Os Escritos de Maria Valtorta

98. Rencontre avec Marie-Madeleine sur le lac, et enseignement aux disciples aux environs de Tibériade.

98. Encontro com Madalena no lago

98.1

Jésus est avec tous les disciples. Ils sont désormais treize à eux seuls, plus lui. Ils sont sept par barque sur le lac de Galilée. Jésus est dans celle de Pierre, la première, avec Pierre, André, Simon, Joseph et les deux cousins. Dans l’autre se trouvent les deux fils de Zébédée avec les autres : Judas, Philippe, Thomas, Nathanaël et Matthieu.

Les barques avancent rapidement à la voile, poussées par un frais vent du nord qui forme sur l’eau une multitude de rides légères, à peine soulignées par des lignes d’écume qui dessinent une sorte de tulle sur le bleu turquoise de ce beau lac paisible. Elles avancent, laissant derrière elles deux sillages qui se rejoignent à la base, fondant leurs joyeuses écumes en une seule trace riante à la surface de l’eau. Elles voguent en effet de conserve, celle de Pierre précédant les autres d’à peine deux mètres.

De barque à barque, distantes de quelques mètres l’une de l’autre, on échange conversations et réflexions. J’en déduis que les Galiléens montrent et expliquent aux Judéens les détails du lac, leurs commerces, les personnalités qui y habitent, les distances entre les points de départ et d’arrivée, c’est-à-dire Capharnaüm et Tibériade. Ces barques ne servent pas à la pêche, mais au transport des personnes.

Jésus est assis à la proue. Il jouit visiblement de la beauté qui l’entoure, du silence, de tout ce bleu pur du ciel et des eaux, encadré de vertes rives où s’éparpillent des villages tout blancs sur fond de verdure. Il s’abstrait des conversations des disciples, car il est tout à l’avant, presque allongé sur un tas de voiles, le visage souvent incliné sur ce miroir de saphir qu’est le lac, comme s’il en étudiait le fond et s’intéressait à tout ce qui vit dans ses eaux si limpides. Mais qui sait à quoi il pense… Pierre l’interroge par deux fois pour savoir si le soleil le dérange car il est tout à fait levé à l’orient et atteint en plein la barque par son rayonnement, pas encore brûlant mais déjà chaud. Une seconde fois, il lui demande s’il veut aussi du pain et du fromage comme les autres. Mais Jésus ne veut rien, ni toile ni pain, et Pierre le laisse en paix.

98.2

Un groupe de frêles esquifs que l’on emploie pour se promener sur le lac, des sortes de chaloupes, mais ornées de riches baldaquins pourpres et de bons coussins, coupe la route aux barques des pêcheurs. Bruits, éclats de rire, parfums passent avec elles. Ils sont pleins de belles femmes et de joyeux Romains et Palestiniens, mais plutôt des Romains ou du moins peu de Palestiniens, car il doit y avoir aussi quelques Grecs. Je le déduis des paroles d’un jeune homme maigre, élancé, brun comme une olive presque mûre, et tout pomponné. Il porte un court vêtement rouge, bordé en bas par une lourde grecque et serré à la taille par une ceinture qui est un chef-d’œuvre d’orfèvrerie. Il dit :

« L’Hellade est belle, mais mon olympique patrie n’a tout de même pas ce bleu azur ni ces fleurs. Et vraiment, il ne faut pas s’étonner si les déesses l’ont abandonnée pour venir ici. Effeuillons sur les déesses, non plus grecques mais juives, les fleurs, les roses et nos hommages… »

Et il jette sur les femmes de sa barque des pétales de roses splendides et d’autres sur la barque voisine. Un Romain répond :

« Effeuille, effeuille, Grec ! Mais Vénus est avec moi. Moi, je n’effeuille pas les roses, je les cueille sur cette belle bouche. C’est plus doux ! »

Et il se penche pour embrasser, sur sa bouche souriante, Marie de Magdala à demi allongée sur les coussins, sa tête blonde sur le sein du Romain.

Mais ces frêles embarcations arrivent directement sur les lourdes barques et, que ce soit à cause de la maladresse des rameurs ou en raison du vent, il s’en faut de peu qu’elles ne se heurtent.

« Faites attention si vous tenez à la vie », s’écrie Pierre, furieux, tout en virant par un coup de barre pour éviter le choc.

Insultes des hommes et cris d’épouvante des femmes circulent d’une barque à l’autre. Les Romains invectivent les Galiléens :

« Ecartez-vous, chiens de juifs que vous êtes. »

Pierre et les autres Galiléens ne laissent pas passer l’injure : Pierre en particulier, rouge comme la crête d’un coq, debout sur le bord de la barque qui tangue fortement, les mains sur les hanches, répond coup pour coup, n’épargnant ni Romains, ni Grecs, ni juifs, ni juives. Au contraire il leur adresse toute une collection d’appellations honorifiques que je ne retranscrirai pas. La prise de bec dure, tant que l’enchevêtrement des quilles et des rames n’est pas débrouillé, puis chacun va son chemin.

98.3

Jésus n’a jamais changé de position. Il est resté assis, absent, sans dire mot et sans aucun regard pour les barques et leurs occupants. Appuyé sur le coude, il a continué de regarder la rive lointaine comme s’il ne se passait rien. On lui lance une fleur. Je ne sais d’où elle vient, certainement d’une des femmes, car j’entends l’éclat de rire qui accompagne son geste. Mais lui… rien. La fleur le frappe presque au visage et tombe sur les planches, allant terminer sa course aux pieds du bouillant Pierre.

Quand les petites barques sont sur le point de s’éloigner, je vois que Marie-Madeleine s’est levée et suit la direction que lui in­dique une compagne de vice, braquant ses yeux splendides sur le visage serein et lointain de Jésus. Comme il est loin du monde, ce visage… !

98.4

« Dis, Simon, interpelle Judas, toi qui es Judéen comme moi, réponds-moi. Cette belle blonde, sur le sein du Romain, celle qui vient de se lever, n’est-ce pas la sœur de Lazare de Béthanie ?

– Moi, je n’en sais rien, répond sèchement Simon le Cananéen. Il y a peu de temps que je suis revenu parmi les vivants et cette femme est jeune…

– Tu ne voudrais pas me dire que tu ne connais pas Lazare de Béthanie, j’espère ! Je sais bien que tu es son ami et aussi que tu es allé chez lui avec le Maître.

– Et même si c’était le cas ?

– Etant donné que c’est effectivement le cas, tu dois connaître aussi la pécheresse qui est sœur de Lazare. Même les tombeaux la connaissent ! Il y a dix ans qu’elle fait parler d’elle. A peine pubère, elle s’est montrée légère. Mais depuis quatre ans ! Tu ne peux ignorer le scandale, même si tu étais dans “ la Vallée des Morts ”. Tout Jérusalem en a parlé. Et Lazare s’est alors retiré à Béthanie… Il a bien fait, du reste. Personne n’aurait plus mis les pieds dans son splendide palais de Sion où elle allait et venait encore. Je veux dire : personne de saint. A la campagne… on est au courant ! Et puis, désormais elle est partout sauf chez elle… Maintenant elle est sûrement à Magdala… Elle aura trouvé quelque nouvel amour… Tu ne réponds pas ? Peux-tu me démentir ?

– Je ne démens pas. Je me tais.

– Alors, c’est elle ? Toi aussi, tu l’as reconnue !

– Je l’ai vue enfant. Elle était pure, alors. Je la revois maintenant… Mais je la reconnais. Bien qu’impudique, sa physionomie rappelle celle de sa mère, une sainte.

– Alors pourquoi as-tu presque nié qu’elle était la sœur de ton ami ?

– Nos plaies et celles des proches que nous aimons, on cherche à les cacher, surtout quand on est honnête. »

Judas rit jaune.

98.5

« Tu parles bien, Simon. Et tu es un homme honnête, déclare Pierre.

– Et toi ? Tu l’avais reconnue ? Tu vas certainement à Magdala pour vendre ton poisson, et qui sait combien de fois tu l’as vue !…

– Sache, mon garçon, que lorsqu’on est fatigué par un travail honnête, les femmes n’attirent plus. On aime seulement le lit honnête de son épouse.

– Ah ! Mais ce qui est beau plaît à tout le monde ! N’y aurait-il que cela, on regarde.

– Pourquoi ? Pour dire : “ Ce n’est pas nourriture pour ta table ” ? Non, sais-tu. Le lac et le métier m’ont appris plusieurs choses, et en voici une : poisson d’eau douce et de fond n’est pas fait pour l’eau salée et les tourbillons.

– Qu’est-ce que tu veux dire ?

– Je veux dire que chacun doit rester à sa place pour ne pas mourir de malemort.

– Elle te faisait mourir, Marie-Madeleine ?

– Non, j’ai la peau dure. Mais… si tu me le dis, c’est que, toi, tu te sens mal, peut-être ?

– Moi, je ne l’ai pas même regardée !

– Menteur ! Je parie que tu as bien regretté de ne pas te trouver sur cette première barque pour être plus proche d’elle… Tu m’aurais même supporté pour en être plus près… C’est si vrai que c’est à cause d’elle que tu me fais l’honneur de me parler après tant de jours de silence.

– Moi ? Mais elle ne m’aurait pas même vu ! Elle ne regardait continuellement que le Maître, elle !

– Ha, ha, ha ! Et tu dis que tu ne la regardais pas ! Comment as-tu fait pour voir où elle regardait, si tu ne la regardais pas ? »

Tout le monde rit, sauf Judas, Jésus et Simon le Zélote à la remarque de Pierre.

98.6

Jésus met fin à la discussion qu’il a affecté de ne pas entendre, en demandant à Pierre :

« C’est Tibériade ?

– Oui, Maître. Je vais bientôt accoster.

– Attends, peux-tu te mettre dans cette anse paisible ? Je voudrais vous parler, à vous seulement.

– Je sonde le fond et je vais te le dire. »

Pierre enfonce une longue perche et va lentement vers la rive.

« Oui, je peux, Maître. Puis-je approcher encore davantage ?

– Le plus possible. Il y a de l’ombre et de la solitude. Cela me plaît. »

Pierre pousse jusqu’aux abords du rivage. La terre n’est plus qu’à une quinzaine de mètres, au maximum.

« Maintenant je toucherais le fond.

– Arrête, et vous, venez le plus près possible et écoutez-moi. »

Jésus quitte sa place et vient s’asseoir au centre de la barque sur une banquette qui va d’un bord à l’autre. Il a en face de lui l’autre barque, et autour de lui les disciples de sa barque.

« Ecoutez-moi. Il peut vous paraître que je m’abstrais parfois de vos conversations et que je suis donc un maître paresseux qui ne surveille pas ses élèves. Sachez que mon âme ne vous quitte pas un instant. Avez-vous jamais observé un médecin qui étudie un malade dont la maladie n’est pas encore déterminée et qui présente des symptômes contradictoires ? après l’avoir examiné, il ne le quitte pas des yeux, qu’il dorme ou qu’il veille, le matin comme le soir, qu’il se taise ou qu’il parle, car tout peut être symptôme et indication pour déceler le mal caché et indiquer un traitement. J’en fais autant avec vous. Vous m’êtes reliés par des fils invisibles, mais très sensibles, qui me sont rattachés et me transmettent jusqu’aux plus légères vibrations de votre être. Je vous laisse croire à votre liberté, pour que vous manifestiez toujours plus ce que vous êtes. C’est ce qui arrive quand un écolier ou un maniaque se croit perdu de vue par le surveillant.

98.7

Vous êtes un groupe de personnes, mais vous constituez un noyau, c’est-à-dire une seule chose. Car vous êtes un ensemble complexe qui débute et dont on étudie toutes les caractéristiques, plus ou moins bonnes, pour le former, l’amalgamer, en arrondir les angles, en développer les tendances multiples, et en faire un tout parfait. C’est pour cela que je vous étudie et que je fais sur vous des observations, même pendant votre sommeil.

Qu’êtes-vous ? Que devez-vous devenir ? Vous êtes le sel de la terre. Voilà ce que vous devez devenir : le sel de la terre. Le sel sert à préserver de la corruption les viandes et aussi beaucoup d’autres denrées. Mais le sel pourrait-il saler s’il n’était pas salé ? C’est avec vous que je veux saler le monde pour lui donner une saveur céleste. Mais comment pouvez-vous saler si vous perdez toute saveur ?

Qu’est-ce qui vous fait perdre la saveur céleste ? Ce qui est humain. L’eau de mer, de la vraie mer, n’est pas bonne à boire, tant elle est salée, n’est-ce pas ? Et pourtant, si quelqu’un prend une coupe d’eau de mer et la verse dans une cruche d’eau douce, alors on peut la boire, parce que l’eau de mer est tellement diluée qu’elle a perdu son mordant. L’humanité est comme l’eau douce qui se mélange à votre salinité céleste. Et encore : en supposant qu’il soit possible de dériver un ruisseau de la mer et de l’envoyer dans ce lac, pourriez-vous l’y retrouver ? Non. Il serait perdu dans une trop grande masse d’eau douce. Ainsi en est-il de vous quand vous diluez votre mission – ou plutôt la noyez –, dans tant d’humanité.

Vous êtes des hommes. Je le sais. Mais, moi-même, qui suis-je ? Je suis celui qui a en lui toute force. Et qu’est-ce que je fais ? Je vous communique cette force puisque je vous ai appelés. Mais à quoi sert-il de vous la communiquer si vous la dispersez sous des avalanches de sensations et de sentiments humains ?

Vous êtes et devez être la lumière du monde. Je vous ai choisis, moi, la Lumière de Dieu, pour continuer d’éclairer le monde quand je serai retourné au Père. Mais pouvez-vous donner la lumière si vous êtes des lanternes éteintes ou fumantes ? Non, la fumée incertaine d’un lumignon est pire que sa mort totale et par votre fumée vous obscurciriez cette lueur de lumière que les cœurs peuvent encore garder. Ah ! Malheureux ceux qui, cherchant Dieu, se tournent vers des apôtres qui n’ont, au lieu de lumière, que de la fumée ! Ils en recevront le scandale et la mort. Mais les apôtres indignes subiront malédiction et châtiment.

98.8

Grande est votre destinée ! Mais aussi : grande et redoutable est votre mission ! Rappelez-vous que celui à qui on a donné davantage est tenu de fournir davantage. Et à vous, c’est le maximum qui sera donné en fait d’instruction et de don. Vous êtes instruits par moi, le Verbe de Dieu, et vous recevez de Dieu le don d’être “ les disciples ”, autrement dit les continuateurs du Fils de Dieu. Je voudrais que vous ne cessiez de méditer sur le choix dont vous êtes l’objet, que vous vous examiniez, que vous vous soupesiez… Et si l’un d’entre vous se sent capable d’être seulement fidèle, mais ne trouve pas en lui l’énergie d’un apôtre, qu’il se retire — je ne veux pas même dire : s’il se sent pécheur et endurci, mais simplement : s’il se sent incapable d’être plus que fidèle —.

Pour qui l’aime, le monde est bien vaste, beau, suffisant, varié ! Il offre toutes les fleurs et tous les fruits dont les sens peuvent jouir. Moi, je n’offre rien d’autre que la sainteté. Sur la terre, c’est la voie la plus étroite, la plus pauvre, la plus escarpée, la plus épineuse, la plus persécutée qui soit. Au Ciel, son étroitesse se change en immensité, sa pauvreté en richesse, ses épines en un tapis de roses, son escarpement en un sentier facile et agréable, sa persécution en paix et béatitude. Mais ici bas, c’est un effort héroïque que d’être saint. Moi, je ne vous offre que cela.

Voulez-vous rester avec moi ? Ne vous sentez-vous pas le courage de le faire ? Oh ! Ne vous regardez pas avec cet air étonné et affligé ! Vous m’entendrez encore souvent vous poser cette question. Et quand vous l’entendrez, pensez que mon cœur pleure, parce qu’il est blessé de vous trouver sourds à mon appel. Examinez-vous alors, puis jugez honnêtement et sincèrement, et prenez votre décision. Faites-le pour n’être pas des réprouvés. Dites : “ Maître, mes amis, je me rends compte que je ne suis pas fait pour suivre cette voie. Je vous donne un baiser d’adieu, et je vous dis : priez pour moi. ” Cela vaut mieux que de trahir. Cela vaut mieux…

Que dites-vous ? Trahir qui ? Qui ? Moi. Ma cause, c’est-à-dire la cause de Dieu – car je suis un avec le Père –. De plus, vous vous trahiriez aussi vous-mêmes. Vous trahiriez votre âme en la donnant à Satan. Vous voulez rester juifs ? Moi, je ne vous force pas à changer. Mais ne trahissez pas. Ne trahissez pas votre âme, le Christ et Dieu. Je vous jure que ni moi, ni ceux qui me sont fidèles ne vous critiquerons, ne vous désignerons au mépris des foules fidèles. Il y a peu de temps, un de vos frères a dit une grande parole : “ Nous cherchons à tenir cachées nos plaies et celles des proches que nous aimons. ” Or celui qui se séparerait serait comme une plaie, une gangrène survenue au sein de notre organisme apostolique. Il se détacherait à cause de sa gangrène inguérissable, laissant une cicatrice douloureuse que nous tiendrions cachée avec le plus grand soin.

98.9

Non, ne pleurez pas, vous les meilleurs. Ne pleurez pas. Je n’ai envers vous aucune rancœur et je ne suis pas irrité de vous voir si lents. Je viens de vous appeler et ne puis prétendre à ce que vous soyez déjà parfaits. Je ne le prétendrai même pas après des années, après vous avoir répété des centaines de fois les mêmes choses en vain. Au contraire, écoutez : dans plusieurs années vous serez moins ardents qu’à cette heure où vous êtes néophytes. La vie est ainsi faite… l’humanité également… On perd l’élan après le premier bond. Mais (Jésus s’est brusquement levé) je vous jure que, moi, je vaincrai. Purifiés par une sélection naturelle, fortifiés par un breuvage surnaturel, vous, les meilleurs, deviendrez mes héros, les héros du Christ, les héros du Ciel. La puissance des Césars sera poussière en comparaison de la royauté de votre sacerdoce. Vous, pauvres pêcheurs de Galilée, vous, juifs inconnus, vous, qui n’êtes que des numéros dans la masse des hommes qui vous entourent, vous serez plus connus, acclamés, respectés que des Césars et que tous les Césars que la terre a portés et portera. Vous serez connus, vous serez bénis dans un très proche avenir comme dans les siècles les plus reculés, jusqu’à la fin du monde.

98.10

C’est pour cette sublime destinée que je vous ai choisis. Vous qui avez une honnête volonté et qui avez la capacité de la suivre, je vous donne les lignes essentielles de votre caractère d’apôtres.

Soyez toujours vigilants et prêts. Ayez toujours la ceinture aux reins et vos lampes allumées, comme des gens qui doivent partir d’un moment à l’autre ou courir à la rencontre de quelqu’un qui arrive. En fait, vous êtes, vous serez jusqu’à ce que la mort vous arrête, d’inlassables pèlerins à la recherche de ceux qui errent ; et jusqu’à ce que la mort vous arrête, vous devez tenir votre lampe haute et allumée pour indiquer la route aux égarés qui viennent vers le bercail du Christ.

Vous devez être fidèles au Maître qui vous a préposés à ce service. Le serviteur que le maître trouvera toujours vigilant et que la mort surprend en état de grâce sera récompensé. Vous ne pouvez pas, vous ne devez pas dire : “ Je suis jeune, j’ai le temps de faire ceci et cela ; plus tard, je penserai au Maître, à la mort, à mon âme. ” Les jeunes meurent comme les vieux, les forts comme les faibles. Et les vieux comme les jeunes, les forts comme les faibles, sont également exposés à l’assaut de la tentation. Sachez que l’âme peut mourir avant le corps et que, sans le savoir, vous pouvez porter en votre sein une âme en putréfaction. C’est tellement insensible, la mort d’une âme ! C’est comme la mort d’une fleur. Sans un cri, sans convulsion… elle laisse baisser sa flamme comme une corolle flétrie et elle s’éteint. Après, longtemps après parfois, immédiatement pour un autre, le corps s’aperçoit qu’il porte en lui un cadavre plein de vers. Il devient fou d’épouvante et se tue pour échapper à cette union… Oh, il n’y échappe pas ! Il tombe, vraiment, avec son âme vermineuse sur un grouillement de serpents dans la géhenne.

Ne soyez pas malhonnêtes comme des courtiers ou des avocats qui ménagent deux clients ennemis. Ne soyez pas faux comme des politiciens qui appellent “ ami ” telle ou telle personne, pour s’en montrer ensuite l’ennemi. N’essayez pas de suivre deux manières de faire. On ne se moque pas de Dieu et on ne le trompe pas. Agissez avec les hommes comme vous agissez avec Dieu, car toute offense aux hommes est une offense à Dieu. Ayez le souci que Dieu vous voie tels que vous voulez être vus par les hommes.

98.11

Soyez humbles. Vous ne pouvez reprocher à votre Maître de ne pas l’être. Je vous donne l’exemple. Imitez-moi. Soyez humbles, doux, patients. C’est ainsi que l’on conquiert le monde, non par la violence et la force. Mais soyez forts et violents contre vos vices. Déracinez-les, même s’il vous faut déchirer votre cœur. Je vous ai dit, il y a quelques jours, de veiller sur vos regards. Mais vous ne savez pas le faire. Je vous l’affirme : mieux vaudrait devenir aveugles en vous arrachant des yeux pleins de convoitises, que de devenir luxurieux.

Soyez sincères. Je suis la Vérité. Dans ce qui est spirituel comme dans les réalités humaines. Je veux que vous soyez francs, vous aussi. Pourquoi user de tromperie avec moi, avec des frères, ou avec votre prochain ? Pourquoi s’amuser à tromper ? Quoi ? Orgueilleux comme vous l’êtes, n’avez-vous pas la fierté de dire : “ Je ne veux pas qu’on me découvre menteur ” ? Et soyez francs avec Dieu. Pensez-vous pouvoir le tromper par de longues prières en public ? Ah ! Mes pauvres fils ! Dieu voit le cœur !

Soyez discrets en faisant le bien, et même en faisant l’aumône. Un publicain a su l’être avant sa conversion. Et vous, vous ne sauriez pas l’être ? Oui, je te loue, Matthieu, de ta discrète offrande de chaque semaine que le Père et moi étions seuls à connaître, et je te cite en exemple. Cette réserve est aussi une forme de chasteté, mes amis. Ne découvrez pas votre bonté, comme vous ne découvririez pas une toute jeune fille aux yeux d’une foule. Soyez vierges quand vous faites le bien. Une bonne action est virginale quand elle ne s’allie pas à quelque arrière-pensée de louange ou d’estime, ou à des sentiments d’orgueil.

Soyez des époux fidèles à votre vocation à Dieu. Vous ne pouvez servir deux maîtres. Le lit nuptial ne peut accueillir deux épouses à la fois. Dieu et Satan ne peuvent se partager vos étreintes. L’homme ne peut pas – pas plus que Dieu ou Satan – partager une triple étreinte entre trois êtres en opposition l’un avec l’autre.

Opposez-vous au désir de l’or comme au désir de la chair, au désir charnel comme au désir de puissance. C’est ce que Satan vous offre. Ah ! Ses richesses trompeuses ! Honneurs, réussite, pouvoir, argent : ce sont autant de marchandises impures que vous achetez au prix de votre âme.

Contentez-vous de peu. Dieu vous procure le nécessaire. Cela suffit. Il vous le garantit, comme il le garantit à l’oiseau de l’air, et vous valez beaucoup plus que des oiseaux. Mais il attend de vous confiance et tempérance. Si vous avez confiance, lui ne vous décevra pas. Si vous êtes tempérants, son don quotidien vous suffira.

98.12

Ne soyez pas païens, tout en appartenant de nom à Dieu. Sont païens ceux qui préfèrent l’or et la puissance à Dieu, pour paraître des demi-dieux. Soyez saints et vous serez semblables à Dieu pour l’éternité.

Ne soyez pas intransigeants. Tous pécheurs, il vous faut vous comporter avec les autres comme vous voudriez que les autres se comportent avec vous : c’est-à-dire en étant compatissants et prêts à pardonner.

Ne jugez pas. Oh ! Ne jugez pas ! Cela fait peu de temps que vous êtes avec moi, et pourtant vous voyez combien de fois moi, qui suis innocent, j’ai été à tort mal jugé et accusé de péchés inexistants. Mal juger, c’est offenser. Or seul celui qui est vraiment saint ne répond pas à l’offense par l’offense. Abstenez-vous donc d’offenser pour n’être pas offensés. Vous ne manquerez ainsi ni à la charité, ni à la sainte, chère et douce humilité, cette ennemie de Satan avec la chasteté.

Pardonnez, pardonnez toujours. Dites : “ Je pardonne, Père, pour être pardonné par toi de mes péchés sans nombre. ”

Améliorez-vous sans cesse, avec patience, avec fermeté, héroïquement. Qui vous dit que devenir bon n’est pas pénible ? Je vous l’affirme même : c’est l’effort le plus difficile de tous. Mais le Ciel en est la récompense et il vaut la peine de s’épuiser dans cet effort.

98.13

Enfin, aimez. Ah ! Quels mots, quels mots dois-je trouver pour vous inculquer l’amour ? Aucun n’est capable de vous convertir à l’amour, pauvres hommes que Satan excite ! Alors voilà ce que je dis : “ Père, hâte l’heure de la purification. Cette terre est aride, et ce troupeau, ton troupeau, est malade. Mais il y a une rosée qui peut tout adoucir et purifier. Ouvre, ouvre la source de cette rosée. C’est moi que tu dois ouvrir, moi. Voici, Père. Je brûle d’accomplir ton désir qui est aussi le mien et celui de l’Amour éternel. Père, Père, Père ! Regarde ton Agneau et sois son sacrificateur. ” »

Jésus est réellement inspiré. Debout, les bras en croix, le visage tourné vers le ciel, il se détache avec son blanc vêtement de lin sur le fond bleu du lac comme un archange en prière.

Là dessus, la vision s’évanouit.

98.1

Jesus com todos os seus — já são em treze, e mais Ele — estão, sete em cada barco sobre o lago da Galileia. Jesus está no barco de Pedro, e é o primeiro, junto a Pedro, André, Simão, José e os dois primos. No outro estão os dois filhos de Zebedeu com os restantes, ou seja, Iscariotes, Filipe, Tomé, Natanael e Mateus.

Os barcos velejam ligeiros, impelidos por um vento norte fresco, que mal encrespa a água com tantas pequeninas rugas, sublinhadas por um fio de espuma, que forma um tule sobre o azul turquesa do belo lago sereno. Vão, deixando atrás de si dois sulcos, que nas bases se beijam, confundindo suas alegres espumas em um único riso de águas, porque vão quase juntos, o de Pedro está somente a uns dois metros na frente.

De um barco ao outro, distantes poucos metros entre si, trocam-se palavras e comentários. Por estes eu deduzo que os galileus ilustram e explicam aos judeus os pontos do lago, o comércio que aí fazem, as personalidades que ali habitam, as distâncias do lugar de partida e de chegada, ou seja, Cafarnaum e Tiberíades. Os barcos não estão indo para a pesca, mas estão sendo usados agora somente para o transporte das pessoas.

Jesus está sentado à proa e goza visivelmente da beleza que o circunda, do silêncio, de todo aquele azul puro do céu e das águas as quais formam uma espiral às margens verdes, pontilhadas de povoados inteiramente brancos entre o verde. Ele se aparta das conversações dos discípulos, pois está muito à frente, na proa, quase deitado sobre uma pilha de velas, com a cabeça frequentemente inclinada sobre aquele espelho de safira, que é o lago, como se estudasse o fundo e se interessasse por tudo o que vive naquelas águas tão límpidas. Mas quem sabe o que estará pensando…

Pedro o interroga por duas vezes para saber se o sol — que já se levantou do oriente e atinge em cheio o barco com seus raios, não ainda ardentes mas já quentes — o incomoda; uma outra vez lhe pergunta se não quer pão e queijo como os outros. Mas Jesus não quer nada, nem toldo, nem pão. E Pedro o deixa em paz.

98.2

Um grupinho de pequenos barcos de passeio, parecidos com umas chalupas, mas todos cheios de baldaquinos cor de púrpura e de macias almofadas, atravessa o caminho por onde vão indo os barcos dos pescadores. Com eles passam sons, risadas e perfumes.

Estão cheios de belas mulheres e de alegres romanos e palestinos, mas mais de romanos, ou pelo menos não palestinos, porque alguns deles devem ser gregos; isso é o que deduzo pelas palavras de um jovem magro, elegante, moreno como uma azeitona quase madura, todo enfeitado em uma curta veste vermelha, limitada em baixo por um pesado galão, e presa à cintura por uma cinta que é uma obra-prima do ourives. Ele está dizendo:

– A Grécia é bela! Mas nem mesmo a minha olímpica pátria tem este azul e estas flores. E, na verdade, não é de admirar-se que as deusas a tenham abandonado, para virem aqui. Desfolhemos sobre as deusas, não mais gregas mas judias, as flores, as rosas e as homenagens…

E joga sobre as mulheres de seu barco as pétalas de esplêndidas rosas, e joga outras no barco vizinho.

Um romano responde:

– Desfolha, desfolha, grego! Mas Vênus está comigo. Eu não desfolho, eu colho as rosas nesta bela boca. É mais doce!

E se inclina para beijar Maria de Magdala, sobre a boca aberta pelo riso, que está meio deitada sobre almofadas e com a cabeça loira no colo do romano.

Já os barquinhos estão bem na frente dos barcos pesados, e, ou por imperícia dos remadores, ou por alguma lufada de vento, por pouco não se chocam.

– Fiquem atentos, se dão valor à vida –grita Pedro enfurecido, enquanto vira, dando um tranco com a barra, para evitar o choque. Insultos de homens e gritos de susto das mulheres vão de um barco ao outro.

Os romanos insultam os galileus, dizendo:

– Afastai-vos, cães de hebreus que sois!

Pedro e os outros galileus não deixam passar o insulto e Pedro especialmente, vermelho como um frango, em pé justamente sobre a beira do barco, que balança fortemente, com as mãos nas ilhargas, responde no mesmo tom, não poupando nem romanos nem gregos, nem hebreus, nem hebreias. Ao contrário, a estas dedica um colar de títulos tão honrosos, que minha caneta se recusa a escrever.

O bate-boca durou enquanto o emaranhado das quilhas e dos remos não se desembaraçou e cada um pôde continuar o seu caminho.

98.3

Jesus não mudou de posição. Permaneceu sentado, ausente, sem olhares nem palavras a respeito dos barcos e dos seus ocupantes. Apoiado sobre um cotovelo, continuou a olhar para a praia longínqua, como se nada acontecesse. Também Nele foi jogada uma flor. Não sei por quem, certamente por uma mulher, porque ouvi uma risadinha feminina acompanhar o ato. Mas Ele… nada. A flor quase que lhe atinge no rosto, e cai sobre as tábuas, terminando aos pés do impetuoso Pedro.

Quando os barquinhos estão para se afastarem, vejo Madalena ficar em pé, e, seguindo o rumo indicado por uma companheira de vício, dirige seus olhos brilhantes para o rosto sereno e distante de Jesus. Como está distante do mundo aquele rosto!!

98.4

– Diz, Simão! –interpela Iscariotes–. Tu, que és judeu como eu, responde-me: Aquela belíssima loira que estava no colo do romano, aquela que agora mesmo se tinha posto em pé, não é a irmã de Lázaro de Betânia?

– Eu não sei de nada –responde seco Simão, o cananeu–. Eu voltei para o meio dos vivos faz pouco tempo e aquela mulher é jovem…

– Espero que não me vás dizer que não conheces a Lázaro de Betânia! Sei bem que és amigo dele e que estiveste em sua casa com o Mestre.

– E se assim fosse?

– E posto que assim é, tu deves conhecer também a pecadora, que é irmã de Lázaro. Até os sepulcros a conhecem! Há dez anos que ela dá de falar de si. Desde a puberdade começou a ser leviana. Mas, de quatro anos para cá! Não podes ignorar o escândalo, mesmo que estavas no “vale dos mortos.” Toda Jerusalém falou dele. E então Lázaro se encerrou em Betânia… Afinal, ele faz bem. Ninguém mais teria posto o pé em seu magnífico palácio de Sião, onde ela também ia e vinha. Eu quero dizer: ninguém que fôsse santo. No campo… já se sabe!! E além disso, ela está por toda parte, exceto em sua casa… Agora certamente está em Magdala… estará com qualquer novo amor… Não respondes? Podes desmentir-me?

– Não desminto. Eu me calo.

– Então é ela? Então, tu também a reconheceste!

– Eu a vi, quando era menina e pura. Revejo-a agora… Mas a reconheço. Impudicamente ela reproduz a figura de sua mãe, que era uma santa.

– E então por que estavas quase negando que o teu amigo a tivesse por irmã?

– As nossas chagas e as daqueles que amamos, nós procuramos conservá-las cobertas. Especialmente se formos honestos.

Judas dá um sorriso amarelo.

98.5

– Dizes bem, Simão. E tu és um honesto –observa Pedro.

– E tu a tinhas reconhecido? Certamente vais a Magdala vender o teu peixe, e quem sabe quantas vezes a tens visto!!

– Rapaz, saibas que quando se tem os rins cansados por um trabalho honesto, as mulheres não nos causam mais desejos. Ama-se somente o leito honesto da nossa esposa.

– É. Mas uma mercadoria bonita agrada a todos! Ao menos, se não fôsse para outra coisa, se olha.

– Para que? Para dizer: “Não é alimento para a tua mesa?” Não, de certo. Do lago e do ofício eu aprendi muitas coisas, e uma é esta: que os peixes da água doce e das águas profundas não foram feitos para a água salgada nem para rio turbilhonante.

– Que queres dizer?

– Quero dizer que cada um deve ficar no seu lugar, para não morrer de maneira má.

– A Madalena estava te fazendo morrer?

– Não. Eu tenho o couro duro. Mas… diz-me uma coisa: tu te sentes mal, talvez?

– Eu? Oh! Nem mesmo a olhei!!

– Mentiroso! Aposto que estavas consumido por não estar neste primeiro barco e tê-la mais perto… Terias suportado até a mim para estares mais próximo… Tanto é verdade aquilo que digo, que me estás honrando com a tua palavra, por causa dela, depois de tantos dias de silêncio.

– Eu? Mas não teria nem sido visto! Ela olhava continuamente para o Mestre!

– Ah! Ah! Ah! e diz que não a olhava! Como fizeste para ver onde ela estava olhando, se não a olhavas?

Todos riem, menos Judas, Jesus e o Zelote, diante da observação de Pedro.

98.6

Jesus põe um fim à discussão, que demonstrou não ter ouvido, perguntando a Pedro:

– Aquela é Tiberíades?

– Sim, Mestre. Agora vou fazer a acostagem.

– Espera. Podes levar o barco para aquela enseada tranquila? Eu gostaria de falar a vós somente.

– Eu vou medir a profundidade e saberei dizer a Ti.

E Pedro baixa na água uma vara comprida, e vai devagar em direção à margem:

– Pode-se, Mestre. Devo ir ainda mais para a margem?

– O mais que puderes. Lá há sombra e solidão. Isto me agrada.

Pedro vai até perto do pé do barranco. A terra fica à distância de uns quinze metros, no máximo.

– Agora, eu ancoraria.

– Para. E vós, vinde o mais perto que puderdes, e ouvi.

Jesus deixa o seu lugar e vai sentar-se no centro do barco, sobre um pequeno banco, que vai de uma extremidade a outra. Em sua frente está o outro barco, com os seus ao redor Dele.

– Ouvi. Parecer-vos-á que Eu me abstraía às vezes das vossas conversações, e seja por isso um mestre negligente, que não vigia os seus próprios alunos. Ficai sabendo que a minha alma não vos deixa um só momento. Tereis já visto um médico que estuda um que adoeceu de um mal ainda desconhecido e de sintomas contraditórios? Ele traz o doente sob sua constante observação, depois de cada vez que o visita, e o observa, tanto quando está dormindo, como quando está acordado, de manhã e à noite, quando está calado e quando está falando, porque tudo pode ser sintoma e guia para decifrar qual é a doença escondida, e para indicar o caminho da cura. A mesma coisa faço Eu convosco. Eu vos seguro com fios invisíveis, mas muito sensíveis, que estão enxertados em Mim, e que me transmitem até as mais leves vibrações do vosso eu. Deixo-vos crer que sois livres, para que vos manifesteis sempre mais naquilo que sois, coisa esta que acontece quando um aluno ou um maníaco pensa que o vigilante o perdeu de vista.

98.7

Vós sois um grupo de pessoas, mas formais um núcleo, ou seja, uma só coisa. Por isso, sois um complexo, que toma a forma de um ente, e que é estudado em cada uma das suas características, melhores ou piores, para formá-lo, amalgamá-lo, quebrar-lhe as arestas, aumentá-lo em seus lados poliédricos e fazer dele uma só coisa perfeita. Por isso, Eu vos estudo. E vos estudo até enquanto estais dormindo.

Que é que vós sois? Que é que deveis tornar-vos? Vós sois sal da terra. Isto é o que deveis tornar-vos: sal da terra. Com o sal se preservam as carnes da corrupção e, com a carne, muitas outras mercadorias. Mas poderia o sal salgar, se não fôsse salgado? Convosco Eu quero salgar o mundo, para torná-lo cheio de um sabor celeste. Mas, como podereis salgar, se perderdes vosso sabor?

Que é que vos faz perder o sabor celeste? O que é humano. A água do mar, do verdadeiro mar, não é boa para se beber, de tão salgada que é, não é verdade? No entanto, se alguém pega um copo de água do mar e o despeja em uma bilha de água doce, eis que pode-se bebê-la, porque a água do mar ficou tão diluída, que perdeu a sua acridez. A humanidade é como a água doce, que se mistura com o vosso sal celeste. Ainda que, por uma suposição, se pudesse derivar um rio do mar, e introduzi-lo na água deste lago, poderíeis vós depois reencontrar aquele fio de água salgada? Não. Ele se teria perdido no meio de tanta água doce. Assim acontece convosco, quando imergis a vossa missão, ou melhor, quando a submergis em tanta humanidade.

Vós sois homens. Sim. Eu sei disso. Mas, e Eu quem sou? Sou Aquele que tem consigo toda força. E, que é que Eu faço? Comunico essa força, depois de vos ter chamado. Mas, que adianta Eu comunicá-la, se vós a dispersais sob uma avalancha de sensualidade e de sentimentos humanos?

Vós sois, deveis ser, a luz do mundo. Eu vos escolhi, Eu, a Luz de Deus, dentre os homens, para continuardes a iluminar o mundo depois que Eu tiver voltado para o Pai. Mas podeis vós dar luz, se sois umas lanternas apagadas ou fumacentas? Não, ao contrário, com a vossa fumaça — pior é a fumaça ambígua do que um pavio já completamente apagado — vós obscureceríeis aquele vislumbre de luz, que os corações ainda possam ter. Oh! Infelizes daqueles que, procurando a Deus, dirigir-se-ão aos apóstolos e, em lugar de luz, terão fumaça! Terão deles escândalo e morte. Mas maldição e castigo terão esses apóstolos indignos.

98.8

Grande sorte a vossa! Mas também grande, tremenda responsabilidade! Recordai-vos de que aquele, a quem mais é dado, mais está obrigado a dar. E a vós é dado o máximo, tanto a instrução, como os dons. Sois instruídos por Mim, Verbo de Deus, e recebeis de Deus o dom de ser “os discípulos”, ou seja, os continuadores do Filho de Deus. Eu queria que meditásseis sempre sobre essa vossa eleição e também que vos examinásseis, e ainda vos pesásseis… e se alguém se sente que está apto para ser fiel — não quero nem dizer: se alguém não se sente pecador e impenitente; Eu só digo: se alguém se sente apto para ser somente um fiel — mas não sente em si o nervo de apóstolo, que se retire.

O mundo, para quem é seu amante, é tão vasto, bonito, suficiente e variegado! Oferece todas as flores e todos os frutos adequados para o ventre e para a sensualidade. Eu não ofereço outra coisa, senão a santidade. Esta, na terra, é o que há de mais estreito, pobre, íngreme, espinhoso e perseguido. No Céu sua estreiteza se muda em imensidão, sua pobreza em riqueza, sua espinhosidade em tapete florido, o seu ser íngreme em caminho liso e suave, sua perseguição em paz e felicidade. Mas aqui exige-se a fadiga de um herói para ser santos. E Eu vos ofereço só isto.

Quereis permanecer Comigo? Não vos sentis de fazê-lo? Oh! Não vos olheis admirados e angustiados! Vós me ouvireis fazer ainda muitas vezes esta pergunta. E, quando a ouvirdes, pensai que o meu coração chora ao fazê-la, porque ele fica ferido pela vossa surdez, diante da vocação. Examinai-vos, então, e depois, julgai com honestidade e sinceridade, e decidi-vos. Para não serdes réprobos, decidí. Dizei: “Mestre, amigos, eu reconheço que não fui feito para seguir este caminho. Dou-vos um beijo de despedida e vos digo: rezai por mim.” Melhor assim do que trair. Melhor assim…

Que dizeis? Trair a quem? A quem? A Mim. A minha causa, ou seja, a causa de Deus — porque Eu sou um com o Pai — e vós. Sim. Vós trairíeis. Trairíeis a vossa alma, dando-a a satanás. Quereis permanecer hebreus? Eu não vos obrigo a mudar. Mas não traiais. Não traiais à vossa alma, ao Cristo e a Deus. Eu vos asseguro que nem Eu, nem os que me são fiéis, vos criticarão nem vos exporão ao desprezo das multidões dos fiéis. Há pouco um dos vossos irmãos disse uma grande palavra: “As nossas chagas e as daqueles que nós amamos, procuramos conservá-las escondidas.” E aquele que se separasse seria uma chaga, uma gangrena que, tendo nascido em nosso organismo apostólico, separar-se-ia por gangrena completa, deixando um sinal doloroso que nós, com todo o cuidado, teríamos escondido.

98.9

Não. Não choreis, ó vós, que sois melhores. Não choreis. Eu não guardo rancor de vós, nem sou intransigente por ver que sois tão vagarosos. Faz pouco tempo que fostes escolhidos e não posso pretender que sejais perfeitos. Mas não o pretenderei nem mesmo daqui a alguns anos, depois de haver dito cem e duzentas vezes as mesmas coisas inutilmente. Ao contrário, ouvi: daqui a alguns anos sereis, ao menos alguns, menos ardentes, do que agora que sois neófitos. A vida é assim… A humanidade é assim… Ela perde o impulso, depois do primeiro salto. Mas (Jesus se ergue de repente), mas Eu vos asseguro que vencerei. Purificados por uma seleção natural, fortificados por uma mistura sobrenatural, vós, os melhores, tornar-vos-eis os meus heróis. Os heróis de Cristo. Os heróis do Céu. A potência dos Césares será um pó, diante da realeza do vosso sacerdócio. Vós, pobres pescadores da Galileia, vós, judeus desconhecidos, vós, números entre a massa dos homens presentes, sereis mais conhecidos, aclamados, venerados do que César e do que todos os Césares que teve e terá a terra. Vós conhecidos, vós benditos, em um futuro próximo e no mais remoto dos séculos, até o fim do mundo.

98.10

A esta sublime sorte Eu vos escolho. Vós, que sois honestos na vontade. E para que dessa sorte sejais capazes, vos dou as linhas essenciais do vosso caráter de apóstolos.

Ser sempre vigilantes e prontos. Que os vossos lombos sejam cingidos, sempre cingidos, e as vossas lâmpadas acesas, como estão as daqueles que, de um momento para outro, devem partir ou correr ao encontro de alguém que chega. E, de fato, vós sois, vós sereis, até que a morte vos pare, os incansáveis peregrinos, em busca de quem está errante; e até que a morte apague a vossa lâmpada, ela deve ser mantida alta e acesa, para indicar o caminho aos desviados que vêm em direção ao aprisco de Cristo.

Fiéis deveis ser ao Patrão, que vos pôs à frente deste serviço. Será premiado aquele servo que o Patrão encontrar sempre vigilante, e que for surpreendido pela morte em estado de graça. Não podeis, não deveis dizer: “Eu sou jovem. Tenho tempo de fazer isto e aquilo, e depois pensar no Patrão, na morte e na minha alma.” Morrem os novos como os velhos, os fortes como os fracos. E aos assaltos da tentação estão igualmente sujeitos velhos e jovens, fortes e fracos. Olhai que a alma pode morrer antes do corpo, e vós podeis levar, sem saber, andando por aí, uma alma pútrida. Tão insensível é a morte de uma alma! É como a morte de uma flor. Não há grito, não há convulsões… inclina apenas a sua chama, como uma corola cansada, e se apaga. Depois, às vezes muito depois, imediatamente depois outras vezes, o corpo percebe que está levando dentro de si um cadáver cheio de vermes, e torna-se louco de espanto, e se mata para fugir àquele conúbio… Oh! não foge! Cai exatamente com a sua alma cheio de vermes sobre um fervilhamento de serpentes na Geena.

Não sejais desonestos como corretores ou causídicos, que tomam partido por dois clientes opostos. Não sejais falsos como os politiqueiros, que chamam de “amigo” a este e àquele, e depois são inimigos deste e daquele. Não penseis em agir de dois modos. Com Deus não se brinca e nem a Ele se engana. Fazei com os homens como fazeis com Deus, porque uma ofensa feita aos homens é como feita a Deus. Procurai querer que Deus vos veja tais como quereis ser vistos pelos homens.

98.11

Sede humildes. Não podeis censurar o vosso Mestre de não sê-lo. Eu vos dou o exemplo. Fazei como Eu faço. Humildes, doces, pacientes. O mundo se conquista com isto. Não com violência e força. Fortes e violentos sede contra os vossos vícios. Erradicai-os, mesmo à custa de rasgar pedaços do coração. Eu vos disse, há dias, de vigiar os olhares. Mas vós não sabeis fazer isso. Eu vos digo: seria melhor que tornásseis cegos, arrancando-vos os olhos cobiçosos, do que tornar-vos luxuriosos.

Sede sinceros. Eu sou Verdade. Tanto nas coisas excelsas, como nas humanas. Quero que vós sejais também sinceros. Por que andar com enganos Comigo, ou com os irmãos, ou com o próximo? Por que brincar de enganar? Como? Tão orgulhosos como sois, e não tendes o orgulho de dizer: “Quero não ser apanhado em mentira?” E sede sinceros com Deus. Credes enganá-lo com formas de orações longas e públicas. Oh! Pobres filhos! Deus vê o coração!

Sede castos em fazer o bem. E também em dar esmola. Um publicano soube sê-lo, antes de sua conversão. E vós não o saberíeis? Sim, Eu te louvo, Mateus, pela casta oferta semanal, que só Eu e o Pai sabíamos que era tua, e te estou citando como um exemplo. Esta também é uma castidade, amigos. Não descubrais a vossa bondade, como não descobriríeis uma filha mocinha, aos olhos de uma multidão. Sede virgens em fazer o bem. É virgem o ato bom, quando ele está isento da união de um pensamento de louvor e de estima ou do estímulo da soberba.

Sede esposos fiéis à vossa vocação a Deus. Não podeis servir a dois patrões. O leito conjugal não pode acolher duas esposas, contemporaneamente. Deus e satanás não podem compartilhar de vossos amplexos. O homem não pode, e não o podem nem Deus nem satanás, partilhar de um tríplice abraço, sendo os três contrários um ao outro.

Sede alheios, tanto da fome de ouro como da fome de carne, da fome da carne como da fome do poder. E isso é o que satanás vos oferece. Oh! As suas mentirosas riquezas! Honras, êxito, poder, riquezas: negócios obscenos, que tem como moeda a vossa alma.

Contentai-vos com pouco. Deus vos dá o necessário. Basta. Isto Ele vos garante, como o garante ao pássaro do céu, e vós sois bem mais do que os pássaros. Mas Ele quer de vós confiança e moderação. Se tiverdes confiança, Ele não vos decepcionará. Se tiverdes moderação, o dom que vos dá cada dia será suficiente.

98.12

Não sejais pagãos, mesmo sendo de Deus só de nome. Pagãos são aqueles que amam o poder e o ouro mais que a Deus, a fim de parecer uns semideuses. Sede santos, e sereis semelhantes a Deus na eternidade.

Não sejais intransigentes. Sendo todos pecadores, sejais para com os outros como gostaríeis que os outros fossem convosco, ou seja, cheios de compaixão e perdão.

Não julgueis. Oh! Não julgueis! Faz pouco tempo que estais Comigo e, no entanto, vede quantas vezes, Eu, inocente, já fui sem razão mal julgado e acusado de pecados inexistentes. O mau juízo é ofensa. E só quem é um verdadeiro santo é que não responde a uma ofensa com outra. Por isso, abstende-vos de ofender, para não serdes ofendidos. Não faltareis assim nem com a caridade, nem com a santa, querida e suave humildade, a inimiga de satanás, junto à castidade.

Perdoai, perdoai sempre. Dizei: “Perdoai-me, ó Pai, para que eu seja por Ti perdoado dos meus infinitos pecados.”

Melhorai-vos de hora em hora, com paciência, com firmeza, com heroicidade. E quem é que vos diz que tornar-vos bons não seja penoso? Ao contrário, Eu vos digo: é a maior de todas as fadigas. Mas o prêmio é o Céu, e merecendo por isso consumar-vos em tal fadiga.

98.13

E amai. Oh! Qual, qual palavra devo dizer para persuadir-vos ao amor? Nenhuma é apta para converter-vos a ele, ó pobres homens, que satanás incita! E, então, eis que Eu vos digo: “Pai, apressa a hora da purificação. Esta terra e este teu rebanho estão áridos e doentes. Mas existe um orvalho que os pode abrandar e purificar. Abre a fonte desse orvalho! Abri a Mim. Eis, Pai. Eu ardo por fazer o teu desejo que é o meu e do Amor eterno. Pai, Pai, Pai! Olha o teu Cordeiro, e sê o seu Sacrificador.”

Jesus está realmente inspirado. Posto de pé, com os braços abertos em cruz, o rosto voltado para o céu, tendo atrás de si o azul do lago e vestido com sua veste de linho, parece um arcanjo em oração.

Anula-se a minha visão neste seu ato.