de voile, baise la main droite que Jésus lui présente, et n’arrive pas à en détacher les lèvres…

Très émue, Marthe s’approche d’elle et rassemble ses cheveux, les tresse, lui fait une caresse et, dans sa tentative d’essuyer ses larmes, elle les étend sur ses joues…

Plus personne n’a envie de manger… Les paroles du Christ les laissent songeurs.

Jude est le premier à se lever. Il demande la permission de se retirer. Son frère Jacques l’imite, suivi par André et Jean. Les autres restent, mais sont déjà debout, occupés à se purifier les mains dans les bassins d’argent que les serviteurs leur présentent. Marie et Marthe en font autant avec le Maître et Lazare.

586.10

Un serviteur entre et se penche pour parler à Maximin.

« Maître, dit ce dernier après l’avoir écouté, il y a des personnes qui voudraient te voir. Elles disent venir de loin. Que faisons-nous ? »

Jésus appelle Philippe, Jacques, fils de Zébédée, et Thomas, et leur enjoint :

« Allez, évangélisez, guérissez, agissez en mon nom. Annoncez que, demain, je monterai au Temple.

– Est-il vraiment utile de le faire savoir, Seigneur ? demande Simon le Zélote.

– Il est inutile de le taire, car mes ennemis, plus encore que mes amis, le proclament dans la cité sainte. Allez !

– Hum ! Tant que les amis le savent … on le sait. Mais eux ne trahissent pas. Je ne sais pas comment les autres peuvent l’apprendre. »

Judas intervient en mentant effrontément :

« Quelque ennemi peut toujours se glisser dans la foule de nos amis, Pierre. Nos… amis sont désormais trop nombreux et on les accueille comme tels avec trop de facilité. Quand on pense combien moi, j’ai dû prier et attendre ! Mais c’étaient les premiers temps, et nous étions circonspects. Puis les triomphes nous ont éblouis et ce ne fut plus le cas, malheureusement. Mais cela arrive à tous ceux qui sont victorieux. Les victoires obscurcissent la limpidité du regard et mettent à mal la prudence nécessaire à toute action. Je parle de nous, les disciples, naturellement, pas du Maître. Lui est parfait. Si nous étions restés à douze, nous n’aurions pas eu à trembler par crainte de trahison ! »

Il est impossible de décrire le regard que le Christ pose sur l’apôtre traître, un regard de rappel et de douleur infinis. Mais Judas n’y prête pas attention. Passant devant la table, il se dirige vers la porte…

586.11

Jésus le suit des yeux, et quand il le voit sortir réellement, il lui demande :

« Où vas-tu ?

– Je sors… répond évasivement Judas.

– De cette pièce, ou de la maison ?

– Dehors… Comme ça… Pour marcher un peu.

– Ne pars pas, Judas. Reste avec moi, avec nous…

– Tes frères sont partis, ainsi que Jean avec André. Pourquoi est-ce que, moi, je ne le pourrais pas ?

– Tu ne sors pas pour te reposer comme eux… »

Judas ne répond pas, mais, comme il est entêté, il s’en va. Dans la salle, plus personne ne dit mot. Les hôtes et les quatre apôtres qui sont restés — Pierre, Simon, Matthieu et Barthélemy — se regardent les uns les autres.

Jésus jette un coup d’œil dehors. Il s’est levé pour aller à une fenêtre suivre les mouvements de Judas. Quand il le voit quitter la maison avec son manteau, qu’il a déjà endossé, et se diriger vers le portail — qui n’est pas visible d’ici —, il l’appelle à haute voix :

« Judas ! Attends-moi. J’ai quelque chose à te dire. »

Il repousse doucement Lazare qui, devinant la douleur de son Maître, l’avait entouré d’un bras à la taille, et il sort de la salle pour rejoindre Judas. Celui-ci a continué de marcher, mais d’un pas plus lent,

586.12

de sorte que Jésus le rejoint à un bon tiers de la distance entre la maison et l’enceinte du jardin, près d’un bosquet d’arbustes aux feuilles épaisses.

Ces feuilles semblent être de céramique vert sombre, elles sont toutes accompagnées de petites fleurs en bouquet, et chacune est une petite croix avec de lourds pétales comme s’ils étaient faits de cire à peine jaunie, au parfum intense. Je n’en connais pas le nom.

Jésus attire Judas derrière ce massif et, en lui tenant la main toujours serrée sur l’avant-bras, il lui demande de nouveau :

« Où vas-tu, Judas ? Je t’en prie, reste ici !

– Toi qui sais tout, pourquoi me poser cette question ? Quel besoin as-tu de m’interroger, toi qui lis dans le cœur des hommes ? Tu sais bien que je me rends chez mes amis. Tu ne me permets pas d’y aller. Eux m’appellent. J’y vais.

– Tes amis ! Ta perte, devrais-tu dire ! C’est à elle que tu vas. Tu te rends chez tes vrais assassins. N’y va pas, Judas ! N’y va pas ! Tu vas commettre un crime… Tu…

– Ah ! tu as peur ? Tu as peur, finalement ? ! Tu te sens enfin un homme ! Tu es un homme ! Rien de plus qu’un homme ! Car seul l’homme redoute la mort. Dieu sait qu’il ne peut mourir. Si tu te sentais Dieu, tu saurais que tu ne peux mourir, et tu n’aurais pas peur. Or, maintenant que tu sens la mort prochaine, tu éprouves cette peur commune à tous les hommes. Tu cherches par tous les moyens à l’éloigner, et tu vois partout et en toute chose un danger. Où sont tes belles audaces ? Où sont tes affirmations pleines d’assurance que tu es content, que tu as soif d’accomplir le Sacrifice ? Tu n’en as plus le moindre écho dans le cœur ! Tu croyais que cette heure n’arriverait jamais, alors tu faisais le brave, le généreux, tu disais des phrases solennelles. Va ! Tu ne vaux pas mieux que ceux auxquels tu reproches d’être hypocrites ! Tu nous as flattés et trahis. Et nous qui avions tout quitté pour toi ! Nous, qui, à cause de toi, sommes détestés ! Tu es la cause de notre ruine…

– Ça suffit ! Va ! Va ! Il ne s’est pas passé beaucoup d’heures depuis que tu m’as demandé : “ Aide-moi à rester. Défends-moi ! ” Je l’ai fait. A quoi cela a-t-il servi ? Dis-moi encore une chose, et réfléchis avant de parler. Est-ce ta pure volonté de te rendre chez tes amis, de les préférer à moi ?

– Oui, tout à fait. Je n’ai pas besoin de réfléchir, car depuis longtemps je n’ai que cette volonté.

– Dans ce cas, vas-y ! Dieu ne fais pas violence à la liberté de l’homme. »

Alors Jésus lui tourne le dos pour revenir lentement vers la maison.

586.13

Quand il en est proche, il lève la tête, attiré par le regard que Lazare, toujours debout à la même place, tient fixé sur lui. Et c’est un visage bien pâle qui s’efforce de sourire à l’ami fidèle.

Il rentre dans la salle où les quatre apôtres bavardent avec Maximin, tandis que Marthe et Marie dirigent le travail des serviteurs qui remettent la salle en ordre et enlevent les nappes et les serviettes utilisées pour le repas.

Lazare, sur le seuil, réitère son geste de passer un bras autour de la taille de Jésus. En passant devant un serviteur, il lui dit :

« Apporte-moi le rouleau posé sur la table de mon cabinet de travail. »

Il conduit Jésus à l’un de ces larges sièges qui se trouve dans l’encadrement des fenêtres pour qu’il y prenne place. Mais Jésus reste debout, s’efforçant de prêter attention aux paroles de Lazare… Il est visible qu’il est ailleurs et qu’il a le cœur très affligé. Lorsqu’il se rend compte qu’il est observé par les apôtres, il sourit pour dissiper le soupçon qui s’est insinué dans le cœur de celui qui est venu l’entourer, qui bavarde avec son voisin ou qui fait un clin d’œil en désignant le Maître.

Le serviteur ne tarde pas à revenir avec le rouleau. Pierre, qui a vu que ces parchemins contiennent des écrits plus élevés que ce que sa tête peut comprendre, se retire en disant :

« Les poissons ne mordent pas à certains appâts. Mieux vaut discuter avec Maximin d’arbres et de cultures. »

Marthe continue son travail.

586.14

Marie vient silencieusement écouter les paroles de Lazare, qui signale au Maître certains passages du parchemin :

« Ce païen n’a-t-il pas, plus que beaucoup d’entre nous, un don de voyance singulier ? S’il avait vécu ici pendant que tu es notre Maître, il aurait probablement été l’un de tes disciples, et des meilleurs. Il t’aurait compris comme beaucoup d’entre nous n’en sont pas capables. Et son génie aurait, par ce poème, attiré de l’admiration pour toi ! Tes paroles recueillies et conservées par un esprit qui est lumineux tout en étant celui d’un païen !

Ta vie aurait été écrite par cette intelligence ouverte et limpide ! Nous n’avons plus d’écrivains ni de poètes. Tu es né trop tard, quand l’égoïsme et la corruption socioreligieuse ont éteint en nous la poésie et le génie. Ce que nos sages et nos prophètes ont écrit sur toi sans te connaître ne s’est pas rencontré dans la parole vivante de l’un de ceux qui te suivent. Tes préférés, tes fidèles sont, pour la plupart, des gens sans instruction. Quant aux autres… Non. Nous n’avons plus de Qohélet[4] pour transmettre aux foules tes paroles de sagesse et ta figure. Plus que la capacité de le faire, l’esprit et la volonté nous font défaut. L’élite d’Israël est sourde comme une trompette détériorée, et ne sait plus chanter les gloires et les merveilles de Dieu. Je crains que tout ne se perde ou ne soit altéré, en partie par incapacité, en partie par mauvaise volonté…

– Cela n’arrivera pas. L’Esprit du Seigneur, quand il sera établi à l’intérieur des cœurs, répétera mes paroles et en expliquera le sens. C’est l’Esprit de Dieu qui parle par la bouche du Christ. Plus tard… Plus tard, il s’adressera directement aux âmes et leur rappellera mes paroles. »

586.15

Marie-Madeleine intervient avec sa véhémence coutumière :

– J’espère que c’est pour bientôt, car tes paroles sont peu écoutées et encore moins comprises. Je suppose que le rugissement de l’Esprit Saint sera violent comme un feu ardent, pour graver dans les âmes par la violence ce qu’elles n’ont pas voulu accueillir du fait de sa douceur. Je pense que l’Esprit flamboyant brûlera de ses flammes les consciences tièdes et engourdies pour y graver tes paroles. Le monde devra t’aimer. Le Très-Haut le veut ! Mais quand cela arrivera-t-il ?

– Quand je me serai consumé dans le Sacrifice d’amour. Alors, l’Amour viendra. Il sera comme la belle flamme qui s’élève de la Victime immolée, et cette flamme ne s’éteindra pas, car le sacrifice ne cessera pas. Une fois établi, il durera aussi longtemps que la terre.

– Mais alors… Tu devrais être réellement immolé pour que cela arrive ?

– C’est ainsi. »

Jésus fait son geste habituel d’adhésion à son propre sort. Il étend les bras, les mains tournées à l’extérieur, et incline la tête. Puis il la relève pour sourire à Lazare qui est tout attristé, et il dit :

« Cependant, la voix immatérielle de l’Esprit d’amour ne sera pas violente comme un rugissement, mais douce comme l’amour, qui est suave comme le vent de Nisan et pourtant fort comme la mort. C’est l’ineffable ministère de l’Amour ! Le complément, l’accomplissement de mon ministère. La perfection de mon ministère de Maître… Je ne crains pas, comme tu le redoutes, Marie, que quoi que ce soit puisse disparaître de ce que j’ai donné. Au contraire, je te dis en vérité, que des rayons de lumière seront projetés sur mes paroles et que vous en verrez l’esprit. Je m’en vais sereinement, parce que je confie ma doctrine à l’Esprit Saint et mon esprit à mon Père. »

586.16

Il baisse la tête en réfléchissant, puis repose le rouleau qui a été à l’origine de la conversation sur une espèce de haute crédence, un coffre en ébène — ou quelque autre bois de couleur foncée —, tout marqueté d’ivoire jaune, que quatre serviteurs ont apporté de la pièce voisine et où Marthe range les nappes les plus précieuses. Il dit ensuite :

« Lazare, viens dehors. J’ai besoin de te parler !

– Tout de suite, Seigneur ! »

Lazare se lève et suit Jésus dans le jardin où la lumière baisse, car la dernière lueur du jour est en train de mourir dans le ciel et le clair de lune n’en est qu’à ses débuts.

586.17

Jésus me dit :

« Tu placeras ici la vision du 2 mars 1945 : “ L’adieu à Lazare ”, à partir de ce passage[5] : “ Jésus prend la direction de l’autre partie du jardin, là où se trouve le tombeau où fut enseveli Lazare. ” »

586.1

A ceia foi preparada na sala toda branca, onde Jesus falou às discípulas. É um completo esplendor de branco e de prata, no qual uma nuance menos clara e fresca é dada por uns feixes de ramos de macieiras ou pereiras, ou outras árvores frutíferas, cândidas como a neve, mas trazendo uma lembrança tão leve de rosas, que até faz pensar na neve que aflora de um beijo da aurora ainda distante. Eles se erguem de vasos bojudos ou de delicadas ânforas de prata por sobre as mesas e os escritórios e os armários perfilados ao longo das paredes da sala. As flores espalham pela sala aquele perfume característico de flores de árvores frutíferas, com o frescor e o agradável amargor de uma primavera pura.

Lázaro entra na sala ao lado de Jesus. Atrás dele, dois a dois ou em grupos mais espessos, vêm os apóstolos. Por últimos, as duas irmãs de Lázaro e Maximino. Não vejo as discípulas. Nem mesmo Maria eu estou vendo. Talvez elas tenham preferido ficar na casa de Simão ao redor da Mãe aflita.

O dia já se inclina para o crepúsculo. Mas alguns raios que ainda restam do sol batem nas cabeleiras sussurrantes de algumas palmeiras reunidas num grupos a poucos metros da sala, e os passarinhos brigam antes de irem descansar. Além das palmeiras e do loureiro, além das sebes e das roseiras, dos jasmineiros e dos canteiros de lírios do vale, de outras flores e plantinhas odoríferas, a mancha branca, borrifada pelo verde tenro das primeiras folhas, de alguns pés de macieiras ou de pereiras temporonas no pomar. Parece uma nuvem que ficou emaranhada por entre os ramos.

586.2

Jesus, ao passar por perto de uma ânfora cheia de ramos, observa:

– Eles já estavam com as primeiras frutinhas. Olha só! Lá em cima estão as flores, enquanto mais abaixo, e já caída, a flor está com o ovário já inchado.

– Foi Maria quem as quis colher. E levou feixes delas também para tua Mãe. Ela se levantou ao alvorecer do dia, acho eu, por medo de que um dia a mais de sol acabasse com estas frágeis corolas. Fiquei sabendo, há pouco, dessa devastação. Mas eu não senti aquele desprezo que sentiram os servos e agricultores. Pelo contrário. Eu fiquei pensando que era justo oferecer-te todas as belezas da Criação, a Ti, Rei de todas as coisas.

Jesus se assenta em seu lugar, sorrindo, e olha para Maria que, junto com a sua irmã, se prontifica a servir como se fosse uma serva, levando os vasos da purificação e as toalhas, e depois servindo o vinho nos cálices e pondo sobre a mesa as bandejas com as iguarias, pouco a pouco, à medida que os servos as vão levando da cozinha, ou as oferecem depois de tê-las trinchado nas credências.

Naturalmente, se as irmãs servem com cortesia todos os comensais, os cuidados delas estão especialmente concentrados sobre dois comensais, que são para elas os mais queridos: Jesus e Lázaro.

586.3

Em certo momento Pedro, que está comendo com bom apetite, faz uma observação:

– Olhem só! Agora é que eu percebi. Os pratos todos são como os que usamos na Galileia. Parece-me… Mas é mesmo. Parece-me estar em um jantar de núpcias. Só que aqui não falta o vinho, como faltou lá em Caná.

Maria sorri, preparando para o apóstolo mais um cálice de vinho aromatizado e muito claro. Mas não diz nada.

E é ainda Lázaro quem explica:

– Este foi de fato o pensamento das irmãs, especialmente de Maria: dar uma ceia na qual o Mestre tivesse a impressão de estar em sua Galileia, certamente melhor, muito melhor, ainda que também ela imperfeita, por não ter sido nestes lugares…

– Mas para fazê-los pensar nisso, quereríamos ver Maria aqui presente. Em Caná ela esteve. Foi por ela que o milagre aconteceu

–observa Tiago do Alfeu.

– Deve ter sido um grande vinho aquele!

– O vinho é símbolo de alegria e deveria ser também de fecundidade, pois o vinho é suco da videira fecunda. Mas não me parece ter fecundado muito. Susana[1] não teve um filho –diz Iscariotes.

– Oh! Se era um bom vinho! Ele fecundou o nosso espírito…

–diz João, um pouco sonhador, como sempre acontece quando ele fica contemplando em seu interior os milagres operados por Deus.

E termina:

– Por uma virgem é que ele foi feito… e o influxo da pureza desceu em quem o saboreou.

– Mas crês tu que Susana é virgem? –pergunta, rindo-se, Iscariotes.

– Eu não disse isso. Virgem é a Mãe do Senhor. A virgindade emana de tudo aquilo que por Ela se realizou. Sempre eu penso que as coisas que são feitas por Maria vão buscar sua força na virgindade dela…

E de novo parece estar sonhando com alguma coisa, como se sorrisse diante de alguma visão feliz.

– Feliz deste rapaz! Eu acho que ele nem se lembra mais do mundo agora. Observai-o –diz Pedro, mostrando João, que está deitado sobre seu divã e vai partindo pedacinhos de pão, sem os comer.

Jesus também se inclina um pouco para ver João, que está a um canto, do lado da mesa em forma de U, e por isso está um pouco atrás das costas do Senhor, que fica no centro, do lado de dentro, tendo o seu primo Tiago à esquerda e Lázaro à direita; e, depois de Lázaro, estão Zelotes e Maximino, depois Tiago, o outro Tiago e Pedro, enquanto João está entre André e Bartolomeu, depois está Tomé, tendo à sua frente Judas, Filipe, Mateus e Tadeu, que está justamente no canto em que a mesa comprida do centro começa.

586.4

Maria de Lázaro sai da sala, enquanto Marta coloca sobre a mesa as bandejas cheias de flores de figos novos, de hastes verdes de funcho, amêndoas frescas descascadas, morangos grandes ou framboesas, que sei eu, que parecem mais vermelhos por estarem no meio da esmeralda verde clara dos funchos e do leitoso das amêndoas, dos pequenos melões ou de outras frutas do gênero… Parecem-me serem daqueles melões verdes da baixa Itália, e das laranjas douradas.

– Já é tempo dessas frutas? Ainda não vi delas em nenhum lugar já maduras assim –diz, arregalando os olhos, Pedro, mostrando os morangos e os melões.

– Em parte eles vieram das praias de Gaza, onde eu tenho um pomar com esses produtos, e uma parte vem dos terraços que eu tenho acima da casa, dos viveiros de plantinhas mais delicadas e que é preciso proteger das geadas. Mas quem me ensinou a fazer assim foi um amigo romano… Só me ensinou isso de bom…

Lázaro ficou triste. Marta suspira… Mas Lázaro, de repente, volta a ser o hospedeiro perfeito, que não dá tristezas aos seus convidados.

– Nas cidades de Baia e Siracusa, e ao longo do arco de Sibaris é costume cultivar essas delícias por este método, para tê-las maduras antes do tempo. Comei: são as últimas laranja nos laranjais líbicos e os primeiros melões do Egito, que cresceram nos solários. Comei das amêndoas brancas de nossas terras do Lácio, das favas tenras, dos talos digestíveis, que têm o sabor do anis…

586.5

Marta, pensaste no menino?

– Eu pensei em todos. Maria ficou comovida, ao se lembrar do Egito…

– Lá nós tínhamos algumas plantas em nosso pobre pomar. Nos dias de grandes calores era uma festa ir mergulhar os melões no poço do vizinho, que por aquele tempo era profundo e fresco, e os comermos de tarde… Eu me lembro… E eu tinha uma cabrita gulosa, que precisava ser vigiada, porque era ávida das plantas e frutas tenras…

Jesus, que falava com a cabeça um pouco inclinada, levanta-a e fica olhando as palmeiras, que se agitam ao vento da tarde que já vem chegando:

– Quando eu vejo aquelas palmas, fico lembrando-me do Egito… daquela terra amarelada e arenosa, que o vento movia facilmente do chão e lá ao longe tremiam ao ar rarefeito as figuras das pirâmides… Os caules altos das palmeiras… e a casa onde… Mas é inútil dizer… A cada tempo a sua preocupação e, com sua preocupação, a alegria… Lázaro, tu me darias algumas dessas frutas? Eu as quereria levar para Maria e Matias. Eu acho que Joana não tem dessas.

– Ela não tem, pois dizia ontem quando falava de sua intenção de cultivá-las em Beter, fazendo construir uns solários. Mas no momento não posso dar, porque apanhei todas as que estavam boas e por alguns dias vamos ficar sem frutas maduras. Mas eu as mandarei ou, então, manda alguém vir apanhá-las na quinta-feira. Prepararemos com elas uma bonita cesta para os meninos. Não é assim, Marta?

– Sim, meu irmão. E colocaremos no meio os pequenos lírios dos vales, que muito agradam a Joana.

586.6

Maria Madalena está de volta e vai entrando. Ela traz nas mãos uma ânfora de gargalo fino, que termina em um pequeno bico muito gracioso, como o pescoço de um passarinho. É feito de alabastro, de uma cor amarela rosada, como a pele de certas pessoas louras.

Os apóstolos olham para ela, talvez pensando que ela vai levando algum prato raro. Mas Maria não vai para o centro, para o meio do U da mesa, onde está sua irmã. Passa por detrás das cadeiras-leitos, vai colocar-se entre a de Jesus e a de Lázaro e aquela onde estão os dois Tiagos. Ela destampa o vaso de alabastro e põe a mão por baixo do biquinho, para recolher algumas gotas de um líquido que pinga e está escorrendo lentamente da ânfora aberta. Uma fragrância fina de tuberosas e de outras essências, um perfume intenso e muito agradável se espalha pela sala. Mas Maria não está contente com aquele pouco que está caindo. Ela se inclina e quebra o pescoço da ânfora com uma pancada certeira contra o canto do pequeno divã de Jesus. O gargalo cai por terra, espalhando sobre o mármore do pavimento as gotas perfumadas. Agora a ânfora está com uma boca larga e a exuberância do unguento extravasa para todos os lados.

Maria se coloca atrás de Jesus e derrama o óleo espesso sobre a cabeça do seu Jesus, impregna todos os seus cabelos e os puxa, para depois alinhá-los com um pente, que tira dos seus cabelos, e os põe em ordem sobre a adorável cabeça. A cabeça louro-avermelhada de Jesus brilha como se fosse de ouro escuro, que fica muito luzidio depois de feita aquela unção. A luz do lampadário, que os servos acenderam, se reflete sobre a cabeça loura de Cristo como sobre um capacete de um bronze acobreado e muito bonito. O perfume é inebriante. Penetra pelas narinas, sobe à cabeça. É excitante como o rapé, quando usado assim puro e sem mistura.

Lázaro, com a cabeça virada para trás, sorri ao ver com que cuidado Maria está ungindo e alinhando as madeixas de Jesus para que a cabeça dele apareça em ordem depois da fricção perfumada. E não se preocupa com as próprias tranças, que, não mais sustentadas pelo pente largo que ajuda os grampos a cumprirem suas tarefas, vão-se abaixando cada vez mais por sobre o pescoço, e já perto de se afrouxarem para baixo completamente, por cima dos ombros. Até Marta está olhando e sorri. Os outros estão falando entre si, em voz baixa, com diversas expressões nos rostos.

Mas Maria ainda não está satisfeita. Ainda há muito unguento no vaso quebrado, e os cabelos, mesmo sendo muitos, já estão saturados dele. Então Maria repete o gesto de amor[2] que ela fez numa tarde já distante. Ela se ajoelha aos pés do divã, tira as fivelas das sandálias de Jesus e, mergulhando no vaso os longos dedos de sua mão muito bonita, tira de lá o mais que pode do unguento e o passa, o espalha por sobre os pés nus, dedo por dedo, depois pelas plantas dos pés e pelos calcanhares e por cima dos tornozelos, que ela descobre, jogando para trás a veste de linho; e, por último, passa sobre o dorso dos pés, demorando-se lá sobre os metatarsos, onde vão entrar os tremendos cravos, e continua a tirar, até não encontrar mais, o bálsamo de dentro do pequeno vaso, e depois o quebra, jogando-o no chão e, ficando com as mãos livres, desfaz rapidamente suas pesadas tranças, e retira, com aquela meada de ouro viva, macia e fluente, o resto que sobrou da unção dos pés de Jesus, dos quais está gotejando o bálsamo.

586.7

Judas — que até aqui tinha ficado calado e observando, com um olhar impuro de luxúria e de inveja, a belíssima mulher e o Mestre, a quem ela estava ungindo na cabeça e nos pés — levanta agora a voz, a única voz de aberta censura. Os outros, não todos, mas alguns, tinham murmurado um pouco ou feito algum gesto de desaprovação e espanto, mas de modo pacato. Judas, porém, que se pôs de pé para ver melhor a unção feita nos pés de Cristo, diz atrevidamente:

– Eis uma coisa inútil, um esbanjamento pagão. Para que fazer isso? E depois não se quer que os membros do Sinédrio murmurem contra o pecado! Esses são atos de cortesãs lascivas e não condizem com a nova vida que Tu dizes viver, ó mulher. Elas fazem recordar-se demais o teu passado!

O insulto é tão grande que todos ficam atordoados. E então, todos se agitam, assentam-se nas pequenas camas, outros se põem de pé, e todos ficam olhando para Judas, como se ele fosse alguém que tivesse ficado doido de repente.

Marta está para explodir. Lázaro se levanta de repente, dá um murro na mesa, e diz:

– Em minha casa…

Mas depois olha para Jesus e se contém.

– Sim. Estais olhando para mim? Todos vós estáveis murmurando em vossos corações. Mas agora que eu me fiz vosso eco e disse abertamente o que estáveis pensando, eis que estais prontos para dizer que eu não tenho razão. Eu repito aquilo que eu disse. Não quero chegar a dizer que Maria seja a amante do Mestre. Mas digo que certos atos não são convenientes nem para Ele nem para ela. É uma coisa imprudente. E até injusta. Sim. Para quê todo esse gasto? Se ela queria destruir a lembrança do seu passado, podia entregar-me aquele vaso e aquele unguento. Pelo menos uma libra de nardo puro havia nele! E de alto preço. Além disso, eu podia também vender o vaso, que era bonito e precioso. Eu teria dado os denários aos pobres que nos assediam. Pobres nunca faltam. E amanhã em Jerusalém serão muitíssimos os que pedem uma esmola.

– Isto é verdade –concordam os outros–. Podias usar de um pouco dele com o Mestre e o que sobrasse…

586.8

Maria Madalena está como se fosse surda. Continua a limpar os pés de Cristo com os seus cabelos soltos, que agora chegam até embaixo, porque estão pesados pelo unguento, e mais escuros do que no alto da cabeça. Os pés de Jesus estão lisos e macios, em sua cor de marfim velho, como se estivessem cobertos com uma epiderme nova. E Maria põe de novo as sandálias nos pés de Cristo e beija cada um dos pés, antes e depois de os ter calçado, surda a todos os outros assuntos que não sejam o seu amor por Jesus.

E Jesus a defende, pousando a mão sobre a cabeça inclinada dela, ao dar ela o seu último beijo, e dizendo:

– Deixai que ela o faça. Por que é que a fazeis sofrer e a aborreceis? Vós não sabeis o que ela fez. Maria cumpriu um dever fazendo uma boa ação para comigo. Pobres sempre os tereis entre vós. Mas Eu estou para ir embora. Pobres sempre haverá. Mas daqui a pouco não me vereis mais. Aos pobres podereis sempre dar uma esmola. A Mim, daqui a pouco, ao Filho do Homem entre os homens, não será mais possível prestar honra alguma por causa da vontade dos homens e porque a hora marcada terá chegado. O amor para ela é luz. Ela percebe que Eu estou para morrer, e quis antecipar para o meu corpo as unções que se fazem antes da sepultura. Em verdade Eu vos digo que nos lugares em que for pregada a Boa Nova lembrar-se-ão deste ato dela cheio de um amor profético. Isso em todo o mundo e em todos os séculos. Quisera Deus fazer de cada criatura uma outra Maria, que não faz caso do valor, que não alimenta apego, que não conserva lembrança ainda que bem pequena do passado, mas destrói e espezinha tudo o que é da carne e do mundo. Mas se reparte e se distribui, como fez com o nardo e o alabastro sobre o seu Senhor, e por amor dele. Não chores, Maria. Eu te repito neste momento as palavras que disse a Simão, o fariseu, e a Marta[3], tua irmã: “Tudo é perdoado porque soubeste amar totalmente.” “Tu escolheste a melhor parte. E não te será tomada.” Vai em paz, minha doce ovelhinha reencontrada. Vai em paz. As pastagens do amor serão o teu eterno alimento. Levanta-te. Beija também as minhas mãos que te absolveram e abençoaram… Quantos já foram absolvidos, abençoados, curados e beneficiados por estas minhas mãos! E no entanto Eu vos digo que o povo ao qual prestei benefícios está preparando para estas mãos a tortura…

586.9

Faz-se um silêncio pesado, no ar pesado por causa daquele penetrante perfume. Maria, com os cabelos soltos sobre os ombros como se fossem um manto, e sobre o rosto como se fosse um véu, beija a mão direita que Jesus lhe estende e já não consegue afastar dela os seus lábios…

Marta, comovida, vai para perto dela e lhe ajunta os cabelos soltos, e os trança, acariciando-a depois e espalhando-lhe o pranto pelas faces, procurando assim enxugá-lo…

Ninguém mais tem vontade de comer… As palavras de Cristo os fazem pensar.

O primeiro a levantar-se é Judas de Alfeu. Ele pede licença para retirar-se.

Tiago, irmão dele, o imita, e assim fazem André e João. Ficam os outros, mas já de pé, ocupados em purificar as mãos nas bacias de prata que os servos lhes estendem. Maria e Marta fazem o mesmo com o Mestre e com Lázaro.

586.10

Entra um servo e se inclina para falar com Maximino.

– Mestre –diz Maximino, depois de o ter ouvido–, há pessoas que quereriam ver-te. Elas dizem que vêm de longe. Que faremos?

Jesus chama Filipe, Tiago de Zebedeu e Tomé e lhes dá esta ordem:

– Ide, evangelizai, curai, fazei tudo isso em meu Nome. E anunciai-lhes que amanhã subirei ao Templo.

– Será bom dizer isso, Senhor? –pergunta Simão, o Zelotes.

– É inútil deixar de dizê-lo, porque já foi dito, mais pelos inimigos do que pelos amigos, na Cidade Santa. Ide!

– Hum! Para que o saibam os amigos, vá lá! Mas eles não traem. Eu não sei é como é que os outros podem sabê-lo.

– Entre os muitos amigos sempre há algum inimigo, Simão de Jonas. Já são demais… os amigos, e com muita facilidade acolhidos como tais. Quando eu penso quanto tive que insistir e esperar! Eu!… Mas eram aqueles os primeiros tempos e nós não tomamos muito cuidado. E isso foi um mal. Mas isso acontece com todos os vencedores. As vitórias perturbam a limpidez da vista e enfraquecem a prudência no agir. Eu falo de nós, discípulos, naturalmente. Não do Mestre. Ele é perfeito. Se tivéssemos ficado no fim só nós doze, não se poderia tremer por medo de traições –mente desavergonhadamente Judas de Keriot.

É indescritível o olhar que Cristo pousou sobre o apóstolo traidor. É um sinal de advertência e de uma dor infinita. Mas Judas não o interpreta assim. Ele, passando pela frente da mesa, vai andando como quem quer sair…

586.11

Jesus o acompanha com o olhar, e quando vê que ele vai sair mesmo, lhe pergunta:

– Aonde vais?

– Para fora… –responde evasivamente Judas.

– Para fora deste quarto ou para fora desta casa?

– Para fora… assim… Para caminhar um pouco.

– Não vás, Judas. Fica comigo, conosco…

– Já se foram embora os teus irmãos e João com André. Por que eu não devo ir?

– Tu não vais descansar como eles…

Judas nada responde, mas obstinado, sai. As palavras não se ouviram mais na sala. Os hospedeiros e os quatro apóstolos: Pedro, Simão, Mateus e Bartolomeu ficaram. Eles se olham uns aos outros.

Jesus olha para fora. Ele se levanta e vai para uma das janelas a fim de acompanhar com a vista os gestos de Judas e, quando o vê saindo da casa já vestido com o manto e dirigindo-se para a cancela, que daqui não se vê, chama-o em voz alta:

– Judas, espera-me! Eu preciso te dizer uma coisa –e empurra levemente Lázaro que, prevendo algum sofrimento para o Mestre, o tinha segurado com um braço pela cintura.

Ele sai da sala e alcança Judas, que continuou a caminhar ainda que mais lentamente.

586.12

Jesus o alcança a um bom terço da distância entre a casa e a cerca do jardim, perto de um pequeno bosque com plantas de folhas grossas, parecendo uma cerâmica verde escura, toda coberta de pequenas flores, em ramalhete; e cada flor é uma cruzinha com umas pétalas amareladas e de um intenso perfume, mas cujo nome eu não sei.

Jesus o puxa para trás daquela moita e, sempre segurando-lhe a mão apertada sobre o antebraço, torna a perguntar-lhe:

– Aonde vais, Judas? Eu te peço. Fica aqui!

– Tu, que tudo sabes, por que me perguntas? E que necessidade tens de perguntar? Tu sabes que eu vou aos meus amigos. Tu não me dás licença de ir a eles. Mas eu vou.

– Os teus amigos! À tua ruína é o que deves dizer. Tu vais para ela. Vais aos teus verdadeiros assassinos. Não vás, Judas! Não vás! Tu vais cometer um delito… Não vás, Judas! Não vás! Tu vais cometer um delito… Tu…

– Ah! Tens medo?! Afinal, tens medo?! Afinal, te sentes homem finalmente! És um homem! Nada mais do que um homem. Porque somente o homem tem medo da morte. Deus sabe que não pode morrer. Se procedesses como Deus, saberias que não poderias morrer e não terias medo. Porque tu, agora, agora que sentes a morte perto de ti, tens esse medo comum a todos os homens, e procuras por todos os meios afastá-la, e ficas vendo em toda parte e em cada coisa um perigo. Onde estão tuas belas audácias? Onde os protestos firmes de estares contente e de teres sede de consumares o Sacrifício? Não tens mais nem mesmo um eco no coração! Tu pensavas que essa hora nunca chegaria e te fazias de forte, de generoso, e dizias frases solenes. Vai! Tu não és menos do que aqueles que chamavas de hipócritas! Tu nos lisonjeaste e nos traíste. A nós que por Ti havíamos deixado tudo. A nós que por tua causa somos odiados. Tu és a causa de nossa ruína…

– Basta. Vai! Vai! Há bem pouco tempo tu me disseste: “Ajuda-me a ficar. Defende-me!” E eu o fiz. E que foi que valeu? Dize-me ainda uma coisa, mas pensa bem antes de dizê-la. É esta a tua vontade? Esta de ir para os teus amigos e de preferi-los a Mim?

– Sim. É esta. Não preciso pensar, porque há tempo que eu só tenho essa vontade.

– Então, vai. Deus não contraria a vontade do homem –e Jesus lhe volta as costas, retornando vagarosamente para casa.

586.13

E quando já está perto dela, levanta a cabeça atraído pelo olhar de Lázaro, que está de pé no mesmo lugar de antes, e virado para Ele… E é com rosto muito pálido que ele se esforça para sorrir ao amigo fiel.

Torna a entrar na sala, onde os quatro apóstolos estão falando com Maximino, enquanto Marta e Maria dirigem o trabalho dos servos, que estão pondo em ordem a sala, tirando a louça e tudo mais que foi usado no banquete.

Lázaro foi para a soleira da porta, tomou de novo Jesus pela cintura e, passando por um servo, lhe disse:

– Traze-me aquele rolo que está sobre a mesa do meu quarto de trabalho.

Ele leva Jesus para uma daquelas cadeiras grandes que estão ao lado das janelas, a fim de que Jesus se assente nela. Mas Jesus fica de pé, procurando prestar atenção em tudo o que Lázaro lhe diz… Mas é visível que o seu pensamento está em outro lugar e que o seu coração está muito aflito, ainda que, quando se lembra de que está sendo observado pelos apóstolos, Ele sorria para desfazer a suspeita que está no coração de alguém que está perto dele e que cochicha com o vizinho, e pisca os olhos mostrando o Mestre.

O servo volta com o rolo, e Pedro, visto que aqueles pergaminhos contêm coisas mais profundas do que sua cabeça possa entender, se retira, dizendo:

– Os peixes não comem certas iscas. É melhor ir falar com Maximimo sobre plantas e culturas.

Marta continua o seu trabalho.

586.14

Maria, mesmo ficando calada, acompanha as palavras de Lázaro, que está mostrando ao Mestre alguns pontos assinalados nos pergaminhos, e dizendo:

– Não é que fez uma previsão singular este pagão? Mais do que muitos de nós. Talvez… se ele tivesse estado aqui enquanto Tu és o nosso Mestre, teria estado entre os teus discípulos e teria sido um dos melhores. E te teria entendido como muitos dentre nós não sabem entender. E que poema teria sugerido ao seu gênio a sua admiração por Ti. As tuas palavras teriam sido recolhidas e conservadas por um espírito que é luminoso, apesar de ser pagão. A tua vida descrita por uma inteligência aberta e límpida! Nós não temos mais escritores e poetas! Tu nasceste tarde. Quando o egoísmo da vida e a corrupção religiosa e social já haviam extinguido em nós a poesia e o gênio. Aquilo que, sem te conhecerem, os nossos sábios e profetas escreveram sobre Ti não encontrou ressonância na voz viva de algum dos teus seguidores. Os teus prediletos, os teus fiéis são, em sua maior parte, gente sem instrução. E os outros… Não. Não temos mais xioelet[4] (digo como é pronunciado) para transmitirem às multidões a tua sabedoria e a tua figura. Nós não os temos mais, porque faltam-nos o espírito e a vontade mais do que a capacidade de o fazer. A parte humanamente mais eleita de Israel é surda como uma trompa velha, e não sabe mais cantar as glórias e maravilhas de Deus. O meu temor é que tudo se perca ou seja alterado, pela incapacidade ou pela má vontade…

– Isso não acontecerá. O Espírito do Senhor, quando já estiver estabelecido no interior dos corações, repetirá as minhas palavras e aplicará o sentido delas. É o Espírito de Deus que fala pelos lábios do Cristo. Depois… Depois falará diretamente aos espíritos e os fará lembrarem-se de minhas palavras.

586.15

– Oh! Se isso fosse logo! Logo mesmo, pois as tuas palavras têm sido tão pouco escutadas e, menos ainda, tão pouco entendidas. Eu penso que, violento como um fogo que lança chamas, há de ser o rugido do Espírito de Deus, para esculpir com violência nas mentes aquilo que não quiseram acolher, porque era doce e brando. Eu penso que o Espírito chamejante queimará com suas chamas as consciências tíbias ou entorpecidas, escrevendo sobre elas as tuas palavras. O mundo deverá te amar. O Altíssimo assim o quer. Mas quando será isso? –diz Madalena com o seu ímpeto habitual.

– Quando Eu me tiver consumado no Sacrifício de amor. Então é que o Amor virá. Será como a chama bela que se levanta por sobre a Vítima imolada. E não se apagará essa chama, porque o Sacrifício não cessará. Uma vez que tenha sido estabelecido, durará por todo o tempo que durar a terra.

– Mas, então… Tu deverias mesmo ser imolado para que isso acontecesse?

– Assim é.

E Jesus faz o seu gesto habitual de adesão à sua própria sorte, com suas mãos viradas para fora, e inclina a cabeça. Depois a levanta de novo a fim de sorrir para Lázaro aflito, e diz:

– Mas não será violenta como um rugido a voz imaterial do Espírito de Amor, mas será doce como o Amor, o qual é suave como o vento de Nisã e, contudo, forte como a morte. É o inefável ministério do Amor! O complemento, a realização do meu ministério. O aperfeiçoamento do meu ministério de Mestre… Eu não tenho medo, como tu tens, ó Maria, que nada se perca daquilo que Eu dei. Pelo contrário, em verdade Eu te digo que raios de luz serão lançados sobre minhas palavras e vereis nelas o espírito. Eu me vou serenamente, porque entrego a minha doutrina ao Espírito Santo e o meu espírito ao Pai.

586.16

Jesus inclina a cabeça, pensando, e depois, tendo colocado o rolo que deu origem àquela conversação sobre uma espécie de alta credência, ou cofre de ébano ou de outra madeira escura, toda marchetada com marfim amarelado, que quatro servos haviam transportado do quarto vizinho, e na qual Marta está pondo em ordem as louças mais preciosas, diz:

– Lázaro, vem para fora. Eu preciso falar-te!

– Já vou indo Senhor!

E Lázaro se levanta da cadeira na qual estava sentado e acompanha Jesus pelo jardim, que já vai ficando escuro enquanto vai morrendo no céu a última luz do dia, estando ainda fraco demais o primeiro esplendor da lua, que mal se manifesta.

586.17

– Aqui –diz Jesus–, colocarás a visão de 2 de março de 1945: “O adeus a Lázaro”, desde este ponto: “Jesus caminha, dirigindo-se para além do jardim, lá para onde está o sepulcro que foi de Lázaro.”


Notes

  1. Suzanne, désormais disciple, est mentionnée en 51.1/2 comme étant l’épouse des noces de Cana, auxquelles le chapitre 52 est consacré.
  2. son geste d’amour, décrit en 236.2/3.
  3. à Simon le pharisien, en 236.4, et à Marthe, en 377.5.
  4. Qohélet : Les juifs appelaient ainsi, note Maria Valorta sur une copie dactylographiée, ceux qui s’adressaient aux assemblées. Les livres sapientiels sont composés des paroles des “ Qohélets ” recueillies dans les rouleaux de l’Ecriture.
  5. à partir de ce passage : Nous reprenons au contraire la vision depuis son début, comme en 174.10.

Notas

  1. Susana, agora discípula, está mencionada em 51.1/2 como a esposa das núpcias de Caná, a quem está dedicado o capítulo 52.
  2. o gesto de amor, descrito em 236.2/3.
  3. a Simão, o fariseu, em 236.4; e a Marta, em 377.5.
  4. xioelet: Os judeus — anota Maria Valtorta numa cópia datilografada — chamavam assim aqueles que falavam nas reuniões. Os livros sapienciais são compostos por palavras dos scioelet contidas nos rótulos das Escrituras.