Gli Scritti di Maria Valtorta

586. Le sabbat qui précède l’entrée à Jérusalem.

586. Il sabato avanti l’entrata in Gerusalemme.

586.1

Le repas a été préparé dans la salle blanche où Jésus a parlé aux femmes disciples. C’est tout un éclat de blanc et d’argent, adouci par une nuance moins glacée et moins froide qu’apportent quantité de branches de pommiers ou de poiriers, ou d’autres arbres fruitiers, pures comme la neige, mais avec un léger souvenir de rose qui fait penser à de la neige qu’aurait effleurée le baiser d’une lointaine aurore. Elles se dressent dans des vases ventrus ou de grêles amphores d’argent arrangés sur des tables, des coffrets ou des crédences disposés le long des murs de la salle. Les bouquets répandent dans la pièce l’odeur caractéristique des fleurs des arbres fruitiers, fraîche, un peu amère, du pur printemps…

Lazare entre, au côté de Jésus. Derrière, deux par deux, ou en groupes plus nombreux, viennent les apôtres et, en dernier lieu, les deux sœurs de Lazare avec Maximin.

Je ne vois pas les femmes disciples. Je ne vois même pas Marie. Peut-être ont-elles préféré rester dans la maison autour de la Vierge, puisqu’elle est si triste…

Le crépuscule approche. Mais il reste encore des rayons de soleil pour frapper la frondaison bruissante de plusieurs palmiers, groupés à quelques mètres de la salle, et la cime d’un laurier gigantesque où des passereaux se disputent avant de prendre leur repos. Au-delà du palmier et du laurier, au-delà des haies de roses et de jasmins, des parterres de muguets et d’autres fleurs, et des plantes odoriférantes, la tache blanche saupoudrée du vert tendre des premières feuilles d’un groupe de pommiers ou de poiriers tardifs. On dirait un nuage resté accroché dans les branches.

586.2

En passant près d’une amphore garnie de branchages, Jésus observe :

« Regardez ! Leurs premiers petits fruits apparaissaient déjà à la cime des fleurs, alors que, plus bas, la fleur est déjà tombée et que l’ovaire se gonfle.

– C’est Marie qui a voulu les cueillir. Elle en a apporté des bouquets aussi à ta Mère. Elle s’est levée à l’aube, par crainte qu’un jour de soleil de plus n’abîme ces fragiles corolles. J’ai appris depuis peu ce massacre, mais je n’en ai pas été indigné comme les serviteurs agricoles. J’ai pensé, au contraire, qu’il était juste de t’offrir toutes les beautés de la création, à toi, le Roi de tout l’univers. »

Jésus s’assied en souriant à sa place, et il regarde Marie qui, avec sa sœur, s’apprête à servir comme si elle était une soubrette, tendant les coupes pour la purification et les serviettes, puis versant le vin dans les coupes et disposant les plats sur la table à mesure que les serviteurs les apportent de la cuisine ou les présentent, après les avoir découpés sur les crédences.

Naturellement, si les sœurs servent avec courtoisie tous les convives, leur empressement va spécialement aux deux qui leur sont les plus chers : Jésus et Lazare.

586.3

A un certain moment, Pierre, qui mange avec appétit, remarque :

« Regardez ! Je m’en aperçois maintenant ! Tous les plats sont servis comme on le fait en Galilée. Il me semble… mais oui ! Il me semble être à un repas de noces. Toutefois, ici le vin ne manque pas comme il manquait à Cana ! »

Marie sourit silencieusement en versant à l’apôtre une nouvelle coupe de vin ambré, très limpide.

C’est encore Lazare qui explique :

« En effet, c’était l’intention de mes sœurs, et en particulier de Marie, de servir un repas qui donnerait au Maître l’impression d’être dans sa Galilée, certainement meilleur, bien qu’imparfait lui aussi, que ce qui se fait dans ces lieux…

– Mais pour que cela soit possible, il aurait fallu que la Mère de Jésus soit à table avec nous. Elle y était à Cana. C’est par elle que s’est produit le miracle, dit Jacques, fils d’Alphée.

– Ce devait être un grand vin !

– Le vin est symbole de gaieté, et devrait l’être aussi de fécondité, puisque c’est le jus de la vigne féconde. Mais il ne me semble pas qu’il ait eu une telle action : Suzanne[1] n’a pas d’enfant, souligne Judas.

– Quel vin c’était ! Il a fécondé notre esprit… » murmure Jean, un peu rêveur comme il l’est toujours quand il contemple intérieurement les miracles opérés par Dieu. Et il achève : « C’est par une vierge que cela a été fait… et une goutte de pureté est descendue en ceux qui l’ont goûté.

– Crois-tu donc Suzanne vierge ? demande Judas en riant.

– Je n’ai pas dit cela. La Mère du Seigneur est vierge. La virginité découle de tout ce qui est accompli par elle. Je ne cesse de penser combien tout ce qui se fait par Marie est virginisant… »

Et il rêve de nouveau, souriant à je ne sais quelle vision.

« Bienheureux garçon ! Je crois qu’il perd contact avec la réalité, en ce moment. Observez-le » s’écrie Pierre en montrant Jean qui, allongé sur son lit, déplace sans y penser des petits morceaux de pain, oubliant de manger.

Jésus aussi se penche un peu pour le regarder. Jean se trouve à un angle du côté de la table disposée en U, et par conséquent un peu en arrière du Seigneur, qui est au milieu du côté central, avec son cousin Jacques à gauche et Lazare à droite. Après Lazare, se trouvent Simon le Zélote et Maximin, de même qu’après Jacques et l’autre Jacques,il y a Pierre. Jean, lui, est entre André et Barthélemy, puis vient Thomas, qui a Judas en face de lui, avec Philippe et Matthieu, et Jude qui est exactement à l’angle où commence la longue table centrale.

586.4

Marie de Magdala sort de la pièce, tandis que Marthe dispose sur la table des plateaux remplis de figues, de tiges vertes de fenouil et d’amandes fraîchement cueillies, des fraises ou des framboises, je ne sais, qui paraissent encore plus rouges au milieu des fenouils vert pâle et des fleurs. A côté des amandes se trouvent de petits melons et autres fruits du même genre… qui me rappellent les melons verts de la basse Italie, et des oranges dorées.

« De tels fruits, déjà ? Je n’en ai vu nulle part de mûrs, s’étonne Pierre, les yeux écarquillés, en montrant les fraises et les melons.

– Ils proviennent en partie de la côte au-delà de Gaza, où ils sont produits dans un jardin qui m’appartient, et en partie des serres que j’ai au-dessus de la maison, les pépinières des petites plantes plus délicates qu’il faut protéger de la gelée. Un ami romain m’en a enseigné la culture… C’est tout ce qu’il m’a appris de bon… »

Lazare s’assombrit, Marthe soupire… Mais Lazare redevient aussitôt l’hôte parfait qui n’attriste pas ses invités.

« On est très habitué, dans les villas de Baïes et de Syracuse, et le long du golfe de Sybaris, à cultiver ces délices par cette méthode pour en obtenir de bonne heure. Mangez : les derniers fruits des orangers de Lybie, les primeurs des melons d’Egypte qui ont poussé dans les solariums, et au milieu d’eux les fruits latins, les amandes blanches de notre patrie, les fèves tendres, les tiges digestives qui ont un goût d’anis…

586.5

Marthe, as-tu pensé à l’enfant ?

– J’ai pensé à tout. Marie s’est rappelée l’Egypte avec émotion…

– Nous en avions quelques plants dans notre pauvre jardin. Pendant les grandes chaleurs, c’était une fête de plonger les melons dans le puits du voisin, qui était profond et frais, et d’en manger le soir… Je me souviens… J’avais une chèvre gourmande sur laquelle il fallait veiller, parce qu’elle était friande de jeunes pousses et de fruits tendres… »

Jésus, qui parlait la tête un peu inclinée, lève les yeux et regarde les palmiers, qui bruissent dans le vent du crépuscule.

« Quand je vois ces palmiers… je revois toujours l’Egypte, sa terre jaune et sableuse que le vent soulevait si facilement, et au loin les pyramides qui tremblaient dans l’air raréfié… et les hauts troncs des palmiers… et la maison où… mais il est inutile d’en parler. A chaque époque ses soucis… et avec ses soucis, ses joies… Lazare, me donnerais-tu quelques-uns de ces fruits ? Je voudrais en apporter à Marie et à Matthias. Je ne crois pas que Jeanne en ait.

– Non, elle n’en a pas. Elle en parlait hier, et se proposait justement d’en planter à Béther et d’y faire construire des solariums. Mais je ne te les donne pas maintenant. J’ai cueilli tout ce que j’avais et, pendant quelques jours, on va manquer de fruits mûrs. Je te les enverrai, ou plutôt, envoie-les prendre d’ici jeudi. Nous en préparerons une jolie corbeille pour ces enfants, n’est-ce pas, Marthe ?

– Oui, mon frère. Et nous y ajouterons les petits lys des vallées qui plaisent tant à Jeanne. »

586.6

Marie-Madeleine revient. Elle tient une amphore au col très fin, qui se termine par un bec gracieux comme celui d’un oiseau. L’albâtre est d’une couleur précieuse jaune rosé, comme certaines carnations de blondes.

Les apôtres la regardent, croyant peut-être qu’elle apporte quelque friandise rare. Mais au lieu de se rendre au centre, à l’intérieur du U de la table où se trouve sa sœur, elle passe derrière les lits-sièges, et va se placer entre celui de Jésus et Lazare, et celui où sont étendus les deux Jacques.

Elle ouvre le vase d’albâtre et glisse sa main sous le bec, pour recueillir quelques gouttes d’un liquide filant qui s’écoule lentement. Une odeur pénétrante de tubéreuse et d’autres essences, un parfum intense et très agréable se répand dans toute la salle. Mais Marie est impatiente : elle se penche et brise d’un coup sûr le col de l’amphore contre le coin du lit de Jésus. Le col tombe par terre, répandant sur le marbre du pavé des gouttes parfumées. Maintenant, l’ouverture béante du vase permet à l’onguent de se déverser en un jet épais.

Marie se place derrière Jésus et répand l’huile sur la tête de son Seigneur, elle en enduit toutes les boucles, les allonge, puis les coiffe avec le peigne qu’elle retire de ses cheveux. La chevelure de Jésus resplendit comme de l’or foncé, très brillant après cette onction. La lumière du lampadaire, que les serviteurs ont allumé, se reflète sur la tête blonde du Christ, comme sur un très beau casque de bronze cuivré. Le parfum est enivrant ; il pénètre dans les narines, monte à la tête, à force d’être irritant comme de la poudre à éternuer.

Lazare se retourne. Il sourit en voyant avec quel soin Marie oint et peigne les boucles de Jésus pour que sa tête paraisse bien coiffée après cette odorante friction. Elle ne se soucie pas que ses propres tresses ne soient plus maintenues par le large peigne qui aide les épingles à les tenir en place, et descendent peu à peu sur son cou, prêtes à tomber complètement sur les épaules. Marthe aussi regarde et sourit. Les autres discutent à voix basse, avec des expressions diverses sur le visage.

Mais Marie n’est pas encore satisfaite. Il reste encore beaucoup d’onguent dans le vase brisé, et les cheveux de Jésus, si touffus qu’ils soient, en sont déjà inondés. Alors elle réitère son geste d’amour[2] d’un soir lointain. Elle s’agenouille au pied du lit, dénoue les lacets des sandales de Jésus, déchausse ses pieds et, plongeant dans le vase les longs doigts de sa très belle main, elle en extrait tout de qu’elle peut d’onguent, et l’étale sur les pieds nus, doigt par doigt, puis sur la plante et le talon, et jusqu’à la cheville, qu’elle découvre en rejetant en arrière le vêtement de lin ; elle s’occupe enfin du dos du pied, s’attarde sur les métatarses où s’enfonceront les clous redoutables, insiste jusqu’à ce qu’elle ne trouve plus de baume au fond du vase. Alors elle le brise sur le sol puis, de ses mains désormais libres, elle enlève ses grosses épingles, défait rapidement ses lourdes tresses et essuie avec cet écheveau d’or, vivant, doux, satiné, ce qui reste de l’onction des pieds de Jésus, qui laissent dégoutter le baume.

586.7

Judas avait jusqu’alors gardé le silence et se bornait à observer d’un regard impur de luxure et d’envie cette très belle femme, et le Maître dont elle oignait la tête et les pieds. Tout à coup, il prend la parole. C’est le seul qui exprime ouvertement un reproche. Les autres — pas tous, mais certains — avaient quelque peu murmuré ou fait un geste de désaccord étonné, mais paisible. Mais Judas, qui s’est même mis debout pour mieux voir l’onction des pieds du Christ, lance avec mauvaise humeur :

« Quel gaspillage inutile et païen ! Pourquoi avoir fait cela ? Et après un tel acte, on ne veut pas que les chefs du Sanhédrin parlent de péché ! Ce sont des gestes de courtisane lascive qui ne s’harmonisent pas avec la nouvelle vie que tu mènes, femme. Ils rappellent trop ton passé ! »

L’insulte est telle que tous en restent abasourdis, ils s’agitent, les uns s’asseyent sur leurs lits, les autres se lèvent… Tous dévisagent Judas comme s’il était devenu subitement fou.

Marthe rougit. Lazare se dresse brusquement en donnant un coup de poing sur la table et il dit : « Dans ma maison… », mais ensuite il jette un coup d’œil vers Jésus et s’arrête.

« Oui ! Vous me regardez ? Tous, vous avez murmuré dans votre cœur. Or, maintenant que je me suis fait votre porte-parole et que j’ai dit publiquement ce que vous pensiez, vous voilà prêts à me donner tort. Mais je maintiens mes propos. Bien sûr, je ne veux pas dire que Marie soit la maîtresse de Jésus, mais j’estime que certains actes ne lui conviennent ni à lui, ni à elle. C’est un acte imprudent, et même injuste. Oui. Pourquoi un tel gaspillage ? Si elle voulait détruire les souvenirs de son passé, elle pouvait me donner ce vase et cet onguent. Il y avait certainement plus d’une livre de nard pur, et de grand prix ! Je l’aurais vendu pour trois cents deniers au moins, car un parfum de cette valeur peut monter jusqu’à ce prix. Et je pouvais vendre le vase qui était beau et précieux. C’est aux pauvres qui nous assiègent que j’aurais donné cet argent ; nous en manquons toujours, et demain, à Jérusalem, innombrables seront ceux qui demanderont une obole.

– C’est vrai ! » admettent les autres. « Tu pouvais en employer un peu pour le Maître, et le reste… »

586.8

Marie de Magdala est comme sourde. Elle continue à essuyer les pieds du Christ avec ses cheveux dénoués qui, maintenant, et surtout en bas, sont eux aussi alourdis par l’onguent et plus foncés que sur le sommet de la tête. Les pieds de Jésus sont lisses et doux, couleur de vieil ivoire, comme s’ils étaient couverts d’un nouvel épiderme. Marie remet ses sandales au Christ, et embrasse chaque pied avant et après l’avoir chausser, indifférente à tout ce qui n’est pas son amour pour Jésus.

Ce dernier la défend en posant une main sur la tête de Marie, inclinée en un dernier baiser :

« Laissez-la tranquille. Pourquoi lui faites-vous de la peine, pourquoi l’attrister ? Vous ne savez pas ce qu’elle vient de faire. Marie a accompli envers moi une action juste et bonne. Des pauvres, vous en aurez toujours. Moi, je vais m’en aller, bientôt je ne serai plus parmi vous. Vous aurez toujours l’occasion de distribuer une obole aux pauvres. Mais, dans un avenir proche, il ne vous sera plus possible de me rendre aucun honneur, à moi, au Fils de l’homme parmi les hommes, de par la volonté des hommes et parce que l’heure est venue. Pour Marie, l’amour est lumière. Elle sent que je vais mourir et elle a voulu donner à l’avance à mon corps l’onction nécessaire pour sa sépulture. En vérité, je vous dis que là où sera prêchée la Bonne Nouvelle, on fera mémoire de son geste d’amour prophétique, dans le monde entier, dans tous les siècles. Plaise à Dieu de faire de toute créature une autre Marie, qui ne calcule pas la valeur, qui ne nourrit pas d’attachement, qui ne garde pas le moindre souvenir du passé, mais détruit et méprise tout ce qui appartient à la chair et au monde, elle encore qui se brise et se répand, comme elle l’a fait du nard et de l’albâtre, sur son Seigneur et par amour pour lui. Ne pleure pas, Marie. Je te répète, à cette heure, les paroles que j’ai dites à Simon le pharisien[3] et à ta sœur Marthe : “ Tout t’est pardonné, parce que tu as su aimer totalement. ” “ Tu as choisi la meilleure part, et elle ne te sera pas enlevée. ” Va en paix, ma douce brebis retrouvée. Va en paix. Les pâturages de l’amour seront ta nourriture éternellement. Lève-toi. Baise aussi mes mains qui t’ont absoute et bénie… Combien de personnes ces mains n’ont-elles pas absoutes, bénies, comblées de bienfaits ! Et pourtant je vous dis que le peuple que j’ai ainsi comblé est en train de préparer pour ces mains la torture… »

586.9

Un profond silence s’instaure dans la lourde atmosphère du parfum pénétrant. Marie, les cheveux dénoués sur les épaules pour lui servir de manteau et sur le visage pour lui servir de voile, baise la main droite que Jésus lui présente, et n’arrive pas à en détacher les lèvres…

Très émue, Marthe s’approche d’elle et rassemble ses cheveux, les tresse, lui fait une caresse et, dans sa tentative d’essuyer ses larmes, elle les étend sur ses joues…

Plus personne n’a envie de manger… Les paroles du Christ les laissent songeurs.

Jude est le premier à se lever. Il demande la permission de se retirer. Son frère Jacques l’imite, suivi par André et Jean. Les autres restent, mais sont déjà debout, occupés à se purifier les mains dans les bassins d’argent que les serviteurs leur présentent. Marie et Marthe en font autant avec le Maître et Lazare.

586.10

Un serviteur entre et se penche pour parler à Maximin.

« Maître, dit ce dernier après l’avoir écouté, il y a des personnes qui voudraient te voir. Elles disent venir de loin. Que faisons-nous ? »

Jésus appelle Philippe, Jacques, fils de Zébédée, et Thomas, et leur enjoint :

« Allez, évangélisez, guérissez, agissez en mon nom. Annoncez que, demain, je monterai au Temple.

– Est-il vraiment utile de le faire savoir, Seigneur ? demande Simon le Zélote.

– Il est inutile de le taire, car mes ennemis, plus encore que mes amis, le proclament dans la cité sainte. Allez !

– Hum ! Tant que les amis le savent … on le sait. Mais eux ne trahissent pas. Je ne sais pas comment les autres peuvent l’apprendre. »

Judas intervient en mentant effrontément :

« Quelque ennemi peut toujours se glisser dans la foule de nos amis, Pierre. Nos… amis sont désormais trop nombreux et on les accueille comme tels avec trop de facilité. Quand on pense combien moi, j’ai dû prier et attendre ! Mais c’étaient les premiers temps, et nous étions circonspects. Puis les triomphes nous ont éblouis et ce ne fut plus le cas, malheureusement. Mais cela arrive à tous ceux qui sont victorieux. Les victoires obscurcissent la limpidité du regard et mettent à mal la prudence nécessaire à toute action. Je parle de nous, les disciples, naturellement, pas du Maître. Lui est parfait. Si nous étions restés à douze, nous n’aurions pas eu à trembler par crainte de trahison ! »

Il est impossible de décrire le regard que le Christ pose sur l’apôtre traître, un regard de rappel et de douleur infinis. Mais Judas n’y prête pas attention. Passant devant la table, il se dirige vers la porte…

586.11

Jésus le suit des yeux, et quand il le voit sortir réellement, il lui demande :

« Où vas-tu ?

– Je sors… répond évasivement Judas.

– De cette pièce, ou de la maison ?

– Dehors… Comme ça… Pour marcher un peu.

– Ne pars pas, Judas. Reste avec moi, avec nous…

– Tes frères sont partis, ainsi que Jean avec André. Pourquoi est-ce que, moi, je ne le pourrais pas ?

– Tu ne sors pas pour te reposer comme eux… »

Judas ne répond pas, mais, comme il est entêté, il s’en va. Dans la salle, plus personne ne dit mot. Les hôtes et les quatre apôtres qui sont restés — Pierre, Simon, Matthieu et Barthélemy — se regardent les uns les autres.

Jésus jette un coup d’œil dehors. Il s’est levé pour aller à une fenêtre suivre les mouvements de Judas. Quand il le voit quitter la maison avec son manteau, qu’il a déjà endossé, et se diriger vers le portail — qui n’est pas visible d’ici —, il l’appelle à haute voix :

« Judas ! Attends-moi. J’ai quelque chose à te dire. »

Il repousse doucement Lazare qui, devinant la douleur de son Maître, l’avait entouré d’un bras à la taille, et il sort de la salle pour rejoindre Judas. Celui-ci a continué de marcher, mais d’un pas plus lent,

586.12

de sorte que Jésus le rejoint à un bon tiers de la distance entre la maison et l’enceinte du jardin, près d’un bosquet d’arbustes aux feuilles épaisses.

Ces feuilles semblent être de céramique vert sombre, elles sont toutes accompagnées de petites fleurs en bouquet, et chacune est une petite croix avec de lourds pétales comme s’ils étaient faits de cire à peine jaunie, au parfum intense. Je n’en connais pas le nom.

Jésus attire Judas derrière ce massif et, en lui tenant la main toujours serrée sur l’avant-bras, il lui demande de nouveau :

« Où vas-tu, Judas ? Je t’en prie, reste ici !

– Toi qui sais tout, pourquoi me poser cette question ? Quel besoin as-tu de m’interroger, toi qui lis dans le cœur des hommes ? Tu sais bien que je me rends chez mes amis. Tu ne me permets pas d’y aller. Eux m’appellent. J’y vais.

– Tes amis ! Ta perte, devrais-tu dire ! C’est à elle que tu vas. Tu te rends chez tes vrais assassins. N’y va pas, Judas ! N’y va pas ! Tu vas commettre un crime… Tu…

– Ah ! tu as peur ? Tu as peur, finalement ? ! Tu te sens enfin un homme ! Tu es un homme ! Rien de plus qu’un homme ! Car seul l’homme redoute la mort. Dieu sait qu’il ne peut mourir. Si tu te sentais Dieu, tu saurais que tu ne peux mourir, et tu n’aurais pas peur. Or, maintenant que tu sens la mort prochaine, tu éprouves cette peur commune à tous les hommes. Tu cherches par tous les moyens à l’éloigner, et tu vois partout et en toute chose un danger. Où sont tes belles audaces ? Où sont tes affirmations pleines d’assurance que tu es content, que tu as soif d’accomplir le Sacrifice ? Tu n’en as plus le moindre écho dans le cœur ! Tu croyais que cette heure n’arriverait jamais, alors tu faisais le brave, le généreux, tu disais des phrases solennelles. Va ! Tu ne vaux pas mieux que ceux auxquels tu reproches d’être hypocrites ! Tu nous as flattés et trahis. Et nous qui avions tout quitté pour toi ! Nous, qui, à cause de toi, sommes détestés ! Tu es la cause de notre ruine…

– Ça suffit ! Va ! Va ! Il ne s’est pas passé beaucoup d’heures depuis que tu m’as demandé : “ Aide-moi à rester. Défends-moi ! ” Je l’ai fait. A quoi cela a-t-il servi ? Dis-moi encore une chose, et réfléchis avant de parler. Est-ce ta pure volonté de te rendre chez tes amis, de les préférer à moi ?

– Oui, tout à fait. Je n’ai pas besoin de réfléchir, car depuis longtemps je n’ai que cette volonté.

– Dans ce cas, vas-y ! Dieu ne fais pas violence à la liberté de l’homme. »

Alors Jésus lui tourne le dos pour revenir lentement vers la maison.

586.13

Quand il en est proche, il lève la tête, attiré par le regard que Lazare, toujours debout à la même place, tient fixé sur lui. Et c’est un visage bien pâle qui s’efforce de sourire à l’ami fidèle.

Il rentre dans la salle où les quatre apôtres bavardent avec Maximin, tandis que Marthe et Marie dirigent le travail des serviteurs qui remettent la salle en ordre et enlevent les nappes et les serviettes utilisées pour le repas.

Lazare, sur le seuil, réitère son geste de passer un bras autour de la taille de Jésus. En passant devant un serviteur, il lui dit :

« Apporte-moi le rouleau posé sur la table de mon cabinet de travail. »

Il conduit Jésus à l’un de ces larges sièges qui se trouve dans l’encadrement des fenêtres pour qu’il y prenne place. Mais Jésus reste debout, s’efforçant de prêter attention aux paroles de Lazare… Il est visible qu’il est ailleurs et qu’il a le cœur très affligé. Lorsqu’il se rend compte qu’il est observé par les apôtres, il sourit pour dissiper le soupçon qui s’est insinué dans le cœur de celui qui est venu l’entourer, qui bavarde avec son voisin ou qui fait un clin d’œil en désignant le Maître.

Le serviteur ne tarde pas à revenir avec le rouleau. Pierre, qui a vu que ces parchemins contiennent des écrits plus élevés que ce que sa tête peut comprendre, se retire en disant :

« Les poissons ne mordent pas à certains appâts. Mieux vaut discuter avec Maximin d’arbres et de cultures. »

Marthe continue son travail.

586.14

Marie vient silencieusement écouter les paroles de Lazare, qui signale au Maître certains passages du parchemin :

« Ce païen n’a-t-il pas, plus que beaucoup d’entre nous, un don de voyance singulier ? S’il avait vécu ici pendant que tu es notre Maître, il aurait probablement été l’un de tes disciples, et des meilleurs. Il t’aurait compris comme beaucoup d’entre nous n’en sont pas capables. Et son génie aurait, par ce poème, attiré de l’admiration pour toi ! Tes paroles recueillies et conservées par un esprit qui est lumineux tout en étant celui d’un païen !

Ta vie aurait été écrite par cette intelligence ouverte et limpide ! Nous n’avons plus d’écrivains ni de poètes. Tu es né trop tard, quand l’égoïsme et la corruption socioreligieuse ont éteint en nous la poésie et le génie. Ce que nos sages et nos prophètes ont écrit sur toi sans te connaître ne s’est pas rencontré dans la parole vivante de l’un de ceux qui te suivent. Tes préférés, tes fidèles sont, pour la plupart, des gens sans instruction. Quant aux autres… Non. Nous n’avons plus de Qohélet[4] pour transmettre aux foules tes paroles de sagesse et ta figure. Plus que la capacité de le faire, l’esprit et la volonté nous font défaut. L’élite d’Israël est sourde comme une trompette détériorée, et ne sait plus chanter les gloires et les merveilles de Dieu. Je crains que tout ne se perde ou ne soit altéré, en partie par incapacité, en partie par mauvaise volonté…

– Cela n’arrivera pas. L’Esprit du Seigneur, quand il sera établi à l’intérieur des cœurs, répétera mes paroles et en expliquera le sens. C’est l’Esprit de Dieu qui parle par la bouche du Christ. Plus tard… Plus tard, il s’adressera directement aux âmes et leur rappellera mes paroles. »

586.15

Marie-Madeleine intervient avec sa véhémence coutumière :

– J’espère que c’est pour bientôt, car tes paroles sont peu écoutées et encore moins comprises. Je suppose que le rugissement de l’Esprit Saint sera violent comme un feu ardent, pour graver dans les âmes par la violence ce qu’elles n’ont pas voulu accueillir du fait de sa douceur. Je pense que l’Esprit flamboyant brûlera de ses flammes les consciences tièdes et engourdies pour y graver tes paroles. Le monde devra t’aimer. Le Très-Haut le veut ! Mais quand cela arrivera-t-il ?

– Quand je me serai consumé dans le Sacrifice d’amour. Alors, l’Amour viendra. Il sera comme la belle flamme qui s’élève de la Victime immolée, et cette flamme ne s’éteindra pas, car le sacrifice ne cessera pas. Une fois établi, il durera aussi longtemps que la terre.

– Mais alors… Tu devrais être réellement immolé pour que cela arrive ?

– C’est ainsi. »

Jésus fait son geste habituel d’adhésion à son propre sort. Il étend les bras, les mains tournées à l’extérieur, et incline la tête. Puis il la relève pour sourire à Lazare qui est tout attristé, et il dit :

« Cependant, la voix immatérielle de l’Esprit d’amour ne sera pas violente comme un rugissement, mais douce comme l’amour, qui est suave comme le vent de Nisan et pourtant fort comme la mort. C’est l’ineffable ministère de l’Amour ! Le complément, l’accomplissement de mon ministère. La perfection de mon ministère de Maître… Je ne crains pas, comme tu le redoutes, Marie, que quoi que ce soit puisse disparaître de ce que j’ai donné. Au contraire, je te dis en vérité, que des rayons de lumière seront projetés sur mes paroles et que vous en verrez l’esprit. Je m’en vais sereinement, parce que je confie ma doctrine à l’Esprit Saint et mon esprit à mon Père. »

586.16

Il baisse la tête en réfléchissant, puis repose le rouleau qui a été à l’origine de la conversation sur une espèce de haute crédence, un coffre en ébène — ou quelque autre bois de couleur foncée —, tout marqueté d’ivoire jaune, que quatre serviteurs ont apporté de la pièce voisine et où Marthe range les nappes les plus précieuses. Il dit ensuite :

« Lazare, viens dehors. J’ai besoin de te parler !

– Tout de suite, Seigneur ! »

Lazare se lève et suit Jésus dans le jardin où la lumière baisse, car la dernière lueur du jour est en train de mourir dans le ciel et le clair de lune n’en est qu’à ses débuts.

586.17

Jésus me dit :

« Tu placeras ici la vision du 2 mars 1945 : “ L’adieu à Lazare ”, à partir de ce passage[5] : “ Jésus prend la direction de l’autre partie du jardin, là où se trouve le tombeau où fut enseveli Lazare. ” »

586.1

La cena è stata preparata nella sala tutta bianca dove Gesù parlò alle discepole. Ed è tutto uno splendore di bianco e di argento, nel quale mettono una sfumatura meno nivea e fredda dei fasci di rami di melo o di pero, o altra pianta da frutto, candidi come la neve, ma con un così lieve ricordo di rosa che fa pensare a neve sfiorata da un bacio di lontana aurora. Si ergono, da vasi panciuti o da esili anfore d’argento, sulle mense e sugli scrigni e le credenze che sono lungo le pareti della sala. I fiori spargono per la sala il caratteristico odore dei fiori di pianta da frutto, di fresco, di amarognolo, di primavera pura…

Lazzaro entra nella sala al fianco di Gesù. Dietro, due a due, o a gruppi più folti, gli apostoli. Ultime, le due sorelle di Lazzaro con Massimino. Non vedo le discepole. Neppure Maria vedo. Forse hanno preferito rimanere nella casa di Simone intorno alla Madre afflitta.

Il giorno volge al crepuscolo. Ma un superstite ricordo di sole colpisce ancora la chioma frusciante di alcune palme, riunite in gruppo a pochi metri dalla sala, e la vetta di un lauro gigantesco in cui rissano i passeri prima di porsi a riposo. Oltre le palme e il lauro, oltre le siepi di rose, di gelsomini, e le aiuole di mughetti, di altri fiori e pianticine odorifere, la macchia candida, spruzzata del verde tenero delle prime foglie, di un gruppo di meli o di peri tardivi nel frutteto. Sembra una nuvola rimasta impigliata fra i rami.

586.2

Gesù, nel passare vicino ad un’anfora piena di rami, osserva: «Avevano già i primi frutticini. Guarda! Sulla cima fiori, mentre più in basso è già caduto il fiore e gonfia l’ovario».

«È Maria che li ha voluti cogliere. Ne ha portato fasci anche a tua Madre. Si è alzata all’alba, io credo, per paura che un giorno di più di sole consumasse queste fragili corolle. Io ho saputo da poco di questa strage. Ma non ne ho avuto lo sdegno che ne ebbero i servi agricoltori. Ho pensato, anzi, che era giusto offrirti tutte le bellezze del creato, a Te, Re di tutte le cose».

Gesù si siede sorridendo al suo posto e guarda Maria, che insieme alla sorella si appresta a servire come fosse un’ancella, porgendo le coppe della purificazione e gli asciugatoi, e poi versando il vino nei calici e posando i vassoi di vivande sulla tavola man mano che i servi li portano dalle cucine o li porgono, dopo averli scalcati sulle credenze.

Naturalmente, se le sorelle servono con cortesia tutti i commensali, la loro premura è specialmente concentrata sui due commensali che sono a loro dilettissimi: Gesù e Lazzaro.

586.3

Ad un certo punto Pietro, che mangia di gusto, osserva: «Guarda! Mi accorgo ora! Tutti piatti come si usa in Galilea. Mi sembra… Ma sì! Mi sembra di essere ad un pranzo di nozze. Però qui non manca il vino come mancò a Cana».

Maria sorride mescendo all’apostolo un nuovo calice di vino ambrato e limpidissimo. Ma non parla.

È ancora Lazzaro che spiega: «Questo fu infatti il pensiero delle sorelle, e specie di Maria: dare una cena in cui il Maestro avesse l’impressione di essere nella sua Galilea, certo migliore, molto migliore, sebbene essa pure imperfetta, di ciò che non siano questi luoghi…».

«Ma per fargli pensare questo ci sarebbe voluta Maria a questa tavola. A Cana c’era. Per Lei avvenne il miracolo», osserva Giacomo d’Alfeo.

«Doveva essere un gran vino quello!».

«Vino è simbolo di allegria e dovrebbe esserlo anche di fecondità, essendo il vino succo della feconda vite. Ma non mi sembra che abbia fecondato molto. Susanna[1] non ha un figlio», dice l’Iscariota.

«Oh! se era un vino! Ci ha fecondati nello spirito…», dice Giovanni sognante un poco, come è sempre quando contempla nel suo interno i miracoli operati da Dio. E termina: «Per una vergine è stato fatto… e influsso di purezza scese in chi lo gustò».

«Ma credi Susanna vergine?», chiede ridendo l’Iscariota.

«Non ho detto questo. Vergine è la Madre del Signore. Verginità si emana da tutto ciò che per Lei si è compiuto. Sempre io penso come sono verginizzanti tutte le cose che per Maria si fanno…», e sogna di nuovo, sorridendo a chissà che visione.

«Beato quel ragazzo! Io credo che non ricorda più neppure il mondo, ora. Osservatelo», dice Pietro indicando Giovanni che, sdraiato sul suo lettuccio, smuove sopra pensiero dei pezzetti di pane dimenticandosi di mangiare.

Anche Gesù si curva un poco per guardare Giovanni, che è a un angolo del lato della tavola messa a U, e perciò un poco dietro alle spalle del Signore, che è al centro del lato centrale, avendo suo cugino Giacomo a sinistra e Lazzaro a destra, e dopo Lazzaro è lo Zelote e Massimino, come dopo Giacomo è l’altro Giacomo e Pietro. Giovanni, invece, è fra Andrea e Bartolomeo, poi è Tommaso, avendo di fronte Giuda, Filippo e Matteo e il Taddeo, che è proprio all’angolo dove la tavola lunga, centrale, incomincia.

586.4

Maria di Lazzaro esce dalla sala, mentre Marta mette sulla tavola dei vassoi colmi di fiori di fichi novelli, di verdi steli di finocchio e mandorle fresche sgusciate, fragoloni o lamponi, che so io, che sembrano ancor più rossi in mezzo agli smeraldi pallidi dei finocchi e delle fiore e al latteo delle mandorle, dei piccoli poponi o altro frutto del genere… mi sembrano quei poponi verdi della bassa Italia, e aranci dorati.

«Già di questi frutti? Non ne ho visti in nessun luogo di maturi», dice sgranando gli occhi Pietro, accennando le fragole e i poponi.

«Sono venuti in parte dalle sponde oltre Gaza, dove ho un orto di questi prodotti, e parte dalle terrazze solari che ho sopra la casa, i vivai delle pianticine più delicate che occorre proteggere dal gelo. Me ne insegnò l’uso un amico romano… Non mi insegnò che questo di buono…». Lazzaro si incupisce. Marta sospira… Ma Lazzaro torna subito il perfetto ospite che non dà tristezze ai suoi invitati: «Molto si usa, nelle ville di Baia e Siracusa e lungo l’arco di Sibari, coltivare di queste delizie con questo metodo per averle precocemente. Mangiate: gli ultimi frutti negli aranci libici, i primi nei poponi d’Egitto cresciuti nei solari e in queste frutta latine, e le mandorle bianche della nostra patria, le fave tenere, i digestivi steli che sanno d’anaci…

586.5

Marta, hai pensato al bambino?».

«A tutti ho pensato. Maria si è commossa ricordando l’Egitto…».

«Ne avevamo qualche pianta nel povero orto. Nei grandi caldi era una festa immergere i poponi nel pozzo del vicino, che era fondo e freddo, e mangiarne la sera… Ricordo… E avevo una capretta golosa che bisognava guardare, perché era ghiotta delle piante e delle frutta tenerelle…». Gesù, che parlava a capo un po’ chino, alza la testa e guarda le palme stormenti nel vento della sera che cala: «Quando vedo quelle palme… Sempre che vedo le palme, rivedo l’Egitto, la sua terra gialla e sabbiosa che il vento smuoveva così facilmente, e lontano tremolavano nell’aria rarefatta le piramidi… e i fusti alti dei palmizi… e la casa dove… Ma è inutile dire. A ogni tempo il suo affanno… E con il suo affanno la sua gioia… Lazzaro, mi daresti qualcuno di questi frutti? Li vorrei portare a Maria e Mattia. Non credo che Giovanna ne abbia».

«Non ne ha. Lo diceva ieri proponendosi di metterne a Bétèr, facendo costruire i solari. Ma non te li do ora. Ho colto quanti ne avevo e per qualche giorno mancano dei frutti maturi. Te li manderò, oppure mandali a prendere entro giovedì. Ne prepareremo un grazioso canestro per quei fanciulli. Non è vero, Marta?».

«Sì, fratello mio. E vi metteremo i piccoli gigli delle convallarie, che a Giovanna piacciono tanto».

586.6

Rientra Maria Maddalena. Ha nelle mani un’anfora dal­l’esile collo, terminante in un beccuccio, aggraziato come gola di uccello. L’alabastro è di un prezioso colore giallo rosato, come certe carni di bionde.

Gli apostoli la guardano, forse credendo che porti qualche ghiottoneria rara. Ma Maria non va al centro, fra l’U della tavola, dove è la sorella. Passa dietro i sedili-lettucci, va a collocarsi fra quello di Gesù e Lazzaro e quello dove sono i due Giacomi. Stura il vaso d’alabastro e pone la mano sotto il beccuccio, raccogliendo alcune gocce di un liquido filante che geme lentamente dall’anfora aperta. Un acuto odore di tuberose e altre essenze, un profumo intenso e buonissimo, si sparge per la sala. Ma Maria non è contenta di quel poco che viene. Si china e infrange con un colpo sicuro il collo dell’anfora contro lo spigolo del lettuccio di Gesù. Il collo esile cade a terra spargendo sui marmi del pavimento gocce profumate. Ora l’anfora ha un’ampia bocca e l’esuberanza dell’unguento ne trabocca in righe pesanti.

Maria si pone alle spalle di Gesù e sparge l’olio spesso sul capo del suo Gesù, ne cosparge tutte le ciocche, le stende e poi le ravvia col pettine che si leva dai capelli, le ricompone in ordine sul capo adorato. La testa biondo-rossa di Gesù splende come un oro cupo, lucidissimo dopo quest’unzione. La luce del lampadario, che i servi hanno acceso, si riflette sul capo biondo di Cristo come su un casco di un bronzo ramato bellissimo. Il profumo è inebbriante. Penetra nelle nari, sale al capo, quasi è stuzzicante come una polvere starnutatoria tanto è acuto, sparso così senza misura.

Lazzaro, col capo girato all’indietro, sorride vedendo con qual cura Maria unge e ravvia le ciocche di Gesù perché il suo capo appaia ordinato dopo l’odorosa frizione, mentre non si cura che le sue trecce, non più sorrette dal largo pettine che aiuta le forcine nel loro compito, stanno abbassandosi sempre più sul collo, prossime ad allentarsi del tutto giù per le spalle. Anche Marta guarda e sorride. Gli altri parlano fra loro a bassa voce e con diverse espressioni sul viso.

Ma Maria non è sazia ancora. Vi è ancora molto unguento nel vaso spezzato, e i capelli di Gesù, per quanto siano folti, ne sono già saturi. Allora Maria ripete il gesto[2] d’amore di una sera lontana. Si inginocchia ai piedi del lettuccio, scioglie le fibbie dei sandali di Gesù e scalza i piedi di Lui e, tuffando le lunghe dita della bellissima mano nel vaso, ne trae quanto più unguento può, e lo stende, lo sparge sui piedi nudi, dito per dito, poi la pianta e il calcagno e su, al malleolo, che scopre gettando indietro la veste di lino, per ultimo sul dorso dei piedi, indugia là sui metatarsi dove entreranno i chiodi tremendi, insiste sinché non trova più balsamo nel cavo del vasello, e allora lo infrange al suolo e, libere le mani, si spunta le grosse forcine, si scioglie svelta le trecce pesanti e asporta, con quella matassa d’oro, viva, morbida, fluente, quanto supera dell’unzione dai piedi, stillanti balsamo, di Gesù.

586.7

Giuda — fin qui aveva taciuto, osservando con sguardo impuro di lussuria e di invidia la bellissima donna e il Maestro che ella ungeva sul capo e sui piedi — alza la voce, unica voce di aperto rimprovero; gli altri, non tutti ma alcuni, avevano avuto qualche mormorio o gesto di disapprovazione stupita ma anche pacata. Ma Giuda, che si è alzato anche in piedi per vedere meglio l’unzione sparsa sui piedi di Cristo, dice con mal garbo: «Quale inutile e pagano sciupìo! Perché farlo? E poi non si vuole che i Capi del Sinedrio mormorino di peccato! Codesti sono atti di cortigiana lasciva e non si addicono alla nuova vita che tu conduci, o donna. Troppo ricordano il tuo passato!».

L’insulto è tale che tutti restano sbalorditi. È tale che tutti si agitano, chi sedendosi sui lettucci, chi balzando in piedi, tutti guardando Giuda come fosse uno impazzito d’improvviso.

Marta avvampa. Lazzaro si alza di scatto picchiando un pugno sul tavolo e dice: «In casa mia…», ma poi guarda Gesù e si frena.

«Sì. Mi guardate? Tutti avete mormorato in cuor vostro. Ma ora, perché io mi sono fatto vostra eco e ho detto apertamente ciò che pensavate, ecco che siete pronti a darmi torto. Ripeto ciò che ho detto. Non voglio già dire che Maria sia l’amante del Maestro. Ma dico che certi atti non si convengono né a Lui né a lei. È un’azione imprudente. E ingiusta, anche. Sì. Perché questo spreco? Se ella voleva distruggere i ricordi del suo passato, poteva dare a me quel vaso e quell’unguento. Almeno una libbra di nardo puro era! E di gran pregio. Lo avrei venduto per trecento denari al minimo, ché un nardo di tal pregio va su quel prezzo. E potevo vendere il vaso che era bello e prezioso. Avrei dato ai poveri, che ci assediano, questi denari. Non bastano mai. E domani, a Gerusalemme, senza numero saranno quelli che chiedono un obolo».

«Questo è vero!», assentono gli altri. «Potevi usarne un poco per il Maestro e l’altro…».

586.8

Maria di Magdala è come fosse sorda. Continua a detergere i piedi di Cristo con i suoi capelli sciolti, che ora, giù nel basso, sono pesanti di unguento essi pure e più scuri che sull’alto del capo. I piedi di Gesù sono lisci e morbidi nel loro color di avorio vecchio, come fossero coperti di un’epidermide novella. E Maria calza di nuovo i sandali al Cristo e bacia ogni piede prima e dopo di averlo calzato, sorda ad ogni cosa che non sia il suo amore per Gesù.

Il quale la difende posandole una mano sulla testa, curva nell’ultimo bacio, e dicendo: «Lasciatela fare. Perché le date pena e molestia? Voi non sapete ciò che ella ha fatto. Maria ha compiuto un’azione doverosa e buona verso di Me. I poveri saranno sempre fra voi. Io sto per andarmene. Essi li avrete sempre, ma Me presto non mi avrete più. Ai poveri potrete dare sempre un obolo. A Me fra poco, al Figlio dell’uomo fra gli uomini, non sarà più possibile dare onore alcuno, per volere di uomini e perché l’ora è venuta. L’amore le è luce. Ella sente che Io sto per morire e ha voluto anticipare al mio corpo le unzioni per la sepoltura. In verità vi dico che là dove sarà predicata la Buona Novella sarà fatta ricordanza di questo suo atto d’amore profetico. In tutto il mondo. In tutti i secoli. Volesse Iddio far di ogni creatura un’altra Maria, che non calcola valore, che non nutre attaccamento, che non serba un ricordo anche minimo del passato, ma distrugge e calpesta ogni cosa della carne e del mondo, e si infrange e si sparge, come fece del nardo e dell’alabastro, sul suo Signore, e per amore di Lui.

Non piangere, Maria. Io te le ripeto in quest’ora le parole dette a Simone fariseo[3] e a Marta tua sorella: “Tutto ti è perdonato perché tu hai saputo amare totalmente”. “Tu hai scelto la parte migliore. E non ti verrà tolta”. Va’ in pace, mia dolce pecorella ritrovata. Va’ in pace. I pascoli dell’amore saranno il tuo cibo in eterno. Alzati. Bacia anche le mie mani che ti hanno assolta e benedetta… Quanti hanno assolto, benedetto, guarito, beneficato, queste mie mani! Eppure Io vi dico che il popolo che Io ho beneficato sta apprestando a queste mani la tortura…».

586.9

Si fa un silenzio pesante, nell’aria pesante dell’acuto profumo. Maria, i capelli sciolti sulle spalle a farle manto e sul volto a farle velo, bacia la destra che Gesù le porge e non sa staccare da essa le labbra…

Marta, commossa, le viene vicino e le raccoglie i capelli disciolti, li intreccia carezzandola poi e stendendole il pianto sulle gote nel tentativo di asciugarlo…

Nessuno ha più voglia di mangiare… Le parole di Cristo fanno pensosi.

Il primo ad alzarsi è Giuda d’Alfeo. Chiede licenza di ritirarsi. Giacomo suo fratello lo imita e così fanno Andrea e Giovanni. Restano gli altri, ma già in piedi, intenti a purificarsi le mani ai bacili d’argento che i servi porgono loro. Maria e Marta lo fanno col Maestro e con Lazzaro.

586.10

Entra un servo e si china a parlare a Massimino. «Mae­stro», dice questo dopo averlo ascoltato, «ci sono delle persone che vorrebbero vederti. Vengono di lontano, dicono. Che facciamo?».

Gesù chiama Filippo, Giacomo di Zebedeo e Tommaso, e ordina: «Andate, evangelizzate, guarite, fate in mio Nome. Annunciate che domani salirò al Tempio».

«Sarà bene dirlo, questo, Signore?», chiede Simone Zelote.

«È inutile tacerlo poiché già è detto, dai nemici più che dagli amici, nella Città santa. Andate!».

«Uhm! Finché lo sanno gli amici… si sa. Ma essi non tradiscono. Io non so come possano saperlo gli altri».

«Fra i molti amici è sempre qualche nemico, Simone di Giona. Troppi ormai sono… gli amici, e con troppa facilità vengono accolti per tali. Se penso quanto dovetti pregare e attendere io!… Ma erano i primi tempi e si era guardinghi. Poi i trionfi abbagliarono e non si fu più guardinghi. E fu male. Ma ciò avviene a tutti i vincitori. Le vittorie offuscano la limpidezza del vedere e indeboliscono la prudenza nell’agire. Parlo di noi discepoli, naturalmente. Non del Maestro. Egli è perfetto. Fossimo rimasti noi dodici, non si dovrebbe tremare per tema di tradimenti!», mente spudoratamente Giuda di Keriot.

È indescrivibile lo sguardo che Cristo posa sull’apostolo traditore. Uno sguardo di richiamo e di dolore infiniti. Ma Giuda non lo raccoglie. Passando davanti alla tavola, si avvia per uscire…

586.11

Gesù lo segue con lo sguardo e, quando lo vede proprio uscire, gli chiede: «Dove vai?».

«Fuori…», risponde evasivamente Giuda.

«Fuori da questa stanza, o fuori da questa casa?».

«Fuori… Così… A camminare un poco».

«Non andare, Giuda. Resta con Me, con noi…».

«Sono andati via i tuoi fratelli e Giovanni con Andrea. Perché non devo andare io?».

«Tu non vai a riposare come loro…».

Giuda non risponde, ma esce caparbio. Le parole si sono taciute nella sala. Gli ospiti e i quattro apostoli rimasti — Pietro, Simone, Matteo e Bartolomeo — si guardano fra loro.

Gesù guarda fuori. Si è alzato andando ad una finestra per seguire le mosse di Giuda e, quando lo vede uscire dalla casa col mantello già indossato e avviarsi verso il cancello che da qui non si vede, lo chiama forte: «Giuda! Attendimi. Ti devo dire una cosa», e respinge dolcemente Lazzaro che, intuendo un dolore nel suo Maestro, lo aveva cinto con un braccio alla vita; ed esce dalla sala, raggiungendo Giuda che ha continuato a camminare sebbene più lentamente.

586.12

Lo raggiunge a un buon terzo della distanza tra la casa e la cinta del giardino, presso un boschetto di piante dalle spesse foglie, che sembrano di ceramica verde cupa tutta spruzzata di piccoli fiori a ciocche, e ogni fiore è una crocetta con petali pesanti come fossero fatti di cera appena ingiallita, dal profumo intenso. Non ne so il nome. Lo attira dietro quel folto e, sempre tenendogli la mano stretta sull’avambraccio, gli torna a chiedere: «Dove vai, Giuda? Te ne prego, resta qui!».

«Tu che sai tutto perché me lo chiedi? Che bisogno hai di chiedere, Tu che leggi nel cuore degli uomini? Lo sai che vado dai miei amici. Non mi concedi di andarvi. Essi mi sollecitano. Vado».

«I tuoi amici! La tua rovina, devi dire! Tu vai a quella. Vai ai tuoi veri assassini. Non andare, Giuda! Non andare! Tu vai a commettere un delitto… Tu…».

«Ah! hai paura?! Hai finalmente paura?! Ti senti uomo, finalmente! Sei un uomo! Nulla più di un uomo! Perché solo l’uomo ha paura della morte. Dio sa che non può morire. Se ti sentissi Dio, sapresti che non potresti morire e non avresti paura. Perché Tu, ora, ora che ti senti vicina la morte, l’hai questa paura comune a tutti gli uomini, e cerchi, con tutti i mezzi, di allontanarla, e vedi da per tutto e in ogni cosa un pericolo. Dove sono le tue belle audacie? Dove le proteste sicure di esser contento, di essere sitibondo di compiere il Sacrificio? Non ne hai più neppure un’eco in cuore! Credevi che non venisse mai quest’ora, e allora facevi il forte, il generoso, dicevi le frasi solenni. Va’! Non sei da meno di quelli che Tu rimproveri come ipocriti! Ci hai lusingati e traditi. E noi che avevamo per Te lasciato ogni cosa! Noi che per causa tua siamo odiati! Tu sei la causa della nostra rovina…».

«Basta. Va’! Va’! Non sono passate molte ore che tu mi hai detto: “Aiutami a rimanere. Difendimi!”. L’ho fatto. A che è giovato? Dimmi ancora una cosa, e rifletti prima di dirla. È questa la tua pura volontà? Questa di andare dai tuoi amici, di preferirli a Me?».

«Sì. È questa. Non ho bisogno di riflettere, perché da tempo non ho che questa volontà».

«E allora va’. Dio non violenta la volontà dell’uomo», e Gesù gli volge le spalle tornando lentamente verso la casa.

586.13

Quando è prossimo ad essa, alza il capo attirato dallo sguardo che Lazzaro, ritto al posto di prima, tiene puntato su Lui. Ed è un ben pallido viso quello che si sforza di sorridere all’amico fedele.

Rientra nella sala dove i quattro apostoli parlano con Massimino, mentre Marta e Maria dirigono il lavoro dei servi, che riordinano la sala levando le stoviglie e le biancherie usate nel convito.

Lazzaro è andato sulla soglia e ha cinto di nuovo Gesù alla cintura e, passando presso un servo, gli dice: «Portami quel rotolo che è sul tavolo della mia stanza di lavoro».

Conduce Gesù su uno di quegli ampi sedili che sono nell’incassatura delle finestre, perché si sieda. Ma Gesù resta in piedi, sforzandosi di prestare attenzione a quanto gli dice Lazzaro… ma è visibile che il suo pensiero è altrove e che il suo cuore è molto afflitto benché, quando si accorge di essere osservato dagli apostoli, sorrida per dissipare il sospetto che è nel cuore di chi lo ha avvicinato circondandolo e che bisbiglia col vicino e ammicca accennando al Maestro.

Il servo torna col rotolo e Pietro, visto che quelle pergamene contengono cose più alte di quanto la sua testa possa capire, si ritira dicendo: «I pesci non abboccano a certi cibi. Meglio parlare con Massimino[4] di piante e colture».

Marta continua il suo lavoro.

586.14

Maria, anche tacendo, prende parte ai discorsi di Lazzaro, che segnala al Maestro alcuni punti scritti sulle pergamene, dicendo: «Non ha una preveggenza singolare questo pagano? Più che molti fra noi. Forse… se fosse stato qui, mentre Tu sei il Maestro nostro, sarebbe stato fra i tuoi discepoli, e uno dei migliori. E ti avrebbe capito come molti fra noi non sanno. E quale poema avrebbe tratto al suo genio l’ammirazione per Te! Le tue parole raccolte e conservate da uno spirito che è luminoso pur essendo di pagano! La tua vita descritta da questo intelletto aperto e limpido! Noi non abbiamo più scrittori e poeti. Tu sei nato tardi. Quando l’egoismo della vita e la corruzione religioso-sociale hanno estinto in noi poesia e genio. Ciò che senza conoscerti hanno scritto di Te i nostri sapienti e profeti non ha trovato riscontro nella voce viva di un tuo seguace. I tuoi prediletti, i tuoi fedeli sono, per la più parte, gente senza istruzione. E gli altri… No.

Non abbiamo più degli scioelet[5] (dico come è pronunciato) per tramandare alle folle le tue sapienze e la tua figura. Non li abbiamo più, perché manca lo spirito e la volontà più che la capacità di farlo. La parte umanamente più eletta di Israele è sorda come una tromba guastata e non sa più cantare le glorie e meraviglie di Dio. Il mio timore è che tutto si perda o venga alterato, parte per incapacità, parte per malvolere…».

«Non accadrà. Lo Spirito del Signore, quando sarà stabilito nell’interno dei cuori, ripeterà le mie parole e ne spiegherà il significato. È lo Spirito di Dio Colui che parla sulle labbra del Cristo. Poi… Poi parlerà direttamente agli spiriti e ricorderà le mie parole».

586.15

«Oh! fosse presto! Presto, poiché le tue parole sono così poco ascoltate e meno capite. Io penso che violento come fuoco che divampi sarà il ruggire dello Spirito di Dio per scolpire nelle menti, con la violenza, ciò che non vollero accogliere perché era dolce e mite. Io penso che il fiammeggiante Spirito brucierà con le sue fiamme le tiepide o torpide coscienze, scrivendo su esse le tue parole. Il mondo dovrà amarti. L’Altissimo lo vuole! Ma quando sarà?», dice la Maddalena col suo solito impeto[6].

«Quando Io mi sarò consumato nel Sacrificio d’amore. Allora l’Amore verrà. Sarà come la fiamma bella che si alza dalla Vittima immolata. E non si spegnerà questa fiamma, perché non cesserà il Sacrificio. Stabilito che sia, durerà per tutto il tempo della Terra».

«Ma allora… Tu dovresti proprio essere immolato perché ciò avvenisse!».

«Così è». Gesù ha il suo gesto solito di adesione alla propria sorte. Allarga le braccia con le mani rivolte in fuori e china il capo. Poi lo rialza per sorridere a Lazzaro afflitto e dice: «Però non sarà violenta come un ruggito la voce immateriale dello Spirito di Amore, ma sarà dolce come l’amore, il quale è soave come vento di nisam eppure è forte come la morte. L’ineffabile ministero dell’Amore! Il complemento, il completamento del mio ministero. La perfezione del mio ministero di Maestro… Io non temo, come tu temi, o Maria, che nulla[7] si perda di quanto ho dato. Anzi, in verità ti dico che raggi di luce saranno gettati sulle mie parole e ne vedrete lo spirito. Io me ne vado serenamente, perché affido la mia dottrina allo Spirito Santo e il mio spirito al Padre mio».

586.16

Curva il capo pensando e poi, posato il rotolo, che ha originato la conversazione, su una specie di alta credenza o cofano d’ebano o di altro legno scuro, tutta a intarsi di avorio giallastro, che quattro servi hanno portato dalla stanza vicina e nella quale Marta sta ordinando la disposizione delle stoviglie più preziose, dice: «Lazzaro, vieni fuori. Ho bisogno di parlarti!».

«Subito, Signore», e Lazzaro si alza dal sedile su cui si era seduto e segue Gesù nel giardino che imbruna, morendo in cielo l’ultima luce del giorno ed essendo ancor troppo tenue il primo albore lunare che si manifesta appena.

586.17

«Qui», dice Gesù, «metterai la visione del 2 marzo 1945:

“L’ad­dio a Lazzaro”. Dal punto[8]: “Gesù cammina dirigendosi oltre il giardino, là dove è il sepolcro che fu di Lazzaro”».


Notes

  1. Suzanne, désormais disciple, est mentionnée en 51.1/2 comme étant l’épouse des noces de Cana, auxquelles le chapitre 52 est consacré.
  2. son geste d’amour, décrit en 236.2/3.
  3. à Simon le pharisien, en 236.4, et à Marthe, en 377.5.
  4. Qohélet : Les juifs appelaient ainsi, note Maria Valorta sur une copie dactylographiée, ceux qui s’adressaient aux assemblées. Les livres sapientiels sont composés des paroles des “ Qohélets ” recueillies dans les rouleaux de l’Ecriture.
  5. à partir de ce passage : Nous reprenons au contraire la vision depuis son début, comme en 174.10.

Note

  1. Susanna, ora discepola, è menzionata in 51.1/2 come la sposa delle nozze di Cana, cui è dedicato il capitolo 52.
  2. il gesto, descritto in 236.2/3.
  3. le parole dette a Simone fariseo, in 236.4; e a Marta, in 377.5.
  4. Massimino, invece di Massimo, è correzione di MV su una copia dattiloscritta.
  5. scioelet: Gli ebrei — annota MV su una copia dattiloscritta — chiamavano così coloro che parlavano alle adunanze. I libri sapienziali sono composti delle parole degli scioelet raccolte nei rotoli delle Scritture.
  6. dice la Maddalena col suo solito impeto, e o Maria di 16 righe più sotto, sono due aggiunte di MV su una copia dattiloscritta. Altrimenti sembrerebbe che fosse ancora Lazzaro a parlare con Gesù.
  7. nulla deve qui intendersi nel significato positivo di qualcosa o alcunché, per coerenza con l’affermazione “non temo, come tu temi…”.
  8. Dal punto… Invece riportiamo la visione dall’inizio, come in 174.10.